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Liste des titres abrégés, cf. infra, p. 106.
1
J.-M. SANSTERRE, Signes de sainteté et vecteurs de virtus dans les miracles posthumes
du carme Albert de Trapani relatés aux XIVe-XVe siècles, in AB, 133 (2015), p. 433-441.
2
VAUCHEZ, La sainteté, p. 524-529 (p. 524 pour la première citation); ID., L’image vi-
vante: quelques réflexions sur les fonctions des représentations iconographiques dans le do-
maine religieux en Occident aux derniers siècles du Moyen Âge, in Pauvres et riches. Société et
culture du Moyen Âge aux Temps modernes. Mélanges offerts à Bronislaw Geremek, Varsovie,
1992, p. 231-240, repris sous le titre Les images saintes: représentations iconographiques et ma-
nifestations du sacré, dans ID., Saints, prophètes et visionnaires. Le pouvoir surnaturel au Moyen
Âge (= Bibliothèque Albin Michel. Histoire), Paris, 1999, p. 79-91, 240-242 (p. 81 pour la se-
conde citation).
3
VAUCHEZ, La sainteté, p. 522-524; C. KRÖTZL, Miracles au tombeau – miracles à dis-
tance. Approches typologiques, in Miracle et Karāma. Hagiographies médiévales comparées,
éd. D. AIGLE (= Bibliothèque de l’École des Hautes Études. Sciences religieuses, 109), Turnhout,
2000, p. 557-576. Selon Krötzl, la diffusion croissante des images serait moins déterminante
dans cette évolution que ne le pense Vauchez. «Il s’agirait plutôt d’une évolution parallèle, dont
les raisons sont à rechercher aussi dans la libéralisation et l’individualisation du culte des saints»
(p. 573).
4
Pour les auteurs qui ont évoqué ce phénomène de substitution après A. Vauchez, cf.
l’article mentionné à la note suivante, p. 25-26, n. 2-3.
5
SANSTERRE, «Virtus» des saints, images et reliques, p. 25-78.
6
Le cas examiné dans l’article cité à la n. 1 va dans le même sens. Il convient de rappeler
que C. W. BYNUM, Christian Materiality. An Essay on Religion in Late Medieval Europe, New
York, 2011, p. 111, 125-139 et passim, a souligné d’une autre manière l’importance considé-
rable que gardèrent aux derniers siècles du Moyen Âge − en plus des espèces eucharistiques,
des sacramentaux et des images − non seulement les corps saints et leurs fragments même in-
fimes, mais aussi les reliques de contact.
7
J.-M. SANSTERRE, Omnes qui coram hac imagine genua flexerint... La vénération
d’images de saints et de la Vierge d’après les textes écrits en Angleterre du milieu du XIe aux
premières décennies du XIIIe siècle, in Cahiers de civilisation médiévale, 49 (2006), p. 257-294;
ID., Après les «Miracles de sainte Foy», p. 39-76.
8
Gilon, Vita sancti Hugonis abbatis (BHL 4007), 39, éd. H. E. J. COWDREY, Two Studies
in Cluniac History, 1049-1126 (= Studi Gregoriani, 11), Rome, 1978, p. 11-298, ici p. 81-82
(p. 81 pour la citation), et, à sa suite, Hildebert de Lavardin, Vita sancti Hugonis (BHL 4010),
30, éd. AASS, Apr. t. 3, Anvers, 1675, p. 642. Cf. SANSTERRE, Après les «Miracles de sainte
Foy», p. 64-65, 74.
LA SUBSTITUTION DES IMAGES AUX RELIQUES 63
malades loin de ses reliques9. Sur le continent au nord des Alpes, il faut
attendre le début du XIIIe siècle, vers 1220, pour que l’image d’un saint
autre que la Vierge apparaisse explicitement dotée d’une virtus thaumatur-
gique autonome, et il s’agit d’un cas exceptionnel: une icône de S. Nicolas
importée d’Orient devenue une relique par sa légende10.
Le présent article, version remaniée et approfondie d’une leçon de sé-
minaire donnée à l’École Normale Supérieure (Paris)11, continue pour les
derniers siècles du Moyen Âge ces recherches qui, il faut le souligner, ne
concernent pas les images de la Vierge auxquelles j’ai consacré d’autres
travaux12. Bien qu’elles ne prétendent pas à une exhaustivité impossible
en la matière, leur ampleur incite à limiter l’analyse des dossiers hagiogra-
phiques à l’espace français en remettant à plus tard l’examen de la docu-
mentation d’autres provenances. Les dossiers au centre de l’enquête —
ceux, rédigés de 1367 à 1390, des miracles post mortem de Charles de
Blois, d’Urbain V et de Pierre de Luxembourg, dont A. Vauchez n’a pas
manqué de relever certaines pièces — seront replacés dans un ensemble
plus vaste, en amont à partir des dernières décennies du XIIIe siècle et en
aval, bien que le parcours se fasse plus aléatoire, jusqu’à la seconde moitié
du XVe siècle. La conclusion soulignera les limites du corpus et de la re-
cherche pour ne pas en forcer les résultats.
9
Une statue de S. Swithun dans la cathédrale de Sherborne (Somerset), cf. SANSTERRE,
Omnes qui coram hac imagine… (cf. supra n. 7), p. 263-270.
10
Elle était en possession du monastère de Burtscheid, cf. infra n. 128-129.
11
Le 20 mai 2016 dans le cadre du séminaire de Catherine Vincent et Marielle Lamy,
Pratiques et cultures religieuses du XIIIe au début du XVIe siècle.
12
Notamment J.-M. SANSTERRE, La Vierge Marie et ses images chez Gautier de Coinci et
Césaire de Heisterbach, in Viator, 41 Multilingual issue (2010), p. 147-178; ID., Sacralité et
pouvoir thaumaturgique des statues mariales (Xe siècle-première moitié du XIIIe siècle), in Revue
Mabillon, n.s. 22 = 83 (2011), p. 53-77; ID., Unicité du prototype et individualité de l’image: la
Vierge et ses effigies miraculeuses, approche diachronique d’une croyance entre évidence,
rejet et ambiguïté, in Image et prototype, éd. Th. LENAIN – J.-M. SANSTERRE – R. DEKONINCK
(= Degrés. Revue de synthèse à orientation sémiologique, 145-146), Bruxelles, 2011, art. F (pa-
gination séparée par article); ID., Vivantes ou comme vivantes: l’animation miraculeuse d’images
de la Vierge entre Moyen Âge et époque moderne, in Revue de l’histoire des religions, 232/2
(2015), p. 155-182.
64 J.-M. SANSTERRE
13
Miracula sancti Dominici an. 1261-1270 Rotomagi patrata (BHL 2225), in AASS, Aug.
t. 1, Anvers, 1733, p. 648-655; éd. S. TUGWELL, Humberti de Romanis Legendae sancti Do-
minici... Adiectis Miraculis Rotomagensibus sancti Dominici… (= Monumenta Ordinis Fratrum
Praedicatorum Historica, 30), Rome, 2008, p. 533-562. Cf. SANSTERRE, Après les «Miracles
de sainte Foy», p. 75-76.
14
C. VINCENT, Le pèlerinage de saint Dominique au couvent des Frères prêcheurs de
Rouen (XIIIe siècle): enjeux et aléas d’un sanctuaire urbain, in Expériences religieuses et che-
mins de perfection dans l’Occident médiéval. Études offertes à André Vauchez par ses élèves,
éd. D. RIGAUX − D. RUSSO − C. VINCENT, Paris, 2012, p. 151-172.
15
Miracula sancti Dominici, éd. TUGWELL, c. 10, p. 540 (AASS, c. 11, p. 650).
16
VINCENT, Le pèlerinage..., p. 154.
17
Miracula sancti Dominici, 21, éd. TUGWELL, p. 546 (AASS, c. 24, p. 652).
18
Ibid., 12, éd. TUGWELL, p. 541 (AASS, c. 13, p. 650); 17, p. 544 (c. 19, p. 651); 19,
p. 545 (c. 21, p. 652); 37, p. 552-553 (c. 40, p. 655). Cf aussi 18, p. 544 (c. 20, p. 651-652).
19
Ibid., 8, éd. TUGWELL, p. 540 (AASS, c. 9, p. 649).
20
Ibid., 19-20, éd. TUGWELL, p. 545 (AASS, c. 21-22, p. 652).
21
Deux articles particulièrement importants: J. LE GOFF, Saint de l’Église et saint du
peuple: les miracles officiels de saint Louis entre sa mort et sa canonisation (1270-1297), in His-
toire sociale, sensibilités collectives et mentalités. Mélanges Robert Mandrou, Paris, 1985,
p. 169-180; M. C. GAPOSCHKIN, Place, Status, and Experience in the Miracles of Saint Louis,
in Cahiers de recherches médiévales et humanistes, 19 (2010), p. 249-266 (l’auteure ne relève
pas le texte de Jean de Vignay cité ici). Pour les reliques, cf. aussi V. LUCHERINI, Smembrare il
corpo del re e moltiplicare le reliquie del santo: il caso di Luigi IX di Francia, in Convivium, 1
LA SUBSTITUTION DES IMAGES AUX RELIQUES 65
tient que quelques lignes en rapport direct avec notre sujet. Elles émanent
de Jean de Vignay, un religieux originaire de Normandie, qui fut un tra-
ducteur fort actif dans le deuxième quart du XIVe siècle et bénéficia du
patronage de la famille royale. Il traduisit notamment en français, «vers la
fin des années 1320 ou durant les années 1330», la Chronique latine perdue
de Primat de Saint-Denis en y insérant des passages originaux ou prove-
nant d’autres textes22. Le début du chapitre 44 constitue une intervention
originale. Jean observe d’abord que Vincent de Beauvais et Primat n’ont
pas assez parlé des faits spirituels et des miracles de S. Louis. Il va donc
le faire. Il parlera des faits spirituels selon ce qu’il a appris dans la légende
de Louis et de certains miracles du saint qu’il a trouvés dans des écrits ou
qu’il a vus de ses propres yeux.
«Car, à mon avis, les miracles qui adviennent en un lieu lointain et écarté, là
où il n’y a aucune des reliques du saint hormis un seul autel ou une image (que
l’on a) fait et édifié en l’honneur de celui-ci, sont bien autant à raconter ou plus
que ceux qui adviennent dans les lieux où les corps saints et les reliques sont vé-
nérés. Et je le dis parce que, en l’honneur de ce précieux corps de monseigneur
saint Louis, sont fondés plusieurs autels et plusieurs images faits dans le royaume
de France en divers lieux, dans lesquels il advient beaucoup de beaux miracles
par les prières et les mérites de ce glorieux roi, lesquels ne peuvent pas être tous
publiés au commun du royaume bien qu’ils soient publiés et communs dans les
lieux où ils adviennent»23.
(2014), p. 88-101. Sur un plan plus général: J. LE GOFF, Saint Louis (= Bibliothèque des His-
toires), Paris, 1996; M. C. GAPOSCHKIN, The Making of Saint Louis. Kingship, Sanctity, and
Crusade in the Later Middle Ages, Ithaca – Londres, 2008.
22
Chronique de Primat traduite par Jean du Vignay, éd. N. DE WAILLY, Recueil des his-
toriens des Gaules et de la France, t. 23, Paris, 1894, p. 1-106, d’après le manuscrit London,
British Library, Royal 19 MS D I, datant de 1333-c.1340 [British Library Digitised Manu-
scripts, en ligne en libre accès], fol. 192v-251v. Cf. C. KNOWLES, Jean de Vignay. Un traducteur
du XIVe siècle, in Romania, 75 (1954), p. 353-383; L. EVDOKIMOVA, Jean de Vignay traducteur
et chroniqueur: la Chronique de Primat, in Texte et Contexte. Littérature et histoire de l’Europe
médiévale, dir. M.-F. ALAMICHEL – R. BRAID, Paris, 2011, p. 373-396; M. CAVAGNA, Jean de
Vignay: actualités et perspectives, in Cahiers de recherches médiévales et humanistes, 27 (2014),
p. 141-149 (introduction au dossier AA.VV., ibid., p. 141-258), surtout p. 143-145; ainsi que la
notice de L. BRUN, Primat. Chronique des rois de France, in Translations médiévales. Cinq
siècles de traductions en français au Moyen Âge (XIe-XVe siècles). Étude et répertoire, dir. C.
GALDERISI, Turnhout, 2011, vol. II, 2, n° 449, p. 755, dont je cite la datation.
23
Jean de Vignay, in Chronique de Primat, c. 44, p. 63-64, ms. f. 224r (je ne reprends pas
l’accentuation de l’éd. dont les critères m’échappent): Car, selonc ce que il m’est avis, les mi-
racles qui aviennent en .I. lieu lointaing et remot, la ou il n’a nulle des reliques du saint fors
que .I. seul autel ou un ymage fait et edifie en l’onneur de celi, font (sic) bien autant a raconter
ou plus comme ceulz qui aviennent es lieux la ou les cors sainz et les reliques sont aourees. Et
je le di pour ce que en l’onneur de celi precieux corps monseigneur saint Loÿs sont fonde[s]
plusieux autelz et plusieux ymages fais parmi le royaume de France et en divers lieux, esquelz
il avient moult de biaux miracles par les prieres et merites de celi glorieux saint roy; lesquelz
66 J.-M. SANSTERRE
ne pueent pas estre tous peupliez au commun du royaume combien que il soient peupliez et
communs es lieux ou il aviennent.
24
Comme le remarquent notamment J. MICHAUD, Culte des reliques et épigraphie.
L’exemple des dédicaces et des consécrations d’autels, in Les reliques. Objets, cultes, symboles.
Actes du colloque international de l’Université du Littoral-Côte d’Opale (Boulogne-sur-Mer, 4-6
sept. 1997), éd. E. BOZÓKY – A.-M. HELVÉTIUS (= Hagiologia, 1), Turnhout, 1999, p. 199-212,
ici p. 205-206; H. RÖCKELEIN, Des «saints cachés»: les reliques dans les sépultures d’autel.
Quelques problèmes de recherche, in Ad Libros. Mélanges d’études médiévales offerts à Denise
Angers et Joseph-Claude Poulin, éd. J.-F. COTTIER − M. GRAVEL − S. ROSSIGNOL, Montréal,
2010, p. 21-34, ici p. 22.
25
GAPOSCHKIN, Place, Status… (cf. supra n. 21), p. 259-260; cf. infra, n. 31.
26
Jean de Vignay, in Chronique de Primat, 47, p. 69-72. Texte latin des lectures de l’Of-
fice (BHL 5044), in Recueil des historiens des Gaules et de la France, t. 23, p. 160-167, pour
les miracles p. 165-167. Cf. M. C. GAPOSCHKIN, Blessed Louis, the Most Glorious of Kings.
Texts Relating to the Cult of Saint Louis of France (= Notre Dame Texts in Medieval Culture),
Notre Dame (IN), 2012, p. 25-26, 154. M. C. Gaposchkin ne reprend pas les miracles dans son
édition de l’Office, ibid., p. 159-207, car elle édite, ibid., p. 82-94, un texte quasi identique ajouté
au XVe s. à une Vita du saint roi postérieure à la canonisation. Elle y relève en notes les miracles
déjà racontés par Guillaume de Chartres (BHL 5036).
27
Jean de Vignay, in Chronique de Primat, 47, n° 3, p. 69; n° 9, p. 70-71.
28
Ibid., n° 4, p. 69
29
Ibid., n° 5, p. 70 (latin: Recueil des historiens…, p. 165); n° 10, p. 71. Sur les guérisons
lors d’une apparition du roi et au contact de reliques «privées», cf. LE GOFF, Saint de l’Église…
(cf. supra n. 21), p. 178-179; GAPOSCHKIN, Place, Status… (cf. supra, n. 21), p. 262-265.
30
Jean de Vignay, in Chronique de Primat, 47, n° 8, p. 70; cf. infra, n. 37.
LA SUBSTITUTION DES IMAGES AUX RELIQUES 67
construction d’un couvent pour des Dominicaines, puis près des fonts bap-
tismaux de l’église Notre-Dame31.
Le chapitre 48, récit original de deux «miracles de monseigneur saint
Louis que le frère Jehan du Vignay vit advenir en Normandie»32 ne parle
pas non plus d’images. Il s’agit de souvenirs d’adolescence33. Lors de la
vigile de la fête de S. Louis, Jean, qui demeurait alors au Molay près de
Bayeux et y allait à l’école, se rendit notamment avec son cousin et com-
pagnon d’école, âgé d’environ quatorze ans, à Bayeux pour veiller dans la
chapelle Saint-Michel où un autel du saint roi avait été nouvellement
fondé. Alors qu’ils étaient arrivés sur le terrain de la chapelle, le visage
du cousin se retourna, puis revint à l’endroit dans la chapelle même, au
moment du Te Deum34. Quatre ans plus tard, un enfant noyé fut porté par
ses parents dans la même chapelle et «mis sur l’autel de monseigneur saint
Louis»; aussitôt l’enfant rendit l’eau et revint à la vie. Le prêtre en charge
de la chapelle, «qui avait vu ce miracle et plusieurs autres advenir au dit
autel», affirma en public que, si on avait pendu l’enfant par les pieds à un
arbre du jardin de son père, cela aurait eu le même effet. Il fut frappé de
paralysie et en mourut35.
Une autre pièce du dossier, relative elle aussi à des miracles loin du
corps vénéré à Saint-Denis36, va dans le même sens que ces deux histoires:
la relation anonyme d’une série de miracles du saint roi qui eurent lieu à
Évreux en 129937, après sa canonisation ainsi que peu après la constitution
du comté d’Évreux en apanage pour un de ses petits-fils, Louis de France,
31
Ibid., nos 11-14, p. 71-72.
32
Ibid., 48, p. 72-73.
33
KNOWLES, Jean de Vignay… (cf. supra, n. 22), p. 355; CAVAGNA, Jean de Vignay… (cf.
supra, n. 22), p. 143-144.
34
Jean de Vignay, in Chronique de Primat, 48, p. 2.
35
Ibid., p. 72-73. Une miniature du ms. de Londres (cf. supra, n. 22), f. 229v, illustre la
scène en montrant l’enfant présenté à une statue de la Vierge placée sur l’autel en question.
36
Pour les miracles à Saint-Denis, on verra surtout la relation de Guillaume de Saint-
Pathus (1302-1303), éd. P. B. FAY, Guillaume de Saint-Pathus, confesseur de la reine Margue-
rite. Les miracles de saint Louis (= Les classiques français du Moyen Âge), Paris, 1931. Cf. LE
GOFF, Saint de l’Église… (cf. supra, n. 21), p. 170-179; et, basé sur ces miracles, Sh. FARMER,
Surviving Poverty in Medieval Paris. Gender, Ideology and the Daily Lives of the Poor, Ithaca
– Londres, 2002. On y trouve une seule mention d’une image du saint roi: en 1274, une malade
se mist estendue sus la sepouture du benoiet saint Loÿs, car encore il n’avoit pas image roial
desus, si com il a ore. Sur cette effigie, un gisant plutôt qu’une statue du roi debout (?), cf. infra,
n. 40.
37
Miracula facta in domo Fratrum praedicatorum Ebroicensium a. 1299 (BHL 5041), in
Recueil des historiens des Gaules et de la France, t. 20, Paris, 1840, p. 41-44.
68 J.-M. SANSTERRE
en 129838. Le texte met l’accent sur l’église elle-même et sur l’autel39, sans
souffler mot d’une quelconque image. On peut certes supposer qu’après la
canonisation les autels du nouveau saint furent surmontés assez vite de son
effigie, comme ce fut le cas chez les Franciscains de Londres en 130540,
mais l’image reste dans l’ombre au tournant des XIIIe et XIVe siècles. Il est
donc probable que l’observation de Jean de Vignay fasse plutôt écho à la
situation des années 1330, qui sera évoquée un peu plus loin.
Avant cela, on notera que deux œuvres écrites respectivement en fran-
çais vers 1279-1281 et en provençal vers 1315, la Vie et les Miracles d’Isa-
belle de France († 1270)41, la sœur de S. Louis, et la Vie de la béguine
Douceline († 1274)42 ne parlent d’aucun portrait de ces servantes de Dieu
alors qu’elles attachent de l’importance à leurs reliques de contact, comme,
38
P. CHARON, Princes et principautés au Moyen Âge. L’exemple de la principauté
d’Évreux, 1298-1412 (= Mémoires et documents de l’École des chartes, 93), Paris, 2014, p. 109-
110.
39
Les miracles ont tous lieu dans l’ecclesia beati, sancti Ludovici dont la mention est ré-
currente. Il est question à plusieurs reprises de l’autel: ad ecclesiam convenit, et ante altare se
posuit, et ibi orans et ad altare se apodians (Miracula [7], p. 42); ad altare sancti… accessit,…
statim cum altare tetigit ([11], p. 42); ante altare positus… postmodum tetigisset altare, super
pedes suos surrexit, et altare circumivit ([15], p. 43); baculum (devenu inutile) super altare di-
misit ([16], p. 43); cum mane ad altare accessisset, sanctum Ludovicum devote invocans ([19],
p. 43); sedens juxta altare ([22], p. 43).
40
Expense facte circa capellam sancti Lodowici apud Fratres minores London (1305),
éd. C. L. KINGSFORD, The Grey Friars of London. Their History with the Register of their Con-
vent and an Appendix of Documents (= British Society of Franciscan Studies, 6), Aberdeen,
1915, p. 202-203, ici p. 203: … in plastrario pro altari et sede ubi sanctus Lodowicus ponitur
faciendis… [montant]. Item pro imaginem sancti Lodowici scultanda faciendo et depictando…
[montant]. Cf. E. A. R. BROWN, The Chapels and Cult of Saint Louis at Saint-Denis, in Me-
diaevalia, 10 (1984), p. 279-331, ici p. 292 et p. 319, n. 54. Selon l’auteure, ibid., p. 292-299,
ce fut aussi le cas à Saint-Denis. L’image du roi debout figurant sur plusieurs miniatures du cé-
lèbre manuscrit de la Vie et des miracles de S. Louis par Guillaume de Saint-Pathus (Paris,
BNF, fr. 5716, vers 1330-1340), serait placée sur une représentation de l’autel et non du tom-
beau, sur lequel il y aurait eu un gisant après un certain temps. (Les miniatures du manuscrit se
trouvent en ligne sur le site Mandragore de la BNF.)
41
Agnès d’Harcourt [abbesse du monastère de Longchamp fondé par Isabelle], Vie d’Isa-
belle de France, éd A.-H. ALLIROT, Isabelle de France, sœur de saint Louis: la vierge savante.
Une étude de la Vie d’Isabelle de France écrite par Agnès d’Harcourt, in Médiévales, 48 (2005),
p. 55-98, ici p. 76-98, auxquelles je me réfère. L’édition-traduction de S. L. FIELD, The Writings
of Agnes of Harcourt. The Life of Isabelle of France and the Letter on Louis IX and Longchamp
(= Notre Dame Texts in Medieval Culture), Notre Dame (IN), 2003, ne m’a pas été accessible.
Trad. française: J.-F. KOSTA-THÉFAINE, Agnès d’Harcourt. La vie et les miracles de la bienheu-
reuse Isabelle de France, sœur de saint Louis, Paris, 2012.
42
La Vie de sainte Douceline fondatrice des béguines de Marseille composée au treizième
siècle en langue provençale, éd. et trad. J.-H. ALBANÉS, Marseille, 1879; R. GOUT, La Vie de
sainte Douceline. Texte provençal du XIVe siècle (= Ars et Fides, 8), Paris, 1927. Trad. anglaise:
K. GARAY − M. JEAY, The Life of Saint Douceline, a Beguine of Provence (= Library of Me-
dieval Women), Woodbridge, 2001.
LA SUBSTITUTION DES IMAGES AUX RELIQUES 69
pour Isabelle, une coiffe43, des vêtements44, un hanap45, la robe dans la-
quelle elle fut inhumée46 et l’oreiller qui, comme celle-ci, resta durant neuf
jours dans sa sépulture47, ainsi que de la terre qui se trouvait autour de son
corps48. La Vie de Douceline trace un tableau saisissant d’une de ces
scènes de tumulte qui, dans les pays méditerranéens, en l’occurrence à
Marseille, pouvaient suivre la mort d’une personne considérée comme
sainte49. La foule cherchait frénétiquement à se procurer des reliques: on
s’emparait de tout ce qu’on trouvait comme objet ayant appartenu à Dou-
celine, on touchait le corps saint avec des chapelets, des anneaux, des cha-
perons; on tailladait et on découpait ses vêtements. Lors du transfert du
corps à l’église des Franciscains, il fallut renouveler trois fois le drap qui
l’enveloppait. «Rien ne restait de ce qu’on mettait sur elle, tout était réduit
en pièces». Et il fallut des hommes d’armes pour empêcher que le corps
lui-même fût dépecé50. Cela donne une idée du nombre de reliques qui,
dans les cas de ce genre, pouvaient circuler sans contrôle ecclésiastique.
Pour la même époque, le livre des miracles accomplis par Louis de
Toulouse (d’Anjou) en 1297, l’année même de son inhumation dans
l’église des Franciscains de Marseille, et son procès de canonisation dans
la même ville en 1307-130851, conduisent encore à un constat de silence
43
Agnès d’Harcourt, Vie d’Isabelle de France, c. 38, p. 91.
44
Ibid., c. 46, p. 93.
45
Ibid., c. 42, p. 92.
46
Ibid., c. 35, p. 90
47
Ibid., c. 48, p. 93.
48
Ibid., c. 39-40, p. 91. Ainsi que des «cheveux de sa jeunesse» (8, p. 80) et aucune des
choses qui avoient esté a la saincte dame: 50-51, p. 93; aucunes des choses qui avoient touché au
sainct corps de madame, 59, p. 97. J.-M. MATZ, compte rendu de la trad. de J.-F. Kosta-Théfaine,
dans Revue d’Histoire de l’Église de France, p. 146-147, ici p. 146, relève ces mentions.
49
VAUCHEZ, La sainteté, p. 242-274 (n. 283 pour Douceline). Cf. G. VEYSSIÈRE, Miracles
et merveilles en Provence aux XIIIe et XIVe siècles à travers des textes hagiographiques, in
Miracles, prodiges et merveilles au Moyen Âge. 25e congrès de la Société des historiens médié-
vistes de l’enseignement supérieur public (= Publications de la Sorbonne. Série Histoire an-
cienne et médiévale, 34), Paris, 1995, p. 191-214, ici p. 210-211; J. PAUL, Perception et critères
de sainteté en France méridionale XIIIe-XVe siècles, in Hagiographie et culte des saints en France
méridionale (XIIIe-XVe siècles) (= Cahiers de Fanjeaux, 37), Toulouse, 2002, p. 31-62, ici p. 54.
50
Vie de sainte Douceline, XIII, 16-21, éd. et trad. ALBANÉS… (cf. supra, n. 42), p. 194-
197; GOUT, La Vie… (cf. supra, n. 42), p. 219-223. Dans les miracles post mortem, il est ques-
tion de reliques cachées par les parents dans les vêtements d’un jeune homme de mauvaise vie
(XV, 30, ALBANÉS, p. 238-239; GOUT, p. 261) et surtout de l’eau dans laquelle on avait plongé
un doigt de la bienheureuse (XV, 19-22, 29, ALBANÉS, p. 230-239; GOUT, p. 254-257).
51
Liber miraculorum (BHL, Nov. Suppl., 5056ac), in Analecta Franciscana, t. 7, Qua-
racchi, 1951, p. 275-331. Le procès de canonisation: ibid., p. 1-254, en particulier p. 122-254
(enquête sur les miracles commencée en 1307). Cf. J. PAUL, Le «Liber miraculorum» de saint
70 J.-M. SANSTERRE
56
Procès de canonisation (BHL 4625), in Monuments originaux de l’histoire de saint
Yves publiés pour la première fois, éd. A. DE LA BORDERIE − J. DANIEL − R. P. PERQUIS − D.
TEMPIER, Saint-Brieuc, 1887, p. 1-299 (passim pour les miracles); Relatio processus (BHL
4626-4628), ibid., p. 301-435 (p. 378-433 pour les miracles; post mortem, p. 386-433). Cf. J.-C.
CASSARD, Saint Yves de Tréguier. Un saint du XIIIe siècle (= Saints de tous les temps), Paris,
1992, p. 83-137.
57
Ibid., p. 111; B. TANGUY, Les lieux de culte de saint Yves en Bretagne, in Saint Yves et
les Bretons. Culte, images, mémoire, 1303-2003. Actes du colloque de Tréguier (18-20 sept.
2003), dir. J.-C. CASSARD − G. PROVOST, Rennes − Brest, 2004, p. 125-139, ici p. 134.
58
VAUCHEZ, La sainteté, p. 101-104; D. RIGAUX, Par la grâce du pinceau. Canonisation
et image aux derniers siècles du Moyen Âge, in Santità, culti, agiografia. Temi e prospettive.
Atti del I Convegno di studio dell’AISSCA (Roma, 24-26 ott. 1996), éd. S. BOESCH GAJANO,
Rome, 1997, p. 275-298.
59
Procès de canonisation, témoin CCVII, in Monuments…, p. 273-274; cf. Relatio pro-
cessus, miracle XCI, ibid., p. 428-429.
72 J.-M. SANSTERRE
60
Supra, n. 8 et texte correspondant.
61
Procès de canonisation, témoin XVI, in Monuments… (cf. supra, n. 56), p. 47.
62
Procès de canonisation, témoin CXXVII, ibid., p. 193-194; elle ajouta qu’au contact du
capuchon de nombreuses personnes furent guéries. Cf. Relatio processus, ibid., p. 433. − Bien
que cela ne relève pas de notre sujet, il vaut la peine de signaler la mention d’une élévation
miraculeuse de la pierre du tombeau in quo est sculpta ymago capitis ipsius domini Ivonis ad
osculandum in memoriam et devocionem ejusdem: Procès de canonisation, p. 6 (que je cite) et
Relatio processus, p. 432 (miracle XCVIII). Selon Cassard (Saint Yves… [cf. supra, n. 56],
p. 118), elle pourrait s’expliquer par le «déchaussement rapide du tombeau» en raison des pré-
lèvements de terre par les pèlerins.
63
Miracula facta Divione in capella ducis Burgundiae (BHL 2919), in AASS, Aug. t. 6,
Anvers, 1743, p. 616-619.
64
Cf., sans parler des Miracula, J. D’ARBAUMONT, Essai historique sur la Sainte-Chapelle
de Dijon, in Mémoires de la Commission des Antiquités du département de la Côte-d’Or, 6
(1861-1864), p. 63-185, ici p. 107; aussi en édition séparée, Dijon, 1863, p. 45; un «petit osse-
ment» du saint aurait été conservé dans la chapelle ducale. J. DUBOIS, Un sanctuaire monastique
au Moyen Âge, Saint-Fiacre-en-Brie (= Hautes études médiévales et modernes, 27), Genève –
Paris, 1976, ne traite pas des miracles en question.
65
Miracula facta Divione..., 1, p. 616: Patet evidentissime, dum coruscat innumeris mira-
culis, non solum in loco, in quo sanctissimum ejus corpus honorifice requiescit, verum etiam in
capella ducis Burgundiae Divionensi a venerabilibus viris decano et capitulo, nec non a Christi
LA SUBSTITUTION DES IMAGES AUX RELIQUES 73
allaient visiter l’autel Saint-Fiacre sur lequel se trouvait une image du saint.
Le rôle de celle-ci dans le processus miraculaire est moins marqué que
dans le récit du procès de canonisation de S. Yves. Elle signale la pré-
sence du saint, on vient le supplier et le remercier devant elle et l’autel au-
quel elle est liée, mais elle n’apparaît pas comme le vecteur d’une virtus
guérisseuse même si c’était sans doute ce qu’espéraient les suppliants. Un
médecin ne pouvant soigner une jeune fille souffrant d’un cancer du sein
lui dit d’aller ad altare beati Fiacrii et d’implorer son aide. La jeune fille
suivit le conseil, orationem ante imaginem beati Fiacrii fecit, et votum…
Chaque jour, orationem suam devotam ante altare beati Fiacrii faciebat.
Elle revenait ensuite chez le médecin qui lui prescrivait toujours de ne pas
laisser le saint en paix jusqu’à ce qu’elle obtienne gain de cause. Au bout
de ce va-et-vient, elle retrouva la santé (tantum ivit et tantum rediit quod
perfectam et integram sanitatem recepit)66. Une autre jeune fille consulta
un médecin pour une grave fistule au doigt. Il lui dit de visiter d’abord
l’autel de S. Fiacre; cela fait, il put la soigner. Guérie, la jeune fille fit un
vœu à S. Fiacre ante imaginem67. Pour son mari malade, une femme était
venue consulter un médecin célèbre. Celui-ci examina l’urine, diagnos-
tiqua une hydropisie, lui indiqua un régime et la renvoya à S. Fiacre. Sous
son conseil, la femme ivit ad altare beati Fiacrii, et ante ejus imaginem
amare flevit, orationem fecit et votum; le mari guérit en peu de jours68. Il
est à peine besoin de souligner combien nous sommes loin du miracle de
S. Yves à Chapelle-Launay. Sur un plan plus général, il faut noter que
dans ces récits l’image n’a pas d’autonomie par rapport à l’autel, mais elle
commence à se dégager de son ombre.
L’évolution en cours n’est évidemment pas linéaire. Je n’ai repéré au-
cune mention d’une image de la bienheureuse dans le procès de canonisa-
tion de Dauphine de Puimichel (de Sabran) († 1360) à Apt et Avignon
en 136369, alors qu’une sourde est guérie au contact de cheveux de la sainte
fidelibus celeberrime honoratur et ecclesia decoratur. Le ms. Paris, BNF, lat. 5361, qui con-
tient ces miracles est du XIVe s. (cf. BHLms 2919).
66
Miracula facta Divione..., 2, p. 616.
67
Ibid., 11, p. 617.
68
Ibid., 9, p. 617.
69
J. CAMBELL, Enquête pour le procès de canonisation de Dauphine de Puimichel, com-
tesse d’Ariano († 26-XI-1360). Édition critique, Turin, 1978 (BHL, Nov. Suppl., 2081d); cf. A.
VAUCHEZ, La religion populaire dans la France méridionale au XIVe siècle, d’après les procès
de canonisation, in La religion populaire en Languedoc… (cf. supra, n. 51), p. 91-107, ici p.
94-107.
74 J.-M. SANSTERRE
70
Procès de canonisation, éd. CAMBELL, Enquête…, art. 88, p. 91-92 (p. 91), cf. témoins
XLVIII, p. 491 et LIII, p. 502. Dans les miracles du vivant: application d’un vêtement (art. 51,
p. 64), de l’eau dans laquelle elle s’était lavé les mains (art. 53, p. 66), d’un voile (art. 69, p. 78).
71
Miracula sancti Marcialis an. 1388 (BHL 5581), éd. J.-L. LEMAITRE, Les miracles de
saint Martial accomplis lors de l’Ostension de 1388, in Bulletin de la Société archéologique et
historique du Limousin, 102 (1975), p. 67-139, réimpr. dans ID., Le Limousin monastique.
Autour de quelques textes (= Mémoires et documents sur le Bas-Limousin, 14), Ussel, 1992,
p. 1-73; cf. ID., Saint-Martial intercesseur, d’après les miracles de 1388, in L’intercession du
Moyen Âge à l’époque moderne. Autour d’une pratique sociale, éd. J.-M. MOEGLIN (= Hautes
études médiévales et modernes, 87), Genève, 2004, p. 157-169.
72
Miracula sancti Marcialis…, 15, p. 112-113 = p. 46-47.
73
Supra, n. 55 et texte correspondant.
LA SUBSTITUTION DES IMAGES AUX RELIQUES 75
s’il n’avait pas d’utilité pour son âme. Dum sic dicendo imaginem attente
respiceret, aspexit eam caput hinc inde agitantem ad modum hominis ne-
gare aliquid innuentis, ce qu’elle fit ensuite une seconde fois. Le médecin
ne sut comment interpréter le portentum («présage», «prodige»). Le saint
lui indiquait-il qu’il ne partirait pas avec l’expédition ou bien que celle-ci
ne serait pas utile à son âme ? Un peu plus tard, le prince le dispensa de
partir avec lui74. Répondant à la prière renforcée par la messe, le saint
avait annoncé son aide en animant son image, une statue sans aura parti-
culière.
74
Arnaud de Sarrant, Chronica XXIV generalium Ordinis Minorum… (cf. supra, n. 55),
p. 155-156.
75
A. BOURGÈS, Édition et commentaire historique de l’enquête inédite réalisée à Guin-
gamp sur Charles de Blois († 1364). Mémoire de maîtrise d’Histoire, Université de Brest, 2
vol., 2000; cf. EAD., L’enquête préliminaire du procès de canonisation de Charles de Blois à
Guingamp: le pouvoir ducal sanctifié (1367-1371), in Britannia Monastica, 7 (2003), p. 9-20. Je
remercie vivement André-Yves Bourgès de m’avoir communiqué le mémoire de sa fille Aziliz.
76
Éd. A. DE SÉRENT, Monuments du procès de canonisation du bienheureux Charles de
Blois, duc de Bretagne, 1320-1364, Saint-Brieuc, 1921, p. 1-455 (BHL, Nov. Suppl., 1572d-f),
p. 191-413 pour les miracles.
77
Pour cet aperçu, cf. J.-C. CASSARD, Charles de Blois (1319-1364), duc de Bretagne et
bienheureux (= Cahiers de Bretagne occidentale, 14), Brest, 1994, p. 93-123; ID., Les coulisses
de la sainteté ? Charles de Blois vu par son entourage, in Annales de Bretagne et des pays de
l’Ouest, 116/1 (2009), p. 183-194; L. HÉRY, La «sainteté» de Charles de Blois, vertus et virtus
d’un duc de Bretagne, in Corona Monastica. Mélanges offerts au père Marc Simon, éd. L.
LEMOINE − B. MERDRIGNAC = Britannia Monastica, 8 (2004), p. 357-368; ID., La «sainteté» de
Charles de Blois ou l’échec d’une entreprise de canonisation politique, in Britannia Monastica,
10 (2006), p. 21-41; ID., Le culte de Charles de Blois: résistances et réticences, in Annales de
Bretagne et des pays de l’Ouest, 103/2 (1996), p. 39-56; M. JONES, Politics, Sanctity and the
76 J.-M. SANSTERRE
Breton State: the Case of the Blessed Charles de Blois, Duke of Brittany (d. 1364), in The Me-
dieval State. Essays Presented to James Campbell, éd. J. R. MADDICOTT − D. M. PALLISER,
Londres − Rio Grande, 2000, réimpr. dans ID., Between France and England. Politics, Power
and Society in Late Medieval Brittany (= Variorum Collected Studies Series, 769), Aldershot,
2003, art. VI.
78
Monuments du procès de canonisation… (cf. supra, n. 76), témoins CXIX-CXXIV,
p. 283-298 (passim) et CLXXXVII-CLXXXVIII, p. 406-408. Relation détaillée d’après ces té-
moignages: HÉRY, Le culte de Charles de Blois… (cf. supra, n. 77), p. 40-43.
79
VAUCHEZ, Les images saintes… (cf. supra, n. 2), p. 79-81.
80
A. VAUCHEZ, Dévotion et vie quotidienne à Périgueux au temps de Charles V d’après
un recueil de miracles de Charles de Blois, in Villes, bonnes villes, cités et capitales. Études
d’histoire urbaine (XIIe-XVIIIe siècle) offertes à Bernard Chevalier, éd. M. BOURIN, Tours, 1989,
p. 305-314 (p. 310-314 pour l’édition des Relationes miraculorum Petragorensium).
81
Ibid., p. 306-307.
LA SUBSTITUTION DES IMAGES AUX RELIQUES 77
82
VAUCHEZ, ibid., cf. Monuments du procès de canonisation… (cf. supra, n. 76), témoins
CXVI et CXVII, p. 277-280.
83
Monuments du procès de canonisation…, [1] témoins LVII-LX, p. 191-196; [2] té-
moins LXXIX-LXXXIV, p. 222-230; [3] témoins LXXXV-LXXXVII, p. 230-234; [4] témoins
LXXXVIII-LXXXIX, p. 234-238; [5] témoins XCIX-CIV, p. 250-258; [6] témoin CLXVIII,
p. 378-379; [7] témoins CLXXIII-CLXXV, p. 385-387. Situation de l’image: iuxta portam in-
troitus ecclesie (p. 195); in introitu ecclesie (p. 226, 233, 237, 386); prope introitum ecclesie
(p. 231); ante ecclesiam (p. 229, 254, 256); prope primam portam ecclesie (p. 232); prope
magnam portam ecclesie (p. 258); ante ecclesiam… videlicet prope portam anteriorem ecclesie
(p. 385); iuxta portam anteriorem (p. 387).
84
Ibid., témoin LXXXVIII, p. 235-236.
85
Ibid., témoin XCII, p. 242.
86
Ibid., témoins LXV-LXVI, p. 203-205; témoin LXVII, p. 207-208.
87
Comme le rappelle HÉRY, La «sainteté» de Charles de Blois... (cf. supra, n. 77), p. 22.
88
Monuments du procès de canonisation…, témoins LXXXV-LXXXVII, p. 230-234.
78 J.-M. SANSTERRE
89
Monuments du procès de canonisation… (cf. supra, n. 76), témoin LXXXV (Pierre),
p. 230-231.
90
Ibid., témoins CLXXIII-CLXXV, p. 385-387.
91
Ibid., témoin CLXXIII (Garita), p. 385.
92
Ibid., témoins LXV, p. 203 (le geôlier), et LXVI, p. 205 (son épouse).
93
Mention du pèlerinage à Guingamp: ibid., témoins LVII-LIX, p. 192, 194-195; témoin
CLXVIII, p. 378-379.
94
Ibid., témoins LVII-LVIII, p. 192-193.
LA SUBSTITUTION DES IMAGES AUX RELIQUES 79
des églises étaient les «lieux d’ancrage» de la dévotion à son égard loin de
son tombeau.
Rien n’est dit, en revanche, de l’utilisation des enseignes de pèleri-
nage à l’image de Charles dont parla un artisan de Guingamp95. Et il n’est
nulle part question, ni dans l’enquête de Guingamp96 ni dans celle d’An-
gers, du recours à une relique du saint dans les miracles à distance du
tombeau. Si plusieurs témoignages au procès de 1371 rapportent qu’un
aveugle fut guéri en se frottant les yeux avec un gant de Charles, le mi-
racle eut lieu du vivant de ce dernier, alors qu’il avait seize ans97. Le sort
du cilice que le duc portait sous ses vêtements à la bataille d’Auray fit
l’objet de témoignages contradictoires. Des témoins avaient entendu dire
qu’il fut partagé et emporté — ex devocione, dit l’un d’eux — par des An-
glais et des Bretons partisans du nouveau duc98. Le confesseur de Charles,
le dominicain Geoffroy Rabin, affirma que des Anglais le laissèrent à terre
comme s’ils le tenaient pour rien; il le ramassa et l’emmena avec lui et
adhuc ex devocione quam habuit et habet erga ipsum Dominum Carolum
dictum cilicium custodivit, et bene custodit99. Plus tard, Jeanne-Marie de
Maillé, dont on parlera plus loin, en obtint à Angers une portion comme
relique100. Le procès de 1371 ne met en tout cas aucun miracle en relation
avec lui. Les points d’ancrage du culte, le tombeau de Guingamp et les
images de Dinan, d’Angers, du Mans, de Blois et de Périgueux — pour
cette ville, les témoins ne parlent pas de celles de la collégiale et de l’église
dominicaine — y apparaissent tous aux mains des Franciscains, qui fil-
trèrent peut-être les témoignages dans ce sens.
On observe un silence du même genre, contrastant aussi avec des
mentions d’images, dans les documents relatifs au procès de canonisation
95
Monuments du procès de canonisation… (cf. supra, n. 76), témoin CLXXXI, p. 395-
396. Sur cet intéressant témoignage et sur l’interdiction de telles enseignes par le pape Urbain V
en 1368 à l’instigation du duc Jean IV, cf. CASSARD, Charles de Blois… (cf. supra, n. 77),
p. 99-100; HÉRY, Le culte de Charles de Blois… (cf. supra, n. 77), p. 44.
96
Cf. supra, n. 75. Comme le note Bourgès (Édition et commentaire, vol. 2, p. 15 et 33),
les miracles obtenus par l’invocation du saint «ont lieu dans une écrasante majorité … sur les
lieux mêmes d’origine des miraculés».
97
Monuments du procès de canonisation…, témoins XCIV, CXLIX, CL, CLXXVII-
CLXXX, p. 243, 352, 353, 391-394.
98
Ibid., témoins XIII, XVI, XL, LVI, p. 42, 47-48, 141, 189-190 (... et quilibet ex devo-
cione, prout credit iste, custodit partem suam).
99
Ibid., témoin XXX, p. 102. Cf. O. BLANC, Le pourpoint de Charles de Blois: une re-
lique de la fin du Moyen Âge, in Bulletin du Centre international d’étude des textiles anciens,
74 (1997), p. 64-82, ici p. 76-77.
100
Infra, n. 164.
80 J.-M. SANSTERRE
101
Sur ce pape, cf. notamment P. A. AMARGIER, Urbain V: un homme, une vie (1310-
1370), Marseille, 1987; A.-M. HAYEZ, Urbain V, in Dictionnaire historique de la papauté, dir.
P. LEVILLAIN, Paris, 1994, p. 1679-1681; M. HAYEZ, Urbano V, beato, in Enciclopedia dei papi,
t. 2, Rome, 2000, p. 542-550.
102
VAUCHEZ, La sainteté, p. 367-372, 468-470, 655, 660; G. VEYSSIÈRE, Le rayonnement
géographique du culte d’Urbain V, in Le peuple des saints. Croyances et dévotions en Pro-
vence et Comtat Venaissin à la fin du Moyen Âge (= Mémoires de l’Académie de Vaucluse, 7e
sér., 6), 1985, p. 137-151.
103
Actes anciens et documents concernant le bienheureux Urbain V, pape, sa famille, sa
personne, son pontificat, ses miracles et son culte, recueillis par feu M. le chanoine J. H.
ALBANÈS et publiés par le chanoine U. CHEVALIER, Paris, 1897, p. 115-365 (ici Miracles); BHL
8397 [I].
104
Ibid., p. 367-480 (ici Information), avec seulement la date de 1390, mais cf. n. suivante;
BHL 8397 [II]. La lecture des «vies antiques » (ibid., p. 1-113) n’a rien apporté pour notre sujet.
105
VAUCHEZ, La sainteté, p. 367 et 660.
106
Cf. le tableau, ibid., p. 523; VEYSSIÈRE, Le rayonnement..., p. 151.
107
Après la translation à Marseille: Miracles, 128, p. 210; 219, p. 274; Information, de
vita, 1, p. 377; de miraculis, 71, p. 471. Cf. Information, de vita, 166, p. 425; 170-171, p. 427;
de miraculis, 9, p. 435.
108
Information, de vita, art. 1, p. 376-377.
LA SUBSTITUTION DES IMAGES AUX RELIQUES 81
111
Miracles, 242, p. 292; cf. VEYSSIÈRE, Le rayonnement… (cf. supra, n. 102), p. 141.
Autre mention: 165, p. 237.
112
Information, de miraculis, 54, p. 460-461; cf. G. VEYSSIÈRE, Vivre en Provence au XIVe
siècle, Paris – Saint-Denis, 1998, p. 230.
113
Franco Sacchetti, Opere, éd. A. BORLENGHI (= I Classici Rizzoli), Milan, 1957, Let-
tere, V, p. 1114-1115; P. GASPARINI, Non mi posso tener più ch’io non dica: Franco Sacchetti
entre invective politique et blâme moral (Lettre XI, Chanson 141), in Poésie et épistolographie
dans l’Italie médiévale, éd. A. FONTES-BARATTO = Arzanà, 12 (2007), p. 171-215, ici p. 206-207
(avec une trad. française), p. 188, 193-194 (commentaire) et 177, n. 17 (date). Cf. M. BACCI,
«Pro remedio animae». Immagini sacre e pratiche devozionali in Italia centrale (secoli XIII e
XIV) (= Piccola Biblioteca Gisem, 15), Pise, 2000, p. 69, 77-78, 147-148. Sur les images d’Ur-
bain V en Italie, cf. V. LUCHERINI, Un papa francese a Napoli: un’immagine trecentesca di
Urbano V identificata e le effigi dei fondatori di Sant’Eligio, in Le plaisir de l’art du Moyen
Âge. Commande, production et réception de l’œuvre d’art. Mélanges en hommage à Xavier
Barral i Altet, Paris, 2012, p. 181-192, avec la bibliographie indiquée aux n. 15-18.
114
Miracles, 106, p. 194. Pour ce miracle et un autre survenu en Italie (119, p. 204), cf.
SANSTERRE, «Virtus» des saints, images et reliques, p. 58-59.
115
Supra, n. 78-79 et texte correspondant.
LA SUBSTITUTION DES IMAGES AUX RELIQUES 83
116
Information, de vita, 172, p. 428.
117
Sur Pierre et son dossier hagiographique, on verra surtout – outre VAUCHEZ, La sain-
teté, passim – PROUVOST, Les miracles de Pierre de Luxembourg, p. 481-506; J. HELMRATH,
Aktenversendung und Heilungswunder. Peter von Luxemburg (1369-1387) und die Überlieferung
seines Kanonisationsprozesses, in Religiöse Bewegungen im Mittelalter. Festschrift für Matthias
Werner zum 65. Geburtstag, éd. E. BÜNZ − S. TEBRUCK − H. G. WALTHER (= Veröffentlichungen
der Historischen Kommission für Thüringen. Kleine Reihe, 24), Cologne e. a., 2007, p. 649-672.
118
AASS, Iul. t. 1, Anvers, 1719, p. 527-607 (BHL, s. v. Petrus de Luxemburgo, 2, sans
numéro). Comme le note VAUCHEZ, La sainteté, p. 2, n. 4, «le texte a été littéralement pulvé-
risé et recomposé dans un ordre nouveau». Cf. HELMRATH, Aktenversendung…, p. 655-657.
119
Avignon, Bibliothèque municipale, ms. 697 (ici PC1), dont je me suis procuré les photos
numérisées, et Avignon, Archives départementales du Vaucluse, série H, Célestins d’Avignon,
62/2 (ici PC2), dont j’ai fait numériser le microfilm.
120
PROUVOST, Les miracles de Pierre de Luxembourg, surtout p. 486-496. Il s’agit du ms.
Avignon, Archives départementales du Vaucluse, série H, Célestins d’Avignon, 62/1 (ici Livre
des miracles), dont j’ai également fait numériser le microfilm. En plus des passages relevés
infra, n. 125, 126, 136 et 153, on signalera Livre de miracles, CLV, fol. 29r: une femme souf-
frant des yeux ne peut d’abord pas bien voir l’image de Pierre posée sur son tombeau. − Une
effigie de Pierre en cet endroit est également mentionnée dans l’art. CCXXXVIII, PC1, fol.
78v; PC2, fol. 67v; AASS, Iul. t. 1, p. 583. − Des mentions de portraits de Pierre dans le Livre
des miracles ont pu m’échapper.
121
PROUVOST, Les miracles de Pierre de Luxembourg, p. 488-490.
84 J.-M. SANSTERRE
122
PROUVOST, Les miracles de Pierre de Luxembourg, p. 492-493; VAUCHEZ, La sainteté,
p. 523.
123
Procès, témoin V: PC1, fol. 289v-290r; PC2, fol. 279v-280r, ici fol. 280r; AASS, Iul. t. 1,
p. 589, § 192. Miracle enregistré après la rédaction des articles à la fin de 1389.
124
Procès, témoin LI (AASS LII): PC1, fol. 341v-343v, ici fol. 342r et 343v; PC2, fol. 331v-
334 , ici fol. 332r et 333v; AASS, Iul. t. 1, p. 600-601, § 245 et 247. Miracle enregistré après la
r
sanatus fuerat de brachio suo, de quo per triennium impotens extiterat, ad domum suam re-
versus extitisset et ymaginem dicti domini cardinalis ad domum attulisset, Guilielma, uxor sua,
que tunc pregnans erat iuxta terminum pariendi, sibi dixit, quod nunquam se senserat ita gravi-
dam, sicut tunc se sentiebat, et quod multum dubitabat, quod [AASS: quia] in partu moreretur.
Cui per dictum virum dato consilio, quod ipsi ambo voverent, quod ob reverenciam dicti do-
mini cardinalis, qui ipsum a infirmitate sua curaverat, infanti nascituro imponeretur nomen
Petri, et ipsum intrare facerent religionem. Et illud postmodum devovissent, adveniente tempore
pariendi, dicta Guilielma peperit unum filium, et cum minori dolore, quam unquam fecisset; cui
secundum votum, nomen Petrus impositum est. Postmodum [AASS: postea] vero dum ipsa mater
intueretur dictum filium, recordata de ymagine dicti domini cardinalis predicta [AASS: depicta],
statim dixit: «Certe iste filius assimilatur ymagini domini cardinalis, quoniam inter os et labia
habebat quandam concavaturam». Quod et advertens dictus pater et ibidem [ibidem omis dans
AASS] astantes in eadem opinione fuerunt, nam non solum vultu, sed secundum eius quanti-
tatem in facie et in membris consimilem formam habet. La déposition d’Arnaud au procès (té-
moin I: PC1, fol. 286v-287v; PC2, fol. 276v-278r; omis dans AASS) concerne surtout le premier
miracle, cf. PROUVOST, Les miracles de Pierre de Luxembourg, p. 501-502.
127
Procès, art. CCII: PC1, fol. 69v-70r; PC2, fol. 59r; AASS, Iul. t. 1, p. 579. Relevé no-
tamment par VAUCHEZ, La sainteté, p. 529, n. 33; ID., Les images saintes… (cf. supra, n. 2),
p. 81; VEYSSIÈRE, Vivre en Provence… (cf. supra, n. 112), p. 230. Item quod domina ducissa
Borbonii pregnans, dum advenisset tempus pariendi et consueti partus dolores ipsam mirabi-
liter affligentes per spacium quindecim dierum et ultra adeo eandem detenuissent oppressam,
quod de morte plus sperabatur quam de vita, ipsa etiam dubitans ne ipsa cum fructu suo pe-
riret, recordata de dicto domino cardinali, statim vocari fecit suum capellanum et sibi dixit,
quod pro ipsa statim iret missam celebratum et quod in ipsa missa ipsam ad dictum dominum
cardinalem devoveret; quod et fecit. Ipsa [AASS: dicta] vero domina interim quandam [quan-
dam omis dans AASS] ymaginem dicti domini cardinalis super ventrem suum fecit apponi.
Cum itaque dictus capellanus dictam missam quasi finivisset, dicta domina ducissa repente do-
loribus effugatis sine dolore peperit unam [AASS: unam pulcherrimam, ce mot étant barré dans
les deux mss] filiam. Itaque mater et filia a periculo mortis extiterunt [AASS: fuerunt] liberate
meritis et precibus dicti domini cardinalis.
86 J.-M. SANSTERRE
128
Césaire de Heisterbach, Dialogus miraculorum, VIII, 76, éd. J. STRANGE, t. II, Cologne
e.a., 1851, p. 144-145; éd. reprise avec une traduction allemande, un commentaire et une intro-
duction de N. NÖSGES − H. SCHNEIDER, in Caesarius von Heisterbach. Dialogus miraculorum.
Dialog über die Wunder, t. IV (= Fontes Christiani, 86), Turnhout, 2009, p. 1680-1683.
129
Cf. SANSTERRE, Après les «Miracles de sainte Foy», p. 69-71.
130
S. LAURENT, Naître au Moyen Âge. De la conception à la naissance: la grossesse et
l’accouchement (XIIe-XVe siècle), Paris, 1989, p. 193-198, ici p. 193-194. Sur ces pratiques, cf.
aussi C. RAWCLIFFE, Women, Childbirth, and Religion in Later Medieval England, in Women
and Religion in Medieval England, éd. D. WOOD, Oxford, 2003, p. 91-117, ici p. 97-110; E.
L’ESTRANGE, «Quant femme enfante…»: remèdes pour l’accouchement au Moyen Âge, in
Femmes en fleurs, femmes en corps. Sang, santé, sexualité du Moyen Âge aux Lumières, éd. C.
MCCLIVE – N. PELLEGRIN (= L’école du genre), Saint-Étienne, 2010, p. 167-181.
131
Cf. SANSTERRE, «Virtus» des saints, images et reliques, p. 51-52.
132
Procès, art. CXXXVI: PC1, fol. 56r; PC2, fol. 45r; AASS, Iul. t. 1, p. 572. Art.
CLXXXIII, PC1, fol. 66r; PC2, fol. 55v; AASS, p. 577. Art. CCLII: PC1, fol. 82r; PC2, fol. 71r;
AASS, p. 585. Art. CCLIV: PC1, fol. 82v; PC2, fol. 71v; AASS, p. 585.
133
Procès, art. CXXXIX, PC1, fol. 57r; PC2, fol. 46r; AASS, Iul. t. 1, p. 573, mention de
plusieurs guérisons avec cette eau. Art. CCLI: PC1, fol. 82r; PC2, fol. 71r; AASS, p. 585. Cf. la
Vita contemporaine (BHL 6719), § 34, AASS, Iul. t. 1, p. 516.
134
Procès, art. CCLIV: PC1, fol. 82v; PC2, fol. 71v; AASS, Iul. t. 1, p. 585.
LA SUBSTITUTION DES IMAGES AUX RELIQUES 87
135
Procès, témoin XLIV (AASS, Iul. t. 1, XLV): PC1, fol. 334r-337r; PC2, fol. 324r-327r;
AASS, p. 598-599, § 232-238.
136
Livre des miracles, MXX, fol. 242r-244r.
137
Notamment E. WICKERSHEIMER, Les guérisons miraculeuses du cardinal Pierre de
Luxembourg (1387-1390), in Comptes rendus du deuxième congrès international de la méde-
cine, Évreux, 1922, p. 371-389, ici p. 381-384, avec la discussion p. 388-389. Cf. l’article de
D. Le Blévec mentionné n. suivante, p. 129 et n. 20.
138
LE BLÉVEC, Un médecin face au miracle, p. 125-136.
139
Ibid., p. 127.
88 J.-M. SANSTERRE
140
LE BLÉVEC, Un médecin face au miracle, p. 130.
141
Ibid., p. 133-136.
142
Ibid., p. 130.
143
Ibid., p. 128.
144
Ibidem.
145
Sur cette église, cf. J.-L. LEMAITRE, Un inventaire des ornements liturgiques et des
livres de l’église Notre-Dame-des-Tables à Montpellier (6 septembre 1429), in Journal des
savants, 2003, n° 1, p. 131-167, ici p. 134-139 (p. 136, pour «l’église civique»).
LA SUBSTITUTION DES IMAGES AUX RELIQUES 89
146
Trad. LE BLÉVEC, Un médecin face au miracle, p. 134. PC1, fol. 334v in fine-335v;
PC2, fol. 324v in fine-325v; AASS, Iul. t. 1, p. 598, § 233-234. Ipse autem hoc videns, turbatus
est usque ad viscera; dixit matri dicte filie sue et sibi: «Nihil faciatis, nisi quod evitetis aliquas
res, utpote carnes salsas, caseum, substanciam leguminum, fructus dure substancie, castaneas,
pira; et habeatis in devocione istum gloriosissimum cardinalem, dominum Petrum de Luxem-
bourg, et permittatis ipsius ymaginem, in ecclesia beate Marie de Tabulis existentem, dicte filie
[AASS: dictam filiam] visitare cum oblationibus vestris; et habeatis ipsum in devocione
[AASS: devotionem] bis in die de sero et mane, genibus flexis nudis ipsum invocando, et ipsius
iuvamen». Dicta vero filia sua sibi dixit quod sibi mitteret [AASS: mitterent] aliquid de rauba
dicti domini cardinalis, cum qua tangeret mamillam suam predictam. Ipse autem lacrimando
recepit congedium ab eis et venit ad curiam, ad servicium domini nostri pape. Consequenter
venit in crastinum [AASS: aestivum], cum hic applicuit ad sepulcrum dicti domini cardinalis, ad
impendendum reverenciam eidem domino cardinali; lacrimandoque fecit sibi querelam suam
requirendo eum quod vellet ostendere potestatem et virtutem, quam habet cum sancta divini-
tate. Postmodum vero per aliquos dies, ivit ad dominum, tunc electum, nunc vero episcopum
Constantiensem, requirendo eum quod daret sibi modicum de rauba dicti domini cardi-
nalis. Qui respondit quod non habebat, nisi solum de linteaminibus, in quibus fuit mortuus, et
aperuit coffrum suum, sibique modicum frustum de uno linteamine dedit, et sibi ostendit unam
cordam nodatam sanguinolentam cum quibusdam nodis, et visa ipsa, ipse qui loquitur rogavit
ipsum quod modicum de ipsa corda sibi daret. Qui sibi respondit quod non erat ausus nisi [nisi
ajouté dans CP1; omis dans CP2] ex precepto pape; verumtamen sibi dedit de gracia speciali,
de filo floqui ipsius corde, ad formam unius acus. Ipse autem cum quanta potuit humilitate
illud recepit et involvit in sindone; et premissis sic stantibus ad sui noticiam pervenit quod cre-
pata erat dicta mamilla et incepit dolere, quoniam tunc veniebat tempus corrosionis, ut est de
natura ipsius cancri. Hoc audiens mandavit uxori sue dictum pannum cum illo filo simul in
dicta sindone ligatos, precipiendo dicte sue uxori quod sero et mane fricaret mamillam pre-
dictam cum illo panno, specialiter duriciam illam cancrosam, et interponeret infra foramen
illius crepature illud filum.
90 J.-M. SANSTERRE
147
Trad. LE BLÉVEC, Un médecin, p. 135. PC1, fol. 336v; PC2, fol. 326v; AASS, Iul. t. 1,
p. 599, § 237-238. Interrogatus si credit dictam filiam suam esse curatam precibus dicti domini
cardinalis, respondit quod sic, ex eo quia, ut dixit, morbus erat incurabilis in mamilla. Inter-
rogatus quid faciebat de filo, dixit quod bis in die mater et filia imponebant in apertura cancri;
dicens quod dicta Margareta dicebat ipsi loquenti patri suo quod dum ponebat filum inveniebat
magnam deliciam. Interrogatus quanto tempore stetit cum cancro aperto antequam esset tota-
liter curata, dixit quod quinque septimanis fuit ex toto curata, nulla alia apponendo medica-
menta, nisi solum pannum lineum supradictum desuper mamillam, et filum infra aperturam
ponendo. Interrogatus si votum emisit, dixit quod sic, per ista verba vel similia: «Gloriose car-
dinalis, si posse habes cum Deo, cura filiam meam», cum magna contricione et lacrimis ista
verba proferendo, promittens portare unum par mamillarum de cera ad eius sepulcrum…
148
Procès, art. CLXXXII: CP1, fol. 65v-66r, ici fol. 66r; CP2, fol. 55r-v; AASS, Iul. t. 1,
p. 577. L’article met l’accent sur le diagnostic de Jean. Puis: Propter quod valde tristis ef-
fectus et turbatus, nesciens quid ageret nisi divinum implorare subsidium [AASS: auxilium].
Confidens de meritis ipsius domini cardinalis, de linteaminibus, in quibus iacebat ipse dominus
cardinalis tempore vite sue, et unum modicum filum floqui predicte corde, qua cingebatur, dicte
filie transmisit, quam monuit quod de predictis dictum morbum fricaret, quod et fecit. Ex qua
fricacione dicta filia meritis et precibus dicti domini cardinalis fuit omnino sanata [les mots
suivants, quamvis secundum naturam impossibile fuerit ipsam fuisse sanatam, sont barrés dans
PC1 et PC2].
LA SUBSTITUTION DES IMAGES AUX RELIQUES 91
149
Acta et processus canonizationis Beate Birgitte, éd. I. COLLIJN (= Samlingar utgivna
av Svenska Fornskrift-Sällskapet. Ser. 2: Latinska Skrifter, 1), Uppsala, 1924-1931, p. 254-
255, ici p. 255: sensit materialem tactum intra venas pectoris (…), ac si fuisset una manus, que
stringeret scilicet capita sive aperturas venarum retrahens dictum fluxum. Cf. SANSTERRE,
«Virtus» des saints, images et reliques, p. 63-64.
150
Sur la chapelle et l’image, cf. G. RAMETTE, Au Vieil Avignon. Deux antiques chapelles
disparues: Notre-Dame d’Espérance – Notre-Dame de Bon-Encontre, in Mémoires de l’Aca-
démie de Vaucluse, 2e sér., 30, (1935), p. 63-77, ici p. 70-77.
151
Procès, art. CCXXIV: PC1, fol. 74v in fine-75r; PC2, fol. 64r; AASS, Iul. t. 1, p. 581.
Cf. VEYSSIÈRE, Miracles et merveilles en Provence… (cf. supra, n. 49), p. 212. L’auteur perd
toutefois de vue que la dévotion envers Notre-Dame d’Espérance était également nouvelle, ce
que soulignait pourtant M. VENARD, Itinéraires de processions dans la ville d’Avignon, in Ethno-
logie française, 7 (1977), p. 55-62, ici p. 61 et n. 22.
152
Procès, témoin XVII: PC1, fol. 307r-v; PC2, fol. 297r-v; AASS, Iul. t. 1, p. 591-592,
§ 204; miracle enregistré après la rédaction des articles.
92 J.-M. SANSTERRE
des voleurs dérobèrent une lampe d’argent qui pendait devant l’image
mariale de leur chapelle Notre-Dame la Belle, une figure qui ne passait
pas pour être miraculeuse. Le prieur se rendit directement au tombeau du
saint pour le supplier; le custode de la chapelle l’invoqua devant l’effigie
de la Vierge: O sancte cardinalis qui tanta devocione fuisti erga beatam
Virginem, digneris nobis revelare veritatem istius furti…153. La lampe fut
ainsi retrouvée grâce au nouveau «saint» sans intervention de la Vierge,
reflet de l’enthousiasme suscité par le culte tout récent, ce qui, en l’occur-
rence, ne saurait être interprété comme la concurrence entre deux sacralités.
3. Au XVe siècle154
153
Livre des miracles, CMI, fol. 208v-209v, ici fol. 209v.
154
Je range ici les Miracles de Ste Catherine de Fierbois compilés alors, bien qu’ils com-
mencent en 1375.
155
Enquête de Tours: AASS, Mart. t. 3, Anvers, 1668, p. 747-765 (BHL 5514). Cf. T.
GRIGUER, La sainteté en Touraine au XVe siècle (La vie et le procès de canonisation de Jeanne-
Marie de Maillé), in Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, 91 (1984), p. 27-37; A.
VAUCHEZ, Influences franciscaines et réseaux aristocratiques dans le Val de Loire. Autour de
la Bienheureuse Jeanne-Marie de Maillé (1331-1414), in Revue d’histoire de l’Église de France,
70, n° 184 (1984), p. 95-105, repris sous le titre Une «sainte femme» du Val-de-Loire à l’époque
de la Guerre de cent ans: Jeanne-Marie de Maillé (1331-1414), in ID., Les laïcs au Moyen Âge.
Pratiques et expériences religieuses (= Cerf-Histoire), Paris, 1987, p. 225-236.
156
Enquête de Tours: § 25-27, p. 752.
LA SUBSTITUTION DES IMAGES AUX RELIQUES 93
qui vivait alors dans une cellule jouxtant le couvent des Cordeliers de
Tours, se précipita dans la chapelle dédiée à S. Yves, que l’on fêtait ce
jour-là; et ante ipsius imaginem et ad altare — encore le lien entre image
et autel —, elle fit célébrer la messe et obtint ainsi la guérison demandée
en refusant pour elle-même le miracle157. On parla, par ailleurs, de l’appa-
rition mariale et de la guérison dont elle bénéficia devant un autel et une
effigie de la Vierge158. La Vita écrite par le franciscain Martin de Bois-
gaultier, son confesseur et le promoteur de l’enquête, souligne que sa piété
envers la Vierge l’amena à faire réaliser trois statues en son honneur159.
La Vie raconte aussi qu’à l’âge de six ans, quasi praenuntia sanctitatis,
Jeanne-Marie cueillait des fleurs non pour elle-même, comme les autres
petites filles, mais pour les images des saints, surtout celle de Marie160.
Si la dévotion de Jeanne-Marie envers les images apparaît sans con-
teste comme une marque de sa piété, l’enquête fait apparaître davantage sa
vénération des reliques, en particulier — outre la ceinture de la Vierge à
Loches161 — celles qu’elle découvrit grâce à une vision dans l’église fran-
ciscaine de Tours162, celles de la chapelle du château de Sillé-le-Guillaume,
terre de son époux défunt163, et celles que lui donna à Angers la reine de
Sicile et duchesse d’Anjou Marie de Châtillon. Ces dernières consistaient
en un morceau du cilice de Charles de Blois et surtout en deux dents de S.
Étienne pour lesquelles elle fit faire une image du saint en argent doré te-
nant dans la main droite un petit vase de cristal destiné à les contenir164.
Un miracle souligne la virtus de telles reliques combinée avec sa propre
intercession. Alors qu’elle se trouvait à Angers, une mère vint la supplier
d’intercéder auprès de Dieu pour son enfant qui ne pouvait plus prendre
de nourriture. Jeanne-Marie amena la femme prier avec elle pendant une
partie de la nuit dans la chapelle mariale de l’église des Cordeliers d’An-
gers, puis elle ordonna de porter à l’enfant et de poser sur sa poitrine mul-
157
Enquête de Tours, § 84, p. 764.
158
Ibid., § 80, p. 763. Cela se passa dans la chapelle de l’ermitage de la Planche de Vaux,
une chapelle qu’elle avait fait reconstruire et qu’elle avait pourvue d’une image de la Vierge,
l’une des trois dont parle la Vita (cf. n. suivante).
159
Vita ven. Mariae de Mailliaco (BHL 5515), 16, éd. AASS, Mart. t. 3, p. 740.
160
Ibid., 1, p. 737.
161
Enquête de Tours, § 52, p. 757.
162
Ibid., § 40, p. 755.
163
Ibid., § 41, p. 755.
164
Ibid., § 42, p. 755, avec § 43-47, p. 755-756, le récit des péripéties du transfert des re-
liques à Tours.
94 J.-M. SANSTERRE
165
Enquête de Tours, § 69-70, p. 760-761, ici § 70, p. 761.
166
Éd. [P.-H.] FAGES, Procès de la canonisation de saint Vincent Ferrier pour faire suite
à l’histoire du même saint, Paris − Louvain, 1904, p. 3-263 (enquête de Bretagne), p. 265-404
(enquête de Toulouse), p. 405-448 (enquête de Naples); BHL Nov. Suppl. 8656b-d. Cf. L.
ACKERMAN SMOLLER, The Saint and the Chopped-Up Baby. The Cult of Vincent Ferrer in Me-
dieval and Early Modern Europe, Ithaca − Londres, 2014.
167
ACKERMAN SMOLLER, The Saint…, p. 49-84. Cf. déjà, mais de façon plus tranchée,
EAD., Northern and Southern Sanctity in the Canonization of Vincent Ferrer: the Effects of
Procedural Differences on the Image of the Saint, in Procès de canonisation au Moyen Âge.
Aspects juridiques et religieux, dir. G. KLANICZAY (= Collection de l’École française de Rome,
340), Rome, 2004, p. 289-308.
168
Enquête de Bretagne, témoin CCCIII, p. 251-253, ici p. 253.
169
Ibid., témoin CCXL, p. 202-204, ici p. 203.
LA SUBSTITUTION DES IMAGES AUX RELIQUES 95
170
Cf. J.-M. SANSTERRE – P. HENRIET, De l’inanimis imago à l’omagem mui bella. Mé-
fiance à l’égard des images et essor de leur culte dans l’Espagne médiévale ( VIIe-XIIIe siècle),
in Edad Media. Revista de Historia, 10 (2009), p. 37-92, ici p. 81.
171
Éd. B. MARINANGELI, La canonizzazione di S. Bonaventura e il processo di Lione, in
Miscellanea Francescana, 17 (1916), p. 65-86, 105-120, 165-174, et 18 (1917), p. 125-135, ici
18, fasc. 6, (nov.-dic. 1917), p. 126. Cf. J.-M. SANSTERRE, Images sacrées, reliques et sanctuaire
en Occident. Notes de recherche, 8-16, in Revue belge de Philologie et d’Histoire, 94 (2016),
fasc. 3-4, p. 1060-1061, ici note de recherche 13: Une mention restée inaperçue du pouvoir thau-
maturgique de la «première image de Notre-Dame “peinte” en deçà des monts», Lyon 1480.
172
Cf. supra, n. 151-152 et texte correspondant.
173
Enquête de Toulouse, témoin IX, p. 309: Ceterum cum ipse loquens haberet unam
consobrinam germanam monialem in dicto monasterio de Pruliano (…) et esset vexata graviter
infirmitate spasmi (…), devotione motus, eam vovit Deo et Beate Marie nec non Fr. V. (…) et
quod ipse loquens si dicta sua consobrina de dicta infirmitate sanaretur, faceret depingi in con-
ventu earumdem monialium unam figuram ipsius M. V. Et voto facto, dicta consobrina sanata
est: et ipse loquens votum suum exsolvit, qui imaginem Fr. V. depingi fecit; et plures ad eum se
voventes et remedia eorum adversitatum reperientes, plura ibidem defferunt (sic) vota cerea
miraculorum.
96 J.-M. SANSTERRE
174
Enquête de Toulouse, témoin XLII, p. 395-396.
175
Ibid., témoin IX, p. 310.
176
Ibid., témoin XII [bis], p. 327.
177
Ibidem.
178
Ibid., témoin IV, p. 292.
179
Enquête de Naples, art. XXVI, p. 410: … in locis maxime ubi altaria ad prefati Beatis-
simi memoriam sunt constructa, et in personis quas reliquie alique dicti gloriosissimi viri teti-
gerant.
LA SUBSTITUTION DES IMAGES AUX RELIQUES 97
180
Pietro Ranzano, Vita S. Vincentii Ferrerii (BHL 8657-8958), in AASS, April. t. 1, An-
vers, 1675, p. 482-512. Sur l’auteur et son œuvre, cf. ACKERMAN SMOLLER, The Saint… (cf.
supra n. 166), p. 121-159. Sur les problèmes soulevés par le livre IV, cf. ibid., p. 129-130. Les
dix miracles posthumes (dont Ackerman Smoller ne relève pas le contenu) ont peut-être été
ajoutés après l’approbation de la Vita par le chapitre général de l’Ordre à Montpellier en 1456.
Une version inédite plus longue du livre IV n’en reprend pas davantage (ibid., p. 130, n. 42).
181
Pietro Ranzano, Vita S. Vincentii Ferrerii…, IV, 9, p. 511.
182
Ibid., IV, 11, p. 511.
183
Ibid., IV, 11-14, p. 511-512.
184
Ibid., IV, 11, p. 511.
185
Ibid., IV, 12, p. 511.
186
Les miracles se répartissent en deux séries chronologiques: 1447-1452 et 1490-1545.
Éd. non publiée que j’ai pu consulter chez les Bollandistes grâce à l’aimable autorisation de
l’auteur: J.-M. MATZ, Les miracles de l’évêque Jean-Michel et le culte des saints dans le dio-
cèse d’Angers (v. 1370 - v. 1560), Thèse d’Histoire, 3 vol., Université de Paris X-Nanterre,
1993; ici vol. 3: Gesta et miracula reverendissimi Johannis Michaelis Andegavorum episcopi.
Cf. ID., Rumeur publique et diffusion d’un nouveau culte à la fin du Moyen Âge: les miracles de
Jean Michel, évêque d’Angers (1439-† 1447), in Église et vie religieuse en France au début de
98 J.-M. SANSTERRE
la Renaissance (1450-1530) = Revue d’histoire de l’Église de France, 77, n° 198 (1991), p. 83-
99; ID., Les miracles de l’évêque d’Angers Jean Michel (1447-1545), in Mirakel im Mittelalter.
Konzeptionen, Erscheinungsformen, Deutungen, éd. M. HEINZELMANN − K. HERBERS − D. R.
BAUER (= Beiträge zur Hagiographie, 3), Stuttgart, 2002, p. 377-398 − p. 394, n. 46, l’auteur
relève pour la seconde série de miracles deux mentions du vœu d’offrir une représentation du
saint évêque −; V. TABBAGH, Construction sacrée, réforme spirituelle et vénération des saints
au milieu du XVe siècle: l’exemple de la collégiale de Vergy, in Les clercs, les fidèles et les saints
en Bourgogne médiévale (XIe-XVe siècles), éd. ID. (= Sociétés), Dijon, 2005, p. 115-130, ici
p. 129.
187
Miracles de 1453 à 1480, éd. U. CHEVALIER, Vie et miracles de la bienheureuse Phi-
lippe de Chantemilan, in Bulletin d’histoire ecclésiastique et d’archéologie religieuse des dio-
cèses de Valence, Gap, Grenoble et Viviers, 12 (1892), p.* 39-96 [p.* 76-96, miracula 1-23]; 13
(1893), p.* 97-139 [miracula 24-56]; 14 (1894), p*. 203-245 [notice, qui ne s’arrête guère aux
miracles]; ces pages sont aussi publiées sous le même titre en un volume, Valence − Paris,
1894, p. 37-91 pour les miracles (BHL 6812). Cf. P. PARAVY, De la chrétienté romaine à la
Réforme en Dauphiné. Évêques, fidèles et déviants (vers 1340-vers 1530) (= Collection de
l’École française de Rome, 183), vol. 1, Rome, 1993, p. 702-712. Voir infra n. 204.
188
Éd. C. BRUNEL, Vida e miracles de sancta Flor, in AB, 64 (1946), p. 5-49 (p. 29-46
pour les miracles); ici § 57-59, p. 39; § 78, p. 42; § 83 p. 43. Sur «le pèlerinage au tombeau de
sainte Fleur», cf. B. MONTAGNES, Une sainte quercynoise de l’Ordre de l’Hôpital: sainte Fleur
(† 1347), in Les Ordres religieux militaires dans le Midi (XIIe-XIVe siècle) (= Cahiers de Fan-
jeaux, 41), Toulouse, 2006, p. 115-138, ici p. 124-132.
189
É. LOPEZ, Culture et sainteté. Colette de Corbie (1381-1447) (= C.E.R.C.O.R. Travaux
et recherches, 5), Saint-Étienne, 1994, p. 142-143, donne, sur la base d’un manuscrit de 1624
écrit en français (ibid., p. 140-141) un bref aperçu d’une partie du dossier; elle relève l’utilisa-
tion de reliques de contact (cf. aussi à ce propos ibid., p. 406). Je n’ai pu lire que les versions
ou rétroversions latines des enquêtes de Gand, d’Arras et d’Hesdin sur les miracles post mortem
dans la seconde moitié du XVe s., in AASS, Mart. t. 1, Anvers, 1668, p. 592-601 (BHL 1873-
1875). – Pour le contexte, sans analyse des miracles, cf. A. CAMPBELL, Colette of Corbie: Cult
and Canonization, in A Companion to Colette of Corbie, éd. J. MUELLER – N. BRADLEY WARREN
(= Brill’s Companions to the Christian Tradition, 66), Leiden – Boston, 2016, p. 173-206, ici
p. 174-187. – Il y est effectivement souvent question de ce genre de reliques alors que les men-
tions d’images de Colette sont plus rares. Pour ces dernières, cf. Miracula Hesdiniensia, 6, p.
599: la mère d’une petite fille souffrant de la fièvre invoqua Colette à la vue de son image dans
le couvent des Clarisses d’Hesdin abandonné provisoirement par les sœurs en raison d’une inon-
LA SUBSTITUTION DES IMAGES AUX RELIQUES 99
culeuses sont, par contre, liées à la présence d’une image de Ste Barbe
dans l’église des Frères prêcheurs190, une sainte ancienne dont il devait être
plus difficile d’obtenir des reliques. Enfin, un recueil dont il faut dire quel-
ques mots est centré sur une chapelle «trouvée» porteuse d’une sacralité
intrinsèque.
Le livre des miracles du sanctuaire de Ste Catherine (d’Alexandrie)
à Fierbois, à quelque trente kilomètres au sud de Tours, comprend 237 dé-
clarations de miracles, dont bon nombre de libérations de prisonniers, qui
s’échelonnent à des rythmes divers de 1375 à 1470 et ont été compilées
vraisemblablement entre cette dernière date et la fin de l’année 1483191.
On n’y trouve aucune mention d’une effigie de la sainte à Fierbois même,
ce qui, pour l’époque, ne saurait s’expliquer par son absence. D’autre part,
il n’est jamais question de reliques de la sainte ni dans les miracles à dis-
tance192, ce qui n’étonne guère vu la rareté de ces reliques193, ni sur place,
alors que le sanctuaire de Fierbois pourrait bien en avoir reçu vers la fin
du XIVe siècle194. L’important est la chapelle elle-même. Elle fait l’objet
dation; ensuite, elle fit boire de «l’eau du lavement» (lavamenta) des reliques de la sainte reli-
gieuse. Ibid., 10, p. 599: Colette apparut à une sœur mourante; alors que le confesseur du cou-
vent lui montrait une image de la bienheureuse, la sœur désigna l’apparition de la main en di-
sant qu’elle était bien plus belle. Ibid., 12, p. 600, une femme enceinte, craignant une nouvelle
fausse couche, offrit une image de cire d’un enfant devant un portrait de Colette dans l’église
des Clarisses et fit une neuvaine; alors qu’elle priait devant le portrait, elle sentit les douleurs de
l’enfantement et accoucha une fois rentrée chez elle.
190
Elles sont relevées par C. LECOMTE, Le culte des reliques en Côte-d’Or à la fin du
Moyen Âge, Mémoire de maîtrise, Université de Dijon-Bourgogne, 1997, dir. V. Tabbagh (que
je remercie de m’avoir envoyé une copie des pages en question), p. 106-107, et, plus briève-
ment, dans un article au même titre in Annales de Bourgogne, 71 (1999), p. 249-256, ici p. 252,
en se référant aux «A[rchives] D[épartementales de la] C[ôte-d’]O[r], 53H931, tiroir 10, sac
unique, liasse Ière, pièces 1 à 4». Cf. surtout le premier miracle, celui d’une jeune infirme «qui,
après avoir fait des prières et des offrandes devant l’ymage pour obtenir l’intercession de sainte
Barbe auprès de Dieu, repart de l’église guérie» (mémoire cit., p. 106).
191
Éd. Y. CHAUVIN, Livre des miracles de Sainte-Catherine-de-Fierbois (1375-1470)
(= Archives historiques du Poitou, 60), Poitiers, 1976. Cf. ID., Le Livre des miracles de Sainte-
Catherine-de-Fierbois, in Bulletin de la Société des Antiquaires de l’Ouest et des Musées de
Poitiers, 4e sér., 13 (1975), p. 281-311; C. DELUZ, Un pèlerinage en Touraine au XVe siècle: le
Livre des miracles de sainte Catherine de Fierbois, in Auctoritas. Mélanges offerts à Olivier
Guillot, dir. G. CONSTABLE − M. ROUCHE (= Cultures et civilisations médiévales), Paris, 2006,
p. 635-645; F. MICHAUD-FRÉJAVILLE, Sainte Catherine, Jeanne d’Arc et le «saut de Beaure-
voir», in La protection spirituelle au Moyen Âge, dir. P. FAURE = Cahiers de recherches médié-
vales (XIIIe-XVe s.), 8 (2001), p. 73-86, ici p. 74-82.
192
CHAUVIN, Le Livre des miracles..., p. 29, souligne qu’il n’y a pas d’attouchement de
reliques de la sainte.
193
Sur celles-ci, cf. MICHAUD-FRÉJAVILLE, Sainte Catherine…, p. 76.
194
Ibid., p. 77.
100 J.-M. SANSTERRE
au début du livre de ce qui tient d’un bref récit d’invention195 sans tou-
tefois qu’une intervention céleste soit à l’origine de la découverte. Un
sanctuaire en ruine, perdu dans les buissons et les ronces, fut trouvé en
1375 par un habitant de Fierbois. Paralysé et aveugle, il s’était souvenu
qu’il y avait là jadis une chapelle où personne ne pouvait plus se rendre.
Pensant qu’il irait mieux s’il y faisait une neuvaine, il chargea ses servi-
teurs de frayer avec des cognées et des armes de fer un chemin par lequel
il fut transporté dans ce lieu. Et tantost qu’il fut dedans ladite chapelle, il
fut guéri avant la fin de sa neuvaine196. C’est ailleurs, dans deux cas seu-
lement, que des figures de la sainte apparaissent comme des pôles de son
culte. Une Angevine, aveugle et en mauvaise santé, invoqua Ste Catherine
et se fit amener dans la chapelle de celle-ci à Notre-Dame d’Angers. Si
avint que le jour du Vendredi Aouré (le Vendredi Saint) Notre Seigneur
luy rendit sa veue et allegea tous ses menbres, et premierement elle aper-
ceut l’ymage de madame sainte Katherine197. Un paroissien de Saint-Lau-
rent de Briou au diocèse de Poitiers, père d’un enfant moribond, va prendre
une chandelle et s’en ala a sa paroisse, la ou estoit l’ymage de madame
sainte Katherine, que s’il luy plaisoit rendre son enfant qu’il vendroit a la
chapelle de ladite Vierge a Fierboy; rentré chez lui, il trouva son enfant en
bonne santé198. Les images et, à Angers, la chapelle dédiée à la sainte, fai-
saient office de «relais» du sanctuaire de Fierbois199.
4. En guise de conclusion
195
MICHAUD-FRÉJAVILLE, Sainte Catherine…, p. 75.
196
Livre des miracles…, introduction et 1, p. 1.
197
Ibid., 26, p. 9-10, ici p. 10 (sans date, vers 1380).
198
Ibid., 226, p. 137 (1469). Cf. aussi, sur un autre plan, ibid., 110, p. 66: dans son som-
meil, un prisonnier des Anglais à Avranches vit l’ymage de madame sainte Katherine qui lui
annonça qu’il pourrait s’échapper.
199
J’emprunte la notion de relais, en la forçant quelque peu, car il s’agit en l’occurrence de
cas isolés, à P. MARTIN, Sanctuaires-mères et pèlerinages relais, in Identités pèlerines. Actes
du colloque de Rouen (15-16 mai 2002), dir. C. VINCENT, Rouen, 2004, p. 107-122.
LA SUBSTITUTION DES IMAGES AUX RELIQUES 101
200
Cf. G. KLANICZAY, L’efficacité des mots dans les miracles, les visions, les incantations
et les maléfices, in Le pouvoir des mots au Moyen Âge, éd. N. BÉRIOU − J.-P. BOUDET − I.
ROSIER-CATACH (= Bibliothèque d’histoire culturelle du Moyen Âge, 13), Turnhout, 2014, p.
327-347, ici p. 333-338, concluant à juste titre que «le pouvoir des mots dans les vœux se montre
complexe et incertain» (p. 338); voir aussi, dans un autre contexte, P. HENRIET, Invocatio sancti-
ficatorum nominum. Efficacité de la prière et société chrétienne (IXe-XIIe siècle), in La prière
en latin de l’Antiquité au XVIe siècle. Formes, évolutions, significations, éd. J.-F. COTTIER
(= Collection d’études médiévales de Nice, 6), Turnhout, 2006, p. 229-244, ici p. 236-241. Pour
l’évolution du vœu, cf. VAUCHEZ, La sainteté, p. 530-540.
201
Pour s’en faire une idée, il suffit de signaler un article récent: J.-M. MATZ, Pour une
102 J.-M. SANSTERRE
histoire des reliques à la fin du Moyen Âge: le diocèse d’Angers, in Hagiographica, 21 (2014),
p. 197-233.
202
Cf. C. GUYON, Pèlerins et pèlerinages à Saint-Nicolas-de-Port à la fin du Moyen Âge,
in Alle origini dell’Europa. Il culto di san Nicola tra Oriente e Occidente. Italia-Francia. Atti
del convegno (Bari, 2-4 dic. 2010), éd. G. CIOFFARI – A. LAGHEZZA (= Studi storici, 22), Bari,
2011, p. 269-293. Cette limitation du sujet en a entraîné une autre: il n’a pas été question des
reliquaires anthropomorphes, un aspect des relations entre images et reliques en marge, il est
vrai, de la problématique de la présente étude.
203
Extrait des statuts synodaux de l’évêque Gui Bernard de Langres en 1479, cité et tra-
duit par P. SAINTYVES, Les résurrections d’enfants mort-nés et les sanctuaires à «répit», in
Revue d’ethnographie et de sociologie, nouv. sér., 2 (1911), p. 65-74, ici p. 70-71. Sur ce type
de miracles, cf., entre autres, J. GÉLIS, La mort et le salut spirituel du nouveau-né. Essai d’ana-
lyse et d’interprétation du «sanctuaire à répit» (XVe-XIXe s.), in Revue d’histoire moderne et con-
temporaine, 31 (1984), p. 361-376; S. SEIDEL MENCHI, Les pèlerinages des enfants mort-nés.
Des rituels correctifs pour un dogme impopulaire ?, in Rendre ses vœux. Les identités pèlerines
dans l’Europe moderne (XVIe-XVIIIe siècle), dir. P. BOUTRY – P.-A. FABRE − D. JULIA (= Civi-
lisations et sociétés, 100), Paris, 2000, p. 139-153.
204
Ainsi, en Dauphiné, au tombeau de Philippe de Chantemilan à Vienne comme devant
l’image de la Vierge de Tullins, cf. P. PARAVY, Angoisse collective et miracles au seuil de la
mort: résurrections et baptêmes d’enfants mort-nés en Dauphiné au XVe siècle, in La Mort au
Moyen Âge. 6e Congrès de l’Association des historiens médiévistes français (= Publications de
la Société savante d’Alsace. Recherches et documents, 25), Strasbourg, 1975, p. 87-102; EAD.,
De la chrétienté romaine à la Réforme… (cf. supra, n. 187), vol. 1, p. 706-709, 723.
205
Un aperçu classique: D. RIGAUX, Réflexions sur les usages apotropaïques de l’image
LA SUBSTITUTION DES IMAGES AUX RELIQUES 103
209
Iohannes Gielemans, Exordium et origo capellae constructae in Boondale in honore
beatae Dei genetricis et sancti Adriani martyris..., extrait n° 15 du Novale sanctorum, in Anec-
dota ex codicibus hagiographicis Iohannis Gielemans canonici regularis in Rubea Valle prope
Bruxellas, éd. Hagiographi Bollandiani (= Subs. hag., 3a), Bruxelles, 1895, p. 364-379. Sur l’au-
teur et son œuvre, cf. V. HAZEBROUCK-SOUCHE, Spiritualité, sainteté et patriotisme. Glorifica-
tion du Brabant dans l’œuvre hagiographique de Jean Gielemans (1427-1487) (= Hagiologia, 6),
Turnhout, 2007.
210
Il s’agit d’un exemple que j’ai repris dans un exposé intitulé «Les images arboricoles
chrétiennes, particulièrement les effigies miraculeuses, jusqu’au milieu du XVIe siècle», pré-
senté le 15 décembre 2016 à l’atelier du GEMCA (Groupe d’analyse culturelle de la première
modernité, Université catholique de Louvain) sur Les images miraculeuses arboricoles entre
Moyen Âge et Temps Modernes. La recherche sera approfondie en vue d’une publication.
211
Les reliques du saint faisaient en revanche l’objet d’un important pèlerinage non loin
de là, à Grammont (Geraardsbergen), en Flandre, cf. H. VAN DER VELDEN, The Donor’s Image.
Gerard Loyet and the Votive Portraits of Charles the Bold (= Burgundica, 2), Turnhout, 2000,
p. 120, 199-203, qui souligne l’attention attachée à l’image d’Adrien; S. CASSAGNES-BROUQUET,
La Légende de saint Adrien, le culte des reliques dans l’imagerie d’un manuscrit flamand de la
fin du XVe siècle, in Le ciel sur cette terre. Dévotions, Église et religion au Moyen Âge. Mé-
langes en l’honneur de Michelle Fournié, éd. EAD. – A. DUBREIL-ARCIN (= Méridiennes), Tou-
louse, 2008, p. 91-102.
LA SUBSTITUTION DES IMAGES AUX RELIQUES 105
à côté de celle de la Vierge212. Deux ans plus tard furent instituées une
fraternité en l’honneur de Marie et d’Adrien et une procession in qua cir-
cumferretur imago eiusdem gloriosi athletae213. À la fin de son long récit,
Jean Gielemans affirme que Dieu illustra cette chapelle par des miracles
ad honorem pretiosi patroni eiusdem214, sans plus parler de la Vierge et de
son image, pourtant au départ de cette histoire; un silence curieux quand
on sait l’importance prise par les représentations mariales. Or, c’est une
effigie d’Adrien, et non des parcelles de ses reliques, bien moins aisées à
se procurer, qui marque la présence efficace du saint dans sa chapelle. On
imagine mal que ce précieux témoignage reflète une réalité propre aux
anciens Pays-Bas, même si l’on n’en trouve pas d’équivalent dans l’espace
français. Voilà qui relativise, sans l’infirmer pour autant, l’apport d’une
recherche centrée, en raison de la documentation, sur des saints récents.
Summary. After an earlier study regarding the Italian corpus, this article con-
tinues for the French territory an ample research started from the pioneering views
of André Vauchez regarding the substitution of images for relics in the employment
of the virtus of saints away from their tomb. – The article does not deal with images
of the Virgin. – On the chronological level, the French corpus fits these views much
better than the Italian, since the phenomenon is only really observed there from the
14th cent. In addition, a series of new data confirm that various images became
“focal points” of the cult of saints far away from their tomb. But, as for the Italian
corpus, in the texts studied it is more often contact relics and tiny first-class relics
that appear as efficacious carriers of virtus. The last pages of the article underline
how much the presentation, in spite of everything, only gives a very partial picture
of a particularly complex reality.
212
Pour le choix d’Adrien: Iohannes Gielemans, Exordium et origo capellae constructae
in Boondale, p. 377.
213
Ibid., p. 378.
214
Ibid., p. 379.
106 J.-M. SANSTERRE