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Cahier de chansons

Jean-Paul Den 2006


Introduction A l’école, les contractions de textes pas chantables. Aussi parce que le
étaient déjà de loin mes exercices nombre de syllabes influence la
Un matin de mes 15ans, j’ai écrit ma préférés. structure, la manière de chanter, la
première chanson. Je connaissais trois Plus de trente ans plus tard, je peux dire musique. Je compose souvent en
accords, ça suffisait déjà. Aujourd’hui que l’art mineur ou miniature que je voiture, car là je peux me laisser aller
encore d’ailleurs, la plupart des pratique toujours m’apporte beaucoup dans mes envolées sans déranger
chansons populaires sont basées sur 3 de joie intérieure et entretient mes personne. Je pense d’ailleurs que mes
ou 4 accords. La magie c’est la mélodie capacités d’écoute et d’observation. voisins de files dans les bouchons ont dû
et le mariage des mots, pas la sourire en me regardant.
complexité des accords. Cela dit, ma Des gestes, des attitudes, des regards, Tout ça pour en arriver à la raison de ce
première chanson ne marquera pas des événements qui ne diront rien à recueil de 50 chansons choisies au fil de
l’histoire et entre temps j’ai tout de personne, peuvent devenir pour moi la ces années qui passent bien vite. Le fruit
même appris quelques accords en plus. source d’une histoire et se transformer de mon imagination. Une trace.
C’est donc assez tôt que j’ai été atteint en chanson. Rien ne le dit, rien ne le Le besoin de laisser un mot sur la table
par ce virus particulier qui permet de prévoit, c’est le hasard. Je suis d’ailleurs avant de reprendre la route !
transmettre aux doigts tous les délires toujours très curieux de ma prochaine
du cerveau. chanson. Celle que je ne connais pas Jean-Paul
encore et qui tôt ou tard viendra me
De toutes les formes d’écritures, écrire tourmenter l’esprit. Parfois, ça se passe
des chansons est une démarche la nuit et si je ne me lève pas tout de
particulière qui consiste à compresser la suite, il y a beaucoup de chance que le
vie dans une durée réduite à quelques lendemain matin je ne m’en souvienne
minutes, de préférence, pas plus que pas. C’est une des explications
trois, si on veut entretenir l’espoir de plausibles à mon statut d’illustre
passer un jour à la radio. Quoi qu’être inconnu dans ce métier. « L’idée qui
programmé aujourd’hui, ne dépend pas devait m’apporter le succès a du passer
vraiment du talent d’un artiste mais une nuit de profonde fatigue. »
plutôt de la puissance de frappe de sa
maison de disques.
J’écris souvent en même temps que je
mélodie, parce que tous les mots ne sont

Jean-Paul Den Cahier de chansons 1


Les chansons du cahier La marée orange 30
La vie autrement 31
Afghane 3 Le chemin de l’été 32
A ta rencontre 4 Le croque vie 33
Bien mal acquis 5 Le dimanche soir 34
Ce qui peut servir 6 Le sentier St Gérard 35
Ce qui se répète 7
C’est ainsi 8
C’est bagarre 9 Les chansons de nos vies 36
Chambre d’ami 10 Ma femme préfère Chelon 37
Chez le Diable ou chez Dieu 11 Mon Chow-Chow 38
Comme si c’était facile 12 N’aimer que toi 39
Compenser 13 Où sont passé les gens honnêtes 40
Couvre toi bien 14 Pierrot 41
Denise 15 Pluie Soleil 42
Deux grands yeux noirs 16 Plus près 43
Des parents qui s’aiment 17 Premier jour d’école 44
Doucement 18 Priscilla 45
Proxistar Mobimus 46
Renoncer c’est le pire 47
Elle est sale 19 Rentrer d’où je va 48
Elles en parlent 20 Seul à aimer l’autre 49
Fauchage tardif 21 Tout s’arrange 50
Femme globe 22 Viens frôler ma vie 51
Flou 23 Votez pour moi 52
Gare du midi 24
Il ou Elle 25
J’attends 26
Je va je vis 27
Jolie femme flic 28
L’astro connerie 29

Jean-Paul Den Cahier de chansons 2


Afghane tu crains les coups d' bâton
si c' n'est pas un garçon
Sous une grille de coton dans la rue les barbus
le visage en prison Kalachnikof en vue
elle regarde le ciel sont les maîtres du monde
merveilleux yeux de miel
à l'ombre d'un tchadri le temps d'un rêve devenir mâle
comme privée de vie le temps de déchirer le voile
défendu de s'instruire te voilà roi des Talibans
de parler de sortir le plus incroyable tyran
privée d'humanité libre de déclarer la guerre
au nom des dieux saints de l'enfer
Afghane Afghane
quel est ton crime? Sous une grille de coton
Afghane Afghane le visage en prison
d'être une femme elle regarde le ciel
merveilleux yeux de miel
A défaut d'hôpital à l'ombre d'un tchadri
les murs criblés de balles comme privée de vie
cachent ton ventre grossi combien d'hivers coulera l'eau
seule pour donner la vie pour que tu retrouves à nouveau
un pâle sourire d'égalité

Jean-Paul Den Cahier de chansons 3


A ta rencontre
Je viens dans le velours
Je viens à ta rencontre plein de tous les possibles
comme on remonte la rue en campagne en croisade
tranquillement à l’ombre rêveur
des murs caresser en contours
une vie sans encombres ce qui devient visible
pour ce qu’on en a vu déclaration muette
ni blanche ni sombre du cœur
c’est sûr
je n’écris pas souvent
je viens en naufragé à la lisière du tendre
de ces amours en vagues ces lieux qui ne regardent
qui en valent tant d’autres que nous
d’ailleurs je tente lentement
passé l’âge obligé de touches intelligentes
des mensonges et des fables descendre ton ventre
l’appétit revenu des si doux
douceurs
venir à ta rencontre
je viens à ta croisée si longtemps qu’on pourra
comme on va aux nouvelles amoureusement la nuit
infatigablement bleu le jour
de toi une vie sans encombres
curieux de tes pensées pour ce qu’on en verra
te trouvant la plus belle bien contre toi tout contre
t’aimer simplement mieux toujours
que ça

Jean-Paul Den Cahier de chansons 4


Bien mal acquis Pas pour la plaindre mais au fond
y'a du travail aux vieilles maisons
Elle est partie à Bornéo avec son vieux coco chaque fois qu'il aura envie d'elle
vu son argent elle aurait tort elle devra enlever ses bretelles
la d'sus tout l'monde est bien d'accord mais si pépé manque de vigueur
elle a vingt ans de jolies dents elle aura toujours le chauffeur
il en a quatre fois autant d'autant qu'il est célibataire
mais le p' tit 'de' de ce vieillard et paraît que c'est une affaire
lui laissera bien quelques milliards
Pour le peu qu'elle ait de la chance
Y'a pas d' mal à prendre un plus vieux il ira bientôt voir les anges
surtout quand il a les yeux bleus elle n' devra pas l'empoisonner
on peut encore aimer d'amour quoi qu'on n' l' aurait pas soupçonnée
y'a d' vieilles pièces qui valent le détour et moi je conduirai madame
y'a pas d' mal à prendre un vieux tronc de Bornéo au septième ciel
surtout s'il contient des millions vivement que je fume ses havanes
que lui importe ce qu'on dit vivement qu'elle enlève mes bretelles
bien mal acquis profite aussi!
y'a pas d' mal à prendre une plus vieille
Bornéo c'est l' voyage de noce surtout quand elle a de l'oseille
ensuite croisière dans les îles grecques ...
les palmiers les Galápagos et que m'importe ce qu'on dit
Rio New York et Mariakerke bien mal acquis...
elle a vraiment tout à gagner
la grande vie les grandes soirées
y'a qu' si un jour i' s' coince la tête
faudra bien pousser sa charrette

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Ce qui peut servir Si on te greffe mes reins serons nous amenés à faire
tu pisseras deux fois par bière ensemble un bout de chemin
J’ai fait la demande expresse si c’est déjà mieux que rien Si tu pars avec mon cœur
signé les papiers qu’il faut que ce soit clair auras-tu pris le meilleur
pour que l’on garde mes fesses je n’ai jamais su écrire même s’il a fait le Mont Blanc
bien au chaud mon prénom dans la neige hélas il peut causer du tourment
faites moi le bouche à bouche je te souhaite sans rire comme la braise dans l’âtre
massage et électrochoc d’écrire des phrases je s’rai heureux comme une flamme
insistez même si je louche La mise en garde s’impose s’il peut continuer à battre
le temps de vider le stock si tu hérites de mes yeux dans le corps d’une femme
Sans vous connaître vivant je vois flou entre les roses
pour le peu que ça rassure blondes ou brunes de cheveux
j’ai bien pris soin de mes dents rien qu’au passage des filles …
évité les blessures je les ai usés souvent
je n’ai pas encore la rate il vaut mieux que tu t’outilles Si tu reçois sur les pommes
qui se dilate et mon foie de mes lunett’s en mêm’ temps mon petit reproducteur
ne réagira qu’aux plaques je te rassure il fonctionne
d’un délicieux chocolat La distribution finie trop vite d’ailleurs
commence un autre programme sans mentir chaque matin
Maintenu en mort clinique on ne fait pas de brindilles il est debout avant moi
quand j’aurai cassé ma pipe des maux de son âme comme un Guignol italien
je veux qu’on prenne pour guérir allez-vous de ces transferts qui soulève les draps
ce qui peut servir prendre part à mes chagrins

Jean-Paul Den Cahier de chansons 6


Ce qui ce répète

Jean qui rit et gens qui meurent


Ce que l'on comprend le courrier du cœur
diffère tant de ce qui s'est dit des fontaines comme l'eau
que ce qui se répète est souvent autre chose coulent coulent les ragots
Ce que l'on prétend chaque rue a ses journaux
change tant ce qui s'est compris n'écoutez pas ces chameaux
que ce qui se répand est bien différent ça a deux bosses et ça ment
comme un éléphant.

Le petit bruit qui circule


coupez le en cent
une des deux cents moitiés
ressemble à la vérité
ce qu'on vous glisse à l'oreille
gare à vous si on l'entend
surtout si c'est un secret
et que ce n'est pas vrai

Les mauvaises langues glissent


comme les serpents
elles se passent les cancans
zazazizazizazen
y'a pas de fumée sans feu
mais ne jouez pas le jeu
qui se tait gagne une pomme
ne le dites à personne

Jean-Paul Den Cahier de chansons 7


C’est ainsi

y'a toujours quelqu'un assis La vie c’est ainsi Y’en a toujours qui s’effacent
au dernier banc de la vie la vie c’est ainsi préférant laisser leur place
y'a toujours quelqu'un devant de la boue et ces arrivés prétentieux
c'est marrant c'est marrant de la crème les moi-je les moi-je
y'a toujours quelqu'un qui pleure la vie c’est ainsi y'a toujours quelqu'un qui perd
toutes les larmes de son cœur la vie c’est ainsi un pari ou une guerre
y'a toujours quelqu'un qui rit qu’on s’en fout et toujours un qui s'en sort
c'est ainsi c'est ainsi qu’on s’en peine le plus fort le plus fort
la vie c’est ainsi
Y'en a toujours qu'on oublie la vie c’est ainsi Y'en a toujours qui se perdent
sans doute un peu moins jolies du dégoût qui se les mêlent et qui gerbent
il y a celles qu'on invite de la veine d'autres s'en tirent haut la main
Il y a toujours un regard la vie c’est ainsi ceux qui restent ceux qui meurent
qui se retrouve à l'écart la vie c’est ainsi la détresse et le bonheur
la roue du meilleur ami tu la boudes on y passerait la nuit
tourne tourne ou tu l’aimes en vain

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C’est bagarre Avant l’heure c’est pas l’heure on est tellement faible
après l’heure c’est bagarre et l’amour le sait bien
Quand les copains insistent tu peux retourner voir y a pas vraiment de règles
les digues à peine résistent ta poule ou ton canard pour éviter les brins
si petite soit la bière même si Dieu te pardonne
c’est jamais la dernière c’est moins que sûr du tout Faudra pas faire d’histoire
alors si le copain qu’elle te garde à la bonne à force de rentrer tard
est en plus une copine y’a des limites à tout elle finira aussi
t’étonnes pas qu’au matin par prendre le maquis
ta moitié te bassine En passant l’anneau d’or par se trouver un jules
c’est le vrai qui ressort avec une belle pendule
Chaque fois que le chien cette partie de soi quand elle se sera tirée
s’en va un peu trop loin qu’on cachait jusque là tu pourras lessiver
elle rebobine la laisse quelquefois le soleil te taper la vaisselle
faut comprendre maîtresse au pays des merveilles descendre les poubelles
y’en a plus que tu crois ressemble à Alcatras faudra pas réclamer
qui pour bien moins que ça un café sans terrasse tu l’auras bien cherché
Se retrouverai au niouf tu pourras mon salaud
sans le son sans la bouffe Etre fait l’un pour l’autre raconter au bistrot
jusqu’à la dernière cène que c’n’était qu’un putain
pas mieux que les apôtres si ça te fais du bien
on se trahit quand même

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Chambre d’ami
Si on pouvait seulement
T’as déposé ta vie tout résoudre autrement
dans une chambre d’ami sans aucune souffrance
le temps de la défaire si c’était plus facile
de reprendre la route de sortir de la file
avec tout c’que ça coûte d’avoir une autre chance
de chagrin de poussière on ne fait que passer
même si au bout de ça comme un trait dans le ciel
il ne resterait rien au-delà de la vue
que la peine que tu laisses on ne regarde plus
à celle que tu délaisses j’aimerais te faire rire
qui t’aimait trop peut-être mais ce n’est pas le jour
que tu n’arrivais pas non ce n’est pas le jour
à serrer dans tes bras
T’as besoin d’éviter
Ce qu’il aurait fallu les chemins encombrés
je n’en sais rien non plus les questions sans réponses
je n’ai rien à te dire te retrouver toi-même
je comprends que tu pleures à l’abri des ‘je t’aime’
les larmes de ton cœur à l’abri du mensonge
et la vie continue la marée qui reprend
le château d’un enfant
sait bien qu’après la nuit
il l’aura reconstruit
pour celui qui l’ignore
pour celui qui s’égare
y’a pas de port sans phare

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Chez le Diable ou chez Dieu

La mort, la vilaine bête c’est que tout ça m’embête chez le Diable ou chez Dieu
est passée en courant j’avais des trucs à faire voudra-t-il que l’on danse
prendre ma vie secrète devenir une vedette le maître de ces lieux
sans me laisser le temps aligner les concerts
de prévenir ma femme je suis seul en coulisse si je deviens un ange
d’embrasser mes enfants et ce théâtre est vide j’reviendrai mon amour
ce que devient mon âme j’n’ai vu aucune affiche émailler tes dimanches
est le moins mon tourment je vais me prendre un bide monter la terre au tour
j’voulais me pincer d’abord j’me rappelle plus de rien j’n’ai pas peur de l’enfer
parfois un mauvais rêve j’sais pas c’qui m’a tué mais je crains le jugement
mais je n’ai plus de corps j’me sens r’lativement bien leurs prisons comme sur terre
plus d’avant plus de siège mais j’ignore où je vais sont remplies d’innocents…
j’avais d’mandé qu’on m’brûle ceux qui y sont déjà
ça semble avoir marché savent-ils que j’arrive Suis-je dans la salle d’attente
j’suis plus qu’une particule et ceux qui restent en bas chez le Diable ou chez Dieu
un rond bleu de fumée vont-ils un jour me suivre verra-t-il que je tremble
Suis-je dans la salle d’attente
Suis-je dans la salle d’attente là dans la salle d’attente chez le Diable ou chez Dieu
chez le Diable ou chez Dieu chez le Diable ou chez Dieu verra-t-il que je tremble
voudra-t-il que je chante voudra-t-il que l’on danse le maître de ces lieux
Suis-je dans la salle d’attente là dans la salle d’attente le maître de ces lieux
chez le Diable ou chez Dieu
voudra-t-il que je chante
le maître de ces lieux

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Comme si c‘était facile
quand le moulin le moteur
Quand on a laissé passer la chance tourne à contre cœur
quand on y pense croire encor’ qu’un choix de raison
quand les grands rêves qu’on poursuit fait renaître les frissons
s’éloignent aussi
quand cet amour qu’on se gardait comme si c’était facile
fait ses paquets de revenir fragile
sans trop savoir pourquoi comme s’il suffit d’une heure
on n’est pas fier de ça pour devenir meilleurs
comme si nous étions sourds
quand on n’a plus droit aux faveurs peut être aveugles aussi
aux bouquets de mains aux fleurs
qu’on désespère d’être compris comme si c’était facile
on s’ demande où va sa vie de marcher sur un fil
quand on est passé à côté comme s’il y a des délires
de ce qu’on pourrait regretter qu’on peut reconquérir
qui s’étonnerait d’aller si mal comme si les cris font peur
sinon rien de spécial ! comme si les peurs se crient

comme si c’était facile comme si c’ était facile


de paraître tranquille en tous cas bien débile
comme si un faux soleil de penser que le temps
peut faire briller le ciel guérit le cœur des gens
quand tout paraît si noir comme si les plaies se ferment
que peut-on voir encore comme si les mots s’oublient …

quand on a trop tardé à être soi


on évite les ‘comment ça va ’
quand les présences sont des absences
tout est dit dans un silence

Jean-Paul Den Cahier de chansons 12


Compenser
j’y crois pas!
Compenser l'amour Compenser les sourires
quand il s'en va Qu’on croise par hasard
bien con de penser
qu'on peut faire ça Et nous laisse sans voix
compenser ce qu'on aime Sur le quai d’une histoire
quand on aime que ça Comme un parfum qui passe
j’y crois pas! En recouvrant ses traces
Compenser les regrets sans espoir !
les coups portés au cœur
bien con de penser Compenser l'argent
rev’ nir avec des fleurs qu'on joue mille fois
compenser l’amitié bien con de penser
quand elle devient fumée qu'on gagnera
quelle idée! compenser la fortune
par un quart de lune
Compenser ça tient pas la route pourquoi pas!
pas plus qu'une armée en déroute Compenser le goût
c'est un sursis c'est une croix de l'amertume
compensare non rende (rendera) bien con de penser
compenser ça tient pas la route éviter la tribune
vivre dans la plainte et le doute compenser les mensonges
que si l' boomerang ne revient pas l'eau ressort de l'éponge
un chien te le rapportera chaque fois!

Compenser les rêves Compenser ça tient pas la route


qu'on laisse filer …
bien con de penser Dieu sait qui le rapportera
qu'on peut les oublier
compenser ce qu'on a
au plus profond de soi

Jean-Paul Den Cahier de chansons 13


Couvre toi bien
T’emmène t’il parfois à la mer
Couvre toi bien penses t’il à ton anniversaire
il pleut tant de bêtises est-il attentif aux enfants
d’hommes d’état toujours à l’écoute souriant
d’hommes d’église ou au contraire est-ce un menteur
ministre de rois un infidèle pire un cogneur
tueurs d’entreprises qui se moque bien de tes envies
comment est celui de te laisser pleurer la nuit
dont tu repasses
les chemises Couvre-toi bien
si les nuages arrivent
est-il gentil intelligent dans la tourmente
te fait-il rire est-il aimant à la dérive
est-il beau riche et sympa reste vivante
pas interdit d’avoir les trois fais ta valise
ou au contraire est-ce un bandit et laisse-le donc repasser ses chemises
un paysan crétin fini
le sexe à la place du cerveau
l’erreur de ta vie le fardeau

Couvre-toi bien
il pleut tant de bêtises
d’hommes soldats
de détectives
chiens de mafia
chasseurs de grives
comment est celui
dont tu repasses
les chemises

Jean-Paul Den Cahier de chansons 14


Denise je le sais je le sens en dehors en dedans
je sais qu’elle est là à côté de moi
Elle est là dans ma vie
chaque fois qu’on me sourit Elle est là dans mon cœur
la lumière d’un visage comme un porte bonheur
la source de mes rimes un refuge une église
elle est là dans ma vie d’Amérique latine
ange gardien de mes nuits elle est là dans mon cœur
quand le ciel se dégage comme un guide éclaireur
après tant qu’il a plu le passage de Moïse
je sais qu’elle est là à côté de moi quand tout paraît perdu...
je le sais je le sens en dehors en dedans je sais qu’elle est là à côté de moi
je sais qu’elle est là à côté de moi je le sais je le sens en dehors en dedans
je sais qu’elle est là à côté de moi
Elle est dans ma mémoire
sans le moindre brouillard Elle s’ appelle Denise
je l’ai vue je la suis tantôt gaie tantôt grise
rejet de ses racines Denise
elle est dans ma mémoire
comme une leçon d’espoir je sais qu’elle est là
un bouquin que je lis je le sens
relis tant je l’ai lu
je sais qu’elle est là à côté de moi
je le sais je le sens en dehors en dedans
je sais qu’elle est là à côté de moi

Elle est là simplement


patiente elle nous attend
une couleur un mélange
un crayon qui dessine
elle est là simplement
dans les yeux des enfants
un soleil une orange
sur un fond décousu
je sais qu’elle est là à côté de moi

Jean-Paul Den Cahier de chansons 15


Deux grands yeux noirs
Tu ressors pressé tout en affaire
Deux grands yeux noirs sous un chapeau noir de paginer ta Shiffer
ça vous tue un homme t'as rien vu d' la guerre des jeux du sport du crime
et tout ce qui s'y compare! tu rates
la bordure
Réservé aux princes et aux stars tu trouves plus ta voiture
un top modèle d'un milliard
dis-moi miroir qui est la plus belle
la plus chère
la plus grande
la plus élégante

Dès que tu entres en librairie


tu t'entoures de visages de filles
le libraire que t'envies n'en a rien à cirer
il préfère faire jouer
au lotto et gratter
te laisser rêver

Chasseur de têtes, payeurs de frime


faut qu' ça traverse la vitrine
d'un magazine on vend la couverture
tu t'arrêtes
t'achètes
t'oublies tes cigarettes

Jean-Paul Den Cahier de chansons 16


Des parents qui s’aiment
Docteur je vous en prie j’en fais une maladie
Malgré quelques orages dix ans de mariage il faut que vous m’aidiez à me les éloigner
ils s’embrassent encore sans aucun effort j’aspire la vie tranquille je suis pas difficile
toujours curieux de l’autre comme des astronautes c’est quand même pas la honte d’vouloir êt’ com’ tout l’monde
l’anneau sur le majeur plane en apesanteur ce s’rait déjà super s’ils pouvaient s’faire la guerre
mon père rentre le soir ma mère l’attend toute chose à coup de portes qui frappent de mots méchants de claques
à mon grand désespoir il lui ramène des roses être enfin affilié au grand club convoité
j’raconte ça à personne je te dis pas le stress des enfants du partage et du remue-ménage
tous mes potes à l’école ont au moins deux adresses

C’est un vrai problème


j’ai des parents qui s’aiment
ça s’fait plus aujourd’hui
je leur ai déjà dit
quand ils se donnent la main
dans la rue c’est la gêne
j’me cache pour les copains
j’ai des parents qui s’aiment

Avec ou sans les cornes au moins c’est dans la norme


des parents séparés c’est cool et libéré
puis c’est plein d’avantages l’argent d’poche les voyages
quand l’un devient chiant tu changes d’appartement
regarde Pierre et Manon ont deux jolies maisons
la p’tit Marie-Laurence part deux fois en vacances
Arielle c’est différent elle elle a deux mamans
Lucas c’est le même cas sauf qu’il a deux papas

Jean-Paul Den Cahier de chansons 17


Doucement
rien d’autre
Doucement et souvent
tu prends de la place dans mon cœur on ignore la meilleure attitude
j’essaye d’ éviter les erreurs on nous aime dans d’autres habitudes
doucement et souvent
j’arrive à dissiper les doutes le désir n’est pas le raisonnable
j’écoute le préférable
je comprends et pourtant
je retiens l’envers de ton langage il y a ce destin cette rencontre
je mémorise ton visage cette lumière à la mitan de l’ombre
doucement et pourtant
je dérive dans ta douceur étrange on se livre nos plaies nos souffrances
je m’arrange en confiance
je t’attends que le temps
comme un arbre qui ouvre ses branches et la distance nous préservent
un sourire qui donne la revanche t’approcher de trop serait-ce te perdre
je t’attends te perdre
quelques mots dans la boite à messages
un voyage
sans tourment
les journées passent sans plus long terme
à éviter que nos bras se referment
doucement
notre complicité prend le large
nous décharge
nous apprend
que l’amour c’est dès que l’on se manque
qu’il n’y a pas de frontières apparentes
nous apprend
que c’est rester curieux de l’autre

Jean-Paul Den Cahier de chansons 18


Elle est sale
Elle est mariée incroyable
Je doute que ses pieds soient propres qui voudrait tenir son bras
j’aime autant pas le savoir dans les endroits improbables
la robe de deux semaines qu’elle porte vaut mieux s’passer d’odorat
n’a pas l’odeur du lavoir son mari est plutôt clean
sans parler de ses breloques un garçon bien prop’ sur lui
mieux vaut ne pas y penser qui sait manier la farine
l’fromage bleu c’est d’la cocotte et lui rouler des biscuits
à côté de ce crustacé Pour commencer la journée
Sa dernière douche au pif fallait bien que j’la rencontre
doit r’monter au Moyen-Age heureusement bien enrhumé
une gousse d’ail pour dentifrice j’m’en tire encore à bon compte
ça peut faire quelques ravages elle me parle gentiment
à ce poser des questions on peut être sale et gentil
elle n’est ni vilaine ni vieille si j’n’aimais pas ses croissants
le comble elle a des actions je changerais de boulangerie
dans les savons de Marseille
A la banque on lui déroule
Elle est sale sale sale le tapis rouge les manières
à croire que ça l’amuse faut dire que la dame qui saoule
elle est sale sale sale est plus riche qu’une millionnaire
comme l’intérieur d’une buse dès qu’elle a quitté l’guichet
elle est sale sale sale ils vaporisent le décor
à croire que ça rend zen désinfectent les billets
elle est sale sale sale y’a pas de gains sans efforts
comme l’intérieur d’une benne

Jean-Paul Den Cahier de chansons 19


Elles en parlent
comme l'amour et la mort
Enfoncées dans le fleuve qui attirent et font peur
noyées jusqu' au menton elles n' osent pas encore
comme ces oiseaux qui meurent approcher ce seigneur
dans les nappes de goudron elles disent que ce rambo
grand sherpas des canaux peut soulever les montagnes
de l' été au printemps qu'il te prend un rafiot
remontent le fil de l'eau comme un fétu de paille
peinent à contre courant
de charges en décharges aussi que si l'ouvrage
ces bateaux résignés t'attrape par le chignon
rêvent quelquefois au large tu poursuis ton voyage
au grand vent des voiliers au-dessus des maisons
elles ont ce qu' elles regardent tu passes dessus la route
elles ne font que passer vers le plan supérieur
prenant l' âge et la barbe ce qui prenait sans doute
de leurs bateliers plusieurs jours prend une heure
qui aurait pu penser
bourdon de cornemuse remonter les collines
quand le temps est au calme l' ascenseur fait rêver
d' écluse en écluse au pays qui s' incline
elles en parlent… naviguer sur la ville
qui jamais le croira
les péniches se croisent comme un Dieu sur le Nil
d' allées en venues ou sur le Panama.
on raconte qu'elles se toisent
et parfois s' entretuent
certaines disent qu'elles on vu
un grand mur de béton
tout entouré de grues
mis prince mis démon

Jean-Paul Den Cahier de chansons 20


Fauchage tardif
Sur les talus dans les fossés
Bordures vivantes au bord des routes ça s’ensemence à tout casser
les chenilles transcendent jusqu’au mois d’août un contrat entre générations
au bord du grabuge quelques fleurs sauvages zone refuge pour de bon
graciées par le juge évitent le fauchage papillons blancs coquelicots rouges
papillons blancs coquelicots rouges c’est beau dans le vent quand ça bouge
c’est beau dans le vent quand ça bouge sous la pluie sous le soleil
la fantaisie au réveil
papillons blancs coquelicots rouges
Tardif c’est beau dans le vent quand ça bouge
fauchage tardif sujet rêvé d’aquarelle
belle idée riche
qui n’a pas de prix papillons blancs coquelicots rouges
laisser les caches c’est beau dans le vent quand ça bouge
aux lièvres qu’on chasse la fantaisie au réveil
aux oiseaux qui passent
à la vie qui vit

A l’heure où s’étalent les gazons anglais


pour que les petites balles tombent dans les gobelets
les bleuets sauvages qui prennent la pause
dans le paysage valent bien les roses
papillons blancs coquelicots rouges
c’est beau dans le vent quand ça bouge
sujet rêvé d’aquarelle

Jean-Paul Den Cahier de chansons 21


Femme globe

Que vous ayez mes fées gâteaux glace au café les mots sont mesurés
été mannequin chez Dior et l’amour pour finir tout est dans le visage
défilé pour Gaultier si un homme vous lâche le charme le message
qui sait plus mince encore pour plus jeune ou moins ronde disons qu’ j’aime mon prochain
quand je vois ces plates-formes après la mise au monde surtout quand elle est bien…
je donne sans soucis les génisses deviennent des vaches
ma préférence aux formes
d’une tuile arrondie Les collections d’ été
Que vous ayez plutôt chaque année vous invitent
les allures d’ une amphore à diminuer les frites
l’enrobé cacao avant chaque pesée
d’un caramel Côte-d’Or les régimes ont la cote
dans le respect des normes une semaine ou deux
je ne compterai pas vos plis le temps que les biscottes
car je sais que bonhomme vous sortent par les yeux
en a pas mal aussi Avec les heures de vol
on sait que les humains
Femme globe où fluette un peu comme les bagnoles
la beauté est secrète demandent plus d’entretien
cachée à l’intérieur et si rien ne se gomme
ménagère ou athlète dessous les aquarelles
l’harmonie c’est la tête les rides gardent belle
et le corps et le cœur une jolie personne

Confortable et pratique Enfin c’est en poème


je choisis sans façons en vrai je n’oserais
la déesse hydraulique vous balancer la crème
avec toutes les options et les fleurs par après
encastrés sous les draps mais ne me fait’ pas dire
on se sert tour à tour ce qui n’s’rait pas raison
de nos poignées d’amour c’est plus simple à conduire
pour le Kama-sutra une auto qu’un camion
Qui dit de vous priver Sur ces rimes enveloppées
de tous les doux plaisirs ne faites pas la grimace
entre plus forte et grasse

Jean-Paul Den Cahier de chansons 22


Flou Je vous vois flou bien malgré moi de ne pas trouver les défauts
j'aime à voir clair dans mes affaires rester à la surface des mots
Je vous vois flou sans un regret celles des autres si je les gère serait gâcher le paysage
je m'autorise à votre insu si je les aime et vis versa le flou c'est le lot de mes yeux
quelques pensées mais rien de plus le flou me fait manquer de tact mais l'essentiel vous le savez
dont je garderai le secret si je vous passe sans un bonjour c'est ce qu'on voit sans regarder
je vous vois flou mais à l'endroit je vous invite au prochain tour éteignons nous serons bien mieux
vous pouvez me paraître ainsi à prendre le verre de contact
trois ou quatre fois plus jolie
de l'inverse ne parlerai pas je vous vois flou

je vous vois flou Vous voir flou c'est aussi ma peine


à la distance d'un voyage
Je vous vois flou ne me déplaît je perds les traits de vos visages
du fond de ma médiocre optique et les dessins dessous vos laines
je vous distingue sans limites le flou devient mon chagrin
à la manière d'un peintre abstrait quand vos jolies formes s'allongent
je vous vois flou mais pas que vous sous le soleil chaud qui les bronze
aussi tout ce qui est à lire je suis toujours un peu trop loin
à dix secondes de vos sourires
me faut me rapprocher de tout je vous vois flou

je vous vois flou Je vous vois flou ne tient qu'à vous


de dissiper tout ce brouillard
Je vous vois flou c'est mon plaisir seyez vous donc sur mes genoux
tant qu'au début fut mon souci y'a pas de mal à mieux se voir
je vous vois flou c'est mon décor je vous vois flou même en dessous
tant que demain j'y vois encore je veux parler des sentiments
de tout ce qui est en dedans
ne déshabillerai que vous

je vous vois flou

Et si le flou a l'avantage

Jean-Paul Den Cahier de chansons 23


Gare du midi

Ceux-là s'ils se donnent le bras Il se tient du bout des doigts


leurs yeux font mille détours contre un distributeur
ils sont bien trop maladroits il est soûl jusqu'au cœur
que pour se parler d'amour çà le protège du froid
y'aura pas grand chose à rire ce soir il n'a plus de femme
s'ils ont à vivre à deux plus d' maison plus d' malheurs
et s'ils ont à vieillir il a perdu son âme
c'est qu'y pas de bon Dieu tout a pris la même couleur
dix heures du soir dix heures du soir
sur le quai de la gare du midi sur le quai de la gare du midi

Tirant sur sa dernière roulée Il en reste encore un


en salopette jaune et graisse sur ce sale quai de gare
il doit encore décrocher que si ses mots sont chagrin
deux wagons à l'express sa tête est pleine d'espoir
Paris Londres Amsterdam que s'il est encore là
çà ne le fait plus rêver tout au bout des regards
dans une heure il a son tram c'est pas que ça n' va pas
demain c'est jour férié mais son train a du r' tard
plus qu’une heure à tirer
sur le quai du midi

Celui là laisse voir des remords


au lieu de rentrer chez lui
il est allé quartier du nord
se payer une fille
y'a pas de quoi avoir honte
puisque personne n'en veut plus
puisqu'il est tout seul au monde
et qu'il n'en peut plus

Jean-Paul Den Cahier de chansons 24


Il ou elle y'a tant d'amours dans les rebuts
pourtant conformes à la vertu
On connaît le vocabulaire y'a tant de maisons sans familles
le plus blessant le plus vulgaire on a bien une place dans tout ça
on reste à l'abri du silence tant bien que bien mal on verra
on apprend vite à ressentir le ciel est plein d'étoiles qui brillent
on fait le tri dans les sourires
tant qu'on a pas d'autre défense
à force de rester caché
on fait le contraire d'exister
faudrait que le volcan s'éveille
faut surtout pas qu'on s'habitue
y'a pas d'impasses sans issues
toutes les ombres ont un soleil

De quelle différence parlez vous


j'attends d' la vie autant que vous
besoin d'aimer besoin qu'on m'aime
il ou elle où est le problème

Je souffre comme n'importe qui


de l'ignorance de la moquerie
je vis je ris je pleure je tue
aucun remède aucun docteur
aucune maladie d'ailleurs
je n'ai fais que d'être venue
rien qu'une vie pour m'en sortir
même si c'est difficile à dire
d'aucuns auront mal à comprendre
de quelle différence parle t'on
sinon que de conjugaison
un autre langage à apprendre

Jean-Paul Den Cahier de chansons 25


J'attends

J'attends que tu m'invites dans ta vie Je sais qu'on ne peut être sûr
comme l'ombre attend midi qu'il ne faut jurer de rien
pour revenir à la lumière que trop nombreux sont les chemins
j'attends qu'il y ait place dans ton lit je veux en avoir le cœur clair
comme le chien attend assis et si j'avais raison d'y croire
un regard qui le libère et si enfin tu m'aperçois
je donnerai tout pour un égard
je ne vis que pour ça
Je sais les mots que tu ne dis pas
ma peau connaît tout de tes mains
tu es l'absence de mes matins
le feu de mes nuits solitaires
et si la peine a ses raisons
et si le chagrin s'installe
je ferai que la chanson
ne finisse pas mal

Je sais tes allées tes retours


mes yeux regardent où tu t'en vas
se ferment et voyagent avec toi
sans aucun décalage horaire
et si de rêves en illusions
et si de pleurer je me lasse
pour tous les milliers de millions
je ne céderai ma place

Jean-Paul Den Cahier de chansons 26


Je va je vis
Je n’applaudit aucune guerre
Vous êtes bien de ceux que j’aime je ne dénigre aucun combat
je ne vous le dis pas assez n’ai connu aucune misère
je suis taiseux mais je vous aime ni souffert de faim ni de froid
et j’aime à voir que vous m’aimiez même si je pleure
ce sont vos mots des blessures
qui m’influence
J’ai trébuché d’autres amours
S’il n’est question que d’avenir mais n’y ai pris aucun repas
on improvisera le présent n’y ai tenu aucun discours
partageons déjà nos sourires ai gardé la tête à l’endroit
et ne perdons plus notre temps j’ai bien tristé
on y meurt jeune quelques figures
et en silence
J’ai effacé de mes voyages
Je va je vis l’instant les traversées du désert
rare et souvent le survol de nombreux nuages
si délicats les épisodes un peu galères
pour la passion Je ne fête aucune victoire
qu’importe je ne relève aucun défi
ce qu’elle durera je ne raconte pas d’histoires
je vis je va vous le saurez si j’ai menti
je va je vis
pour l’amitié
qu’on déshabille
pour le soleil
ou l’éclaircie
pour les réveils
en compagnie
je vis

Jean-Paul Den Cahier de chansons 27


Jolie femme flic
Après avoir mis sous clé
Gare si tu t' gares sur les clous un blanc bec ou un bronzé
elles te prendra rendez-vous court à la crèche prend' son gosse
avec le gars d' la fourrière comme toutes les mamans qui bossent
paraît qu'ils sont en affaire fille-mère ou épouse comblée
qu'elle ait de beaux cheveux blonds on peut tout imaginer
un petit nez tout mignon qu'est ce qui remplace à minuit
avec l'habit c'est un flic matraque et képi
touche pas la tunique
Sachant qu' les formes sous l' costume
Une jolie femme flic portent une robe au clair de lune
ça te gribouille les amandes qu'elle enlève pour le bal
tu perds la boule en décembre son fameux gilet pare-balles
même s'il fait moins huit si tu veux la voir souvent
une jolie femme flic sans qu'elle te prenne ton argent
bien plus souvent vache que tendre on engage à la police
plus vite que l'ombre en revanche l'ultime sacrifice
pour sortir son bic si tu veux la voir souvent
qui sait devenir son amant
Même si deux p' tits seins pointus on engage dans la police
valent mieux qu'un gros moustachu l'ultime sacrifice
vaut mieux un relent d'alcool
qu'un parfum au vitriol
range ton jeu Casanova
les robots ne parlent pas
ne joue pas cousin cousine
tu vas prendre une drine

Jean-Paul Den Cahier de chansons 28


L’astro connerie cette lionne enfant du soleil
signe du temps signe des dieux
Depuis qu'un matin dans le soir s'entend depuis avec ses vieux
son horoscope lui prédisait comme peuvent le faire l'eau et le feu
que ce jour il rencontrerait
la mère de ses quatre moutards Afin de former le trio
et comme Dieu sait par quel hasard les calculs savants s'amorcèrent
se fit comme il était écrit d'avoir potassé sa matière
ce taureau d'ascendant bizarre ça devrait donner un gémeaux
ne jure que par l'astrologie manque de bol un trente et un août
résultat de l'erreur du bœuf
La vie s'annonçait sans problème la vachette qui sortit de l’œuf
il épousa sa capricorne était plus vierge qu'un caillou
il avait comme elle de belles cornes
elle avait une queue de sirène Un premier avril sans poisson
comme dans la mythologie grecque enfin un bel et beau garçon
le taureau est né de la mer de par sa mère bien peu fragile
elle perdit ses eaux aussi sec on l'attendait assez viril
pour enfanter une sagittaire l'aurait pu ravager c'est sûr
mais y'a comme une petite blessure
En cette première hivernale sur son baise en ville couleur rose
sous l'influence de Jupiter y'a l'autocollant d'antenne rose
notre cher astrologue et père
prévoyait une mère idéale Et vinrent les années quatre-vingt
il ne s'y trompa que de peu les quatre enfants se portent bien
épousant un frère zodiacal mais dégouttés des horoscopes
ceux ci ne reproduirent à deux les parents s'adonnent à la chope
qu'infidélités amicales i's'rougissent le nez tous les soirs
ne lisent plus le soir le matin
La deuxième aux instincts sauvages merci pour elle fin de l'histoire
transforma la maison en zoo l'astro connerie ça se vend bien
papa grimpait sur le lit cage
maman imitait les oiseaux

Jean-Paul Den Cahier de chansons 29


La marée orange
ils s’accaparent nos campings
Ils ont déclenché nos hôtels et nos parkings
le plan catastrophe nos beaux rochers les attirent
sans nous concerter comme des mouches sur un menhir
sans autres apostrophes Ils contrôlent déjà nos banques
cherchant à se mettre au sec la Hifi les assurances
en vue du grand réchauff’ment doucement ils euthanasient
les trous dans l’ ozone les pressent toute notre économie
à prendre les devants et comm’ s’il manquait un signal
La mer au d’ssus de leurs têtes à notre réseau vocal
les digues ont leurs limites ils implantent leurs antennes
leur faut repartir en conquête aux quatre coins de nos Ardennes
pour sauver leurs tulipes
ils ont tous une caravane En opération survie
en guise d’arche de Noé sur nos autoroutes
même les camés d’ Amsterdam ils emportent leur casse-croûte
s’apprêtent à embarquer pas leurs économies
ils dioxinent nos poulets
La marée orange avec nos amis flamands
avance avance et nous laissent sans billets
elle s’installe sur nos terres avec le vol-au-vent
sans qu’on lui déclare la guerre on n’en f’ra pas un fromage
la marée orange le belge a un grand cœur
avance avance il héberge bien les rois mages
et nous pommes on danse autant la reine du beurre
ignorant le ver faut qu’il encaisse quelques goals
avant d’ jouer au football
Les samedis sans majorettes car c’est bien clair cette fois
l’écureuil hollandais les envahisseurs sont là
vient magasiner ses noisettes
au fond de nos forêts

Jean-Paul Den Cahier de chansons 30


La vie autrement Que dire alors c’est bien pire
C’est comme ces bonheurs du jour de ce qui nous fait vomir
Pierre-Henri Machin Manière qui ne disent jamais bonjour ce tourisme qui abîme
est retombé en misère ces constipés du plaisir des enfants aux Philippines
un huissier pas très aimable n’offrent jamais un sourire ces mafias de proxénètes
a pris sa décapotable à croire qu’ils pincent sans cesse qui traitent les filles comme des bêtes
les banquiers ses grands amis un euro entre leurs fesses bordel ! qu’on leurs coupe les pommes
l’on jeté comme un fusil j’les vois bien à leur affaire au nom des droits de l’homme
on ne prête qu’aux riches papa au bureau d’accueil de l’enfer
tu l’étais c’est déjà ça On prend tous un jour dans la poire
On se console à penser un retour de balançoire
A l’hôpital ce midi qu’les premiers seront les derniers une belle vague par gros temps
un chirurgien éminent qu’un jour dans un coin du ciel et si la grande faux laisse encore
est sorti de la lingerie les machos f’ront la vaisselle un p’tit sursis pour les remords
les pieds devants c’qui est sûr c’est que tôt ou tard on verra la vie autrement
plus soucieux de ses stagiaires on revient à la case départ
que d’ses patients grabataires y’ a des revers aux médailles Pour en revenir à Pierre Henri
son infirmière favorite quoi que l’on fasse où que l’on aille il s’est bien ressaisi
lui aurait casser la pipe il bosse depuis chez Emmaüs
partage la soupe et prend le bus
On prend tous un jour dans la poire
un retour de balançoire
une belle vague par gros temps
et si la grande faux laisse encore
un p’tit sursis pour les remords
on verra la vie autrement

Jean-Paul Den Cahier de chansons 31


Le chemin de l’été
Je m’introduis
Corner la page sans effraction
à la plage mieux qu’un ami
à la terrasse juste un prénom
du café d’en face je dure le temps
ce bouquin la jouissance
est mortel je pose ma vie
et la fille qui vient où tout commence
tellement belle
Attends amour
Attends désir au secours
je transpire j’en ai pas pour un an
au soleil de l’espoir c’est ici c’est maintenant
dans le ‘Bingo-bar’ attends amour
j’essaye d’appliquer au secours
les leçons anciennes c’est l’instant ou jamais
respirer rester zen le cadeau est défait

Sur le chemin de l’été Sur le chemin de l’été


de l’été de l’été de l’été de l’été
qui ne fait que passer qui ne fait que passer
que passer que passer … que passer que passer

Sa peau café
dans le satin
ses yeux ses seins
je suis cassé
je m’imagine
être la brise
le vent qui chine
sous sa chemise

Jean-Paul Den Cahier de chansons 32


Le croque-vie
Il chantait cette chanson
« Mes planches ne servent pas quand s’en allait un voisin
à enterrer les gens et c’est tout vêtu de blanc
mais plutôt à leur faire un lit qu’il suivait l’enterrement
pour faire des enfants
il aimait en rigolade
mon cheval est peut-être aussi se moquer des vieilles en gris
pareil à celui celles qui prient pour les malades
du croque mort afin qu’ils puissent mourir guéris
mais je suis le croque vie
mais fait pareil de chair et sang
je ne polis pas les pierres passé son dernier printemps
ni ne grave aucun prénom on l’enterra lui aussi
ceux qui ont pris la rivière le matin d’un vendredi
savent bien que nous suivrons
le sourire du croque-mort
à preuve d’autres nouvelles est resté dans la mémoire
y’a une vie avant la mort du cheval du croque-vie
que ceux qui la trouvent belle qui tire depuis le corbillard
dansent pour celles qui doutent encore >>

Jean-Paul Den Cahier de chansons 33


Le dimanche soir

Ca n’tue pas l’bonheur


J’m’entriste déjà ça l’ombre seulement
dans l’après-midi personne n’en meurt
j’déprime pas à pas ou juste un moment
je m’accroupis j’suis pas au moulin
j’vois v’nir la s’maine même si tes câlins
comme une gangrène soignent mes cafards
un corbeau noir
le dimanche soir
le dimanche soir
Bien sûr que je t’aime
c’est plus fort que moi faut pas m’en vouloir
je pars en vrille je n’suis pas le même
comme si j’perdais là le dimanche soir
le sens de ma vie ranger mes amours
ces heures là me pèsent pour quelques jours
comme une terre glaise c’est la mer à boire
une lourde fanfare

j’veux miner le pont


J’aimerais pour le miel faire sauter le train
des lundis soleil le ring les bouchons
pour la bonne saison les autres matins
des lundis pension… penser qu’Al-Quaïda
peut remettre ça
carrefour Léonard

Jean-Paul Den Cahier de chansons 34


Le sentier Saint-Gérard mais quelques fois ça ce complique
tant qu’on est jeune faut s’en servir on voit passer les mêmes physiques
C’est un petit chemin tranquille on n’est pas tous les jours aimé la fille n’est autre qu’un garçon
discret et pas loin de la ville c’est l’amicale des amoureux le garçon manqué une guenon
enfant on y joue au docteur les parents sont sortis du jeu dessous le chêne pédonculé
quinze ans on effeuille les fleurs Saint-Gérard devient Cupidon Juliette roule une pelle à Margot
de la chapelle au petit bois après on connaît la chanson Roméo astique Alberto
c’est plein d’ arrêts facultatifs ils se bécotent sans musique si l’arbre pouvait raconter
on s’ enlace un peu dans les ifs sinon celle des merles siffleurs tôt le matin le balayeur
avant de refaire quelques pas c’est que la mixité ma sœur brosse les mouchoirs et les odeurs
c’ est les rendez-vous à toute heure mon frère c’est une affaire oblique il sait lui que passé minuit
les promenades au coin du cœur c’est le sentier du paradis
après la messe après l’ école On y rencontre bien parfois on n’en priera pas un missel
pas d’ horaire pour la batifole l’un ou l’autre exhibitionniste on n’en fera pas le contour
les amourettes buissonnières mais comme en fait on n’y est pas la mixité pour l’amour
des bancs de classes aux bancs publics on s’assume et on prend les risques n’est pas la norme universelle.
c’ est que la mixité mon frère puis il arrive qu’on y soit seul
ma sœur ça n’a pas de limites quand le rendez-vous est manqué Le sentier Saint-Gérard
on fait l’aller-retour tout seul du quartier à la gare
Le sentier Saint-Gérard et bien obligé de rentrer de la gare au marché
du quartier à la gare mais ce n’est que partie remise c’ est celui qu’on choisit
de la gare au marché maintenant qu’on connaît l’endroit quand on a un ami
c’ est celui qu’on choisit le prochain la prochaine chemise et qu’il n’est pas pressé
quand on a une amie on la déboutonne déjà
et qu’elle n’est pas pressée d’autres y reviennent avec le temps
tenant la main de leurs enfants
le soir y’a pas trop de lumière prouvant qu’ la mixité monsieur
ils ne sont tous que deux sur terre madame il n’y a rien de mieux
pas à l’abri du mauvais temps
mais deux est chiffre de printemps
ils se réchauffent à se coller
où y’a de la gêne y’a pas d’plaisir

Jean-Paul Den Cahier de chansons 35


Les chansons de nos vies

C’est toujours les dernières


De matin en matin celles que l’on préfère
elles nous suivent toujours celles qui restent en mémoire
comme un cadeau sans fin avec ou sans guitare
un éternel amour celles qui valent quatre clous
le mélange magique dès qu’elles parlent pas de nous
des mots et des musiques et nous remplissent le cœur
la source intarissable de mille petits bonheurs
plus forte que les sables
Y’a pas d’autres chansons
Celles qui au réveil que celles que nous aimons
s’accrochent à nos oreilles celles qui touchent la cible
on oublie trois minutes de nos rêves invisibles
que le monde se dispute celles qu’on gratte pour des puces
celles de toutes les rencontres sans manières sans astuces
celles qui tardent les montres juste pour le plaisir
celles qui nous ressemblent juste pour un sourire
celles qui nous attendent

Qu’elles soient bonnes comme une fidèle amie
ou mauvaises nous aide à marcher
savantes ou un peu bêtes à aimer …
les chansons de nos vies
du berceau au cimetière
du biberon à la bière
nous tiennent compagnie

Jean-Paul Den Cahier de chansons 36


Ma femme préfère Chelon
Je dois bien reconnaître en frère
C’est Anquetil moi Poulidor d’avoir fréquenté ses concerts
j’ai beau faire tant et tant d’effort il sait mettre à chair l’émotion
toujours deuxième à l’arrivée c’est le vrai métier la leçon
j’aurai vraiment tout essayé pour moi qui chante après les heures
elle le trouve beau sur ses soixante à défaut de succès majeurs
j’en ai bien quinze qui me manquent je préfère la magie des mots
quand elle l’a trouvé émouvant à ce qu’on nous passe en radio
j’ai su que je perdais mon temps il y a les Brel les Caussimon
même si je lui dis en chanson y’a les Cabrel et les Souchon
tout mon amour et ma passion ma femme préfère Chelon
ma femme préfère Chelon
Je dois bien reconnaître en elle
Chelon c’est qui me diras-tu le bon goût des choses éternelles
si tu n’as pas encore vécu et comme elle m’aime différent
si tu ne connais aujourd’hui je ne suis jaloux que du vent
que pop et star académie c’est le hasard tu me croiras
ce type a une voix de seigneur si notre chien s’appelle Sampa
de la réverbe dans le cœur j’ai bien rassuré le cabot
et du père prodigue à Baudelaire ça aurait pu être Obispo
il a l’humour et la manière le fromage ou le saucisson
c’est de l’espoir dans le pardon chacun sa paille sa religion
le sourire et la dérision ma femme préfère Chelon
ma femme préfère Chelon

Jean-Paul Den Cahier de chansons 37


Mon chow-chow Mais vaut mieux pas que tu ailles
dans les quartiers de Chang-Hai
On te décrit dans les livres t'y es r'cherché pour ton steak
calme et impassible i't bouff' avec des baguettes
on dit que t'aimes pas la pluie avoue que t'es mieux ici
qu'elle fait gonfler ta vessie on t'offre même des biscuits
tu n' m'as jamais rapporté du riz de l'oncle tu sais
le moindre bâton jeté celui qui ne colle jamais
à croire que les jeux pour toi
c'est vraiment du chinois Ici pour toute aquarelle
tu as les vaches de Marcel
De tous les clébards le champ qui va jusqu'au bois
t'as le plus triste regard et celle qui gueule quand t'aboies
serais-tu donc malheureux et comme t'as jamais connu
ou est-ce la forme de tes yeux? les p'tits hommes aux yeux fendus
sache depuis qu'on t'a trouvé accepte notre amitié
dans cette caisse sur le marché la tienne nous a touchés
en nos cœurs ma boule de laine
t'as pris la place d'une baleine voilà qu'en te regardant
je multiplie les printemps
Mon chow-chow t'es pas loin de la centaine
tu me donnes chaud chaud et je frissonne en moi-même
même si je te caresse rien qu'à penser qu'un matin
toujours en vitesse tu n'iras plus au jardin
viens que j'te câline un peu
mon ta-tang et file-moi une grosse lèche bleue
c'est loin le Yang Tseu Kiang
les traîneaux de Mandchourie
elle a bien changé ta vie

Jean-Paul Den Cahier de chansons 38


N’aimer que toi
J’pourrai t’aimer J’pourrai t’aimer
Quand j’en aurai fini d’penser à moi je t’aime déjà je t’aime déjà
à mes malins plaisirs à la gloriole mais pas assez mais pas assez
quand j’pourrai t’écouter vraiment en m’aimant moi en m’aimant moi
sans t’couper la parole j’pourrai t’aimer j’pourrai t’aimer
à tout bout d’champ je t’aime déjà bien mieux que ça
je t’aime n’aimer que toi
Quand j’finirai d’chercher d’quatorze heures
à midi Quand je pourrai faire enfin la lumière
c’qui est à mes côtés sur ce qui dépend ou ne dépend pas de moi
et ressemble au bonheur accueillir tout ce qui m’arrive
quand j’m’arrêterai d’refaire en vain la tranquillité dans la voix
les mêmes erreurs sans que l’âme ou le cœur s’enlise
le même chagrin
Quand je pourrai me laisser aller
Quand je serai capable de choisir fragile au creux de tes bras
qu’j’aurai compris qu’on n’plait pas et pleurer peut-être
à tout l’monde que la journée sera nous sera tienne
quand je n’s’rai plus jamais d’la vie à l’ombre des fenêtres
le faible qui s’allonge d’une chambre italienne
le lâche qui s’enfuit

Jean-Paul Den Cahier de chansons 39


Où sont passés les gens honnêtes Et si tu sens qu’on t’humilie
Ne laisse pas traîner ta confiance Si tu comprends qu’on t’a trahi
Où sont passés les gens honnêtes ne laisse pas traîner ton amour
où sont passés les gens sérieux on bouffe du pâté d’innocence Trouve une bulle un oasis
partis sur une autre planète dans tous les dîners à discours un terrain de jeu sans police
en quête d’un autre bon Dieu un encrier et quelques plumes
Où sont passés les gens honnêtes Prends garde à dévoiler ton cœur retrouve Pierrot sur la lune
les gens fidèles et généreux prends garde à dévoiler ta vie c’est une façon d’en sortir
qui n’ont qu’une seule facette les sentiments souvent se meurent
qu’une parole dans les yeux dans le mensonge et le profit
si on se résigne à guérir
Où sont passés les gens honnêtes Où où où …
Où sont-ils passés où sont-ils passés tous ceux qui partent avec la caisse
où sont-ils passés
Où sont passés les gens honnêtes et n’iront jamais à confesse
Qu’elle soit bonne ou sale la tête où sont les gestes sans factures
le piège est caché dans les mots ceux qui ramènent ce qu’on leur prête Où sont passés les gens honnêtes
c’est plein de snipers à lunettes le don de soi la démesure
prêts à t’éclater le cerveau Où sont passés les gens honnêtes Où sont-ils passés
Aujourd’hui bon rime avec bête pour peu qu’il en existe encore
aujourd’hui con rime avec vieux où sont les maisons portes ouvertes
les mercis vont aux oubliettes qui sentent bon le réconfort où où
les sourires deviennent dangereux
Où sont passés les gens honnêtes
Où sont passés les gens honnêtes Où sont-ils passés
où sont-ils passés où sont-ils passés

Jean-Paul Den Cahier de chansons 40


Pierrot

Où est passé Pierrot


après nous les mouches
sur les yeux d'un poney
la truffe d'un chien noir
le sable s'en retourne
toujours à la rivière
le petit prince rouge
a quitté la terre

Où est passé Pierrot


l'arbre était où est la souche
où tournent les chevaux
au plus profond du coeur
les semis combleront
le vide de la clairière
le petit prince rouge
a quitté la terre

Où est passé Pierrot


le ciel est une douche
qui pleure nos regards
jusqu'à se revoir
en l'absence ou non de Dieu
il y a d'autres lumières
le petit prince rouge
a quitté la terre

Jean-Paul Den Cahier de chansons 41


Pluie Soleil

Comment garder ce sourire immense


C'est un instant de quelques secondes dans un coin de cœur plein d'importance
le beau côté de la toile du monde les mains se rapprochent
l'exemplaire unique le seul tableau les yeux se cachent
dont il n'y aura jamais de faux pendant que les couleurs s'effacent
c'est joli comme un dessin d'enfant trouver les mots les doux les tendres
comme les courbes de sa maman rester le temps qu'il faut pour apprendre
c'est le drapeau d'un pays magie tous les chagrins tous les espoirs
ou l'on ira après la vie tous les secrets de ton regard

S'il pleut
devant le soleil ‘’Iyo invura iguye, urindira gato kugirango
attends un peu izuga ritange umuco mwiza’’
que se colorie le ciel
Prononciation : Iyo invoura igouyé ourindira gäto
kougirango izuga ritangué oumoucho mwiza
L'horizon sert d'écran aux images
le projecteur est dans les nuages
Traduction du Kirundi: ‘’Quand la pluie tombe, il
le temps d'un clap moteur on tourne faut attendre un petit moment pour que le soleil
ce sera trop tard si tu te retournes donne le bon temps’’
je ne sais rien de toi de ton être
un seul désir mieux te connaître
je cherche mille et une raisons
pour éviter que tu dises non

Jean-Paul Den Cahier de chansons 42


Plus près
Plus près vient la peau
Plus près viennent les yeux s’aiguisent les poignards
s’en vont les apparences les ‘m’aimes-tu’ ‘regarde-moi’
dans les regards on voit les peines ‘mais où vas-tu’
et les espoirs plus long les détours plus ça fait mal
si profond qu’on les cache tout ce temps qu’ on doute
sortent les vérités au lieu qu’on parle
tant de raisons de rire que de pleurer
Si tu sais toi
A s’approcher du feu je le peux moi
on risque les brûlures T’aimer comme un fou
on veut savoir tous les secrets
de la boite noire
avaries turbulences ciel enragé
jamais sûr que l’avion peut se poser

Mais trembler pour ça


ce s’rait mourir là
ce s’rait l’envers de tout
ce qui est en nous
savent les reines
peuvent les rois
aimer comme les fous

Plus près sont les cœurs


plus durs sont les coups
les mots qui blessent silences
qui tuent les maladresses
plus grand les amours plus fragiles aussi
tout autant qu’on s’aime on se détruit

Jean-Paul Den Cahier de chansons 43


Premier jour d'école Et bien bonhomme à tout à l'heure
Et bien bonhomme pourquoi tu pleures tu me raconteras tes malheurs
Et bien bonhomme pourquoi tu pleures cette fois ce n'est pas pour du beurre bien sûr je ris un peu de toi
tu n' te sens pas à la hauteur un vrai cartable et des cahiers ce n'est pas si terrible que ça
on est des fois sans énergie une cloche qu'on aimerait saboter un oiseau à son premier vol
ça vient ça va et ça s'oublie quand les petits copains rigolent c'est comme un premier jour d'école
tes yeux déroulent comme une rigole c'est moche un premier jour d'école ce n'est jamais gagné d'avance
c'est dur un premier jour d'école tu verras qu'ils auront leur tour c'est une aventure qui commence
tu verras dans une heure déjà on est tous cuit au même four plus ou moins bien on se débrouille
tu n'auras plus besoin de moi de près de loin on se mélange il y a des as et des vadrouilles
ni plus ni moins on se ressemble toi tu grandis moi je m'arrange on est ce qu'on veut devenir
toi tu pleurniches et moi je tremble tu sais bonhomme c'est que la vie pour le meilleur et pour le pire
tu sais bonhomme si grand qu'on soit c'est pas souvent ce qu'on choisit tu sais bonhomme si fort qu'on soit
on n'a jamais que l'âge qu'on a faut pas t'en faire pour si peu d'eau la cervelle n'est pas où l'on croit
faut que t' apprennes à lire aussi sèche ces larmes sur ta peau les plus intelligents d'amour
compter tes sous et tes amis ouvre tes oreilles et ton cœur ne sont pas les premiers au cours
on n’est pas fait de bois c'est sûr sois de ceux qui arrivent à l'heure
faut t'attendre à d'autres coups durs

T'as toujours suivi mon chemin


c'est le moment d'en choisir un
où je ne mettrai pas les pieds
on s'est toujours donné la main
de même sang de même bien
ce n'est rien d'un peu se quitter

Jean-Paul Den Cahier de chansons 44


Priscilla

J’ai emboîté ton pas Tu dis rien n’a changé


aux portes du Tibet sur le toit du monde
je vois ce que tu vois privé de liberté
en lisant tes carnets les moines prient à l’ombre
je pense comme un ami
les traces d’Alexandra que le Dalai Lama
clandestine à Lhassa à l’intérieur de lui
les frontières du mystique doit marcher avec toi
la cité interdite
J’ai rejoint sans attendre
Je suis de ton voyage la jolie reporter
au hasard de la presse sur les sentiers méandres
le sherpa sans bagages de la mer à la mer
qui te suit sur le net tu sais l’amitié pure
en marchant dans tes larmes des rencontres d’un jour
avec ceux qui y vivent la peur le ventre dur
je gravis les montagnes les sourires de toujours
un rêve se réalise
Je te laisse aller l’Inde
Priscilla Priscilla après les monastères
belle et fière du fond de ma province
l’aventure féminin quelque part sur la terre
aux confins des misères je dévore tes récits
si long soit le chemin tes mots sont comme les voiles
d’un bateau qui poursuit
le chemin des étoiles

Jean-Paul Den Cahier de chansons 45


Proxistar-Mobimus Toutes les occasions sont bonnes Pour appeler les pompiers
pour sortir son mobiphone prévenir l'osto qu'on amène
Vous venez de composer même si la batterie est plate un infar à toute sirène
le numéro que vous savez du moment que ça épate une TS ou un chouté
un pour français twee voor dutch au feu rouge ou au resto ça sert à tous les métiers
three you have it with ketchup ça frime à deux cents à l'heure juges flics et financiers
l'appareil que vous appelez en BM ou en tracteur on peut protéger sans fil
est pour l'instant indisponible à pied en cheval à vélo politiques et pédophiles
laissez un message audible
après le bip et sans tousser Un appel sur le trottoir On confond les salopards
sur un proxi proxistar sur un proxi proxistar
Un appel du fond du car c'est le réseau qui te suce dans les caves de spartacus
sur un proxi proxistar sur un mobi mobimus sur un mobi mobimus
à l'abri de l'arrêt d' bus
sur un mobi mobimus Ah maman oui je t'entends Vous venez de recomposer
oui on a élu un bob le numéro que vous savez
Chéri c'est toi tu manques de pot pas tard écoute j'ai trente ans un pour français twee voor dutch
je suis chez mon gynéco oui je sortirai l' boule dogue three you have it with ketchup
il a deux doigts à l'intérieur pas vrai maman encore toi l'appareil que vous appelez
resonne-moi tout à l'heure non c'est pas que tu déranges est encore indisponible
ah chéri tu manques de bol je slowe avec Marie-Ange laissez un message audible
je suis toujours chez Jean-Paul mais non elle n'a pas l' sida après le bip et sans râler
quelque chose l'inquiète en moi
je te raconterai tout ça Un appel derrière le bar Un appel de désespoir
sur un proxi proxistar sur un proxi proxistar
Un appel sur le billard quelque part dans le campus arrivé au terminus
sur un proxi proxistar sur un mobi mobimus sur un mobi mobimus
en 69 à la russe
sur un mobi mobimus

Jean-Paul Den Cahier de chansons 46


Renoncer c’est le pire
Avant que la nuit tombe
Une porte qui se ferme avant la grande bleue
dix autres à enfoncer s’il reste une seconde
tu peux bien râler ferme une braise dans le feu
mais pas t’éterniser devant chaque blessure
une princesse dans la tour devant les déceptions
pour deux milles troubadours le désir se mesure
faut une vaine de salaud au poids de la raison
pour entrer au château si la chance fait nôtre
y’a pas de sot métier les imprévus d’la vie
pas d’idées à jeter ce qui arrive aux autres
même si dans le brouillard peut nous arriver aussi
t’es le seul à y croire
Tant qu’on pourra jeter
Renoncer nos vœux dans les fontaines
renoncer qu’on pourra y trouver
c’est le pire c’est la fin un sens à nos ‘je t’aime’
reporter je poursuis sans cheval
reporter l’inaccessible étoile
c’est mourir en chemin le chemin de la mule
et rêver sans peur du ridicule
et rêver à tous ceux qui pourraient
notre seul espoir douter de ce qu’ils sont
de garder je dédie ces couplets
de garder cette ultime chanson
du feu dans nos regards

Jean-Paul Den Cahier de chansons 47


Rentrer d’où je va
J’aimerais rentrer d’où je va
J’aimerais rentrer d’où je va revenir à deux yeux de toi
revenir à deux pas de toi te regarder
sans bouglionner sans qu’il nous faille réfléchir
sans passer pour un clown t’amuser provoquer les rires
pour un demi maboule nous retrouver
tout désarticulé il n’y a pas d’indifférence
ne fais pas trop attention dans le mystère de nos absences
aux mots de mes chansons je sais que toi ni moi n’avons changé
ils ne sont que le vent de mes peurs j’apprends seul que tu es ma liberté
la vie qui me passe entre les heures
J’aimerais rentrer d’où je va
J’ aimerais rentrer d’où je va me reblottir tout contre toi
revenir à deux mains de toi me pardonner
sans t’effrayer on guéri de ces maladies
sans passer pour le roi des cons tu es ma seule thérapie
rapporter sans autres rançons mon psy mon kiné
ma fragilité ma boussole a perdu le nord
n’ en fais pas trop d’affaire sans doute on se perdra encore
je ne cherche pas à plaire mais qu’alors ce soit malgré le désir
si tu m’attends m’attendras tu encore là où aucun amour ne respire
t’aimer ne me demande aucun effort

Jean-Paul Den Cahier de chansons 48


Seul à aimer l'autre C'est que le temps
passe et puis
C'est qu'il faut seul Bouddha
être costaud refait sa vie
savoir attendre sans colère
le temps qu'il faut pas la fin du monde
à tout moment même si
on s'attend le cœur s’inonde
au pire au tendre on compte aussi
au tremblement sur la chance
c'est qu'il y a pour retrouver
peu de débats la fréquence
quelques mots à chaque crue
qui font des plats on prie l'eau
entre les ruses de s'en retourner
les pièges à grives au lit du ruisseau
qui s'amuse
qui maîtrise

Quand on est seul à aimer l'autre


Quand on est seul à aimer l'autre
Quand on est seul à aimer l'autre
Quand on est seul à aimer l'autre

Jean-Paul Den Cahier de chansons 49


Tout s' arrange

Condamné avec un sursis Sur les beaux sentiers du Tyrol


le matin de nos premiers cris se promène un fâcheux guignol
pas encore posé nos valises fils d’ un astronome très spécial
qu’on repart pour la terre promise qui faisait coudre les étoiles
sans un copeck ou plein de fric chez nous défilent les coupables
on embarque sur un Titanic en commissions interminables
en ignorant que le jour J qui n' ramèneront pas nos soldats
on ne trouvera pas la sortie les ‘Julie’ ni les ‘Mélissa’
en attendant ce jour géant de mots en mots de phrase en phrase
qui ouvrira le grand néant de fausses rumeurs en métastases
derrière nos armures invisibles y’ à trop de châteaux à défendre
aimons nous tant qu'il est possible de lits de rivières à reprendre

Tout s‘arrange tout s’arrange Avant d’arriver aux falaises


n’attendons pas que tout s'arrange et prendre le mal à son aise
entre quatre planches assis à la pointe de l’île
il y a des maladies qu’on peut guérir tourner le dos aux imbéciles
tout ne mène pas au pire je sais ce qu’il me reste à faire
t’ aimer comme on aime une terre
Les personnes sensibles et sensées pour son odeur après la pluie
que nous sommes sans hésiter pour ses couleurs et pour ses fruits
devraient naviguer sans problèmes t’ aimer pour mieux savoir mourir
au d' ssus de la connerie humaine ne regretter aucun sourire
aurais-tu des doutes à ton tour devenir roi d’ Epiphanie
quand j'ose te parler d' amour pour une fève au goût de vanille
les bons citoyens que nous sommes
maîtrisent peu le malheur des hommes
y' a tant de gens à cet instant
qui souffrent et pleurent de tout leur sang
tant d' enfants aux cheveux qui tombent
qui rêvent de visiter le monde

Jean-Paul Den Cahier de chansons 50


Viens frôler ma vie
Je suis ton aigle blanc
Comment voyager au plus profond de nous tu es mon nid
sans délaisser ceux qu'on aime et surtout j'ai besoin du vent
mieux que de s'emporter pour frôler ta vie
dans des querelles rouges Je suis ton trimaran
se donner d'être heureux tu es mon port
des bonheurs qu'on trouve j'ai besoin du vent
est-ce donc réservé au bateau seul pour frôler ton corps
de s'offrir toujours le même accueil
après l'absence de plusieurs semaines Te convaincre enfin que pour le peu qu'on vit
passées toutes voiles dehors chaque fois qu'on renonce
au bout d' soi-même c'est le temps qui s'enfuit
je voudrais t'imprégner de tous mes orages
Je suis ton trimaran en fin d' compte faudrait
tu es mon port qu' ce soit toi qui voyages
j'ai besoin du vent n'être plus femme et homme
pour frôler ton corps chacun pour son cœur
Je suis ton aigle blanc mais se sentir infiniment frère et sœur
tu es mon nid tenter de ressembler à nos différences
j'ai besoin du vent tout simplement réussir nos existences
pour frôler ta vie
Deviens mon aigle blanc
Comment connaître la résistance de nos doigts je serai ton nid
si l'on n'affronte pas le neige et le froid profite du vent
comment savoir si le destin devant nous viens frôler ma vie
est fait d'habitudes ou de rêves fous Deviens mon trimaran
l'oiseau est-il seul à pouvoir voler je serai ton port
si loin si haut jusqu'à ne plus exister profite du vent
changer de vie sans modifier son vol viens frôler mon corps
nourrir sa famille sans toucher le sol

Jean-Paul Den Cahier de chansons 51


Votez pour moi

Au premier vent des élections Ils défilent à coups de slogans


les partis s'organisent publicité oblige
on prépare à gauche comme à droite mais si le produit paraît chic
les premiers mensonges toutes boîtes la vérité est sous le mastic
pour les photos il est de ton on s' bat pour la plus grande affiche
de changer de chemise n'est rien que l'on néglige
vu q' c'est toujours les mêm' gugus tant pis si ça coûte le soleil
qu'on recolle sur les arrêts d' bus tant qu'on a de bonnes mutuelles
le nom des fous s'écrit partout et s'il arrive qu'on les écoute
celui des folles partout se colle de là à manger de leur soupe

Je ne suis pas partisan C'est à peine si ça vous regarde


de toutes ces guerres et soudain sourire à toutes heures
non pas qu'elles m'indiffèrent les voilà métamorphosés
mais je suis prudent généreux et intéressés
la vérité d'un côté ils se bousculent et se dépassent
de l'autre a son contraire pour vous proposer la couleur
seul importe la carrière orange rouge bleu vert billard
l'un ou l'autre excepté le jaune c'est pour le chef de gare
de porte en porte comme Jéhovah
Les promesses reviennent à la une un monde meilleur votez pour moi
du boulot pour Jules et Gaston
on va piétonner le boulevard
supprimer la taxe des clébards
même si vous demandez la lune
le truc du genre augmentation
ils vous promettront les écus
mais ne comptez pas trop dessus
droits dans leurs bottes ou malhonnêtes
politique veut pas dire charrette

Jean-Paul Den Cahier de chansons 52

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