Yoga de Patanjali

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4, — LE YOGA DE PATANJALI 4.1 — Inrropuction. Nous avons signalé que le Pétaiijala-yoga posséde une importance particuligre pour les étudiants de la médita- tion. Il s’en préoccupe en effet de facon exclusive. Les principes consignés au début de notre ére par le maitre Patafijali dans les yoga - stra (« aphorisme du yoga >) et qu’accompagne le commentaire de Vyasa restent une base de comprghensign, et-de-iechiique pour toutes sortes de méthodes, ‘ménie. si. ne_s’orientent pas exactement comme le-fait le_pdtdfijala-yoga. En effet, il est la norme de toutes les concentratiori¥’ sur objet. La méthode pAtafijalique est fondée sur la succession bien ordonnée de trois situations mentales que nous avons déja évoquées sans les coordonner systématiquement : — dhérand, la Concentration. Par sa volonté, le médi- tant ne conserve en son esprit qu’une seule pensée, Je théme; — dhyana, la Méditation proprement dite. Le théme reste seul: présent dans le champ de conscience; — samédhi : Vesprit pur (le purusha) se révéle. Nous donnons ci-aprés une traduction, faite sur le sanskrit, de 41 versets choisis parmi les 195 du texte. Elle refléte Penseignement tradilionnel, car elle résulte @une coopération avec un yogin et Pandit hindou qui réside & Scanné avec CamScanner 38 LA DECOUVERTE INTERIEURE Paris, le Swami Shraddhananda. Grace 4 l’usage simultané du commentaire de Vydsa (coté V. —) et de gloses tant classiques (1) que vernaculaire (2), la signification des termes qu’emploient Patafijali et Vyasa a pu ¢tre correc- tement déterminée. Elle est développée par un ensemble de notes (cotées N. —). Quelques explications addition- nelles (cotées E. —) sont ajoutées aux notes. 4.2 — Les Yoca-Sarra. L’ensemble des Yoga-Sitra et du commentaire de Vyasa constitue le « Traité du Yoga » ou Yoga-Shdstra. I présente une philosophic de la connaissance, une ontologie axée sur la dialectique du Témoin (purusha) et de la Mani- festante (prakriti)/ une psychologie basée sur la théor simkhienne des trois guna ou Composantes de prakri ne théorie du karma (la chaine des conséquences engen- drées par les actes) et des samskdra (résidus psychiques subconscients), la théorie des samddhi et bien d’autres sujets encore, admirablement interconnectés en un tout | organique. 3 Le Témoin ou « homme réel » contemple la Manifes- -\dante, prakriti, dont le concept ressemble & celui de | « Nature naturante ». Le dynamisme du mot prakriti lui |donne le sens de « mére >: matrice des phénoménes, jcontindment féconde. | Les Composantes ne sont pas des instances psycholo- giques mais plutét des principes qui régissent tout le phénoménal, réparti en milieu mental (citta) et monde externe & Vorganisme humain. Une dialectique complete d@ Ja relation entre le Témoin et la prakriti est développée pap la philosophic sémkhya. Indiquons simplement que Patafijali insiste (sitra 2-6) sur la complete séparation, la distinction fondamentale qui existe entre le Témoin et la i ; La Tattwaishdradht, la Patanjatarahasya et le Yogavarttika caspatimishra, Raghavananda Saraswati et Vigndnabhikshu, @) La Bhaswati (¢ VMiluminante >) de Hari-Harananda Aranya (en bengali). Ce commentaire est Yauvre d'un yogin moderne. Scanné avec CamScanner LA DECOUVERTE INTERIEURE 39 La véritable personnalilé de tout homme est le Témoin; /\, son individualité est une apparence passagére qui appar. { * tient au « milieu mental ». Y croire ct ne pas savoir que Yon est le Témoin constituent « I'Ignorance >. Le yoga | eonsiste A discerner clairement le ‘Témoin derritre. les \ \ \ mirages mentaux, puis A les éliminer; autrement dit, A dissiper l’Ignorance. Ce que nous appelons connaissance est connaissance de quelque objet, si abstrait puisse-t-il étre. Or le Témoin est pure Conscience, en dépit de ce qu'il apercoive les objets. \ La contradiction que cet énoncé semble véhiculer est elle \ aussi un aspect de l’Ignorance : l’adepte du yoga comprend | seul clairement comment cela peut étre. Le yoga s’accomplit en dehors du contexte psychique. Aucune connaissance acquise par Vintellect, fat-elle ce jquen Occident on se plait A dénommer « ésotérique >, vavanee d’un seul pas vers cet accomplissement, qui ésulte uniquement d’une ascése bien conduite. Le but des oga-Stttra est de fournir au yogin toutes les indications nécessaires pour qu’il sache guider et comprendre sa pratique. Le choix que nous avons opéré laisse dans ’ombre les quatre cinquiémes du texte. On y trouvera cependant des dléments dappréciation qui suffisent pour une premiére étutle. .1) — Voici Venseignement (a), du yoga. - Il caractérise le stable (d), obnubilé (e), parfo' (f), rassemblé en un Point (g), disparu (h). En un psychisme « parfois-stabilisé », le samadhi reste sous la dépendance de la stabilisation occasionnelle et ne se rattache pas vraiment au yoga (i). Par contre, on appelle « yoga de pleine connaissance » le samddhi du milieu mental rassemblé en un point : il révéle la signifi- cation vraie (j), il élimine les souffrances (I), il tranche les liens du karma, il fait approcher la disparition @. Nous décrirons plus loin (m) ce samadhi (..). Quant au «samddhi sans connaissance méme supréme s(n), il Scanné avec CamScanner 40 LA DECOUVERTE INTERIEURE réside en Ia disparition des processus mentaux; le sdtra suivant Ie concerne. E, — Dans les premiers siitra, Patafijali pose les prin- cipes de son enscignement. La condition profane ordinaire est Ie point de départ du chercheur, qui aboutit finalement au purusha, le Témoin, désigné plus loin comme « la Faculté-Conscience ». Deux sortes de samddhi sont ren- contrées en chemin; le premier est encore entaché de processus mentaux; le second ne conserve plus que les latences psychiques fondamentales. N. — (a) Le mot sanskrit signifie que cet enseignement n’est pas original, mais simplement codifié A partir dun savoir immémorial. Du point de vue traditionnel, c’est ce qui lui confére toute sa valeur. (b) samadhi — contemplation ou fusion, (selon les cas), hors de toute pensée discursive. Le yoga n’a pas de signi- fication s'il n’est pas samddhi ou route vers le samadhi. (c) les cing états mentaux qui sont énumérés sont étrangers au samddhi ; ils font cependant partie de la trajectoire du yoga. (d) état profane ordinaire : la pensée et Vattention vacillent sans cesse d’un objet A autre. (©) captivé malgré Tui par les incitations des sens et les Préoccupations issues de la vie courante. Cest la plus coutumiére des aliénations. (f) le mouvement incessant des pensées et des éimo- ns fait place & une accalmie temporaire, (g) résultat de la concentration. Cf. (3-1), (h) le yoga s’accomplit en dehor: gue. Ceci le différen approches occidentale: le samadhi ne () de toutes choses, (k) définies au stra (2-3), 4 Lb 2 Psycholyse ou dis Ala note (h) ci-dessus, an vy (1-17), Mm) ef. (1; o 7 118). 1 m'y a plus ei @opération mentale. tion 's du contexte psychi- cie radicalement de la plupart des S. Peut se produire dans cet état. ition du psychisme, évoquée Scanné avec CamScanner LA DECOUVERTE INTERIEURE 41 (1-2) — Le yoga est disparition des processus mentauzx. E. — Vyasa décrit ensuite la transition qui fait évoluer Je méditant, partir des états mentaux troublés, jusqu’aux deux samddhi en succession. Il fait intervenir ici le prin- cipe des trois Composantes a partir desquelles la philo- sophie simkhyenne explique le déploiement de Punivers , sensible : la Clarté (la pureté, la luminosité...); Activité; VOpacité (Vinertie, la Jourdeur, V’'immobi Le milieu mental est Clarté en son état natif, Elle est distincte cependant du Témoin, pur Spectateur du jeu des Compo- santes (Cf. stitra 2-20). La parfaite disparition des pro- cessus mentaux (et done des Composantes) révéle le Témoin. Elle est incompléte encore dans le « samddhi de parfaite connaissance > qui équivaut 4 la « Connaissance Discernante >. Vyasa commence par préciser qu’en dépit de cette imperfection ce samadhi est yoga tout de méme; puis il continue : V. — (...) Le milieu mental admet trois composantes : la prise de conscience, la mobilité, la stabilité. La Clarté, dans le milieu mental, est la nature propre de la prise de conscience. Si I’Activité et VOpacité y régnent, il se complait 4 la prospérité (a) et aux objets des sens. S’il est pénétré par l’Opacité, il s’oriente hors de la rectitude (b), de la connaissance (c), du détachement et de la prospérité. Si le voile de Villusion y disparait, il s’illumine de toutes parts : s’il se purifie de l’Activité jusqu’a la moindre trace, il s’installe en sa propre nature; il accéde a la Méditation dite < nuage de rectitude (d) », of est seule percue la différence entre Témoin et Clarté (e). (..) La Faculté Conscience est immuable, sans vacillations, pure et sans limites, spectatrice des choses, La Connaissance Discer- nante (g) a pour essence la Composante de Clarté; de ce fait, elle est ennemie (h): le milieu mental y renonce et la fait disparaitre. Il devient une Latence (i) inerte (j); Crest le samadhi « sans semence », ot il wy a plus rien. (...) N. — (a) La « prospérité » prend pour certains adeptes V'acceptation de « pouvoirs psychiques ». Patai- Scanné avec CamScanner 42 LA DECOUVERTE INTERIEURE jali et Vyasa s’élévent énergiquement contre leur recher- che : ce ne sont que des processus mentaux; le yoga doit les éliminer tous. (b)Paspect vrai du monde, de la pensée et de L’action. (c) la connaissance véritable, celle de la Réalité, envi- sagée dans le yoga en tant que Témoin. (d) ce « nuage » engendre la rectitude (note b). (e) la Pureté est psychique, le Témoin n’est pas psychi- que (le psychisme est seulement collection de processus). (f) désignation du Témoin. (g) dont objet est la différence entre Témoin et Clarté. (h) parce qu’elle est encore un processus psychique. (i) ou : aux Résidus. Ce ne sont pas des processus psychiques mais des potentialités qui les gouvernent, en provenance des vies antérieures. @ comme une graine grillée, qui ne germe plus : il n’y a plus de vie ultérieure. (1.8) — Alors (a) le Témoin s’installe en sa propre es) nature. V. — La Faculté-Conscience (b) est installée en sa pro- pre nature quand il y a Indépendance (c). Il n’est pas de méme dans I’état fluctuant du milieu mental. Ceci provient de ce que des objets y sont percus. E, — L’état fluctuant du mental correspond & une sorte d’aliénation du Témoin; sa résorption n’est pas un suicide psychique mais une libération. N. — (a) Dans le « samadhi sans connaissance, méme supréme ». Voir note (n) sur le stra (1-1). (b) voir note (f) sur le séttra précédent. (c) ou : isolement (fin de I’aliénation). (14) — Autrement, il s’identifie aux processus men- taux, E, — Cest-i-dire, Phomme imagine que les processi mentaux constituent sa personne véritable; il n’y discerne pas Ja Conscience qui les apergoit et qui est sa personnalité vraie. Scanné avec CamScanner LA DECOUVERTE INTERIEURE 43 (1.12) — Leur disparition résulte de la pratique et du détachement. V. — Le fleuve mental se dirige 4 Ja fois vers ce qui est bon et vers ce qui est mauvais. La bonne direction s'éléve jusqu’a ’'Indépendance; son élévation la plus faible consiste en discernement (a). La mauvaise direction s*éléve jusqu’a la succession des existences (b) : son niveau le { plus bas consiste en manque de discernement (c). Ici (d), le détachement (e) amoindrit le torrent des objets des sens (f). Par la pratique de la claire vision du discerne- ment (a) le torrent du discernement (a) prend naissance. La disparition des processus mentaux dépend des deux (g). ee T ee N. — (a) La « connaissance discernante », voir note (g) au stiitra (1-2). L’Indépendance est le point ultime au-dela du psychisme, qui y conduit par le samadhi « sans con- naissance méme supréme »; voir note (a) sur le stitra (1-3). La « connaissance discernante >» caractérise le « samadhi de parfaite connaissance >. (b) produites par la transmigration des Résidus ou Latences. Cf. note (i) sur le s#tra (1-2). (c) c’est-a-dire en ignorance de toutes sortes. (d) c’est-a-dire, compte tenu de ces données. (e) ef. stra (1-15). (f) ils perdent les aspects illusoires qui engendraient Vattachement. (g) de la pratique (sdtra 1-13, 1-14) et du détachement | (1-15). (1.18) — La pratique est ici Veffort vers la stabilité. V. — Cette stabilité conduit le milieu mental au calme résultant de Vabsence de processus. La pratique est Peffort bien conduit vers ce but, la persévérance virilement maintenue, le désir d’y parvenir et son accomplissement. E. — L’importance de ce sétra est extréme pour les Oceidentaux. S'ils veulent progresser en yoga, il leur faut quitter le dilettantisme qui s’informe sans s’engager, pour se consacrer sans réserves A la recherche par leurs propres Scanné avec CamScanner 44 LA DECOUVERTE INTERIEURE efforts. Vyasa, dans son commentaire sur le sitra (1-1), prend soin d’expliquer que les débuls de cette asctse seh. fectuent parmi les fluctuations psychiques; ils font cepen- dant ceuvre de yoga, L’effort prolongé, que rien ne décou- rage, ni la solitude, ni Vincertitude, conduit au succes tot ou tard. Cf, Bhagavad Gité, 6-36. (1.14) — Or la pratique s’établit_ sur un terrain de fermeté, par une assiduité consciencieuse, réguliére et de longue durée. V. Longuement assidue, assidue sans interruption, consciencieusement assidue! Elle vient a perfection par Vaseése, la foi, la chasteté, la connaissance (a). E. — La progression sur la voie du yoga n’est pas rapide; elle exige un effort constant. Le mot traduit ici de facon approximative par « consciencieux > admet comme acception premiére « considération, respect > : le prati- quant porte & ses efforts toute attention qui se doit aux grandes entreprises. Cette attitude laborieuse et probe est fort rare. Cf. Bhagavad-Gité, 7-3. N. — (a) La Connaissance qui porte sur la réalité. Cf. note (c) sur le siitra (1-2). (1.15) — On désigne par « détachement >» la maitrise de celui qui wa plus soif de choses, ni visi- bles, ni enseignées. V. — Les choses « visibles > (a) sont, pour celui qui wa plus de soif : femmes, nourriture, boisson et prospé- rité. L’obtention du ciel (b), état incorporel (c) et la dis- solution dans Ja nature (d), sont pour lui choses « ensei- gnées (e). On désigne par «< détachement » — pur de répulsion et dattrait, dépourvu par essence du désir de jouissance par la force de la connaissance — la maitrise mentale de celui qui voit les défectuosités des objets céles. tes et non célestes méme lorsqu’il est en contact avec eux. N. — (a) Les objets d’expérience sensorielle dans la vie courante. Scanné avec CamScanner LA DECOUVERTE INTERIEURE 45 (b) la béatitude céleste. (c) un état mental agréable qui apparait durant Ja méditation. (d) un autre état mental plus agréable et plus profond encore. L’adepte refuse ces voluptés délicates, comme il refusera la < connaissance du discernement >. Cf. la note (h) sur le siitra (1-2). (©) enseignées par la tradition. (1.17) — Le samapni < de parfaite connaissance > s‘accompagne des formes de non-distinction, de spatiotemporalité, de félicité et dexpé- rience du sr. ¥. — Quant au support mental (a), la non-distinction est Ia plénitude sur le sensible (b). La spatiotemporalité, sur limmateériel (c). La félicité est joie (d). L’expérience du JE est perception de < seulement MOI >. Ce samadhi est de quatre sortes : la premiére comporte la non-distinction; la seconde en est dépourvue mais comporte la spatiotem. poralité; la troisiéme, sans spatiotemporalité, comporte la félicité; la quatriéme, sans félicité, nest plus qu’expé- rience du JE. Elles sont toutes des samddhi avec sup- port (a). E. — Le « samédhi de parfaite connaissance > admet quatre degrés dont les noms techniques sont énumérés ici par ordre de perfection croissante. N. — (@) La pensée discursive ne se meut plus, mais le psychisme est habité par une idée statique. (b) non-distinetion : sens technique de vitarka. Quand le théme de méditation est un objet perceptible par les organes corporels des sens (ex. : une fleur), le pratiquant ne fait pas de distinctions entre l'appellation (une rose), Yobjet {une fleur) et la perception de lobjet : les trois Ini paraissent identiques, (c) spatiotemporalité : sens technique approximatif de viedra. — Quand le théme de méditation est abstrait, le pratiquant en percoit les composantes fondamentales Scanné avec CamScanner 46 LA DECOUVERTE INTERIEURE Ganmétra, « éléments >), identiques pour tout phénomene ct immuables, sans la notion de temps ni despace, (@) celle quengendre le calme profond. ) le yogin ressent uniquement « Je SUIS >, expé- rience de ravissement et de certitude, (1.18) — Liautre samavnt, ot ne subsistent que les Latences, provient d'une pratique qui est cause de la cessation. E, — Il s‘agit maintenant du samddhi le plus profond, celui qui est « sans connaissance, méme supréme >. La pratique est celle du parfait détachement. La cessation est celle des processus mentaux. Ce samadhi est de deux sortes : V. — Le samadhi « sans connaissance, méme su- préme » est disparition du milieu mental; seules y subsis- tent les Latences (a) lorsque tous les processus psychiques ont disparu, La voie (b) pour y parvenir est le parfait détachement; une pratique avec support (c) ne convient Pas pour s'y adonner. La cause de la cessation prend ici pour support une absence de théme ; elle est vide de tout objet. Le milieu mental qui pratique le (parfait détache- ment) devient dépourvu de support (d) comme s'il ne sai- sissait rien (e). C’est le « samadhi sans connaissance méme supréme >, « sans semences » (f). Il est de deux sortes : un effortbien conduit engendre l'une (g), existence (h) en. gendre autre. N. — (a) Voir note (i) sur le sittra (1-2). (b) litt. : la méthode. (c) ef. note (a) sur le sittra précédent. (a) c'est la plénitude de la méditation sans objet. (e) le « comme si » s'oppose & Ia philosophie boud- dhiste. (£) qui puissent engendrer une nouvelle existence. (g) désigne ici la pratique conduite avec une claire conscience des erreurs & éviter, La disparition des proces- sus mentaux s'y effectue totalement. Scanné avec CamScanner LA DECOUVERTE INTERIEURE AT (b) le terme technique (bhava) désigne ici la pratique erronée o& les processus mentaux sont simplement assoupis. (1.21) —- (Ce samapnt) est proche pour ceux dont Var- deur est intense. E. — Vyasa distingue neuf degrés dans Vardeur, qui culminent en Vardeur la plus véhémente. Cette derniére parvient seule au < samddhi sans connaissance supréme > et consomme ses fruits. L’adepte qui réussit dans sa ten- tative est celui qui y jette toutes les ressources de sn étre. (1.23) — Ou bien (a) par la vénération du Seigneur. V. — Le Seigneur (b) est attiré par une vénération que la dévotion caractérise (c). Il accorde sa faveur par sa seule grace (d). Par suite de cette grace, le yogin obtient trés aisément le samddhi et le fruit du samadhi existe (...) N. — (a) Sous-entendu : le samédhi s’obtient.. (b) ishwara, un aspect divin, éternellement démuni de karma, sans devenir et sans ignorance, maitre de la Sa- gesse. Pranidhéna consiste A faire abandon au Seigneur du fruit de tous ses karma. Alors se révéle existence du Seigneur; c’est un aspect de la « pensée du Seigneur », bhdévana; Cf. siitra (1-28), note (c). (c) elle est dénuée de spéculation théologique et ne cherche aucun avantage. (a) le Seigneur n’est pas propitié par des cérémonies. (1.25) — La source supréme domniscience y réside. (1.26) — Il est le guru des anciens (a), car il n’est pas limité par le temps (b). N. — (a) Des anciens guru-s. (b) comme étaient les anciens guru-s. La_ sagesse divine est immémoriale. Scanné avec CamScanner 48 LA DECOUVERTE INTERIEURE (1.27) — OM est sa représentation verbale. E. — Vyasa explique ensuite que cette représentation nest pas arbitraire : il existe une liaison entre le signi- fiant et le signifié qui s'appplique ici & OM (le signifiant) et au Seigneur (le signifi), (1.28) — Répéter OM, c'est en ressentir Ia signi- fication. V. — La répétition (a) de OM (b) est aussi le senti- ment (c) du Seigneur que OM représente. Le milieu mental du yogin qui répéte OM en ressent Ia signification et par- vient & l'état concentré (d). (...) N. — (a) le japa = répétition longue, paisible et lucide. (b) dans le texte : « le pranava >, expression courante pour désigner OM en tant que véhicule de signification. (c) le terme bhdvana est bien imparfaitement traduit ici : c'est une exclusive pensée d’amour et d’offrande inté- rieure. Cf. le satra (1-23). (@) état ekagra; « rassemblé en un point ». Cf. note (g) sur le sdtra (1-1). (1.29) — De la procédent Vaccés au Témoin (a) et la disparition des obstacles (b). V. — Autant existe-t-il obstacles, A commencer par la maladie (c), autant en disparait-il par la vénération (a) du Seigneur (e). Il y a en effet vision de Son essence. (...) le Seigneur est le Témoin, pur, Iumineux et libre (...). N. — (a) Littéralement : ¢ celui qui pergoit les expé- riences », c’est le. vrai aspect du moi. (b) énumérés au sittra suivant, (c) la premiére dans l’énumération, (@) ef. le stttra (1-23), (c) le séitra (2-25) affirme on effet : le samapu résulte de la ferme contemplation du Seigneur, Scanné avec CamScanner LA picou INTERIEURE 49 E. — Le yoga n’est pas une simple technique de psy- chophysiologie. (1.30) — La maladie, la paresse, le doute, la négli- gence, Vengourdissement, la non-renoncia- tion (a), la fausse connaissance (b), Pinsuc- cés dans la pratique (c), Véchec dans le samaput (d) sont les obstacles qui disper- sent (e) le milieu mental. N. — (a) Le yogin est intellectuellement convaincu de la supériorité du renoncement mais il conserve le gottt du monde. ‘ (b) Vyasa explique : ¢ savoir & Penvers », a Pexemple des esprits faux, ou vaniteux, ou trop portés aux construc- tions intellectuelles. (c) littéralement : « la non-obtention des états men- taux »; le pratiquant ne progresse pas et il n’en comprend pas la raison . (a) le pratiquant parvient au samddhi mais il ne peut s’y maintenir. (e) au sens de la note (e) sur le sitra (1-1). (1.31) — La souffrance, la mélancolie (a), les mouve- ments du corps (b), la respiration (c), accom- pagnent la dispersion mentale (4). N. — (a) Vyasa : « agitation psychique qui provient de Vinfluence néfaste du désir >». (b) dans la méditation le corps doit rester immobile. Cf. stitra (2-46). (c) durant le samédhi le souffle s’arréte complétement. (d) comme la note (e) sur le sétra précédent. (1.82) — Pour y remédier, seercer sur objet unique. E. — Pour franchir l'état « parfois stabilisé » (Cf, note “#) sur le stitra (1-1)), Paspirant au yoga doit s’exercer & ne jamais admettre qu’un seul objet dans le champ de son Scanné avec CamScanner 50 LA DECOUVERTE INTERIEURE attention. Le milieu mental apprend de la sorte & se stabic liser et peut progresser vers le samédhi. Il Ini faut appren- dre & se « rassembler en un point >. Cf. note (g) sur le sdtra (1-1). (1.33) — La quiétude mentale provient des sentiments Wamitié, de compassion, de sympathie on indifférence envers ceux qui sont heureuz, malheureux, vertueux ou mauvais. V. — On doit ressentir de Pamitié envers tous les étres qui ont en partage le bonheur; la compassion envers les malheureux; la sympathie envers ceux qui sont vertueux: Tindifférence envers ceux dont la conduite habituelle est mauvaise. Celui qui éprouve de tels sentiments forme du dharma blanc (a); son milieu mental en ressent de la joie; dans sa félicité, il parvient a état concentré (b) de la stabilité, N. — (a) Le « dharma blane » est la sorte de rectitude qui conduit & P’Indépendance. (b) Vétat ¢ rassemblé en un point». Cf. note (g) sur le stitra (1-1). (1.39) — Ou bien (a) en méditant sur ce que V’on aime. V. — On peut méditer sur ce que l’on aime. La stabi- lité ainsi acquise est (éprouvée) méme sur d’autres thémes (b). N. — (a) Sous-entendu : « on parvient a la stabilité mentale ». (b) Vesprit se stabilise volontiers en contemplant un théme qui lui plait; ayant acquis de la stabilité, il peut ensuite en faire bénéficier la méditation sur. autres thémes et rester stable aussi durant la vie courante. (2.3) — Les cing souffrances sont PIgnorance, le sen- timent du moi, Vattrait passionné, le dégott et le désir de vivre, E. — Vyasa les qualifie d’ « erreurs »; ; ce sont les Scanné avec CamScanner LA DECOUVERTE INTERIEURE 51 directions néfastes que notre psychisme prend spontané- ment, Il en souffre, comme un malade qui ignore état de santé. Le sittra (2-15) énonce que « tout est souffrance aux yeux de celui qui discerne ». (2.4) — L’Ignorance (a) est le lieu (b) des autres, qu’elles (c) soient assoupies, faibles, intermit. tentes ou actives. N. — (a) L’opposé de la Connaissance. Cf. note (¢) sur le stttra (1-2). (b) le liew ot elles naissent. (c) y compris Ignorance, (2.5) — L’Ignorance est le fait de considérer comme éternel, pur, plein de joie et notre étre vrai (a) ce qui est transitoire, impur, plein de souf- france et différent de notre étre vrai. N. — (a) Le purusha, notre étre vrai, est seul pur, éter- nel, toute félicité. (2.6) — Le sentiment du moi consiste en ce que le Témoin et le processus de prise de conscience semblent étre identiques. V. — Le sujet (a) et lobjet (b) sont radicalement dis- tincts, radicalement désunis : V’expérience est dans sa vérité lorsqu’elle les saisit comme s’ils n’étaient pas dis- tincts (c). L’Indépendance (a) consiste par ailleurs en ce que leur nature soit comprise : oly aurait-il en ce cas expérience (e) ? (...) N. — (a) Litt, : celui qui éprouve. (b) litt, : ce qui est éprouvé. (c) le Témoin éprouve VIgnorance. @ Ja libération, qui dégage les processus mentaux. Cf. note (c) sur le sétra (1-3). (e) le Témoin sait alors qwil différe de la Nature. (2.11) — Les processus mentaua de souffrance peuvent étre évités par la Méditation. Scanné avec CamScanner 52 LA DECOUVERTE INTERIEURE (2.16) — La souffrance qui ne s'est pas encore pro- duite peut étre évitée. (2.17) — La cause de cette (souffrance) évitable est la jonction du Spectateur avec le Spectacle. E. — La Nature (prakriti) engendre le Spectacle du monde par le jeu des trois Composantes (Cf. PE. — sur le stitra (1-2)), dont le purusha est le spectateur. S’il éprouve — & tort — qu’il est acteur dans le Spectacle, il baigne dans la souffrance engendrée par I’Ignorance. (2.18) — Le Spectacle est luminosité (a), activité (b), stabilité (c); sa nature est celle des -éléments (d) et des sens (e); ses finalités sont la jouis- sance et la libération (f). N. — (a) Le principe de luminosité, de prise de cons- cience, est la Composante de Pureté. Cf. V. — sur le sitra (1-2). (b) le principe d’activité est la Composante d’Activité. (c) le principe de stabilité (ou d’inertie) est la com- posante d’Opacité. (d) cf. Note (c) sur le sitra (1-17). (e) les cing sens de perception, les cing facultés d’ac- tion, les trois instances psychiques. (f) Phomme opte pour l'une ou pour lautre. (2.20) — Le Témoin est envisagé comme processus mental bien qu’il soit pure conscience. N. — Le psychisme n’est pas le siége de la Faculté- Conscience (le Témoin). Il est ce qu’observe la Faculté- Conscience; cependant elle semble étre d’essence psy- chique. (2.25) — Sil n’ewiste pas (d'Ignorance), il n'y a pas Widentification (a). La détruire, cest U'Indé- pendance du Témoin. a N. — (a) Si le Témoin n’est pas trompé par P’Ignorance, Scanné avec CamScanner LA DECOUVERTE INTERIEURE 53 il ne s'identifie pas aux processus mentaux. Cf. Sélra «-4). , (b) Phomme sait en ce cas qu’il est Témoin et non pas une partie du Spectacle. Il n’y a plus alors de souffrance. (2.26) — Le moyen pour Ia (a) détruire est une con- naissance discernante (b) inébranlable. N. — (a) L'lgnorance. (b) caractéristique du « samédhi de parfaite connais- sance ». — Vylsa remarque : « c'est la voie de Libéra- tion. » (2.41) — Il y a (@) bonne disposition (b) dae a la pureté mentale; concentration (c), domina- tion sur les sens, aptitude a se connaitre. N. — (a) Pour Padepte déja avancé sur la voie du yoga. (b) le yogin se sent toujours bien disposé. (c) ef. note (g) sur le sittra (1-1). (2.46) — La position assise est stable et confortable... (2.47) — ...Grace au reldchement de Veffort, & la con- centration sur Vinfini. V. — (...) La posture parvient & sa perfection grace a Ja cessation de l’effort par laquelle le corps ne vacille plus, ou bien quand le milieu mental est concentré sur Pinfini. (8.1) — (a) Fixer le milieu mental sur un théme (b), cest la Concentration. (ec). V. La Concentration est un lien qui s’établit par un processus défini (d) entre le milieu mental et des ré- gions (e) telles que le nombril, le lotus du cour (f), une lumiére dans la téte (g), le bout de la langue ou bien en- core quelque objet externe (h). N. — (a) Ce sittra et les trois suivants définissent la séquence qui aboutit au samddhi. La caractéristique pre- miére d’un yogin est qu'il sait se concentrer, Scanné avec CamScanner 54 LA DECOUVERTE INTERIEURE (b) le sens usuel du mot original est : lieu, région. (c) dhdrand : par un effort bien dirigé, le yogin élimine les processus mentaux autres que ceux qui constituent le theme. II aboutit & V’état « rassemblé en un point >. (a) e’est affaire de discipline et de technique. (e) le terme employé est le méme qu’en (b). Vyasa Vemploie au sens propre. (£) ce n’est pas le cakra tantrique. (g) facile & obtenir par un entrainement convenable, mais ce n’est pas encore un accomplissement. (h) Vyasa n’évoque ici que des themes perceptibles par les sens corporels. Cf. la note (b) sur le séitra (1-17). La raison en est que Yon commence le plus souvent par eux avant d’essayer des concentrations plus difficiles. (8.2) — Dans la Méditation (a) le contenu mental est comme un filament unique (b). V. — Le contenu mental qui prend le theme comme support de la Méditation est comme un filament unique. La Méditation est analogue & un écoulement sans aucun contenu mental étranger. N. — (a) dhydna, état qui suit la Concentration (dhérana). (b) c’est-A-dire, il se réduit A une seule notion qui s’y maintient sans se modifier. Un fil droit et sans épaisseur est le symbole proposé. (3.38) — Si Vobjet (de la Méditation) (a) apparait seul; si elle se vide pour ainsi dire de son caractére, cest le SAMADHI. V. — La Méditation comporte un méditant, un theme (b) et un processus de méditation; ils (c) disparaissent lors du samédhi. (...) Si dans la Méditation apparait seul le théme (b); si pour ainsi dire (d) elle s’évacue de son propre caractére, qui consiste en un processus, il y a das lors samadhi, parce qu'il y a pénétration dans ‘ce qu’est le théme (e). Scanné avec CamScanner LA DECOUVERTE INTERIEURE 55 N. —(a) dhydna, comme ci-dessus. () litt. : « un méditable >. (d) il n’y a pas de vrai changement, (e) en d’autres termes : la méditation s'approfondit en samadhi quand le processus de concentration qui main- tient le théme dans la conscience vient a disparaitre... II ne reste plus du théme que sa signification en termes de pure existence. (3.4) — Les trois ensemble constituent la Mattrise. (a) Vv. — Cette triade — Concentration, Méditation et samddhi — forme dans son unité la Maitrise. On enseigne que la Maitrise est faite de ces trois disciplines, dont Pob- jet est unique. N. — (a) samyama. L’adepte qui pratique la Maitrise approche du but du yoga, en dépit des embiiches. Cf. Note (@) sur le séttra (1-80). (4.81) — De la connaissance ont disparu tous les voiles @impureté : comme elle est infinie (a), ce qui reste d connaitre est insignifiant. (b). N. — (a) I n’y a plus le moindre processus mental. (b) le yogin sait qu’il est le purusha; cela élimine pour lui toutes Jes différenciations mentales que nous prenons pour nous-mémes et pour le monde. Scanné avec CamScanner

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