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Le monopole pur est supposé vendre son produit à un prix unique : le prix d’équilibre.
Cette situation permet à certains acheteurs de bénéficier d’un surplus ou rente du
consommateur, puisqu’ils auraient accepté de payer un prix supérieur au prix d’équilibre.
Mais, pour d’autres catégories de consommateurs, le prix du monopole peut s’avérer plus
élevé que leur pouvoir d’achat, en conséquence, ils n’achèteront pas le produit à ce prix.
Le monopoleur peut alors exploiter cette situation pour pratiquer une politique de
discrimination par les prix, qui consiste à vendre à des prix différents sans que cela soit
justifié par une différence de coût de production , selon les catégories de consommateurs, un
bien fondamentalement identique mais présenté sous des formes diverses, ce qui assure un
profit global plus grand. A titre d’exemple, on peut citer les professions libérales, les
compagnies de transport aérien et ferroviaire, les cinémas, … qui peuvent vendre des services
à des prix différents en se basant uniquement sur le degré de richesse de leurs clients.
Une telle stratégie nécessite que les produits soient vendus sur des marchés séparés et
non communicants. Elle est également subordonnée à différentes conditions de discrimination
par les prix, permettant au même fabricant de fixer des prix de vente différents.
La distinction entre les consommateurs est une première condition qui varie en
fonction des consommateurs ou de leurs propensions à payer. Les consommateurs connaissent
approximativement leurs propensions à payer et font leurs choix en fonction de celles-ci. Un
usager de la téléphonie mobile ne peut pas déterminer exactement la durée de ses appels, mais
définit à l’avance sa propension à payer. Ainsi, son choix porte en premier lieu sur le tarif en
fonction de son anticipation de sa consommation future.
Une autre condition permettant la discrimination par les prix est la perception
temporaire ou permanente qu’ont les acheteurs du taux de change.
L’histoire passée des achats des consommateurs incite à son tour les vendeurs dans leur
démarche de discrimination commerciale. Les clients anciens et fidèles sont moins sensibles
aux variations de prix et à la concurrence que les nouveaux arrivants.
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Les coûts de mobilité qu’encourt le consommateur en changeant de vendeur sont une
autre condition de discrimination de prix. Les entreprises fixent dans ce cas des prix différents
pour les nouveaux clients, sous forme de rabais ou de remise, pour leur permettre de couvrir
ces coûts et changer ainsi de vendeur.
Les méthodes de discrimination par les prix les plus courantes sont la discrimination
parfaite ou de 1er degré, la discrimination de 2ème degré et la discrimination imparfaite ou de
3ème degré. Classiquement, on distingue ces trois types de discriminations par les prix en
fonction de l'information dont dispose l'agent discriminateur.
Le vendeur peut disposer d’informations suffisantes sur les clients, et peut appliquer le
prix le plus élevé que chaque client est prêt à payer. Il vend la première unité au demandeur
avec le plus haut consentement à payer, la deuxième unité au demandeur avec le deuxième
plus haut consentement, etc... Dans le cas parfait, le monopoleur obtient tous les gains à
l’échange, et les consommateurs aucun.
Ces conditions expliquent pourquoi la discrimination est plus fréquente dans les
services individualisables (médecine, cinémas, etc.) et dans les secteurs où le produit est
difficilement revendable (gaz, électricité, etc.).
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surplus du consommateur. Celui-ci, est entièrement approprié par le monopoleur qui réalise
un profit supplémentaire.
Le prix payé par le consommateur varie selon les quantités achetées. Cette pratique
touche les entreprises pratiquant une politique de prix non linéaire, qui fait varier le prix par
unité en fonction du nombre d’unités que le client achète. La réussite de cette pratique est
conditionnée par la capacité de l’entreprise à empêcher la revente de ses produits par les
consommateurs. Les entreprises peuvent dans ces conditions proposer différents prix de vente
à des consommateurs différents, même si elles ne disposent pas d’informations sur la
demande individuelle de chacun d’eux.
Cette stratégie diffère de la discrimination de 1er degré par le fait qu’elle ne permet pas
de s’emparer de la totalité du surplus du consommateur. Parmi les pratiques de discrimination
de 2ème degré, il y a le tarif unique en deux parties, où les entreprises font payer aux
consommateurs une somme forfaitaire pour l’utilisation du bien ou service et une autre
somme relative à la consommation. C’est le cas des tarifs différenciés jour/nuit pour
l’électricité ou le téléphone, des tarifs basse saison pour les vacances et loisirs, des séances
spéciales de cinéma,…
L’entreprise qui ne dispose pas d’informations suffisantes sur les clients, et qui se
trouve dans l’incertitude quant au prix que chaque client est prêt à payer, ne peut pas pratiquer
la discrimination de 1er degré. Mais si elle ne peut pas disposer de la totalité du surplus du
consommateur, elle peut cependant pratiquer une discrimination imparfaite de 3ème degré.
Cette pratique est possible lorsque les coûts de transaction sont élevés de manière à
empêcher les reventes d’un groupe de consommateurs à un autre. Cette forme de
discrimination prend souvent la forme de vente à des prix différents pour des groupes
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d’acheteurs caractérisés par des élasticités-prix particulières et situés dans des zones
géographiques différentes.
Les études empiriques montrent que la marge de profit obtenue pour chaque groupe est
inversement proportionnelle à l’élasticité de la demande. Plus celle-ci est élevée, plus le prix
pratiqué par le monopole discriminant est bas et proche du coût marginal. Le groupe
caractérisé par une demande plus sensible au prix paie le prix le plus bas. Les entreprises
accordent en général des remises à ces groupes d’acheteurs.
Lorsque la discrimination de 3ème degré n’est pas très subtile, comme par exemple
lorsqu’un certain nombre d’acheteurs sont mieux informés que d’autres sur le prix du marché,
les entreprises fixent un prix « général » pour les consommateurs n’ayant pas remarqué que le
produit est proposé à un prix plus cher qu’ailleurs, et alignent le prix de leur produit sur le
prix du marché pour les clients informés.
En conséquence, les consommateurs mal informés paient un prix plus élevé que les
autres. La réussite de la discrimination de 3ème degré est conditionnée par l’importance
relative que les groupes d’acheteurs accordent au temps. Les acheteurs à haut revenu
accordent en général une grande importance à la répartition de leur temps, et leur demande est
plus inélastique que les acheteurs à revenu modeste. C’est pourquoi les offres promotionnelles
touchent le plus souvent cette dernière catégorie de consommateurs, qui passent plus de temps
à comparer les prix dans les rayons.
Récapitulation :
Si une firme vend des quantités différentes d’un bien identique sur des marchés séparés
où elle jouit d’un monopole, il est tout à fait logique qu’elle doit déterminer les quantités à
vendre sur chaque marché.
Si l’on considère n marchés sur lesquels des quantités Qi sont vendues, les recettes
respectives du monopoleur seront : Ri (Qi).
Sa recette totale (RT) est égale à la somme de toutes les recettes réalisées sur les
différents marchés, soit :
4
n
RT = Ri (Qi)
i=1
Son coût total (CT) est fonction du volume de l’offre totale, soit :
n
CT = C ( Qi)
i=1
n n
Son profit total est : π = RT – CT = Ri (Qi) - C ( Qi)
i=1 i=1
Ce profit est maximum si la dérivée première de cette fonction, par rapport à Qi est nulle
(on suppose pour simplifier, que les conditions de 2ème ordre sont vérifiées).
On peut démontrer que dans le cas du monopole discriminant, ce sont les différences
d’élasticité de la demande d’un marché à un autre qui déterminent les différences des prix. En
particulier le prix sera plus faible sur le marché dont l’élasticité sera la plus forte. Ceci
s’explique aisément car lorsque l’élasticité est forte, la réponse de la demande se fait de façon
très vive à la suite de la variation des prix.
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En substituant la relation (3) à la relation (1), on a :
Nous savons que le monopole à deux établissements établit l’égalité Rm1 = Rm2 = Cm.
On peut donc écrire d’après la relation que :
En conclusion, on peut résumer les conséquences « positives » de la discrimination par les prix
en disant que pour n’importe quel niveau de production, le système des prix discriminatoires
apportera une recette totale plus importante à l’entreprise et donc une recette moyenne et un
profit plus important.