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EST SAFI – Mme O.

IKHOUANE Dept GI 1ère Année

CHAPITRE 2

FONCTIONS LOGIQUES

Dans les automatismes logiques, que l'on soit en combinatoire ou en séquentiel, on prend en compte,
on traite et on donne des ordres sous forme binaire (0 ou 1). Les variables logiques qui permettent de
traiter ces informations peuvent s'organiser sous forme de fonctions. L’Algèbre de Boole1 définit un
cadre mathématique d’étude de ces variables et fonctions. Elle permet de traduire des signaux binaires
en expressions mathématiques. L’Algèbre de Boole et les fonctions logiques forment donc le support
théorique des circuits combinatoires et séquentiels.

1 – ALGÈBRE DE BOOLE
1.1 – Définition
Considérons un ensemble d'éléments (a,b,c, ...) associé à :
 deux lois de composition interne notées respectivement :
o « + » appelée addition,
o « . » appelée produit,
 une opération unaire notée « » (lire « barre ») et appelée complémentation.
Formellement, cet ensemble et ces 3 opérations constituent une Algèbre de Boole si et seulement si les
postulats suivants sont satisfaits.
P1 Les opérations sont commutatives :
 a b  b a
 a.b  b.a
P2 Chacune des opérations est distributive sur l'autre :
 a  b  c  a  b  c  a  b  c
 a.b.c  a.b.c  a.b.c
P3 Postulat des éléments neutres :
 Il existe un élément neutre pour l’addition noté 0 tel que a  0  0  a  a
 Il existe un élément neutre pour le produit noté 1 tel que a.1  1.a  a
P4 A chaque élément a est associé un élément a tel que :
 a a 1
 a.a  0
P5 Postulat d’Idempotence
 aa a
 a.a  a
P6 Postulat d’involution

1
Georges BOOLE (1815-1864) : mathématicien et philosophe anglais. Il publia en 1854 un essai sur les
raisonnements logiques portant sur les propositions auxquelles les seules réponses possibles sont oui ou non.
L’ensemble des opérations découlant de ces propositions forment uns structure mathématique, donc une algèbre,
dénommée « Algèbre de Boole ».
 a a
P7 Postulat de distributivité entre opérations
 a.b  c  a.b  a.c
 a  b. a  c  a  b.c
1.2 – Théorèmes
Une Algèbre de Boole vérifie les théorèmes ci-dessous.
T1 : Théorème d’absorption
 a  1 1
 a.0  0
T2 : Théorème de De Morgan
 a  b  a.b et par extension a  b  c  .... z  a.b.c......z
 a.b  a  b et par extension a.b.c......z  a  b  c  .... z
1.3 – Identités remarquables2
 a  ab  a
 a  a.b  a  b
 Redondance : ax  bx  ab  ax  bx
1.4 – Variable booléenne

Une variable booléenne est une entité qui prend ses valeurs dans l’ensemble {0, 1}. Par exemple un
bouton peut être actionné (1) ou non actionné (0), un moteur peut tourner (1) ou être arrêté (0). Une
variable binaire peut représenter n’importe quel dispositif binaire (contact, interrupteur, lampe,
électrovanne, vérin, etc.).
Convention de nommage des synonymes des « 0 » et « 1 » : ces deux valeurs peuvent être
nommées de différentes façons.
 Niveau logique « 1 » : Vrai, Fermé, Marche, Haut, Allumé, Oui ;
 Niveau logique « 0 » : Faux, Ouvert, Arrêt, Bas, Éteint, Non.
Les trois opérations élémentaires s’appliquent sur toute variable booléenne, ce qui signifie que ces
opérations sont également binaires. Lorsqu’une opération élémentaire concerne plusieurs variables
booléennes, on obtient une fonction booléenne.

2 – FONCTIONS LOGIQUES BOOLÉENNES

On appelle fonction logique à n variables F(a,b,c,d,...,n) une application de [0,1]n dans [0,1], ce que l’on
note mathématiquement par :
0,1n 
F
0,1
Cela signifie encore que F prend sa valeur dans l’ensemble {0, 1}. Pour visualiser une fonction
booléenne, on utilise sa table de vérité. La table de vérité est composée de 2 parties :
 la partie gauche donne l’ensemble des 2n combinaisons des variables a, b, c, …, n ;
 la partie droite donne la valeur 0 ou 1 de la fonction pour chacune des combinaisons.
Exemple :

2
Qu’on peut démontrer à partir des postulats et théorèmes précédents
2
a b c F
0 0 0 0
0 0 1 1
0 1 0 1
0 1 1 0
1 0 0 1
1 0 1 0
1 1 0 0
1 1 1 1

2.1 – Fonctions booléennes élémentaires


Ce sont les trois opérations élémentaires utilisées par l’Algèbre de Boole.
2.1.1 – Fonction ET

Elle utilise l’opérateur « . ». Sa table de vérité est donnée ci-dessous.

b a F1
0 0 0
0 1 0
1 0 0
1 1 1
L’appellation ET s’explique facilement. F 1 ne vaut en effet 1 que si les variables a et b valent 1
simultanément. On écrit :
F1  a.b

2.1.2 – Fonction OU
Elle utilise l’opérateur « + ». Sa table de vérité est donnée ci-dessous.
b a F2
0 0 0
0 1 1
1 0 1
1 1 1
L’appellation OU s’explique facilement. F 2 vaut en effet 1 si l’une ou les deux variables a et b valent 1.
On écrit :
 
F2  a.b  a.b  ab  a. b  b  a.b  a  a.b soit encore : F2  a  b
2.1.3 – Fonction NON
Elle utilise l’opérateur « ». Sa table de vérité est donnée ci-dessous.
x F3
0 1
1 0

On écrit : F3  x

3
2.2 – Fonctions booléennes complémentaires
Les 3 fonctions ci-dessous complètent les 3 premières et permettent avec celles-ci d’élaborer toutes les
fonctions booléennes complexes.

2.2.1 – Fonction OU exclusif


Sa table de vérité est donnée ci-dessous.
b a F4
0 0 0
0 1 1
1 0 1
1 1 0
Par rapport au Ou simple, le Ou exclusif exclut le fait que la fonction puisse valoir 1 lorsque les 2
variables valent 1. On écrit :
F4  a.b  a.b  a  b

2.2.2 – Fonction NON ET (NAND)


C’est le complément de la fonction ET. Sa table de vérité est donnée ci-dessous.
b a F5
0 0 1
0 1 1
1 0 1
1 1 0
On écrit :
F5  a.b  a  b

2.2.3 – Fonction NON OU (NOR)


C’est le complément de la fonction ET. Sa table de vérité est donnée ci-dessous.
b a F6
0 0 1
0 1 0
1 0 0
1 1 0
On écrit :
F6  a  b  a.b

2.3 – Fonctions booléennes à n variables


Hormis la fonction NON, toutes les fonctions précédentes peuvent être étendues à n variables. Les
fonctions à n variables sont également définies par leur table de vérité.

Définition 1 : monôme booléen


On appelle monôme booléen un produit de plusieurs variables booléennes complémentées ou non.
Exemples : abc , wxyz , a , etc.

4
Définition 2 : polynôme booléen
On appelle polynôme booléen la somme booléenne de plusieurs monômes booléens. On démontre que
toute fonction booléenne peut se mettre sous forme polynomiale.
Exemple : fa,b,c  ab  abc  bc

Définition 3 : forme canonique d’une fonction booléenne


Lorsqu’une fonction booléenne de n variables s’écrit sous la forme d’un polynôme booléen composé
uniquement de monômes complets, c'est-à-dire contenant les n variables soit sous forme directe soit
sous forme complémentée, on dit que la fonction booléenne est écrite sous forme canonique.
Exemple :
 fa,b,c  abc  abc  abc  abc est écrite sous forme canonique puisque les 4 monômes
qui la composent sont complets.
 Inversement fa,b,c  ab  abc  bc n’est pas sous forme canonique.

La forme canonique d’une fonction booléenne est issue directement de sa table de vérité.
Remarque 1 : les monômes complets sont aussi appelés « minterms ». Toute fonction booléenne de n
variables comporte 2n minterms qui sont décrits sur la partie gauche de la table de vérité.
Remarque 2 : Il existe une autre forme canonique qui utilise les compléments des minterms pour lesquels
la fonction logique vaut 0. Ces éléments s’appellent maxterms et s’écrivent comme des sommes des n
variables. La seconde forme canonique s’exprime alors comme un produit de maxterms.
Application : Ecrire sous forme canonique la fonction booléenne de 3 variables a, b, c qui vaut 1
lorsqu’une majorité de variables vaut 1.
Comme on a 3 variables, majorité signifie 2 ou 3.
Table de vérité :
a b c F
0 0 0 0
0 0 1 0
0 1 0 0
0 1 1 1
1 0 0 0
1 0 1 1
1 1 0 1
1 1 1 1
Forme canonique :
F  abc  a bc  abc  abc

3 – MATÉRIALISATION DES FONCTIONS LOGIQUES BOOLÉENNES

Tout cet aspect mathématique de l’Algèbre de Boole n’a de sens que si on le met en œuvre
techniquement. Les circuits logiques peuvent utiliser différentes technologies :
 technologie électrique (relais et contacts),
 technologie électronique (circuits intégrés logiques),
 technologie pneumatique,
 technologie hydraulique.
5
Nous nous intéresserons plus particulièrement ici à la technologie des circuits intégrés. Celle-ci a
particulièrement évolué durant les 30 dernières années, passant de la logique TTL, très consommatrice
d’énergie, à la technologie TTL ALS, en passant par les technologies CMOS, voire HCMOS à très faible
consommation utile en particulier dans les systèmes embarqués (robotique, avionique, etc.).

3.1 – Représentations normalisées

La première représentation normalisée qui est apparue dans les années 1960 est la norme américaine
MILSTD 086B. Les constructeurs américains (Texas Instruments, Motorola, etc.) étaient les seuls à
proposer des circuits intégrés logiques. Elle est donc restée très longtemps la seule, mais avec le
développement du dessin assisté par ordinateur (DAO), une autre norme proposée par le CEI (Comité
Electrotechnique International) puis par l’IEEE (Institute of Electrical and Electronics Engineers) s’est
mise en place : en effet, il est plus facile comme on pourra le voir page suivante de tracer des traits
plutôt que des courbes et des cercles.

Fonction Norme MILSTD 086B Norme IEEE/ANSI 91-1984

NON 1

ET &

OU 1

OU exclusif =1

NAND &

NOR 1

Figure 2.1 – Représentation des fonctions logiques de base


3.2 – Logigramme
Un logigramme est un schéma illustrant l’expression d’une fonction logique sans tenir compte des
constituants technologiques.
Notation :
 par convention, les entrées sont notées en minuscules, les sorties en majuscules ;
 une entrée ou une sortie d’opérateur logique active à un niveau haut sera notée a, b, S, etc. ;
 une entrée ou une sortie d’opérateur logique active à un niveau bas sera notée a , b , S ,etc.;

6
 les fils peuvent se croiser sans pour autant qu’il y ait connexion ;
 attention aux raccordements de fils de liaison : mettre un point sur une liaison physique (voir
exemple page suivante).
Exemple : S  ab  c
a b c

&

=1 S

Figure 2.2 – Représentation d’une fonction logique par un logigramme


3.3 – Chronogramme
Il existe une autre façon de représenter une fonction logique appelée chronogramme ou diagramme
des temps. Les variables binaires sont représentées par un niveau de tension lorsqu’elles sont à 1.
Elles évoluent dans le temps : on représente la fonction logique résultante de ces variables également
par un niveau de tension.
Exemple : S  ab  c
a

t
b

t
S

Figure 2.3 – Représentation d’une fonction logique par son chronogramme


3.4 – Circuits intégrés logiques

Il existe dix grandes familles de circuits logiques intégrés, 8 à base de transistors bipolaire et 3 à base
de transistors bipolaire et CMOS. Nous ne rentrerons pas dans le détail de ces familles, c’est le rôle des
électroniciens ou des techniciens de maintenance.

3.4.1 – Nomenclature commerciale


La nomenclature commerciale doit permettre (facilement) de déterminer la famille logique du circuit. Les
constructeurs de circuit logiques ont finalement commencé à utiliser une nomenclature unifiée. Celle-ci
est basée sur une codification structurée en 5 champs.
1 2 3 4 5
SN 74 LS 00 N
7
1 – Identification du constructeur (SN = Texas Instruments, MC = Motorola, DM = Fairchild, etc.)
2 – Série (température), 74 = civile [0,70°] ou 54 = militaire [-55,125°]
3 – Famille (Ici LS = Low power Schottky)
4 – La référence du circuit (ici 00 = 4 Nand 2 entrées)
5 – Forme du boitier (ici N = dual in line plastique)

3.4.2 – Technologie

Les circuits intégrés classiques se présentent sous la forme de boitiers plastique « Dual in line », c'est-à-
dire dont les pattes sont disposées sur 2 rangées (voir schéma ci-dessous).

Figure 2.4 – Représentation schématique des circuits intégrés logiques


Le repérage de la numérotation des pattes s’effectue toujours « vue de dessus », l’encoche ou le point
toujours à gauche (voir schéma ci-dessous).

Figure 2.5 – Repérage de la broche n°1

Exemple : SN74LS32 – 4 portes NOR 2 entrées

Figure 2.6 – Brochage d’un circuit 74LS32

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