Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Éditorial
La digitalisation en Afrique,
et si la solution venait de là…
Le continent africain apparait encore au bas de sances l’ont compris et accomplissent de grands
l’échelle dans le classement des continents les exploits. Il est encore temps, pour ne pas pa-
plus connectés au monde. S’appuyant sur les raitre pessimiste, pour l’Afrique de rattraper ce
données de l’Union internationale des commu- retard. Certains pays africains à l’exemple de
nications (UIT), l’agence des Nations unies dé- l’Afrique du Sud, du Rwanda, du Ghana et de la
diée aux technologies de l’information et de la Côte d’Ivoire ont franchi le pas et réussissent au
communication (TIC) publiés en 2019, la Banque mieux. Pour les autres pays, pour l’Afrique dans
mondiale évoque une moyenne de 22% sa globalité le plus important est de réussir la
d’internautes en Afrique subsaharienne, contre transition numérique avec un accès à une con-
55% en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, nexion internet de qualité. Tant qu’on se conten-
pour une moyenne mondiale de 49% (contre tera de jouer aux grands contemplateurs,
81% en Europe et 77% en Amérique du Nord). l’avancée sera difficile et le réveil douloureux. On
Ces chiffres ne sont guère reluisants mais lais- reste tout de même confiant au regard de ce qui
sent envisager des perspectives pour ce conti- se développe ça et là sur le continent, tout dou-
nent à la traine. Même si cela peut paraître para- cement certes mais avec la volonté et les
doxal, l’Afrique pour diverses raisons est présen- moyens qui vont avec on y arrivera.
tée comme un terrain propice à l’émergence du Une vision plus simpliste de ce que représente la
digital et d’ailleurs vue comme un facteur de digitalisation pour les Africains voudrait qu’on se
développement. Ceci présente une opportunité focalise sur ce qui fait au sein des communautés
à la fois pour les acteurs locaux et que pour les grâce aux réseaux sociaux WhatsApp, Facebook,
investisseurs étrangers. etc.
De plus en plus on assiste à cette dynamique à Quand un commerçant assis dans un Yaar arrive
travers une floraison des start-ups et des incuba- à se faire une clientèle sur les réseaux sociaux, à
teurs sur le continent africain. De nombreuses présenter ses produits, à les vendre et en tirer
entreprises naissent sur la base du digital et aspi- profit ou lorsque certaines entreprises n’existant
rent à conquérir le marché via ce canal. Oppor- que virtuellement se font des bénéfices en
tunistes certes mais ambitieux sur un continent créant tout simplement une page ou un site
où l’accès à l’internet est en déphasage avec la web. Vision peut-être au rabais, mais c’est de là
vulgarisation et l’utilisation du téléphone mo- que naissent les grandes choses.
bile. Ce dernier étant plus accessible du fait des Alors l’Afrique a encore toutes ses cartes en main
couts d’achat à la portée de tous, de la disponibi- !
lité et du fait que son utilisation ne nécessite pas Le digital vient bouleverser les ordres, les ma-
un trop grand savoir technique. nières de vivre et d’interagir.
Une chose est d’aspirer à la digitalisation et une La pandémie de COVID-19, toujours d’actualité
autre est de mesurer les enjeux et d’en saisir les d’ailleurs, a permis d’expérimenter ces façons de
opportunités. Lesquelles opportunités sont faire, d’agir et surtout de communiquer et une
nombreuses tant dans les domaines straté- fois de plus de prouver l’intérêt d’aller vers la
giques qu’opérationnelles. Dans le secteur de digitalisation. Contre cette thèse, il y a les défen-
santé, des progrès sont réalisés aujourd’hui seurs de la socialisation, du tout ensemble ou du
grâce au digital qui permet de réduire les dis- tout rapproché pour lesquels le digital apparait
tances et de sauver des vies. Les secteurs tels comme une forme de déshumanisation de nos
que l’éducation, les finances, la planification et la sociétés. Loin de nous l’idée de contredire cela
gestion, la défense et la sécurité, l’agriculture, au regard des thèses avancées mais l’idée est
l’élevage et la transformation ne sont pas en d’accepter de changer, pour se développer et de
reste au regard des avantages que le digital repenser notre vivre ensemble.
offre. Autant de secteurs dans lesquels on peut
investir en partant du digital. Les grandes puis- Tony Syason
Hakili Times N°08 - Décembre 2020
sommaire
04 - Côte d’Ivoire
La nouvelle zone industrielle du pays en cours de développement à Akoupé-Zeudji (PK
24)
20 – Portrait
Tidjane THIAM l’As Africain de la Finance
Directrice de publication :
Aïcha DABRE
Tél : (+226) 70 20 98 64
Siège social :
Sis à Bobo-Dioulasso, secteur 05 Sarfalao
Boulevard Chalon en Champagne
Directrice commerciale
Lydia COMPAORE
01 BP : 2333 Bobo-Dioulasso 01
Tél : (+226) 53 31 02 02
Tél : (+226) 20 98 20 88
Email : ecrire@hakilitimes.com
Secrétaire
www.hakilitimes.com
Prisca DIAKITE
Tél : (+226) 20 98 20 88
Récépissé n°1997 CA-B/TGI-B/BF
4
A
20 km au nord d’Abidjan, l’État de Côte et de Yopougon au nord, et de la zone portuaire
d’Ivoire développe la plus grande zone de Port-Bouët. La zone industrielle PK 24 vise à
d’activité du pays, où des groupes natio- désengorger les zones industrielles déjà exis-
naux et internationaux s’installent progressive- tantes dans la capitale économique ivoirienne.
ment.
L'aménagement et le développement de la
Depuis 2013, La Côte d'Ivoire a commencé à di- phase initiale de la nouvelle zone industrielle
versifier son économie et a lancé une politique avaient été concédés à China Harbour
de transformation structurelle qui met l'accent Engineering Company (CHEC). Le choix du
sur l'industrialisation dans tous les secteurs. Et groupe de BTP chinois faisait suite à un appel
pour développer ces activités, l'État Ivoirien avait d’offres international lancé en 2014 d'après
lancé un programme de restauration des an- l’annonce des autorités ivoiriennes. La signature
ciennes zones industrielles et de création de de l’accord cadre de partenariat public-privé
nouvelles zones industrielles. avec CHEC pour la première phase de la création
de PK 24 portait sur une tranche d’environ 200
Piloté par l'Agence de gestion et de développe- hectares. La banque panafricaine Afreximbank
ment des infrastructures industrielles (Agedi) s'était quant à elle positionnée sur un lot de 114
depuis 2013, ce programme soutenu notam- ha, dont elle était l’aménageur et l’opérateur,
ment par le Fonds de développement des infras- pour un investissement de 300 millions de dol-
tructures industrielles (Fodi) et la Banque mon- lars.
diale (à travers le programme de financement
Bird-Enclave) concerne une dizaine Emplacement stratégique
d’agglomérations, dont Bouaké, Bonoua,
Korhogo, Odienné, Séguéla et Yamoussoukro. En raison de son emplacement stratégique, le
Situé sur l’autoroute du nord, principale voie site a attiré l'attention de nombreux groupes
d’accès à la capitale économique ivoirienne, ce internationaux. En effet, la zone industrielle
site est la quatrième zone industrielle d’Abidjan, d'Akoupé-Zeudji, également connue sous le
après celles de Koumassi dans les quartiers sud nom de PK 24, est située sur l'autoroute nord,
l'axe principal relie Abidjan à la zone intérieure rapidement. Lors de la visite des chantiers de la
et aux pays voisins (Mali, Burkina Faso, Libéria et nouvelle zone industrielle PK 24 Akoupé-Zeudji,
Guinée). Il offrira une énorme capacité supplé- le mercredi 13 mai 2020. Il a alors pu constater le
mentaire de stockage et d'entreposage pour le niveau d’évolution des travaux d’aménagement
capital économique, qui n'est plus suffisante au des voies d’accès de la parcelle de 124 hectares
port d'Abidjan. avec l’entreprise SOUROUBAT et de ceux de
Vivier d’emplois l’aménagement de la parcelle de 127 hectares
avec l’entreprise CHEC. « Le projet de la nouvelle
Plus de 70 hectares de terres ont été attribués à zone industrielle PK 24 Akoupé-Zeudji vise à
68 entreprises. Fin 2019, le groupe belge Sea- doter la Côte d’Ivoire, d’une zone industrielle
Invest a obtenu la propriété foncière avec un moderne répondant aux standards internatio-
investissement de 30 millions d'euros pour la naux afin d’y attirer des opérateurs écono-
construction d'entrepôts et de parkings. miques nationaux et internationaux », a-t-il con-
Brassivoire, un consortium composé des géants fié.
néerlandais de la bière Heineken et du français
CFAO, y a construit une brasserie pour un coût Le Ministre chargé de l’Industrie a cependant
de 150 millions d'euros. Le conglomérat turc regretté que les travaux qui étaient si bien lancés
Limak et le franco-marocain Nexans ont égale- par le Gouvernement soient aujourd’hui freinés
ment installé des cimenteries. à cause des différentes implications dues à la
pandémie de la COVID-19. « Ces chantiers, qui
sont essentiels pour doter notre pays d’une pla-
teforme industrielle moderne, doivent se pour-
suivre tout en respectant les mesures sanitaires,
afin de préparer la reprise économique de
l’après Covid-19. », a insisté le Ministre
Souleymane Diarrassouba.
La superficie finale du site prévoit de couvrir 940
hectares. La zone industrielle d’Akoupé-Zeudji a
été créée après l’accession du président
Alassane Ouattara au pouvoir en 2011, dans le
but de désengorger les sites déjà existants et
d’absorber une croissance économique déjà
« Le projet de la nouvelle zone industrielle PK 24 soutenue.
Akoupé-Zeudji vise à doter la Côte d’Ivoire,
d’une zone industrielle moderne répondant aux
standards internationaux afin d’y attirer des opé- Raziel BACKOULAS
rateurs économiques nationaux et internatio-
naux »
L'État Ivoirien a prévu d'aménager 200 hectares
supplémentaires grâce à des partenariats public-
privé (PPP). "Nous allons nous étendre par
étapes. Notre objectif est de rendre opération-
nelle cette zone industrielle, qui sera un impor-
tant vivier d’emplois", explique le ministre du
Commerce et de l'Industrie Souleymane
Diarrassouba, qui mobilise ses équipes pour que
ce nouveau projet d’aménagement aboutisse
D
epuis les Indépendances, les États
d’Afrique subsaharienne ont eu la vo-
lonté d’impulser le développement de
leurs territoires ruraux, notamment en introdui-
sant et en encourageant la diffusion des cul-
tures de rente (le coton, le café, le cacao,
l’anacarde, les arachides pour l’Afrique de
l’Ouest). Les agriculteurs dont on attendait
qu’ils adoptent les cultures que l’État et ses Ces actions menées successivement, parallè-
agents leur incitaient fortement à adopter, lement ou complémentairement, peuvent être
étaient considérés comme sujets passifs du divisées en catégories ou systèmes, tels que: la
développement plutôt que comme acteurs des production, la transformation, les ventes et la
politiques. Aujourd’hui, les cultures de rente consommation. Chacun de ces ensembles
sont incluses dans des filières globalisées dans contient une série d'actions plus ou moins im-
lesquelles les agriculteurs sont reconnus portantes qui permettent de passer d'un en-
comme acteurs à part entière, en interaction semble à un autre dans l'ordre logique d'inter-
avec les grossistes régionaux, les structures vention. On parle d'actions en amont ou en
d’encadrement nationales, les grandes entre- aval dans l'industrie. Ces ensembles peuvent
prises agro-alimentaires internationales, etc. Le eux-mêmes être décomposés en sous-
face-à-face entre les services de l’État et les ensembles.
paysans est dépassé.
L’analyse par filière économique est celle qui Historiquement, la culture commerciale de
permet de gérer en amont et en aval l’anacarde s’est d’abord développée en Inde et
l’organisation économique d’un pays, cette au Brésil dès le début du XXème siècle avec les
organisation s’effectue sur un plan linéaire et premiers cas de transformation à échelle in-
complémentaire du système économique d’un dustrielle, puis au Mozambique à partir des
produit ou d’un groupe de produits. Elle est la années 1950. Elle s’est ensuite étendue dans
suite d’actions menées successivement, paral- les autres pays producteurs sous l’influence de
lèlement ou complémentairement par des ac- la demande mondiale croissante et grâce à des
teurs pour produire, transformer, vendre et transferts de technologie le plus souvent
consommer un produit. Ce produit peut être poussés par des politiques publiques orien-
indifféremment agricole, industriel, artistique, tées vers le développement de l’agro-
informatique, etc. industrie.
“
La Côte d'Ivoire est de loin le premier
producteur africain de noix de cajou
et le premier mondial.
s'accroît progressivement. La noix de cajou est
une source importante de revenus pour des
milliers de petits exploitants agricoles et sou-
tient leurs moyens de subsistance, en particu-
Pour la Côte d'Ivoire, la filière anacarde offre lier pendant la période de soudure.
un énorme potentiel social, écologique et
La filière anacarde au Mozambique et
économique. La production de noix de cajou
brute (NCB) augmente d'environ 10% par an.
en Sierra Leone
Avec un volume de production annuel de plus Au Mozambique, le secteur agricole est un
de 750.000 tonnes (MT) en 2018, la Côte secteur important de l'économie. Elle emploie
d'Ivoire est de loin le
environ 84% de la main-
premier producteur afri- d'œuvre et contribue à
cain de noix de cajou et
28% du produit intérieur
le premier mondial. En brut (PIB), dont 3% est
Côte d'Ivoire, la noix de
généré par le secteur de
cajou est cultivée par en- la noix de cajou.
viron 330.000 produc-
teurs, regroupés en 20 Environ 42% des agricul-
coopératives. La filière teurs au Mozambique
nourrit environ 1.5 mil- ont des plants de noix de
lion de personnes, direc- cajou, bien qu'un agriculteur ne possède en
tement et indirectement. Aujourd'hui, environ moyenne que dix à vingt arbres.
90% de la production ivoirienne de noix de
cajou est exportée sous forme de noix de La noix de cajou est une culture de rente
cajou brutes (NCB), ce qui procure au pays des émergente qui a le potentiel d'avoir un impact
recettes d'exportation considérables. Ainsi, la économique important en Sierra Leone, tant
noix de cajou est non seulement une source au niveau des ménages qu'en tant que produit
essentielle de revenus pour les agriculteurs, d'exportation, étant donné son marché en ex-
mais constitue également une source essen- pansion et sa valeur et sa demande en cons-
tielle de recettes fiscales pour l'État ivoirien, tante augmentation. Avec un faible besoin en
qui taxe les exportations de noix de cajou et intrants, la noix de cajou est une culture idéale
réinvestit ces ressources dans la filière. pour les petits exploitants et aussi une bonne
culture d'arbres pour la conservation des sols
LA CULTURE DE L'ANACARDE AU et l'atténuation du changement climatique.
GHANA
La Sierra Leone dispose d'un potentiel élevé
L'agriculture est le secteur prédominant dans de production de noix de cajou comparable à
l'économie du Ghana. Elle contribue à 22% du celui de la Guinée-Bissau. La noix de cajou est
produit intérieur brut (PIB) et emploie environ considérée comme l'une des cultures arbori-
45% de la population active. Le sous-secteur coles à venir en Sierra Leone et le gouverne-
de la noix de cajou a pris de l'ampleur à me- ment a déclaré la noix de cajou
sure que la reconnaissance de l'État
Traditionnellement, en
Afrique de l’ouest le sésame
est utilisé pour son huile, la
grande majorité du sésame
produit est destiné à
l’exportation plutôt qu’à
l’auto consommation, il est
considéré exclusivement
comme une culture de
rente destinée à
l’exportation et non comme
l’acquisition des animaux
une culture de substance Ouagadougou, le kilo de de traits, la construction
sésame blanc était revendu des maisons, l’acquisition
pour le marché intérieur. En
aux exportateurs à 620-625 des équipements de pro-
Afrique de l’ouest la cam-
FCFA. Au Sénégal, ‘’la de- duction de sésame et
pagne du sésame bat son
mande s’accélère face à une d’autres produits,
plein. En effet au Burkina
bonne offre’’, souligne le l’acquisition des vivres pour
Faso la filière sésame est
spécialiste. ‘’Les acheteurs les familles…
l’une des principales filières
reçoivent de plus en plus
porteuses, avec plus de 76
des commandes interna- En effet, les transporteurs
milliards de FCFA acquis en
tionales importantes les de sésame estiment que
2013, pour un volume
obligeant à entretenir une leur activité a un impact so-
d’exploitation de 113000
forte concurrence qui main- cial et économique positif
tonnes (Apex-Mica, 2013).
tient les prix toujours sur leur condition de vie.
Ces performances placent la
hauts’’, de l’ordre de FCFA Tous les transporteurs sont
filière au 12eme rang
550 à 600 bord-champs. Au unanimes du fait que le
mondial des grands pro- Mali, ‘’Le volume et le transport du sésame con-
ducteurs de sésame et au nombre des échanges sont tribue à l'amélioration de
5eme rang des exporta- importants alors l’offre di- leur condition de vie ainsi
teurs de sésame en Afrique minue progressivement’’ et que leur famille. Aux titres
après l’Éthiopie, le Soudan, que les stocks baissent. Les des réalisations écono-
la Tanzanie et le Nigéria prix bord-champ varient miques les transporteurs
(Trade MAP). En 2018, entre 400 et 500 FCFA. Pour citent des équipements de
d’après N’kalou, le service ne citer que ceux-là… confort pour les familles,
d’information et de conseil l’acquisition d’équipements
Au titre des réalisations de transport de sésame et
spécialisé de Rongead, au
économiques attribuables d’autres produits.
Burkina Faso ‘’l’offre est
aux revenus du sésame, les
présente et la demande
acteurs de la chaîne de va-
reste soutenue’’. Les prix Noura KIMBEMBE
leur de la filière sésame au
bord-champs variaient
Burkina Faso citent : la sco-
entre 500 à 550 FCFA le kilo,
larisation des enfants,
tandis qu’à
L
grès économique, et les entrepreneurs sont les
e boom démographique que connais- agents de l’innovation ».
sent les pays d’Afrique de l’Ouest pro-
voque l’arrivée de plus en plus de jeunes Que ce soit pour survivre ou pour innover et
sur le marché du travail qui n’arrive pas à les saisir une opportunité de marché, il reste diffi-
absorber. Beaucoup de ces jeunes se tournent cile d'entreprendre en Afrique de l’Ouest.
donc vers l’entrepreneuriat. Mais assez sou- L’accès au financement bancaire est rare, le
vent, il s’agit d’un entrepreneuriat de subsis- cadre juridique et fiscal est souvent inadapté
tance et informel. Contrairement à un entre- aux besoins des jeunes entreprises, et il existe
preneuriat de croissance et d’innovation, peu de données fiables sur les marchés. Pour
l’entrepreneuriat de pallier ces difficultés et aider les
subsistance n’est pas entrepreneurs à faire face à ces
générateur d’emplois contraintes, une multitude de
pérennes et n’est structures d’accompagnement à
donc pas moteur de l’entrepreneuriat voient le jour
développement éco- dans certains pays de la sous-
nomique. région comme le Sénégal, le
Burkina et le Benin. Celles-ci peu-
L’entrepreneuriat in- vent prendre diverses formes : les
novant est un facteur incubateurs qui accompagnent les entrepre-
déterminant de la croissance : il stimule la neurs en début de parcours, les FabLabs (labo-
productivité, crée des emplois et contribue à ratoires de fabrication) qui permettent à des
améliorer la qualité de vie des citoyens. Les innovateurs de développer un produit, les ac-
entrepreneurs dits « de croissance » sont les célérateurs qui accompagnent au passage à
moteurs de cette innovation, et contribuent l’échelle des entreprises, entre autres. Le dé-
au développement économique et social du- nominateur commun entre ces structures est
rable de leurs sociétés. Joseph Schumpeter di- l’accompagnement personnalisé qu’elles pro-
sait : « l’innovation est la force motrice du pro- posent aux entrepreneurs, via une grande di-
versité de services, la mise à disposition de lo- entreprise à comprendre son marché et les op-
caux, le coaching, le networking, l’accès au fi- portunités d’affaires qui en découlent et
nancement qui agissent comme des leviers à l’accompagne dans sa recherche de finance-
l’innovation. ments grâce à ses relations étroites avec no-
tamment les fonds d’amorçage. On peut éga-
lement compter d’autres startups comme Oua-
gaLab créé en 2011, Jokkolabs, SiraLab, ou
LaFabrique qui apportent une grande aide dans
l'écosystème entrepreneurial.
ciennes comme le CTIC en se spécialisant dans riode de 3 à 6 mois, les startups qu’ils « cou-
des domaines plus précis et en proposant de vent » sont dotés d’une technologie, d’une
nouveaux modèles économiques. Ainsi Con- formation, d’un espace de travail et d’un fi-
cree, grâce à son réseau et son expérience a nancement complets pour transformer leurs
acquis des compétences plus fines autour des idées en nouvelles entreprises grâce à des
projets liant agriculture et technologie. Impact modèles commerciaux évolutifs.
Dakar à l’image d’un NUMA à Paris a investi
dans des espaces flambants neufs avec un
équipement de pointe pour répondre à tous
types d’exigences d’entreprises nécessitant
une location pour des actions en lien avec
l’innovation. COFINA (Startup House), incuba-
teur créé par le Groupe Cofina en partenariat
avec de grands groupes et structures évoluant
dans des domaines d’activité variés : systèmes
d’information, télécommunications, expertise
comptable, assistance juridique et fiscale,
communication, social media, formation en
entrepreneuriat, etc.
E
n dépit des performances macroéco- 2008 est l’un des pôles de développement ma-
nomiques réalisées sur la période 2000- jeur pour le pays. Et l’un des principaux chan-
2010, la politique économique et sociale tiers du PDIS est la construction du barrage de
n’a pas permis une réduction significative de la Samendéni d’une capacité de plus de 1 mil-
pauvreté, au regard notamment de la forte liard de m3 d’eau, installé sur le fleuve
croissance démographique. Fort de ce constat, Mouhoun, et d’une centrale électrique qui
le Burkina Faso avait opté en décembre 2010 permettra une production annuelle de 16,8
pour l’approche « pôles de croissance » en tant GWh. Fin 2013, le complexe était réalisé à 50
qu’outil pouvant l’aider à accélérer la crois- %. Le barrage de Samendéni est prévu pour
sance dans le cadre de la mise en œuvre de la être exécuté en plusieurs phases pendant 20
Stratégie de croissance accélérée et de déve- ans. Le plan d’eau offre plusieurs opportunités
loppement durable (SCADD). d’affaires dans plusieurs secteurs d’activités.
Raziel BACKOULAS
S
L'Afrique subsaharienne présente de nom-
i les effets de la pandémie de coronavi-
breux avantages et défis à long terme.
rus (COVID-19) n’ont pas été aussi dra-
matiques que prévu en Afrique subsaha-
rienne, ils ont tout de même porté un coup Avec un marché de 1,2 milliard d'habitants et
dur à l'économie de la région. Les efforts pour la plus grande zone de libre-échange au
arrêter la propagation du virus ont interrompu monde, le continent africain s'engage dans
ou inversé les avancées économiques, déclen- une toute nouvelle voie de développement
chant la première récession dans la région de-
qui utilisera l'énorme potentiel de ses res-
puis 25 ans, et le bout du tunnel est encore
sources humaines et naturelles.
loin. D’autant que la crainte d'une éventuelle
deuxième vague de l’épidémie crée de nom-
breuses incertitudes quant à l'avenir écono- L'instabilité de la conjoncture internationale
mique de la région. due à la pandémie de COVID-19 (coronavirus),
qui affecte gravement la vie humaine et fait devrait fortement reculer de 2,4 % à une four-
peser une forte pression sur le système de san- chette comprise entre -2,1 et -5,1 %, plongeant
té, a des effets néfastes sur la situation de la région dans sa première récession depuis
l’Afrique subsaharienne. Les conséquences plus de 25 ans.
“
économiques et sociales de la région sont
énormes. Les pertes de production sont esti-
mées entre 37 et 79 milliards de dollars en La pandémie de COVID-19 a
2020. La productivité agricole a diminué, les gravement perturbé l’activité
chaînes d'approvisionnement se sont affai- économique en Afrique
blies, les tensions commerciales se sont ac-
subsaharienne, mettant en péril une
crues, les perspectives d’emploi sont limitées
et les incertitudes politiques et réglementaires décennie de progrès économiques
se sont aggravées. La croissance économique durement acquis.
devrait entre 2019 et 2020
Tidjane THIAM
l’As Africain de la Finance
21
P
remier Africain à avoir dirigé un géant
Thiam, né en 1962, est le seul noir a avoir diri- intérêt pour l’école, l’un de ses frères demanda
gé pendant cinq ans la banque zurichoise au président ivoirien d’intervenir. Celui-ci con-
Credit Suisse avant de démissionner le 7 voqua M. Thiam et ses parents pour ouverte-
auquel il est lié par sa mère. Monsieur Thiam a Toujours en tête tout au long de son
été élevé dans la religion musulmane. Sa mère, parcours exceptionnel
Marietou ne savait pas écrire mais elle élevait
M. Thiam excella rapidement, et en 1984, de-
ses enfants dans un esprit perfectionniste.
vint le premier Ivoirien diplômé de la presti-
“Être galant, respecter le personnel de maison
gieuse École Polytechnique de Paris. Il obtint
à notre service — là-dessus, elle était impi-
ensuite un diplôme d’ingénieur et une maî-
toyable. Ne pas mentir, être ponctuel, ne pas
trise en administration des affaires, travailla à
dire de gros mots, faire preuve de solidarité”,
la Banque mondiale, puis au bureau parisien
se rappelle Yamousso Thiam, la plus jeune des
de la société de conseil McKinsey.
sœurs de M. Thiam, lors d’un entretien.
« Des années plus tard, en 1994, le jeune
d’Afrique » lancés par le président Henri Konan milliards d’euros, contre une perte de 300 mil-
Bédié. D’abord directeur général du Bureau lions d’euros au premier semestre 2009, juste
national d’études techniques et de dévelop- avant l’arrivée de l’Ivoirien. (Jeune Afrique)
pement (BNETD), chargé des grands travaux, il
force mise en place en avril par l’Union Tidjane Thiam reste en ce jour le premier Noir
africaine pour collecter des fonds à l’étranger à avoir dirigé un géant de la City – l’assureur
contre le Covid-19 avant de rejoindre, en juin, Prudential -, le seul Africain à être nommé à la
le conseil d’administration du groupe de luxe tête de l’un des plus grands groupes ban-
français Kering. Des fonctions certes presti- caires au monde, Crédit Suisse.
gieuses, mais bien loin des capacités montrées
Le Franco-Ivoirien aime aussi rappeler qu’il a
jusqu’alors par l’as africain de la finance inter-
conseillé Barack Obama. Il a notamment tra-
nationale.
vaillé avec les équipes du président américain
sur son projet énergétique pour l’Afrique et l’a
accompagné en Tanzanie en juillet 2013.
Raziel BACKOULAS
Le Digital en Afrique : acteurs et difficiles d'accès dans des domaines tels que la
opportunités économiques pour les
entreprises publiques et privées. santé, l'éducation et les finances.
L
e digital occupe une place de plus en
Nous observons une prise de conscience des
plus importante dans les États Afri-
autorités pour qui le digital constitue une op-
cains. On assiste à de forte progression
portunité sans précédent d’amélioration des
des réseaux mobiles, au déploiement du haut
services aux citoyens et entreprises, notam-
débit et à l’émergence d’une multitude de
ment en matière de télédéclaration, collecte de
start-up ; toutes choses qui montrent quand
l’impôt, mise à disposition des documents ad-
même que ce continent innove à grande vi-
ministratifs et réduction du poids du secteur de
tesse avec des usages et des solutions du quo-
l’informel. La création d’une agence du déve-
tidien qui tiennent comptent des spécificités
loppement digital au Maroc, ou encore le
locales. La connectivité fournie par la télépho-
Rwanda et son "Smart Rwanda Master Plan",
nie permet aux populations d'accéder à des
démontrent le dynamisme et volontarisme
services qui étaient autrefois
dont le continent fait preuve.
En raccourcissant le long chemin de dévelop- vantes connaît une forte croissance et une re-
pement que les pays plus avancés ont déjà connaissance mondiale auprès des investis-
réalise en effet un saut « quantique » vers la marque que l’Afrique du Sud, le Ghana, le
digitalisation. C'est le véritable changement de Nigéria et le Kenya disposent d’un cadre favo-
paradigme auquel nous assistons aujourd'hui. risant l’éclosion de start-up. Juste derrière sui-
Il s'agit d'une révolution de la gestion directe vent certains pays qui créent les conditions
du changement vers le digital. Les jeunes sont nécessaires pour la création d’un écosystème
la principale cible et ils peuvent rapidement solide comme le Maroc, la Tunisie, le Sénégal
l’Afrique aujourd'hui nécessite d’investir de tinent qui ne cesse de démontrer, jour après
façon structurée, coordonnée, avec un rythme jour, sa capacité d’innovation. C’est sur ce con-
accéléré et soutenu dans des actions plurielles. tinent que les usages de demain se créent.
à la résolution du problème.
Afrique.