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UNIVERSITE IBN ZOHR

ANNEE UNIVERSITAIRE 2021/2022

LICENCE DE DROIT PUBLIC

Groupe B

Semestre 4

Module « Droits de l’Homme et libertés publiques »

Pr. Omar QAISSI

SUPPORT DE COURS
(PREMIERE PARTIE)

INTRODUCTION GENERALE
- Qu’est ce que les droits de l’Homme ?
- Les droits de l'homme sont un « ensemble de droits, libertés et prérogatives
reconnus aux hommes en tant que tels »1, c'est-à-dire en leur seule qualité
d'être humain. Le doyen Yves MADIOT présente les droits de l'homme
comme « des droits subjectifs qui traduisent dans l'ordre juridique, les
principes naturels de justice qui fondent la dignité de la personne
humaine »2

- Mettant l'accent sur le fait que l'homme est un individu, Jeanne HERSCH
considère les droits de l'homme comme « des droits individuels, naturels,
primitifs, absolus, primordiaux ou personnels. Ce sont des facultés, des
prérogatives morales que la nature confère à l'homme en tant qu'être
intelligent »3
- Quant à VINCENSINI, il considère les droits de l'homme comme « des
prérogatives gouvernées par les règles reconnues par le droit
constitutionnel et le droit international qui visent à défendre les droits de la
personne dans leurs relations avec le pouvoir de l'Etat et avec les autres
personnes et qui tendent à promouvoir l'établissement des conditions
permettant de jouir effectivement de ces droits »4.
1
GRAWITZ, M. Lexique des sciences sociales, 7 ème édition, Paris, 2000, p 135.
2
MADIOT, Y, Cité par AHDAZI NONOU (Koffi), Séminaire sur les droits humais et développement, Cotonou,
Chaire UNESCO, DEA/DHD, décembre 2004, p 9.
3
HERSCH, J ( dir), Le droit d’être un homme. Anthologie mondiale de la liberté, Paris. JCL/UNESCO, 1990 , p
129.
4
VINCENSINI. J, Le livre des droits de l’Homme, Robert Laffont, Paris, 1985, p 12.

1
- Caractéristiques des doits de l’Homme

A. L'inhérence à l'être humain.

Les droits humains ne doivent pas être octroyés, achetés, gagnés ou obtenus par
héritage. Ils appartiennent aux gens simplement parce qu'ils sont des êtres humains.
A ce titre, les droits humains sont « inhérents » à chaque individu.

B. L'universalité.

Les droits de l'homme sont les mêmes pour tous les humains sans considération de
la race, du sexe, de la religion, de l'ethnie, de l'opinion politique ou autre, de
l'origine sociale ou nationale. Tous les hommes sont nés libres et égaux en dignité
et en droit. Les droits humains sont « universels » parce qu'ils s'appliquent à tout le
monde. Mais cette universalité est le plus souvent mise en mal par certains
éléments inévitables liés à l'environnement et à la culture ainsi qu'aux civilisations. .

C. L'inaliénabilité

Ces droits ne peuvent être enlevés car personne n'a le droit de priver une autre
personne de ses droits sous aucun prétexte. Les gens ont toujours des droits
humains même si les lois du pays ne les leur reconnaissent pas, ou quand elles les
violent. Par exemple, quand l'esclavage est pratiqué, les esclaves ont toujours leurs
droits même s'ils sont violés ou bafoués. Ainsi, on dit que les droits de l'homme
sont inaliénables.

- Les différentes catégories des droits de l’Homme


En règle générale, les droits humains sont répartis dans différentes catégories qui
relèvent de contextes  historiques distincts. On admet habituellement trois catégories
principales : 1) les droits civils et politiques (également appelés libertés et droits
fondamentaux), 2) les droits économiques, sociaux et culturels (également appelés
droits sociaux) et 3) les droits collectifs.
- Les libertés et droits fondamentaux
La première catégorie de ces droits comprend le droit de se défendre contre l’ingérence de
l’Etat et elle vise à sauvegarder le droit d’engager une procédure et à garantir la liberté
d’action de l’individu. Les origines des libertés et droits fondamentaux remontent à l’Europe
du 13e siècle : pour la première fois, la bourgeoisie montante réussit, par la Magna Charta
Libertatum anglaise de 1215, à arracher certains droits à la monarchie absolutiste. La Petition

2
of Rights de 1628 garantit aux sujets anglais pour la première fois la sécurité de la personne et
de la propriété. L’Acte de l’Habeas Corpus de 1679 protège des arrestations arbitraires. Quant
aux premières déclarations générales des droits humains, elles datent du 18e siècle : la
Virginia Bill of Rights en 1776 et la Déclaration française des droits de l’homme et du citoyen en
1789.

Au niveau international, les libertés et droits fondamentaux ont un caractère juridique


obligatoire depuis la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. Ils sont définis
au niveau européen depuis 1951 par la Convention européenne des droits de l’homme et, plus
largement, depuis le Pacte international sur les droits civils et politiques de 1966. Pour
l’essentiel, ils comprennent les droits suivants : l’interdiction de la discrimination, le droit à la
vie, l’interdiction de la torture et de traitements inhumains, l’interdiction de l’esclavage, la
liberté d’opinion et d’expression, la liberté de pensée, de conscience et de religion, la liberté
d’association et de réunion, la protection de la sphère privée et de la vie de famille, et le droit
à une procédure judiciaire équitable.

- Les droits économiques sociaux

Les droits humains sociaux visent à protéger l’individu contre l’exploitation et à lui
donner le droit de participer à la richesse sociale. Ils ont été revendiqués pour la première fois
en réponse à l’industrialisation déséquilibrée de la seconde moitié du 19e siècle. Ils ont été
définis au niveau international par la Charte sociale européenne de 1960 et par le Pacte
international sur les droits économiques, sociaux et culturels de 1966. Les droits suivants sont
inscrits dans le Pacte de 1966 : le droit au travail, le droit à des conditions de travail correctes
et acceptables, le droit de s’associer au sein de syndicats, le droit à la sécurité sociale, à la
protection de la famille, de la maternité et des enfants, le droit à un niveau de vie convenable
(alimentation, habillement, logement), ainsi qu’à une constante amélioration des conditions de
vie, le droit à la santé, le droit à l’éducation, le droit de participer à la vie culturelle, aux
progrès scientifiques et à leurs applications ainsi que le droit à la protection de la propriété
intellectuelle.
- Indivisibilité des libertés et droits fondamentaux et des droits sociaux
- La séparation des libertés et droits fondamentaux ainsi que des droits sociaux en deux
catégories s’explique par des raisons historiques et repose sur les débats idéologiques
durant la guerre froide : l’Occident capitaliste orienté vers le marché favorisait les
libertés et droits fondamentaux, alors que les pays communistes étaient d’avis qu’il
fallait donner la priorité à la garantie des droits humains sociaux. Il serait cependant
faux d’établir une hiérarchie entre les droits humains : en dehors des droits collectifs
(voir ci-après), il est en effet aujourd’hui reconnu que tous les droits humains sont
égaux, liés entre eux et complémentaires. Ceci a été explicitement reconnu par la
communauté internationale lors de la Conférence des droits humains de Vienne en
1993.
- Les droits collectifs
Les droits collectifs représentent les droits humains dits de la « troisième génération ».
Ils sont représentés par le « droit à l’autodétermination des peuples » dans l’article
premier des deux pactes internationaux. Ce sont principalement les défenseurs des droits
humains du Sud qui, dans les années septante du 20e siècle, ont demandé un élargissement
des droits humains collectifs. Ils ont été introduits dans la Convention africaine des droits
de l’homme (Charte de Banjul des droits de l’homme et des peuples du 27.06.1981, art.
20-24), en tant que droit des peuples à disposer de leurs richesses naturelles, droit au
développement, à la paix et à la sécurité, ainsi que droit à un environnement satisfaisant.
3
Cependant, la conception juridique de ces dispositions n’a pas encore été clarifiée à ce
jour ; les questions liées à l’engagement des parties (Etat, communauté internationale,
individu ?) et à la question de savoir qui y a droit (l’individu, un groupe de personnes, par
ex. les minorités ou les groupes de peuples autochtones, les Etats ?) n’ont pas trouvé de
réponses faisant l’unanimité et n’ont pas été définies. De plus, la manière dont ces droits
sont applicables n’a pas été clarifiée. Seul le droit au développement jouit aujourd’hui
d’une certaine reconnaissance puisqu’il est régulièrement à l’ordre du jour de l’agenda des
Nations unies.

- Que signifie la protection des droits de l’Homme

D'après le Dictionnaire Larousse, « la notion de protection renvoie à l'action de prendre


la défense de quelqu'un ou de quelque chose ; il est ainsi garanti une certaine sécurité au
sujet protégé ». Gérard Cornu définit quant à lui la protection comme « étant une
précaution qui, répondant au besoin de celui ou de celle qu'elle couvre, et répondant en
général à un devoir pour celui qui l'assure, consiste à prémunir une personne un bien contre
un risque, à garantir sa sécurité et son intégrité, etc., par des moyens juridiques ou matériels.
Elle désigne aussi bien l'action de protéger que le système de protection établi (mesure,
régime, dispositif) »19(*). 

Brugnion estime pour sa part que « le concept de protection possède une dimension
essentiellement pratique : protéger n'est ni dire ni écrire, c'est aussi, essentiellement
intervenir, agir. »20(*).

Dans l'affaire SERAC et Autres c. Nigeria, la Commission africaine des droits de l'homme


et des peuples donne une définition plus intéressante de la notion de protection qui est d'après
l'institution de Banjul, une obligation à la charge de l'Etat en vertu de ses obligations en
matière de droits de l'homme. Selon la Commission, l'Etat est tenu de protéger les détenteurs
de droits contre d'autres individus, par la législation et la mise à disposition de recours
effectifs. Cette obligation précise t-elle, requiert de l'Etat de prendre des mesures pour
protéger les bénéficiaires des droits protégés contre les ingérences politiques, économiques et
sociales. La protection conclut-elle enfin, exige généralement la création et le maintien d'un
climat ou d'un cadre par une interaction effective des lois et règlements, de manière à ce que
les individus puissent exercer librement leurs droits et libertés21(*)

- Les droits de l’Homme et le droit international


Le DIDH est un ensemble de règles internationales d’origine conventionnelle ou
coutumière, sur la base desquelles les individus ou les groupes peuvent escompter et/ou exiger
un certain comportement ou certains avantages de la part des États. Les droits de l’homme
sont des droits inhérents à chaque individu, en tant qu’être humain. De nombreux principes et
directives non conventionnels (soft law) font aussi partie des normes internationales des droits
de l’homme.

Les principales sources conventionnelles du DIDH sont les Pactes internationaux relatifs
aux droits économiques, sociaux et culturels (1966) et aux droits civils et politiques (1966),

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ainsi que les Conventions sur le génocide (1948), l’élimination de la discrimination raciale
(1965), la discrimination à l’égard des femmes (1979), la torture (1984) et les droits de
l’enfant (1989). Les principaux instruments régionaux sont la Convention européenne de
sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales (1950), la Déclaration
américaine des droits et devoirs de l’homme (1948), la Convention américaine relative aux
droits de l’homme (1969), et la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples (1981).

I) LES MECANISMES DE PROTECSTION INTERNATIONALE


DES DROITS DE L’HOMME

§1) Le Conseil des droits de l’Homme

C’est un organe de l’Assemblée Générale des Nations Unies, basé à Genève et


composé de délégations d’État. Le Conseil définit les grandes orientations en matière de
politique, examine les problèmes qui se posent en matière de droits de l’homme, élabore de
nouvelles normes internationales et en surveille l’application partout dans le monde. Le
Conseil offre également aux Etats et aux organisations internationales une tribune pour
exprimer leurs préoccupations au sujet des droits de l’homme.

De plus, il est habilité à évaluer la situation des droits de l’homme partout dans le
monde, et à étudier les éléments d’informations présentés par les Etats, les organisations non-
gouvernementales, et d’autres sources. Ceci passe par différents mécanismes :

A) Les procédures
On distingue deux types de procédures :
1) Les procédures spéciales
Ce sont des procédures par lesquelles des experts indépendants en matière de droits de
l’homme émettent des recommandations sur les droits de l’homme dans une perspective
thématique ou dans le cadre d’un pays en particulier. Le système des Procédures Spéciales
est un élément central du système des Nations Unies et couvrent tous les droits humains,
qu’ils soient civils, économiques, culturels, politiques ou sociaux. A ce jour, il existe 41
mandats thématiques (par exemple sur les détentions arbitraires, sur le droits des peuples
indigènes, les droits humains des migrants…) et 14 mandats se concentrant sur
un pays (par exemple sur la situation des droits de l’homme en Côte d’Ivoire, au
Cambodge, en Haïti…).

B) Les procédures de plainte


Le Conseil dispose également d’une procédure de plainte, par laquelle tout individu,
groupe ou organisation non-gouvernementale estimant être victime d’une violation des droits

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de l’homme ou ayant une connaissance directe et sûre d’une violation des droits de l’homme
peut soumettre une plainte au Conseil.

C) L’Examen périodique universel

Ce mécanisme Il consiste à passer en revue les réalisations de l’ensemble des États


membres de l’ONU dans le domaine des droits de l’homme. Il fournit à chaque État
l’opportunité de présenter les mesures qu’il a prises pour améliorer la situation des droits
de l’homme sur son territoire et remplir ses obligations en la matière. L’objectif ultime est
d’améliorer la situation des droits de l’homme dans tous les pays et de traiter les violations
de ceux-ci, où qu’elles se produisent.

Par ce mécanisme, la situation des droits de l’homme de tous les pays membres de l’ONU
est examinée tous les quatre ans et demi. 42 États sont examinés chaque année, lors de trois
sessions de 14 pays chacune. Chaque gouvernement doit préparer un rapport national qui sera
examiné par le Conseil. Les organisations de la société civile sont autorisées à soumettre des
rapports qui seront également examinés par le Conseil. A l’issue de chaque session, le Conseil
émet des recommandations à l’État examiné qu’il devra mettre en œuvre avant l’examen
suivant, quatre ans et demi plus tard.

§2) Les organes de traité des Nations Unies

A) La procédure devant les organes de traité

A côté du Conseil et de ses mécanismes, il existe plusieurs organes de traité des


Nations Unies, qui sont composés d’experts indépendants. Chaque organe surveille la mise en
œuvre d’un traité spécifique garantissant des droits humains.

1) Examen de Rapports périodiques et de Rapports Parallèles

En signant un traité, chaque État assume l’obligation légale de mettre en œuvre les
droits reconnus par ce traité. Mais ce n’est pas tout : l’État en question a également
l’obligation de soumettre des rapports périodiques à l’organe de traité compétent sur la
manière dont ces droits sont mis en œuvre.

En plus du rapport soumis par l’État partie, les organes de traité peuvent recevoir des
informations sur la situation des droits de l’homme dans un pays par d’autres sources, que ce
soient des institutions nationales pour les droits de l’homme, des organisations de la société
civile, des entités nationales ou internationales des Nations Unies, d’autres organisations
intergouvernementales, ou des groupes professionnels et des institutions académiques. Ces
rapports sont appelés des rapports parallèles ou rapports alternatifs, et peuvent contenir une
analyse factuelle ou légale.

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A la lumière des informations disponibles, l’organe de traité compétent examine le ou
les rapports en présence de la délégation de l’État partie. A la suite de ce dialogue, le Comité
publie ses préoccupations et recommandations sous la forme « d’observations générales ».

2) Mécanismes de plainte

Les individus peuvent soumettre des plaintes sur la scène internationale concernant la
violation de leurs droits. Il existe trois procédures pour soumettre une plainte devant un des
Comités :

a) Plaintes individuelles

Certains Comités peuvent, sous certaines conditions, recevoir des plaintes


individuelles. Tout individu qui estime que ses droits garantis par un traité ont été violés par
un État partie à ce traité peut saisir le Comité compétent, seulement si l’État a reconnu la
compétence de ce comité de recevoir une telle plainte et que les recours nationaux ont été
épuisés.

b) Plaintes interétatiques

Plusieurs Comités disposent d’une procédure de plainte interétatique par laquelle un


État partie à une Convention peut soumettre une plainte à l’organe de traité compétent
concernant la violation alléguée d’un traité par un autre État partie.

c) Enquêtes

Plusieurs Comités peuvent, sous certaines conditions, initier des procédures d’enquêtes
s’ils reçoivent des informations contenant des indications fondées de violations graves,
sérieuses, ou systématiques de droits garantis par un traité dans un État partie

D) Les différents organes de traité

Les organes des traités sont établis par les traités de Nations Unies en matière des
droits de l’Homme pour surveiller l’application de leurs dispositions (et donc des obligations
conventionnelles) par les États parties. Il s’agit de comités d’experts indépendants, dont le
nombre varie de 10 à 25, nominés et élus par les États, dans un ensemble qui doit assurer une
représentation de la diversité en termes de zones géographiques, cultures et genres.

 Le Comité des droits économiques, sociaux et culturels a été crée par le Conseil
économique et social afin de surveiller l’application du Pacte international relatif aux
droits économiques, sociaux et culturels. Le Comité évalue les progrès de chaque pays
sur la mise en œuvre des droits consacrés par le Pacte par l’examen de rapports
périodiques soumis par les gouvernements. En plus de la procédure de rapport, le
Protocole Facultatif du Pacte a également crée un mécanisme de plainte individuelle. Le

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Comité peut également, dans certaines circonstances, mener des enquêtes sur des
violations graves ou systématiques de n’importe quels droits économiques, sociaux et
culturels protégés par le Pacte, et considérer des plaintes interétatiques.
 Le Comité des droits de l’homme est l’organe d’experts indépendants surveillant la mise
en œuvre du Pacte international relatif aux droits civils et politiques par les États
parties. Tout comme le Comité des droits économiques, sociaux et culturels, cette
surveillance passe par l’examen de rapports périodiques soumis par les gouvernements, ou
de rapports parallèles. Le Comité peut également examiner des plaintes individuelles
conformément au Protocole Additionnel du traité.
 Le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale est un organe d’experts
indépendants qui surveille la mise en œuvre de la Convention internationale sur
l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale. Le Comité examine les
rapports périodiques soumis par les gouvernements, et dispose également de procédures
d’alerte rapide (qui ont pour objectif d’éviter que des situations existantes escaladent en
conflit) et d’intervention d’urgence (qui répondent à des problèmes requérant l’attention
immédiate du Comité pour prévenir ou limiter une future violation des droits protégés par
la Convention). Le Comité peut également considérer des plaintes interétatiques, ainsi que
des plaintes individuelles.
 Le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes est un organe
composé de 23 experts indépendants qui surveille la mise en œuvre de la Convention sur
l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Tout
comme les Comités précédents, le Comité examine les rapports soumis par les
gouvernements. Conformément à son Protocole Facultatif, le Comité a également mandat
pour recevoir des communications de groupes ou d’individus qui estiment que leurs droits
sous la Convention ont été violés, et pour mener des enquêtes sur des situations de
violations graves ou systématiques de droits des femmes.
 Le Comité des droits de l’enfant est un organe composé de 18 experts indépendants. Il
surveille la mise en œuvre de la Convention relative aux droits de l’enfant par les États
parties. Le Comité surveille également l’application du Protocole facultatif concernant
l’implication d’enfants dans les conflits armés et le Protocole facultatif concernant la
vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des
enfants. En 2011, l’Assemblée Générale des Nations Unies a approuvé un troisième
Protocole Facultatif sur une procédure de communication, qui autorise un enfant à
soumettre une plainte concernant la violation d’un de ses droits sous la Convention et ses
deux Protocoles Facultatifs. Le Comité peut également étudier des plaintes interétatiques.
Tous les États doivent soumettre des rapports périodiques sur la manière dont les droits
des enfants sont mis en œuvre. Le Comité a également la possibilité de mener des
enquêtes sur des allégations de violations graves ou systématiques des droits protégés par
la Convention et ses protocoles.
 Le Comité contre la torture est un organe composé de 10 experts indépendants qui
surveille l’application de la Convention contre la torture et autres peines ou
traitements cruels, inhumains ou dégradants par les États parties par l’examen de
rapports périodiques. Le Comité contre la torture peut également considérer des plaintes
individuelles ou des communications par des individus estimant que leurs droits ont été
violés, mener des enquêtes et examiner des plaintes interétatiques.
 Le Comité pour la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des
membres de leur famille est un organe composé de 10 experts indépendants surveillant
l’application de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les
travailleurs migrants et des membres de leur famille. La fonction du Comité est de
contrôler les rapports présentés par les États parties. Le Comité est également compétent

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pour recevoir et juger les plaintes individuelles d’après l’article 77 de la Convention, mais
cette procédure entrera en vigueur dès que 10 États parties l’auront acceptée.
 Le Comité des disparitions forcées est un organe d’experts indépendants qui surveille la
mise en œuvre de la Convention internationale pour la protection de toutes les
personnes contre les disparitions forcées par les États parties. Le Comité examine les
rapports périodiques soumis par les gouvernements ainsi que les Rapports Parallèles.
Chaque État partie à la Convention peut reconnaître au Comité la compétence de recevoir
des plaintes individuelles de la part d’individus estimant qu’un de leurs droits protégés par
la Convention a été violé. Le Comité peut également considérer des plaintes
interétatiques.
 Le Comité des droits des personnes handicapées est un organe composé d’experts
indépendant qui surveille l’application de la Convention relative au droit des personnes
handicapées. Chaque État partie doit présenter au Comité un rapport détaillé sur les
mesures qu’il a prises pour s’acquitter des ses obligations en vertu de la Convention. Le
Protocole facultatif à la présente Convention donne compétence au Comité pour recevoir
et examiner des communications émanant d’individus relevant de sa juridiction qui
prétendent être victimes d’une violation, par cet État partie, de l’un quelconque des droits
énoncés dans la Convention. Il peut également mener des enquêtes.

§) La protection juridictionnelle des droits de


l’Homme au niveau régional

A) Au niveau européen
 Voir : https://hal.archives-ouvertes.fr/cel-01319645/document

Le système européen de protection des droits de l’homme est essentiellement constitué


autour de la Convention européenne des droits de l’homme. Signée le 4 novembre 1950 et
entrée en vigueur en 1953, la Convention européenne des droits de l’homme est inspirée par
la Déclaration universelle des droits de l’homme. Elle est aujourd’hui le modèle le plus
perfectionné de garantie effective des droits de l’homme, par le contrôle judiciaire du respect
de leurs droits. Il s’agissait d’établir un ordre public des démocraties d’Europe.

La Cour européenne des droits de l’homme a été la première juridiction dont la


mission spécifique est de contrôler le respect des droits de l’homme. La Cour était composée
d’un nombre de juges égal au nombre d’Etats membres du Conseil de l’Europe et non à celui
des Etats parties à la Convention.

Les pouvoirs et la compétence de la Cour sont mieux décrits dans sa jurisprudence : «


(...) elle a pour tâche, aux termes de l’article 19 de la Convention, d’assurer le respect des
engagements résultant de la Convention pour les États contractants. Spécialement, il ne lui
appartient pas de connaître des erreurs de fait ou de droit prétendument commises par une

9
juridiction interne, sauf si et dans la mesure où elles pourraient avoir porté atteinte aux droits
et libertés sauvegardés par la Convention »5.

La jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme a eu un impact profond


et bénéfique sur les systèmes juridiques et la réalité sociale dans les Etats membres du Conseil
de l'Europe. Il faut espérer que le système européen pourra garder son efficacité dans un
Conseil de l'Europe élargi à quarante Etats membres, dont certains ont encore beaucoup de
chemin à faire dans la voie du respect effectif des droits de l'homme.

B) Au niveau interaméricain
Voir : https://hal.archives-ouvertes.fr/cel-01319645/document

Le système interaméricain de protection des droits de l’homme, a formellement débuté avec


l’adoption de la Charte de l’Organisation des Etats américains en 1948, laquelle proclamait que la
protection des droits fondamentaux constituait un des principes fondamentaux sur lequel se fondait
l’organisation des Etats américains.

De nature essentiellement déclarative, la Déclaration américaine des droits et de devoirs de


l’homme sera renforcée, en 1978, par la Convention américaine relative aux droits de l’homme. De
cette Convention, naîtra la Commission des droits de l’homme, qui a pour tâche principale de
promouvoir l’observation et la défense des droits de l’homme et la Convention américaine relative aux
droits de l’homme.

Le système interaméricain de protection des droits de l’homme comprend deux mécanismes de


contrôle à savoir : la Commission interaméricaine des droits de l’homme et la Cour interaméricaine
des droits de l’homme. Ce n'est qu'avec l'adoption de la Convention américaine relative aux droits de
l'homme que la Commission des droits de l'homme s'est vu confier la compétence qui lui permettait
d'entendre des pétitions (dénonciation ou plainte relative à la violation d'un droit soumise par toute
personne) et des communications (dénonciation relative à la violation d'un droit soumise par un État
membre).

Depuis l'adoption de la Convention américaine relative aux droits de l'homme, le respect des
engagements qui y sont consacrés est assuré par la Commission interaméricaine des droits de l'homme
(dont le siège se trouve à Washington) et par la Cour interaméricaine des droits de l'homme (dont le
siège se trouve à San José au Costa Rica). Le système interaméricain des droits de l'homme fonctionne
de façon analogue. La juridiction initiale appartient à la Commission des droits de l'homme alors que
la Cour des droits de l'homme n'est compétente qu'après l'épuisement des recours devant la
Commission interaméricaine des droits de l'homme. D'une certaine façon, on pourrait affirmer que la
Commission interaméricaine des droits de l'homme siège en première instance alors que la Cour
possède une juridiction d'appel « limitée » sur les décisions de la Commission.

C) Au niveau africain
5
9 Voir, P.G. et J.H. c. Royaume-Uni, n° 44787/98, 25 septembre 2001, § 76.

10
Voir : https://hal.archives-ouvertes.fr/cel-01319645/document

Le système africain de protection des droits de l’homme est essentiellement sinon


fondamentalement basé sur la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples. Ce texte
qui s’inspire expressément de la Déclaration universelle des droits de l’homme, a été adopté le
27 juin 1981 et est entré en vigueur le 21 octobre 1986. A la différence des autres textes à
caractère régional, celui-ci proclame non seulement les droits, mais aussi les devoirs de
l’individu, ce qui est bien une originalité. Le système africain de protection des droits de
l’homme est constitué de deux organes.

Le système africain de protection des droits de l’homme est constitué de deux organes
principaux de contrôle du respect des droits de l’homme, il s’agit de la Conférence des Chefs
d’Etat et de gouvernement et la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples,
qui a pour complément la Cour africaine.

La Commission africaine a pour fonctions essentielles la promotion et la protection


des droits de l’homme et des peuples garantis par la Charte africaine et les autres instruments
pertinents (art. 30 de la Charte africaine).

En ce qui concerne la Cour africaine des droits de l’homme, le Protocole l’instituant a


été adopté le 9 juin 1998, et il est entré en vigueur le 24 janvier 2004. La Cour a une
triple compétence : d’abord la compétence consultative de la Cour (art. 4 du
Protocole) : la Cour peut donner un avis à la demande d’un Etat membre de l’Union
Africaine ou d’une organisation reconnue par l’Union Africaine, sur les droits garantis
par la Charte ou sur toute autre disposition d’un instrument juridique relatif aux droits
de l’Homme. Ensuite le règlement à l’amiable des conflits (art. 9 du Protocole) : La
Cour « peut tenter » de régler à l’amiable les conflits avant d’engager une procédure
contentieuse de règlement des différends. Enfin la compétence contentieuse de la Cour
(art. 3, 5, 6, 7 du Protocole).

DEUXIEME PARTIE : LIBERTES PUBLIQUES


INTRODUCTION GENERALE
11
NOTIONS FONDAMENTALES
La liberté

De façon générale, la liberté est un terme qui désigne la possibilité d'action ou de mouvement.


En mécanique par exemple, on parle de degrés de liberté pour comptabiliser les mouvements possibles
d'une pièce.
Pour le sens commun, la liberté s'applique principalement aux individus et s'oppose à la notion
d'enfermement ou de séquestration. Une personne qui vient de sortir de prison est dite libre. Le sens
originel du mot liberté est d'ailleurs assez proche : l'homme libre est celui qui n'a pas le statut
d'esclave.
En philosophie, en sociologie, en droit et en politique, la liberté est une notion majeure : elle marque
l'aptitude des individus à exercer leur volonté avec — selon l'orientation politique des discours tenus
— la mise en avant de nuances dont aucune n'épuise le sens intégral :

 formulation négative : où l'on pointe l'absence de soumission, de servitude, de contrainte,


d'aliénation... que celles-ci soient exercées par d'autres individus (exemple : l'esclavage) ou - non
plus physiquement mais opérant sur les mentalités - par la société (exemples : la propagande,
le contrôle social ou la loi, dès lors que certaines dispositions sont vécues comme liberticides,
comme la vidéosurveillance, le confinement ou encore la prohibition).
 formulation positive : où l'on affirme l'autonomie et la spontanéité du sujet rationnel ; les
comportements humains volontaires se fondent sur la liberté et sont qualifiés de libres.
 formulation relative : différents adages font ressortir l'équilibre à trouver dans une alternative,
visant notamment à rendre la liberté compatible avec des principes de philosophie politique tels
que l'égalité et la justice. Ainsi : La « liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à
autrui » (art. 4 de la Déclaration des droits de l'homme), ce qui implique la possibilité de « faire
tout ce qui n'est point interdit, comme ne pas faire ce qui n'est point obligatoire » (art. 5), la
« liberté de dire ou de faire ce qui n'est pas contraire à l'ordre public ou à la morale publique  »
(droit administratif) ou encore « La liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres »
(peut-être inspiré par John Stuart Mill)1. Dans une telle formulation, la liberté est étroitement liée
au concept de droit, allant jusqu'à confondre les deux notions.

John Stuart Mill, De la liberté, p. 100 : « La liberté de l'individu doit être ainsi bornée : il ne doit pas
se rendre nuisible aux autres. 

Source https://fr.wikipedia.org/wiki/Liberté

Libertés publiques : le problème de définition

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Lisez le texte suivant :

Le grand publiciste français Gaston Jèze constatait, devant l’Institut international de Droit public,
en 1928, que l’expression “ libertés publiques ” n’avait jamais été définie. S’il n’en est plus de même
aujourd’hui, les ambiguïtés n’ont pas disparu pour autant. Certains, surtout les non-juristes, parleront
tout simplement des droits ou des libertés. D’autres, plus précis, emploieront les qualifications de “
libertés publiques ”, mais aussi de “ droits de l’homme ” ou de “ droit des libertés fondamentales ”.
Aussi, la première difficulté à laquelle se heurte tout auteur tentant de présenter les libertés publiques
est de les définir.

Les libertés publiques, auxquelles il est fait référence dans le titre de cet ouvrage, ne se confondent pas
avec les libertés et encore moins avec la Liberté. Savoir dans quelle mesure l’homme est libre et à quel
moment il l’est le plus est un thème qui a fait l’objet de maints commentaires théologiques et
philosophiques. On peut parfaitement admettre que le martyr acceptant volontairement ce sort pour ne
pas renier sa foi, ou le dissident, dans une version laïcisée, donne le plus bel exemple de la liberté
humaine. Le juriste, pourtant, ne considérera pas qu’un pays où le seul moyen d’affirmer ses
convictions les plus profondes soit de marcher au supplice jouisse de libertés. Car les libertés
publiques se situent à un tout autre niveau. Elles supposent que l’État reconnaisse aux individus le
droit d’exercer, à l’abri des pressions extérieures, un certain nombre d’activités déterminées.

Elles sont donc des libertés, car elles permettent d’agir sans contrainte, et des libertés publiques car
c’est aux organes de l’État, titulaire de la souveraineté juridique, qu’il revient de réaliser de telles
conditions. On comprend aisément que de telles libertés ne se conçoivent que dans le cadre d’un
système juridique déterminé. Ainsi, il est possible d’analyser les libertés publiques dont jouissent les
Français d’aujourd’hui. Le caractère concret de ces libertés permet de les distinguer des droits de
l’homme. Cette dernière expression présuppose, en effet, d’un point de vue philosophique, qu’il est un
certain nombre de droits inhérents à la nature humaine. Telle était, comme on le reverra, l’optique des
auteurs de la Déclaration de 1789. Telle est, également, la conviction de ceux qui, de nos jours,
revendiquent la jouissance de ces droits par les citoyens d’États qui, précisément, ne les respectent pas.

Les libertés publiques n’ont de sens que si elles peuvent être exercées en droit et en fait. Dans la
pensée juridique du XVIIIe siècle, dont elles sont issues, l’accent a d’abord été mis sur la proclamation
très solennelle de principes dans des déclarations de droits tandis que les constitutions énonçaient des
garanties. Il revenait au législateur de les mettre en œuvre en les dotant d’un régime juridique
approprié. Les lois protectrices des libertés ont fait l’objet, surtout en France, d’une attention
particulière. Les “ grandes lois ” de la IIIe République sont restées emblématiques à la fois d’un état
d’esprit libéral, mais aussi de la recherche de techniques juridiques destinées à permettre un exercice
effectif de la liberté, à partir d’une réflexion globale sur le statut des diverses activités humaines.

Certaines d’entre elles peuvent être totalement interdites, et cela peut s’avérer légitime en fonction de
la finalité poursuivie – par exemple, faire respecter les droits, la liberté ou la dignité d’autrui. Cela
serait inacceptable, dans une perspective libérale, s’il s’agissait d’imposer une idéologie officielle.

À l’opposé, une activité humaine peut être totalement libre. Aucune condition préalable n’est imposée.
L’individu doit simplement respecter les lois et les règlements, et, s’il les enfreint, sera passible de
sanctions pénales. C’est la raison pour laquelle ce régime est qualifié de répressif. Contrairement à ce
que pourrait laisser croire l’utilisation de ce terme dans le langage courant, il s’agit du régime le plus
libéral. Aucun obstacle ne vient entraver a priori les initiatives individuelles. Il faut cependant qu’un
certain nombre de conditions soient réunies : que la loi pénale soit claire et précise, n’interdise que les

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actions nuisibles à la société, ne soit pas rétroactive et que son application revienne exclusivement à
des juges indépendants et impartiaux.

D’autres régimes juridiques intermédiaires sont envisageables. Les individus peuvent disposer d’une
faculté d’agir, mais seulement après une autorisation administrative qu’il convient de solliciter. Tout
dépend, dans cette hypothèse, de la nature de l’autorité compétente et des chances que possède
l’administré d’obtenir une réponse favorable. Certaines autorisations sont de droit dès lors que les
conditions prévues sont réunies, d’autres sont laissées à l’appréciation discrétionnaire, voire arbitraire
de l’administration. Dans le système de la déclaration préalable, les individus sont libres d’agir sous
réserve d’en informer une autorité administrative ou judiciaire pour lui permettre de contrôler l’usage
qui sera fait de la liberté et, également, d’intervenir au cas où celui-ci paraîtrait illégal ou contraire à
l’ordre public. Ce système est plus libéral que le précédent puisque la liberté est la règle.

À partir de quel moment peut-on dire qu’une activité est soumise à un régime de liberté publique ?
Tous les auteurs sont évidemment d’accord pour exclure le régime de l’interdiction et inclure le
régime que l’on a qualifié de “ répressif ” sous réserve que les conditions indiquées soient réunies. Les
divergences apparaissent en ce qui concerne les deux régimes intermédiaires. Certains estiment que la
nécessité d’une autorisation exclut, ne serait-ce que d’un point de vue purement psychologique, l’idée
de liberté. D’autres pensent, au contraire, que celle-ci existe dès que l’autorisation est de droit. De
même, s’il est possible de considérer que le système de la déclaration préalable est compatible avec la
notion de liberté – c’est d’ailleurs la position du juge administratif et du Conseil constitutionnel –, on
peut ajouter que la déclaration ne doit alors déboucher sur aucune interdiction arbitraire.

MORGE J, Les libertés publiques, Introduction, Collection Que sais-je, édition. Puf, 2007, pp 1-4,

Chapitre I) L’organisation des libertés publiques

Nous distinguons deux régimes : répressif et préventif. A coté de ces régimes, il y a le régime
intermédiaire qui est celui de la déclaration préalable.

§1). Le régime répressif

On le présente en général comme le plus favorable aux libertés publiques : l'individu sans
aucune déclaration préalable d'intention, met lui-même directement en mouvement sa liberté,
sauf à répondre de ses abus devant un juge répressif. La liberté étant la règle, l'interdiction
l'exception. Par exemple l'exercice de la liberté d'expression, en cas de la diffamation, la
responsabilité de l'utilisateur de ce droit est engagé.

§)2. Le régime préventif

Ce régime suppose une intervention préalable d'une autorité publique. De ce fait, le citoyen
perd la possibilité d'agir spontanément. Il peut se voir opposer une interdiction, l'exigence
d'une autorisation préalable ou d'un agrément.

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Même dans un régime dit libéral, l'exercice de toute liberté peut être interdit par une mesure
de police s'il y a des risques de troubles graves de l'ordre public que l'autorité responsable n'a
pas les moyens d'empêcher. Certes, une possibilité est ouverte au citoyen de demander au juge
l'annulation de la décision d'interdiction.

§3. La déclaration préalable

Régime préalable entre les deux précédents et susceptible de s'en approcher selon les cas, la
déclaration préalable consiste dans l'obligation faite aux personnes désireuses d'exercer
certaines activités d'en informer au préalable la puissance publique grâce à une déclaration
précisant l'objet et les modalités de l'activité envisagée. Si l'exercice du droit en cause est
suspendu jusqu'à la réponse de l'autorité compétente, le régime se rapproche de l'autorisation
préalable et la réponse peut être une interdiction.

Sur le régime répressif et préventif des libertés publiques

Lisez le texte suivant :

La distinction fondamentale en droit des libertés publiques, entre régime « préventif » et régime «
répressif » Traditionnellement, deux solutions peuvent exister dans les techniques d’aménagement des
libertés publiques d’un État de droit : soit reconnaître à la liberté la possibilité de s’exercer
souverainement dans un cadre de limites qu’elle ne transgressera pas sans sanction pénale, c’est ce que
la tradition appelle le « régime répressif » ; soit l’autorité publique subordonne à un contrôle préalable
le jeu de la liberté, curieusement, il se trouve qu’on appelle cette voie le « régime préventif ». Entre
ces deux solutions idéal-typiques, peut exister un régime intermédiaire (participant en fait à dose
variable à l’une ou l’autre) : le régime de la déclaration préalable. Assez paradoxalement, en effet, il
s’avère que le régime répressif est le plus protecteur des libertés publiques par la sécurité juridique que
confèrent (à grands traits) : • le principe fondamental selon lequel : « tout ce qui n’est pas
expressément interdit est permis » ; • la prédictivité des conséquences de ses actes au regard de la loi.
En effet, ce régime juridique implique une certaine stabilité des règles de droit, des interdictions et de
leurs sanctions, publiées et (censées) connues de tous (nul n’est censé ignorer la loi) et par lesquelles
la puissance publique édictrice est elle-même tenue (compétence liée), et qui ne dépendent pas du
caprice changeant et discrétionnaire, voire imprédictible, du prince. Le domaine d’application par
excellence de ce principe est bien sûr le droit pénal : le principe fondamental et absolu est celui de la
légalité des délits et des peines, qui implique d’autres principes corollaires comme : • dans
l’application dans le temps, le principe de non-rétroactivité de la loi pénale et celui de l’application
immédiate de la loi pénale plus douce ; • logiquement, dans la technique d’application des textes : le
principe d’interprétation restrictive de la loi pénale, qui s’impose au juge. Dans le régime « préventif
», tous ces principes sont exactement à l’inverse : • « tout ce qui n’est pas expressément autorisé est
interdit » (l’exercice d’une liberté, mais à la limite toute conduite, est soumis à autorisation préalable) ;
le cadre juridique incertain, mouvant et discrétionnaire, ne permet pas de savoir à l’avance si telle ou
telle liberté pourra être exercée ni d’avoir une suffisante prédictivité des conséquences des conduites).
Ce régime, qui cherche à prévenir à l’avance tout comportement de nature à mettre en cause l’ordre
public, peut donc, dans sa philosophie fondamentale, contenir une pente liberticide, qui peut dériver
vers le totalitaire.

15
PELLEGRINI (B.), « Logique préventive et droit des libertés publiques », La revue lacanienne, vol. 1,
n° 1, 2007, p. 82-83.

Chapitre II- La typologie des libertés publiques


T

1- Libertés de participation et libertés d’autonomie

« Dans le chapitre I, M. Burdeau nous parle des « interprétations de la liberté » (p. 9 à 13). Il
distingue la « liberté autonome » et la « liberté participation ». Nous dirions plus simplement, la
liberté individuelle et les libertés publiques d'une part, l'élection d'autre part. L'auteur déclare (p. 10)
que l'élection « n'est établie que pour garantir l'autonomie des libertés ». Cet si qui paraît contredit
par des développements ultérieurs de l'auteur, est trop étroit. Certes, l'élection est une garantie de la
liberté, mais elle est aussi le moyen de désigner les gouvernants dont la société ne peut se passer, et
elle est le moyen de réaliser une politique, la démocratie, même authentique ne pouvant pas être un
régime statique et immobiliste sous peine de se condamner à mourir ».

GERAUD, Emile, « Georges Burdeau, la démocratie, essai synthétique », Revue internationale de


droit comparé, Vol. 10 N°3, Juillet-septembre 1958, p 625 et 626.

2. Libertés formelles et libertés réelles

Voir cette vidéo sur le lien suivant :

https://monsieurphi.com/2020/10/01/liberte-formelle-ou-liberte-reelle/

Lisez attentivement le texte suivant :

"Pour être libre, j'ai besoin de me voir entouré, et reconnu comme tel, par des hommes libres. Je ne
suis libre que lorsque ma personnalité, se réfléchissant, comme dans autant de miroirs, dans la
conscience également libre de tous les hommes qui m'entourent, me revient renforcée par la
reconnaissance de tout le monde. La liberté de tous, loin d'être une limite de la mienne, comme le
prétendent les individualistes, en est au contraire la confirmation, la réalisation, et l'extension infinie.
Vouloir la liberté et la dignité humaine de tous les hommes, voir et sentir ma liberté confirmée,
sanctionnée, infiniment étendue par l'assentiment de tout le monde, voilà le bonheur, le paradis
humain sur la terre.
  Mais cette liberté n'est possible que dans l'égalité. S'il y a un être humain plus libre que moi, je
deviens forcément son esclave ; si je le suis plus que lui, il sera le mien. Donc, l'égalité est une
condition absolument nécessaire de la liberté.

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  Les bourgeois révolutionnaires de 1793 ont très bien compris cette nécessité logique. Aussi le
mot Égalité figure-t-il comme le second terme dans leur formule révolutionnaire : Liberté, Égalité,
Fraternité. Mais quelle égalité ? L'égalité devant la loi, l'égalité des droits politiques, l'égalité des
citoyens dans l'État. Remarquez bien ce terme, l'égalité des citoyens, non celle des hommes ; parce que
l'État ne reconnaît point les hommes, il ne connaît que les citoyens. Pour lui, l'homme n'existe qu'en
tant qu'il exerce — ou que, par une pure fiction, il est censé exercer — les droits politiques. L'homme
qui est écrasé par le travail forcé, par la misère, par la faim, l'homme qui est socialement opprimé,
économiquement exploité, écrasé, et qui souffre, n'existe point pour l'État, qui ignore ses souffrances
et son esclavage économique et social, sa servitude réelle qui se cache sous les apparences d'une
liberté politique mensongère. C'est donc l'égalité politique, non l'égalité sociale."

Michel Bakounine, Trois conférences faites aux ouvriers du Val de Saint-Imier, Mai 1871,
2e conférence, Canevas Éditeur, 1990, p. 65-66.

3- Libertés individuelles et collectives

Qu’elles soient individuelles ou collectives les libertés sont multiples. Elles sont garanties par des
textes juridiques et se sont construites au fil du temps. Liberté individuelle: liberté que chacun peut
exercer séparément des autres citoyens. Liberté collective: droit que l’on peut exercer dans le cadre de
la vie collective, en société.

On distingue au niveau de l'individu plusieurs « types » de libertés :La liberté naturelle : selon laquelle
la nature autorise l'homme à employer l'ensemble de ses facultés comme il l'entend. La liberté civile :
elle s'inscrit dans le cadre d'un homme citoyen étant libre de ses actes, tant que ceux-ci ne nuisent pas
à autrui et ne sont contraires à aucune Loi. Cette liberté est très délicate d'application, en particulier en
ce qui concerne le droit de la concurrence, puisque toute création de commerce nuit par principe aux
commerces antérieurs existant dans le voisinage. On y associe souvent la maxime suivante  : « La
liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres ».La liberté de circulation : dans la même
optique que la précédente, elle reconnaît à l'homme le droit d'aller et venir librement sur le territoire
national, ce qui inclut la possibilité d'y entrer ou d'en sortir. Cette liberté a été étendue en Europe grâce
aux accords de Schengen, permettant la libre circulation des personnes dans l'espace de
la Communauté européenne.La liberté de culte ainsi que la liberté de conscience : la liberté de culte
permet à chaque individu de pratiquer la religion de son choix, la liberté de conscience permet de ne
pas avoir de croyance religieuse. La déclaration des droits de l'homme et du citoyen en fixe pour
limite : l’absence de trouble à l'ordre public.La liberté d'opinion consiste en la liberté de
pensée associée à la liberté d'expression : elle permet à chacun de penser et d'exprimer ses pensées
sans censure préalable, mais non sans sanctions, si cette liberté porte préjudice à quelqu'un. Elle va de
pair avec la liberté de la presse, qui est celle d'un propriétaire de journal de dire ce qu'il veut dans son
journal.La liberté économique : elle permet à chacun de percevoir des revenus de son travail et de
pouvoir affecter ces derniers librement : liberté de travailler et de consommer. Nul ne peut se voir
refuser par principe un emploi pour des considérations autres que de qualification professionnelle (par
exemple sexe, origine ethnique, âge ou religion).La liberté contractuelle : les individus doivent être
libres de définir eux-mêmes les termes des contrats qu'ils passent entre eux.

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La liberté n'est pas qu'individuelle, elle existe aussi à un niveau global, plus collectif, avec par
exemple la liberté de la presse, qui permet une libre publication, sans subir de censure.
Les différentes libertés collectives :la liberté d'association :la liberté de la presse : elle permet à chacun
de publier librement ses pensées ou ses opinions, sans être sujet à la censure ou à tout autre mesure
arbitraire ou autoritaire ;la liberté de réunion : elle permet aux individus de se réunir librement pour
débattre de leurs opinions ;la liberté syndicale : elle permet aux salariés de former et d'adhérer ou non
à des organisations syndicales pour les représenter et faire valoir leurs droits et revendications.
En matière d'exercice des libertés collectives, la mise en œuvre concrète de la notion de liberté peut
parfois conduire à des situations paradoxales comme dans le cas de la liberté de la presse, par
exemple. Ainsi la concentration des moyens techniques et financiers importants, le soutien
des annonceurs publicitaires nécessaires aujourd'hui aux organes d'information, en
particulier radiophoniques ou audiovisuels, tend à restreindre le nombre des opérateurs disposant des
moyens nécessaires et suffisants pour agir. La conséquence étant la formation de cartels qui, pour
protéger leur situation, pratiquent de façon « spontanée » et « plus ou moins consentie »
l'autocensure en raison :des groupes de pression qui exercent leur influence sur leur actionnariat de
leurs liens avec les annonceurs publicitaires qui ne souhaitent pas associer certaines prises de position
avec leur image de marque, de la pression de l'audimat.
La détention des moyens d'expression peut ainsi conduire à relativiser le pouvoir de contrôle et de
critique de l'individu sur ces vecteurs... L'abolition de la censure n'est donc plus un gage suffisant de
liberté: S'il est vrai que les publications ne sont plus soumises à des décisions arbitraires, les vecteurs
de l'information jouissent d'une marge de manœuvre conditionnée essentiellement par leur
actionnariat, leurs annonceurs et leur audience . Dans ce difficile équilibre, il n'est pas certain que la
richesse et la diversité des individus puisse librement s'exprimer. La légitimité de l'information et des
médias (présentés comme le quatrième pouvoir, à l'instar des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire)
est de ce point de vue en question.
Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Liberté

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