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Recueil de citations : Le désir

Problématiq citations
ues

Nature du 1. Tout désir naît d'un manque, d'un état qui ne nous satisfait pas ; donc il est souffrance, tant qu'il n'est pas satisfait. Schopenhauer
désir ⇨ Le désir est un manque, une souffrance
2. « Cet homme donc, comme tous ceux qui désirent, désire ce qui n'est pas actuel ni présent ; ce qu'on n'a pas, ce qu'on n'est pas, ce dont on manque, voilà
les objets du désir et de l'amour. ». Platon, Le Banquet
⇨ Le désir est l’expression d’un manque, d’une privation.
3. L'effort par lequel toute chose s'efforce de persévérer dans son être n'est rien d'autre que l'essence actuelle de cette chose. Spinoza, L’Ethique
⇨ Le désir est un conatus, un élan qui permet à toute chose de persévérer dans son être. il est lié à la nature de l’homme, à son être le plus profond.
4. « Le désir est notre puissance d’exister, de ressentir, d’agir. Le désir est la force motrice de l’homme. » Baruch Spinoza
5. Le désir est un appétit dont on a conscience". Spinoza, L’Ethique
⇨ le désir est un appétit dont on a conscience. Cet appétit a un rapport en même temps à l’âme et au corps.
6. « DÉSIR. Puissance de jouir et d'agir. » Sponville
⇨ Le désir est une pulsion qui donne à l’homme le pouvoir de jouir et d’agir. Il s’oppose au manque qui est son échec.
7. « le désir marquerait un être indigent et incomplet ou déchu de sa grandeur passée. Il coïnciderait avec la conscience de ce qui a été perdu. Il serait
essentiellement nostalgie, mal du retour. » Lévinas
⇨ Le désir est nostalgie de la complétude originaire de laquelle l’homme jouissait auprès de Dieu avant le péché originel.
8. C'est un grand démon. Platon
⇨ Eros n'est pas un dieu, mais un demi-dieu : un intermédiaire entre ce qui est divin et ce qui humain. La citation met en avant la complexité du désir et sa
double nature.
Origine du 9. « L’élan, le désir et ce qui gouverne l’ensemble du vivant sont le fait de l’âme. Platon, Le Philèbe
désir ⇨ Le désir est une pulsion, un besoin, mais aussi un élan, un sentiment, une passion. Platon fait de l’âme son siège et non le corps.
Désir et 10. Désirer est donc le plus pressant de tous nos besoins. Condillac
besoin ⇨ Le désir est un besoin naturel et vital pour l’homme. C’est ce qui donne sens à sa vie et lui permet d’exister.
11. Toute passion, en effet, quelque apparence éthérée qu’elle se donne, a sa racine dans l’instinct sexuel, ou même n’est pas autre chose qu’un instinct
sexuel. Schopenhauer
⇨ L’amour n’est qu’un masque derrière lequel se cache le désir sexuel. Ce désir assure la continuité de l’espèce humaine.
12. Le besoin sexuel est le plus violent de nos appétits : le désir de tous nos désirs. Schopenhauer
⇨ Le besoin sexuel est ce qui guide tous nos désirs.
13. Sans besoins, nous ne serions que des machines insensibles, semblables aux végétaux, incapables comme eux de nous conserver ou de prendre les moyens
de persévérer dans l’existence que nous avons reçue. Holbach
⇨ Le désir est une création du besoin. Ledit besoin est ce qui active l’esprit de l’homme, son corps et son cœur pour le pousser à agir.
14. « Les « besoins » augmentent, renforcés par des occasions de consommation. Les « besoins » sont des désirs provoqués par l'exposition à ces occasions. »
Bauman
⇨ Dans la société capitaliste, les limites entre désir et besoin sont peu claires. Si le besoin est de nature finie puisqu’il peut être satisfait, le désir, lui, est
de nature infinie ; il est insatiable. Le système économique moderne transforme les besoins en des désirs pour augmenter le taux de consommation.
15. « C’est le processus de satisfaire les besoins qui lui-même crée ces besoins. […] Les besoins sont en réalité le fruit de la production.» Galbraith
⇨ Dans la société moderne, la production est déconnectée des besoins primaires, elle est sa propre fin. On ne produit pas pour satisfaire un besoin vital
mais plutôt pour créer de nouveaux besoins qui absorbent cette production.
Désir de 16. La femme vit que l'arbre était porteur de fruits bons à manger, agréable à regarder et précieux pour ouvrir l'intelligence. Elle prit de son fruit et en
savoir/ mangea. Elle en donna aussi à son mari qui était avec elle et il en mangea. La Genèse
convoitise ⇨ La convoitise des yeux révèle chez la femme un désir de connaissance. Ce désir fut la cause du péché originel.
17. Leurs yeux à tous les deux s'ouvrirent, et ils prirent conscience qu'ils étaient nus. Ils attachèrent des feuilles de figuier ensemble et s'en firent des
ceintures. La Genèse
⇨ Adam et Eve prennent conscience de leur nudité. Ils découvrent que le corps d’Autrui/ leur corps peut être désirable.
18. leur vigueur et leur force étaient redoutables, et leur orgueil était immense. Ils s'en prirent aux dieux. Platon
⇨ Aveuglé par son orgueil démesuré, l’Androgyne désira prendre la place des dieux. La totalité des fautes originelles monothéistes procèdent d'une
volonté de savoir, d'un désir d'autonomie intellectuelle et de libre connaissance qui déplaît fortement aux divinités désireuses de sujétion.
19. [Eros] est passionné de savoir et fertile en expédients, il passe tout son temps à philosopher. Platon
⇨ La savoir est le plus grand désir d’Eros.
20. [Eros] se trouve à mi-chemin entre le savoir et l’ignorance. Platon
⇨ Eros est un intermédiaire entre le savoir et l’ignorance.  Désir d'un objet absent, il conduit par gradation à un dépassement du sensible, suivant un
schéma quasi initiatique pour passer de l’ignorance (qui pousse l’homme à suivre son désir bestial) vers la connaissance (qui lui permet de découvrir le
beau intelligible).
Désir et 21. Nous jugeons qu'une chose est bonne parce que nous nous efforçons vers elle, que nous la voulons, que nous en avons l'appétit et le désir. Spinoza
subjectivité ⇨ Un objet n’est ni désirable, ni indésirable en lui-même. La valeur qu’on lui accorde n’émane pas de lui ; elle dépend plutôt de la subjectivité du
des valeurs jugement de celui qui le perçoit.
22. Certaines personnes ont l’impression que si un désir d’ordre général, disons le désir du bonheur de l’humanité, n’a pas la sanction du bien absolu, il est en
quelque sorte irrationnel. Cela tient à un reste de croyance à l’objectivité des valeurs. Russell
⇨ Les valeurs morales ne sont pas objectives. Elles sont une création sociale pour dompter les désirs individuels qui s’opposent au désir de la collectivité.
Variabilité 23. Les hommes peuvent encore moins accorder leur désir au sujet d’un même objet, quel qu’il soit. Hobbes
des désirs ⇨ L’homme évolue au cours du temps, il mûrit, apprend de nouvelles choses… c’est pourquoi ses désirs changent.
Désir et 24. La vraie morale, toujours guidée par la raison et la prudence, prescrit à l'homme de vivre suivant sa nature et de ne point prétendre s'élever au-dessus
morale d'elle. Holbach
⇨ L’homme est un être de désirs qui peuvent être des vices ou des vertus. La morale est un moyen pour éduquer la nature désirante de l’homme.
25. Il est évident, pour commencer, que toute l’idée du bien et du mal est en relation avec le désir. Au premier abord, ce que nous désirons tous est « bon », et
ce que nous redoutons tous est « mauvais ». Russell
⇨ Ce que tous désirent définit ce qui est bon et ce que tous craignent définit le mal. Dès lors, les humains n’ont pas tous les mêmes désirs et c’est ce qui
cause des conflits entre eux.
26. Don Juan : « il n'est rien de si doux que de triompher de la résistance d'une belle personne, et j'ai sur ce sujet l'ambition des conquérants, qui volent
perpétuellement de victoire en victoire, et ne peuvent se résoudre à borner leurs souhaits. »
⇨ Afin de satisfaire son désir, Don Juan transgresse toutes les règles morales et sociales. Il doit affirmer la primauté absolue de son désir à tout prix.
27. En un mot, il nous apparaît comme un démon ennemi qui s’efforce de tout intervertir, de tout troubler, de tout bouleverser. Schopenhauer
⇨ Le désir sexuel est l’ennemi de l’homme car il trouble la stabilité de sa vie.
28. Tout plaît à la nature : il lui faut des délits. / Nous la servons de même en commettant le crime. Sade
⇨  les actions et désirs qui sont considérés par les lois humaines comme des écarts, des vices, des crimes, sont pour Sade validés par cette norme morale
suprême qu’est la nature.
29. Aucun n'est défendu par ses lois homicides, / Et l'inceste, et le viol, le vol, les parricides, Sade
⇨ En égalisant tous les désirs, jugés naturels, Sade procède à deux renversements importants des conceptions ordinaires du désir, un renversement moral
et un renversement psychologique : premièrement, il n’existe aucun désir qui puisse être considéré comme un crime (vol, parricide) ; deuxièmement, il
n’existe aucun désir qui puisse être considéré comme une perversion au sens d’un dévoiement par rapport à la nature (inceste, homosexualité).
30. L’homme « « compte aussi à juste titre parmi ses aptitudes pulsionnelles une très forte part de penchant à l'agression. » Freud
⇨ Dans la théorie freudienne, la pulsion d’agression est à considérer dans son union avec la libido qui se focalise sur un objet sexuel et œdipien, qu’elle
cherche à détruire, faire souffrir ou nuire. Ainsi, ce besoin d’agression est un élément constitutif de l’ambivalence affective, là où coexistent l’amour et
la haine, le désir et l’aversion.

Désir et 31. « celui qui aime veut posséder, à lui tout seul, la personne qu'il désire, il veut avoir un pouvoir absolu tant sur son âme que sur son corps, il veut être aimé
égoïsme uniquement » Nietzsche
⇨ L’amoureux est un être égoïste : il désire dominer le corps et l’esprit de la personne qu’il aime/ désire.
Désir et 32.  « L'objet de la possession s'amoindrit généralement par le fait qu'il est possédé. » Nietzsche
possession ⇨ La possession fait perdre à l’objet désiré sa valeur.
Désir et 33. Dieu dit à la femme : « Tes désirs se porteront vers ton mari, mais lui, il dominera sur toi.» La Genèse
Autrui ⇨ Le désir de la femme porte sur une seule personne : son mari. C’est ce qui justifie sa fidélité et son désir de la stabilité. L’homme, par contre, désire
avoir un pouvoir absolu sur elle.
34. le désir d’améliorer son sort rend l’homme nécessaire à l’homme ; c’est ainsi que les désirs toujours renaissants et jamais rassasiés sont le principe de la
vie, de la santé, de l’activité, de la société. » Holbach
⇨ Le désir d’avoir une vie meilleure est à la base de la vie sociale : chacun est au service d’autrui, chacun participe à la réalisation du désir de ses
compatriotes afin de réaliser le sien.
35. « c'est le regard de l'autre qui m'apprend, d'une certaine manière, ce qui est à désirer. » Bourgeois
⇨ L’homme soumet son désir au regard d’autrui parce qu’il désire sa reconnaissance.
36. « cette conscience de soi, qui ne peut s’éveiller que par la relation à autrui, se caractérise, du fait même de son origine, par un désir prioritaire qui est celui
d’être reconnu par l'autre. » Bourgeois
⇨ L’homme désire devenir l’objet de désir d’autrui pour s’affirmer comme un sujet existant. Le désir de reconnaissance est ce qui détermine le rapport de
l’homme avec ses semblables.
37. « La perversion sexuelle consiste dans le fait de ne pouvoir saisir l'autre comme objet de désir dans sa totalité singulière de personne, […] l'autre se
transforme en le paradigme des diverses parties érotiques de son corps. » Baudrillard
⇨ Dans la perversion sexuelle, l’objet de désir est réifié. On ne le convoite pas dans sa totalité (son corps/ et son âme-cœur) ; Le désir porte plutôt sur
certaines parties de son corps (les parties érotiques).
38.  « Notre amour du prochain - n'est-il pas un désir impérieux de nouvelle propriété? » Nietzsche
⇨ La Bible incite les gens à aimer leurs prochains, c’est-à-dire à aimer tous les humains sans exceptions. Or Nietzsche affirme que cet amour cache un désir
égoïste de faire d’autrui une propriété. Nietzsche soupçonne cet amour en avançant que l’apparent désintéressement de cet amour du prochain cache
un désir de séduire cet autrui pour qui nous ne parvenons pas à se plaire.
39. « le prochain n'est pas seulement pour lui une aide et un objet sexuel possibles, mais aussi une tentation, celle de satisfaire sur lui son agression […] de le
martyriser et de le tuer. » Freud
⇨ Autrui est le déclencheur de l’agressivité instinctive de l’homme. Il est ce qui suscite en lui le désir de lui faire du mal. Il est ce qui révèle à l’homme son
côté sadique, égoïste et cruel.
40. « Ce qui le passionne dans la séduction, c’est l’acte de séduire et l’accumulation des victoires, leur nombre et leur quantité. […] Don Juan ne voit dans les
femmes que des numéros à ajouter à sa liste. » Michel Laxenaire
⇨ Le désir de Don Juan ne cherche pas la satisfaction sexuelle : ce qui l’intéresse c’est la multiplication des conquêtes et l’accumulation des victoires.
41. « S’il y a un rêve moderne, il tient tout entier dans cette double aspiration : jouir de la symbiose avec l’autre tout en restant maître de sa vie.  » Bruckner
⇨ Bruckner met en avant le paradoxe de l’amour moderne : l’homme désire aimer et être aimé, mais il désire aussi ne pas perdre sa liberté.
42. « [Keynes faisait observer que les besoins […] qui résultaient des efforts pour rester à la hauteur ou dépasser ses semblables, « pouvaient en effet être
insatiables ; car plus le niveau général s'élève, plus ils cherchent à le dépasser » Galbraith
⇨ Les besoins de l’homme se multiplient parce qu’il désire dépasser ses semblables. C’est une course sans fin car il ne pourra jamais suivre le rythme
rapide de la production qui crée chaque jour de nouveaux objets, et donc de nouveaux besoins. Il ne pourra jamais être satisfait/ heureux.
Désir 43. « le désir est essentiellement mimétique, il se calque sur un désir modèle ; il élit le même objet que ce modèle. » René Girard
mimétique ⇨ Tout désir trouve son origine dans le désir d’autrui qu’on considère comme un modèle. Mais faire de l'Autre un modèle, c'est faire de lui un rival car il
devient le miroir qui nous révèle qu’on est de simples imitateurs.
44. « l'émulation a toujours joué un rôle considérable aux yeux d'autres économistes qui étudiaient la création des besoins. On envie toujours la
consommation du voisin. » Galbraith
⇨ Galbraith parle d’émulation (le désir de surpasser ses semblables). Ce désir pousse l’homme à consommer sans réserve. Il s’agit d’une rivalité
comparative.
Désir et 45. Jouir sans interruption c'est ne jouir de rien ; l'homme qui n'a rien à désirer est à coup sûr plus malheureux que celui qui souffre. Holbach
souffrance ⇨ vouloir renoncer au désir, c’est vouloir renoncer au moteur qui nous pousse à l’action et nous fait vivre. Un homme sans désir, c’est un homme qui a
perdu le désir de vivre, c’est donc un homme déprimé (puisque la dépression est la perte du goût de vivre) et un homme malheureux.
46. Malheur à qui n'a plus rien à désirer ! Il perd pour ainsi dire tout ce qu'il possède. Rousseau
⇨ Rousseau et Holbach s’accordent sur un point : L’absence de désir est le seul vrai malheur.
47. « celui qui n'obtient pas ce qu'il désire est malheureux, et celui qui tombe dans ce qu'il craint est misérable » Epictète.
⇨ L’homme est malheureux parce qu’il ne peut avoir ce qu’il désire ou parce qu’il a ce qu’il ne désire pas avoir.
48. Les hommes ont un instinct secret qui les porte à chercher le divertissement et l’occupation au dehors, qui vient du ressentiment de leur misère
continuelle. Pascal
⇨ Les hommes désirent se divertir pour oublier leur condition misérable due au péché originel.
49. « La nature nous a créés avec la faculté de tout désirer et l’impuissance de tout obtenir. » Machiavel
⇨ C’est aussi l’idée de Rousseau : le désir de l’homme est infini alors qu’il est un être faible avec des capacités limitées.
50.  « La nature a placé en l'homme, comme stimulant de l'activité, la douleur à laquelle il ne peut se soustraire afin que le progrès s'accomplisse toujours vers
le mieux » Kant
⇨ La douleur est ce qui pousse l’homme à agir pour réaliser son désir de s’en débarrasser.
51. « le désir, de sa nature, est souffrance » Schopenhauer
⇨ La souffrance est un trait définitionnel du désir ; elle lui est consubstantielle
52. « N’ayant que des tonneaux percés et fêlés, il serait forcé de les remplir jour et nuit sans relâche, sous peine des plus grands ennuis.  Socrate : l’image des
tonneaux percés
⇨ L’homme qui ne peut modérer ses désirs, ne pourra jamais trouver le chemin du bonheur.
Désir, 53. Tout vouloir a pour principe un besoin, un manque, donc une douleur ; c'est par nature, nécessairement, qu'ils doivent devenir la proie de la douleur.
volonté, Schopenhauer
ennui ⇨ La volonté est la faculté de choisir librement tandis que pour le désir il n’y a ni intention préalable, ni choix. Schopenhauer traite ici du désir, comme
une forme particulière du vouloir. Le désir est une manifestation de la volonté lorsqu'elle investit la conscience. Le philosophe montre que le désir
procède de la souffrance et y conduit lui-même inéluctablement. Donc désirer et chercher à satisfaire ses désirs conduit l'homme à faire
nécessairement son malheur.
54. Mais que la volonté vienne à manquer d'objet, qu'une prompte satisfaction vienne à lui enlever tout motif de désirer, et les voilà tombés dans un vide
épouvantable, dans l'ennui. Schopenhauer
⇨ l’homme est une machine à désirer, qui est sans cesse déçue de ses satisfactions. Dès qu’un désir est satisfait, il vient d’autres désirs, qu’il faudra bien
accomplir. C’est la Volonté de vivre, l’instinct autrement dit, qui nous fait désirer. Mais dès que l’on tue en nous le désir, c’est l’ennui qui pointe, le vide
du cœur.
55. « Se lasser d'une possession, c'est se lasser de nous-mêmes. » Nietzsche
⇨ L’homme multiplie les désirs- possessions pour ne pas tomber dans l’ennui.
La spirale 56. la vie est un cercle perpétuel de désirs renaissants et de désirs satisfaits. Holbach
des désirs ⇨ les désirs de l’homme sont infinis, perpétuels. Il n’y a pas de satisfaction durable/ absolue.
57.  « le sujet du vouloir ressemble à Ixion attaché sur une roue qui ne cesse de tourner, aux Danaïdes qui puisent toujours pour emplir leur tonneau, à Tantale
éternellement altéré. » Schopenhauer
⇨ L’insatiabilité du désir prend la forme d’une damnation : l’homme est condamné à chercher inlassablement un bonheur qu’il ne pourra jamais
atteindre.
Désir, 58. Si tous les hommes étaient parfaitement contents il n’y aurait plus d’activité dans le monde ; il faut désirer, agir, travailler pour être heureux, tel est l’ordre
bonheur d’une nature dont la vie est dans l’action. Holbach
⇨ Le Bonheur absolu est fatal pour l’homme ; il est un synonyme de l’inaction, de l’inertie et de la mort. L’homme doit désirer pour agir et pour permettre
à la vie de vivre.
59. On jouit moins de ce qu'on obtient que de ce qu'on espère, et l'on est heureux qu'avant d'être heureux. Rousseau
⇨ le bonheur est dans le désir et non dans la possession. Ce désir ne jouit jamais de son objet que dans son absence.
60. Plus l'homme est resté près de sa condition naturelle, plus la différence de ses facultés à ses désirs est petite, et moins par conséquent il est éloigné d'être
heureux. Rousseau
⇨ plus la distance entre ce que l’homme imagine et ce qu’il est sera petite, plus il sera heureux. il y a un chemin à parcourir pour être heureux. En effet, de
ce qu'il imagine à ce qu'il désire, il n'y a qu'un pas.
61. Le bonheur ne consiste pas à acquérir et à jouir, mais à ne rien désirer, car il consiste à être libre. Epictète
⇨ Le bonheur passe par la liberté. C’est parce qu’ils désirent des choses sur lesquelles ils n’ont pas de contrôle et qui ne sont ni nécessaires ni naturelles
que les hommes sont malheureux. La sagesse stoïcienne nous enjoint de renoncer aux désirs illusoires pour nous satisfaire de ce que nous avons.
62. « sans repos le véritable bonheur est impossible » Schopenhauer
⇨ le repos n’est pas seulement une suspension d’une souffrance coextensive à un désir, mais la suspension radicale du désir lui-même par la réalisation
du bonheur absolu. Puisque la satisfaction du désir n’est jamais une cessation du désir, mais une ponctuation éphémère et aggravante de celui-ci, le
bonheur absolu est inatteignable.
63. « le bonheur n’est ni hors de nous, ni dans nous ; il est en Dieu, et hors et dans nous ». Pascal
⇨ L’homme doit remplacer son désir pour une infinité d’objets par le désir de l’infini (Dieu) pour atteindre le bonheur véritable.
64. Être heureux, c'est à la fois être capable de désirer, capable d'éprouver du plaisir à la satisfaction du désir et du bien-être lorsqu'il est satisfait, en
attendant le retour du désir pour recommencer. Henri Laborit
⇨ Le bonheur est dans la capacité de désirer de façon continuelle.
65.  « Selon toute apparence l’ensemble de notre activité psychique a pour but de nous procurer du plaisir et de nous faire éviter le déplaisir, qu’elle est régie
automatiquement par le principe de plaisir. » Freud
⇨ L’appareil psychique de l’homme fait qu’il désire tout ce qui peut lui procurer du plaisir.
66. « changer les désirs plutôt que l'ordre du monde » Descartes
⇨ Cette maxime renvoie à la maîtrise de soi, et à l’acceptation du monde tel qu’il est. Pour éviter la frustration lorsque le monde n’est pas adéquat à nos
désirs ou notre volonté, c’est à l’homme de modifier ses pensées, de convertir son regard sur le monde plutôt que le monde lui-même.
67. Il faut désirer un peu moins ce qui ne dépend pas de nous et un peu plus ce qui en dépend. Il s’agit d’espérer un peu moins, d’aimer et d’agir un peu plus. »
André Comte-Sponville
⇨ Le désir n’est pas seulement une espérance de réalisation, il est aussi une puissance d’agir pour atteindre la jouissance dans la réalité.
Désir et 68. « le désir est long et ses exigences tendent à l’infini ; la satisfaction est courte et elle est parcimonieusement mesurée. Schopenhauer
satisfaction ⇨ pour nier la possibilité du bonheur, le philosophe a montré que la satisfaction n’est pas durable et ne concerne que certains de nos désirs.
69. « le désir porte-t-il toujours sur l'avenir, mais s'il était satisfait il n'y aurait plus d'avenir.  […] puisque ce qui mettrait fin à notre désir serait aussi la fin du
temps Jean Lacroix
⇨ Le désir a deux traits fondamentaux : il porte toujours sur le futur. L’insatisfaction consubstantielle au désir est positive puisqu’elle assure la continuité
du temps et donc de la vie.
Peine et 70. « le plaisir et la peine en ce cas existent rarement séparés, mais se présentent presque toujours ensemble, la même personne éprouvant le plaisir d'avoir
plaisir dans atteint un certain degré de vertu et la peine de ne pas s'être élevée plus haut. » Mill
le désir ⇨ La citation met en exergue l’aspect paradoxal du désir de vertu, il est le lieu où coexistent la peine et le plaisir. (le plaisir d’avoir réalisé son désir d’être
vertueux et la peine de voir qu’il y a encore un niveau plus élevé qu’on n’a pas encore pu atteindre.
Homme/ 71. Nos passions sont plus délicates sur les moyens propres à les satisfaire : elles veulent du choix : elles apprennent, de la raison qu’elles interrogent, à ne
animal- point mettre de différence entre le bon et l’honnête, entre le bonheur et la vertu, et c’est par là surtout qu’elles nous distinguent du reste des animaux.
désir/ besoin Condillac
⇨ Le besoin bestial s’humanise dans le désir qui le raffine en donnant à l’homme des choix : Nous avons tous les mêmes besoins, mais nous n’allons pas
les satisfaire de la même façon ou avec les mêmes objets. Nos gouts diffèrent et aussi nos choix et nos désirs.
Désir et 72. Un désir ne peut être ni rationnel ni irrationnel par lui-même. Russell
raison ⇨ C’est la subjectivité des individus qui est au fondement des désirs et non la raison.
73. Les uns ont voulu renoncer aux passions et devenir dieux, les autres ont voulu renoncer à la raison et devenir bête brute. Mais ils ne l’ont pu ni les uns ni
les autres. Pascal
⇨ l’homme ne peut être ni dieu ni bête, il ne saurait donc échapper ni à la raison ni aux passions, même s’il n’en est pas conscient : l’homme ne peut
choisir l’un sans entrer en conflit avec l’autre. La contradiction entre raison et passion, qui s’opposent par nature l’une à l’autre, ne peut être résolue au
moyen de la victoire de l’une et de l’abdication de l’autre. Il s’ensuit que la guerre doit être permanente, et que la paix ne peut être signée. C’est cette
tension intérieure que l’homme doit assumer.
74. La raison est et ne peut qu’être l’esclave des passions et elle ne peut jamais prétendre à une autre fonction que celle de servir les passions et de leur obéir.
Hume
⇨ Hume affirme la prépondérance des passions sur la raison. (la passion est supérieure à la raison)
75. Les appétits de l'homme doivent être, sans doute, réglés par la raison ; tout lui prouve qu'il est des plaisirs dont il doit se priver pour son propre avantage.
Holbach
⇨ L’homme doit soumettre ses désirs au pouvoir de la raison qui l’aidera à bannir les désirs nuisibles.
76. La passion doit être accompagnée d’un faux jugement pour être déraisonnable et, même alors, ce n’est, à proprement parler, [le désir] qui est
déraisonnable, c’est le jugement. Hume
⇨ Le désir et la raison renvoient à deux forces différentes et donc le désir ne peut être déraisonnable. Ce sont les appréciations de l’homme qui trompe
son jugement.
77. L'être raisonnable est celui qui distingue le vrai du faux, l'utile du nuisible, et qui sait qu'il doit mettre un frein à ses désirs. Holbach
⇨ L’être raisonnable est celui qui sait rester maître de ses impulsions, de ses passions, de son imagination. Il soumet ses désirs aux lois de la morale.
78. Ceux même qui ont les plus faibles âmes, pourraient acquérir un empire très absolu sur toutes leurs passions, si on employait assez d’industrie à les
dresser et à les conduire. Descartes
⇨ L’homme et les animaux ont ceci en commun que leurs attractions et répulsions, et les comportements qui en découlent, peuvent être liés à un
phénomène d’« habitude. Il est donc concevable (pour un être rationnel) d’intervenir sur cette habitude, afin de modifier les mouvements intérieurs, et
en conséquence les comportements. L’homme s’y emploie lorsqu’il dresse un animal ; il peut le faire pour « s’élever » lui-même.
L’évolution 79.  « le moi apprend qu’il est indispensable de renoncer à la satisfaction immédiate, de différer l’acquisition de plaisir, de supporter certaines peines et de
du moi renoncer en général à certaines sources de plaisir. […]  Le moi ainsi éduqué est devenu « raisonnable », il ne se laisse plus dominer par le principe de
désirant plaisir, mais se conforme au principe de réalité. Freud
⇨ Respecter le principe de réalité consiste à prendre en compte les exigences du monde réel, et les conséquences de ses actes. Le principe de réalité
désigne avant tout la possibilité de s'extraire de l'hallucination, du rêve, dans lesquels triomphe le principe de plaisir et d'admettre l'existence d'une
réalité, insatisfaisante ou non conforme à son idéalisation et à ses désirs. (Wikipédia)
Désir et 80. La tempérance est dans l'homme l'habitude de contenir les désirs, les appétits, les passions nuisibles, soit à lui-même soit aux autres. Holbach
modération ⇨ La tempérance permet de combattre les passions nuisibles et de freiner les désirs irrépressibles de l’homme.
Le conflit 81. Nos désirs s’opposent mutuellement. Russell
entre les ⇨ le désir est un facteur de désunion entre les hommes, puisqu’il vise à satisfaire l’égocentrisme de tout un chacun.
différents 82. « Toute mimesis portant sur le désir débouche automatiquement sur le conflit. » René Girard
désirs ⇨  Faire de l'Autre un modèle, c'est faire de lui un rival.
83.  « L'existence de ce penchant à l'agression que nous pouvons ressentir en nous-mêmes, et présupposons à bon droit chez l'autre, est le facteur qui
perturbe notre rapport au prochain. » Freud
⇨ Le désir d’imposer son pouvoir à autrui est présent chez tous les humains. Il est ce qui les empêche de vivre en paix.
84. Ces règles [celles du bon et du mauvais] proviennent de la personne (là où l’État n’existe pas) […] ou d’un arbitre, ou juge, que ceux qui sont en désaccord
établissent en faisant de sa sentence la norme du bon et du mauvais. Hobbes
⇨ Pour que ces désirs qui s’opposent puissent vivre en paix, ils doivent choisir un arbitre qui sera la norme de ce qui est bon et de ce qui est mauvais.
Désir et 85. Ce que j’appelle cristallisation, c’est l’opération de l’esprit, qui tire de tout ce qui se présente la découverte de l’objet aimé à de nouvelles perfections.
imagination Stendhal
⇨ Ce passage rappelle l’illusion du désir imaginé et le pouvoir qui réside dans l’imagination, qui mène le sujet à combler de qualités l’objet de son désir,
alors qu’il ne les a pas.
86. L'homme est avide et borné, fait pour tout vouloir et peu obtenir, a reçu du ciel une force consolante qui rapproche de lui tout ce qu'il désire, qui le
soumet à son imagination, qui le lui rend présent et sensible. Rousseau
⇨ La réalité révèle à l’homme les limites de son pouvoir : il ne peut réaliser tous ses désirs. L’imagination est un don divin pour combler l’écart entre
l’ampleur de son désir et l’inaccessibilité de la satisfaction.
87. C’est l’imagination qui étend pour nous la mesure des possibles, soit en bien, soit en mal, et qui, par conséquent, excite et nourrit les désirs par l’espoir de
les satisfaire. Rousseau
⇨  le désir, en stimulant l’imagination, est producteur d’illusions agréables. Le désir devient plénitude, parce que le manque de l’objet réel est comblé par
les projections de l’imagination. Mais c’est également un bonheur, car ce travail fantasmatique produit une satisfaction authentique, quoique distincte
de la satisfaction réelle.
88. Il est certain qu'en méditant sans cesse le plaisir qu'un objet peut nous causer ou que l'imagination nous exagère, nous ne faisons qu'attiser nos désirs, leur
donner de nouvelles forces, les rendre habituels, les changer en des besoins impérieux que l'on ne peut dompter. Holbach
⇨ L’imagination excite les convoitises, les désirs, les passions  et leur donne un grand pouvoir sur l’homme.
89. «Les désirs insatisfaits sont les forces motrices des fantaisies, et chaque fantaisie particulière est l'accomplissement d'un désir, un correctif de la réalité non
satisfaisante. Freud
⇨ Les théories de Freud sur la psychanalyse impliquent que le désir est la réalisation des fantasmes inconscients, que la réalité ne permet pas de réaliser.
Dans la seconde topique, il oppose le surmoi à l’ensemble des règles et des conventions sociales qui limitent le désir et le ça.
90. Bientôt il est forcé de se créer des besoins tout nouveaux, ou plutôt son imagination ne sait que raffiner sur les premiers ; elle cherche à les diversifier, elle
veut les rendre plus piquants. Holbach
⇨ L’imagination attise les désirs de l’homme et le pousse à créer de nouveaux besoins en s’inspirant de ses besoins primordiaux qu’il raffine ou qu’il
transforme.
Désir et 91. « C’est un désir singulier que de rechercher le pouvoir pour perdre la liberté, ou de rechercher le pouvoir sur autrui en perdant le pouvoir sur soi-même ».
liberté Bacon
⇨ Le désir de pouvoir pousse l’homme à perdre tout pouvoir sur lui-même car il devient esclave de ce désir.
92. « Ce n’est pas par la satisfaction des désirs que s’obtient la liberté, mais par la destruction du désir. » Épictète
⇨ Ne plus désirer est la seule voie pour atteindre la liberté.
93. « Ce désir [d’être libre], cette volonté innée, commune aux sages et aux fous, aux courageux et aux couards » La Boétie
⇨ Le désir de liberté est inné chez tous les hommes.
94. « La seule liberté, les hommes la dédaignent, uniquement, ce me semble, parce que s'ils la désiraient, ils l'auraient : comme s'ils se refusaient à faire cette
précieuse conquête, parce qu'elle est trop aisée. » La Boétie
⇨ Pour La Boétie, la liberté n'est pas l'objet de la volonté, mais désir (volonté) et liberté sont confondus : désirez et vous êtes libre, car un désir qui n'est
pas libre n'est pas concevable, n'est pas un désir. La liberté c'est ce que nous sommes, et si vous n'êtes pas libre, c'est que vous avez renoncé à votre
désir. Le point central de la domination est ainsi le refus par le moi, le je, de s'assumer comme liberté. (Wikipédia)
95. « Le développement de la civilisation impose [à la liberté individuelle] des restrictions, et la justice exige que ces restrictions ne soient épargnées à
personne. » Freud
⇨ la culture advient quand ce n’est plus la puissance physique de l’individu, mais celle d’une collectivité qui s’impose aux autres individus. Il s’agit bien
évidemment d’un progrès culturel considérable, mais ce progrès consiste dans un réagencement du rapport de force pulsionnel plutôt que dans son
abolition. En effet, ce n’est plus, désormais, les désirs d’un seul qui sont imposés aux autres, mais les désirs de plusieurs ensembles, en tant que
communauté. Ladite communauté impose à ses membres non pas exactement la suppression de leurs désirs antisociaux, mais plutôt leur frustration.
96. L’homme « sera toujours enclin à défendre son droit à la liberté individuelle contre la volonté de la masse. » Freud
⇨ Les désirs individuels, quoique contenus/ réprimés, ne cessent pas d’exister, et sont donc toujours susceptibles de resurgir.
Désir et 97. « Choisir librement parmi une grande variété de marchandises et de services, ce n'est pas être libre […] si pour cela on doit être aliéné.  » Herbert Marcuse
servitude/ ⇨ L’homme vit dans une illusion : on le pousse à croire qu’il est libre parce qu’il peut choisir parmi une multitude de marchandises et de produits. En fait,
soumission ce choix en apparence libre est un moyen par lequel la société contraint les individus à accepter de mener une « vie de labeur et d’angoisse » (pour
avoir l’argent qui leur permettra de se procurer ces produits).
98. « On peut appeler en toute généralité patronat, le rapport sous lequel un désir-maître mobilise au service de son entreprise des puissances d’agir enrôlées. »
Frédéric Lordon
⇨ les conatus des travailleurs (énergie ou puissance d'agir qui se concrétise dans les désirs) sont mis au service de celui du patron entraînant alors des
rapports de dépendance et de violence. Frédéric Lordon qualifie le système économique moderne de totalitaire, car il repose sur un désir capitaliste
illimité et sur l'alignement total des désirs des employés sur le désir du patron.
Désir et 99. « En piégeant le chef dans son désir, la tribu s'assure contre le risque mortel de voir le pouvoir politique se séparer d'elle pour se retourner contre elle.  »
pouvoir Clastres
⇨ Le chef est prisonnier de son désir de prestige. Le seul privilège qu’il a est d’être appelé chef sans pour autant avoir les mêmes prérogatives des
monarques dans les systèmes politiques hiérarchiques.
100. « Les sociétés primitives refusent la relation de pouvoir en empêchant le désir de soumission de se réaliser. » Clastres
⇨ la société primitive est une société qui s’oppose à l’Etat. Nous sommes devant des peuples qui sanctifient l’égalité et la liberté individuelle.
101. le désir de pouvoir ne trouve à se réaliser que s'il parvient à susciter l'écho favorable de son nécessaire complément, le désir de soumission.  » Clastres
⇨ Le chef ne peut devenir un tyran que si ses confrères sont prêts à devenir ses esclaves. Le désir de commander révèle un désir d’obéir.
Désir et 102. Il est évidemment démontré que l'intérêt de la société demande que l'on voile avec soin les objets faits pour éveiller des désirs criminels. Holbach
société ⇨ La société a pour devoir de combattre tout ce qui peut attiser les désirs qui mettent en péril l’harmonie entre ses membres.
103. La morale est donc étroitement liée à la politique : elle est une tentative pour imposer à des individus les désirs collectifs d’un groupe ; ou,
inversement, elle est une tentative faite par un individu pour que ses désirs deviennent ceux de son groupe. Russell
⇨ la morale est une illusion nourrit par les désirs qui l’alimentent : elle a pour fonction de  donner une portée ou une valeur universelle à ses désirs. ce qui
en fait une stratégie destinée à légitimer nos désirs égoïstes pour mieux les imposer à autrui. Paradoxalement, de ce point de vue, c’est par un intérêt
non moral et individuel (le désir et la recherche de sa satisfaction) que nous recourons au langage trompeur de la morale.
104. cette avidité d’acquérir des biens et des possessions pour nous-mêmes et pour nos amis les plus intimes est insatiable, perpétuelle, universelle et
directement destructrice de la société. Hume
⇨ Pour Hume, ce n’est pas la raison mais les passions (désirs) qui sont les moteurs de l’action, et seules des passions contraires peuvent annuler des
passions, car il n’existe aucun point commun entre le désir et la raison. Celle-ci ne saurait s’opposer aux passions et donc ne saurait être un guide pour
l’action. De surcroit, parmi les passions nous trouvons le désir d’enrichissement illimité (la cupidité) qui ne peut rencontrer aucune autre passion pour
l’équilibrer. Il est un vice destructeur de toute société car il ne saurait connaitre aucune limite. Ni la raison ni les passions ne peuvent le contenir. Seules
les règles de la justice peuvent en contrôler les effets directement destructeurs.
105. En opérant cette substitution de la puissance collective à la force individuelle, la civilisation fait un pas décisif. Freud
⇨ En laissant triompher le désir collectif sur le désir de l’individu, l’humanité passe de l’état de nature à l’état de culture.
Désir- 106. « La publicité a pour but de créer de nouveaux désirs et de modifier et réorienter les désirs existants [sans leur permettre] de s'adoucir et de s'apaiser.
besoin- » Bauman
capitalisme ⇨ la publicité est un moyen pour créer de nouveaux désirs ou pour modifier et réorienter les désirs existants sans permettre qu’ils soient satisfaits.
● Elle informe les consommateurs de la production de nouveaux produits qui méritent d’être consommés
➔ Ils ne désiraient pas ces produits parce qu’ils ne savaient pas qu’ils existaient.
● Elle tente le consommateur pour le pousser à désirer le produit
➔ Elle le pousse à éprouver la nécessité de satisfaire un besoin qu’il n’éprouvait pas avant ou dont il n’était pas conscient.
107. L'incitation à consommer est engendrée par un système de valeurs qui met en relief la capacité de production de la société. » Galbraith
⇨ Galbraith voit qu’il y a un lien de dépendance direct entre la production et la consommation. C'est-à-dire que ce sont les producteurs qui déterminent,
dans une certaine mesure, les besoins des consommateurs par les biens qu'ils produisent et non pas l'inverse. "L'individu sert le système industriel non
pas en lui apportant ses économies et en lui fournissant son capital, mais en consommant ses produits.
Insatiabilité 108. « personne ne peut en cette vie satisfaire pleinement son désir et que nulle chose créée ne peut combler le désir de l’homme. Dieu seul peut le
du désir rassasier totalement et même le surpasser infiniment » Thomas D’Aquin
⇨ Il faudrait corriger le mouvement horizontal désordonné des désirs infinis qui ne donnent aucune satisfaction à l’homme en le remplaçant par un
mouvement vertical qui suscite en lui le désir de l’infini (Dieu).
109. je mets au premier rang, à titre d’inclination générale de toute l’humanité, un désir perpétuel et sans trêve d’acquérir pouvoir après pouvoir, désir qui
ne cesse qu’à la mort. Hobbes
⇨ Hobbes donne ici une classification personnelle des désirs. Dans cette classification, il place le désir du pouvoir au sommet car il est à l'origine de tous
les autres désirs. Mais La perpétuité de ce désir qui ne connaît pas de répit est la preuve même de son insatiabilité. L'homme est condamné à subir cet
enchaînement de désirs qui l’entraine dans un cercle vicieux dont la seule issue est la mort.
110. « Il n’est rien qui puisse arrêter l’impétuosité de mes désirs, je me sens un cœur à aimer toute la terre ; et, comme Alexandre, je souhaiterais qu’il y eût
d’autres mondes, pour y pouvoir étendre mes conquêtes amoureuses. » Don Juan
⇨ Dom Juan fait ici l’apologie du libertinage et de la satisfaction des désirs d’une manière hyperbolique, par la comparaison avec Alexandre et la
métaphore guerrière. Le désir est compris comme le ferment de l’action militaire. Mais la démesure de ce caractère impétueux est implicitement
teintée de négativité, comme étant une sorte d’impuissance, d’incapacité à dominer le désir et une certaine aliénation.
Types de 111. Parmi les désirs, certains sont naturels, d’autres sont vains. Parmi les désirs naturels, certains sont nécessaires, d’autres sont simplement naturels.
désirs Epicure
⇨ Epicure classifie les désirs en trois catégories : les désirs naturels et nécessaires, proches du besoin, les désirs naturels et les désirs vains qui sont créés
par l’homme.
112. «Il y a des choses qui dépendent de nous et d'autres qui ne dépendent pas de nous. Ce qui dépend de nous, c'est la croyance, la tendance, le désir, le
refus, bref tout ce sur quoi nous pouvons avoir une action. Ce qui ne dépend pas de nous, c'est la santé, la richesse, l'opinion des autres, les honneurs, bref
tout ce qui ne vient pas de notre action. » Epictète
⇨ Cette distinction délimite un terrain sur lequel la raison peut agir et auquel échappe le désir. Le bonheur est incompatible avec le désir.
Types de 113. Nous pouvons distinguer de vrais et de faux besoins. Sont "faux" ceux que des intérêts sociaux particuliers imposent à l'individu : les besoins qui
besoins justifient un travail pénible, l'agressivité, la misère, l'injustice. Herbert Marcuse
⇨ Les vrais besoins dépendent du métabolisme du corps humain (ceux que la nature a créé avec l’homme). Les faux besoins sont une création sociale pour
justifier le mal qu’on fait à l’homme et pour le pousser à vivre dans une euphorie illusoire.
Désir et 114. L’instinct sexuel en général, […] n’est, en soi […] que la volonté de vivre. Schopenhauer
vouloir-vivre ⇨ L’instinct sexuel est une ruse de la nature pour assurer la continuité de la vie.
Désir et 115. le principe de réalité « a également pour but le plaisir, mais un plaisir qui, s’il est différé et atténué, a l’avantage d’offrir la certitude que procurent le
réalité contact avec la réalité et la conformité à ses exigences.» Freud
⇨ le principe de réalité met en évidence la capacité du sujet à prendre en compte les entraves à l’accomplissement de ses désirs qu’il rencontre dans le
monde réel. Si le principe de plaisir semble dominer l’esprit humain, c’est en fait dans l’imagination, dans l’hallucination ou dans le rêve, qu’il
s’impose – hors de ce contexte, l’homme ne cède pas à ses pulsions, il maîtrise leur accomplissement.
Supprimer le 116. « il serait absurde ou mortifère de vouloir supprimer le désir. On ne peut que le transformer, que l'orienter, que le sublimer parfois, et tel est le but de
désir/ l'éducation. » Sponville
absence de ⇨ La suppression du désir sera fatale pour l’espèce humaine. Il faut le détourner vers un objet plus élevé. L’homme doit éduquer cette puissance de jouir
désir=
et d’agir en l’orientant vers des objets plus nobles.
atteindre la
satisfaction 117. « L’homme aux tonneaux pleins n’a plus aucun plaisir, et c’est cela que j’appelais tout à l’heure vivre à la façon d’une pierre, puisque, quand il les a
totale remplis, il n’a plus ni plaisir ni peine » Calliclès
⇨ Calliclès affirme qu’une vie sans désir ne vaut pas mieux que l’immobilité de la pierre ou du cadavre. le plaisir procuré par la multiplication des désirs
n’est pas seulement indispensable à la vie heureuse, il est le ressort même de l’agir : car l’être est jouissance.

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