1. Structure de propriété
Une des mesures de gouvernance qui pourrait affecter la performance des entreprises
est la structure de propriété (Hilmi, 2014). Elle a été recommandée pour résoudre les conflits
d'intérêts entre les dirigeants et les actionnaires afin de diminuer les coûts d'agence associés à
ces conflits (Zéghal et al., 2006 ; Madani et Khlif, 2010 ; Ayadi, 2013 ; Nicolas et al., 2016 ;
Bousetta, 2019). Selon Charreaux (1998), il existe actuellement trois théories fondamentales
sur le lien entre la structure de propriété et la performance qui semblent s'opposer : la
convergence d'intérêt, l'enracinement et la neutralité. En effet, les types d'actionnariat les plus
courants mentionnés dans la littérature sont :
Les grandes entreprises sont touchées par l'actionnariat familial, qui est l'une des
formes de propriété les plus courantes dans le monde (La Porta et al. 1999). Par exemple, aux
États-Unis, les entreprises familiales représentent plus d'un tiers des 500 premières entreprises
(Shleifer et Vishny 1986, Wang 2006).
Selon les recherches, les entreprises familiales ont des performances financières
supérieures et des coûts d'endettement inférieurs à ceux des entreprises non familiales
(Anderson et Reeb 2003). La participation de la famille à l'entreprise et la perspective à long
terme des actionnaires familiaux pourraient expliquer ces résultats.
Premièrement, les actions fondées sur la défaillance du marché. Les externalités, les
monopoles naturels, les obstacles à l'entrée et l'asymétrie des connaissances sont autant de
raisons de défaillance du marché. L’État peut établir des règles et des réglementations pour
limiter les défaillances du marché et contribuer ainsi à une répartition efficace des ressources.
Dans leurs recherches, Berle et Means (1933) affirment que les entreprises à capital
distribué ont un écart de contrôle considérable, ce qui peut affecter les performances
financières. Cependant, comme l'argent est concentré dans les mains d'un petit nombre de
propriétaires, il est possible d'exercer un contrôle significatif sur les stratégies des dirigeants
(Chen, 1997 ; Gorton et Schmid, 2000).
Dans la seconde, les salariés ne détiennent pas la majorité des actions mais possèdent
des options sur actions.
Divers chercheurs ont étudié cette idée dans différents scénarios tels que l’impact de la
propriété du capital-risque sur la performance d’une organisation, la cotation en bourse par
rapport à la propriété privée et les entreprises détenues entièrement ou partiellement par les
employés. (Zhou, 2001).
L’AS, qui représente une part importante de l’ensemble des salariés, repose sur l’idée
de créer un avantage économique en travaillant dans le meilleur intérêt de l’entreprise. De
nombreuses entreprises dans les nations occidentales sont passées d’entreprises de basse
technologie à des entreprises à forte intensité de connaissances ; un processus de
transformation dans lequel la motivation et l’initiative des employés est devenue importante
pour l’avantage concurrentiel a été fondé sur la théorie de l’agence (Torp, 2011). Il poursuit
en disant que l’influence de l’actionnariat salarié est médiée par la création d’un sentiment
d’appartenance psychologique chez les employés et l’inclusion de ces derniers dans le
processus de prise de décision. Il a également souligné qu’en raison de l’importance des
décisions stratégiques, les employés ressentent davantage d’appropriation psychologique
lorsqu’ils sont autorisés à y participer.
Le terme de performance est apparu au milieu du XIXe siècle et a été utilisé pour la
première fois dans la définition des résultats d’une compétition sportive. Au XXe siècle, le
concept a évolué et a développé une série de définitions qui devaient englober le sens le plus
large de ce qui est perçu à travers la performance. Le concept de la performance est un mot-
valise, flou et multidimensionnel, son sens varie en fonction du contexte où il est
instrumentalisé. Jusqu’à aujourd’hui il n’existe aucun consensus concernant la notion de la
performance. En effet, les auteurs insistent qu’il n’existe pas de définition standardisée ou
uniforme de la performance et ils expliquent en quoi il s’agit d’un concept multidimensionnel.
En outre, la littérature sur la mesure de la performance, ont une caractéristique commune ; ils
sont tous liés à deux termes : efficacité et efficience ; l’efficacité en tant qu’indicateur du
degré de réalisation d’un objectif et l’efficacité en tant qu’indicateur des ressources utilisées
pour atteindre le niveau de réalisation. Le tableau ci-après synthétise les principales
définitions de la performance selon les auteurs. La notion performance prend plusieurs sens
peut être un succès, un résultat de l’action ou bien l’action, Bourguignon (1997) identifie trois
sens principaux de la performance, notamment :
La performance est un succès : la performance n’existe pas en tant que telle ; elle est
une fonction des représentations du succès, varie selon les entreprises, selon les
acteurs;
La performance comme le résultat de l’action : contrairement du précédent, cette
signification n’inclut pas un jugement de valeur. La mesure des performances est une
évaluation posteriori des résultats réalisés »
La performance est l’action : c’est un processus et « non un résultat qui apparaît à un
moment dans le temps. » (Baird, 1986). Elle est la « réalité tangible d’une compétence
qui n’est qu’une potentialité. » Cette approche est appréhendée à partir des moyens,
des processus, des compétences et des qualités mis en œuvre pour atteindre le résultat.
L’auteur(s) Définition(s)
Cordero (1989) Efficacité (c’est-à-dire mesurer les résultats pour déterminer s’ils
permettent d’atteindre les objectifs). Efficacité (c’est-à-dire
mesurer les ressources pour déterminer si des quantités minimales
sont utilisées dans la production de ces produits).
Rolstadas (1998) La performance est une interrelation complexe entre sept critères
de performance : efficacité, efficience, qualité, productivité,
qualité de la vie au travail, innovation et rentabilité.
Dwight (1999) Le niveau auquel un objectif est atteint.
Résultat 1
Sur-performance
Fixation d’objectifs
Résultat 2
Sous-performance
Résultat 3
Temps
En outre, Grüning (2002) considère que la performance dépend d’une part des
résultats (sur ou sous performance) et d’autre part de la fixation des objectifs et pas seulement
d’atteindre un niveau de réalisation des objectifs. Il définit trois niveaux de performance :
Par ailleurs, Samsonowa (2012) n’utilise que le terme de l’efficacité (degré d’atteinte
des objectifs) pour définir la performance et il néglige le terme de l’efficience. Par contre,
Ghalem et al. (2016) ajoutent le terme de l’efficience à la définition de Samsonowa, où
l’efficacité et l’efficience devraient être prises en considération, et les termes degré/niveau
devraient être éliminés. La nouvelle définition serait donc : La performance est l’atteinte d’un
objectif par une organisation plutôt que par des individus, avec un minimum de ressources
consommées pour atteindre l’objectif.
Par ailleurs, Gibert (1980) résume toutes ces définitions dans modèle général appelé le
triangle de performance, il combine toutes les notions composants la définition de la
performance, à savoir : la pertinence, l’efficience et l’efficacité. La figure ci-dessous met en
relation les différents composants de la performance, chaque liaison a une signification.
Première lien est celui entre objectifs/résultats qui désigne la notion de l’efficacité, ce qui
permet de savoir l’efficace de l’entreprise est en termes de réalisation des objectifs. Le
deuxième lien est celui entre résultats/moyens qui désigne la notion de l’efficience qui permet
de savoir la capacité de l’entreprise à réaliser les objectifs à moindre coûts. Et enfin, nous
trouvons le lien entre moyens/objectifs qui désigne la notion de pertinence, ce qui permet de
savoir si la firme dispose les moyens suffisants pour la réalisation des objectifs.
Objectif
Effi
e
nc
ca
ne
c
rti
ité
Pe
Performance
Efficience Résultat
Selon Sbai (2013), La conception de droit de propriété n’autorise pas l’idée que les
salariés doivent procurer des participations à l’entreprise. Tandis que la conception d’agence
souligne que la participation salariale peut être une manière dans laquelle les intérêts des
salariés et des actionnaires soient alignés.
En outre, l’actionnariat salarié peut réduire les couts d’agence et entraine une
coopération entre les intervenants de l’entreprise. La participation des salariés dans le capital
de l’entreprise pousse ces derniers à travailler beaucoup pour augmentent l’performance
opérationnelle et boursière et donc leurs rémunérations. Alors, l’actionnariat salarié est un
levier de la performance privé (salarié) et générale (entreprise), ce qui aide efficacement à la
gouvernance de l’entreprise (Desbrières, 2002).
1
Cité par Najeh (2015, p.109).
Menye et al. (p. 105, 2018) définissent « Les études d’événement font partie des
méthodes statistiques permettent d’estimer son impact sur la valeur dont l’objectif est de
trouver un rendement anormal qui est loin de la norme imputable à l’évènement ».
Rn i ,t =α + βi Rm , t +ε i
N
1
RAM t =
N
∑ ( Rai ,t )
t=1
T T
BHARi ,T =∏ [ 1+ R i ,t ] −∏ ¿ ¿
T=1 T =1
De ce fait, cette mesure est soumise à des biais affectant la spécification des tests
statistique, comme le démontrent Barber et Lyon (1997), que les rendements anormaux
calculés sur la base d’un indice de marché donnent des tests statistiques qui sont mal
spécifiées. Selon ceux, quatre biais peuvent expliquer cette mauvaise spécification statistique,
à savoir Biais de mesure, Biais de nouvelle cotation, Biais d’asymétrie, Biais de
recomposition2.
2
La recomposition de l’indice : les indices font régulièrement l’objet de recompositions, des valeurs sont
enlevées parce qu’elles disparaissent à la suite de fusions ou de faillites ou qu’elles ne répondent pas aux
objectifs de l’indice qui doit être représentatif d’un univers de valeurs. D’autres valeurs viennent alors les
remplacer
Cette approche basée, généralement, sur les données comptables qui se repose sur une
multitude des techniques qui visent à mesurer la performance opérationnelle de l’entreprise
avant et après l’annonce de décision de l’actionnariat salarié. Parmi les techniques les plus
pratiquées dans cette approche, nous trouvons le pairage3. Elle utilise des indicateurs comme
volume d’activité, chiffre d’affaires, rentabilité, profitabilité, résultat d’exploitation etc.
Cette approche fait l’objet de vives critiques pour deux arguments : la première repose
sur le fait que cette approche n’intègre pas le facteur risque dans la mesure de performance
des opérationnelle. La deuxième c’est que la variation des données comptables peut être
causée par des facteurs qui n’ont aucune relation avec l’opération elle-même (Meier et Schier,
2009). Les entreprises sont sujettes à des changements de leurs politiques comptables qui sont
liés ou non à l’opération concernée.
Cette approche est soumise à des anormalités comptable, à savoir la réévaluation des
actifs, les méthodes comptables pour le goodwill, la méthode d’amortissement, etc. Peasnell’s
(1996) affirment qu’il est possible d’employer des indicateurs comme le cash-flow. Celui-ci
permet d’éliminer les biais liés aux anormalités ci-dessus. Les mesures de la performance
opérationnelle posent certaines défaillances. Cette approche ne permet pas de mesurer la
valeur actuelle de l’opération elle permet de mesurer que la valeur passée (Hoskisson et al.,
1993)
3
Le pairage : consiste à faire une analyse comparative entre les indicateurs économiques d’une société avant et
après l’annonce de l’évènement à travers de divers indicateurs comptables spécifiques.
Section 2 : les motivations et les facteurs dissuasifs de
l’actionnariat salarié
Cependant, certains auteurs évoquent des raisons plutôt négatives ou défensives pour
que les entreprises adoptent l’actionnariat salarié, comme le fait de décourager la
syndicalisation (Kruse, 1992), les prises de contrôle ou rachats défensifs, ou le financement
des entreprises en situation difficile.
Par conséquent, l’actionnariat salarié est susceptible d’être la source des plus grandes
incitations pour les salariés à s’intéresser davantage à la réussite de l’entreprise, d’un plus
grand engagement de leur part, d’un fléchissement de l’absentéisme et de la rotation du
personnel, d’un plus grand dévouement à long terme, plus d’investissement dans le capital
humain de l’entreprise et moins de conflits internes dans l’organisation.
Enfin, les entreprises estiment que l’actionnariat salarié a pour but de renforcer la
motivation des salariés à rechercher de meilleures performances et d’assurer la convergence
des intérêts individuels (Desbrières 1997a). Cela a été confirmé par l’enquête Altedia-COB
(1999), qui a montré que les principales motivations des entreprises pour la mise en œuvre du
dispositif d’actionnariat salarié étaient liées à la motivation des salariés, à la création d’un
avantage commun et à la réduction du turnover.
Toutefois, comme nous l’avons déjà noté, de nombreux auteurs associent des raisons
plus négatives ou défensives à l’adoption de l’actionnariat salarié par les entreprises, telles
que le découragement de la syndicalisation (Kruse, 1993), le financement des entreprises en
difficulté ou l’aide à la résistance à l’acquisition ou à la reprise. En cas d’offre publique
d’achat, il est très utile de constituer un noyau stable d’actionnaires. Ainsi, certaines
entreprises, comme la Société Générale ou Bouygues, peuvent souhaiter former des salariés
au capital par une volonté stratégique de se protéger ou de créer un noyau fort (Perrotte,
2004). L’objectif de l’actionnariat salarié peut alors être utilisé pour enraciner les dirigeants
(Shivdasani 1993 ; Chaplinslky et Niehaus 1994 ; Desbrières 1997a), ce qui a été vérifié par
l’expérience française et le contexte par Trébucq (2002) et Gharbi et Lepers (2008).
La littérature sur l’actionnariat salarié suggère que la satisfaction des salariés à l’égard
de l’AS dépend de la mesure dans laquelle L’AS répond aux besoins et aux attentes des
salariés en matière de gains financiers, d’influence sur les décisions de l’entreprise et de
sentiment d’une plus grande implication dans l’entreprise (French, 1987 ; Klein, 1987 ; Long,
1979 ; Tannenbaum, 1983). Nous supposons que la satisfaction de ces attentes dépend à son
tour de cinq facteurs :
Les salariés sont motivés à devenir actionnaires parce que cela leur donne un
rendement supplémentaire et quantifiable de leur travail (Hammer et al., 1980), et parce que
c’est un bon investissement pour eux sans avoir à contrôler leur travail. Partie (France 1987).
Bien sûr, c’est parce qu’ils obtiennent le capital de l’entreprise à des conditions avantageuses
et qu’ils bénéficient également de certaines incitations fiscales intéressantes pour les salariés.
En outre, (Quarrey et Rosen, 1986 ; Winther et al., 1989) pensent que l’actionnariat
salarié peut améliorer la qualité et la satisfaction au travail, surtout lorsqu’il est associé à
d’autres pratiques de gestion, de participation et d’organisation moderne du travail.
Ce modèle de " satisfaction externe " est cohérent avec les hypothèses de la théorie de
l’agence et fait écho à la motivation économique essentielle des salariés à devenir
actionnaires.
La littérature a identifié certains facteurs qui peuvent être considérés comme des
facteurs dissuasifs à l’adoption de plans d’actionnariat salarié. Nous présentons ensuite le
problème de « free riding », les risques supportés par les salariés, la dilution des capitaux
propres, la réduction du contrôle de la direction, les coûts de mise en œuvre, mais aussi le
risque de désespoir, ce qui n’est pas bon pour l’entreprise et la direction des salariés.
L’actionnariat salarié est un mécanisme collectif incitatif. Elle repose sur la mesure
globale de la performance de l’entreprise et ne prend pas en compte les efforts individuels de
chaque collaborateur.
Dans le cas de l’actionnariat salarié, ce ne sont pas seulement les revenus des salariés qui
sont en danger, mais aussi leur épargne. En effet, l’actionnariat salarié est plus risqué que les
autres options d’investissement, car il est fondamentalement non diversifié.
Du point de vue des travailleurs, la participation des travailleurs peut susciter l’espoir d’un
plus grand rôle dans la prise de décision, qui vient naturellement avec l’actionnariat. Si ces
espoirs ne sont pas satisfaits, les travailleurs peuvent devenir frustrés et insatisfaits, de sorte
que l’équité peut avoir un impact négatif sur la productivité et la rentabilité.