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Construction en béton

Introduction à la norme SIA 262

Poinçonnement

Prof. Dr Aurelio Muttoni, Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne

Extrait de la documentation D 0182, Société suisse des ingénieurs


et des architectes, Zürich, 2003
 3RLQoRQQHPHQW

Aurelio Muttoni, Lausanne

 35,1&,3( Si la géométrie ou les effets d’action agissant


dans la dalle indiquent que l’effort tranchant se
La vérification du poinçonnement des dalles et concentre en certains endroits de la section de
radiers de fondation par les colonnes s’effectue contrôle, il faut en réduire le périmètre. C’est
en comparant l’effet d’action à la résistance à par exemple le cas des grandes colonnes rec-
l’effort tranchant: tangulaires ou de type mur. De manière simi-
YG ≤ Y5G  laire à la 6,$ , il ne faut alors considérer
que les zones de bord 6,$  DUW 
La valeur de calcul de l’effort tranchant par ILJE .
unité de longueur s’obtient par division de 0,5 G 0,5 G
l’effort tranchant total 9G par la longueur du 0,5 G

périmètre de contrôle X:
0,5 G

9G
YG = 
X
a)
Il va de soi que les actions qui agissent à 1,5 G 1,5 G
l’intérieur de la section de contrôle (p. ex.
poids propre, charges permanentes, charges
utiles, pression du sol ou efforts de déviation 0,5 G

d’unités de précontrainte) peuvent être dédui-


tes.

 6(&7,21'(&2175Ð/( 1,5 G 1,5 G

Le périmètre pour lequel s’effectue la vérifica-


tion est le même que dans la 6,$, soit à la 0,5 G
distance G de la surface d’appui (fig. 5.1a).
L’Eurocode, au contraire, a choisi la position
du périmètre de telle façon que la résistance à b)
l’effort tranchant de celui-ci soit égale à celle
des dalles appuyées linéairement (chapitre 4 du Fig. 5.1: Définition de la section de contrôle (a),
Section de contrôle en cas de sollicita-
présent document).
tions concentrées (b)
Ce choix est peu judicieux, tant du point de vue
phénoménologique que pratique, car la section Lorsqu’une colonne est liée monolithiquement
de contrôle ainsi définie ne se trouve plus dans à la dalle et qu’elle reprend des moments de
la zone où se produit la rupture. De plus, toutes flexion, les efforts tranchants ne sont pas répar-
les actions qui se trouvent à l’intérieur du pé- tis de manière uniforme dans la dalle le long de
rimètre de contrôle ne peuvent pas être dédui- la section de contrôle. Cet effet peut être
tes. considéré en réduisant le périmètre de la sec-

57
5 Poinçonnement Introduction à la norme SIA 262

tion de contrôle par le coefficient NH selon avec le long côté perpendiculaire au bord de la
[5.1] : dalle (fig. 5.2b). Dans de tels cas, on peut ré-
duire la section de contrôle de manière pru-
1
NH =   dente selon 6,$ILJet  par le coeffi-
H
1+ cient NH selon l’pT  .
E
avec
0G excentricité de la force
H= d’appui, où 0G est le moment
9G transmis par la dalle à la co-
lonne. Pour des moments selon
les deux axes principaux, la
somme vectorielle doit être ELHOOHFRPSULPpHGDQV
considérée : O
DQJOHGHFDGUH

0 G = 0 [G2 + 0 \G
2

9G
E diamètre d’un cercle de surface
équivalente à celle de l’appui
Pour les planchers-dalles appuyés régulière-
ment avec des colonnes intérieures encastrées, 9G
on peut admettre approximativement N H = 0.9 .
Cette valeur inclut l’effet de la distribution de a)
la charge utile et l’effet de la flexion de la co- ELHOOHFRPSULPpHHQSDUWLHHQ
lonne sous l’effet des déformations imposées GHKRUVGHO
DQJOHGHFDGUH

(changement de température, retrait et fluage


différentiels des dalles) [5.2]. Pour les plan- 9G
chers-dalles appuyés irrégulièrement (trame
des colonnes irrégulière, rapport des portées
adjacentes " max " min > 1.25 ), ou en présence
9G
de charges utiles fortement variables, il faut par
contre appliquer l’pT  . Dans le cas où b)
les colonnes doivent également reprendre des
actions horizontales, (p. ex. dans les bâtiments Fig. 5.2: Section de contrôle pour des colonnes de
sans refends pour la reprise du vent et des bord encastrées (a), cas avec une colonne
séismes), l’pT  doit également être ap- en forme de mur perpendiculaire au bord
pliquée. (b)

Pour les planchers-dalles régulièrement ap- Dans les dalles d’épaisseur variable, il peut ar-
puyés avec des colonnes de bord et d’angle en- river que des sections de contrôle situées à une
castrées ne participant pas à la reprise des ac- distance à la surface d’appui plus grande que
tions horizontales, l’effet de l’encastrement G soient déterminantes. Dans ce cas, la posi-
peut être traité de manière analogue à la 6,$ tion de la section de contrôle doit être détermi-
. Seule la partie de la section de contrôle née de telle manière que la charge de poinçon-
située dans la zone d’appui effectif doit alors nement soit la plus petite. La hauteur statique G
être considérée. Cette approche admet implici- correspondante doit être admise selon 6,$
tement que l’introduction du moment se fait ILJ.
par une bielle de compression inclinée dans le
nœud sans influencer la portance dans la zone Des canalisations, faisceaux de conduites ou
critique (fig. 5.2a). Cela n’est pas nécessaire- des incorporés dans la dalle situés à une dis-
ment le cas pour des colonnes de type mur tance à la surface d’appui inférieure à G et

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Introduction à la norme SIA 262 5 Poinçonnement

dont la largeur ou la hauteur est supérieure à fissures de flexion. La valeur de calcul de la


G doivent être pris en compte. Selon 6,$ résistance à l’effort tranchant
DUW , aucun effort tranchant ne peut
Y 5G = N Uτ FG G ()
être transmis dès que leur hauteur ou leur lar-
geur excède Gde sorte que le périmètre de la tient compte de ce fait au moyen du coefficient
section de contrôle doit être réduit (voir figure NU qui est fonction des déformations attendues
5.3.a). Dans le domaine intermédiaire (largeur dans la zone critique. L’influence de la résis-
et hauteur entre G et G), leur influence sur la tance du béton sur la résistance au poinçonne-
résistance à l’effort tranchant doit aussi être ment est considérée dans la valeur de calcul de
considérée (diminution de la hauteur statique, la contrainte limite de cisaillement τFG selon pT.
voir figure 5.3.b). ( ou 6,$ WDE.
Puisque les déformations se concentrent au
voisinage de la colonne et sont donc fortement
variables dans la direction radiale, il est préfé-
rable d’utiliser la rotation de la dalle ψ comme
déformation déterminante. Selon [5.3],
l’ouverture de la fissure critique présente une
forte corrélation avec le produit ψ ⋅ G (fig.
5.4a), de sorte que le coefficient NU peut être
exprimé en fonction de ψ ⋅ G . Comme le mon-
a) tre la figure 5.4b [5.4], la relation

deff 1
d NU = 
1 0.45 + 0.135 ⋅ψ ⋅ G ⋅ N ' max
φ
φ/d décrit très bien les résultats d’essais de poin-
16 13 çonnement sur des parties de dalle. Le coeffi-
cient N'PD[ selon l’pT  tient compte de
b) l’influence du diamètre maximal du granulat.
La détermination de la rotation de la dalle
Fig. 5.3: canalisations, faisceaux de conduites et
ψ doit prendre en compte le fait qu’à l’état ul-
incorporés, réduction du périmètre de la
section de contrôle dans le cas d’une ca- time, l’armature située au voisinage de la co-
nalisation dont la largeur ou la hauteur lonne a normalement atteint sa limite
dépasse d/3 (a) et diminution de la hau- d’écoulement. C’est ce qui conduit aux rela-
teur statique effective dans le cas d’une tions charge-déformation non linéaires de la
canalisation tangentielle (b). fig. 5.4c. L’intersection de la courbe charge-
déformation avec le critère de rupture de l’pT
 définit la charge de poinçonnement.
 5e6,67$1&(¬/¶())257 La méthode décrite pour la détermination de la
75$1&+$17'(6'$//(66$16 charge de poinçonnement n’est cependant pas
$50$785('( appropriée pour une application pratique, car
32,1d211(0(17 un calcul non linéaire est requis. Une approche
plus pratique peut être développée en introdui-
De manière analogue au cas des dalles ap- sant l’étendue de la zone plastique U\ selon la
puyées linéairement (voir chap. 4 de cette do- fig. 5.4d [5.4].
cumentation), la transmission des efforts tran-
chants dans le cas du poinçonnement est in-
fluencée négativement par la propagation des

59
5 Poinçonnement Introduction à la norme SIA 262

ψ conditions axi-symétriques comme une fonc-


G tion directe du rayon U et de la rotation ψ :
2XYHUWXUHGH
ODILVVXUH ψ
FRUUpOpH χ= 
DYHFψ HWG U
a) L’allongement de l’armature dans la direction
 tangentielle vaut:
ε V = χ ⋅ (G − [ )⋅ β
ψ
 

U

où β est une constante permettant de prendre
N

(T  en compte les déformations plus importantes
lorsque l’armature est non istotrope (voir pT

). Pour des barres disposées orthogonale-

ment, β ≈ 0.4 . Les pT  et  donnent
           
alors :
ψ GN 'PD[ >P P @

b) U\ ⋅ ε V\
ψ = U ⋅ χ = U\ ⋅ χ \ =
(G − [ )⋅ β

ρ LP SRUWDQW
U\ I U\
≅ ⋅ VG ≅ 0.0065
0.85 ⋅ G ⋅ β ( V G
U
N 3RLQoRQQHPHQW

(T 
En introduisant ce résultat dans l’pT  ,
on obtient:
ρ 1
NU = D
IDLEOH
5HODWLRQVFKDUJHGpSODFHP HQWV

ψ GN 'PD[
0.45 + 0.9 ⋅ U\
c) L’étendue U\ de la zone plastifiée à la rupture
σ U\ (exprimé en [m] dans l’pT  ) dépend de
SODVWLTXH pODVWLTXH
I\
σV I \U \ U l’intensité des effets d’action et des dimensions
U
de la dalle. Pour les planchers-dalles avec une
trame régulière, on peut admettre :
3
P 2
U\ = 0.15 ⋅ " ⋅  0 G  E
d)  P 5G 
où " est la portée et PG un moment de réfé-
Fig. 5.4: Déformations au voisinage de la colonne rence qui correspond à la résistance minimale
et estimation de l’ouverture de la fissure selon la 6,$ (les valeurs pour les colonnes
critique (a), comparaison de l’éq. 5.2 intérieures, de bord et d’angle sont données par
avec les résultats d’essais de poinçonne-
6,$  DUW  en fonction de 9G.). La
ment sur des parties de dalle (b), déter-
mination de la charge de poinçonnement résistance à la flexion P5G est la valeur de cal-
par le critère de rupture selon éq. 5.2 (c), cul du moment qui peut être repris au voisinage
variation de la contrainte tangentielle de la colonne.
dans l’acier à l’état élasto-plastique et dé-
finition de la zone plastique (d) Pour les autres systèmes de dalles, la détermi-
nation de U\ peut s’effectuer à partir de la rela-
En admettant que la rotation ψ se concentre au tion suivante :
voisinage de la colonne, on peut estimer la
courbure χ dans la direction tangentielle sous

60
Introduction à la norme SIA 262 5 Poinçonnement

3 
P 2  6,$ (&
U\ = 0.7 ⋅ D ⋅  0 G   
 P 5G
@
  
P
P  6,$
1
>
 
où D est le rayon pour lequel le moment radial G

G 
/ P
G P /G 
s’annule et PG est la moyenne du moment tan- Y5  φ P φ G 
 ' PD[  PP
gentiel entre le bord de la colonne et D. 
I FN  1PP 
        
Comme pour les dalles appuyées linéairement, WDX[G
DUPDWXUH ρ
lors de l’utilisation d’aciers d’armature avec
I VG > 435 1PP ou en présence de granulats a)
de diamètre maximal 'max < 32 mm, U\ doit 

être corrigé par le facteur I VG 435 , resp. N'PD[  6,$



selon l’pT  .  @  (&
P
P  6,$
1
> 
G / P
G  G P /G 
Y5  φ P φ G 
 &203$5$,621'(1250(6  ' PD[  PP

I FN  1PP 
        
La 6,$ exigeait que P 5G ≥ P0 G pour que
WDX[G
DUPDWXUH ρ
la résistance au poinçonnement puisse être ac-
tivée. La 6,$  DUW  permet par b)
contre d’accepter une résistance à la flexion

bien plus petite :  6,$
 6,$/G 
@
P 5G ≥ 0.5 ⋅ P0 G  P
P
 
>1 6,$/G 
 
Il en résulte cependant de grandes déforma- G
  φ G 
G I FN 1PP  6,$/G 
tions plastiques (U\ grand selon pT E ) Y5 
ρ 
 ' PD[  PP
ce qui équivaut à une faible résistance au poin- 
    
çonnement selon l’pT D . A l’inverse, il SRUWpH/>P@
est possible d’augmenter la résistance au poin-
çonnement en augmentant la résistance à la c)
flexion. Dans l’pT E  l’augmentation

de la résistance à la flexion est limitée à  (& / P
G P /G 
6,$
4 ⋅ P0 G . Comme le montre la figure 5.5a et b,  @  I FN 1PP 
P ρ 
la résistance au poinçonnement selon 6,$  P
>1
 
est influencée par le taux d’armature. En com- G
 
G G
paraison avec la 6,$ , la nouvelle norme Y5
 6,$
 φ
donne des résistances à l’effort tranchant plus 
         
basses pour les dalles faiblement armées et
WDL O OHGHFRORQQHUHODWL YH φ G
plus hautes pour les dalles fortement armées.
La méthode de calcul selon l’(XURFRGH [5.5] d)
qui est basée sur des relations déterminées em-
piriquement montre une dépendance similaire. Fig. 5.5 : Comparaison de la résistance à l’effort
tranchant par mètre courant selon 6,$
Selon la 6,$  et l’(XURFRGH, l’effet 6,$ et (&, influence du taux
d’échelle déterminé empiriquement est fonc- d’armature (a,b), influence de la portée
tion de la hauteur statique. (c) et influence des dimensions de la co-
lonne (d)

Les réflexions théoriques sur lesquelles


s’appuie la méthode de dimensionnement selon

61
5 Poinçonnement Introduction à la norme SIA 262

la 6,$  montrent par contre que l’effet év. de frottement selon 6,$  DUW
d’échelle selon l’pT  dépend en pre- ).
mier lieu de la portée de la dalle. Comme le L’influence favorable de l’effort normal (mo-
montre la figure 5.5c, la 6,$ donne des va- ment de décompression analogue à 6,$ 
leurs de résistance plus basses pour les dalles DUW) est par contre négligée.
très élancées et plus hautes pour les dalles tra-
pues.
 (;(03/('¶$33/,&$7,21
Comme le montre la figure 5.5d, la résistance à
l’effort tranchant par mètre courant Y5G diminue On considère la dalle de la tranchée couverte
lorsque les dimensions de la colonne augmen- traitée au chapitre 4, en disposant une rangée
tent. Selon l’pT E  ceci résulte de de colonnes dans la partie centrale. Pour per-
l’augmentation de PG et U\. La résistance à mettre des comparaisons directes, les dimen-
l’effort tranchant de l’(XURFRGH, pour lequel sions principales de la structure (fig. 5.6), la
la section de contrôle est située à une distance charge de calcul et les propriétés des matériaux
G de la colonne, montre une allure similaire. sont inchangés :
Selon la 6,$  la résistance à l’effort tran-
- charge de calcul :
chant ne diminue que pour X!G.
T G = γ * ⋅ J + γ 4 ⋅ T = 70 kN/m2

- béton C25/30 : fck = 25 N/mm2 ,


 ,1)/8(1&('(/$ τ FG = 0.2 25 = 1.00 N/mm2 .
35e&2175$,17( - diamètre maximal du granulat: Dmax = 32
mm => N'PD[ 
La mise en place d’une précontrainte adéquate
dans un plancher-dalle peut avoir deux effets
favorables sur le poinçonnement : 
- l’inclinaison du câble de précontrainte au
φFRORQQH  P
droit de la section de contrôle permet de HVSDFHPHQW/  P
reprendre une partie de l’effort tranchant.
Cet effet peut être pris en compte lors de la
détermination de l’effet d’action 9G en dé-
duisant les forces de déviation des câbles     
de précontrainte situés à l’intérieur du pé-
rimètre de contrôle 6,$DUW . Fig. 5.6: Exemple d’application : tranchée cou-
verte avec une rangée de colonnes au mi-
Par analogie avec 6,$DUW, on lieu (voir aussi fig. 4.9 et les effets
admettra la valeur minimale 3∞ lorsque la d’actions à la section 4.8)
force de précontrainte agit favorablement.
- comme pour les dalles appuyées linéaire- 3UpGLPHQVLRQQHPHQW GH O¶pSDLVVHXU GH OD
ment (voir section 4.5 et exemple GDOOH
d’application de la section 4.8), la pré-
Charge de la colonne : 0.830 ⋅ 6.00 = 4.98 MN
contrainte diminue les déformations et
augmente en conséquence la résistance à On admet que les colonnes ne sont pas sollici-
l’effort tranchant. Cela peut être pris en tées à la flexion => NH (pression des terres
compte selon 6,$  DUW , en et charge symétriques dans la direction trans-
remplaçant dans l’pT E le moment versale, charge répartie constante, pas de retrait
de référence PG par la valeur P0 G − P 3G . différentiel de la dalle et de la fondation, pas
Le moment moyen P3G est celui qui est d’impact dans le sens longitudinal).
causé par la précontrainte dans la bande Hypothèses:
d’appui (forces de déviation, d’ancrage et

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Introduction à la norme SIA 262 5 Poinçonnement

- direction transversale de la tranchée déter- Résistance flexionnelle requise:


2
minante  0.15 ⋅ "  3
- P5G PG P 5G ≥ 0.125 ⋅ 9 G ⋅  
 U 
3  \ 
 1  2
=0.906 MNm/m (ρ = 0.31%)
=> U\ = 0.15 ⋅ 10.55 ⋅   = 0.40 m
 2.5 
1.00 ⋅ π ⋅ (0.80 + G ) ⋅ G
=> 9 5G = ≥ 4.98 MN Cet exemple montre que la méthode selon la
0.45 + 0.9 ⋅ 0.40 6,$  conduit relativement rapidement au
=> G ≥ 0.80 m résultat. En particulier, les vérifications ou di-
mensionnements suivants peuvent être effec-
On choisit G  P (épaisseur de la dalle
tués:
0.90 m - 0.04 m d’enrobage – 0.02 m de dia-
mètre d’armature) - prédimensionnement de l’épaisseur de la
dalle (en admettant une valeur
Vérification transversale d’expérience pour P 5G P0 G ).
- vérification directe si 9G ≤ 9 5G ou
Effort tranchant : 9G ≥ 9 5G (voir « Vérification transver-
sale »).
9G = 4.98 − 0.07 ⋅ π ⋅ (0.40 + 0.42) = 4.83 MN
2
- dimensionnement de l’armature flexion-
nelle pour que la résistance à l’effort tran-
Périmètre de la section de contrôle : chant soit suffisante (voir « Dimensionne-
X = π ⋅ (0.80 + 0.84) = 5.15 m
ment longitudinal »). Si on obtient un taux
d’armature trop élevé, il faut prendre
d’autres mesures constructives (augmenta-
Portée: " = 10.55 m
tion de l’épaisseur de la dalle, armature de
Résistance à la flexion sur appui: poinçonnement, renforcement en tête de
P5G = 1.34 MNm/m (P5G correspond à 180 % colonne, précontrainte,…).
du moment de flexion moyen md = -0.744
MNm/m, voir aussi l’exemple de la section 4.8, Il faut noter que la la valeur de 95G déterminée
dimensionnement à la flexion : ρ = 0.46 %) lors de la vérification ne représente pas la
charge de poinçonnement effective (U\ a été dé-
terminé en fonctoin de 9G et non de 95G). Celle-
Rayon de la zone plastique:
3 ci pourrait être déterminée par la résolution de
 0.125 ⋅ 4.83  2
U\ = 0.15 ⋅ 10.55 ⋅   = 0.48 m l’équation suivante :
 1.34 
τ FG ⋅ X ⋅ G
Capacité portante à l’effort tranchant : 9 5G = 3
 9 2
1.00 ⋅ 5.15 ⋅ 0.84 0.45 + 0.9 ⋅ 0.15 ⋅ " ⋅  5G 
9 5G = = 4.90 MN > Vd  8 ⋅ P 5G 
0.45 + 0.9 ⋅ 0.48
 

'LPHQVLRQQHPHQWORQJLWXGLQDO Pour les colonnes de bord et d’angle, le facteur


 dans l’équation devrait être remplacé par une
Portée: " = 6.00 m autre constante selon l’pT  .
Rayon de la zone plastique pour que la vérifi-
cation soit satisfaite (des pTHW
):
τ FG ⋅ X ⋅ G 0.45
U\ ≤ − = 0.49 m
0.9 ⋅ 9G 0.9

63
5 Poinçonnement Introduction à la norme SIA 262

 '$//(6$9(&$50$785('( 


 6,$DYHFDUPDWXUH
32,1d211(0(17  GHSRLQoRQQHPHQW
6,$DYHFDUPDWXUH
GHSRLQoRQQHPHQW

 @  6,$VDQVDUPDWXUH
P  GHSRLQoRQQHPHQW
Le dimensionnement de l’armature de poin- P
 
1
>  / P
çonnement peut être effectué au moyen d’un G  G P /G 
G  6,$VDQVDUPDWXUH
5 GHSRLQoRQQHPHQW φ P φ G 
champ de contraintes de manière similaire aux Y 
 ' PD[  PP
éléments porteurs de type poutre. Il faut alors  I FN  1PP 

faire l’hypothèse d’une inclinaison des champs          

de compression de α = 45° . Cela signifie que WDX[G


DUPDWXUH ρ

la résistance à l’effort tranchant en présence


d’armature de poinçonnement verticale peut Fig. 5.7: Résistance au poinçonnement avec et
être calculée par : sans armature de poinçonnement (rupture
du béton), comparaison 6,$±6,$
9 5G = $VZ ⋅ I VG  

où $VZ est la section d’armature de poinçonne- Une vérification supplémentaire en-dehors de


ment qui est interceptée par une coupe faisant la zone munie d’armature de poinçonnement
un angle de 45° avec la section de contrôle. permet de déterminer jusqu’où celle-ci est né-
De nombreux essais ont montré que la limite cessaire. Pour cela, on considère que des biel-
d’écoulement de l’armature de poinçonnement les de compression s’établissent dans la zone
ne peut être mobilisée que si les éléments de transition en s’appuyant sur la dernière ran-
d’armature sont complètement ancrés en haut gée d’armatures de poinçonnement (appui indi-
et en bas. Selon 6,$ DUW , il convient rect). La hauteur statique effective pour la véri-
de respecter des conditions constructives sup- fication au poinçonnement pT   doit
plémentaires. Si elles ne sont pas respectées, être réduite en conséquence selon6,$ILJ
l’efficacité de l’armature de poinçonnement . La détermination du périmètre de la section
devra être démontrée expérimentalement. de contrôle peut se faire en admettant que la
surface d’appui correspond à la surface décrite
Afin d’éviter la rupture du béton au voisinage par la dernière rangée d’armatures. Si les unités
de la colonne, la résistance au poinçonnement d’armature sont disposées radialement autour
doit être limitée à la valeur : de la colonne, le périmètre de la section de
Y 5G = 2 ⋅ N U ⋅ τ FG ⋅ G   contrôle peut être déterminé de manière analo-
gue à l’(XURFRGH, selon la fig. 5.8.
Il faut noter que cette résistance au poinçon-
nement ne peut pas être comparée directement
à celle des dalles sans armature de poinçonne- !G
ment pT  Y 5G = N U ⋅ τ FG ⋅ G . Pour G
une même résistance à la flexion, une dalle
avec armature de poinçonnement aura un coef-
G
ficient NU plus petit, car selon l’pT 
G
PG et U\ sont plus grands. Comme le montre la G
figure 5.7, une armature de poinçonnement en
présence de taux d’armature usuels peut accroî-
tre la résistance au poinçonnement d’environ Fig. 5.8: Périmètre de la section de contrôle en-
50% au maximum. dehors des unités d’armature disposées
radialement

64
Introduction à la norme SIA 262 5 Poinçonnement

 '$//(6$9(&7Ç7(6'( $V ⋅ I VG
32,1&211(0(17 9 5G = 
1 .5
0e7$//,48(6
Il en résulte l’pT  qui permet de di-
Deux modes de poinçonnement sont possibles mensionner l’armature inférieure pour prévenir
dans les dalles avec têtes de poinçonnement l’effondrement de la dalle après le poinçonne-
métalliques : ment. Il faut noter que l’pT  ne détermine
que la charge portante après le poinçonnement
- SRLQoRQQHPHQW HQGHKRUV GH OD ]RQH UHQ
pour une situation de projet exceptionnelle.
IRUFpH. Dans ce cas, on peut admettre de
façon approximative que la tête de poin-
çonnement représente une surface d’appui.
Pour les têtes de poinçonnement de hauteur SRLQoRQQHPHQW
partielle, la hauteur statique moyenne doit H
J
U DYHFDUPDWXUHVHORQHT
être réduite en conséquence 6,$  ILJ D
K

F
 .
VDQVDUPDWXUHGDQVOD
]RQHFRPSULPpH
- SRLQoRQQHPHQW GDQV OD ]RQH UHQIRUFpH.
GpSODFHPHQW
Dans ce cas, l’effort tranchant peut être re-
pris par le béton et la tête de poinçonne-
ment. Lors du dimensionnement, il faut te-
nir compte que la dalle en béton se com-
porte de manière fragile au poinçonne-
ment. Cela signifie que les résistances de β
ces deux modes ne peuvent pas être sim-
plement additionnés. En l’absence d’une
Fig. 5.9: Comportement charge-déformation, por-
investigation particulière et selon 6,$ 
tance après le poinçonnement
DUW , on ne peut considérer lors
d’une vérification au poinçonnement à
l’intérieure de la tête de poinçonnement,
que de la résistance du renforcement mé-  5e680e
tallique. Une investigation détaillée pour-
rait être menée sur la base de l’pT  en La vérification du poinçonnement selon la 6,$
prenant en compte le comportement non  est une approche plus raffinée que la mé-
linéaire du renforcement métallique [5.6]. thode selon la 6,$. Des exemples montrent
que le prédimensionnement et les vérifications
simples peuvent être effectués rapidement.
 35e9(17,21&2175( Grâce au degré de raffinement supérieur, des
/¶())21'5(0(17 dimensionnements et des vérifications plus
poussés peuvent aussi être effectués (prise en
Des essais ont montré que l’armature de la compte de la résistance à la flexion, de la pré-
zone comprimée sur la colonne peut être mobi- contrainte, armature inégale dans les deux di-
lisée en traction après le poinçonnement [5.7]. rections).
Comme le montre la fig. 5.9, seule l’armature
qui traverse la surface d’appui et qui est com-
plètement ancrée peut être prise en considéra-
tion. Si on admet que cette armature a une in-
clinaison β = 42° après le poinçonnement, la
force qui peut être reprise vaut :

65
5 Poinçonnement Introduction à la norme SIA 262

 %,%/,2*5$3+,(

[5.1] Nölting D. : Durchstanzbemessung bei


ausmittiger Stützenlast, Beton- und
Stahlbetonbau, 96 (2001), Heft 8, S.
548-551.
[5.2] Krüger G. : Résistance au poinçonne-
ment excentré des planchers-dalles,
Thèse EPFL No. 2064, 1999, pp. 171
[5.3] Muttoni A., Schwartz J. : Behaviour of
Beams and Punching in Slabs without
Shear Reinforcement, IABSE Collo-
quium Stuttgart, Vol. 62, Zürich : In-
ternational Association for Bridge and
Structural Engineering, 1991, S. 703-
708.
[5.4] Muttoni A. : Schubfestigkeit und
Durchstanzen von Platten ohne
Querkraftbewehrung, Beton- und
Stahlbetonbau, 98 (2003), Heft 2, S.
74-84.
[5.5] Eurocode 2, Design of concrete struc-
tures, Part 1: General rules and rules
for buildings, prEN 1992-1-1, 2002,
pp 226
[5.6] Frangi T., Tonis D., Muttoni A. : Zur
Bemessung innerer
Stützenkopfverstärkungen aus Stahl,
Schweizer Ingenieur und Architekt,
(1997), Heft 12, S. 227-230.
[5.7] Kupfer H., Georgopoulos Th. : Eine
kostengünstige Massnahme zur
Vermeidung des fortschreitenden
Einsturzes punktgestützter
Stahlbetonplatten infolge
Durchstanzens, Bauingenieur, 61
(1986), S. 561-562.

7UDGXLW GH O¶DOOHPDQG SDU 2OLYLHU %XUGHW HW


6\OYDLQ3OXPH\/DXVDQQH

66
Construction en béton

Introduction à la norme SIA 262

Poinçonnement

Prof. Dr Aurelio Muttoni, Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne

Extrait de la documentation D 0182, Société suisse des ingénieurs


et des architectes, Zürich, 2003
 3RLQoRQQHPHQW

Aurelio Muttoni, Lausanne

 35,1&,3( Si la géométrie ou les effets d’action agissant


dans la dalle indiquent que l’effort tranchant se
La vérification du poinçonnement des dalles et concentre en certains endroits de la section de
radiers de fondation par les colonnes s’effectue contrôle, il faut en réduire le périmètre. C’est
en comparant l’effet d’action à la résistance à par exemple le cas des grandes colonnes rec-
l’effort tranchant: tangulaires ou de type mur. De manière simi-
YG ≤ Y5G  laire à la 6,$ , il ne faut alors considérer
que les zones de bord 6,$  DUW 
La valeur de calcul de l’effort tranchant par ILJE .
unité de longueur s’obtient par division de 0,5 G 0,5 G
l’effort tranchant total 9G par la longueur du 0,5 G

périmètre de contrôle X:
0,5 G

9G
YG = 
X
a)
Il va de soi que les actions qui agissent à 1,5 G 1,5 G
l’intérieur de la section de contrôle (p. ex.
poids propre, charges permanentes, charges
utiles, pression du sol ou efforts de déviation 0,5 G

d’unités de précontrainte) peuvent être dédui-


tes.

 6(&7,21'(&2175Ð/( 1,5 G 1,5 G

Le périmètre pour lequel s’effectue la vérifica-


tion est le même que dans la 6,$, soit à la 0,5 G
distance G de la surface d’appui (fig. 5.1a).
L’Eurocode, au contraire, a choisi la position
du périmètre de telle façon que la résistance à b)
l’effort tranchant de celui-ci soit égale à celle
des dalles appuyées linéairement (chapitre 4 du Fig. 5.1: Définition de la section de contrôle (a),
Section de contrôle en cas de sollicita-
présent document).
tions concentrées (b)
Ce choix est peu judicieux, tant du point de vue
phénoménologique que pratique, car la section Lorsqu’une colonne est liée monolithiquement
de contrôle ainsi définie ne se trouve plus dans à la dalle et qu’elle reprend des moments de
la zone où se produit la rupture. De plus, toutes flexion, les efforts tranchants ne sont pas répar-
les actions qui se trouvent à l’intérieur du pé- tis de manière uniforme dans la dalle le long de
rimètre de contrôle ne peuvent pas être dédui- la section de contrôle. Cet effet peut être
tes. considéré en réduisant le périmètre de la sec-

57
5 Poinçonnement Introduction à la norme SIA 262

tion de contrôle par le coefficient NH selon avec le long côté perpendiculaire au bord de la
[5.1] : dalle (fig. 5.2b). Dans de tels cas, on peut ré-
duire la section de contrôle de manière pru-
1
NH =   dente selon 6,$ILJet  par le coeffi-
H
1+ cient NH selon l’pT  .
E
avec
0G excentricité de la force
H= d’appui, où 0G est le moment
9G transmis par la dalle à la co-
lonne. Pour des moments selon
les deux axes principaux, la
somme vectorielle doit être ELHOOHFRPSULPpHGDQV
considérée : O
DQJOHGHFDGUH

0 G = 0 [G2 + 0 \G
2

9G
E diamètre d’un cercle de surface
équivalente à celle de l’appui
Pour les planchers-dalles appuyés régulière-
ment avec des colonnes intérieures encastrées, 9G
on peut admettre approximativement N H = 0.9 .
Cette valeur inclut l’effet de la distribution de a)
la charge utile et l’effet de la flexion de la co- ELHOOHFRPSULPpHHQSDUWLHHQ
lonne sous l’effet des déformations imposées GHKRUVGHO
DQJOHGHFDGUH

(changement de température, retrait et fluage


différentiels des dalles) [5.2]. Pour les plan- 9G
chers-dalles appuyés irrégulièrement (trame
des colonnes irrégulière, rapport des portées
adjacentes " max " min > 1.25 ), ou en présence
9G
de charges utiles fortement variables, il faut par
contre appliquer l’pT  . Dans le cas où b)
les colonnes doivent également reprendre des
actions horizontales, (p. ex. dans les bâtiments Fig. 5.2: Section de contrôle pour des colonnes de
sans refends pour la reprise du vent et des bord encastrées (a), cas avec une colonne
séismes), l’pT  doit également être ap- en forme de mur perpendiculaire au bord
pliquée. (b)

Pour les planchers-dalles régulièrement ap- Dans les dalles d’épaisseur variable, il peut ar-
puyés avec des colonnes de bord et d’angle en- river que des sections de contrôle situées à une
castrées ne participant pas à la reprise des ac- distance à la surface d’appui plus grande que
tions horizontales, l’effet de l’encastrement G soient déterminantes. Dans ce cas, la posi-
peut être traité de manière analogue à la 6,$ tion de la section de contrôle doit être détermi-
. Seule la partie de la section de contrôle née de telle manière que la charge de poinçon-
située dans la zone d’appui effectif doit alors nement soit la plus petite. La hauteur statique G
être considérée. Cette approche admet implici- correspondante doit être admise selon 6,$
tement que l’introduction du moment se fait ILJ.
par une bielle de compression inclinée dans le
nœud sans influencer la portance dans la zone Des canalisations, faisceaux de conduites ou
critique (fig. 5.2a). Cela n’est pas nécessaire- des incorporés dans la dalle situés à une dis-
ment le cas pour des colonnes de type mur tance à la surface d’appui inférieure à G et

58
Introduction à la norme SIA 262 5 Poinçonnement

dont la largeur ou la hauteur est supérieure à fissures de flexion. La valeur de calcul de la


G doivent être pris en compte. Selon 6,$ résistance à l’effort tranchant
DUW , aucun effort tranchant ne peut
Y 5G = N Uτ FG G ()
être transmis dès que leur hauteur ou leur lar-
geur excède Gde sorte que le périmètre de la tient compte de ce fait au moyen du coefficient
section de contrôle doit être réduit (voir figure NU qui est fonction des déformations attendues
5.3.a). Dans le domaine intermédiaire (largeur dans la zone critique. L’influence de la résis-
et hauteur entre G et G), leur influence sur la tance du béton sur la résistance au poinçonne-
résistance à l’effort tranchant doit aussi être ment est considérée dans la valeur de calcul de
considérée (diminution de la hauteur statique, la contrainte limite de cisaillement τFG selon pT.
voir figure 5.3.b). ( ou 6,$ WDE.
Puisque les déformations se concentrent au
voisinage de la colonne et sont donc fortement
variables dans la direction radiale, il est préfé-
rable d’utiliser la rotation de la dalle ψ comme
déformation déterminante. Selon [5.3],
l’ouverture de la fissure critique présente une
forte corrélation avec le produit ψ ⋅ G (fig.
5.4a), de sorte que le coefficient NU peut être
exprimé en fonction de ψ ⋅ G . Comme le mon-
a) tre la figure 5.4b [5.4], la relation

deff 1
d NU = 
1 0.45 + 0.135 ⋅ψ ⋅ G ⋅ N ' max
φ
φ/d décrit très bien les résultats d’essais de poin-
16 13 çonnement sur des parties de dalle. Le coeffi-
cient N'PD[ selon l’pT  tient compte de
b) l’influence du diamètre maximal du granulat.
La détermination de la rotation de la dalle
Fig. 5.3: canalisations, faisceaux de conduites et
ψ doit prendre en compte le fait qu’à l’état ul-
incorporés, réduction du périmètre de la
section de contrôle dans le cas d’une ca- time, l’armature située au voisinage de la co-
nalisation dont la largeur ou la hauteur lonne a normalement atteint sa limite
dépasse d/3 (a) et diminution de la hau- d’écoulement. C’est ce qui conduit aux rela-
teur statique effective dans le cas d’une tions charge-déformation non linéaires de la
canalisation tangentielle (b). fig. 5.4c. L’intersection de la courbe charge-
déformation avec le critère de rupture de l’pT
 définit la charge de poinçonnement.
 5e6,67$1&(¬/¶())257 La méthode décrite pour la détermination de la
75$1&+$17'(6'$//(66$16 charge de poinçonnement n’est cependant pas
$50$785('( appropriée pour une application pratique, car
32,1d211(0(17 un calcul non linéaire est requis. Une approche
plus pratique peut être développée en introdui-
De manière analogue au cas des dalles ap- sant l’étendue de la zone plastique U\ selon la
puyées linéairement (voir chap. 4 de cette do- fig. 5.4d [5.4].
cumentation), la transmission des efforts tran-
chants dans le cas du poinçonnement est in-
fluencée négativement par la propagation des

59
5 Poinçonnement Introduction à la norme SIA 262

ψ conditions axi-symétriques comme une fonc-


G tion directe du rayon U et de la rotation ψ :
2XYHUWXUHGH
ODILVVXUH ψ
FRUUpOpH χ= 
DYHFψ HWG U
a) L’allongement de l’armature dans la direction
 tangentielle vaut:
ε V = χ ⋅ (G − [ )⋅ β
ψ
 

U

où β est une constante permettant de prendre
N

(T  en compte les déformations plus importantes
lorsque l’armature est non istotrope (voir pT

). Pour des barres disposées orthogonale-

ment, β ≈ 0.4 . Les pT  et  donnent
           
alors :
ψ GN 'PD[ >P P @

b) U\ ⋅ ε V\
ψ = U ⋅ χ = U\ ⋅ χ \ =
(G − [ )⋅ β

ρ LP SRUWDQW
U\ I U\
≅ ⋅ VG ≅ 0.0065
0.85 ⋅ G ⋅ β ( V G
U
N 3RLQoRQQHPHQW

(T 
En introduisant ce résultat dans l’pT  ,
on obtient:
ρ 1
NU = D
IDLEOH
5HODWLRQVFKDUJHGpSODFHP HQWV

ψ GN 'PD[
0.45 + 0.9 ⋅ U\
c) L’étendue U\ de la zone plastifiée à la rupture
σ U\ (exprimé en [m] dans l’pT  ) dépend de
SODVWLTXH pODVWLTXH
I\
σV I \U \ U l’intensité des effets d’action et des dimensions
U
de la dalle. Pour les planchers-dalles avec une
trame régulière, on peut admettre :
3
P 2
U\ = 0.15 ⋅ " ⋅  0 G  E
d)  P 5G 
où " est la portée et PG un moment de réfé-
Fig. 5.4: Déformations au voisinage de la colonne rence qui correspond à la résistance minimale
et estimation de l’ouverture de la fissure selon la 6,$ (les valeurs pour les colonnes
critique (a), comparaison de l’éq. 5.2 intérieures, de bord et d’angle sont données par
avec les résultats d’essais de poinçonne-
6,$  DUW  en fonction de 9G.). La
ment sur des parties de dalle (b), déter-
mination de la charge de poinçonnement résistance à la flexion P5G est la valeur de cal-
par le critère de rupture selon éq. 5.2 (c), cul du moment qui peut être repris au voisinage
variation de la contrainte tangentielle de la colonne.
dans l’acier à l’état élasto-plastique et dé-
finition de la zone plastique (d) Pour les autres systèmes de dalles, la détermi-
nation de U\ peut s’effectuer à partir de la rela-
En admettant que la rotation ψ se concentre au tion suivante :
voisinage de la colonne, on peut estimer la
courbure χ dans la direction tangentielle sous

60
Introduction à la norme SIA 262 5 Poinçonnement

3 
P 2  6,$ (&
U\ = 0.7 ⋅ D ⋅  0 G   
 P 5G
@
  
P
P  6,$
1
>
 
où D est le rayon pour lequel le moment radial G

G 
/ P
G P /G 
s’annule et PG est la moyenne du moment tan- Y5  φ P φ G 
 ' PD[  PP
gentiel entre le bord de la colonne et D. 
I FN  1PP 
        
Comme pour les dalles appuyées linéairement, WDX[G
DUPDWXUH ρ
lors de l’utilisation d’aciers d’armature avec
I VG > 435 1PP ou en présence de granulats a)
de diamètre maximal 'max < 32 mm, U\ doit 

être corrigé par le facteur I VG 435 , resp. N'PD[  6,$



selon l’pT  .  @  (&
P
P  6,$
1
> 
G / P
G  G P /G 
Y5  φ P φ G 
 &203$5$,621'(1250(6  ' PD[  PP

I FN  1PP 
        
La 6,$ exigeait que P 5G ≥ P0 G pour que
WDX[G
DUPDWXUH ρ
la résistance au poinçonnement puisse être ac-
tivée. La 6,$  DUW  permet par b)
contre d’accepter une résistance à la flexion

bien plus petite :  6,$
 6,$/G 
@
P 5G ≥ 0.5 ⋅ P0 G  P
P
 
>1 6,$/G 
 
Il en résulte cependant de grandes déforma- G
  φ G 
G I FN 1PP  6,$/G 
tions plastiques (U\ grand selon pT E ) Y5 
ρ 
 ' PD[  PP
ce qui équivaut à une faible résistance au poin- 
    
çonnement selon l’pT D . A l’inverse, il SRUWpH/>P@
est possible d’augmenter la résistance au poin-
çonnement en augmentant la résistance à la c)
flexion. Dans l’pT E  l’augmentation

de la résistance à la flexion est limitée à  (& / P
G P /G 
6,$
4 ⋅ P0 G . Comme le montre la figure 5.5a et b,  @  I FN 1PP 
P ρ 
la résistance au poinçonnement selon 6,$  P
>1
 
est influencée par le taux d’armature. En com- G
 
G G
paraison avec la 6,$ , la nouvelle norme Y5
 6,$
 φ
donne des résistances à l’effort tranchant plus 
         
basses pour les dalles faiblement armées et
WDL O OHGHFRORQQHUHODWL YH φ G
plus hautes pour les dalles fortement armées.
La méthode de calcul selon l’(XURFRGH [5.5] d)
qui est basée sur des relations déterminées em-
piriquement montre une dépendance similaire. Fig. 5.5 : Comparaison de la résistance à l’effort
tranchant par mètre courant selon 6,$
Selon la 6,$  et l’(XURFRGH, l’effet 6,$ et (&, influence du taux
d’échelle déterminé empiriquement est fonc- d’armature (a,b), influence de la portée
tion de la hauteur statique. (c) et influence des dimensions de la co-
lonne (d)

Les réflexions théoriques sur lesquelles


s’appuie la méthode de dimensionnement selon

61
5 Poinçonnement Introduction à la norme SIA 262

la 6,$  montrent par contre que l’effet év. de frottement selon 6,$  DUW
d’échelle selon l’pT  dépend en pre- ).
mier lieu de la portée de la dalle. Comme le L’influence favorable de l’effort normal (mo-
montre la figure 5.5c, la 6,$ donne des va- ment de décompression analogue à 6,$ 
leurs de résistance plus basses pour les dalles DUW) est par contre négligée.
très élancées et plus hautes pour les dalles tra-
pues.
 (;(03/('¶$33/,&$7,21
Comme le montre la figure 5.5d, la résistance à
l’effort tranchant par mètre courant Y5G diminue On considère la dalle de la tranchée couverte
lorsque les dimensions de la colonne augmen- traitée au chapitre 4, en disposant une rangée
tent. Selon l’pT E  ceci résulte de de colonnes dans la partie centrale. Pour per-
l’augmentation de PG et U\. La résistance à mettre des comparaisons directes, les dimen-
l’effort tranchant de l’(XURFRGH, pour lequel sions principales de la structure (fig. 5.6), la
la section de contrôle est située à une distance charge de calcul et les propriétés des matériaux
G de la colonne, montre une allure similaire. sont inchangés :
Selon la 6,$  la résistance à l’effort tran-
- charge de calcul :
chant ne diminue que pour X!G.
T G = γ * ⋅ J + γ 4 ⋅ T = 70 kN/m2

- béton C25/30 : fck = 25 N/mm2 ,


 ,1)/8(1&('(/$ τ FG = 0.2 25 = 1.00 N/mm2 .
35e&2175$,17( - diamètre maximal du granulat: Dmax = 32
mm => N'PD[ 
La mise en place d’une précontrainte adéquate
dans un plancher-dalle peut avoir deux effets
favorables sur le poinçonnement : 
- l’inclinaison du câble de précontrainte au
φFRORQQH  P
droit de la section de contrôle permet de HVSDFHPHQW/  P
reprendre une partie de l’effort tranchant.
Cet effet peut être pris en compte lors de la
détermination de l’effet d’action 9G en dé-
duisant les forces de déviation des câbles     
de précontrainte situés à l’intérieur du pé-
rimètre de contrôle 6,$DUW . Fig. 5.6: Exemple d’application : tranchée cou-
verte avec une rangée de colonnes au mi-
Par analogie avec 6,$DUW, on lieu (voir aussi fig. 4.9 et les effets
admettra la valeur minimale 3∞ lorsque la d’actions à la section 4.8)
force de précontrainte agit favorablement.
- comme pour les dalles appuyées linéaire- 3UpGLPHQVLRQQHPHQW GH O¶pSDLVVHXU GH OD
ment (voir section 4.5 et exemple GDOOH
d’application de la section 4.8), la pré-
Charge de la colonne : 0.830 ⋅ 6.00 = 4.98 MN
contrainte diminue les déformations et
augmente en conséquence la résistance à On admet que les colonnes ne sont pas sollici-
l’effort tranchant. Cela peut être pris en tées à la flexion => NH (pression des terres
compte selon 6,$  DUW , en et charge symétriques dans la direction trans-
remplaçant dans l’pT E le moment versale, charge répartie constante, pas de retrait
de référence PG par la valeur P0 G − P 3G . différentiel de la dalle et de la fondation, pas
Le moment moyen P3G est celui qui est d’impact dans le sens longitudinal).
causé par la précontrainte dans la bande Hypothèses:
d’appui (forces de déviation, d’ancrage et

62
Introduction à la norme SIA 262 5 Poinçonnement

- direction transversale de la tranchée déter- Résistance flexionnelle requise:


2
minante  0.15 ⋅ "  3
- P5G PG P 5G ≥ 0.125 ⋅ 9 G ⋅  
 U 
3  \ 
 1  2
=0.906 MNm/m (ρ = 0.31%)
=> U\ = 0.15 ⋅ 10.55 ⋅   = 0.40 m
 2.5 
1.00 ⋅ π ⋅ (0.80 + G ) ⋅ G
=> 9 5G = ≥ 4.98 MN Cet exemple montre que la méthode selon la
0.45 + 0.9 ⋅ 0.40 6,$  conduit relativement rapidement au
=> G ≥ 0.80 m résultat. En particulier, les vérifications ou di-
mensionnements suivants peuvent être effec-
On choisit G  P (épaisseur de la dalle
tués:
0.90 m - 0.04 m d’enrobage – 0.02 m de dia-
mètre d’armature) - prédimensionnement de l’épaisseur de la
dalle (en admettant une valeur
Vérification transversale d’expérience pour P 5G P0 G ).
- vérification directe si 9G ≤ 9 5G ou
Effort tranchant : 9G ≥ 9 5G (voir « Vérification transver-
sale »).
9G = 4.98 − 0.07 ⋅ π ⋅ (0.40 + 0.42) = 4.83 MN
2
- dimensionnement de l’armature flexion-
nelle pour que la résistance à l’effort tran-
Périmètre de la section de contrôle : chant soit suffisante (voir « Dimensionne-
X = π ⋅ (0.80 + 0.84) = 5.15 m
ment longitudinal »). Si on obtient un taux
d’armature trop élevé, il faut prendre
d’autres mesures constructives (augmenta-
Portée: " = 10.55 m
tion de l’épaisseur de la dalle, armature de
Résistance à la flexion sur appui: poinçonnement, renforcement en tête de
P5G = 1.34 MNm/m (P5G correspond à 180 % colonne, précontrainte,…).
du moment de flexion moyen md = -0.744
MNm/m, voir aussi l’exemple de la section 4.8, Il faut noter que la la valeur de 95G déterminée
dimensionnement à la flexion : ρ = 0.46 %) lors de la vérification ne représente pas la
charge de poinçonnement effective (U\ a été dé-
terminé en fonctoin de 9G et non de 95G). Celle-
Rayon de la zone plastique:
3 ci pourrait être déterminée par la résolution de
 0.125 ⋅ 4.83  2
U\ = 0.15 ⋅ 10.55 ⋅   = 0.48 m l’équation suivante :
 1.34 
τ FG ⋅ X ⋅ G
Capacité portante à l’effort tranchant : 9 5G = 3
 9 2
1.00 ⋅ 5.15 ⋅ 0.84 0.45 + 0.9 ⋅ 0.15 ⋅ " ⋅  5G 
9 5G = = 4.90 MN > Vd  8 ⋅ P 5G 
0.45 + 0.9 ⋅ 0.48
 

'LPHQVLRQQHPHQWORQJLWXGLQDO Pour les colonnes de bord et d’angle, le facteur


 dans l’équation devrait être remplacé par une
Portée: " = 6.00 m autre constante selon l’pT  .
Rayon de la zone plastique pour que la vérifi-
cation soit satisfaite (des pTHW
):
τ FG ⋅ X ⋅ G 0.45
U\ ≤ − = 0.49 m
0.9 ⋅ 9G 0.9

63
5 Poinçonnement Introduction à la norme SIA 262

 '$//(6$9(&$50$785('( 


 6,$DYHFDUPDWXUH
32,1d211(0(17  GHSRLQoRQQHPHQW
6,$DYHFDUPDWXUH
GHSRLQoRQQHPHQW

 @  6,$VDQVDUPDWXUH
P  GHSRLQoRQQHPHQW
Le dimensionnement de l’armature de poin- P
 
1
>  / P
çonnement peut être effectué au moyen d’un G  G P /G 
G  6,$VDQVDUPDWXUH
5 GHSRLQoRQQHPHQW φ P φ G 
champ de contraintes de manière similaire aux Y 
 ' PD[  PP
éléments porteurs de type poutre. Il faut alors  I FN  1PP 

faire l’hypothèse d’une inclinaison des champs          

de compression de α = 45° . Cela signifie que WDX[G


DUPDWXUH ρ

la résistance à l’effort tranchant en présence


d’armature de poinçonnement verticale peut Fig. 5.7: Résistance au poinçonnement avec et
être calculée par : sans armature de poinçonnement (rupture
du béton), comparaison 6,$±6,$
9 5G = $VZ ⋅ I VG  

où $VZ est la section d’armature de poinçonne- Une vérification supplémentaire en-dehors de


ment qui est interceptée par une coupe faisant la zone munie d’armature de poinçonnement
un angle de 45° avec la section de contrôle. permet de déterminer jusqu’où celle-ci est né-
De nombreux essais ont montré que la limite cessaire. Pour cela, on considère que des biel-
d’écoulement de l’armature de poinçonnement les de compression s’établissent dans la zone
ne peut être mobilisée que si les éléments de transition en s’appuyant sur la dernière ran-
d’armature sont complètement ancrés en haut gée d’armatures de poinçonnement (appui indi-
et en bas. Selon 6,$ DUW , il convient rect). La hauteur statique effective pour la véri-
de respecter des conditions constructives sup- fication au poinçonnement pT   doit
plémentaires. Si elles ne sont pas respectées, être réduite en conséquence selon6,$ILJ
l’efficacité de l’armature de poinçonnement . La détermination du périmètre de la section
devra être démontrée expérimentalement. de contrôle peut se faire en admettant que la
surface d’appui correspond à la surface décrite
Afin d’éviter la rupture du béton au voisinage par la dernière rangée d’armatures. Si les unités
de la colonne, la résistance au poinçonnement d’armature sont disposées radialement autour
doit être limitée à la valeur : de la colonne, le périmètre de la section de
Y 5G = 2 ⋅ N U ⋅ τ FG ⋅ G   contrôle peut être déterminé de manière analo-
gue à l’(XURFRGH, selon la fig. 5.8.
Il faut noter que cette résistance au poinçon-
nement ne peut pas être comparée directement
à celle des dalles sans armature de poinçonne- !G
ment pT  Y 5G = N U ⋅ τ FG ⋅ G . Pour G
une même résistance à la flexion, une dalle
avec armature de poinçonnement aura un coef-
G
ficient NU plus petit, car selon l’pT 
G
PG et U\ sont plus grands. Comme le montre la G
figure 5.7, une armature de poinçonnement en
présence de taux d’armature usuels peut accroî-
tre la résistance au poinçonnement d’environ Fig. 5.8: Périmètre de la section de contrôle en-
50% au maximum. dehors des unités d’armature disposées
radialement

64
Introduction à la norme SIA 262 5 Poinçonnement

 '$//(6$9(&7Ç7(6'( $V ⋅ I VG
32,1&211(0(17 9 5G = 
1 .5
0e7$//,48(6
Il en résulte l’pT  qui permet de di-
Deux modes de poinçonnement sont possibles mensionner l’armature inférieure pour prévenir
dans les dalles avec têtes de poinçonnement l’effondrement de la dalle après le poinçonne-
métalliques : ment. Il faut noter que l’pT  ne détermine
que la charge portante après le poinçonnement
- SRLQoRQQHPHQW HQGHKRUV GH OD ]RQH UHQ
pour une situation de projet exceptionnelle.
IRUFpH. Dans ce cas, on peut admettre de
façon approximative que la tête de poin-
çonnement représente une surface d’appui.
Pour les têtes de poinçonnement de hauteur SRLQoRQQHPHQW
partielle, la hauteur statique moyenne doit H
J
U DYHFDUPDWXUHVHORQHT
être réduite en conséquence 6,$  ILJ D
K

F
 .
VDQVDUPDWXUHGDQVOD
]RQHFRPSULPpH
- SRLQoRQQHPHQW GDQV OD ]RQH UHQIRUFpH.
GpSODFHPHQW
Dans ce cas, l’effort tranchant peut être re-
pris par le béton et la tête de poinçonne-
ment. Lors du dimensionnement, il faut te-
nir compte que la dalle en béton se com-
porte de manière fragile au poinçonne-
ment. Cela signifie que les résistances de β
ces deux modes ne peuvent pas être sim-
plement additionnés. En l’absence d’une
Fig. 5.9: Comportement charge-déformation, por-
investigation particulière et selon 6,$ 
tance après le poinçonnement
DUW , on ne peut considérer lors
d’une vérification au poinçonnement à
l’intérieure de la tête de poinçonnement,
que de la résistance du renforcement mé-  5e680e
tallique. Une investigation détaillée pour-
rait être menée sur la base de l’pT  en La vérification du poinçonnement selon la 6,$
prenant en compte le comportement non  est une approche plus raffinée que la mé-
linéaire du renforcement métallique [5.6]. thode selon la 6,$. Des exemples montrent
que le prédimensionnement et les vérifications
simples peuvent être effectués rapidement.
 35e9(17,21&2175( Grâce au degré de raffinement supérieur, des
/¶())21'5(0(17 dimensionnements et des vérifications plus
poussés peuvent aussi être effectués (prise en
Des essais ont montré que l’armature de la compte de la résistance à la flexion, de la pré-
zone comprimée sur la colonne peut être mobi- contrainte, armature inégale dans les deux di-
lisée en traction après le poinçonnement [5.7]. rections).
Comme le montre la fig. 5.9, seule l’armature
qui traverse la surface d’appui et qui est com-
plètement ancrée peut être prise en considéra-
tion. Si on admet que cette armature a une in-
clinaison β = 42° après le poinçonnement, la
force qui peut être reprise vaut :

65
5 Poinçonnement Introduction à la norme SIA 262

 %,%/,2*5$3+,(

[5.1] Nölting D. : Durchstanzbemessung bei


ausmittiger Stützenlast, Beton- und
Stahlbetonbau, 96 (2001), Heft 8, S.
548-551.
[5.2] Krüger G. : Résistance au poinçonne-
ment excentré des planchers-dalles,
Thèse EPFL No. 2064, 1999, pp. 171
[5.3] Muttoni A., Schwartz J. : Behaviour of
Beams and Punching in Slabs without
Shear Reinforcement, IABSE Collo-
quium Stuttgart, Vol. 62, Zürich : In-
ternational Association for Bridge and
Structural Engineering, 1991, S. 703-
708.
[5.4] Muttoni A. : Schubfestigkeit und
Durchstanzen von Platten ohne
Querkraftbewehrung, Beton- und
Stahlbetonbau, 98 (2003), Heft 2, S.
74-84.
[5.5] Eurocode 2, Design of concrete struc-
tures, Part 1: General rules and rules
for buildings, prEN 1992-1-1, 2002,
pp 226
[5.6] Frangi T., Tonis D., Muttoni A. : Zur
Bemessung innerer
Stützenkopfverstärkungen aus Stahl,
Schweizer Ingenieur und Architekt,
(1997), Heft 12, S. 227-230.
[5.7] Kupfer H., Georgopoulos Th. : Eine
kostengünstige Massnahme zur
Vermeidung des fortschreitenden
Einsturzes punktgestützter
Stahlbetonplatten infolge
Durchstanzens, Bauingenieur, 61
(1986), S. 561-562.

7UDGXLW GH O¶DOOHPDQG SDU 2OLYLHU %XUGHW HW


6\OYDLQ3OXPH\/DXVDQQH

66
Construction en béton

Introduction à la norme SIA 262

Poinçonnement

Prof. Dr Aurelio Muttoni, Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne

Extrait de la documentation D 0182, Société suisse des ingénieurs


et des architectes, Zürich, 2003
 3RLQoRQQHPHQW

Aurelio Muttoni, Lausanne

 35,1&,3( Si la géométrie ou les effets d’action agissant


dans la dalle indiquent que l’effort tranchant se
La vérification du poinçonnement des dalles et concentre en certains endroits de la section de
radiers de fondation par les colonnes s’effectue contrôle, il faut en réduire le périmètre. C’est
en comparant l’effet d’action à la résistance à par exemple le cas des grandes colonnes rec-
l’effort tranchant: tangulaires ou de type mur. De manière simi-
YG ≤ Y5G  laire à la 6,$ , il ne faut alors considérer
que les zones de bord 6,$  DUW 
La valeur de calcul de l’effort tranchant par ILJE .
unité de longueur s’obtient par division de 0,5 G 0,5 G
l’effort tranchant total 9G par la longueur du 0,5 G

périmètre de contrôle X:
0,5 G

9G
YG = 
X
a)
Il va de soi que les actions qui agissent à 1,5 G 1,5 G
l’intérieur de la section de contrôle (p. ex.
poids propre, charges permanentes, charges
utiles, pression du sol ou efforts de déviation 0,5 G

d’unités de précontrainte) peuvent être dédui-


tes.

 6(&7,21'(&2175Ð/( 1,5 G 1,5 G

Le périmètre pour lequel s’effectue la vérifica-


tion est le même que dans la 6,$, soit à la 0,5 G
distance G de la surface d’appui (fig. 5.1a).
L’Eurocode, au contraire, a choisi la position
du périmètre de telle façon que la résistance à b)
l’effort tranchant de celui-ci soit égale à celle
des dalles appuyées linéairement (chapitre 4 du Fig. 5.1: Définition de la section de contrôle (a),
Section de contrôle en cas de sollicita-
présent document).
tions concentrées (b)
Ce choix est peu judicieux, tant du point de vue
phénoménologique que pratique, car la section Lorsqu’une colonne est liée monolithiquement
de contrôle ainsi définie ne se trouve plus dans à la dalle et qu’elle reprend des moments de
la zone où se produit la rupture. De plus, toutes flexion, les efforts tranchants ne sont pas répar-
les actions qui se trouvent à l’intérieur du pé- tis de manière uniforme dans la dalle le long de
rimètre de contrôle ne peuvent pas être dédui- la section de contrôle. Cet effet peut être
tes. considéré en réduisant le périmètre de la sec-

57
5 Poinçonnement Introduction à la norme SIA 262

tion de contrôle par le coefficient NH selon avec le long côté perpendiculaire au bord de la
[5.1] : dalle (fig. 5.2b). Dans de tels cas, on peut ré-
duire la section de contrôle de manière pru-
1
NH =   dente selon 6,$ILJet  par le coeffi-
H
1+ cient NH selon l’pT  .
E
avec
0G excentricité de la force
H= d’appui, où 0G est le moment
9G transmis par la dalle à la co-
lonne. Pour des moments selon
les deux axes principaux, la
somme vectorielle doit être ELHOOHFRPSULPpHGDQV
considérée : O
DQJOHGHFDGUH

0 G = 0 [G2 + 0 \G
2

9G
E diamètre d’un cercle de surface
équivalente à celle de l’appui
Pour les planchers-dalles appuyés régulière-
ment avec des colonnes intérieures encastrées, 9G
on peut admettre approximativement N H = 0.9 .
Cette valeur inclut l’effet de la distribution de a)
la charge utile et l’effet de la flexion de la co- ELHOOHFRPSULPpHHQSDUWLHHQ
lonne sous l’effet des déformations imposées GHKRUVGHO
DQJOHGHFDGUH

(changement de température, retrait et fluage


différentiels des dalles) [5.2]. Pour les plan- 9G
chers-dalles appuyés irrégulièrement (trame
des colonnes irrégulière, rapport des portées
adjacentes " max " min > 1.25 ), ou en présence
9G
de charges utiles fortement variables, il faut par
contre appliquer l’pT  . Dans le cas où b)
les colonnes doivent également reprendre des
actions horizontales, (p. ex. dans les bâtiments Fig. 5.2: Section de contrôle pour des colonnes de
sans refends pour la reprise du vent et des bord encastrées (a), cas avec une colonne
séismes), l’pT  doit également être ap- en forme de mur perpendiculaire au bord
pliquée. (b)

Pour les planchers-dalles régulièrement ap- Dans les dalles d’épaisseur variable, il peut ar-
puyés avec des colonnes de bord et d’angle en- river que des sections de contrôle situées à une
castrées ne participant pas à la reprise des ac- distance à la surface d’appui plus grande que
tions horizontales, l’effet de l’encastrement G soient déterminantes. Dans ce cas, la posi-
peut être traité de manière analogue à la 6,$ tion de la section de contrôle doit être détermi-
. Seule la partie de la section de contrôle née de telle manière que la charge de poinçon-
située dans la zone d’appui effectif doit alors nement soit la plus petite. La hauteur statique G
être considérée. Cette approche admet implici- correspondante doit être admise selon 6,$
tement que l’introduction du moment se fait ILJ.
par une bielle de compression inclinée dans le
nœud sans influencer la portance dans la zone Des canalisations, faisceaux de conduites ou
critique (fig. 5.2a). Cela n’est pas nécessaire- des incorporés dans la dalle situés à une dis-
ment le cas pour des colonnes de type mur tance à la surface d’appui inférieure à G et

58
Introduction à la norme SIA 262 5 Poinçonnement

dont la largeur ou la hauteur est supérieure à fissures de flexion. La valeur de calcul de la


G doivent être pris en compte. Selon 6,$ résistance à l’effort tranchant
DUW , aucun effort tranchant ne peut
Y 5G = N Uτ FG G ()
être transmis dès que leur hauteur ou leur lar-
geur excède Gde sorte que le périmètre de la tient compte de ce fait au moyen du coefficient
section de contrôle doit être réduit (voir figure NU qui est fonction des déformations attendues
5.3.a). Dans le domaine intermédiaire (largeur dans la zone critique. L’influence de la résis-
et hauteur entre G et G), leur influence sur la tance du béton sur la résistance au poinçonne-
résistance à l’effort tranchant doit aussi être ment est considérée dans la valeur de calcul de
considérée (diminution de la hauteur statique, la contrainte limite de cisaillement τFG selon pT.
voir figure 5.3.b). ( ou 6,$ WDE.
Puisque les déformations se concentrent au
voisinage de la colonne et sont donc fortement
variables dans la direction radiale, il est préfé-
rable d’utiliser la rotation de la dalle ψ comme
déformation déterminante. Selon [5.3],
l’ouverture de la fissure critique présente une
forte corrélation avec le produit ψ ⋅ G (fig.
5.4a), de sorte que le coefficient NU peut être
exprimé en fonction de ψ ⋅ G . Comme le mon-
a) tre la figure 5.4b [5.4], la relation

deff 1
d NU = 
1 0.45 + 0.135 ⋅ψ ⋅ G ⋅ N ' max
φ
φ/d décrit très bien les résultats d’essais de poin-
16 13 çonnement sur des parties de dalle. Le coeffi-
cient N'PD[ selon l’pT  tient compte de
b) l’influence du diamètre maximal du granulat.
La détermination de la rotation de la dalle
Fig. 5.3: canalisations, faisceaux de conduites et
ψ doit prendre en compte le fait qu’à l’état ul-
incorporés, réduction du périmètre de la
section de contrôle dans le cas d’une ca- time, l’armature située au voisinage de la co-
nalisation dont la largeur ou la hauteur lonne a normalement atteint sa limite
dépasse d/3 (a) et diminution de la hau- d’écoulement. C’est ce qui conduit aux rela-
teur statique effective dans le cas d’une tions charge-déformation non linéaires de la
canalisation tangentielle (b). fig. 5.4c. L’intersection de la courbe charge-
déformation avec le critère de rupture de l’pT
 définit la charge de poinçonnement.
 5e6,67$1&(¬/¶())257 La méthode décrite pour la détermination de la
75$1&+$17'(6'$//(66$16 charge de poinçonnement n’est cependant pas
$50$785('( appropriée pour une application pratique, car
32,1d211(0(17 un calcul non linéaire est requis. Une approche
plus pratique peut être développée en introdui-
De manière analogue au cas des dalles ap- sant l’étendue de la zone plastique U\ selon la
puyées linéairement (voir chap. 4 de cette do- fig. 5.4d [5.4].
cumentation), la transmission des efforts tran-
chants dans le cas du poinçonnement est in-
fluencée négativement par la propagation des

59
5 Poinçonnement Introduction à la norme SIA 262

ψ conditions axi-symétriques comme une fonc-


G tion directe du rayon U et de la rotation ψ :
2XYHUWXUHGH
ODILVVXUH ψ
FRUUpOpH χ= 
DYHFψ HWG U
a) L’allongement de l’armature dans la direction
 tangentielle vaut:
ε V = χ ⋅ (G − [ )⋅ β
ψ
 

U

où β est une constante permettant de prendre
N

(T  en compte les déformations plus importantes
lorsque l’armature est non istotrope (voir pT

). Pour des barres disposées orthogonale-

ment, β ≈ 0.4 . Les pT  et  donnent
           
alors :
ψ GN 'PD[ >P P @

b) U\ ⋅ ε V\
ψ = U ⋅ χ = U\ ⋅ χ \ =
(G − [ )⋅ β

ρ LP SRUWDQW
U\ I U\
≅ ⋅ VG ≅ 0.0065
0.85 ⋅ G ⋅ β ( V G
U
N 3RLQoRQQHPHQW

(T 
En introduisant ce résultat dans l’pT  ,
on obtient:
ρ 1
NU = D
IDLEOH
5HODWLRQVFKDUJHGpSODFHP HQWV

ψ GN 'PD[
0.45 + 0.9 ⋅ U\
c) L’étendue U\ de la zone plastifiée à la rupture
σ U\ (exprimé en [m] dans l’pT  ) dépend de
SODVWLTXH pODVWLTXH
I\
σV I \U \ U l’intensité des effets d’action et des dimensions
U
de la dalle. Pour les planchers-dalles avec une
trame régulière, on peut admettre :
3
P 2
U\ = 0.15 ⋅ " ⋅  0 G  E
d)  P 5G 
où " est la portée et PG un moment de réfé-
Fig. 5.4: Déformations au voisinage de la colonne rence qui correspond à la résistance minimale
et estimation de l’ouverture de la fissure selon la 6,$ (les valeurs pour les colonnes
critique (a), comparaison de l’éq. 5.2 intérieures, de bord et d’angle sont données par
avec les résultats d’essais de poinçonne-
6,$  DUW  en fonction de 9G.). La
ment sur des parties de dalle (b), déter-
mination de la charge de poinçonnement résistance à la flexion P5G est la valeur de cal-
par le critère de rupture selon éq. 5.2 (c), cul du moment qui peut être repris au voisinage
variation de la contrainte tangentielle de la colonne.
dans l’acier à l’état élasto-plastique et dé-
finition de la zone plastique (d) Pour les autres systèmes de dalles, la détermi-
nation de U\ peut s’effectuer à partir de la rela-
En admettant que la rotation ψ se concentre au tion suivante :
voisinage de la colonne, on peut estimer la
courbure χ dans la direction tangentielle sous

60
Introduction à la norme SIA 262 5 Poinçonnement

3 
P 2  6,$ (&
U\ = 0.7 ⋅ D ⋅  0 G   
 P 5G
@
  
P
P  6,$
1
>
 
où D est le rayon pour lequel le moment radial G

G 
/ P
G P /G 
s’annule et PG est la moyenne du moment tan- Y5  φ P φ G 
 ' PD[  PP
gentiel entre le bord de la colonne et D. 
I FN  1PP 
        
Comme pour les dalles appuyées linéairement, WDX[G
DUPDWXUH ρ
lors de l’utilisation d’aciers d’armature avec
I VG > 435 1PP ou en présence de granulats a)
de diamètre maximal 'max < 32 mm, U\ doit 

être corrigé par le facteur I VG 435 , resp. N'PD[  6,$



selon l’pT  .  @  (&
P
P  6,$
1
> 
G / P
G  G P /G 
Y5  φ P φ G 
 &203$5$,621'(1250(6  ' PD[  PP

I FN  1PP 
        
La 6,$ exigeait que P 5G ≥ P0 G pour que
WDX[G
DUPDWXUH ρ
la résistance au poinçonnement puisse être ac-
tivée. La 6,$  DUW  permet par b)
contre d’accepter une résistance à la flexion

bien plus petite :  6,$
 6,$/G 
@
P 5G ≥ 0.5 ⋅ P0 G  P
P
 
>1 6,$/G 
 
Il en résulte cependant de grandes déforma- G
  φ G 
G I FN 1PP  6,$/G 
tions plastiques (U\ grand selon pT E ) Y5 
ρ 
 ' PD[  PP
ce qui équivaut à une faible résistance au poin- 
    
çonnement selon l’pT D . A l’inverse, il SRUWpH/>P@
est possible d’augmenter la résistance au poin-
çonnement en augmentant la résistance à la c)
flexion. Dans l’pT E  l’augmentation

de la résistance à la flexion est limitée à  (& / P
G P /G 
6,$
4 ⋅ P0 G . Comme le montre la figure 5.5a et b,  @  I FN 1PP 
P ρ 
la résistance au poinçonnement selon 6,$  P
>1
 
est influencée par le taux d’armature. En com- G
 
G G
paraison avec la 6,$ , la nouvelle norme Y5
 6,$
 φ
donne des résistances à l’effort tranchant plus 
         
basses pour les dalles faiblement armées et
WDL O OHGHFRORQQHUHODWL YH φ G
plus hautes pour les dalles fortement armées.
La méthode de calcul selon l’(XURFRGH [5.5] d)
qui est basée sur des relations déterminées em-
piriquement montre une dépendance similaire. Fig. 5.5 : Comparaison de la résistance à l’effort
tranchant par mètre courant selon 6,$
Selon la 6,$  et l’(XURFRGH, l’effet 6,$ et (&, influence du taux
d’échelle déterminé empiriquement est fonc- d’armature (a,b), influence de la portée
tion de la hauteur statique. (c) et influence des dimensions de la co-
lonne (d)

Les réflexions théoriques sur lesquelles


s’appuie la méthode de dimensionnement selon

61
5 Poinçonnement Introduction à la norme SIA 262

la 6,$  montrent par contre que l’effet év. de frottement selon 6,$  DUW
d’échelle selon l’pT  dépend en pre- ).
mier lieu de la portée de la dalle. Comme le L’influence favorable de l’effort normal (mo-
montre la figure 5.5c, la 6,$ donne des va- ment de décompression analogue à 6,$ 
leurs de résistance plus basses pour les dalles DUW) est par contre négligée.
très élancées et plus hautes pour les dalles tra-
pues.
 (;(03/('¶$33/,&$7,21
Comme le montre la figure 5.5d, la résistance à
l’effort tranchant par mètre courant Y5G diminue On considère la dalle de la tranchée couverte
lorsque les dimensions de la colonne augmen- traitée au chapitre 4, en disposant une rangée
tent. Selon l’pT E  ceci résulte de de colonnes dans la partie centrale. Pour per-
l’augmentation de PG et U\. La résistance à mettre des comparaisons directes, les dimen-
l’effort tranchant de l’(XURFRGH, pour lequel sions principales de la structure (fig. 5.6), la
la section de contrôle est située à une distance charge de calcul et les propriétés des matériaux
G de la colonne, montre une allure similaire. sont inchangés :
Selon la 6,$  la résistance à l’effort tran-
- charge de calcul :
chant ne diminue que pour X!G.
T G = γ * ⋅ J + γ 4 ⋅ T = 70 kN/m2

- béton C25/30 : fck = 25 N/mm2 ,


 ,1)/8(1&('(/$ τ FG = 0.2 25 = 1.00 N/mm2 .
35e&2175$,17( - diamètre maximal du granulat: Dmax = 32
mm => N'PD[ 
La mise en place d’une précontrainte adéquate
dans un plancher-dalle peut avoir deux effets
favorables sur le poinçonnement : 
- l’inclinaison du câble de précontrainte au
φFRORQQH  P
droit de la section de contrôle permet de HVSDFHPHQW/  P
reprendre une partie de l’effort tranchant.
Cet effet peut être pris en compte lors de la
détermination de l’effet d’action 9G en dé-
duisant les forces de déviation des câbles     
de précontrainte situés à l’intérieur du pé-
rimètre de contrôle 6,$DUW . Fig. 5.6: Exemple d’application : tranchée cou-
verte avec une rangée de colonnes au mi-
Par analogie avec 6,$DUW, on lieu (voir aussi fig. 4.9 et les effets
admettra la valeur minimale 3∞ lorsque la d’actions à la section 4.8)
force de précontrainte agit favorablement.
- comme pour les dalles appuyées linéaire- 3UpGLPHQVLRQQHPHQW GH O¶pSDLVVHXU GH OD
ment (voir section 4.5 et exemple GDOOH
d’application de la section 4.8), la pré-
Charge de la colonne : 0.830 ⋅ 6.00 = 4.98 MN
contrainte diminue les déformations et
augmente en conséquence la résistance à On admet que les colonnes ne sont pas sollici-
l’effort tranchant. Cela peut être pris en tées à la flexion => NH (pression des terres
compte selon 6,$  DUW , en et charge symétriques dans la direction trans-
remplaçant dans l’pT E le moment versale, charge répartie constante, pas de retrait
de référence PG par la valeur P0 G − P 3G . différentiel de la dalle et de la fondation, pas
Le moment moyen P3G est celui qui est d’impact dans le sens longitudinal).
causé par la précontrainte dans la bande Hypothèses:
d’appui (forces de déviation, d’ancrage et

62
Introduction à la norme SIA 262 5 Poinçonnement

- direction transversale de la tranchée déter- Résistance flexionnelle requise:


2
minante  0.15 ⋅ "  3
- P5G PG P 5G ≥ 0.125 ⋅ 9 G ⋅  
 U 
3  \ 
 1  2
=0.906 MNm/m (ρ = 0.31%)
=> U\ = 0.15 ⋅ 10.55 ⋅   = 0.40 m
 2.5 
1.00 ⋅ π ⋅ (0.80 + G ) ⋅ G
=> 9 5G = ≥ 4.98 MN Cet exemple montre que la méthode selon la
0.45 + 0.9 ⋅ 0.40 6,$  conduit relativement rapidement au
=> G ≥ 0.80 m résultat. En particulier, les vérifications ou di-
mensionnements suivants peuvent être effec-
On choisit G  P (épaisseur de la dalle
tués:
0.90 m - 0.04 m d’enrobage – 0.02 m de dia-
mètre d’armature) - prédimensionnement de l’épaisseur de la
dalle (en admettant une valeur
Vérification transversale d’expérience pour P 5G P0 G ).
- vérification directe si 9G ≤ 9 5G ou
Effort tranchant : 9G ≥ 9 5G (voir « Vérification transver-
sale »).
9G = 4.98 − 0.07 ⋅ π ⋅ (0.40 + 0.42) = 4.83 MN
2
- dimensionnement de l’armature flexion-
nelle pour que la résistance à l’effort tran-
Périmètre de la section de contrôle : chant soit suffisante (voir « Dimensionne-
X = π ⋅ (0.80 + 0.84) = 5.15 m
ment longitudinal »). Si on obtient un taux
d’armature trop élevé, il faut prendre
d’autres mesures constructives (augmenta-
Portée: " = 10.55 m
tion de l’épaisseur de la dalle, armature de
Résistance à la flexion sur appui: poinçonnement, renforcement en tête de
P5G = 1.34 MNm/m (P5G correspond à 180 % colonne, précontrainte,…).
du moment de flexion moyen md = -0.744
MNm/m, voir aussi l’exemple de la section 4.8, Il faut noter que la la valeur de 95G déterminée
dimensionnement à la flexion : ρ = 0.46 %) lors de la vérification ne représente pas la
charge de poinçonnement effective (U\ a été dé-
terminé en fonctoin de 9G et non de 95G). Celle-
Rayon de la zone plastique:
3 ci pourrait être déterminée par la résolution de
 0.125 ⋅ 4.83  2
U\ = 0.15 ⋅ 10.55 ⋅   = 0.48 m l’équation suivante :
 1.34 
τ FG ⋅ X ⋅ G
Capacité portante à l’effort tranchant : 9 5G = 3
 9 2
1.00 ⋅ 5.15 ⋅ 0.84 0.45 + 0.9 ⋅ 0.15 ⋅ " ⋅  5G 
9 5G = = 4.90 MN > Vd  8 ⋅ P 5G 
0.45 + 0.9 ⋅ 0.48
 

'LPHQVLRQQHPHQWORQJLWXGLQDO Pour les colonnes de bord et d’angle, le facteur


 dans l’équation devrait être remplacé par une
Portée: " = 6.00 m autre constante selon l’pT  .
Rayon de la zone plastique pour que la vérifi-
cation soit satisfaite (des pTHW
):
τ FG ⋅ X ⋅ G 0.45
U\ ≤ − = 0.49 m
0.9 ⋅ 9G 0.9

63
5 Poinçonnement Introduction à la norme SIA 262

 '$//(6$9(&$50$785('( 


 6,$DYHFDUPDWXUH
32,1d211(0(17  GHSRLQoRQQHPHQW
6,$DYHFDUPDWXUH
GHSRLQoRQQHPHQW

 @  6,$VDQVDUPDWXUH
P  GHSRLQoRQQHPHQW
Le dimensionnement de l’armature de poin- P
 
1
>  / P
çonnement peut être effectué au moyen d’un G  G P /G 
G  6,$VDQVDUPDWXUH
5 GHSRLQoRQQHPHQW φ P φ G 
champ de contraintes de manière similaire aux Y 
 ' PD[  PP
éléments porteurs de type poutre. Il faut alors  I FN  1PP 

faire l’hypothèse d’une inclinaison des champs          

de compression de α = 45° . Cela signifie que WDX[G


DUPDWXUH ρ

la résistance à l’effort tranchant en présence


d’armature de poinçonnement verticale peut Fig. 5.7: Résistance au poinçonnement avec et
être calculée par : sans armature de poinçonnement (rupture
du béton), comparaison 6,$±6,$
9 5G = $VZ ⋅ I VG  

où $VZ est la section d’armature de poinçonne- Une vérification supplémentaire en-dehors de


ment qui est interceptée par une coupe faisant la zone munie d’armature de poinçonnement
un angle de 45° avec la section de contrôle. permet de déterminer jusqu’où celle-ci est né-
De nombreux essais ont montré que la limite cessaire. Pour cela, on considère que des biel-
d’écoulement de l’armature de poinçonnement les de compression s’établissent dans la zone
ne peut être mobilisée que si les éléments de transition en s’appuyant sur la dernière ran-
d’armature sont complètement ancrés en haut gée d’armatures de poinçonnement (appui indi-
et en bas. Selon 6,$ DUW , il convient rect). La hauteur statique effective pour la véri-
de respecter des conditions constructives sup- fication au poinçonnement pT   doit
plémentaires. Si elles ne sont pas respectées, être réduite en conséquence selon6,$ILJ
l’efficacité de l’armature de poinçonnement . La détermination du périmètre de la section
devra être démontrée expérimentalement. de contrôle peut se faire en admettant que la
surface d’appui correspond à la surface décrite
Afin d’éviter la rupture du béton au voisinage par la dernière rangée d’armatures. Si les unités
de la colonne, la résistance au poinçonnement d’armature sont disposées radialement autour
doit être limitée à la valeur : de la colonne, le périmètre de la section de
Y 5G = 2 ⋅ N U ⋅ τ FG ⋅ G   contrôle peut être déterminé de manière analo-
gue à l’(XURFRGH, selon la fig. 5.8.
Il faut noter que cette résistance au poinçon-
nement ne peut pas être comparée directement
à celle des dalles sans armature de poinçonne- !G
ment pT  Y 5G = N U ⋅ τ FG ⋅ G . Pour G
une même résistance à la flexion, une dalle
avec armature de poinçonnement aura un coef-
G
ficient NU plus petit, car selon l’pT 
G
PG et U\ sont plus grands. Comme le montre la G
figure 5.7, une armature de poinçonnement en
présence de taux d’armature usuels peut accroî-
tre la résistance au poinçonnement d’environ Fig. 5.8: Périmètre de la section de contrôle en-
50% au maximum. dehors des unités d’armature disposées
radialement

64
Introduction à la norme SIA 262 5 Poinçonnement

 '$//(6$9(&7Ç7(6'( $V ⋅ I VG
32,1&211(0(17 9 5G = 
1 .5
0e7$//,48(6
Il en résulte l’pT  qui permet de di-
Deux modes de poinçonnement sont possibles mensionner l’armature inférieure pour prévenir
dans les dalles avec têtes de poinçonnement l’effondrement de la dalle après le poinçonne-
métalliques : ment. Il faut noter que l’pT  ne détermine
que la charge portante après le poinçonnement
- SRLQoRQQHPHQW HQGHKRUV GH OD ]RQH UHQ
pour une situation de projet exceptionnelle.
IRUFpH. Dans ce cas, on peut admettre de
façon approximative que la tête de poin-
çonnement représente une surface d’appui.
Pour les têtes de poinçonnement de hauteur SRLQoRQQHPHQW
partielle, la hauteur statique moyenne doit H
J
U DYHFDUPDWXUHVHORQHT
être réduite en conséquence 6,$  ILJ D
K

F
 .
VDQVDUPDWXUHGDQVOD
]RQHFRPSULPpH
- SRLQoRQQHPHQW GDQV OD ]RQH UHQIRUFpH.
GpSODFHPHQW
Dans ce cas, l’effort tranchant peut être re-
pris par le béton et la tête de poinçonne-
ment. Lors du dimensionnement, il faut te-
nir compte que la dalle en béton se com-
porte de manière fragile au poinçonne-
ment. Cela signifie que les résistances de β
ces deux modes ne peuvent pas être sim-
plement additionnés. En l’absence d’une
Fig. 5.9: Comportement charge-déformation, por-
investigation particulière et selon 6,$ 
tance après le poinçonnement
DUW , on ne peut considérer lors
d’une vérification au poinçonnement à
l’intérieure de la tête de poinçonnement,
que de la résistance du renforcement mé-  5e680e
tallique. Une investigation détaillée pour-
rait être menée sur la base de l’pT  en La vérification du poinçonnement selon la 6,$
prenant en compte le comportement non  est une approche plus raffinée que la mé-
linéaire du renforcement métallique [5.6]. thode selon la 6,$. Des exemples montrent
que le prédimensionnement et les vérifications
simples peuvent être effectués rapidement.
 35e9(17,21&2175( Grâce au degré de raffinement supérieur, des
/¶())21'5(0(17 dimensionnements et des vérifications plus
poussés peuvent aussi être effectués (prise en
Des essais ont montré que l’armature de la compte de la résistance à la flexion, de la pré-
zone comprimée sur la colonne peut être mobi- contrainte, armature inégale dans les deux di-
lisée en traction après le poinçonnement [5.7]. rections).
Comme le montre la fig. 5.9, seule l’armature
qui traverse la surface d’appui et qui est com-
plètement ancrée peut être prise en considéra-
tion. Si on admet que cette armature a une in-
clinaison β = 42° après le poinçonnement, la
force qui peut être reprise vaut :

65
5 Poinçonnement Introduction à la norme SIA 262

 %,%/,2*5$3+,(

[5.1] Nölting D. : Durchstanzbemessung bei


ausmittiger Stützenlast, Beton- und
Stahlbetonbau, 96 (2001), Heft 8, S.
548-551.
[5.2] Krüger G. : Résistance au poinçonne-
ment excentré des planchers-dalles,
Thèse EPFL No. 2064, 1999, pp. 171
[5.3] Muttoni A., Schwartz J. : Behaviour of
Beams and Punching in Slabs without
Shear Reinforcement, IABSE Collo-
quium Stuttgart, Vol. 62, Zürich : In-
ternational Association for Bridge and
Structural Engineering, 1991, S. 703-
708.
[5.4] Muttoni A. : Schubfestigkeit und
Durchstanzen von Platten ohne
Querkraftbewehrung, Beton- und
Stahlbetonbau, 98 (2003), Heft 2, S.
74-84.
[5.5] Eurocode 2, Design of concrete struc-
tures, Part 1: General rules and rules
for buildings, prEN 1992-1-1, 2002,
pp 226
[5.6] Frangi T., Tonis D., Muttoni A. : Zur
Bemessung innerer
Stützenkopfverstärkungen aus Stahl,
Schweizer Ingenieur und Architekt,
(1997), Heft 12, S. 227-230.
[5.7] Kupfer H., Georgopoulos Th. : Eine
kostengünstige Massnahme zur
Vermeidung des fortschreitenden
Einsturzes punktgestützter
Stahlbetonplatten infolge
Durchstanzens, Bauingenieur, 61
(1986), S. 561-562.

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66

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