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UNIVERSOTE DE YAPOUNDE I

Faculté des Arts, Lettres etvSciences Humaines

DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE
Année académique 2019-2020
Semestre 2

UEGEO 436 Les stratégies de développement durable des pays du Sud


Enseignant : Professeur KENGNE FODOUOP

Séance d’enseignement du Jeudi 9 Avril 2020 de 7h30 à 9h30

I. LE DEVELOPPEMENT DURABLE : HISTOIRE ET CONTENU D'UN


CONCEPT
a) Histoire du concept de développement durable : du constat aux décisions

L’expression « Développement durable » est apparue de manière officielle en


1987, dans le Rapport intitulé « Our common future » de la Commission des
Nations Unies sur l’environnement et le développement. Un rapport rédigé par
Madame Gro Harlem Brundtland, alors premier ministre de Norvège. Depuis,
cette préoccupation a gagné le monde entier, avec des incidences croissantes sur
tous les secteurs d’activité

Mais déjà en 1971 l’Europe avait lancé le premier cri d’alarme

En effet, en 1971, le rapport du Club de Rome titré "Halte à la croissance"


lance un cri d'alarme : le développement économique actuel menace la
protection de la planète à long terme. En 1972 à Stockholm, la conférence des
Nations unies sur l'environnement élabore le concept d'éco-développement en
réponse à la question de la détérioration de l'environnement.

En 1972 , à Stockholm : pour la première fois les Nations Unies se réunissent


pour évoquer l'impact environnemental de la forte industrialisation des pays
développés sur l'équilibre planétaire. Cette conférence donne naissance à
l'UNEP (United Nations Environment Programm).

De Stockolm à Rio de Janeiro

En 1972 des problèmes de pollution dans le Nord de l'Europe amenent les


Nation Unies à tenir à Stockholm une conférence sur l'environnement. On y
1
parle alors " d'éco-développement " défini selon trois points : l'autonomie de
décisions, et la recherche de modèles
propres à chaque contexte historique, culturel et écologique, la prise en
charge équitable des besoins de tous les hommes et de chaque homme, et la
prudence écologique, c'est-à-dire la recherche d'un développement en harmonie
avec la nature.

La Conférence de Stockholm de 1972 conclut sur le fait que " la croissance


économique n'est certes pas condamnable, mais qu'ellen'en doit pas moins être
écologiquement viable et bénéfique à l'être humain " Les pays du tiers-monde ne
voulant pas être lésés dans leur développement économique, désireux
d'améliorer leur condition de vie, insistent sur un développement mondial, dans
le respect de l'environnement, incluant une révision des relations Nord/ Sud.

En 1977, les Nations unies organisent une conférence internationale à Tbilissi :


le concept élargi d'environnement replace la notion dans son rapport à l'homme,
en l'appuyant sur quatre piliers : nature, société, économie et culture. Elles
commandent à une commission internationale une réflexion sur le
développement et

Depuis la fin de la de la Deuxième Guerre mondiale, l'ONU est en charge de la


prise de conscience au niveau mondial : à travers son réseau d'association avec
les Etats membres, les ONG, le monde des affaires et la communauté
scientifique mondiale Suivant les recommandations de Stockolm, elle crée le
PNUE (Programme des Nations Unies sur l'Environnement) et le PNUD
(Programme des Nations Unies sur l'Environnement et le Développement).

En 1983 la Commission des Nations Unies pour l'Environnement et le


Développement (CNUED) ou Commission Brundtland, introduit la notion de
développement durable définie comme " un processus de transformation dans
lequel l'exploitation des ressources, la direction des investissements,
l'orientation des techniques et les changements institutionnels se font de manière
harmonieuse et renforcent le potentiel présent et à venir permettant de mieux
répondre aux besoins et aspirations de l'humanité " (Comission des Nations
Unies pour
l'environnement et le développement (CNUED), Notre avenir à tous).
L'affaiblissement des ressources, les catastrophes écologiques des années 80
obligent à une prise en compte non plus locale ou régionale mais
planétaire. C'est le début d'une vision globale.

En 1987 : le terme « Développement durable » apparaît de manière officielle,


dans le rapport « Our common future » du premier ministre norvégien, madame
Gro Harlem Brundtland. La fracture économique et sociale entre les pays

2
développés et le Tiers Monde est montrée du doigt et s'ajoute aux
préoccupations exclusivement environnementales des Nations Unies.

En 1992 : "Sommet de la Terre" à Rio de Janeiro (Brésil).


Pour la première fois, se réunissent des instances nationales (164 nations et plus
de 100 chefs d'état !) sur ce thème du développement durable. Chaque pays
rédige un Agenda 21 (ou comment améliorer l'équilibre de la planète dans les 10
ans qui viennent, pour que le 21 ème siècle soit le siècle du développement
durable). Pour la première fois, le débat politique quitte les sphères
gouvernementales pour alerter et mobiliser l'opinion publique : chacun a
désormais son rôle à jouer pour un meilleur développement de l'humanité. «
Think Global, Act Local » (Penser au niveau Global, Agir au niveau Local) est
devenu le nouveau leitmotiv depuis les années 90.

Au Sommet de la Terre (Conférence de Rio) organisé du 1er au 12 Juin


1992,
182 pays reconnaissent officiellement la nécessité des changements en
approuvant les 27 principes énoncés dans la Déclaration de Rio sur
l'environnement et le développement et en adoptant le plan mondial d'action sur
le développement durable dans les chapitres d'Action 21. L'un des principes de
base de la déclaration de Rio
est l'éradication de la pauvreté et la réduction des inégalités, conditions
incontournables d'un développement durable. Les Etats doivent coopérer en vue
de promouvoir un système économique mondial
Cinq textes sont proposés à la signature :
·-la déclaration de Rio sur l'environnement,
-la convention sur les changements climatiques,
-la convention sur la biodiversité dont les Etats-Unis ont refusé la signature,
-la déclaration de principe relatif aux forêts et l'Agenda 21 qui comprend les
objectifs à atteindre,
-une recommandation de convention internationale sur la désertification.

En 1992, à Rio, la Conférence des Nations unies sur l'environnement et le


développement (ou premier Sommet mondial de la Terre) réunit cent quatre-
vingt-deux pays. Il est rappelé que l'homme est au centre des préoccupations,
dans le respect des générations présentes et futures et que la protection de
l'environnement est partie intégrante du processus de développement et publie
un guide de mise en œuvre du développement durable, l' Agenda 21 : décliné en
quatre sections (socio-économiques, ressources, grands groupes, moyens) et
quarante chapitres. L'Agenda 21 établit un programme de deux mille cinq cents
actions pour le XXIe siècle. Les chapitres 25 et 36 développent le rôle de la
jeunesse dans la promotion du développement durable et l'importance de
l'éducation et de la formation.

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Septembre 2002, le second sommet mondial de la terre ou conférence des
Nations unies pour le développement durable à Johannesburg fait le bilan de
l'application de l'Agenda 21. Il constate que le clivage Nord-Sud fait peser une
menace sur la prospérité, et les grands équilibres mondiaux. L'environnement
demeure fragile : la diversité biologique s'appauvrit, la désertification progresse,
les préjudices des changements climatiques et des catastrophes naturelles
augmentent, la pollution de l'air, de l'eau et des mers empêche l'accès à un
niveau de vie correct d'une grande partie de la population mondiale. Les
avantages et le coût de la mondialisation ne sont pas répartis équitablement.

Les pays participants s'engagent à mettre en œuvre l'Agenda 21, en adoptant les
décisions suivantes : rendre la société mondiale plus humaine, plus respectueuse
de la dignité de chacun ; assumer la responsabilité collective de faire progresser
le développement économique, le développement social et la protection de
l'environnement ; assumer notre responsabilité les uns envers les autres, envers
tous les êtres vivants et envers les générations futures ; éliminer la pauvreté et
favoriser le développement humain ; adapter les modes de consommation et de
production ; protéger et gérer les ressources naturelles ; nouer des partenariats
constructifs entre les pays.

b) Contenu du concept de développement durable Ce qu’est le


développement durable

Le développement durable est la notion qui définit le besoin de transition et de


changement dont a besoin notre planète et ses habitants pour vivre dans un
monde plus équitable, en bonne santé et en respectant l’environnement.

Un modèle d'organisation de la société :


Le développement durable vient du rapprochement de deux mots, qui mis bout à
bout définissent un modèle d’organisation de la société.

 Par développement on entend l’amélioration des performances (économiques,


sociales etc…) d’une société.
 Le terme durable caractérise une chose qui tient dans la durée, qui est stable et
résistant.

La combinaison des deux mots donne la définition du développement durable :


l’amélioration des performances d’une société pour la rendre stable dans le
temps.

Le développement durable est un mode d’organisation de la société pour


répondre le plus efficacement possible aux besoins du présent sans
compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs.

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Aujourd’hui, cette transition vers un modèle plus durable est nécessaire pour
vivre dans un monde plus équitable et préserver notre planète et ses ressources
naturelles.

En l’espace de seulement un demi-siècle, le niveau de vie d’une partie de


l’humanité a plus évolué que pendant deux millénaires. Mais en contrepartie, les
catastrophes industrielles n’ont cessé de se multiplier : Tchernobyl, Seveso,
Bhopal, Exxon Valdez pour ne citer que les plus graves.
Sans oublier les dégâts écologiques inquiétants : pollution de l’air et de l’eau,
disparition d’espèces animales et végétales, déforestation massive,
désertification….

Comment faire en sorte de léguer une Terre en bonne santé à nos enfants ?

Ce contexte a fait émerger des questions fondamentales :

-Comment concilier progrès économique et social sans mettre en péril


l’équilibre naturel de la planète ?
-Comment répartir les richesses entre les pays riches et ceux moins
développés ?
-Comment donner un peu de richesses à ces millions d’hommes, de femmes
et d’enfants encore démunis à l’heure où la planète semble déjà asphyxiée
par le prélèvement effréné de ses ressources naturelles ?
-Et surtout, comment faire en sorte de léguer une Terre en bonne santé à
nos enfants ?

Réconcilier l’économie, l’environnement et le social


C’est pour apporter des réponses concrètes à ces questions qu’est né le concept
de développement durable. Un concept que l’on résume aujourd’hui d’une
simple phrase : " un développement qui répond aux besoins du présent sans
compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ".
Pour y parvenir, les entreprises, les pouvoirs publics et la société civile devront
travailler main dans la main afin de rapprocher trois univers qui se sont
longtemps ignorés : l’économie, l’environnement et le social. À long terme, il
n’y aura pas de développement possible s’il n’est pas économiquement efficace,
socialement équitable et écologiquement tolérable

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Les 3 P : trois pôles interdépendants du développement durable de l'humanité

Les 3 objectifs associés du développement durable sont :


• l'équité sociale ( People)
• la préservation de l'environnement (Planet)
• l'efficacité économique (Profit)

b) Le développement durable

La définition la plus générale et la plus répandue de la notion de développement


durable a été popularisée par le rapport de la Commission mondiale sur
l'environnement et le développement (Nations Unies) encore appelé Rapport
Brundtland et intitulé "Notre avenir à tous"1. Le rapport affirme que "Le
développement durable est un mode de développement qui répond aux besoins
du présent tout en préservant les besoins des générations futures et plus
particulièrement des besoins essentiels des plus démunis à qui il convient
d'accorder la plus grande priorité (...)".

Si le rapport Brundtland propose une définition générale du développement


durable, Ignacy SACHS nous dégage les cinq dimensions de la durabilité ou de
l'écodéveloppement. Ce sont :
— la dimension sociale (autre croissance, autre vision de la société) ;
— celle économique (meilleure répartition et gestion des ressources, plus grande
efficacité) ;
— l’écologique (minimiser les atteintes aux systèmes naturels) ;
— la dimension spatiale (équilibre ville-campagne, aménagement du territoire) ;
— la dimension culturelle (pluralité des solutions locales qui respectent la
continuité culturelle)"2.
Telle que présentée dans les différentes définitions, le concept de
développement durable et ses applications pratiques sur le terrain des opérations
auxquelles on pourrait s’attendre, rencontre bien les besoins des populations
démunies. Au plan théorique, il apparaît même comme difficilement dépassable,
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si ce n’est par des améliorations ou surtout par le développement de disciplines
ou approches dérivées.

Le concept prend d’ailleurs toute son importance pour des pays en


développement qui n’ont pas encore atteint un rythme de production élevé et
donc d’exploitation des ressources naturelles jugé alarmant. C’est bien là
l’occasion de tenter une approche du développement basée sur des normes, des
standards et des indicateurs plus en conformité avec la condition humaine. La
société de consommation se rend compte d’elle-même que le rythme imposé
pour sa survie ne sera pas supportable éternellement. Le point de rupture
interviendra bien un jour. Ce constat rend au concept de développement durable
toute son importance en faisant appel à un mode de production et de
consommation responsable de la part de tous les acteurs. La grande avancée
conceptuelle et certainement technologique opérée par le développement
durable, c’est d’avoir fait porter dans les consciences les limites de la conception
du développement qui avait cours jusqu’alors et qui entendait le développement
comme la croissance, c’est-à-dire la suprématie du principe roi de la production
et du profit maximum.

Instaurer un mode de production qui tienne compte des intérêts des groupes
sociaux bénéficierait au premier chef aux populations africaines. Les pays du
Sud pour la plupart sont tributaires d’un niveau de maîtrise et d’équipement
technologiques extrêmement faible. Ne leur restent que les ressources et
matières premières brutes à proposer dans le cycle du commerce mondial.
L’exploitation de ces ressources et matières se fait généralement au détriment
des populations, car une très petite partie de la valeur ajoutée revient à ces
populations. Le concept de développement durable intervient encore ici pour
rétablir un principe d’égalité ou d’équité bien souvent foulée aux pieds par le
système libéral de production. Cet équilibrage s’opère par le jeu de
l’engagement de la responsabilité sociale des entreprises qui se voient de la sorte
obligées de redistribuer une plus grande partie de leurs bénéfices dans des
investissements à caractère social au profit des populations démunies. D’où la
nécessité d’assurer une plus grande participation citoyenne dans la gestion.

Pourquoi le développement durable est-il essentiel aujourd'hui ?


En 1800, la terre abritait 900 millions d’êtres humain. En 2020, notre planète
abrite 7,8 milliards d’habitants. Cette forte croissance de la population
s’accompagne d’une augmentation de la demande de biens et de services et de
modes de production qui entraînent des désordres environnementaux et sociaux.

Dans les années 70, un grand nombre d’experts et de scientifiques tirent la


sonnette d’alarme quant à l’impact de l’activité des hommes sur la planète.
Depuis la révolution industrielle, le monde a connu un développement sans

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précédent, mais sans véritablement en mesurer les conséquences de l’évolution
de son mode de vie. À cela se sont ajoutés :

-l’accélération des échanges avec le reste du monde (la mondialisation) ;

-l’accroissement des inégalités entre pays riches et pays pauvres ;

-les prévisions de croissance démographiques qui visent à 10 milliards


d’habitants sur la planète d’ici 2100.

Aujourd’hui 80 % des ressources naturelles sont consommées par 20% de la


population mondiale. Cela engendre des zones de grande richesse et de grande
pauvreté. Dans certaines zones du monde, les habitants n’ont pas accès à l’eau
potable, aux soins, à l’éducation et à un emploi dignement rémunéré.

Mais comment assurer demain un accès à l’alimentation et à l’eau potable, à la


santé et à l’éducation pour tous ? Comment assurer la protection de la
biodiversité et lutter contre le changement climatique ?

C’est pourquoi il est urgent de trouver un nouveau modèle : le développement


durable.

Les sociétés humaines vont devoir entrer dans une transition et repenser
l'ensemble de leurs activités. De nombreux acteurs sont déjà engagés dans cette
transition vers un mode de fonctionnement plus respectueux de l'environnement
et des êtres humains

Les acteurs du développement durable


Tout le monde est concerné par cette transition vers un nouveau modèle de
société plus durable. Les différents acteurs qui agissent déjà, à leur échelle en
menant des actions de développement durable sont :

-L’Etat (pouvoirs publics gouvernementaux, régionaux et locaux ;


-Les entreprises économiques ;
-Les citoyens du monde : enfants, jeunes, parents etc… ;
-Les établissements d’enseignement : écoles, collèges, lycées, universités, c
-Les associations et clubs ;
-Les congrégations religieuses ;
-Et bien d’autres…En effet, les hommes sont tous concernés par le
développement durable et avancent ensemble vers un nouveau modèle de société
plus respectueux de l’environnement.

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