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INTRODOUCTION

« La constitution est devenue un enjeu fondamental des processus de démocratisation dans


l’espace francophone »1. En effet, la constitution en tant que la norme fondamentale de
l’Etat, elle doit cristalliser les tentions puis garantir le règne du juridique sur le politique.
C’est pourquoi il est impératif que les acteurs politiques œuvrent au maintien de son
caractère consensuel et inclusif2 . Mais l’inclusivité ne se décrète pas elle se construit. Ainsi,
dans une dynamique de respect de la liberté, le processus de l’élaboration de la constitution
doit aboutir à l’adoption d’un texte consensuel. Ensuite, une fois le texte constitutionnel
adopté, l’on doit maintenant mettre en place un dispositif pour garantir sa supériorité et en
conséquence protéger les aspirations affichées dans la constitution. Il s’agit bel et bien des
juridictions constitutionnelles (conseils constitutionnels ou cours constitutionnelles). S’il est
vrai que dans l’espace francophone, l’idée de la justice constitutionnelle était présente dès
les premières constitutions, «la consécration de la juridiction constitutionnelle en tant que
gardien de la constitution, est intervenue plus tard» 3 . Aujourd’hui presque tous les Etats
d’Afrique francophone consacrent la juridiction constitutionnelle en tant que gardien de la
constitution. Face à l’autonomisation de la justice constitutionnelle, l’on prête attention à
l’idée de : « jurisprudence constitutionnelle et ingénierie constitutionnelle ». Devant un tel
sujet il serait opportun de commencer par quelques considérations définitionnelles
relativement aux termes du sujet. Premièrement, la jurisprudence constitutionnelle sous-
tend selon le lexique de droit constitutionnel l’ensemble des décisions rendues par les
juridictions constitutionnelles. Il s’agit en quelque sorte de l’ensemble des solutions
apportées par le juge constitutionnel à un litige en cas de contentieux constitutionnel ou en
cas de contentieux électoral. Deuxièmement, « et » est un connecteur logique d’addition,
c’est aussi une conjonction de coordination. Mais ici, il est utilisé pour établir un rapport
entre deux notions. Finalement, « ingénierie constitutionnelle » peut être définie comme
l’art d’élaborer une constitution véritablement, démocratique et, partant, de la stabilisation
de l’Etat et de ses institutions. Autrement dit, la doctrine veut simplement afficher que c’est
l’étude de la constitution de façon globale. A travers la conception des termes du sujet, il
nous convie à l’idée selon laquelle les décisions du juge constitutionnel ont un apport
considérable et certain dans le processus constitutionnel aujourd’hui. Partant de la forte
implication du juge et des juridictions constitutionnelles 4 dans le processus constitutionnel,
le thème soumis à notre intellection présente plusieurs intérêts. S’il est vrai que « la
première raison d’être de toute juridiction constitutionnelle est de préserver la suprématie
de la constitution ; alors, il peut paraitre donc logique d’arguer par analogie que les décisions
des juridictions constitutionnelles sont donc rendues dans une perspective de renforcer cet

1
S.E. Mme Michaelle Jean, Secrétaire Générale de la francophonie dans son rapport sur l’état des pratiques de
la démocratie, des droits et des libertés-2016, dynamiques constitutionnelle, P14 et P19
2
Idem P14
3
Idem P19
4
Kobenan Kra Kpri, le conseil constitutionnel et la suprématie de la constitution : étude à la lumière des
décisions et avis. Thèse de Doctorat en droit en cotutelle université Bourgogne Franche-Comté et Université
Felix Houphouët Boigny de Cocody,2018, P162
argument. Dans l’espace francophone, selon l’auteur, il est admis que la jurisprudence
constitutionnelle permet la garantie des constitutions contre les altérations multiples. Les
juridictions constitutionnelles, écrivait Abdourahamane(Bi) ont été présentées comme de
nouveaux sites institutionnels5 de démocratisation sur le continent noir. Se faisant, le juge
constitutionnel, à travers la mise en œuvre effective de ces attributions procure l’onction
démocratique. Dans ce sens, la jurisprudence constitutionnelle serait donc une arme efficace
dans l’écriture de la constitution. Par ailleurs, cette influence pourrait par moment être
synonyme de blocage dans le travail des organes constituants 6. Cependant, on pourrait
admettre de facto que la jurisprudence constitutionnelle participe à un double
enrichissement normatif. Cet enrichissement varie. Il est quantitatif et surtout qualitatif 7.
C’est ce qui explique la constitutionnalisation de principes et de prérogatives. Ici, l’on songe
donc à la portée de la jurisprudence constitutionnelle dans le processus constitutionnel ou
dans la vie juridico-politique. C’est pour cela le leitmotiv de cette étude tournera autour de
la problématique suivante : quel est l’apport de la jurisprudence constitutionnelle sur
l’ingénierie constitutionnelle ? La réponse à une telle problématique parait très complexe.
En effet, pour y répondre, nous avons procéder à l’étude des décisions des juridictions
constitutionnelles et à l’analyse de la doctrine. Enfin, nos recherches nous amènent à axer
notre réflexion sur les aspects suivants : dans un premier temps, nous analyserons
l’influence des décisions constitutionnelles sur l’ingénierie constitutionnelle(I). Et dans un
second temps, nous invoquerons ici que la jurisprudence constitutionnelle est une sorte de
continuité de la constitution (II).

5
ABDOURAHAMANE (B.I), les cours constitutionnelles dans le processus de démocratisation en Afrique.
Analyse comparative à partir des exemples du Benin, de la CI et du Niger. Thèse de Doctorat en droit,
Université Montesquieu-Bordeaux IV, 2002, P89
6
Jus Politicum-revue de droit politique Français N°20-21 (Juillet 2018), P9-10 et P31…
7
Idem P9-10
I) L'INFLUENCE DES DECISIONS DU JUGE CONSTITUTIONNEL SUR
L'INGERERIE CONSTITUTIONNELLE

Toutes réflexions relatives aux révolutions dont le droit peut faire l'objet, suscite
immédiatement de l'intérêt. Dans le cas de notre travail, il faut noter qu'il est question de
manière spécifique aux (ré) évolutions relatives à la constituions et aussi à l'art de l'élaborer
en vue de l'obtention d'une bonne constitution. Selon la pyramide de classification des
normes, la constitution se voit érigé en maître sur toutes les autres normes, en allant dans le
sens de règle de Droit qui, ici sera perçu comme étant un ensemble de norme frappées du
sceau de la violence légitime dont la vocation est l'organisation de la vie sociale 8 . Mais dans
cette mission de vouloir planifier la vie en société, plusieurs interrogations méritent d'être
posées, en ce sens comment cela se fait ? Est-ce que cela se fait de manière inclusive ? etc.
Nous nous essayerons d'éluder tout soubresaut en vue de mieux cerner les contours de
cette influence à proprement parlé. A cet effet, l'art de faire refaire ou défaire la constitution
comme l'a souligné le professeur F.M. Djedjro 9 , doit être apprécié à la lumière des acteurs
sinon au pouvoir constituant et pour revenir à notre cas spécifique à l'intervention du juge
constitutionnel au niveau des acteurs (A) et aussi au niveau de la rédaction même de la
constitution (B)

A) Une influence de la jurisprudence constitutionnelle au niveau des acteurs

Avant tout propos, il est judicieux de savoir qu'est-ce que l'on entend par acteurs de
l'ingénierie constitutionnelle. Avec les changements constitutionnels opéré dans les Etats en
général et dans les Etats d'Afrique en particulier nous nous sommes demandées de savoir,
qui détient le pouvoir de "Faire refaire et défaire" les constitutions (1) ? à la suite de cela ,
élever la réflexion vers l'intervention de la jurisprudence constitutionnelle au niveau desdits
acteurs(2)

1) Notion d'acteur dans le processus d'ingénierie constitutionnelle.

Dans la perspective d'élaboration d'une bonne constitution qui reflète la volonté populaire,
puisqu'elle organise la vie de la cité dans laquelle cette population évolue ; il convient d'avoir
un pouvoir constituant compétent dans l'élaboration de la norme suprême de l'Etat en
question. Comme l'indique le LEXIQUE DES TERMES JURIDIQUE 10, le pouvoir constituant peut
être appréhendé comme étant " le pouvoir qualifié pour établir ou modifier la Constitution.

8
HANS KELSEN, théorie pure du Droit, Dalloz 1962
9
F.M.Djedro, «  Faire défaire et refaire la constitution en Côte d'Ivoire : un exemple d'instabilité chronique  »
Draff paper presented at african Network of constitutionalism in Africa, Nairobi, avril 2007, p.25.
10
Lexique des termes juridiques, 21ème édition, Dalloz, p.993
1° pouvoir constituant originaire : celui qui s'exerce d'une manière inconditionnée pour
doter d'une constitution un Etat qui n'en a pas (nouvel Etat) ou n'en a plus (après une
révolution).

2° Pouvoir constituant dérivé (ou institué) : celui qui s'applique à la révision d'une
constitution déjà en vigueur, selon les règles posées par celle-ci". Il est important de noter
que, le pouvoir constituant s'exerce lorsqu'une élaboration de la Constitution octroyée
relève du libre et unique exercice d'une autorité politique. C’est-à-dire lorsqu'une
Constitution est concédée par le souverain à ses sujets.

L'élaboration de Constitution peut résulter d'un accord entre les pouvoirs constitués,
c'est alors un pacte. Comme on peut le constater dans des Etats dans lesquelles il y a eu une
crise (surtout un renversement du pouvoir en place par une junte) par exemple au Mali ou
encore au Burkina Fasso pour ne citer que ces deux pays, un pacte peut être crée en vue du
bon fonctionnement des institutions étatiques. Dans le cas de notre exemple qui est le l'Etat
du Mali ou du Burkina Fasso, ce pacte a pris la dénomination de charte de transition qui fait
appel à plusieurs acteurs de la vie dans la cité on peut citer comme exemple la société civile
et aussi les forces armées etc. Pour désigner les opérations constituantes en considération
de leur nature, de leur ampleur et même de des processus mis en œuvre, on utilise des
expressions appropriées : on parlera ainsi d'élaboration, d'établissement d'une constitution,
lorsqu'il s'agit de l'opération constituante initiale ; ou alors, de révision, de réforme, ou
d'amendement, de modification de la constitution, quand la norme constitutionnelle en
vigueur est partiellement affectée dans son contenu. Mais on sait en même temps que
"réviser" la constitution renvoi à un concept indéterminé 11. Afin que ce pouvoir soit la
manifestation de la volonté populaire, il faut qu'il soit établit par des procédé qui lui octroi
cette légitimité. Dans ce sens l'on peut parler de, soit l'adoption de la nouvelle constitution
par voie référendaire ou encore par le vote des élus en la personne du parlement. Mais
comme la loi est l'émanation des exigences sociologique et qu'une loi peu ne plus être
adaptée à l'évolution de la société pour laquelle, elle a été faite il faut bien qu'elle puisse
évoluer et quoi de plus normale que le juge constitution pour montrer à tous que la loi doit
être refaite, encore faut-il qu'il puisse être libre dans l'exercice de ses fonctions?

2) L'influence de la jurisprudence sur les acteurs de l'ingénierie constitutionnelle

Dans nos sociétés africaines, il y a eu une avancée considérable dans les rapports entre le
juge constitutionnel et la manière dont on élabore la constitution. Il va s'en dire que
l'autonomie ou encore le principe d'ingratitude du juge constitutionnel envers le Président
de la République est plus ou moins respecté et ce, mieux qu'avant la venue des juridictions
constitutionnelles à proprement parlé. C'est surement cela qui a fait accroître l'assurance de
certains juge a même de se prononcer sur des sujets qui étaient normalement loin de leurs

11
.M.Djedro, «  Faire défaire et refaire la constitution en Côte d'Ivoire : un exemple d'instabilité chronique  »
Draff paper presented at african Network of constitutionalism in Africa, Nairobi, avril 2007, p.25.
attributions classiques12 . Dans une seconde acception, on pourra sans doute affirmer que ce
sont les fluctuations subies par les normes, plus encore les normes constitutionnelles qui
fondamentalement, affectent les structures politiques. C'est surtout ce mouvement de flux
et reflux du constitutionnalise qui conduit le juge constitutionnel africain et ivoirien de
manière spécifique à se prononcer sur différentes manières d'aborder un contentieux,
puisque la norme règlementant ce contentieux ne cesse de fluctuer.

En Côte d'Ivoire, les grands changements constitutionnels ont eu lieu avec l'aval des
parties au pouvoir. Autrement dit, c'est le parti au pouvoir qui donne son orientation, sa
manière de penser la norme suprême et malheureusement moins l'apanage du juge
constitutionnel. Le premier changement constitutionnel, le plus important est certainement
survenu dans la période de la transition politique de 1990. Il s'est agi de rendre effectif
l'article13de la constitution de 19606qui, prévoyait le multipartisme mais qui n'avait jamais
été appliqué parce que le parti au pouvoir, le Parti Démocratique de Côte d'Ivoire
Rassemblement Démocratique Africain (PDCI-RDA), avait imposé le parti unique de fait
depuis 196014 . L'on attendait que le juge puisse se prononcer sur la question afin de par son
pouvoir d'interprétation de la loi donner une autre dimension à la vie politique en côte
d'ivoire.. Le deuxième changement va s'entrevoir avec la création de la justice
constitutionnelle et par là même la mort de la chambre constitutionnelle qui n'a pas
vraiment joué son rôle en tant que gardien du respect des normes constitutionnelles.

Malgré tous les handicapes qu'on peut affecter à la justice constitutionnelle ivoirienne,
elle a quand même joué son rôle8 à chaque fois qu'elle a été sollicitée ou que ses
attributions lui permettait de se prononcer sur une situation donnée. Mais il est faut
souligner le fait que, le juge constitutionnel ivoirien en comparaison à d'autres Etats comme
le Sénégal ou encore le mali, a contribué à l'amélioration du corpus constitutionnel mais à un
degré moindre. En clair, il aurait pu faire encore plus par son pouvoir d'interprétation. Il a le
pouvoir de montrer les carences voire les insuffisances de la constitution, pour que la
manière dont on choisit le pouvoir constituant puisse évoluer. Cette amélioration peut être
perçue à travers la décision15 du conseil constitutionnel de déclarer le Président de
l'Assemblée Nationale compétente pour le saisir pour avis sur les propositions de lois alors
que, ni la constitution du 1er Août 2000 et ni la loi organique déterminant l'organisation et le

12
Sory BALDE, la convergence des modèles constitutionnels : étude des cas en Afrique subsaharienne,
Publibook, 2011, 536 p.404
13
Article 7 constitution de 1960 : le peuple de côte d'ivoire proclame son attachement aux principes de la
démocratie et des droits de l'homme, tels qu'ils ont été définis par la Déclaration des droits de l'homme et du
citoyen de 1789, par la Déclaration universelle de 1948, et qu'ils sont garantis par la présente constitution.
14
F.M.Djedro, Ibid.
15
Décision N°CI-2017-304/05/01/CC/SG du 05 janvier 2017 relative à la requête du Président de la République
tendant à la vérification des conditions d'éligibilité. Décision N°CI-2020-008/28-07/CC/SG du 28 juillet 2020
portant mise en place du dispositif de vérification des parrainages des candidbdats présidentielle et fixant les
modalités de son fonctionnement. Décision N°CI-2020-EP-01/09-11/CC/SG du 09 novembre 2020 portant
proclamation des résultats définitif de l'élection Présidentiel de la République du 31 Octobre 2020. Toutes ces
décisions et bien d'autres sont disponible en ligne : www.conseil-constitutionnel.ci.
fonctionnement du conseil constitutionnel ne le citait comme étant un acteur à la saisine du
juge constitutionnel.

Ce pas considérable effectué par le juge ici va être pris en compte par le constituant
ivoirien dans la Constitution du 08 novembre 2016 en son article 133. Un tel pouvoir qui
plébiscite le juge au rang de législateur constitutionnel. Aussi dans les rapports du saisissant
du Conseil constitutionnel, le juge a, à son niveau fait évoluer le nombre de saisissant par le
biais de son pouvoir d'interprétation de la norme. Ainsi il a permis au constituant d'étendre
cette capacité non seulement au Président de l'Assemblée National mais aussi au Président
du Sénat. Cette loi peut être appréhendée comme "la loi du juge" ou "la constitution du
juge" de ce fait le juge se substitut en quelque sorte au pouvoir constituant puisqu'il crée la
loi.

B) Une influence de la jurisprudence constitutionnelle au niveau de la rédaction de la


constitution.

Pour que l'on puisse parler d'un certain interventionnisme du juge constitutionnel dans la
rédaction de la constitution, il faut que sa fonction soit optimisée par une interprétation
extensive de ses compétences. En Afrique la nature présidentialiste des régimes politiques
contribuent à l'évolution de techniques permettant d'altérer la volonté du peuple, au lieu de
l'exprimer. C'est à cela que les politiques s'adonnent pour s'assurer de toujours gagner les
élections et en cela ils cherchent à avoir un quasi-monopole sur la nomination du juge
constitutionnel. De par cette recherche de toujours contrôler l'accès des personnes à la
fonction de juge constitutionnel, il est opportun de constater que ce dernier ait des
difficultés à exercer ses fonctions. Autrement dit, le juge constitutionnel n'est pas
totalement autonome et cela fragilise considérablement l'institution en elle-même. Dans le
cadre de notre étude, nous allons voir qu'en Afrique le juge constitutionnel a fait de
véritables efforts dans la création de cadre véritable qui, permet soit d'éclairer le constituant
soit en agissant dans des domaines qui étaient jusque-là hors d'atteinte pour eux. Et ce dans
plusieurs Etats mais nous allons nous restreindre à seulement deux Etats qui sont la Côte
d'Ivoire (1) et le Benin (2)

1) Cas de la Côte d'Ivoire

Comme l'a si bien dit le Professeur J.DU BOIS DEGAUDUSSON " constitution sans culture
constitutionnelle n'est que ruine du constitutionnalisme 16, ainsi pour dire que les Etats se
construisent toujours avec un minimum de culture, et ce dans la quasi-totalité des domaines
de ce fait la constitution ne pourrait rester en reste. En analysant la culture constitutionnelle
ivoirienne il faut dire c'est un Etat qui fait partie de ses Etats qui ont des systèmes
constitutionnelles où la loi de révision constitutionnelle n'est pas justiciable devant la
juridiction constitutionnelle. C'est à juste titre que le Professeur DREDJO M.F écrit sur la

16
Avis n° CI-2014-A-137/10-06/CC/SG relatif
question de "faire, refaire et défaire" la constitution, pour montrer non seulement comment
il est très facile de changer la ou de constitution en Afrique mieux en Côte d'Ivoire plus
précisément. Si ce n'est pour statuer sur des questions déjà abordé par le législateur il ne
s'aventure pas assez sur d'autres terrains qui se trouvent trop loin de leurs compétences
intrinsèques. Hans Kelsen avait raison en parlant d'arrêter le pouvoir par le pouvoir ce n'est
qu'à ce prix que les décisions du juge constitutionnel seront vraiment avant-gardiste. Jusqu'à
maintenant il faut noter que le juge constitutionnel ivoirien a contribué à bien des égards à
l'amélioration mieux à l'enrichissement de la constitution. Comme déjà dit, le juge
constitutionnel ivoirien a contribué à l'étendu des acteurs pouvant saisir la juridiction
constitutionnelle et cela a été pris en compte par le constituant lors de la rédaction de la
constitution du 08 novembre 2016. Une autre avancée a été constaté car le juge
constitutionnel ivoirien une fois encore s'est prononcé sur un fait qui n'était pas encore
prévu par la constitution.

En date du 26 juin 2014 le conseil constitutionnel alors que la constitution du 1er Août
2000 était silencieuse sur le sort de la loi déclarée inconstitutionnelle à l'issue d'un contrôle
par voie d'exception, il saisit d'un tel recours par la société APM Terminal Côte d'Ivoire 17,
décide : "l'article 31 de la décision présidentielle est abrogé pour non-conformité à la
constitution". Sur ce, le constituant dans la constitution de 2016 en a pris compte et à
l'article 137 al 218. Ainsi pour dire que le juge contribue par son pouvoir d'interprétation de la
loi à créer la loi ainsi il contribue considérablement à la rédaction et l'éclaircissement de la
constitution. Cependant qu'en est-il de l'Etat du Benin ?

2) Cas du Bénin

La constitution Béninoise a été construite sur la base d'un consensus National, qui est le
reflet de la volonté populaire. En février 1990 la conférence des Forces Vives de la Nation à
consacrée la Constitution et son Préambule qui réaffirme l'opposition du peuple Béninois à
la confiscation du pouvoir. C'est ainsi que la Cour constitutionnelle du Bénin a rendu une
décision13 sur la conformité de la loi constitutionnelle à la constitution. Cette loi
constitutionnelle avait pour objectif premier le couplage des élections législatives et des
municipales, communales et locales pour faire des économies à l'Etat et préserver les
deniers du contribuable. Il faut dire que la décision de la cour ici est sans appel car elle
déclare les dispositions de la loi 2006-13, portant révision de de l'article 80 de la constitution
contraire à la constitution. En effet la cour dans sa décision dit que : " même si la
Constitution à prévue les modalités de sa révision, la détermination du peuple Béninois à
créer un Etat de droit et de démocratie pluraliste, la sauvegarde de la sécurité publique et de
la cohésion nationale commandent que toute révision tienne compte des idéaux qui ont
17
J.DU BOIS GAUDUSSON, "Constitution sans culture constitutionnelle n'est que ruine du constitutionnalisme.
Poursuite d'un dialogue sur quinze années de "transition" en Afrique et en Europe", in Mélanges en l'honneur
de Slobodan Milacic, Démocratie et liberté : tension, dialogue, confrontation, Bruxelles, 2007, 1148 p., pp. 333-
348.
18
Karim DOSSO (2019), le dialogue des pouvoirs dans le processus normatif en Afrique…. PUB. Revue Ivoirienne
des Sciences Juridiques et Politiques- RISJPO, ISSN : 2664-1925, n°7 p-79.
présidé à l'adoption de la Constitution du 11 décembre 1990, notamment le consensus
national, principe à valeur constitutionnelle". Par cet arrêt le juge, à créer un principe
fondamental notamment celui du "consensus national" qui a président la conférence
Nationale de 1990. L'œuvre consolidant du juge constitutionnel est tout simplement à saluer
car elle a permis d'assurer la continuité constitutionnelle et démocratique au Bénin. Ici bien
vrai que la présente constitution du Bénin ne lui consacre pas un article mais cela fait d'ors
et déjà jurisprudence et à chaque fois qu'il juge nécessaire le juge constitutionnel n'hésitera
pas à contrôler la loi constitutionnelle sur la base de cet arrêt. Par la création de la "loi
constitutionnelle" il va s'en dire que la question de la continuité de la constitution par la
jurisprudence doit être sérieusement étudiée.

II- LA JURISPRUDENCE CONSTITUTIONNELLE, CONTINUIT2 DE LA


CONSTITUTION

La jurisprudence constitutionnelle serait comparable aux fruits, le conseil


constitutionnel à la branche et la constitution à l’arbre ou au tronc. Ainsi que fut-ce
l’énormité de la branche, elle n’excite que grâ ce au tronc d’arbre le statut et la valeur des
uns et des autres étant mesuré à la qualité des un et des autres. La continuité de la
constitution par la jurisprudence se détermine d’alors dans un objectif de respect des
droits fondamentaux (A) mais également dans une perspective de garantie de la
constitution(B)

A- Le respect des droits fondamentaux

Toute constitution est constituée de deux fondamentale parties le préambule et les


textes de lois. Ces deux parties réunies forment une constitution. Le juge
constitutionnelle est ainsi appelé a interpréter cette constitution mais dans un cadre de
compétence liée, sans ignoré que la constitution et la politique forment un couple
imparfait mais inséparable.

1- Le juge constitutionnelle dans une posture de compétence liée

Le juge constitutionnelle est tenu de garantir les droits fondamentaux mais dans un
cadre qu’il ne peut outre passé. Juge des élections politiques (présidentielle et
parlementaire) et du bloc de constitutionnalité 19, le juge constitutionnelle a pour charge
de garantir les droits fondamentaux des citoyens et des administrés.

19
Article 126 de la constitution ivoirienne du 08 Novembre 2016
Au travers de l’interprétation de la constitution il empêche l’arbitraire dans le
processus électoral. En effet le conseil constitutionnel est chargé de contrô ler les
candidatures aux élections politiques. De façon générale l’organe compétent pour
examiner les réclamations est une autorité juridictionnelle. C’est une caractéristique
commune aux systèmes constitutionnels africains : le contentieux de l’éligibilité est
dévolu au juge constitutionnel20. Il est offert aux candidats de le saisir en cas de
contestation dans le cadre de discrimination ou de traitements inégaux des candidats
dans le déroulement des élections. Saisit le juge constitutionnel rend des décisions mais
en référence avec la constitution. C’est dans ce cadre qu’il a rendu une décision de rejet
sous la requête du sieur Maurs et d’autres parlementaires en ces termes en son article
premier. La requête de Monsieur KONAN KOFFI Marius, député à l’Assemblée nationale,
et 65 autres est irrecevable 21. néanmoins c’était par contestation et pour
inconstitutionnalité que ces derniers avaient saisirent le juge constitutionnel
Vu la Constitution ;
Vu la Loi organique n°2001-303 du 05 juin 2001 déterminant l’organisation et le
fonctionnement du Conseil constitutionnel ;

Vu le Décret n°2005-291 du 25 aoû t 2005 déterminant le règlement, la composition et le


fonctionnement des services, l’organisation du Secrétariat général du Conseil
constitutionnel, ainsi que les conditions d’établissement de la liste des rapporteurs
adjoints ;
Vu la requête de Monsieur KONAN KOFFI Marius, député à l’Assemblée nationale, et
soixante-cinq (65) autres,
Vu les pièces du dossier ;
Ouï le Rapporteur ;
Considérant que, par requête en date du 06 aoû t 2019, enregistrée au Secrétariat
général du Conseil constitutionnel à la même date, à 14 h 24 mn, sous le numéro
005/2019, Monsieur KONAN KOFFI Marius, député à l’Assemblée nationale et soixante-
cinq (65) autres, par l’organe de leurs Conseils, le Cabinet BLESSY et BLESSY, Maître
MESSAN Tompieu Nicolas et Maître SUY Bi Gooré Emile, tous Avocats au Barreau de
Cô te d’Ivoire, ont saisi la juridiction constitutionnelle à l’effet de contester la conformité
à la Constitution de la loi portant recomposition de la Commission Electorale
Indépendante (CEI)22.

Il ne peut eu avoir d’Etat de droit sans un organe qui permettrait de limité les pouvoirs
des uns et des autres. Le juge constitutionnel est dans cet ordre le médiateur parfait
entre les velléités du pouvoir constituant le gouvernement et la société civile. Cette
fonction de protection des droits fondamentaux consacré par la constitution est garantie
par le conseil constitutionnel et il lui est donné de veiller au respect des droits humains
proclamés par le bloc de constitutionnalité. Cette compétence est clairement exposée
par la constitution ivoirienne.

20
Ismaïla Madior FALL, le pouvoir exécutif dans le constitutionnalisme des Etats d’Afrique page 63
21
DECISION N° CI-2019-006/DCC/13-08/CC/SG du 13 août 2019 relative à la requête de Monsieur
KONAN KOFFI Marius, député à l’Assemblée nationale, et soixante-cinq (65) autres.
22
DECISION N° CI-2019-006/DCC/13-08/CC/SG du 13 aoû t 2019 relative à la requête de Monsieur
KONAN KOFFI Marius, député à l’Assemblée nationale, et soixante-cinq (65) autres
« L'Etat de Cô te d'Ivoire reconnaît les droits, les libertés et les devoirs énoncés dans la
présente Constitution. Il s'engage à prendre toutes les mesures nécessaires pour en
assurer l’application effective»23.

Si la constitution garantie ces droits, il faut un organe permanent pour super veiller à
l’effectivité de ces droits. C’est ainsi que le conseil constitutionnel dans la nouvelle
marche démocratique est l’organe chargée de cette fonction. Ceci est perceptible avec
l’Etat de cô te dans ces premier pas de nouveau né. Tous les droits annoncés, n’étaient
pratiquement pas respectés. En effet à son accession à l’indépendance, le 7 aoû t 1960, la
Cô te d’Ivoire, comme É tat nouveau, fut évidemment amenée à adopter une nouvelle
Constitution : celle du 3novembre 1960 24. Cette Constitution, qui consacre
juridiquement l’Existence de la Cô te d’Ivoire en tant qu’É tat indépendant et souverain,
pose le problème de ses conditions d’établissement. Par ailleurs, par son contenu, la
Constitution du 3 novembre 1960 permet de cerner la particularité du régime politique
de la 1ère République ; ce qui conduit à mettre en évidence l’ineffectivité de la
suprématie constitutionnelle.

Cette Constitution prévoyait en son article 7 le pluralisme politique et proclamait en


son article 2 que « la République de Cô te d’Ivoire est une et indivisible, laïque,
démocratique et sociale »25. Mais, au-delà de cette formule incantatoire, le système
politique fut marqué par le monopartisme et des confiscations de libertés individuelles
et collectives. C’est ainsi que, suite aux mouvements de mobilisation collective et de
revendication démocratique, un processus de démocratisation fut amorcé dans les
années 1990 et il était très difficile pour le citoyen de saisir la cambre constitutionnelle
pour faire prévaloir ses droit.

Le constat actuelle montre de constater que le juge constitutionnel est un véritable


corédacteur de la norme constitutionnel. Le professeur Dosso Karim ne manque de
souligner ceci. « La juridiction constitutionnelle a, par le truchement du contrô le de
constitutionnalité effectivement bousculé cette lecture du mode de fabrication de la loi.
Celle-ci n’exprime la volonté générale que dans le respect de la constitution.» 26. En dépit
de l’encadrement peu ou prou de ses compétences, le conseil constitutionnel participe
fortement par ses décisions, au respect des droits des citoyens et par conséquent a
l’amélioration de la qualité de la loi.

Pour le professeur D. Karim « ce renouvellement du régime de la volonté générale


peut être une thérapie à la qualité de la loi »27. Dans les É tats d'Afrique, les différents
constituants des premières années des indépendances s'étaient limités à établir une
23
Titre I de la constitution du 8 novembre 2016 article 1
24

25
Article 2 du titre I de la loi Nº 60-356 du 3 novembre 1960 portant constitution de la
république de côte d’Ivoire
26
D. Karim PUB. Revue ivoirienne des Sciences Juridiques et Politiques- RISJPO, ISSN : 2664_1925, N° 7 page 86
27
IDEM
constitution en affirmant sa suprématie formelle ; ils croyaient ainsi parvenir à réaliser
un É tat de droit. Or, il est clair que l'É tat de droit n'est pas seulement un système de
normes, il est également un système de valeurs. La prise en compte des valeurs (liberté,
égalité, dignité humaine, responsabilité citoyenne) dans le régime de l'É tat de droit a eu
pour implication l'affirmation de l'idéal de démocratie et plus récemment de bonne
gouvernance.

Tout ceci amène le juge constitutionnel à sortir dans sa tanière de bouche de la loi
comme le disait  le professeur Professeur Joseph YAV KATSHUNG

«La simple référence à la jurisprudence de la Cour Suprême Cour de Cassation peut


constituer un motif de nature à donner une base légale à une décision »28. Or ici c’est le
juge constitutionnel, que nous ne qualifierons pas de juge des juges, qui est chargé de
veiller à la bonne tenue de l’Etat de droit.

1- La jurisprudence constitutionnelle, la loi des lois

Sans oublier notre fil conducteur qui est d’étaler rô le imminent que joue le juge
constitutionnel dans le processus d’établissement de la norme constitutionnel, nous y
sommes dans la perspective montrer que toutes ses tracasses sont dans l’objectif
d’instauration de l’Etat. FALL posait cette interrogation : Que faire le juge constitutionnel
face à des dispositions constitutionnelles et législatives qu’il est chargé d’interpréter ?
10
 Certainement qu’il doit l’interpréter dans le sens à consolider la tranquillité générale.

Le juge constitutionnel participe pleinement à la fabrication de la loi. Cela est plus


logique dans un Etat démocratique comme le réclame tous les Etat moderne. « Toutes les
sociétés, tous les systèmes se réclament de la démocratie. Les changements
constitutionnelle doivent, aussi bien dans les processus qui sont les leurs que dans leurs
contenu, exprimer des valeurs et des idées démocratique ; si ce n’est, tout simplement, se
vêtir des habits de la démocratie. »29 Pourrait ton avoir un médecin qui se limiterait à la
seule prescription de Mixagripes quant on a le rhume ? Des Paluvat quant on a le palu ?
Des paracétamols quant ont chauffe ? Il est normal de décliner ces pratiques.

Il est normal et plus que nécessaire qu’il put connaitre les causes lointaines,
moyenne, et immédiates et des actions préventives de la bonne santé. L’article 133 de la
constitution ivoirienne autorise le juge constitutionnel à aller plus loin dans ces
attributions.

Ainsi le juge constitutionnel est autorisé à se prononcer sur tous les projets de lois sur
saisine du président de la république de l’assemblée nationale ou du sénat en ces
termes « Sur saisine du Président de la République, les projets ou propositions de loi
Peuvent être soumis pour avis au Conseil constitutionnel.

Sur saisine du Président de l’Assemblée nationale ou du Président du Sénat, les


28
Ismaïla Madior FALL, le pouvoir exécutif dans le constitutionnalisme des Etats d’Afrique page 66
29
F. MELEDJE Djedjro, in ingénierie constitutionnelle p46 
Projets ou propositions de loi peuvent être soumis pour avis au Conseil
Constitutionnel. » Le professeur Francis Meledje Djedjro n’a pas manquer de briser une
fois de plus ce mythe de cantonnement des différents pouvoirs de l’Etat. Il y a et il faut
qu’il y ait un dialogue entre ces institutions principales d’un Etat.

« Si l’écriture de la constitution est le lieu du dialogue, c’est précisément parce que le
droit constitutionnel est, dans la société démocratique, et par excellence, un droit du
dialogue »30 les avis du juge constitutionnel sont toujours pris comme une correction
d’un texte de loi déjà né ou à naitre. Le Conseil constitutionnel est juge de la conformité
de la loi au bloc de

Constitutionnalité. Dans son AVIS N° CI-2021-144/A/12-07/CC/SG


Du 12 juillet 2021, le juge constitutionnel concluait que : 

« Article premier : Le Ministre de l’Economie et des Finances n’a pas qualité pour saisir
le Conseil constitutionnel pour solliciter un Avis ;

Article 2 : Sur la base de l’article 126 de la Constitution, la présente saisine est recevable
;

Article 3 : L’Ordonnance n°2021-343 du 07 juillet 2021 portant augmentation du


montant des EUROBONDS au titre du budget de l’Etat pour la gestion 2021 est conforme
à la Constitution ;

Article 4 : Le présent Avis sera notifié à Monsieur le Président de la République ainsi


qu’à Monsieur le ministre de l’Economie et des Finances et publié au Journal Officiel de
la République de Cô te d’Ivoire »31.

A S’attarder sur le dernier article, qu’est ce que l’on publie au journal officiel ? ‘’LA LOI’’
qui élabore la loi ? ‘’LE PARLEMENT’’ dans ce cas d’espèce qui est à l’origine de cette loi ?
‘’LE JUGE CONSTITUTIONNEL’’ comment appel t-on cette loi ? ‘’LA JURISPRUDENCE’’ en
vertu de quoi cet avis est-il émis ? ‘’LA CONSTITUTION’’. Ainsi nul doute à l’affirmé et le
confirmer que la jurisprudence constitutionnelle participe à la perfection de la norme
fondamentale, elle permet de garantir l’Etat de droit et elle est aussi la continuité de la
norme fondamentale.

30
Djedjro Francis MELEDJE, ingénierie constitutionnelle, page 45
31
AVIS N° CI-2021-144/A/12-07/CC/SG
du 12 juillet 2021 relatif à la demande de Monsieur le Ministre de l’Economie et des Finances aux fins de
vérifier la Conformité à la Constitution de l’Ordonnance n°2021-343 du 07 juillet 2021 portant augmentation du
montant des EUROBONDS au titre du budget de l’Etat pour la gestion 2021.
B- La jurisprudence constitutionnelle, garant de la constitution

Le juge constitutionnel est chargé de protéger la constitution conforment aux textes de


lois qui sont clairement exposé mais, également l’esprit que ses lois véhiculent ou
entendent véhiculer. L’esprit de l’article 133 de la constitution ivoirienne 32, du TITRE I
article 1 de la constitution ivoirienne 33, l’article 126 et l’article 134 nouveau de la
constitution ivoirienne34 Amènent le juge constitutionnel à se comporter en un véritable
initiateur de la norme constitutionnelle(1) cependant celui-ci constate très souvent des
résistances à ses décisions(2)

1- La jurisprudence constitutionnelle, une parfaite source de droit

Pourrait ton empêcher le fermier à défendre la qualité de ses bétails ? C’est de justesse
que dans la recherche d’une démocratie plus ou moins étendue que les Etats africains
pour la plus part d’entre eux reconnaissent au conseil constitutionnel un pouvoir de
d’arbitre entre les différents pouvoirs de l’Etat. Le juge constitutionnel émet des avis
conforment a l’article 133 de la constitution ivoirienne

 « Sur saisine du Président de la République, les projets ou propositions de loi peuvent


être soumis pour avis au Conseil constitutionnel.

Sur saisine du Président de l’Assemblée nationale ou du Président du Sénat, les projets


ou propositions de loi peuvent être soumis pour avis au Conseil Constitutionnel »35. Et
également  « Les décisions du Conseil constitutionnel ne sont susceptibles d'aucun
recours. Elles s'imposent aux pouvoirs publics, à toute autorité administrative,
Juridictionnelle, militaire et à toute personne physique ou morale »36. Elles Servent de
base d’écritures pour les constituants. Le constituants ou le législateur, non seulement
pour ne pas toujours voir le fruit de ses efforts censurer, s’adresse généralement au
détenteur de la gomme qui à également un crayon. Une loi mal faite est gommée et
refaite ou anéantie par une décision jurisprudentielle du conseil constitutionnel. 

«  En effet, l’observation donne de voir que la jurisprudence est le creuset de la norme, la


constitution du juge dont le contenu est par la suite consacrée par le constituant»37. Le
constituant reçoit parfois la décision du juge te lui accorde une valeur constitutionnel
dont il prendra le temps d’intégrer dans le corpus constitutionnel lors de sa prochaine
écriture ou réécriture « A titre d’exemple, dans une jurisprudence qui n’en manque,
notamment l’arrêt du 5 septembre 1995, la chambre constitutionnelle de la cours
suprême du Niger systématise ou précis la notion de cohabitation, la cours appréhende
la notion comme l’existence de deux légitimités non convergentes sur leurs
programmes politiques : le président de la république, élu au suffrage universelle, et le
32
Article 133 de la constitution ivoirienne, constitution ivoirienne du 08 NOVEMBRE 2016
modifiée par la Loi constitutionnelle N° 2020-348 du 19 mars 2020
33
Idem
34
IDEM
35
IDEM
36
IBIDEM
37
D. Karim PUB. Revue ivoirienne des Sciences Juridiques et Politiques- RISJPO, ISSN : 2664_1925, N° 7 page 78
premier ministre, issu de la majorité parlementaire. Le constituant nigérien, quelques
années plu tard, va consacrer dans le corps de la constitution la notion de
collaboration »38

Les décisions du conseil constitutionnel ivoirien en date du 10 juin 2014 39 et du 26 juin


2014 40 en sont des preuves topiques du pouvoir créateur de norme de la norme
constitutionnelle et l’article 137 alinéas 2 de la constitution qui fait intégration de ses
décisions dans la constitution de 2016 41. Le juge constitutionnel est le garant de la
constitution. Par son rô le d’arbitre, il est l’intermédiaire entre l’exécutif et le
parlementaire chacun devant respecter ses engagements dans le cadre qui lui est
attribué. Cependant ces décisions ne font pas de lui une troisième chambre
parlementaire, alors nonobstant la force exécutoire de ses décisions, il ne lui appartient
pas d’être un législateur a l’instar du parlement. «  La cour constitutionnelle béninois,
relativement au fonctionnement interne de l’assemblée nationale, s’abstient d’orienter la
décision du parlement et renvoie les élus du peuple à une sorte de self-discipline »42. Il
garantie alors la constitution contre lui-même, pour ses éventuelles sorties de cadre
d’attribution. Mais il garantie le respect de la constitution contre l’empiètement du
constituant. Le professeur D. KARIM ne manque pas de souligner que «  l’idée de
protection à l’égard du constituant peut surprendre a priori »43. «Pourtant elle se laisse
saisir à la question posée par le président M. SALL au conseil constitutionnel à propos de
la révision du 20 mars 2016 au Sénégal. A la question de savoir si le projet de révision
de la constitution et-il conforme aux principes généraux du droit et à la l’esprit général
de la constitution »44 estimé contraire à la constitution ce projet de révision
constitutionnel à été écarté par le juge constitutionnel.

Toutefois il arrive que la décision du juge constitutionnel soit confrontée à des soucis
d’applicabilité civile qu’institutionnelle.

2-Les résistances à la jurisprudence constitutionnelle

Le conseil constitutionnel organe juridictionnel chargé d’assurer la bonne application


de la constitution, est très souvent considérer comme un véritable corédacteur de celle-
ci. Cependant il arrive que ses décisions soient les mal venues. PHILIPE MALAURIE
opinait ainsi que, le parlement ou le constituant peut modifier ou écarté la décision
jurisprudentielle du juge constitutionnel pour sur-droit 45. Ainsi « la décision du 12 mai
2003 de la cours constitutionnelle du Bénin emporte un témoignage éloquent. En dépit
d’une décisions de la cours constitutionnelle antérieur qui l’invitait à procéder à
l’élection des membres du bureau de l’assemblée nationale, la doyenne d’â ge, abusant de

38
IDEM p79
39
Conseil constitutionnel, 10 juin 2014
40
Conseil constitutionnel ivoirien, 26 juin 2014
41
Article 133 et 137 de la constitution du 08Novembre 2016
42
N. MEDE, les grandes décisions de la cour constitutionnelle du Bénin, op.cit.pa.53 cité par DOSSO Karim
43
D. Karim PUB. Revue ivoirienne des Sciences Juridiques et Politiques- RISJPO, ISSN : 2664_1925, N° 7 page 90
44
IDEM
45
PHILIPE Malaurie « la jurisprudence combattue par le droit », in Mélange Savatier, Paris, Dalloz, 1965, P. 603
ses pouvoir, bloquait ce processus »46. É galement les décisions DCC 05-110 du 15
septembre 2005 de la cours constitutionnel du bénin47 confirme également cela . La
réticence peut être également populaire. En effet la population voit parfois au conseil
constitutionnel une arme de l’exécutif. Considérée comme instrumentaliser par l’exécutif
pour la soif du pouvoir ou le contournement de la démocratie, le peuple ne manque pas
à se manifester contre les décisions du conseil constitutionnel. C’est le cas des élections
ivoiriennes en octobre 2020. La décision du conseil constitutionnel pour le rejet de
certaines candidatures et l’acceptation de d’autres 48 a été soldée par une désobéissance
civile qui a causé un bon nombre de dégâ ts matériel et humain.

46
D. Karim PUB. Revue ivoirienne des Sciences Juridiques et Politiques- RISJPO, ISSN : 2664_1925, N° 7 page 81
47
Cours constitutionnelle du Bénin DCC 05-110 du 15 septembre 2005.
48
La désobéissance civile de la population relative aux élections présidentielle ivoirienne du 20 octobre 2020
face la candidature de M. le Président Alassane Ouattara déclarée recevable par la cours constitutionnelle
ivoirienne
CONCLUSION
L’élaboration de la constitution est un processus délicat dans lequel se manifestent plusieurs
contraintes et influences. Cela dit, l’un des facteurs déterminant qui influe la constitution serait les
décisions du juge constitutionnel. Le juge constitutionnel participerait dans cette dynamique à
l’évolution de la constitution d’une manière ou d’une autre. Les juridictions constitutionnelles à
travers leur jurisprudence attirent notre attention sur deux éléments. D’une part, celui d’une
implication sur le processus constitutionnel proprement dit. Et d’autre part, l’idée d’une continuité
de la constitution. Tout compte fait, la jurisprudence constitutionnelle aurait pour objectif ultime
le respect des droits fondamentaux, le respect de la séparation des pouvoirs puis la garantie et la
suprématie de la constitution. Dans une nouvelle approche du sujet que nous venons d’épuiser on
pourrait se demander si la jurisprudence constitutionnelle ne serait pas un péril se posant à des
degrés divers sous l’influence de plusieurs facteurs 49.

49
Michele Brandt, Jill Cottrell, Yash Ghai et Anthony Regan, Le processus constitutionnel : élaboration et
réforme. Quelles options ? P358

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