Introduction :
À part quelques domaines particuliers, les matériaux sont rarement utilisés industriellement en
tant qu’élément pur. Généralement on utilise des alliages qui sont des mélanges de deux ou
plusieurs éléments en proportions données; ils sont constitués de deux éléments (alliages
binaires), trois éléments (alliages ternaires),... ou n éléments.
Ainsi dans un élément (métallique ou non) pur A, on peut ajouter des atomes étrangers B qui
rentrent en solution dans A pour former une solution solide AB. Ainsi, les solutions solides sont
des agrégats, chimiquement homogènes, résultant de l'addition d'un ou de plusieurs éléments
étrangers (éléments d'alliage) dans un élément pur.
Dans certains cas, les éléments en présence sont miscibles en toute proportion. C'est le cas par
exemple de l'or (Au) et de l'argent (Ag) qui forment une solution solide continue (à solubilité
illimitée). La plupart du temps, il existe une concentration limite (limite de solubilité) en
atomes de soluté au delà de laquelle la structure cristalline est modifiée. Dans l'intervalle de
concentration borné par cette concentration limite, la solution solide est dite primaire ou
terminale (exemple le laiton 1: alliage de Cu-Zn) . Au delà de cette concentration, les deux
constituants peuvent former une solution solide ayant une structure cristalline différente de celle
du métal de base : il s'agit d'une solution solide intermédiaire (exemple le laiton β1).
On observe également des solutions dont l'existence n'est possible que dans un domaine de
concentration limité : on dit alors que les constituants forment un composé défini.
En fonction de leur taille, les atomes étrangers peuvent entrer en solution avec le métal de base:
soit en se substituant à ses atomes, on parle alors de solution solide de substitution,
soit en se plaçant aux interstices de son réseau et forment une solution solide d'insertion.
1
Soit RA le rayon des atomes du réseau de base. Déterminons pour les différentes structures
cristallines le rayon ri des sites interstitiels possibles.
De façon générale, il existe 2 types de sites selon leurs géométries définies par le nombre
d’atomes du réseau de base qui les entourent:
Les sites octaédriques (O) : le vide existe et est entouré de 6 atomes voisins
Les sites tétraédriques (T) : le vide est crée par 4 atomes voisins
(voir les figures suivantes et les vidéos)
Dans ce qui suit, on présente les 2 types de sites interstitiels pour les 3 structures cristallines.
RA ri
a
4.R A a. 2 et 2ri 2 R A a ce qui donne ri RA
2
1 2
Ainsi ri a 0,147.a
2 4
Il existe 1 + (12 x 1/4) = 4 sites Octaédriques
2
1.1.2. Les sites tétraédriques
Ce sont les centres des petits cubes huitième du cube élémentaire de la maille principale en 1/4;
1/4; 1/4. Chaque site est entouré de quatre voisins. Selon la diagonale d de la maille, il existe 2
petits cubes et on a :
ri R A d / 4 avec d a 3
d
ce qui donne ri RA
4
3 2
Ainsi ri a 0,08.a
4 4
On a :
a
4.R A a. 3 et 2ri 2 R A a ce qui donne ri RA
2
1 3
Ainsi ri a 0,067.a
2 4
3
5
Pour le calcul de AP, on a : AP2 = AB2 + BP2 = a2 + a2/4 = 5a2/4 Ainsi : AP = a
2
5 3 a
ri a a ( 5 3 ) 0,126. a
4 4 4
A B
La figure ci-dessous montre la disposition des sites octaédriques et tétraédriques dans la maille
cubique centrée. Ils forment un motif caractéristique sur les faces du cube avec alternance du
type Octaèdre, Tétraèdre, Octaèdre…
Site Octaédrique
Site Tétraédrique
4
1.3.1. Les sites octaédriques
Ils sont dans un plan parallèle au plan de base entre deux plans compacts et se projettent au
centre d'un triangle élémentaire du plan de base. Les coordonnées sont ½ ½ ¼ .
c 2 3a 2 a
Ils ont six premiers voisins à la distance : d
16 9 2
c 8
Dans une structure idéale HC où sachant aussi que 2.RA = a
a 3
L'octaèdre n'est régulier que dans la structure idéale. Dans ce cas :
ri d R A
1 1
Ainsi ri a 0,207.a
2 2
Ces sites sont équivalents à ceux du réseau CFC.
Ainsi RS + ri = a 3
4
Et ri = a 3 - RA = a 3 - a/2 = 0,112.a
4 4
5
1.4. Solubilité des atomes en insertion
Les rayons des sites interstitiels n'étant que de quelques dixièmes de celui des atomes du réseau
de base, seuls de petits atomes pourront entrer en solution d'insertion dans les métaux usuels :
ce sont essentiellement l'hydrogène et les non métaux de la deuxième ligne de la classification
périodique.
Intersticiel possible H O N C B
Rayon atomique (A°) 0,37 0,66 0,75 0,77 0,82
Rayons atomiques de quelques éléments
On remarque que, compte tenu des rayons atomiques des métaux usuels, tous les éléments
présentés dans le tableau précédent, à l'exception de l'hydrogène, ont une taille supérieure à
celle des sites possibles. Ainsi, à priori, les interstitiels se placent dans les sites pour lesquels
ils produiront la déformation élastique du réseau hôte la plus faible possible.
Dans les structures CFC (ou HC), ce sont les sites octaédriques. Pour les structures CC,
en principe ce sont les sites tétraédriques or ce raisonnement n’est pas aussi simple car le
carbone par exemple, préfère les sites octaédriques du fer pour former les alliages Fe-C qui sont
les aciers et les fontes.
aAB = A. NB + aA
6
Les atomes de base A et de l'élément d'alliage B peuvent être répartis complètement au hasard
sur les divers sites du réseau et la solution est dite désordonnée (1), c'est le cas quand les deux
éléments constituants sont parfaitement équivalents (même structure cristalline et dimensions
atomiques voisines).
Dans d'autres cas, il y a une tendance plus ou moins marquée à l'acquisition d'un ordre (solution
ordonnée) (2) ou à un rassemblement d'atomes du même type (3) comme cela est indiqué sur la
figure ci-dessous.
En principe, pour avoir des solutions solides à miscibilité totale, certaines conditions doivent
être vérifiées, en particulier :
- A et B ont même structure cristalline
- A et B ont une taille voisine.
Or, très peu de métaux présentent une miscibilité totale. Donc ces 2 conditions ne sont pas
suffisantes et par conséquent il est difficile d’expliquer ces anomalies. Actuellement, on se base
sur certaines règles empiriques appelées « Règles de Hume – Rothery » qui représentent des
conditions nécessaires mais pas suffisantes.
7
La règle de l’électronégativité, la règle des valences et celle de la concentration
électronique ont également été énoncées mais ayant montré leurs limites pour des cas
particuliers.
On peut finalement dire que la limite de solubilité ainsi que l’arrangement des atomes (ordonné,
désordonné, rassemblement) n’obeiÏsent pas à des règles précises et les différences ainsi que
les défaillances ne peuvent pas être expliqués à l’heure actuelle.
- Des phases intermédiaires : qui sont des solutions solides possèdant une structure différente
du métal de base et des solutions solides terminales et forment des surstructures du type A3B,
AB, ou AB3 …
- Des composés intermétalliques qui sont des phases intermédiaires ordonnées. Ces composés
sont stables sur un domaine plus étroit que les solutions intermédiaires désordonnées. Ils sont
qualifiés également de « composés stoechiométriques » bien que parfois les écarts à la
stoechiométrie sont assez fréquents.