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Semestre 2 DROIT
Le présent cours polycopié est dédié gratuitement aux étudiants des Facultés de
droit, toute utilisation frauduleuse et toute mise en vente commerciale seront
susceptibles de poursuites judiciaires.
Droit commercial – S2 – Droit Professeur Chakib EL OUFIR
INTRODUCTION
Alors que l’économie est la science d’observation des phénomènes du monde
des richesses (modes de production et de circulation des richesses), le droit est la
discipline qui le réglemente.
Le droit est directement lié aux sciences économiques, car les activités
économiques ne peuvent s’exercer dans le désordre, il faut qu’elles soient
réglementées. Le droit va établir des règles qui vont régir les activités économiques. Il
sera au service des économistes puisqu’il va réglementer tout ce qui concerne la
production et la circulation des richesses.
Ce qui nous interesse directement de ces règles, ce sont celles qui concernent
la production et la circulation des richesses, les règles qui régissent le monde
économique, celui de la spéculation, de la recherche du profit. L’ensemble de ces
règles forme le droit commercial.
Qu’est ce que le droit commercial ? Quelles sont ses particularités ? Quelles sont
ses sources ? Quelles en sont les juridictions compétentes ? Et qu'est ce qu'il
réglemente ?
2
Droit commercial – S2 – Droit Professeur Chakib EL OUFIR
3
Droit commercial – S2 – Droit Professeur Chakib EL OUFIR
1
B.O. n° 4418, du 3 octobre 1996, pp. 568-634. V. le site du Secrétariat Général du
Gouvernement pour consulter les B.O.: www.sgg.gov.ma
2
Dahir 25/12/1992 portant promulgation de la loi 9/88 relative aux obligations comptables des
commerçants (B.O. n° 4183 du 30/12/1992, p.623).
3
Dahir du 14/2/2006 portant promulgation de la loi n° 34-03 relative aux établissements de
crédit et organismes assimilés, appelée « loi bancaire » (B.O. n°5400 du 2-3-2006).
4
Ddahir n° 1-96-124 du 30 août 1996 portant promulgation de la loi 17/95 relative aux sociétés
anonymes (B.O. n° 4422, du 17 octobre 1996, pp. 661-704).
5
Dahir n° 1-97-49 du 13 février 1997 portant promulgation de la loi 5/96 sur la société en nom
collectif, la société en commandite simple, la société en commandite par actions, la société à
responsabilité limitée et la société en participation (B.O. n° 4478 du 1 er mai 1997, p. 482).
4
Droit commercial – S2 – Droit Professeur Chakib EL OUFIR
tribunaux de commerce6, la loi sur la liberté des prix et de la concurrence7, la loi relative
à la protection de la propriété industrielle8, la loi relative à la protection des
consommateurs9.
2/ Le D.O.C. :
Le D.O.C. est notre code civil (Dahir formant code des obligations et contrats
également du 12 août 1913).
En tant que code de droit privé marocain, le D.O.C. constitue ce qu'on appelle
le droit commun. Par conséquent, en cas de lacune des règles commerciales, ce sont
ses règles qui s’appliquent.
À ce propos, le nouveau code de commerce stipule dans son article 2 : « il est
statué en matière commerciale, conformément aux lois, coutumes et usages du
commerce ou au droit civil, dans la mesure où il ne contredit pas les principes
fondamentaux du droit commercial ». Même les lois relatives aux sociétés renvoient à
l'application des règles du DOC lorsqu'elles ne sont pas contradictoires avec elles.
b - LES SOURCES INTERNATIONALES
Il s’agit des conventions internationales qui constituent une source
fondamentale du droit commercial.
Ces conventions peuvent être bilatérales se limitant à régler certaines questions
entre deux États signataires ou entre un État et un groupement économique régional
(par exemple l’accord d’association entre le Maroc et l'UE).
Il existe aussi des conventions internationales, par exemple les traités
internationaux ratifiés par le Maroc tels que ceux sur les transports maritime,
ferroviaire, routier et aérien ; les accords du GATT ; les conventions internationales
portant lois uniformes (les conventions de Genève du 7 juin 1930 sur la lettre de
change et le billet à ordre et du 19 mars 1931 sur le chèque).
Le droit commercial n’a pas que des sources écrites, il en a d’autres
importantes, même non écrites.
6
Dahir n° 1-97-65 du 12 février 1997 portant promulgation de la loi 53/95 instituant des
juridictions de commerce (B.O. 15 mai 1997, n° 4482, p. 520).
7
Loi n° 06-99 promulguée par Dahir n° 1-00-225 du 5 juin 2000, Bulletin Officiel n° 4810 du
Jeudi 6 Juillet 2000.
8
Loi n°17-97 promulguée par Dahir N° 1-00-19 du 15 Février 2000. (B.O. n° 4778 DU
16/3/2000, p. 135)
9
Loi n°31-08 édictant des mesures de protection des consommateurs, promulguée par dahir
n°1-11-03 du 18 février 2011, B.O. n°5932 du 7/4/2011
5
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c – LA DOCTRINE
C'est l'ensemble des écrits portant les interprétations et les opinions des juristes
(les universitaires, les avocats, les magistrats, etc.). Ces écrits sont publiés sous forme
d'ouvrages ou d'articles dans différentes revues juridiques.
La doctrine, par son analyse juridique et ses recherches scientifiques, a pour rôle
d'éclairer le législateur (à l'occasion de l'élaboration des textes) et les tribunaux (lors de
l'application de la loi).
7
Droit commercial – S2 – Droit Professeur Chakib EL OUFIR
Cet article a été modifié par une loi n° 18-02 promulguée par dahir du
13/6/200211. Désormais, cet article est ainsi formulé : "les tribunaux de commerce sont
compétents pour connaître des demandes dont le principal excède la valeur de 20 000
dirhams…".
B – Les cours d’appel de commerce 12
a – COMPOSITION
La cour d’appel de commerce comprend un premier président, des présidents
de chambres et des conseillers, un ministère public composé d’un procureur général
du roi et de ses substituts, un greffe et un secrétariat du ministère public.
Elle tient ses audiences et rend ses arrêts par un président de chambre et deux
conseillers, assistés d’un greffier.
b – COMPETENCE
La cour d’appel de commerce connaît des appels contre les jugements rendus
par le tribunal de commerce.
L’appel doit être formé dans un délai de 15 jours à compter de la date de la
notification du jugement du tribunal de commerce.
11
(B.O. n° 5030 du 15/8/2002)
12
Il existe actuellement trois cours d'appel de commerce: Casablanca, Fes et Agadir
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Le système objectif : Dans ce système c’est l’inverse qui se produit, c’est l’acte
de commerce qui donne la qualité commerciale à celui qui l’exerce. Le droit
commercial est le droit des actes de commerce et non celui des commerçants, on parle
du code de commerce et non du code des commerçants ; lorsque la loi qualifie un acte
de commercial, toute personne, même un non commerçant, qui accomplirait un tel
acte serait assujettie au droit commercial.
Ce système repose exclusivement sur l’acte effectué, indépendamment de la
personne de son auteur.
La position du législateur : Le code de commerce de 1913, à l’instar du code
français de 1807, se voulait adopter les deux systèmes. Le nouveau code de
commerce de 1996 annonce la même position en disposant dans son article 1er que
«la présente loi régit les commerçants et les actes de commerce ».
Mais malgré cette apparence qui laisse entendre que notre code adopte les
deux systèmes, il ressort des diverses dispositions de ce dernier que la tendance
objective y a le maître mot; l'article 6 par exemple, définit le commerçant de la manière
suivante : la qualité de commerçant s’acquiert par l’exercice habituel ou professionnel
des activités commerciales qu’il énumère. Donc pour être commerçant il faut exercer
l'une des activités énumérées par l'art 6 c com., ce sont donc ces activités qui donnent
la qualité de commerçant à celui qui les exerce.
Néanmoins, quelque soit le système adopté, nous pouvons considérer que la
matière du droit commercial est double : ce sont les activités commerciales et les actes
du commerce qui en constituent l’objet et le commerçant le sujet.
Plan du cours :
Chapitre I – L'objet du droit commercial
Chapitre II – Le sujet du droit commercial
Chapitre III – Le fonds de commerce
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Mais ce même critère risque d’impliquer dans le domaine commercial toutes les
activités que le législateur a délibérément écartées de la commercialité et qui sont
pourtant animées par le profit. C’est le cas de l’agriculture, de la pêche, des
professions libérales …
Ce critère, à lui seul, est insuffisant pour caractériser la commercialité.
- Le critère de l’entremise dans la circulation des richesses :
Suivant ce critère, tout acte qui s’interpose dans la circulation des richesses
entre la production et la consommation est un acte de commerce.
C’est en vertu de ce critère que sont exclues les activités de production telles
que celles de l’extraction des richesses comme l’agriculture et la pêche. Mais
l’entremise reste aussi insuffisante pour qualifier l’activité commerciale car :
+ D’une part, actuellement le droit commercial ne se limite plus à l’entremise, il
s’est étendu même à certaines activités de production comme l’exploitation des mines
depuis 1951 et l’exploitation des carrières avec le code de 1996.
+ D’autre part, un acte d’entremise effectué sans intention de spéculation reste
en dehors des frontières du droit commercial, exemple : les coopératives des affaires
sociales des différents secteurs administratifs et économiques (des ministères, des
banques, des offices …).
L’entremise est donc bien un critère de la commercialité, mais il est, comme le
critère de la spéculation, insuffisant à lui seul ; d’où le recours à d’autres critères, qui
sont juridiques cette fois.
* Les critères juridiques : Ils sont au nombre de 2, le critère de l’entreprise et
celui du fonds de commerce.
- Le critère de l’entreprise : Pour qu’un acte soit commercial, il faut qu’il soit
réalisé en entreprise, c.à.d. une répétition professionnelle d’actes qui repose sur une
organisation préétablie.
Ce critère se base sur un argument textuel très solide surtout que les art. 6 et 7
ont fait disparaître les actes de commerce à titre isolé. Pour être commerciales, toutes
les activités énumérées par ces articles doivent être exercées de manière
professionnelle ou habituelle, donc par entreprise.
Cependant, il ne faut pas oublier qu’il existe un certain nombre d’activités qui
sont exercées en entreprise et qui ne sont pas commerciales pour autant, telles que
les activités agricoles et les professions libérales qui sont des entreprises, mais
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Droit commercial – S2 – Droit Professeur Chakib EL OUFIR
civiles. (Sauf si elles sont exploitées dans le cadre d’une société commerciale par la
forme).
- Le critère du fonds de commerce : De ce critère on a surtout pris en
considération l’élément fondamental du fonds de commerce, la clientèle.
L’acte de commerce serait celui qui est accompli par un professionnel qui réunit
autour de son activité une clientèle maintenue et développée grâce aux autres
éléments de son commerce et à son art professionnel.
Cependant il faut noter qu’il n’y a pas que le commerce qui a pour base la
clientèle, même les activités civiles reposent sur la clientèle comme les professions
libérales (les avocats, les médecins …).
En définitive, aucun de ces critères, qu’il soit économique ou juridique, ne
permet à lui seul de qualifier les activités à commercialiser et le législateur s’est, encore
une fois, contenté de donner une énumération des activités commerciales. Cependant,
tout en laissant la possibilité à la jurisprudence d’ « assimiler » des activités à celles
qu’il a énumérées, il s’est abstenu de mettre à sa disposition le moindre critère pour
s’y faire. Nous en déduisons que la jurisprudence continuera, comme par le passé, de
procéder par la combinaison de ces différents critères suivant les cas d’espèce qui se
présenteront à elle.
Mais ces critères, même s’ils s’avèrent être tous réunis, ne doivent en aucun
cas permettre la commercialité des domaines exclus délibérément par le législateur.
La détermination de l’objet du droit commercial reste une question d’opportunité
pour le législateur et qui est fonction de l’impact des données et des circonstances
économiques environnantes du moment.
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Droit commercial – S2 – Droit Professeur Chakib EL OUFIR
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- Exemples des mines : fer, cuivre et tous les métaux, phosphate, charbon, etc. Les carrières
sont de sable, de marbre, de pierres, d’ardoise, d’argile, etc.
14 - La recherche et l’exploitation des mines est commerciale depuis le dahir 16 avril 1951,
alors que la recherche et l’exploitation des carrières ne l’est que par le nouveau code de 1996.
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- Quant à la location elle sera étudiée dans le cadre des services.
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B - LA FOURNITURE
C’est le contrat par lequel le fournisseur s’engage, moyennant un prix, à délivrer
des produits qu’il se procure (achète) préalablement aux livraisons ou à effectuer des
services à ses clients, de manière périodique ou continue. C’est pourquoi le contrat de
fourniture est un contrat à exécution successive.
La fourniture peut concerner et les biens (les produits alimentaires ou
industriels, l’eau, l’électricité et le gaz) et les services, fournis de manière périodique
et régulière (les services d’entretien et de réparations des appareils, machines,
véhicules, les services rendus en matière de postes et télécommunications, le service
de gardiennage…)
§ 3 - LES ACTIVITES DE SERVICES
Il s’agit d’activités qui consistent à exécuter un travail au profit des clients ou de
mettre à leur disposition l’usage temporaire de certains biens.
Trois catégories d’activités de services se dégagent de l’art. 6.
A - LES SERVICES DE L’INTERMEDIATION
L’objet de ces activités réside seulement dans l’information, le conseil et
l’assistance aux tiers cocontractants.
Ce sont en l’occurrence, suivant l’article 6-9°, le courtage, la commission et
toutes autres opérations d’entremise. Il s’agit aussi des bureaux et agences
d’affaires auxquels on assimile les agences de voyages, d’information et de
publicité (article 6-13°).
Précisons au préalable que les activités d’intermédiation sont commerciales
quelle que soit la nature du contrat qui sera conclu entre les parties. Même si l’objet
du contrat est civil, l’activité d’intermédiation est commerciale (par exemple :
l’intermédiation dans le domaine agricole).
a - Le courtage
C’est l’activité par laquelle une personne (le courtier) met deux personnes en
relation en vue de la conclusion d’un contrat.
Par conséquent, le courtier n’intervient d’aucune manière dans le contrat conclu
entre les personnes qu’il rapproche.
Certains courtiers sont régis par des textes spéciaux, ils sont appelés
« courtiers privilégiés », par exemple le courtage de marchandises et le courtage
maritime.
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commercial que celui qui agit pour le compte d’autrui n’est pas commerçant. Mais le
code de commerce a considéré quand même commerciales ces activités afin
d’accorder aux créanciers (leurs mandants, qui sont généralement leurs clients) la
sécurité et les garanties qu’offre le droit commercial aux créanciers des commerçants
et principalement des procédures de redressement et de liquidation judiciaire à côté
de la publicité au registre de commerce et de la solidarité.
Mais les services en matière commerciale ne consistent pas seulement dans
l’intermédiation.
B - LES SERVICES FINANCIERS
C’est l’ensemble des activités qui ont pour objet la spéculation sur l’argent.
L’alinéa 7 de l’article 6 mentionne la banque, le crédit et les transactions
financières, mais il faut aussi ajouter les assurances (al. 8) qui visent d’ailleurs la
spéculation sur l’argent (les primes d’assurance).
Il est vrai qu’on assiste actuellement à une imbrication de ces activités entre les
différents établissements financiers : les banques, les sociétés de financement, les
établissements financiers publics et semi-publics… Or, ce que vise le code de
commerce, ce sont les activités commerciales et non pas les institutions. C’est
l’exercice de ces activités financières qui est pris en considération pour la
commercialité de tel ou tel organisme financier, qu’il soit privé ou public. Ces activités
sont commerciales quel que soit l’organisme qui les exerce :
Ainsi, le caractère public de certaines institutions et organismes financiers ne
les met pas hors des frontières du domaine commercial : l’émission des billets de
banque par DAR AS-SIKKA ou, de manière générale, l’exercice des opérations
bancaires par BANK AL-MAGHRIB sont bien des activités commerciales. Il en est de
même de la Trésorerie Générale du Royaume, d'Al Barid Bank (qui est une filiale du
groupe Poste Maroc depuis le 8 juin 2010) bien qu’ils soient soumis au contrôle directe
de l’Etat.
Ajoutons à ceux-là les organismes financiers spécialisés qui sont des banques
à statuts spéciaux soumises actuellement au contrôle de Bank Al-Maghrib : le Crédit
Populaire du Maroc (ex Banque Populaire), le Crédit Agricole, le Crédit Immobilier et
hôtelier (le C.I.H.) dont les activités bancaires et financières sont également
commerciales.
Quant aux établissements de crédit qui sont régis par la loi bancaire de 2006,
ce sont les banques et les sociétés de financement.
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a - La banque
D’après la loi bancaire17, les activités bancaires principales sont :
- la réception de fonds du public ;
- les opérations de crédits ;
- et la mise à la disposition de la clientèle de tous moyens de paiement ou leur
gestion.
Quant aux activités bancaires connexes, ce sont par exemple :
- les opérations de change;
- les opérations sur or, métaux précieux et pièces de monnaie ;
- le placement, la souscription, l’achat, la gestion, la garde et la vente des
valeurs mobilières ou de tout produit financier ;
- le leasing ou crédit –bail ;
- le conseil et l’assistance en matière de gestion financière, l’ingénierie
financière (ou engineering en anglais)18 et, d’une manière générale, tous les services
destinés à faciliter la création et le développement des entreprises.
b - Le crédit
Le crédit consiste, d’après la loi bancaire, en trois opérations, qui doivent toutes
être effectuées à titre onéreux19 en vertu desquelles une personne :
- met ou s'oblige de mettre des fonds à la disposition d'une autre
personne, à charge pour celle-ci de les rembourser : ce sont là deux opérations
différentes visées par la loi, il faut entendre par "mettre" les fonds à la disposition des
clients le crédit classique, et par "s'obliger de mettre" des fonds à la disposition des
clients les opérations telles que les ouvertures de crédit, les facilités de caisse, etc.
- ou prend dans l'intérêt d'une autre personne, un engagement par
signature sous forme d'aval, de cautionnement ou de toute autre garantie, c’est
17
Dahir n° 1-14-193 du 24 décembre 2014 portant promulgation de la loi n° 103-12 relative aux
établissements de crédit et organismes assimilés, B.O. n° 6340 du 5 mars 2015 (cette loi a abrogé la loi
bancaire de 2006).
18
- L’ingénierie est l’ensemble des études qui permettent de déterminer, pour la réalisation d’un
programme d’investissement, les meilleures tendances et modalités de conception, les
conditions de rentabilité optimales, les matériels et les procédés les mieux adaptés.
19- C’est une condition essentielle, car les prêts concédés à titre gratuit ne sont pas considérés
du crédit.
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Qui sont régis par le dahir du 12/11/1963 portant statuts de la mutualité.
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- Certaines activités telles que la blanchisserie peuvent entrer dans cette catégorie.
26
- Ce qui inclue aujourd’hui tous les petits artisans comme le coiffeur, le tailleur, le plombier,
l’électricien, le maçon ; actuellement même les chauffeurs de taxis indépendants, qui étaient
jadis assimilés aux artisans, sont soumis au droit commercial.
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L’activité industrielle peut également avoir pour objet les immeubles (les
entreprises ayant pour objet d’effectuer des travaux sur des immeubles tels que le
nivellement et le terrassement et qu’on appelait les manufactures immobilières).
2 - La location de meubles
En vertu de l’art 6 - 1° et 2° toute location des biens meubles (voitures,
machines, bijoux, équipements pour l’organisation des fêtes …) est une activité
commerciale.
Le législateur de 1996 n'a pas commercialisé les opérations de location des
immeubles. L’achat d’immeubles en vue de leur location demeure donc une activité
civile.
3 - L’exploitation de locaux à usage public
Au sein de l’article 6 on dénombre trois sortes de ces établissements. Il s’agit
de :
✓ l’exploitation des salles de ventes aux enchères publiques des marchandises ; Le
nouveau code a employé cette expression moderne de vente aux enchères publiques
pour remplacer celle d’« établissements de vente à l’encan », qui date du XIXème
siècle, utilisée par l’ancien code.
Il s’agit de l’exploitation de salles de ventes aux enchères publiques des
marchandises négociées en gros. La vente au détail de produits neufs est interdite en
principe.
Bien entendu, les ventes qui se déroulent sous l’égide des tribunaux, dans le
cadre d’une liquidation successive à une déclaration de liquidation judiciaire, sont
exclues du champ de la commercialité.
✓ l’exploitation des magasins généraux et entrepôts publics :
- Les magasins généraux sont des entrepôts dans lesquels les marchandises sont
déposées contre remise de titres négociables, appelés récépissés - warrants, qui
permettent la vente ou le nantissement de ces marchandises sans leur déplacement.
Le code de 1996 a désormais prévu expressément la commercialité des
magasins généraux qui restent toutefois organisés par le dahir du 6 juillet 1915. Le
nouveau code a seulement abrogé les articles 13 à 26 de ce dahir, qui régissent le
récépissé - warrant, qu’il a réglementé lui-même par ses articles 341 à 354.
- Les entrepôts sont également des locaux de dépôt de marchandises mais, avec
remise de simples reçus qui ne bénéficient pas des vertus des récépissés - warrants.
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Exemple : les entrepôts des ports ou des aéroports, les entrepôts frigorifiques, les
garde-meubles, les garages de voitures…
✓ Il s'agit enfin de l’organisation de spectacles publics à caractère commercial,
c'est à dire dans un but lucratif (théâtre, cinéma, salles de conférences et lieux des
manifestations sportives professionnelles). Par contre, lorsque l’organisation du
spectacle est faite dans un but intellectuel, ou de bienfaisance, ou lorsqu’il s’agit d’un
spectacle sportif amateur, elle est exclue du domaine du droit commercial.
Quant à l’industrie hôtelière (l’hôtellerie et la restauration), on ne peut soutenir
qu’il s’agit d’une activité civile du moment qu'il s'agit d'exploitation de locaux à usage
public.
4 - Le transport
La commercialité du transport se base sur le fait qu’il participe à la circulation
des richesses, l’art. 6-6° s’est contenté de prévoir le « transport » pour englober tous
les modes de transport et éviter ainsi toute énumération, qu’il s’agisse du transport des
personnes ou des marchandises et quel que soit le mode de transport (aérien, terrestre
ou maritime).
5 – La domiciliation
L'article premier de la loi 89-17 du 9 janvier 201927 a ajouté à l'article
6 du code de commerce un alinéa 19 par lequel il a ajouté la domiciliation.
La domiciliation est donc devenue une activité commerciale à part
entière.
27
B.O. n° 6788 du 20/6/2019.
27
Droit commercial – S2 – Droit Professeur Chakib EL OUFIR
28
V. à ce sujet EL OUFIR (Ch), "la domiciliation d'entreprises : une réglementation au service de
l'administration", REMALD, n° 153, juillet-août 2020, pp.109 -115.
28
Droit commercial – S2 – Droit Professeur Chakib EL OUFIR
2°/ La L.C. est commerciale quelle que soit la cause pour laquelle elle a été
signée : Exemple : l’achat par un non commerçant d’un téléviseur à crédit au moyen
de lettres de change : bien que la cause de la L.C. pour ce consommateur est civile,
la L.C. reste commerciale.
B - LES SOCIETES COMMERCIALES
En principe, les sociétés devraient, comme les personnes physiques, obéir aux
mêmes critères de la commercialité, c’est-à-dire qu’une société serait civile ou
commerciale suivant l’objet de son activité.
Cependant, la SA, la société en commandite par actions et la SARL, même
ayant un objet civil, sont devenues des sociétés commerciales par la forme depuis la
législation du protectorat. De son côté, la loi 5/96 a rendu commerciales par la forme
même la société en nom collectif et la société en commandite simple.
Il faut dire que, dans les annales de l’histoire juridique, le scandale en France
de la Companie du Canal de Panamà a été déterminant dans la commercialité
objective des sociétés. Cette société était civile puisque son objet était civil :
l’exécution de travaux publics immobiliers (construction du canal de Panamà). Par
conséquent, elle n’obéissait pas aux règles du droit commercial et notamment la
faillite, ce qui a causé d’énormes préjudices à ses créanciers qui devaient désormais
agir individuellement suivant la loi civile pour récuperer leur dû.
§ II - LES ACTES DE COMMERCE PAR ACCESSOIRE
L’article 10 du nouveau code stipule : «sont également réputés actes de
commerce, les faits et actes accomplis par le commerçant à l’occasion de son
commerce» ; ce sont donc les actes de commerce par accessoire.
Ces actes sont en réalité de nature civile et, lorsqu’ils sont effectués par un
commerçant pour les besoins de son commerce, ils acquièrent la qualité d’actes de
commerce. Exemple, le commerçant qui achète un camion pour livrer ses
marchandises, ou du mobilier pour son agence d’affaires ou des machines pour son
usine, etc.29
29
- On peut encore citer les crédits que le commerçant contracte pour le développement de
son entreprise, les contrats d’assurance relatifs aux opérations commerciales (les assurances
contractées en vue de l’obtention de crédits bancaires, les assurances relatives aux transports
des marchandises ou du personnel), les contrats d’assurance relatifs aux biens de
l’entreprise (assurance incendie des magasins, entrepôts), les contrats de travail conclus entre
le commerçant et ses employés, l’achat ou la location d’immeubles pour l’exercice du
commerce, etc.
29
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30
Dahir du 30 novembre 2007 portant promulgation de la loi 53/05 relative à l'échange
électronique de données juridiques. B.O. 5584 du 6/12/2007, p. 1357. V. l'exception à cette
règle au chapitre suivant.
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Droit commercial – S2 – Droit Professeur Chakib EL OUFIR
31
B.O. n° 5096 du Jeudi 3 Avril 2003.
32
Art 218 "Le représentant légal peut demander au tribunal d’émanciper le mineur qui a atteint
l’âge précité, lorsqu’il constate qu’il est doué de bon sens… Dans tous les cas, les personnes
précitées ne peuvent être émancipées que lorsqu’il est établi devant le tribunal, à l’issue des
démarches légales nécessaires, qu’elles sont douées de bon sens".
34
Droit commercial – S2 – Droit Professeur Chakib EL OUFIR
La question qui se pose maintenant est de savoir dans quelle mesure ces deux
exceptions permettent – elles au mineur d'exercer le commerce ?
Sous l'ancienne législation, il n'était guère question de capacité commerciale
pour le mineur autorisé à titre d'expérience ; quant au mineur émancipé, il ne pouvait
gérer ses biens que dans le domaine civil. Pour pouvoir exercer le commerce, une
autorisation spéciale de son tuteur était nécessaire afin de procéder à son inscription
au registre du commerce.
242 ص،2001 ، المعارف الجديدة، الرباط، الجزء الثاني، الوسيط في النظرية العامة في قانون التجارة33
34
DRISSI MACHICHI ALAMI Mohamed, Droit commercial fondamental au Maroc, Rabat,
Imprimerie Fédala, 2006, pp. 188 et suiv.
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commerce obéit aux règles du statut personnel", sa traduction en arabe ne fait guère
allusion à l'exercice du commerce et parle seulement de la capacité :
"يجب أن يقيد اإلذن باإلتجار الممنوح للقاصر وكذا الترشيد المنصوص عليهما في قانون األحوال الشخصية في السجل
."التجاري
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a – Les incompatibilités
Il arrive que certaines personnes exercent certaines professions, et cela ne les
empêche pas d’exercer le commerce en parallèle. Mais cette faculté n’est pas toujours
possible, car le législateur estime, pour différentes raisons, que certaines professions
sont incompatibles avec l’exercice du commerce :
- soit parce qu’il considère que l’exercice du commerce est contraire à la dignité
de la profession qu’ils exercent : exp. les médecins, les avocats, les notaires, les
adouls…
- soit parce qu’il estime que ceux qui occupent certaines fonctions doivent rester
indépendants : c’est-à-dire qu’ils ne doivent pas se compromettre par les risques du
35
- V. à ce sujet notre article paru au journal L’opinion du 21 mars 1996, pp. 1 et 4 intitulé :
« La restauration du droit de la femme mariée à la liberté d’exercer le commerce ».
36
- L’article 35 de la constitution de 2011 dispose que l'Etat garantit la liberté d’entreprendre
et la libre concurrence.
37
Droit commercial – S2 – Droit Professeur Chakib EL OUFIR
a – Les interdictions
Au titre de cette restriction, le commerçant n’a pas le droit de postuler à
l’exercice de certaines activités commerciales :
- lorsque ces activités sont interdites par le législateur : par exemple
l’interdiction du commerce de la fausse monnaie (art. 335 C.P.), l’interdiction du
commerce lié aux jeux de hasard (art. 282 C.P.), l’interdiction du commerce des objets
et images contraires aux mœurs (art. 59 dahir 15/11/1958 formant code de la presse)37,
le commerce des stupéfiants ;
- ou lorsque ces activités constituent un monopole de l’Etat : par exemple la
recherche du pétrole et du gaz, l’exploitation et le commerce des phosphates, le
transport ferroviaire, etc.
b – Les autorisations
Dans certains cas, une autorisation administrative, sous forme d’agrément ou
de licence, est nécessaire avant l’ouverture du commerce ou l’exercice de certaines
activités commerciales, par exemple :
- la vente des boissons alcooliques (qui est soumise, suivant le cas, à une
licence ou à une autorisation),
37 Article 59 : Sera puni d'un emprisonnement d'un mois à un an et d'une amende de 1.200 à
6.000 dirhams quiconque aura fabriqué ou détenu en vue d'en faire commerce, distribution,
location, affichage ou exposition tous imprimés, écrits, dessins, gravures, films
pornographiques, photographies contraires à la moralité et aux mœurs publiques. DAHIR N°
1-02-207 du 3 octobre 2002 portant promulgation de la loi n°77-00 modifiant et complétant le
Dahir n°1-58-378 du 15 novembre 1958 formant code de la Presse et de l'Édition -2003-
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tiers, qui sont en relation avec le commerçant, des informations relatives à sa situation
juridique et à ses activités commerciales.
C’est pour cette raison que le code de commerce a fait du R.C. un document
public ; toute personne peut se faire délivrer une copie ou un extrait certifié des
inscriptions qui y sont portées ou un certificat attestant l’inexistence d’une inscription
ou qu’une inscription a été rayée.
A - LE FONCTIONNEMENT DU R.C.
Comment est-il organisé ? Quelles sont les personnes assujetties à
l'immatriculation ? Et quelles sont les différentes inscriptions ?
a - L’organisation du R.C.
Le R.C. est constitué par des registres locaux et un registre central :
Les registres locaux sont actuellement institués auprès de chaque tribunal de
commerce ou de première instance le cas échéant ; ils sont tenus par le secrétariat-
greffe et leur fonctionnement est surveillé par le président du tribunal ou par un juge
désigné par lui.
Le registre central du commerce est tenu à l’office de la propriété industrielle à
Casablanca. Il a pour but :
- de centraliser toutes les déclarations contenues dans les registres locaux que
lui transmettent les secrétaires greffiers des tribunaux ;
- et de délivrer les certificats relatifs aux inscriptions portées sur le registre.
b - Les personnes assujetties
Toutes les personnes physiques et morales (sociétés commerciales, GIE), de
droit privé ou de droit public, marocaines ou étrangères exerçant une activité
commerciale sur le territoire marocain sont tenues de se faire immatriculer au R.C. du
tribunal où est situé leur siège.
L’immatriculation est également obligatoire lors de l’ouverture d’une succursale
ou d’une agence d’entreprise marocaine ou étrangère.
c - Les inscriptions au R.C.
Ces inscriptions sont au nombre de trois :
1 - Les immatriculations
Il existe trois sortes d’immatriculations.
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au R.C. du tribunal du lieu où le fonds de commerce est exploité (Art. 41) dans les 3
mois de leur ouverture (Art. 75). En cas de pluralité de fonds exploités, il est procédé
suivant le cas, à inscription complémentaire ou à immatriculation secondaire (Art. 41).
2 - Les inscriptions modificatives
Tout changement ou modification concernant les mentions qui figurent sur le
R.C. doit faire l’objet d’une demande d’inscription modificative (art. 50) dans le mois
suivant le changement.
Par exemple, pour les personnes morales les décisions modifiant les statuts de
la société (l’augmentation ou la diminution du capital social, la forme juridique de la
société, la dénomination sociale), la nomination de nouveaux gérants, des membres
des organes d’administration, etc.
3 - Les radiations
La radiation est le fait de rayer l’immatriculation du commerçant du R.C. par
exemple en cas de cessation totale de l’activité commerciale, en cas de décès du
commerçant, en cas de dissolution d’une société, etc. 39
Les radiations peuvent être requises par les intéressés eux-mêmes, soit
opérées d'office par ordonnance du président du tribunal.
Il est désormais possible de s'immatriculer au registre de commerce
et même de créer les entreprises en ligne.
B - CRÉATION EN LIGNE DE L’ENTREPRISE
La loi n° 88-17 qui prévoit la création d'entreprises par voie
électronique est désormais publiée au B.O. n°6745 du 21 janvier 2019,
mais son entrée en vigueur est prévue dans un délai d'un an après la
publication des textes d'application 40. Or ces textes n'ont toujours pas vu
le jour.
39
- V. art. 51 à 57 code de commerce.
40
Il sera question de trois textes réglementaires: un relatif à la définition des
administrations concernées par la création d’entreprises, un deuxième sur les
modalités de présentation de la demande et de la délivrance par voie électronique des
documents. Le troisième texte définit les documents devant être joints à la déclaration
de création d’entreprises et les modalités de leur dépôt et de leur traitement par voie
électronique (art.2, 5 et 11 de la loi). (V. L'économiste Edition N°:5591 du 12/09/2019. V.
43
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déjà le décret n°2.20.956 du 5 avril 2021 pris en application des dispositions relatives à
la publicité au registre de commerce électronique, B.O. n° 6992 du 3 juin 2021.
- TPI d’Oujda, 24 mai 1961, Revue Marocaine de Droit du 1/11/1961, pp. 415 - 417.
41
44
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1 - La présomption de commercialité
Désormais, avec le nouveau code de commerce, toute personne immatriculée
au R.C. est présumée avoir la qualité de commerçant.
Néanmoins, il faut souligner que le nouveau code ne s’est pas «aventuré »
jusqu’à donner à l’immatriculation l’effet d’une présomption irréfragable (ou absolue),
il s’est contenté de lui accorder une présomption simple, c’est-à-dire susceptible de
preuve contraire.
Ce qui veut dire que, sous l'ancien code, il appartenait au commerçant de
prouver qu'il est commerçant ; actuellement, c'est à l'adversaire de démontrer qu'il
n'est pas commerçant.
2 - Les effets du défaut d’immatriculation
En vertu de la politique du nouveau code de commerce, lorsque le commerçant
n'est pas immatriculé au registre de commerce :
- d’une part, il se voit privé de tous les droits dont bénéficient les commerçants,
par exemples : il ne peut produire ses documents comptables en justice pour faire
preuve, ni invoquer la prescription quinquennale à l’égard des non commerçants, ni
revendiquer le droit à la propriété commerciale, etc.
- d’autre part, il se trouve soumis à toutes les obligations des commerçants, par
exemple, quand c’est dans son intérêt, il ne peut invoquer le défaut d’immatriculation
pour se soustraire aux procédures de redressement ou de liquidation judiciaires qui
sont spéciales aux commerçants.
Enfin, le code de commerce sanctionne d’une amende de 1 000 à 5 000 dhs :
1°/ Tout commerçant, gérant ou membre des organes d’administration, de
direction ou de gestion d’une société commerciale, tout directeur d’une succursale ou
d’une agence d’un établissement ou d’une société commerciale, tenu de se faire
immatriculer au R.C. qui ne requiert pas dans les délais prescrits les inscriptions
obligatoires.
Cette amende concerne toutes les mesures d’inscription : le défaut
d’immatriculations, d’inscriptions complémentaires ou modificatives et le défaut de
radiation.
2°/ La même amende est encourue lorsque l’assujetti prend plusieurs
immatriculations principales.
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Article 4 de la loi modifié par l'article 1er de la loi n° 44-03 promulguée par
le dahir n° 1-05-211du 14 février 2006 ; B.O. n° 5404 du 16 mars 2006
47
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44
Loi n° 44-03
48
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▪ Les fiches des clients et des fournisseurs, ainsi que tout autre
document prévu
par la législation ou la réglementation en vigueur
▪ Tout document nécessaire au contrôle fiscal ou peut servir comme
preuve commerciale.
➢ Où les garder?
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b - Les sanctions
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En cas de récidive :
• Avant l’expiration d’un délai de 5 ans, qui suit un jugement de
condamnation à l’amende précitée, ayant acquis l’autorité de la
chose jugée, le contrevenant est puni, outre de l’amende ci-dessus
d’une peine d’emprisonnement de (1) à (3) mois.
➢ Rejet de comptabilité
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Une amende égale à 50 000 dhs, par exercice, est applicable aux
contribuables, qui tiennent une comptabilité par procédé électronique, et
qui ne présentent pas les documents comptables sur support
électronique, dans le cadre du contrôle fiscal (Art 191 bis du CGI)
45
- La sanction encourue est l’emprisonnement de 1 à 5 ans et une amende de 10 000 à
100000 dhs ou l’une de ces deux peines seulement. Ces peines sont portées au double
lorsque le banqueroutier est dirigeant d’une société dont les actions sont cotées en bourse.
46
- La sanction prévue est l’amende de 5 000 à 50 000 dhs qu’il s’agisse de l’IS, de l’IGR ou
de la TVA (Art. 12, 13 et14 LF) ; en cas de récidive, le contrevenant est passible, en plus de
cette amende, d’un emprisonnement de 1 à 3 mois. (Il faut rappeler que l’emprisonnement ne
peut être prononcé que contre les personnes physiques, s’il s’agit d’une personne morale, il
s’appliquera à ses dirigeants). Ajoutons que ces infractions doivent être constatées par deux
inspecteurs des finances par procès-verbal.
53
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47
- V. art. 433 et suiv. D.O.C.
54
Droit commercial – S2 – Droit Professeur Chakib EL OUFIR
48
- Rappelons cependant que les tiers, commerçants ou non, peuvent invoquer en leur faveur
la comptabilité d’un commerçant sans avoir à en détenir un double (art. 20 code de commerce).
49
- V. dans ce dernier sens, à titre d’exemple, TPI Casablanca, section commerciale, du
15/10/1987, aff. BCM c/ Barich Omar, n° 2547, RMD, 1987, n° 15, p. 306 qui a jugé que dans
la mesure où le relevé de compte établi par la banque est extrait de ses livres et registres
régulièrement tenus, sa contestation non appuyée par des moyens de preuve est insuffisante
à lui retirer sa valeur probante.
55
Droit commercial – S2 – Droit Professeur Chakib EL OUFIR
Mais le législateur, par principe, n’a pas fait d’exception à la règle de l’art. 4
relative aux actes mixtes ; bien au contraire, il a adopté une position explicite à ce sujet
en décidant que les relevés de comptes établis par les établissements de crédit ne
sont admis comme moyens de preuve qu’entre eux et leurs clients commerçants.
b - Les modes de production en justice
Les documents comptables peuvent donc être invoqués en justice comme
preuve de leurs allégations soit par le commerçant qui les tient, dans ce cas il les
mettra de sa propre volonté entre les mains de la justice, soit par les tiers, et la loi met
à leur disposition deux procédés : la communication et la représentation. Mais le juge
peut ordonner d’office l’un ou l’autre de ces procédés, c’est-à-dire sans que ce soit
requis par les parties.
1 - La communication
« La communication est la production intégrale des documents comptables ».
Elle consiste donc pour le commerçant de mettre toute sa comptabilité à la disposition
de la partie adverse. L’article 24 laisse toutefois aux parties de décider de la manière
dont la communication doit être établie - notamment la remise des documents à un
expert - et à défaut d’accord, de les déposer au secrétariat-greffe du tribunal.
C’est dire le danger que présente la communication pour le commerçant qui
verra tous les secrets de son commerce dévoilés à son adversaire.
C’est pourquoi l’article 24 du code de 1996 a prévu des cas exceptionnels où la
communication peut être ordonnée en justice, à savoir « les affaires de succession, de
partage, de redressement ou de liquidation judiciaire et dans les autres cas où ces
documents sont communs aux parties ».
On remarquera donc que la communication se justifie dans ces affaires par
deux raisons : soit que les adversaires ont le même droit sur ces documents
(succession, partage de société, etc.), soit par la cessation de l’activité du commerçant
(redressement ou liquidation judiciaire, le commerçant ne courant plus aucun danger
à dévoiler sa comptabilité).
2 - La représentation
« La représentation consiste à extraire de la comptabilité les seules écritures
qui intéressent les litiges soumis au tribunal » (art. 23 code commerce).
Aussi, la représentation se distingue-t-elle de la communication en ce que :
56
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Section IV – L'auto-entrepreneur
La loi 114/1351 a instauré un nouveau statut des auto-entrepreneurs. Son
objectif est de lutter contre l'informel pour deux raisons: limiter la concurrence livrée
par l'informel et surtout élargir l'assiette fiscale.
Au sens de la loi, l'auto-entrepreneur est toute personne physique exerçant, à
titre individuel, une activité industrielle, commerciale ou artisanale, ou prestataire de
services, dont le chiffre d'affaires annuel encaissé ne dépasse pas :
50
- Ce serment est appelé ainsi dans la mesure où il supplée à la production de preuve en
faveur de celui auquel il est déféré ; autrement dit, en cas d’absence de preuve, le serment lui
est déféré.
51
- Dahir n°1-15-06 du 29 rabii II 143 6 (19 février 2015) portant promulgation de la loi n° 114-
13 relative au statut de l'auto-entrepreneur. B.O. n° 6344 du 19 mars 2015.V. aussi le décret
n°2-15-257 du 10 avril 2015 fixant la composition et les modalités de fonctionnement du
conseil national de l'auto-entrepreneur; le décret n°2-15-258 du 10 avril 2015 pris en
application des articles 5, 6 et 8 de la loi n°114-13 relative au statut de l'auto-entrepreneur
fixant les modalités d'inscription au registre des auto-entrepreneurs et le décret n°2-15-263 du
10 avril 2015 relatif à l'exclusion des contribuables exerçant certaines professions, activités et
prestations de service du bénéfice du régime fiscal applicable à l'auto-entrepreneur, B.O.
n°6358 du 7/5/2015.
57
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52
- V. la circulaire de la direction générale des impôts concernant le régime fiscal 2014
appliqué aux auto-entrepreneurs, L'ECONOMISTE du 30 janvier 2014, P. 16
53
- Il convient de noter que c'est un impôt libératoire de l'impôt sur le revenu.
54
V. L'ECONOMISTE du 23 janvier 2015, p.2
58
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Une fois tous les actes de commerce et les activités commerciales étudiés en
tant qu’objet du croit commercial et la question relative au sujet du droit commercial
élucidée, une interrogation se pose automatiquement dans notre esprit : pourquoi
distinguer le domaine commercial du domaine civil ? C’est toute la question de leur
régime juridique.
55
-500.000 dirhams pour les activités industrielles, commerciales et artisanales et 200.000
dirhams pour les prestations de services.
56
- L'ECONOMISTE du 23 janvier 2015, p.2.
59
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60
Droit commercial – S2 – Droit Professeur Chakib EL OUFIR
« Dans les autres cas » précise l’art. 871, c’est-à-dire dans les cas où les
musulmans ne sont pas parties au contrat, les règles relatives à la stipulation d’intérêts
sont les suivantes :
- En matière civile, les prêts sont censés être accordés sans intérêts ; ils ne sont
donc pas présumés. L’art. 871 dispose dans ce sens que « les intérêts ne sont dus
que s’ils ont été stipulés par écrit ». Par conséquent, n’étant pas de droit, la stipulation
d’intérêts en matière civile doit être expressément mentionnée dans le contrat.
- Par contre, en matière commerciale, le même article dans son alinéa 2 prévoit
que « cette stipulation est présumée lorsque l’une des parties est un commerçant ».
Cette règle a pour fondement le fait que les opérations commerciales ont toujours pour
objectif de réaliser des bénéfices ; donc le commerçant qui a profité d’un prêt doit payer
des intérêts même si le contrat ne stipule pas d’intérêts.
4°/ La capitalisation des intérêts (ou l’anatocisme)
- En matière civile : l’art. 874 D.O.C. interdit aux parties de stipuler que les
intérêts non payés seront, à la fin de chaque année, capitalisés avec la somme
principale et seront productifs eux-mêmes d’intérêts. Ce qui indique une interdiction
formelle de l’anatocisme dans le domaine civil.
- En revanche, dans le domaine commercial : si la capitalisation des intérêts est
permise par l’art. 873 D.O.C., elle ne peut se faire, même en matière de compte
courant, qu’à la fin de chaque semestre. Mais la coutume bancaire fait échec à cette
disposition de l’art. 873 du D.O.C. puisque, dans la pratique, la capitalisation des
intérêts est opérée à la fin de chaque trimestre.
§ II - LES PARTICULARITES DES REGLES DE FORME
Les règles de forme sont celles qui gouvernent l’organisation judiciaire, le
fonctionnement de la justice, les actes de procédure, le déroulement du procès, la
preuve, les décisions judiciaires, les recours, etc. Les règles du droit commercial se
distinguent aussi dans ce domaine par rapport à celles du droit civil à bien des égards.
1°/ Le redressement et la liquidation judiciaires
Ces procédures sont particulières au droit commercial. Elles ont remplacé la
procédure de la faillite prévue par l'ancien code de commerce. Elles constituent une
garantie qui a pour but de protéger les créanciers contre leurs débiteurs commerçants
défaillants.
Lorsque la cessation de paiement du commerçant est dûment constatée, ses
créanciers doivent engager à son égard une procédure collective ; ils ne peuvent
61
Droit commercial – S2 – Droit Professeur Chakib EL OUFIR
poursuivre le débiteur de manière individuelle. Ils doivent se grouper dans leur action
et se faire représenter par un syndic. Tout d’abord, une procédure de redressement
est tentée et, en cas d’échec, il est procédé soit à la cession (vente de l’entreprise),
soit à la liquidation des biens du commerçant.
Par contre, un non commerçant qui refuse de payer ses dettes, ne peut être
assujetti à ces procédures collectives, il est déclaré en état de déconfiture. Chaque
créancier exerce son action de manière individuelle. Celui qui l’assignera en paiement
le premier, sera payé en priorité, après avoir exercé ses droits sur le patrimoine du
débiteur (c’est pourquoi on parle dans ce domaine du prix de la course).
2°/ La compétence judiciaire :
Avant 1997 il n’existait pas de tribunaux de commerce au Maroc ; les tribunaux
de droit commun connaissaient de toutes les affaires, qu’elles soient civiles ou
commerciales…
Depuis, la loi 53/95 a créé des tribunaux de commerce et des cours d’appel en
matière commerciale (V. supra en introduction) mais qui ne connaissent désormais
que des affaires commerciales dont le montant dépasse 20 000 dh.
3°/ La preuve :
- En droit civil, la règle en matière de preuve est clairement exprimée par l’art.
443 D.O.C. qui exige la preuve par écrit pour toute demande en justice qui dépasse
la somme de 10 000 dh57.
- En droit commercial, le principe est la liberté de la preuve. C’est-à-dire que
dans les affaires qui opposent les commerçants, il n’est pas nécessaire d’établir la
preuve par écrit, la preuve testimoniale suffit. Ce qui s’explique par le fait que les
commerçants s’occupent plus de la rapidité de la réalisation de leurs transactions que
du formalisme.
L’art. 334 du code 1996 stipule en effet qu’en matière commerciale la
preuve est libre. Cependant, si une disposition législative ou une clause
conventionnelle l’exigent, la preuve doit être rapportée par écrit (par exp. la loi exige
un écrit en matières de vente et de nantissement du fonds de commerce, des contrats
de sociétés, des effets de commerce…).
57
Dahir du 30 novembre 2007 portant promulgation de la loi 53/05 relative à l'échange
électronique de données juridiques. B.O. 5584 du 6/12/2007, p. 1357
62
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4°/ La prescription :
Il s’agit de la prescription dite extinctive ou libératoire.58 Cette prescription est
un mode de libération ou d’extinction d’une obligation. Elle éteint toute action née d’une
obligation après l’écoulement du délai fixé par la loi.
Cette prescription est, en fait, une sanction du créancier qui, par sa négligence
et son inaction, laisse passer le délai prévu par la loi sans réclamer sa créance.
- Dans le domaine civil, le délai de cette prescription est de 15 ans (Art. 387
et 375 D.O.C.).
- Mais en matière commerciale ce délai n’est que de 5 ans, s’agissant
d’obligations nées entre commerçants à l’occasion de leur commerce. (Art. 5 code
1996 et 388 D.O.C.). Ce court délai s’explique :
* d’une part, par l’application du principe de la liberté de la preuve entre les
commerçants ;
* d’autre part, par le fait que, par la tenue de leur comptabilité, les commerçants
sont en mesure de se rendre compte de l’état de leurs créances. Par conséquent, le
délai de 5 ans est largement suffisant pour pouvoir les réclamer.
Telles sont les données sur les activités commerciales et les actes de
commerce qui constituent dans le nouveau code de commerce l’objet du droit
commercial. Partant de ces données, il nous est possible de porter l’analyse sur le
fonds de commerce.
58
- Par opposition à la prescription acquisitive qui a pour effet de faire acquérir un droit réel
(exp. le droit de propriété) à celui qui en bénéficie après l’écoulement du délai de prescription.
63
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64
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4 - Les licences : L’art. 80 parle des licences, mais il s’agit aussi des
autorisations et des agréments. Elles sont accordées par les autorités administratives
concernées pour l’exploitation de certains F.C., suivant le domaine d’activité :
tourisme, transport, hôtellerie, restauration, cinéma, vidéo, boissons alcooliques…
5 - Le droit au bail : Ce droit n’a d’intérêt que dans le cas où le commerçant
n’est pas propriétaire du local dans lequel il exerce son commerce. Il est désigné dans
la pratique par l’expression de « propriété commerciale », ce qui exprime la protection
accordée par le législateur aux locataires de locaux à usage commercial contre les
éventuels abus des propriétaires des murs qui pourraient avoir des conséquences
néfastes sur le commerçant. De plus, il est difficile de concevoir une vente d’un F.C.
sans local.
60
A. Mendoza, Les noms de l’entreprise, Presses Universitaires d’Aix-Marseille – PUAM,
2003, no 48, p. 74.
61
TGI Paris 29 novembre 1984, PIBD 1985, no 375, III, 250.
62
A. Mendoza, Les noms de l’entreprise, Presses Universitaires d’Aix-Marseille – PUAM,
2003, no 48, p. 74.
63
Mamouni D., La liberté contractuelle en droit des sociétés, Thèse, UMV, FSJES Rabat,
2018, p. 34
65
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Le droit au bail est actuellement réglementé par la loi n° 16.96 promulguée par
dahir du 18 juillet 2016 (B.O. n° 6490, 11/8/2016), ses règles assurent au commerçant
le droit au renouvellement du bail et, à défaut, le droit à une indemnité.
64
L'article 57 de la loi 17-04 portant code du médicament et de la pharmacie (B.O 5080 du
07/12/2006) impose l'intervention d'un notaire en cas de cession d'une officine de pharmacie.
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65
- C'est-à-dire dans les 15 jours de l'acte.
67
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1 - La publicité
- Dépôt : Pour que les créanciers soient mis au courant de l’opération de vente
du FC, l’art. 83 du nouveau code impose tout d’abord, une fois l’acte de vente
enregistré, de déposer une expédition de l’acte notarié ou un exemplaire de l’acte
sous seing privé dans les 15 jours de sa date au secrétariat-greffe du tribunal.
- Publication au RC : Ensuite, un extrait de cet acte doit être publié au RC.
- Publications au BO et journaux d’annonces légales. : Enfin, une double
publication doit être entreprise :
* Une première publication de tout l’extrait inscrit au RC est effectuée sans délai
par le secrétaire-greffier au BO et dans un journal d’annonces légales aux frais des
parties.
* Cette publication doit être renouvelée par l’acquéreur entre le 8ème et le 15ème
jour après la première insertion.
- La sanction : Etant destinés aux créanciers, le défaut de dépôt et de publicité
a pour conséquence que la vente du FC leur est inopposable et l’acheteur reste tenu
des dettes du vendeur (Art. 89). La jurisprudence est claire à ce sujet, elle considère
que l’acquéreur du fonds « n’est pas libéré vis-à-vis des tiers créanciers. Il demeure
susceptible d’être actionné par les créanciers du vendeur »66. En outre, il reste
redevable même à l’égard de l’administration fiscale.
2 - L’opposition
Une fois la seconde publicité accomplie, les créanciers du vendeur, même si
leur dette n’est pas encore exigible, ont un délai de 15 jours pour former opposition au
tribunal.
Il ne s’agit pas d’une opposition à la vente du FC, mais au paiement de son prix
au vendeur. Par conséquent, le prix de vente doit rester consigné entre les mains de
l’acheteur pendant le délai de l’opposition et même après ce délai au cas où des
oppositions seraient formées; s’il passe outre cette consignation et paie quand même
le vendeur, il ne sera guère libéré vis-à-vis des tiers (Art . 89).
Afin de remédier à cette situation de blocage du prix de vente, l’art. 85 permet
au vendeur, après l’écoulement d’un délai de 10 jours de l’expiration du délai des
oppositions, de saisir en référé le président du tribunal afin de l’autoriser à percevoir
66
- Trib. Casablanca, 27 février 1937, G.T.M. 10/4/1937, p. 111.
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son prix à condition de verser à la caisse du tribunal une somme suffisante, fixée par
le président, pour désintéresser les créanciers opposants.
3 - La surenchère
Tout créancier, qui se rend compte que le prix de vente déclaré est insuffisant
pour désintéresser les créanciers opposants ou inscrits, a la possibilité de formuler
son désir d’acheter lui-même le FC en se déclarant surenchérisseur67 et proposer de
payer le prix déclaré majoré d’un sixième du prix des éléments incorporels.
Lors de la surenchère, à défaut d’un plus fort enchérisseur, le fonds est adjugé
au créancier surenchérisseur du sixième.
§ II - L’APPORT DU FC EN SOCIETE :
Le propriétaire d’un FC, au lieu de le vendre, peut décider, pour différentes
raisons, d’en faire un apport en société.
Les règles relatives à cette opération qui étaient contenues dans l'art. 7 du dahir
du 31/12/1914 sont reprises, avec quelques modifications et certaines précisions par
les art. 104 et 105 du code de 1996.
La publicité de l’apport du FC en société est semblable à celle de la vente :
dépôt de l’acte au tribunal, inscription d’un extrait au RC et sa première publication au
BO et dans un journal d’annonces légales par les soins du greffier, ensuite une
deuxième publication par la société, comme pour l’acquéreur en cas de vente.
Elle en diffère par contre quant à la procédure spéciale accordée aux créanciers
de l’apporteur et quant aux mesures de protection de leurs droits.
A - LA PROCEDURE DE DECLARATION DE CREANCES :
En contrepartie de son apport en société, le propriétaire du fonds perçoit une
part du capital, sous forme de parts sociales ou d’actions par exemple, qui ne peut en
principe faire l’objet ni d’une opposition de la part de ses créanciers comme s’il
s’agissait du prix payé en espèce, ni d’une procédure de surenchère du sixième.
En prenant en considération cette situation, le législateur a institué une
procédure spéciale en vue d’assurer la protection des intérêts des créanciers de
l’apporteur appelée « procédure de déclaration de créances ».
En effet, dans les 15 jours après la deuxième publication, ces créanciers doivent
faire une déclaration au secrétariat-greffe du tribunal qui a reçu l’acte pour faire
67
- En réalité, cette procédure a pour objectif de lutter contre les pratiques de dissimulation du prix réel de la
vente.
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connaître les sommes qui leur sont dues et un récépissé de la déclaration leur sera
délivré par le greffier.
Cette déclaration a pour objectif de porter à la connaissance des coassociés de
l’apporteur le passif qui grève le fonds objet de l’apport.
70
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B – LES FORMALITES
Exactement comme pour l’acte de vente, le nantissement du FC doit être dressé
par un acte authentique ou sous seing privé et déposé au tribunal dans lequel le fonds
est inscrit dans les 15 jours de sa date.
Ce dépôt sera suivi de l’inscription d’un extrait de l’acte au RC.
Cette inscription du nantissement au RC doit, à peine de nullité, être prise à la
diligence du créancier gagiste dans les 15 jours de l’acte constitutif, autrement dit, à
défaut de cette inscription, le nantissement sera purement et simplement inopposable
aux autres créanciers du propriétaire du FC. Cette inscription conserve le privilège
pendant 5 ans et doit être renouvelée à l’expiration de ce délai, sinon son effet prend
fin et il est procédé à sa radiation d’office par le greffier (Art. 137).
§ IV - LES REGLES COMMUNES A LA VENTE ET AU NANTISSEMENT DU FC
En dehors de l’action résolutoire qui est propre au vendeur du FC, le législateur
a institué des règles communes à la vente et au nantissement qui ont pour effet de
protéger les droits du vendeur et du créancier nanti ; il s’agit en l’occurrence du droit
de suite et du droit de préférence.
A - LE DROIT DE SUITE
En vertu du premier alinéa de l’art. 122 c.com. « les privilèges du vendeur et du
créancier gagiste suivent le fonds en quelques mains qu’il passe ».
Il s’agit donc de ce droit qui permet aux créanciers privilégiés inscrits et non
payés de saisir le FC entre les mains de n’importe quelle personne et à quelque titre
que ce soit, qu’il s’agisse du propriétaire ou d’un nouvel acquéreur en vue de le faire
vendre aux enchères publiques.
B - LE DROIT DE PREFERENCE
Ce droit permet aux créanciers privilégiés, suite à la vente du FC aux enchères
publiques, de se faire payer sur le prix de la vente par priorité sur les autres créanciers.
§ V - LA GERANCE LIBRE
La gérance libre (ou gérance location) permet au propriétaire de donner la
gérance du fonds à une personne en vertu d’un contrat de location moyennant un
loyer. Dans ce cas, le gérant locataire bénéficie de la qualité de commerçant et assume
seul les risques de l’exploitation.
Ayant la qualité de commerçant, le gérant libre doit se faire immatriculer au RC.
Mais la publicité dont il est question ici a pour objectif de faire connaître aux tiers que
la propriété du fonds n’appartient pas au gérant.
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Pour ce faire, un extrait du contrat de gérance libre doit être publié dans les 15
jours de sa date au BO et dans un journal d’annonces légales, ensuite procéder aux
formalités relatives au RC. Il reste qu’il est dans l’intérêt du bailleur du fonds d’effectuer
ces publicités dans la mesure où il demeure responsable solidairement avec le gérant
des dettes contractées par ce dernier à l’occasion de l’exploitation du fonds (art. 155).
Les partisans de cette thèse, qui sont pour la plupart des commercialistes
allemands, ont pour fondement l’union de l’ensemble des éléments du F.C, celui-ci est
une universalité juridique.
Ces éléments forment un patrimoine à part, avec un actif et un passif dit
patrimoine d’affectation : le F.C. Celui-ci constitue une universalité juridique (un
groupement), une unité juridique indépendante (par rapport au patrimoine personnel
du commerçant), avec ses propres créances et dettes.
Cette théorie, qui est en harmonie avec le système allemand, reste incompatible
avec notre droit positif qui consacre plutôt le principe de l’unité du patrimoine (ou
indivisibilité du patrimoine). Suivant notre principe la responsabilité du commerçant
n’est pas limitée au seul F.C., elle s'étend à la totalité de ses biens.
B - LA THESE DE L’UNIVERSALITE DE FAIT
Les partisans de cette thèse avancent que le F.C. ne constitue pas une
universalité juridique, mais seulement une universalité de fait (un groupement de fait),
c’est-à-dire que cette union des éléments du F.C. n’est qu’une union de fait ayant pour
but commun l’exploitation d’un commerce. Ce qui a pour conséquence que chaque
élément conserve sa propre caractéristique et peut être cédé indépendamment des
autres.
§2 - LA POSITION DU NOUVEAU CODE DE COMMERCE
L’art. 79 du code de 1996 a finalement adopté une position conforme à nos
principes juridiques : le F.C. est désormais légalement défini comme étant « un bien
72
Droit commercial – S2 – Droit Professeur Chakib EL OUFIR
- CHANIOT WALINE (M.), La transmission des clientèles civiles, Paris, LGDJ, 1994.
69
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Droit commercial – S2 – Droit Professeur Chakib EL OUFIR
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II - LE FONDS DE COMMERCE
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- DOUMOU (Omar), Le nantissement du fonds de commerce, mémoire de DES,
Faculté de droit, Rabat, 1980.
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Droit commercial – S2 – Droit Professeur Chakib EL OUFIR
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INTRODUCTION ............................................................................................................. 2
I - DEFINITION ET PARTICULARITES DU DROIT COMMERCIAL ............................................ 2
A - LE FORMALISME DU DROIT COMMERCIAL ............................................................................. 2
B - LA SOUPLESSE DU DROIT COMMERCIAL ................................................................................. 3
II - LES SOURCES DU DROIT COMMERCIAL ............................................................................... 3
A- LES SOURCES ECRITES ............................................................................................ 3
a - Les sources nationales .......................................................................................................................... 4
1/ Le code de commerce et la refonte du droit des affaires ................................................................. 4
2/ Le D.O.C. : ...................................................................................................................................... 5
b - Les sources internationales................................................................................................................... 5
B- LES SOURCES NON ECRITES ................................................................................... 6
a - Les usages commerciaux ...................................................................................................................... 6
b - La jurisprudence ................................................................................................................................... 6
c – La doctrine ........................................................................................................................................... 7
III– LES JURIDICTIONS DE COMMERCE....................................................................................... 7
A – LES TRIBUNAUX DE COMMERCE ........................................................................ 7
a – Composition ......................................................................................................................................... 7
b – Compétence ......................................................................................................................................... 7
B – Les cours d’appel de commerce ................................................................................ 8
a – Composition ......................................................................................................................................... 8
b – Compétence ......................................................................................................................................... 8
IV – LA MATIERE DU DROIT COMMERCIAL ............................................................................... 8
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2 - LA PREUVE ..................................................................................................................................... 30
3 - LA PRESCRIPTION........................................................................................................................ 31
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1 - LA CLIENTELE : . .......................................................................................................................... 64
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