Vous êtes sur la page 1sur 31

Revue archéologique de

Narbonnaise

Un ensemble de céramiques daté du début de la période


augustéenne sur le site du Mas de Vignoles à Nîmes (Gard)
Sébastien Barberan, Hervé Pomarèdes

Citer ce document / Cite this document :

Barberan Sébastien, Pomarèdes Hervé. Un ensemble de céramiques daté du début de la période augustéenne sur le site du
Mas de Vignoles à Nîmes (Gard). In: Revue archéologique de Narbonnaise, tome 41, 2008. pp. 181-209;

doi : 10.3406/ran.2008.1192

http://www.persee.fr/doc/ran_0557-7705_2008_num_41_1_1192

Document généré le 20/06/2017


Résumé
En 1987, la fouille du site du Mas de Vignoles, situé à quelques kilomètres au sud de la ville antique de
Nîmes, a révélé la présence de deux fossés parallèles qui s'inscrivent dans une trame parcellaire
relativement étendue. Le comblement de l'un d'entre eux, daté autour de 20-10 av. J.-C, correspond à
un scellement rapide de la structure qui pourrait être mis en relation avec la proximité ou la destruction
d'un habitat riverain. Le mobilier céramique qu'il contenait montre la persistance, dans cet habitat,
d'une cuisine traditionnelle qui n'exclut pas la consommation de nouveaux produits alimentaires
importés. La vaisselle apporte également de nouvelles données, aussi bien sur le développement à
cette période des céramiques communes tournées locales ou régionales, que sur la place privilégiée
accordée dans le vaisselier à certaines formes de récipients (mortiers, cruches à embouchure large,
...). Enfin, les données collectées permettent de s'interroger sur l'arrêt des importations d'amphores
italiques Dressel 1 , à une période où le commerce du vin à destination de Nîmes et de ses environs
s'appuie notamment sur le développement de la viticulture régionale et que d'autres provinces de
l'Empire y participent.

Abstract
An excavation in 1987 of the site at Mas de Vignoles, which lies just a few kilometres south of the
ancient town of Nîmes, revealed the presence of two parallel ditch channels situated amid a large
expanse of parcelled land. The wares that were discovered in one of the channels date from between
20 BC and 10 BC. The presence of the objects originates from the rapid filling in of the channel and
could be related to neighbouring habitations. The ceramic wares discovered reveal the persistence of
traditional cooking habits, but do not exclude the consumption of new, imported food ingredients. The
dishes found at the site also add new information, both about the development of local and regional
communal potteries, and the special importance given to certain forms of recipients, such as mortars
and wide-mouthed jugs. Furthermore, the information collected also raises questions about the halting
of importations of Dressel 1 Italic amphora, at a time when the sale of wine to Nîmes and its immediate
area was based notably upon the development of wine-making in the region, along with the
contribution of other provinces of the Empire.
Un ensemble de céramiques daté du début

de la période augustéenne sur le site

du Mas de Vignoles à Nîmes (Gard)

Sébastien Barberan et Hervé Pomarèdes

À la mémoire de Pierre-Yves Genty

Résumé En 1987, la fouille du site du Mas de Vignoles, situé à quelques kilomètres au sud de la ville antique de Nîmes, a révélé la présence
de deux fossés parallèles qui s'inscrivent dans une trame parcellaire relativement étendue. Le comblement de l'un d'entre eux, daté autour de 20-10
:

av. J.-C, correspond à un scellement rapide de la structure qui pourrait être mis en relation avec la proximité ou la destruction d'un habitat riverain. Le
mobilier céramique qu'il contenait montre la persistance, dans cet habitat, d'une cuisine traditionnelle qui n'exclut pas la consommation de nouveaux
produits alimentaires importés. La vaisselle apporte également de nouvelles données, aussi bien sur le développement à cette période des céramiques
communes tournées locales ou régionales, que sur la place privilégiée accordée dans le vaisselier à certaines formes de récipients (mortiers, cruches
à embouchure large, ...). Enfin, les données collectées permettent de s'interroger sur l'arrêt des importations d'amphores italiques Dressel 1 , à une
période où le commerce du vin à destination de Nîmes et de ses environs s'appuie notamment sur le développement de la viticulture régionale et
que d'autres provinces de l'Empire y participent.
Mots clefs: Fossé, parcellaire, vaisselle, amphores, figurine en terre cuite, four à cloche mobile, alimentation.
Abstract : An excavation in 1987 of the site at Mas de Vignoles, which lies just a few kilometres south of the ancient town of Nîmes, revealed
the presence of two parallel ditch channels situated amid a large expanse of parcelled land. The wares that were discovered in one of the channels
date from between 20 BC and 10 BC. The presence of the objects originates from the rapid filling in of the channel and could be related to
neighbouring habitations. The ceramic wares discovered reveal the persistence of traditional cooking habits, but do not exclude the consumption of
new, imported food ingredients. The dishes found at the site also add new information, both about the development of local and regional communal
potteries, and the special importance given to certain forms of recipients, such as mortars and wide-mouthed jugs. Furthermore, the information
collected also raises questions about the halting of importations of Dressel 1 Italic amphora, at a time when the sale of wine to Nîmes and its immediate
area was based notably upon the development of wine-making in the region, along with the contribution of other provinces of the Empire.
Key words : Ditch, parcels of land, ware, amphora, terracotta figurine, mobile bell-shaped kiln, food.

Introduction près de 3 km au sud-ouest de la ville antique, et


préalablement aux travaux de terrassement liés à la construction
En 1981, Pierre- Yves Genty et Michel Py publiaient de l'autoroute A54 reliant Nîmes et Arles, ce mobilier
dans le Bulletin de l'École Antique de Nîmes deux articles était scellé dans un fossé dont le tracé fut volontairement
de référence sur le mobilier en usage dans l'agglomération oblitéré. Il peut être daté autour des années 20-10 av. J.-C. ;
nîmoise au début de la période augustéenne. L'étude du et il est donc contemporain, ou en tout cas peu éloigné
lot de céramiques daté des environs de 16-15 av. J.-C, ou dans le temps, des deux ensembles publiés au début des
peu avant, et trouvé en 1973 dans un sondage au pied de années 1980.
la Tour Magne, portait sur 840 tessons (Py 1981a). La Son étude se prête correctement à une mise à jour de
quantité de mobilier prélevée dans une fosse à comblement nos connaissances sur la vaisselle et les amphores qui
homogène, au cours d'une fouille de sauvetage réalisée en circulent à Nîmes et dans ses environs immédiats durant
1978 rue Saint-Laurent, s'élevait à 825 tessons (lampes à cette période charnière, marquée par de profonds
huile exclues) datés du dernier tiers du Ier s. av. J.-C. Une bouleversements dans le vaisselier. On songera en particulier à
monnaie d'Auguste fixait le terme de l'utilisation de ce la place de la sigillée italique dans la vaisselle de table ou
dépotoir aux alentours du changement d'ère (Genty 1981). à celle de la céramique modelée dans la batterie de cuisine,
Vingt-cinq ans plus tard, l'examen d'un lot inédit de cette dernière catégorie étant concurrencée depuis les
1 778 tessons de céramiques nous offre l'opportunité de environs du milieu du Ier s. av. J.-C. par de nouvelles
compléter les observations de ces deux chercheurs '. productions régionales de communes tournées. Dans le même
Découvert en 1987 sur le site du Mas de Vignoles, situé à esprit, nous serons également amenés à nous interroger

RAN. 4 1.2008, pp. 181-209


182 Sébastien Barberan et Hervé Pomarèdes

sur le rôle que jouent encore les amphores italiques Dressel 1 argileux brun gris présentant des indices de pédogenèse
dans l'approvisionnement en vin de la région nîmoise, à une probablement liés à un phénomène d'hydromorphie
période où, à partir de certaines provinces et notamment (Hervé dir. 2000 : 30) et contenant des céramiques de
celle de Narbonnaise, se développent de nouveaux circuits l'âge du Fer et du matériel de la période néolithique.
commerciaux pour les produits transportés en amphores. Le fossé ouest (fig. 3 : structure A), dégagé sur 52,8 m
de longueur, est orienté à NL 20° 7' Ouest. Il est conservé
1. Les fossés du Mas de Vignoles sur 0,20 à 0,40 m de profondeur. Sa largeur varie de 0,50
à 0,80 m. Il présente des parois faiblement inclinées et un
La première localisation de ce mobilier est le fruit d'un
fond plat ou légèrement concave. Son pendage, du nord
travail de prospection réalisé en 1986 par J. Kotarba et
vers le sud, est très doux et inégal. Le comblement de ce
prescrit par le Service Régional de l'Archéologie du
fossé s'est opéré en deux temps. Dans la partie basse du
Languedoc-Roussillon sur l'ensemble de la section
creusement, on note un colmatage, vraisemblablement
autoroutière (fig. 1). Ces premiers témoins matériels ont
assez lent et continu, composé sur 0,15 à 0,40 m d'épaisseur
entraîné, en 1987, un rapide diagnostic puis un décapage
de limons argileux brun incluant très peu de mobilier. Ce
limité, permettant de mettre en évidence le tracé et les
sédiment est, de toute évidence, lié à des apports latéraux
comblements de deux fossés parallèles (fig. 2 et 3). Ces issus des « limons coquilliers » caractéristiques de ce
fossés, distants d'une quinzaine de mètres, furent établis
secteur. À cette première phase de comblement succède
dans un secteur caractérisé par des sols constitués de limons
un remblaiement particulier, composé de matériaux de
construction (tuiles peignées ou non, clous, éclats de taille
calcaire), de galets, de fragments de soles, de scories, ainsi
que les mobiliers sujets de cette étude. Ces niveaux
illustrent vraisemblablement un scellement rapide et
définitif - et donc a priori volontaire - de la structure (fig. 4).
Le second fossé (fig. 3 : structure B) s'étire également
sur plus de 50 m de long, mais il n'a été repéré que par
sondages successifs (23 m linéaires dégagés). Son
orientation est assez proche de celle du fossé ouest (NL 18°
Ouest). Leurs dimensions et profils sont également
comparables, mais le pendage du creusement est bien moins
régulier. Il se prononce en direction du sud puis se relève,
marquant ainsi une contre-pente. Ce fossé semble colmaté
de même manière que son voisin. En revanche, aucun
dépôt de mobiliers ou de matériaux de construction n'était
visible à sa surface.
Il est intéressant de rappeler que ces deux segments de
fossés, ainsi que la concentration de mobilier, avaient permis
à J. Kotarba de s'interroger sur la liaison de ces linéaments
avec un habitat fossoyé voisin et sur la conservation d'un
parcellaire ancien dans ce secteur de la plaine nîmoise
(Pomarèdes 1987 : 5). Le développement récent des
recherches sur les marges de cette intervention permet de
revenir rapidement sur ces questions avec de nouveaux
éléments.
En premier lieu, on confirme depuis peu l'existence,
dans la plaine du Vistre, d'habitats à enclos fossoyés (Bel
et al. 2005). De tels établissements sont notamment attestés
au nord et à l'est du Mas de Vignoles (Breuil, Séjalon
2004 ; Pomarèdes, Breuil 2006). L'un d'eux, daté entre le
IHH Emprises des opérations archéologiques réalisées autour de Nîmes (diagnostics et fouilles, fin 2004). milieu du IIe s. av. J.-C. et les années -50/-25, a été établi
au Gouffre des Bouchers, à 600 m plus à l'est. Son ossature
Fig. I : Localisation des fossés du Mas de Vignoles dans la plaine est constituée de plusieurs fossés qui forment une série
de Nîmes (PCR Espace rural et occupation des sols de la région nîmoise d'enclos juxtaposés dont l'implantation et l'orientation
de la Préhistoire récente à l'époque moderne J.-Y. Breuil dir.). paraissent largement influencées par un premier parcellaire

RAN, 41, 2008, pp. 181-209


Un ensemble de céramiques daté du début de la période augustéenne sur le site du Mas de Vignoles à Nîmes (Gard) 183

protohistorique (Pomarèdes, Rascalou 2002). L'emprise cet habitat, très érodé par les labours récents, le mobilier
de cet établissement s'étend sur plus de 4000 m2 et les est essentiellement conservé dans les comblements des
aménagements intérieurs y sont répartis de manière linéaments ainsi que dans quelques fosses, puits et
sectorisée (citerne, trous de poteau, plantations, accès...)- Sur dépressions aménagés dans le sous-sol. Il y est abondant, bien

Diagnostic Vignoles 8
Axe majeur \\m \

Fouille
PPCI-
Cadereau
d'Alès

Mas de Vignoles

Diag. Vignoles Nord

Fouille du Mas de Vignoles -A5


Mas Neuf

Diag. Bassin aval


du Mas Neuf

Annexe agricole

Fouille du Diag. Bassin aval du Mas Neuf


Mas Neuf

Fig. 2: Les fossés du Mas de Vignoles découverts dans l'emprise de l'autoroute A54 et dans le cadre du diagnostic du Bassin aval du
Mas Neuf (V. Lelièvre. d'après Hervé dir. 2000 et Séjalon, Noret dir. 2003).

RAN. 4 1,2008. pp. 181-209


184 Sébastien Barberan et Hervé Pomarèdes

que les densités soient nettement inférieures à celles qui dont une majorité est orientée de façon assez fidèle aux
ont été observées dans le comblement du fossé ouest du deux fossés découverts sous l'autoroute (entre NL 18° et
Mas de Vignoles. En comparaison, ce dernier paraît donc 23° Ouest). La fouille effectuée à la suite de ce diagnostic
bien marquer un événement particulier en relation avec la (fouille du Mas Neuf ; Séjalon et coll. à paraître) a permis
proximité ou la destruction d'un habitat riverain. d'associer ce réseau, et plus particulièrement les parcelles
On peut également s'appuyer aujourd'hui sur les limitées par les fossés A et B, à un semis de petites fosses
résultats de deux importants diagnostics réalisés au alvéolaires marquant l'emprise d'un vignoble antique. À
contact de l'autoroute A54 et d'une opération de fouille près de 170 m au sud-ouest, l'opération a également mis
entreprise en 2003 à la suite de l'un d'eux (fig. 2) pour en valeur une petite annexe agricole du haut Empire
replacer un peu plus clairement les deux fossés du Mas de composée d'une seule pièce et d'un puits, à mettre en relation
Vignoles dans leur environnement. La première de ces avec le parcellaire de cette période. Enfin, le second
évaluations, réalisée sur les terres du Mas Neuf (diagnostic diagnostic (diagnostic Vignoles 8) confirme pour sa part
Bassin aval du Mas Neuf), a permis de valider le l'extension de ce réseau au nord de l'emprise de l'A54
développement de ces linéaments sur une trentaine de mètres (Séjalon, Noret dir. 2003 : 32-34). La construction de
vers le sud et d'observer leur association à un troisième l'espace agraire est ici illustrée par quelques segments de
exemplaire, perpendiculaire, avec lequel ils composent les fossés dont l'orientation est établie autour de NL 20°
angles ainsi que trois des côtés d'une parcelle dont la largeur, Ouest. À hauteur d'un ensemble de sondages (en
une quinzaine de mètres définie par la distance entre les l'occurrence les tranchées nos 35, 39, 43, 48, 65 et 66), plusieurs
fossés est et ouest, apparaît peu importante (Hervé dir. d'entre eux composent une figure complexe et d'emprise
2000 : fig. 99). Les 17 ha diagnostiqués ici ont également restreinte pouvant marquer la présence d'un ou de
entraîné la découverte d'une dizaine de fossés plus distants plusieurs enclos. Plus à l'ouest, un long tracé restitué sur plus

C 5-sud

C 4-sud

C 2-nord fossé est (structure B)

fossé ouest (structure A)


0 5 10 m
1/500

Fig. 3:Tracés et profils des fossés du Mas deVignoles relevés en 1987 dans l'emprise de l'autoroute A54 (H. Pomarèdes).

RAN, 41, 2008, pp. 181-209


Un ensemble de céramiques daté du début de la période augustéenne sur le site du Mas de Vignoles à Nîmes (Gard) 185

de 100 m marque la position d'un des axes majeurs de ce ce terroir bien plus systématique (Hervé dir. 2000 : 126-145).
réseau (limitation de chemin ?). Dans ces périmètres, La période augustéenne, marquée par la reconstruction
aucune trace tangible des deux fossés du Mas de Vignoles intégrale de l'habitat du Gouffre des Bouchers (Compan
n'a été repérée. 1993 ; Pomarèdes, Rascalou 2002) et par l'important
Grâce à ces opérations, on perçoit donc assez clairement ensemble de mobilier collecté au Mas de Vignoles, pourrait
que ces deux fossés intègrent une trame parcellaire être celle de cette nouvelle entreprise.
relativement étendue mais dont l'origine reste imprécise. Sur le
modèle de ce qui a été observé au Gouffre des Bouchers 2. Protocole d'étude du mobilier
ou encore au Viol du Plan (Vidal 1996), il n'est pas exclu
qu'elle puisse être protohistorique ou qu'elle se surimpose Le lot de céramiques étudié provient donc de la partie
supérieure du comblement du fossé ouest (structure A).
à une mise en culture de cette période. Au regard de la
Quatre couches très comparables, distinguées durant la
chronologie des mobiliers du fossé ouest du Mas de fouille, composent cet ensemble : il s'agit des unités stra-
Vignoles, ce réseau apparaît en tout cas actif antérieurement
aux dernières décennies du Ier s. av. J.-C. Ce parcellaire tigraphiques 4, 5, 6 et 7 (Pomarèdes 1987 : 8-9). Le
mobilier est assez fragmentaire et les cassures sont souvent
fait ensuite l'objet de restructurations ou de nouvelles
émoussées, pour les productions à pâte claire calcaire
extensions dans le courant du haut Empire. Voirie,
notamment. De plus, les collages au sein d'une même
plantations de vignes, bornage et fondations de petites annexes
unité stratigraphique sont en réalité assez peu nombreux,
agricoles y sont attestés et illustrent une mise en valeur de
même pour des catégories céramiques considérées comme
plus résistantes (commune kaolinitique par exemple).
Cependant, la distribution des catégories céramiques et
des formes en présence dans chacune de ces couches est
malgré tout très proche. Cela laisse supposer que ces
quatre couches participent bien d'une même étape de
colmatage réalisée à partir de matériaux en position
secondaire. Les données ont donc été cumulées pour aboutir à
un tableau de comptage synthétique et à une description
du mobilier détaillée d'un point de vue typologique. De
plus, 70 % des bords récoltés dans le comblement supérieur
du fossé ouest font l'objet d'une représentation graphique.
Quant au recensement du mobilier, il fait appel à une
méthode de comptage, en vigueur à Lattes notamment
(Py, Adroher Auroux 1991 : 84), très proche de celle qui
est désormais communément admise (Protocole Beuvray
1998). Outre le comptage brut des fragments par catégorie
céramique, le nombre minimum d'individus (NMI) a été
déterminé après appariement et/ou collage des bords et
des fonds, l'absence de formes impliquant la présence d'un
seul individu et l'effectif le plus grand étant retenu. La
dénomination des catégories céramiques et l'identification
typologique des formes ont principalement pour origine
le Dictionnaire des Céramiques Antiques (VIIe s. av. n. è.
- VIIe s. de n. è.) en Méditerranée nord-occidentale
(Provence, Languedoc, Ampurdan) (Py dir. 1993).
Il résulte de cet inventaire que le comblement supérieur
du fossé ouest livre 189 individus et 1 778 tessons (fig. 5).
Ces artefacts correspondent surtout à de la céramique
culinaire (145 individus pour 1 249 fragments), suivie par
les amphores (28 ind. pour 449 fr.) et par la vaisselle fine
(13 ind. pour 60 fr.). Trois individus supplémentaires
appartiennent à des dolia. Dans cet ensemble, la céramique à
Fig. 4: Le fossé ouest et son comblement vus depuis le sud pâte claire calcaire et la céramique modelée concentrent à
(H. Pomarèdes). elles seules un peu plus de la moitié du NMI total.

/?/4A/.41.2008.pp. 181-209
186 Sébastien Barberan et Hervé Pomarèdes

Production nbfr. NMI bord fond anse coupes) 3 sont susceptibles de compenser très partiellement,
(après recollage) et à titre hypothétique, cette carence en vaisselle de table
Sigillée italique 17 2 2 2 (cf. infra).
Imit. régionale à vernis rouge 8 2 2
Dérivée de la campanienne C 18 3 3 2
Campanienne A 14 4 4 3.1 Les céramiques campaniennes
Campanienne B 1 1
Unguentarium 2 1 1 Plus du tiers des individus recensés en vaisselle fine
peut être assimilé à de la campanienne A et, dans une
Total vaisselle fine 60 13 7 9 moindre mesure, à de la campanienne B. Si on ne peut
Cér. à pâte claire calcaire 741 45 15 45 17 rejeter catégoriquement l'idée selon laquelle ces vases
Mortier à pâte calcaire 70 23 23 6 auraient été conservés plusieurs années ou décennies
Mortier italique 3 1 1
Cér. modelée 250 46 46 10 1 après l'arrêt définitif du commerce de ces productions, il
Cér. kaolinitique 111 12 12 6 3 est presque certain que les récipients apparentés à ces
Cér. à pâte sableuse (mode A) 43 11 11 5 1 deux catégories céramiques sont en position résiduelle
Cér. à pâte sableuse (mode B) 11 3 3 1
Cér. fumigée 13 1 1 1 dans le comblement du fossé ouest. En effet, la fin des
Cér. à points de chaux 2 1 importations de campanienne A, sans doute aussi de
Commune italique 3 1 1
Vernis rouge pompéien 2 1 campanienne B, ne serait pas postérieure en Languedoc oriental aux
années 50-40 av. J.-C. (Morel 1978 : 160-161 ; Genty
Total cér. commune 1249 145 113 74 22 1981 : 112-113 ; Genty, Feugère 1995 : 176 ; Bel et al.
Total vaisselle 1309 158 120 83 22 2008). Aucune forme précise n'a pu être identifiée
puisque la campanienne A livre des panses, un fond
Amph. italique 184 10 10 3 10
Amph. de Bétique 108 7 7 1 4 d'assiette, un fond de bol ou de coupelle, un fond de coupelle
Amph. de Tarraconaise 9 1 1 et un fond indéterminé. Quant à la campanienne B, elle est
Amph. massaliète ancienne 34 2 2 4 documentée par un unique tesson informe.
Amph. massaliète impériale 3 1
Amph. gauloise calcaire 50 2 2 3
Amph. gauloise sableuse 4 1 3.2 La sigillée italique
Amph. africaine 19 1
Amph. orientale 2 1 1 Cette production procure elle aussi un volume finalement
Amph. indéterminée 36 2 2 1
peu élevé de tessons et d'individus dans cet ensemble. On
Total amphore 449 28 22 6 23 compte en effet un bord de plat du service Ib (fig. 6, n° 1),
Dolium 20 3 3 1 un bord de plat du service Ib/Ic (fig. 6, n° 2) et deux fonds
de plats indéterminés (fig. 6, nos 3-4) qui pourraient
TOTAL 1778 189 145 90 45 fonctionner, pour l'un d'entre eux au moins, avec les bords
Fig. 5:Tableau de comptage du mobilier céramique issu du mentionnés précédemment. Il nous a semblé utile de
comblement supérieur du fossé ouest du Mas deVignoles présenter, au côté de ces formes « précoces », les quelques
(Nîmes, Gard). fragments de sigillée italique recueillis au cours du
décapage mécanique, du nettoyage des deux fossés et de leurs
3. La vaisselle fine environs. Ils montrent en effet une certaine homogénéité
Les treize individus associés à ce groupe céramique puisqu'ils appartiennent eux aussi, du moins pour les
appartiennent à six productions distinctes : campaniennes éléments identifiables, aux services Ib et le de Haltern.
A et B (5 individus) ; sigillée italique et imitations On peut supposer qu'ils proviennent du comblement
régionales à vernis rouge (4 ind.) ; dérivée de la campanienne supérieur du fossé ouest, seule structure à avoir livré un lot
C (3 ind.) ; balsamaire (1 ind.). À l'image d'autres significatif de mobilier dans l'emprise de la fouille. Il
contextes augustéens nîmois antérieurs au changement s'agit d'un bord d'assiette du service Ib (fig. 6, n° 5), d'un
d'ère (Py 1981a ; Genty 1981), la vaisselle de table bord de coupelle du service le (fig. 6, n° 6), d'un bord et
procure un volume peu important de récipients dans cet d'un fond indéterminés (fig. 6, nos 7-8) et enfin d'un
ensemble, avec 8,2 % seulement du NMI vaisselle. Les fragment de plat supportant une estampille radiale sur une
questions relatives au faible nombre de vases utilisés au ligne incomplète [...IOIO] qu'il n'a pas été possible
moment du repas à la fin du Ier s. av. J.-C. dans la proche d'attribuer à un potier et à un atelier italique précis (fig. 6,
campagne nîmoise ne trouvent pas de réponses satisfaisantes n°9).
pour l'instant, d'autant que la verrerie 2 et les gobelets à Dans cet ensemble, un nombre aussi faible de récipients
boire à parois fines sont ici totalement absents. D'autres en sigillée italique se justifie sans doute par l'arrivée à une
récipients en céramique à pâte claire calcaire (deux coupelles date récente, vers 20-10 av. J.-C, de cette production dans
ou assiettes) et en céramique modelée (onze jattes et la basse vallée du Rhône (Genty, Feugère 1995 : 177). Les

RAN, 41, 2008, pp. 181-209


Un ensemble de céramiques daté du début de la période augustéenne sur le site du Mas de Vignoles à Nîmes (Gard) 187

données recueillies en d'autres points du Languedoc 11), ont été identifiés dans le fossé ouest. Il est difficile,
oriental confirment en effet la pénétration tardive et vu leur état fragmentaire, d'établir pour ces exemplaires
modeste de la sigillée italique. On l'observe à Nîmes de solides parallèles typologiques avec le répertoire des
(Genty 1981 : 111 ;Py 1981a: 94-95 ; Py 1990a: 592), à dernières campaniennes ou de la sigillée italique.
Lattes (Py 1990b : 341 ; Fiches dir. 1994 : 366) ou à
Ambrussum (Fiches dir. 1989 : 99), la vallée de l'Hérault 3.4 La céramique dérivée de la campanienne C
étant elle aussi touchée par ce phénomène (Mauné 1997 :
Fabriquée notamment à Brignon au nord de Nîmes
475-476 ; Rascalou 2006 : 79).
(Souq 1995 ; Py et al. 2001 : 1053), cette production livre
elle aussi un nombre peu élevé de vases (3 individus). Un
3.3 Les imitations régionales à vernis rouge bord de coupe Lamboglia 16 (non ill.), un bord d'assiette
La concurrence exercée sur la sigillée italique par les Lamb.
n° 12) et7 deux
(non fonds
ill.), unindéterminés,
bord de coupelle
l'un d'entre
Lamb. eux
20 (fig. 6,
imitations régionales à pâte claire calcaire et à vernis
rouge orangé expliquerait en partie ce faible appartenant à une assiette, ont été répertoriés. Le comblement
approvisionnement en sigillée italique. Ces imitations ont été supérieur du fossé intervient vraisemblablement peu
fabriquées vraisemblablement dans plusieurs ateliers d'années après la phase de pleine expansion de cette
régionaux et les formes s'inspireraient, parfois avec une production qui se situe vers le milieu et dans le courant du
certaine liberté, aussi bien du répertoire campanien que de troisième quart du Ier s. av. J.-C, si on se réfère aux
celui des premières sigillées italiques. Pierre- Yves Genty observations qui ont été faites en contexte funéraire dans la
proposait de centrer chronologiquement la production et basse vallée du Rhône et à Nîmes (Genty, Feugère 1995 :
la commercialisation de cette catégorie céramique dans le 176 ; Bel et al. 2008). Toutefois, il est vraisemblable que
dernier tiers du Ier s. av. J.-C. (Genty 1981, 113). Deux cette production est encore responsable autour de -20/- 10,
et avec les imitations régionales à vernis rouge, du faible
bords
n° 10),mal
l'autre
conservés,
de petitel'un
assiette
d'assiette
ou deoucoupelle
de coupe
(fig.(fig.
6, n°6, pourcentage de sigillée italique collecté dans cet

13

Fig. 6: Sigillée italique (nos à 9) (hors stratigraphie pour nos 5 à 9 ; éch. l/l pour n° 9) ; imitation régionale à vernis rouge (nos 10 et
I

II); dérivée de la campanienne C (n° 2) ; unguentarium (n° 3) (dessins S. Barberan).


1

RAN.4\. 2008. pp. 181-209


188 Sébastien Barberan et Hervé Pomarèdes

ensemble. La coupelle Lamb. 20 fait ainsi partie des ouverture large qui permet de les rattacher
formes les plus tardives du répertoire de la dérivée de la préférentiel ement au faciès matériel de l'époque républicaine ou du
campanienne C si on s'appuie par exemple sur les datations tout début de la période augustéenne. L'étude du mobilier
des quatre exemplaires découverts en contexte d'habitat à de la nécropole du Paradis à Aramon dans le Gard montre
Lattes : l'un vers le milieu du Ier s. av. J.-C, les trois autres en effet que la disparition quasi-totale des cruches à
à la période augustéenne (Py et al. 2001 : 1060-1061). embouchure large, du moins en contexte funéraire, serait
effective dans la basse vallée du Rhône à partir de -20/- 10,
3.5 Les balsamaires période à laquelle les modèles à goulot étroit se
substituent aux précédents (Genty, Feugère 1995 : 179). Le
Enfin, un fond plat de balsamaire en céramique à pâte comblement supérieur du fossé ouest ne livre aucun
claire calcaire du type unguent DO (fig. 6, n° 13) complète exemplaire de cette nouvelle gamme de cruches qui est
les effectifs de vaisselle fine. peut-être diffusée un peu plus tard et qui s'imposerait de
manière moins rapide à Nîmes et dans sa proche
4. Les céramiques communes campagne, d'autant que la basse vallée du Rhône est connue
Le groupe des céramiques culinaires (91,7 % du NMI pour assimiler plus facilement que la région nîmoise de
vaisselle) fait principalement appel aux productions nouveaux produits, notamment en terre cuite, tels que les
locales ou régionales que sont la céramique modelée (46 gobelets à parois fines et les lampes à huile (Genty,
individus) et la céramique à pâte claire calcaire (45 ind.). Feugère 1995 : 191 ; Feugère et al. 1998 : 336 ; Bel et al.
Les mortiers, pour l'essentiel à pâte calcaire, mobilisent 2008). Enfin, deux bords de coupelles ou d'assiettes de
également un nombre assez élevé de vases dans cet types indéterminés en céramique à pâte claire calcaire ont
ensemble (24 ind.). Le développement des premières été isolés dans cet ensemble (fig. 7, nos 8-9). Le premier
communes tournées à pâte sableuse ou kaolinitique présente un bord arrondi, tandis que le second, à bord
originaires de la vallée du Rhône, du Gard ou de l'Hérault est biseauté, montre une certaine ressemblance avec un
nettement perceptible (28 ind. au total), laissant très peu exemplaire d'assiette associé aux imitations régionales à vernis
de place dans le comblement supérieur du fossé ouest aux rouge {cf. supra). Très fragile, le revêtement a peut-être
plats à feu et aux couvercles importés d'Italie (2 ind.). totalement disparu, conduisant à son classement en
céramique à pâte claire calcaire.
4.1 La céramique à pâte claire calcaire
Une certaine ambiguïté demeure, aussi bien à la période 4.2 Les mortiers
républicaine qu'au haut Empire, pour les récipients à pâte Un bord en bandeau de mortier du type com-it 8f
claire calcaire, tantôt classés en céramique commune, tantôt (fig. 7, n° 10) et deux fragments de becs verseurs sont
en vaisselle fine (Barberan, Silvéréano 2006 : 27). Cette attribuables à des importations italiques en raison de la
production rassemble principalement des vases d'usage présence de dégraissant volcanique dans la pâte. D'un
visiblement courant, dépourvus de traitements de surface point de vue chronologique, il convient de noter que la
particuliers et principalement utilisés pour le stockage et moitié des exemplaires lattois assimilables à la forme
le service des liquides. Pour toutes ces raisons, on a choisi com-it 8f provient de contextes augustéens (Py et al.
de rattacher préférentiellement cette catégorie à la famille 2001 : 1023). Deux autres bords à pâte claire calcaire
des céramiques culinaires. pourraient eux aussi, sans exclure de possibles imitations
Dans le comblement supérieur du fossé ouest, les 45 régionales, provenir d'Italie, au regard du profil
individus répertoriés s'apparentent à des fonds de vases triangulaire très proche du modèle com-it 8f pour l'un (fig. 7,
fermés appartenant vraisemblablement à des cruches. Ils n° 1 1), du décor de cordons digités appliqués sur un bord
peuvent être associés à des anses, au nombre de 17, et surtout à lèvre tombante du type com-it 8a pour l'autre (fig. 7,
à une série homogène de bords de cruches du type cl-rec n° 12). Quelle que soit l'origine de ces deux dernières
lb datée du Iers. av. J.-C. (Py, in Py dir. 1993 : 223). formes, on observe toutefois que la majeure partie des
Douze bords de ce modèle ont en effet été recensés dans mortiers jetés dans le fossé ouest est à pâte claire calcaire.
cet ensemble (fig. 7, nos 1-6). Ils sont plus ou moins inclinés Un tel décalage trahit probablement le développement
vers l'extérieur, de section généralement triangulaire et à d'officines régionales désormais pleinement intégrées au
méplat horizontal ou oblique. Un seul bord en amande de tissu économique local. Ainsi, un atelier d'époque
cruche de petit module (fig. 7, n° 7) se distingue de cette augustéenne produisant des mortiers à bord en poulie est connu
série puisqu'il renvoie à un modèle plus ancien, la forme au pied de l'oppidum de Mauressip à Saint-Côme dans le
cl-rec 2b étant datée de la seconde moitié du IIe s. et de la Gard (Py 1981a : 98) et l'agglomération nîmoise est elle
première moitié du Ier s. av. J.-C. (Py, in Py dir. 1993 : 225). aussi considérée comme un centre producteur (Py et al.
Tous ces exemplaires possèdent comme point commun une 2001 : 821-822). Hormis six fonds indéterminés et un

&4yV,41,2008,pp. 181-209
Un ensemble de céramiques daté du début de la période augustéenne sur le site du Mas de Vignoles à Nîmes (Gard) 189

bord à moulure saillante du type cl-rec 17b (fig. 7, n° 13), forme fait l'objet d'un réel engouement car elle est la
ce sont en effet vingt bords en poulie de mortier cl-rec 17a seule mentionnée par exemple au sein du lot de céramiques
qui sont présents dans la partie supérieure du comblement retrouvé au pied de la Tour Magne, daté peu avant et vers
du fossé ouest (fig. 7, nos 14-22). Au cours des dernières 16-15 av. J.-C. (Py 1981a: 98).
décennies du Ier s. av. J.-C. et dans la région nîmoise, cette

Tf V

12 4f

17

Fig. 7: Céramique à pâte claire calcaire (nos à 9) ; mortier italique (n° 10) ; mortier à pâte claire calcaire (nos à 22)
I

II

(dessins S. Barberan).

/MA/.41.2008.pp. 181-209
190 Sébastien Barberan et Hervé Pomarèdes

4.3 La céramique modelée émise par P.- Y. Genty à partir de l'étude des céramiques
issues de la fosse augustéenne fouillée rue Saint-Laurent
En dépit de la concurrence exercée désormais par les
(Genty 1981 : 105).
communes tournées à pâte sableuse ou kaolinitique, la
céramique modelée occupe encore une place Le répertoire des formes classées en céramique
prépondérante dans cet ensemble, réunissant près de 30 % du NMI kaolinitique dans le comblement supérieur du fossé ouest (12
vaisselle. Néanmoins, comme pour les campaniennes A et ind.) trouve en effet peu de parallèles avec celui mis en
B, il est possible qu'une partie difficile à estimer de ces évidence à Vaison-la-Romaine (Goudineau 1977). Les
récipients modelés soit en position résiduelle. Les 46 pots à cuire, au nombre de quatre, se distinguent de ceux
individus attestés dans le comblement du fossé ouest trouvés dans cette cité par une lèvre déversée de section
appartiennent pour moitié à des pots. Leur état de conservation triangulaire se terminant en pointe (fig. 10, nos 1-3). Pour
ne facilite pas leur identification et, hormis un bord de les quatre couvercles à lèvre anguleuse (fig. 10, nos4-7),
vase sans col assimilable à une variante de la forme cnt- visiblement peu nombreux si ce n'est inexistants à Vaison
lor U6 (fig. 8, n° 1), les 22 autres, à bords déversés, ont en céramique kaolinitique (Goudineau 1977 : 168), il est
été classés dans les séries génériques cnt-lor U5/U7 (fig. 8, possible également que nous ayons affaire aux productions
nos 2-15). Ces bords présentent une gamme de profils assez d'un ou de plusieurs ateliers moins éloignés de Nîmes. En
variée (lèvre simple déjetée vers l'extérieur, méplat revanche, les profils des deux bords de marmites carénées
oblique ou horizontal...). Deux d'entre eux au moins (fig. 10, nos 8-9) sont relativement proches, hormis
(fig. 8, nos 6 et 8) font plutôt office, vu leur gabarit et l'épaisseur des parois, de la forme 3a de la classification
l'épaisseur des parois, de jarres de stockage. Les établie à partir du mobilier de Vaison-la-Romaine
couvercles, au nombre de neuf, ont pu fonctionner avec ces (Goudineau 1977 : 161-162). Deux bords de pichets ont
différents modules de pots. Ils présentent un profil simple été extraits du comblement supérieur du fossé ouest
qui permet de les associer sans plus de précisions, et avec (fig. 10, nos 10-11) ; l'un possède une lèvre moulurée sur
l'un des fonds, à la série cnt-lor V2 (fig. 8, nos 16-21). laquelle est fixée l'attache supérieure de l'anse, l'autre
Cinq jattes de tailles variées se caractérisent par une lèvre une lèvre arrondie qui permet de le rattacher typologique-
élargie qui, pour quatre de ces récipients, présente un ment à la forme kaol Gl, censée apparaître au tout début
aplatissement horizontal ou oblique (fig. 9, nos 1-4). Leur du Ier s. ap. J.-C. (Meffre, Raynaud, in Py dir. 1993 : 498).
attribution à la forme cnt-lor Jle semble la plus probable. Enfin, six fonds et trois anses de commune kaolinitique
On notera sa présence dans le lot de céramiques mis au complètent cette série, sans que l'on puisse les associer à
jour au pied de la Tour Magne (Py 1981a : 95, 98). Il n'est une forme précise.
pas exclu que ces récipients aient été employés, pour les
plus gros spécimens en tout cas (fig. 09, n° 1 au moins), 4.5 La céramique commune à pâte sableuse cuite
comme mortiers. Deux autres jattes ont été individualisées en mode A
dans cet ensemble (fig. 9, nos 5-6). La première peut être
assimilée au type cnt-lor J3 daté du deuxième et du L'essor des structures régionales de production
troisième quart du 1er s. av. J.-C. (Py, in Py dir. 1993 : 298), céramique à pâte sableuse, parallèlement à une diversification
tandis que la seconde, à bord rentrant et mouluré, fait du répertoire de formes, est effectif à partir du milieu du
référence à la forme cnt-lor J2b surtout diffusée au 1er s. av. J.-C, Ier s. av. J.-C. en Languedoc oriental (Fiches 1996, 355).
principalement dans la seconde moitié (Py et al. 2001 : Les vases sont alors montés au tour et fréquemment cuits
890). Les coupes, au nombre de quatre, renvoient, pour en mode A. Ainsi, le comblement supérieur du fossé ouest
un exemplaire, au modèle cnt-lor Cl (fig. 9, n° 7), pour livre onze vases en commune à pâte sableuse oxydante,
les trois autres, à la forme cnt-lor C2 (fig. 9, nos 8-9). dix d'entre eux s 'apparentant à des pots. Certaines de ces
Enfin, plusieurs éléments typologiques n'ont pas pu être formes, comme les deux bords à lèvre déversée simple
(fig. 10, nos 17-18) s'inspirent clairement de formes
associés à un modèle précis de récipient modelé : trois
« indigènes ». D'autres s'en affranchissent et annoncent
bords mal conservés (non ill.), neuf fonds et une anse.
les modèles en vogue au haut Empire dans la région
nîmoise, comme les cinq bords en bourrelet pincé de pots
4.4 La céramique commune kaolinitique sabl-or A4 (fig. 10, nos 12-16) dont les profils sont encore
Elle serait importée dans l'Antiquité de la moyenne loin d'être standardisés et qui sont fabriqués à partir de 20
vallée du Rhône (Meffre, Raynaud, in Py dir. 1993 : 488- av. J.-C. (Raynaud, in Py dir. 1993 : 549). À cette période
489). Certains indices, tels que la fréquence de cette au moins, les potiers se contentent aussi de puiser dans le
production et des parallèles avec des formes locales au répertoire d'autres productions céramiques régionales.
cours du haut Empire, laissent supposer l'existence Deux bords à méplat oblique (fig. 10, nos 19-20)
d'officines plus proches géographiquement (Barberan, correspondent en effet à des pots dérivant de l'urne dite « récente »
Silvéréano 2006 : 29), cette hypothèse ayant déjà été cnt-lor U7 en céramique modelée. Elle inspire sans doute

, 41,2008,pp. 181-209
Un ensemble de céramiques daté du début de la période augustéenne sur le site du Mas de Vignoles à Nîmes (Gard) 191

aussi dans le même temps les formes héraultaises fumigée moins qu'il ne s'agisse d'une version ancienne et peu
et p-chaux A 10, dont la fabrication débute peu avant le académique du type sabl-or Bl daté des Ier-IIe s. ap. J.-C.
changement d'ère (Raynaud, in Py dir. 1993 : 428, 522). (Raynaud, in Py dir. 1993 : 550). Outre cinq fonds et une
On pourrait aussi voir dans le bord de marmite carénée anse, un bord de pot en commune à pâte sableuse oxydante
cuite en mode A (fig. 10, n° 21) la copie d'une forme n'a pas pu être, vu son état de conservation, identifié (non
recensée précédemment en commune kaolinitique, à ill.).

10 1

15

è 16

18

Fig. 8: Mas de Vignoles - céramique modelée (dessins S. Barberan).

4 1.2008. pp. 181-209


192 Sébastien Barberan et Hervé Pomarèdes

4.6 La céramique commune à pâte sableuse cuite typologiques, un bord de marmite du type fumigée B12
en mode B (fig. 10, n° 25) et un fond indéterminé. Deux tessons
L'emprunt de formes propres à d'autres productions informes appartiennent à de la céramique à points de
chaux. Pour expliquer le poids négligeable des communes
céramiques régionales paraît encore plus marqué pour la
céramique commune à pâte sableuse cuite cette fois-ci en héraultaises dans la région nîmoise au début de la période
mode B. Sur les trois individus recensés auxquels s'ajoute augustéenne, plusieurs hypothèses peuvent être énoncées.
un fond indéterminé, deux correspondent en effet à La commercialisation de ces productions ne couvrirait pas
l'évolution du modèle « indigène » cnt-lor U7 (fig. 10, encore une aire géographique suffisamment vaste. Les
nos 22-23). La troisième forme est une marmite à lèvre à communes fabriquées à l'échelon micro régional ont aussi
méplat oblique (fig. 10, nos 24). Elle fait référence au type pu contribuer à réduire leur influence autour de Nîmes.
D'autre part, il convient de rappeler qu'au cours du haut
sabl-or B7 en commune à pâte sableuse cuite en mode B.
Empire la limite de plus grande diffusion à l'est des
Des comparaisons sont aussi envisageables avec les
modèles p-chaux B7 et fumigée B12 de l'Hérault. communes fumigées et à points de chaux se trouve
probablement entre Nîmes et Ambrussum, peut-être au niveau
L'apparition de ce type de marmite dans trois catégories
du fleuve Vidourle (Monteil 2000 : 127).
différentes de céramique culinaire était fixée jusqu'à présent
vers le début, voire vers le milieu du Ier s. ap. J.-C.
(Raynaud, in Py dir. 1993 : 429, 523, 551). 4.8 Commune italique et céramique à vernis rouge
pompéien
4.7 Les céramiques communes fumigée et à points
Quant aux importations de céramique culinaire d'origine
de chaux
italique, il est évident, à partir des données collectées dans
Les communes d'origine héraultaise sont peu le fossé ouest, qu'elles ne connaissent pas, au début de la
fréquentes dans le comblement supérieur du fossé ouest. période augustéenne, un franc succès dans la proche
La céramique fumigée livre ainsi, pour seuls éléments campagne nîmoise. On compte en effet seulement deux

Fig. 9: Mas deVignoles -


céramique modelée
(dessins S. Barberan).

, 41, 2008, pp. 181-209


Un ensemble de céramiques daté du début de la période augustéenne sur le site du Mas de Vignoles à Nîmes (Gard) 193

4 ^^^ j

6 W^^^

10

n 1

12 1

13 I 18

#15

20 I

'22 26

Fig. 1 0 : Commune kaolinitique (nos à II); commune à pâte sableuse cuite en mode A (nos 2 à 2 ) ; commune à pâte sableuse
cuite en mode B (nos 22 à 24) ; commune fumigée (n° 25) ; commune italique (n° 26) (dessins S. Barberan).
I

RAN. 4 1.2008. pp. 181-209


194 Sébastien Barberan et Hervé Pomarèdes

tessons informes de plat à feu en céramique à vernis rouge mode de cuisson des galettes de pâte à pain dans la région
pompéien et un bord de couvercle du type com-it 7b en nîmoise et plus largement dans le triangle bas-rhodanien.
commune italique (fig. 10, n° 26). Outre l'absence de ce En effet, de la fin de la République à la période flavienne,
type de production importée dans le lot de céramique mis la cuisson des galettes de céréales ferait peu appel aux
au jour au pied de la Tour Magne (Py 1981a), la fosse plats à feu mais plutôt à des fours en terre cuite à cloche
augustéenne de la rue Saint-Laurent est elle aussi mal lotie mobile (Barberan et al. 2006). Le comblement supérieur
puisque, sur 799 tessons de vaisselle, seulement quatre du fossé ouest livre ainsi 48 fragments attribuables à au
appartiennent à de la céramique à vernis rouge pompéien moins deux appareils de cuisson de ce type {cf. infra).
(Genty 1981 : 108). Par la suite, leur place dans le vaisselier
régional évolue peu. Sous Tibère par exemple, elles 5. Le matériel amphorique
concernent seulement 1 ,5 % du NMI vaisselle dans un
ensemble homogène découvert sur le site de Carsalade à Pour étudier l'approvisionnement en amphores des
Nîmes (Barberan 2003 : 410, 421). habitants de Nîmes et de sa proche campagne au début de
la période augustéenne, on ne pouvait raisonner jusqu'à
Le faible nombre de plats à feu et de couvercles en présent que sur les publications des deux ensembles déjà
céramique culinaire importée d'Italie est sans doute lié au cités à plusieurs reprises. Ainsi, les amphores (232 tessons)

Origine nb fr. NMI Forme Contenu bord fond anse


(après recollage)

Italie 184 10
gréco-italJDr. la vin 1
Dressel la vin 2
Dressel lb vin 3
Dressel le ? vin 1
Dressel 1 vin 1 10
Dressel 2/4 vin 1
Brindes huile 1 2
Lipari alun 1
Bétique 108 7
Dressel 7/11 sauces de poisson 5 2
Dressel 20 huile 1 1
Haltern 70 vin + olives 1 1 1
Tarraconaise 9 1
Pascual 1 vin 1
Massaliète ancienne 34 2
a-mas bd6 vin 2
a-mas indét. vin 4
Massaliète impériale 3 1
vin
Gauloise calcaire 50 2
imit. Pascual 1 ? vin 3
gauloise indét. vin 2
Gauloise sableuse 4 1
vin
Afrique 19 1
indéterminé
Orient 2 1
Rhodienne vin 1
Indéterminée 36 2
indét. indéterminé 2 1

Total 449 28 22 6 23

Fig. I I : Répartition typologique des amphores (en caractères italiques, productions et formes sûrement résiduelles).

^, 41, 2008, pp. 181-209


Un ensemble de céramiques daté du début de la période augusteenne sur le site du Mas de Vignoles à Nîmes (Gard) 195

associées au lot de céramiques mis au jour au pied de la possible d'associer un fond et dix anses à un sous-type
Tour Magne s'apparentent exclusivement au modèle précis de Dressel 1 . Un bord d'amphore vinaire Dressel
italique Dressel 1 (Py 1981a : 98). Rue Saint-Laurent, 2/4 est également présent (fig. 12, n° 6). Il se caractérise
Pierre- Yves Genty note que ce type de conteneur est, sur par une très grande finesse des parois, comme pour les
25 fragments d'amphores seulement, majoritaire (Genty Dressel 2/4 précoces de l'horizon 1 (vers 40 av. J.-C.) du
1981 : 103). S'y ajoutent « des exemplaires anciens de la pseudo sanctuaire de Cybèle à Lyon (Lemaître et al. 1998,
série des amphores espagnoles Dressel 7/11 » et quelques 51). Sept panses et un bord d'amphore(s) de Lipari, ou
fragments de conteneurs massaliètes, probablement « Richborough 527 » (fig. 12, n° 7) témoignent de l'emploi
résiduels. Certaines des « amphores romaines » dont de l'alun, probablement à proximité du site. Enfin, la côte
Pierre- Yves Genty décrit la pâte, pourraient être originaires adriatique approvisionne le site en huile, par le biais d'un
de la province de Tarraconaise, puisqu'elles possèdent une bord et de deux fonds d'amphores globulaires de Brindes
« pâte plutôt rouge foncé ou rouge brique, avec semis (fig. 12,nos8-9).
abondant de petits granules de dégraissant blanc ». En définitive, si on excepte le bord d'amphore gréco-
D'autres sont susceptibles de correspondre dans l'ensemble italique ou de Dressel la précoce sûrement en position
de la rue Saint-Laurent à des conteneurs de Bétique du type résiduelle dans cet ensemble, six conteneurs italiques sur
Dressel 20 ou Haltern 70, voire aux premières productions dix s'apparentent à de la Dressel 1 . Rapportées au nombre
d'amphores gauloises à pâte calcaire, avec une pâte « tantôt total d'individus classés en amphores, ces Dressel 1 ne
plus tendre et de couleur orangée ou beige orangée, tantôt représentent plus que 21,4 % des conteneurs piégés dans
jaune ou grise, très cuite » (Genty 1981 : 103). le comblement supérieur du fossé ouest. Si on considère
Ainsi, ces contextes de référence livraient en 1981 que l'arrêt de leur commercialisation intervient peu après
deux images assez contradictoires de la circulation des le milieu du Ier s. av. J.-C. (Desbat 1990 : 252 ; Desbat
amphores à Nîmes au début de la période augusteenne : 1998 ; Poux 1999 : 34-40), toutes ces amphores sont-elles
- exclusivité du commerce du vin italique dans des Dressel 1 résiduelles ? S'agit-il des derniers arrivages de Dressel 1
pour le sondage réalisé au pied de la Tour Magne ; dans la région nîmoise si on estime, comme d'autres
- approvisionnement un peu plus diversifié rue Saint- auteurs le proposent (Py et al. 2001 : 97 ; Séguier, Mallet
Laurent, les conteneurs italiques étant visiblement les plus 2005 : 555-556), que leur commerce est encore effectif
nombreux. durant les premières années de la période augusteenne au
moins ? Difficile de trancher, au regard des décalages
Au Mas de Vignoles, les amphores, avec 28 individus quantitatifs évidents que l'on observe à Nîmes, surtout
pour 449 fragments, rassemblent 14,8 % du NMI total entre cet ensemble et celui de la Tour Magne. À partir des
dans le comblement supérieur du fossé ouest. Un tel données acquises pour ces deux dépôts, il serait plutôt
ensemble présente l'intérêt, avec les connaissances hasardeux d'affirmer que le commerce du vin dans des
acquises depuis plus de 25 ans sur le matériel amphorique, Dressel 1 connaît une chute très brutale à Nîmes dans la
de disposer, pour le début du règne d'Auguste et à l'échelle plage de temps assez étroite qui sépare la date de constitution
locale au moins, d'un nouveau point de comparaison supposée du lot de la Tour Magne de celle du comblement
(fig. 1 1). On se situe en effet à une période cruciale pour le supérieur du fossé ouest {cf. infra). Les informations
commerce des denrées transportées en amphores, marquée recueillies ont au moins pour mérite de montrer, sur une
en Narbonnaise par le déclin des conteneurs italiques, petite zone géographique, des situations très contrastées
l'émergence de nouveaux courants d'importation et d'un contexte à l'autre. Cela pourrait aussi bien s'expliquer
l'apparition des amphores gauloises à pâte calcaire ou par des apports plus ou moins hasardeux de déchets au
sableuse, destinées au transport du vin produit à l'échelle moment où l'on constitue ces ensembles. Toute conclusion
locale ou régionale. est pour le moment exclue, dans l'attente de nouvelles
données à l'échelle locale ou régionale.
5.1 Les amphores italiques Le commerce en amphores du vin importé d'Italie et à
Contrairement à ce qui a pu être observé au pied de la destination de la ville de Nîmes fait également appel à une
Tour Magne ou rue Saint-Laurent, les conteneurs italiques forme beaucoup moins fréquente en Languedoc oriental
mobilisent ici moins de la moitié des amphores (35,7 %) pour compenser partiellement la fin du monopole des
et une gamme relativement variée de formes, dominée Dressel 1 , en l'occurrence le modèle italique Dressel 2/4.
malgré tout par les Dressel 1 . On recense ainsi un bord Contrairement à ce que l'on peut observer à Lyon (Becker
résiduel de gréco-italique ou de Dressel la précoce et al 1986 ; Lemaître et al 1998), ce conteneur est en
(fig. 12, n° 1), deux bords du type Dressel la (fig. 12, effet très mal documenté en Languedoc oriental. Ainsi,
n° 2), trois bords du type Dressel lb (fig. 12. nos 3-4) et un dans l'agglomération héraultaise de Lattes et au début de
bord de probable Dressel le (fig. 12, n° 5). Il n'a pas été la période augusteenne, il ne représente qu'un seul individu

RAN. 4 1,2008. pp. 181-209


196 Sébastien Barberan et Hervé Pomarèdes

sur 73 (amphores) en phase 5d (Fiches dir. 1994 : 346) et plusieurs établissements civils ou militaires installés sur
il est inexistant dans les phases 30b3 et 35c (Sanchez, l'axe Rhône-Rhin à l'époque d'Auguste n'en livrent a
Adroher Auroux 2004 : 337). Quant au commerce de priori aucun exemplaire (Desbat, Martin-Kilcher 1989).
l'huile transportée dans des amphores de Brindes, il Quant à l'alun utilisé peut-être dans les environs du site
touche occasionnellement le sud-est de la Gaule. L'une par des artisans ou des particuliers, il est intéressant de
d'entre elles a été signalée récemment dans un contexte noter que son utilisation dans la région nîmoise est un peu
augustéen, peut-être antérieur au changement d'ère, et lié plus précoce que ce qui avait été envisagé il y a quelques
à l'agglomération secondaire de Clermont-1' Hérault/ années. En effet, les premières attestations étaient jusqu'à
Peyre-Plantade dans la moyenne vallée de l'Hérault présent datées de la période 10-30 ap. J.-C. (Borgard
(Rascalou 2006 : 69-70). Quelques amphores de Brindes 1998), l'agglomération secondaire de Clermont-1' Hérault/
sont également signalées dans la ferme-auberge (zone 1) Peyre-Plantade étant elle aussi alimentée en alun au moins
du relais d'Ambrussum (Laubenheimer 1989 : 122-123). à partir du début du Ier s. ap. J.-C. (Rascalou 2006 : 74).
Quant aux cités de Lyon et de Vienne, elles procurent elles Le bord trouvé dans le comblement supérieur du fossé
aussi un volume très réduit de conteneurs de ce type, ouest pourrait être apparenté au sous-groupe la de la
comme le montrent le dépôt d'amphores augustéen de la classification des amphores de Lipari établie en 1991 par
rue de la Favorite à Lyon qui ne livre qu'une amphore, P. Borgard et F. Gateau. Il convient de souligner que ce
sur 116, originaire de Brindes (Becker et al. 1986 : 80), et sous-groupe est bien documenté dans des niveaux datés
l'étude du matériel amphorique du pseudo sanctuaire de de la fin du Ier s. av. J.-C. à Cavaillon (Borgard, Gateau
Cybèle, où un seul conteneur de ce type sur 660 a été 1991).
répertorié (Lemaître et al. 1998). Dans le même esprit,

Fig. 12: Mas deVignoles - amphore italique (dessins S. Barberan).

41, 2008, pp. 181-209


UN ENSEMBLE DE CÉRAMIQUES DATÉ DU DÉBUT DE LA PÉRIODE AUGUSTEENNE SUR LE SITE DU MAS DE VlGNOLES À NÎMES (GARD) 197

5.2 Les amphores de Tarraconaise et de Bétique l'axe Rhône-Rhin (Laubenheimer 1985 : 352-355 ;
Desbat, Martin-Kilcher 1989 : 348-349), ce qui pourrait
Le commerce avec la péninsule Ibérique est, dès le
s'expliquer par le développement de la viticulture régionale
début de la période augustéenne, correctement implanté
et, en parallèle, la création d'officines de fabrication
dans la proche campagne nîmoise, puisque huit individus
d'amphores sur le territoire nîmois.
sur vingt-huit correspondent à des conteneurs importés
principalement de Bétique, et dans une moindre mesure
de Tarraconaise. 5.4 Les amphores gauloises
En effet, cette dernière aire de production procure
seulement un bord d'amphore à vin Pascual 1, associé à huit Malheureusement, aucun élément de forme ne permet
tessons informes (fig. 13, n° 7). Un nombre aussi faible d'identifier formellement un modèle précis de conteneur
de restes (2 % du nombre total de tessons d'amphores) se produit à l'échelle locale ou régionale. Les quatre tessons
justifie sans doute par la concurrence du vin régional et/ou d'amphore gauloise sableuse (ou « gardoise ») sont tous
par l'éloignement des grandes voies commerciales du vin informes. Les conteneurs gaulois à pâte calcaire, même si
de Tarraconaise. Celles-ci passent notamment par ils sont plus nombreux (50 fragments), livrent seulement
Narbonne (Sanchez 2003 : 848-850), traversent de trois anses correspondant peut-être à des imitations de
préférence l'isthme gaulois entre le Massif central et les Pascual 1 et deux fonds plats indéterminés (fig. 13, n° 8).
Pyrénées (Genin, Vaginay 1997 : 190-191 ; Barthélemy- On notera avec intérêt l'existence dans le comblement
Sylvand 2005 : 146-147) et transitent aussi par la vallée supérieur du fossé ouest de possibles imitations de
du Rhône, comme en témoignent à Lyon le dépôt de la Pascual 1 qui ont pu concurrencer ou en tout cas pallier,
rue de la Favorite et le dépôt L3 de la Montée de Loyasse en copiant l'emballage, au maigre apport en vin de
(Becker et al. 1986 : 74 ; Genin 1994 : 352). Tarraconaise (cf. supra). De telles imitations sont produites,
dans l'Hérault, à Aspiran et à Corneilhan, dans le Tarn, à
Quant aux échanges avec la province de Bétique, ils Montans (Genty, Fiches 1978 : 75-76 ; Laubenheimer
sont, du point de vue des produits transportés et des 1985 : 312-315 ; Mauné et al. 2006 : 174-178), mais
formes de conteneurs, un peu plus variés. On recense en également dans l'officine augustéenne de Sainte-Cécile-
effet 41 fragments, dont cinq bords et deux anses (fig. 13, des- Vignes dans le Vaucluse (Meffre, Meffre 1992).
nos 1-3), assimilables aux premières amphores Dressel Soulignons aussi que l'atelier de Saint-Côme près de
7/11 de la région de Cadix utilisées pour le transport du Nîmes, l'un des plus anciens puisqu'il aurait été en activité
garum. Toutefois, l'hypothèse selon laquelle ces vers la fin du Ier s. av. J.-C, est connu pour avoir fabriqué
conteneurs auraient également pu servir au stockage du vin a des imitations d'amphore de Tarraconaise du type
été formulée récemment (Silvino, Poux 2005). L'amphore Oberaden 74, destinées probablement au conditionnement
à huile Dressel 20 précoce est représentée par 60 du vin (Laubenheimer 1985 : 306).
fragments, dont un bord en amande et une anse (fig. 13, n° 4).
Sept fragments enfin, en comprenant un bord, un fond et Les conteneurs gaulois à pâte calcaire et à pâte sableuse
une anse, s'apparentent au conteneur du type Haltern 70 mobilisent, dans le comblement supérieur du fossé ouest,
(fig. 13, nos 5-6). Ils témoignent de la consommation, dans 10,7 % du nombre total d'individus classés en amphores.
les environs du site du Mas de Vignoles d'un vin cuit, le Un tel pourcentage révèle l'émergence d'une production
defrutum, qui sert de conservateur et dans lequel on ajoute régionale dont l'apparition avait été fixée à la période
souvent des olives noires (Laubenheimer, Humbert 1992 : augustéenne ou peu avant (Laubenheimer 1985 : 385),
197). comme le confirment son absence à Lattes entre 50 et 25
av. J.-C. (Fiches dir. 1994 : 337-341 ; Sanchez, Adroher
Auroux 2004 : 335), à Nîmes vers 40/30-20 av. J.-C.
5.3 Les amphores de Marseille (Guillet et al. 1992 : 78) et la petite quantité de conteneurs
La cité phocéenne alimente de manière anecdotique, de ce type dans les dernières décennies du Ier s. av. J.-C. à
au début de la période augustéenne, la ville de Nîmes en Ambrussum (Laubenheimer 1989 : 122).
vin. Sur 37 tessons à pâte micacée, seulement trois panses Par la suite, et avec le développement du vignoble en
appartiennent en réalité à de l'amphore massaliète impériale. Narbonnaise, les amphores gauloises connaîtront dès la
Les fragments restants correspondent à 28 panses, deux première moitié du Ier s. ap. J.-C. un certain succès, avec
bords (non ill.) du type a-mas bd6 daté entre 425 et 200 la montée en puissance de nouvelles formes, telles que la
av. J.-C. (Bats, in Py dir. 1993 : 62) et quatre anses de Dressel 2/4, la G2, la G8 ou encore la Gl « variante A »
conteneurs en circulation à la Protohistoire, résiduels (Barberan 2003 : 427 ; Barberan, Silvéréano 2006 : 31).
évidemment dans un tel cadre chronologique. Au cours du Elle sera suivie par la création, à partir du milieu du Ier s.,
haut Empire, le Languedoc oriental est peu touché par le des modèles gaulois les plus connus dans le monde
commerce du vin marseillais qui privilégie la Provence et romain, en l'occurrence les amphores Gl et surtout G4.

/MA/. 41. 2008. pp. 181-209


198 Sébastien Barberan et Hervé Pomarèdes

5.5 Les amphores africaines et orientales autour de 20 %, dans les trois horizons du pseudo sanctuaire
de Cybèle qui se succèdent entre 40 et 10 av. n. e. (Lemaître
Quant aux importations africaines et orientales, elles
ne représentent qu'une petite partie des amphores jetées étal. 1998:58).
dans le fossé ouest (7,1 % du nombre total d'individus
5.6 Les amphores non classées
classés en amphores). En effet, on dénombre seulement
19 tessons informes de conteneurs africains et deux Le comblement supérieur du fossé ouest livre enfin 36
fragments attribuables à la même anse d'une amphore à vin tessons, dont une anse et deux bords, qui n'ont pas pu être
d'origine rhodienne, l'un des conteneurs de Méditerranée associés à une catégorie et à un modèle précis d'amphore 4.
orientale le mieux représenté à Lyon à l'époque d'Auguste Le premier bord, en forme d'entonnoir, est souligné par
(Lemaître 1995 : 201). Le commerce avec les provinces un sillon au niveau de la lèvre (fig. 13, n° 9). La pâte est
africaines et orientales est finalement peu développé dans claire calcaire, savonneuse au toucher, et il est possible
la région nîmoise à cette période. Au cours du haut que nous ayons en réalité affaire soit à un conteneur
Empire, le déclin de ces deux courants d'importation se gaulois précoce inédit, soit à une cruche ou à un récipient
poursuit, que ce soit à Nîmes, sous Tibère (Barberan 2003) de stockage de gros gabarit non référencé à ce jour en
ou sous les flaviens (Monteil 2000), mais également à céramique à pâte claire calcaire. Le second individu classé
Ambrussum (Laubenheimer 1989). Les échanges peuvent en amphore indéterminée se caractérise par un col resserré
néanmoins varier de manière significative d'une aire et un bord en bandeau souligné par une gorge interne
régionale à une autre, car les importations de (fig. 3, n° 10). La pâte, à dominante calcaire et légèrement
Méditerranée orientale sont bien mieux représentées, et ce rugueuse, est de teinte jaune beige clair. Elle contient un
dès la seconde moitié du Ier s. av. J.-C, à Lyon. En dégraissant visible en surface comme dans l'épaisseur à
témoignent les pourcentages élevés de conteneurs orientaux, base d'inclusions de taille et de nature variées (éclats de

Fig. 1 3 : Mas deVignoles - amphore de Bétique (nos à 6) ; amphore de Tarraconaise (n° 7) ; amphore gauloise à pâte calcaire
(n° 8) ; amphore indéterminée (nos 9 à I I) (timbre n° I I à l'éch. l/l) (dessins S. Barberan).
I

RAN, 41,2008, pp. 181-209


UN ENSEMBLE DE CÉRAMIQUES DATÉ DU DÉBUT DE LA PÉRIODE AUGUSTEENNE SUR LE SITE DU M A S DE VlGNOLES À NÎMES (GARD) 199

quartz/calcite, paillettes de mica argenté, possibles d'un peigne à dents. Ces fragments se caractérisent par
nodules de chamotte,...). Un parallèle typologique une pâte sableuse semi grossière, bien cuite et de couleur
pourrait être éventuellement envisagé avec un col de plus petit beige rosé comparable à celle des amphores gauloises à
module attribué à une cruche et associé à l'horizon 3 (10 pâte sableuse. La création de ce type d'appareil de cuisine
av. J.-C. à 15/20 ap. J.-C.) de la Maison des Dieux Océan intervient dans le courant de la seconde moitié du Ier s. av.
J.-C. Il est employé pour cuire les galettes de pâte à pain
à 30).
n° Saint-Romain-en-Gal
Enfin, un fragment(Leblanc
de fond pointu
2007 : appartenant
54, fig. 32,à sur un territoire bien défini circonscrit au triangle bas
une amphore vraisemblablement fuselée et indéterminée rhodanien (Ardèche méridionale, Bouches-du-Rhône,
supporte un timbre incomplet et usé (fig. 13, n° 11). Au Vaucluse, Gard et Hérault), même si la plupart des
moins deux pistes de lecture sont envisageables pour cette attestations sont gardoises et héraultaises (Barberan et al.
marque de potier ou d'officine, en l'occurrence [...FVF] 2006).
ou [. . .EVF]. Dans la pâte calcaire de ce fragment de fond,
on relève la présence d'un abondant dégraissant de 7.2 Une figurine en terre cuite
nodules émoussés de teinte beige ou brun clair, associés à
de rares petits éclats noirs et brillants, peut-être d'origine Le comblement supérieur du fossé ouest livre également
volcanique. un objet original, en l'occurrence une figurine moulée
creuse incomplète en céramique à pâte claire calcaire
cuite en mode A et de teinte jaune orange (fig. 15). L'objet
6. Les dolia est d'aspect fruste, la partie basse et l'extrémité supérieure
On dénombre, d'après les bords conservés, trois dolia de la statuette étant manquantes (hauteur maximale
différents dans le comblement supérieur du fossé ouest, conservée : 14 cm). De manière générale, les reliefs et les
soit 1 ,6 % du NMI total . Deux bords à section en quart de cassures sont émoussés, tandis que les surfaces sont altérées
cercle renvoient au modèle bd8f (fig. 14, nos 1-2), tandis par de petites aspérités et des microfissures. Il s'agit d'un
que le troisième à lèvre allongée correspond au type bd7a personnage figuré debout et sans attributs susceptibles
(fig. 14, n° 3) (Py, in Py dir. 1993 : 408-409). Un fond n'a d'identifier une divinité par exemple. Les traits du visage
pas pu être associé à un modèle précis de dolium. sont estompés et les bras sont disposés le long du corps.
Le dos est lisse. Ce personnage porte un manteau, le
7. Autres mobiliers cucullatus, dont le capuchon pointu qui recouvrait la tête
est brisé. L'échancrure dessinée immédiatement sous le
cou trahirait le port, sous ce manteau, d'un second
7.1 Des restes de fours à cloche mobile vêtement ou d'un voile enserrant éventuellement le visage.
On dénombre 48 fragments de four à cloche mobile en Quant à la partie basse de cet objet, elle était peut-être
terre cuite parmi lesquels deux fragments de bases (non composée de deux jambes articulées en terre cuite comme
ill.) et deux bords distincts de diamètres inconnus (fig. 14, cela a pu être observé sur une figurine mieux conservée et
nos 4-5). L'un de ces derniers supporte sur sa face externe vêtue du cucullatus à Lyon dans le pseudo sanctuaire de
des impressions verticales réalisées avant cuisson à l'aide Cybèle (renseignement A. Desbat, CNRS). Comme point

41. 2008.
Fig. pp.
14:181-209
Mas deVignoles - dolium (nos I à 3) ;four à cloche mobile en terre cuite (nos4 et 5) (dessins s. Barberan).
200 Sébastien Barberan et Hervé Pomarèdes

de comparaison à l'échelle locale, nous pouvons 7.3 Matériaux de construction et instrumentum


également signaler la découverte d'une « poupée en terre cuite Des éléments de construction ont été également recensés,
dont les jambes sont articulées et les chevilles munies sous la forme de 5 1 fragments de tuiles conservés après la
d'anneaux » dans la tombe du Quartier des Ouïes à Nîmes fouille (dont 43 fr. de tuile peignée à pâte sableuse et 8 fr.
datée par M. Py des dernières décennies avant notre ère de tuile à pâte calcaire), d'un fragment de probable brique
(Py 1981b : 123-125 ; Fiches, Veyrac dir. 1996 : 471-472). en terre cuite, de deux fragments d'enduit peint et d'une
Le contexte de la découverte et la datation du tige de clou en fer. Ils sont associés à des restes d'un
remplissage du fossé font de cette pièce un témoignage assez artisanat du fer (23 scories) et à de rares objets liés aux
ancien à notre connaissance de la diffusion, au moins en activités domestiques, soit un fragment de fond de lampe
Narbonnaise, des figurines en terre cuite qui à huile en terre cuite et deux rondelles, l'une taillée dans
ont très souvent une signification religieuse (Rouvier- une panse d'amphore italique, l'autre dans une panse de
Jeanlin 1972 : 29). Un inventaire établi en 1993 par campanienne B .
N. Denis révèle ainsi la rareté de ce type d'objet en
Languedoc, et particulièrement dans le Gard (Bémont et 8. Arguments de datation
al. 1993 : 180-190). Les découvertes sont surtout
concentrées dans des lieux de culte, comme le sanctuaire Ils reposent principalement sur l'association des
de Mabousquet à Monmirat (Provost et al. 1999 : 472), quelques formes identifiées en sigillée italique. On note
tandis que l'habitat régional en livre très peu tout d'abord l'absence des formes archaïques du service la
d'exemplaires. Ces dernières années, la mise en évidence grâce à qui appartiennent à la première période d'activité des
trois valves de moules à figurines d'un atelier sur la ateliers italiques et que l'on trouve en Gaule dans les
commune de Villevieille dans le Gard révèle l'implantation en contextes antérieurs aux années 20/15 av. J.-C. À l'inverse,
Languedoc oriental et dans cette agglomération antique de aucune forme classique du service II n'est renseignée ce
potiers-coroplathes dont la production s'inscrit qui plaiderait en faveur d'un terminus ante quem vers -10.
vraisemblablement entre le milieu du Ier s. ap. J.-C. et le milieu du Le comblement supérieur du fossé ouest se caractérise en
siècle suivant (Hervé et al. 2006 : 17). L'activité de ces fait par la présence simultanée de vases des services Ib, le
artisans s'inscrirait donc dans un cadre chronologique et Ib/Ic, malheureusement peu nombreux, même en y
similaire à celui de la majeure partie des officines ajoutant ceux qui ont été collectés au cours du décapage
concentrées jusqu'à présent en Gaule centrale (Bémont et al. mécanique, du nettoyage des deux fossés et de leurs
1993). Surtout, elle serait postérieure d'au moins un demi- environs. À titre de comparaison, le dépôt augustéen L3 de la
siècle à la date d'enfouissement de la figurine en terre Montée de Loyasse à Lyon est daté des années 30-20 av.
cuite jetée dans le fossé du Mas de Vignoles. Toutefois, au J.-C. en raison de l'abondance relative des formes les plus
vu du type d'argile employée et de la simplicité générale anciennes du répertoire italique (service la) et de l'absence
de cette statuette, elle pourrait éventuellement correspondre totale des services le et II (Genin 1994 : 356). D'autre
à une fabrication locale ou régionale assez précoce et part, les productions de sigillée de l'ensemble I de l'atelier
méconnue. de la Muette à Lyon, daté entre 20 et 15 av. J.-C, sont

Fig. 15: Mas de Vignoles - figurine


en terre cuite
10 cm (clichés R. Pelle PAO :V. Lelièvre).
:

RAN, 41, 2008, pp. 181-209


Un ensemble de céramiques daté du début de la période augustéenne sur le site du Mas de Vignoles à Nîmes (Gard) 201

caractérisées par l'abondance du service Ib/Ic et des longueur de 6 km, aurait pu éventuellement s'étaler sur 3
assiettes précoces des services Ib et le, tandis que les à 5 ans, voire plus (Monteil 1999 : 365). La Tour Magne
productions relevant de l'ensemble II, daté entre 12 et 5 av. est visible de loin et elle domine YAugusteum. On pourrait
J.-C, montrent l'absence quasi-totale des formes précoces donc y voir l'un des ouvrages d'art les plus
des services Ib et le, mais également des formes du emblématiques du rempart et il est possible que sa construction ait
service Ib/Ic (Genin et al. 1996 : 52 ; Desbat, Genin 1996 : débuté peu de temps après le don fait par Auguste des
239-240). portes et des murs de la ville. Le terme de l'utilisation de
Nous raisonnons sur un nombre très faible de formes l'ensemble clos mis au jour rue Saint-Laurent dépend
identifiées en sigillée italique (quatre au total). Cependant, essentiellement d'un « as de Nîmes » en mauvais état de
le recoupement de toutes ces informations milite pour une conservation qui représenterait l'élément le plus récent du
datation du comblement supérieur du fossé ouest autour dépotoir. Pierre- Yves Genty retient la seconde émission
de 20-10 av. J.-C. La place accordée aux cruches à de ce type de dupondius (Genty 1981 : 110), frappée vers
embouchure large en céramique à pâte claire calcaire du l'an 8 av. J.-C. et qui perdure peut-être jusqu'en 3 av. J.-C.
type cl-rec 1 b et le poids encore non négligeable dans ce (Veyrac 1998: 16).
contexte des récipients modelés, même si certains d'entre La date d'enfouissement du lot de la Tour Magne
eux sont peut-être en position résiduelle, vont également interviendrait donc vraisemblablement vers 15 av. J.-C. Celle
dans le même sens (cf. supra). du mobilier mis au jour rue Saint-Laurent pourrait être
centrée autour de 5 av. J.-C, en tenant compte de la durée
9. Un nouveau regard sur le faciès céramique d'utilisation possible de la monnaie et malgré l'absence
du début de la période augustéenne à nîmes et des formes du service II de Haltern 5. Quant à l'ensemble
dans sa proche campagne du Mas de Vignoles, nous situons le terme de son utilisation
dans l'intervalle, soit vers -10 si on retient la proposition
II paraît désormais intéressant de comparer cet de datation formulée précédemment. En s 'appuyant sur
ensemble aux deux dépôts de céramiques publiés en 1981. une estimation moyenne de la durée de vie d'un vase, en
L'objectif est de proposer une sériation de ces trois lots de l'occurrence quinze ans, et en excluant les catégories
référence afin d'obtenir d'autres informations sur céramiques clairement résiduelles qui témoignent des périodes
l'apparition, le développement ou le déclin de certaines productions d'occupation antérieures (amphore massaliète ancienne
de vaisselle. Au regard du très faible nombre d'ensembles par exemple), il est possible d'organiser ces données
disponibles, des méthodes de comptage employées et du chronologiques de la manière suivante :
classement de certaines productions par grandes
catégories au début des années 1980 (« amphores romaines » ou - Tour Magne, mobilier en usage autour de 30/1 5 av. n. e.
« communes grises tournées » par exemple), l'exercice et constitution du dépotoir vers 15 av. n. e. ;
demeure toutefois périlleux. Il doit juste être considéré - Mas de Vignoles, mobilier en usage autour de 25/10
comme une simple tentative, un schéma possible d'évolution av. n. e. et constitution du dépotoir vers 10 av. n. e. ;
du faciès matériel augustéen antérieur au changement - Rue Saint-Laurent, mobilier en usage autour de 20/5
d'ère à Nîmes. Deux paramètres essentiels doivent aussi av. n. e. et constitution du dépotoir vers 5 av. n. e.
être pris en compte. D'un côté, la période de production et Traduites en histogrammes élaborés avec un
de diffusion des différentes catégories de récipients dénominateur commun, en l'occurrence le nombre brut de tessons
présents dans ces trois ensembles, sachant que la durée de vie par catégorie céramique, les données statistiques exploitables
d'un vase en contexte d'habitat est estimée à seulement pour ces trois ensembles sont riches d'enseignements
dix ou vingt ans (Py 1993 : 20). De l'autre, la date (fig. 16). Malheureusement, ce travail n'a pas pu être réalisé
d'enfouissement ou le terme de l'utilisation de ces dépotoirs, pour les amphores en raison de l'absence de comptages
qui est forcément plus récent. précis par catégorie pour le dépôt de la rue Saint-
Il est possible de déterminer assez précisément grâce à Laurent 6, lacune inhérente à l'état d'avancement des
des indices relativement fiables le moment où ont été connaissances sur le matériel amphorique au début des
enfouis les déchets appartenant aux deux ensembles années 1980. Cet ensemble se caractérise plus
publiés en 1981 Pour le lot de céramiques mis au jour au généralement, et par rapport aux deux autres, par le faible nombre
.

pied de la Tour Magne, le mobilier est mêlé à des éclats de de fragments attribuables à des ustensiles ou conteneurs
taille dans des couches attribuables à la construction de la en terre cuite volumineux (amphore, dolium et four à
partie romaine de la tour. Il serait contemporain de cloche mobile). Il pourrait en être de même pour les mortiers
l'élévation de l'enceinte datée par l'inscription de la porte quasiment absents rue Saint-Laurent. Sans revenir au
dite d'Auguste des années 16-15 av. J.-C. (Py 1981a : 91- matériel, il est également impossible d'interpréter
93). Cette dédicace impériale marquerait toutefois le précisément révolution du volume de tessons attribuables aux
début des travaux et non leur fin car un tel chantier, d'une céramiques à pâte sableuse ou kaolinitique (classées dans

RAN. 4 1.2008, pp. 181-209


202 Sébastien Barberan et Hervé Pomarèdes

l'un des deux histogrammes en « communes diverses »). de la rue Saint-Laurent montre une plus forte représentation.
En effet, les « communes à pâte grise » et les « communes La finesse des parois de ce type de production expliquerait
grises tournées » des ensembles de la Tour Magne et de la là encore, au moins en partie, un tel pourcentage (6,6 %).
rue Saint-Laurent englobent probablement plusieurs Néanmoins, on peut aussi supposer que les gobelets à
catégories distinguées dans le dépôt du Mas de Vignoles boire intègrent désormais pleinement le vaisselier en
(kaolinitique, sableuse cuite en mode B, fumigée et points usage à Nîmes, d'où une meilleure visibilité statistique.
de chaux). La représentation de ces différentes productions La répartition des fragments de lampes à huile en terre
de céramiques culinaires tournées est toutefois optimale cuite suit vraisemblablement le même schéma. En effet,
rue Saint-Laurent. aucun artefact n'est signalé dans le lot de la Tour Magne
Ces trois ensembles ont au moins deux points en et un seul fragment de fond est présent dans le
commun. Premièrement, ils contiennent rarement de la comblement supérieur du fossé ouest au Mas de Vignoles.
céramique celtique7, attestée uniquement rue Saint- De son côté, le dépôt de la rue Saint-Laurent contient
Laurent, des balsamaires en terre cuite ou encore des quarante fragments de lampes dites de tradition italique
importations de plats à feu et de couvercles italiques. dont un exemplaire bien conservé de grand module qui
Deuxièmement, ils réunissent une proportion non imiterait un modèle en bronze (Genty 1981 : 109). Dans le
négligeable de vases en céramique à pâte claire calcaire liée courant du dernier tiers du Ier s. av. J.-C, d'autres
peut-être à leur fragilité, surtout au Mas de Vignoles et rue changements importants affectent aussi bien la vaisselle de table
Saint-Laurent où cette catégorie concerne respectivement que la batterie de cuisine. On mesure plus précisément,
56 et 55 % des fragments de vaisselle. grâce à la mise en série de ces trois dépôts, la disparition
progressive des campaniennes résiduelles (de 1,3 à 0,3 %),
Les gobelets à parois fines apparaissent de manière
la raréfaction des dérivées de la campanienne C (de 2 à
anecdotique dans le dépôt de la Tour Magne et ils sont
0,8 %) et la montée en puissance même si elle reste limitée
inexistants au Mas de Vignoles 8. En revanche, l'ensemble
quantitativement des sigillées italiques et de leurs
imitations régionales à vernis rouge (de 1 ,3 à 2,7 %). Quant au
pourcentage de tessons de céramique modelée, il baisse
régulièrement d'un contexte à l'autre (de 30,1 % dans
l'ensemble de la Tour Magne à 8 % rue Saint-Laurent),
sans aucun doute au profit des communes tournées à pâte
sableuse ou kaolinitique.
Certains des pots à cuire classés en commune à pâte
sableuse cuite en mode A ou en mode B dans le
comblement supérieur du fossé ouest montrent la permanence
dans le vaisselier d'une forme de tradition « indigène ».
Ainsi, le modèle cnt-lor U7 en céramique modelée inspire
sig. ital.et dérivée de camp. A parois fines celtique balsamaire vraisemblablement une partie des pots à cuire à bord à
imitations la camp. C camp. B
méplat oblique produits dans les ateliers spécialisés utilisant
□ Tour Magne Vignole ■ Saint-Laurent le tour, aussi bien dans le Gard que dans l'Hérault (Py et
al. 2001 : 946-947). Quant aux vases fabriqués avec une
argile kaolinitique, probablement à l'échelle locale ou
régionale {cf. supra), ils procurent un répertoire de formes
original et méconnu 9 voué à la cuisson et à la
conservation des aliments, mais aussi au stockage et au service des
liquides. Les pots à cuire en commune kaolinitique, de
forme globulaire comme le montre un exemplaire archéo-
logiquement complet trouvé rue Saint-Laurent (Genty
1981 : 104, n° 11), se caractérisent en règle générale par
une lèvre déversée de section triangulaire. Les marmites
communes com. italique ont un flanc caréné, un bord nettement déjeté vers l'extérieur
diverses et VRP et un fond bombé, si on se réfère ici aussi à une forme
mieux conservée mise au jour dans le dépôt de la rue
Fig. 16: Part des différentes catégories dans chaque ensemble, Saint-Laurent (Genty 1981 : 104, n° 18). De leur côté, les
en pourcentage par rapport au nombre total de tessons de pichets possèdent un bord mouluré ou arrondi, tandis que
vaisselle (lampes à huile exclues). les couvercles ont une lèvre anguleuse. Les toutes premières

ft4N,41,2008,pp. 181-209
Un ensemble de céramiques daté du début de la période augustéenne sur le site du Mas de Vignoles a Nîmes (Gard) 203

productions de commune kaolinitique, dont l'apparition du haut Empire dans la région nîmoise (Bats 1996 : 484 ;
dans l'habitat régional est fixée dans le courant de la Barberan 2003 : 431 ; Barberan, Silvéréano 2006 : 50).
seconde moitié du Ier s. av. J.-C. (Fiches dir. 1994 : 367 ; Dans le même esprit, on note la quasi-absence dans ce
Fiches 1996 : 355), devront faire l'objet dans les années à dépôt des plats à feu d'origine italique. Parmi ces derniers,
venir d'une enquête approfondie. Elle pourrait être fondée ceux qui sont destinés à la cuisson du pain (Bats 1988 :
notamment sur les niveaux préaugustéens observés au 69 ; Desbat et al. 2006 : 178) sont sans doute concurrencés
cours des fouilles liées au réaménagement de la place de par les fours à cloche mobile en terre cuite dans le triangle
la Maison Carrée (Célié 1993). En revanche, l'étude d'un bas rhodanien (cf. supra). L'absence, dans ce dépôt
lot de céramiques d'époque tibérienne découvert sur le comme dans les ensembles de la Tour Magne et de la rue
site de Carsalade, implanté dans la proche campagne Saint-Laurent, d'un autre instrument de cuisine utilisé
nîmoise, montre que certaines des formes présentes dans comme un indice de romanisation, en l'occurrence la
le comblement supérieur du fossé ouest ont eu une durée bouilloire à bec trilobé attestée dès l'époque augustéenne
de fabrication assez courte centrée visiblement sur la en Narbonnaise (Batigne, Desbat 1996 : 381), mérite
période augustéenne. En effet, dans cet ensemble daté d'être soulignée. Même si cela devra être vérifié, il faut
autour des années 20-30 ap. J.-C, si on note la persistance sans doute y voir l'emploi légèrement plus tardif dans la
des pichets désormais décorés au brunissoir dans la partie région nîmoise, peut-être à la fin de la période augustéenne
sommitale de la panse, on relève surtout la disparition des ou sous Tibère au plus tôt, de ce récipient utilisé pour faire
pots à cuire à lèvre déversée de section triangulaire, au bouillir de l'eau, la calda, avant qu'elle ne soit employée
profit vraisemblablement d'une nouvelle gamme de pots à pour les soins du corps ou plus probablement mélangée au
lèvre en amande apparentés à la forme sabl-or A4 du vin (Batigne, Desbat 1996 : 690 ; Desbat et al. 2006 :
Dicocer et de pots à une anse à bord simple déversé 179). Le pot à cuire, en tant qu'instrument polyvalent qui
principalement (Barberan 2003 : 415-418). peut aussi faire office de bouilloire, exerçait peut-être
Toutes catégories de céramiques culinaires confondues jusque-là de telles fonctions (Desbat et al. 2006 : 181).
(fig. 17), les différents types de pots à cuire mobilisent La place réservée aux mortiers dans cet ensemble est
plus du tiers de la batterie de cuisine en terre cuite, loin quant à elle assez surprenante, puisqu'ils mobilisent plus
devant les marmites (4,4 % seulement des bords de d'un ustensile culinaire en terre cuite sur cinq. Il est difficile
communes), l'un ou l'autre de ces ustensiles pouvant être de justifier une telle proportion de mortiers car la
obturé par un couvercle (12,4 %). Un tel décalage entre surreprésentation de ce type de vase, effective également
les récipients employés préférentiellement pour la cuisson dans le dépôt de la Tour Magne (Py 1981a : 94), ne
des aliments en mode bouilli et ceux, plus caractéristiques s'observe plus dans l'ensemble de la rue Saint-Laurent 10.
de la cuisine « à la romaine », destinés à des plats en sauce De plus, quelques décennies plus tard, moins d'un récipient
cuits en atmosphère close, sera encore d'actualité au cours culinaire sur dix correspond à un mortier sur le site de
Carsalade implanté dans la proche campagne nîmoise
(Barberan 2003 : 410). Les bouillies de céréales constituant,
en Italie comme en Gaule, l'alimentation traditionnelle de
base (Bats 1988 : 62 ; Desbat étal. 2006 : 179-181), nous
serions tentés d'établir un lien entre les pourcentages élevés
de pots à cuire et de mortiers. D'un autre côté, la présence
dans le comblement supérieur du fossé ouest d'au moins
deux fours à cloche mobile en terre cuite (cf. supra)
implique inévitablement l'emploi du mortarium pour
réduire au préalable en poudre les ingrédients qui entreront
dans la composition des galettes de céréales destinées à
être appliquées sur les parois de ces appareils de cuisson.
Le vin apparaît finalement comme le produit transporté
en amphore le mieux diffusé dans les environs du site à
cette période, avec au moins treize conteneurs distincts de
toutes origines et en excluant les formes résiduelles
(fig. 18). On ne se contente pas d'acheter des vins importés
d'Italie et de Tarraconaise, ou produits en Narbonnaise,
Fig. 17: Distribution des formes classées en céramique culinaire, mais on consomme également un cru plus onéreux et
en pourcentage par rapport au nombre total de bords de importé de Rhodes qui « n'était pas destiné à l'ordinaire
communes. des troupes, ni même à la majorité des populations des

RAN. 4 1.2008. pp. 181-209


204 Sébastien Barberan et Hervé Pomarèdes

grandes villes » (Lemaître 1995 : 205). Du vin cuit est 1980 par M. Py et P.- Y. Genty, nous permet de connaître
également importé de la province de Bétique. Il ne de manière indirecte la vaisselle et les amphores en usage
concerne, comme sur d'autres sites, qu'une part réduite de autour de 20-10 av. J.-C. au sein d'un habitat certainement
l'approvisionnement en amphores sous Auguste. Les très proche, mais totalement disparu, qui s'inscrit dans
sauces de poisson et les saumures arrivent elles aussi une trame parcellaire relativement étendue.
exclusivement de cette province, au moins cinq amphores Ce matériel provient d'un site rural où persiste
Dressel 7/11 précoces étant piégées dans le comblement visiblement une alimentation traditionnelle à base de mets
supérieur du fossé ouest. L'huile est acheminée de la vallée bouillis dans des pots à cuire, ce qui pourrait expliquer le
du Guadalquivir, mais également de la côte adriatique, ce faible nombre de marmites employées pour la cuisson des
qui est une nouveauté pour la région nîmoise. Il convient plats en sauce. Dans le même esprit, l'emploi dans le
de préciser que le calcul du NMI réalisé à l'échelle de la triangle bas rhodanien de fours à pain à cloche mobile en
catégorie céramique minimise, même de manière terre cuite justifierait le nombre très réduit de plats à feu
ponctuel e, l'importance du commerce de l'huile en provenance de importés d'Italie. L'analyse du matériel amphorique
la côte adriatique dans cet ensemble. En effet, avec deux montre toutefois que l'habitat environnant est ouvert à la
fonds distincts, ce sont évidemment au moins deux consommation de nouveaux produits alimentaires (huile,
amphores de Brindes qui se trouvaient dans le sauces de poisson et saumures surtout) susceptibles de
comblement supérieur du fossé du Mas de Vignoles. Enfin, l'alun révéler une certaine forme de romanisation des pratiques
de l'archipel éolien, employé en particulier pour le tannage culinaires. Les données recueillies trahissent également un
des peaux et la fixation des couleurs sur les textiles, engouement certain à la fin du Ier s. av. J.-C. pour quelques
complète le portrait que l'on vient de dresser des produits formes de récipients dans la proche campagne nîmoise
transportés en amphores et consommés aux abords du site. (mortiers à bord en poulie et cruches du type cl-rec lb par
Si des concentrations importantes de conteneurs liparotes exemple), mais aussi le développement des communes
ont été observées à Nîmes, immédiatement au sud de tournées à pâte sableuse ou kaolinitique qui remplacent
l'enceinte augustéenne et au niveau de la porte dite d'Auguste progressivement la céramique modelée de tradition
(Borgard 1998 ; Monteil et al. 2003 : 128), il n'est pas « indigène » en déclin. Quant à la question de l'arrêt des
rare de rencontrer ce type d'amphore en quantité beaucoup importations d'amphores à vin Dressel 1 en Languedoc
plus réduite sur les sites de la région. oriental, elle ne peut être encore clairement tranchée.
Néanmoins, force est de constater que ce courant
10. Conclusion commercial est, à partir des données collectées dans le fossé
ouest du Mas de Vignoles, en net recul au début de la
En définitive, l'étude du mobilier collecté dans le
période augustéenne et qu'il est désormais remplacé ou en
comblement supérieur du fossé ouest du Mas de Vignoles,
tout cas fortement concurrencé par les conteneurs vinaires
confrontée aux données recueillies au début des années
originaires des provinces d'Espagne, de Gaule, mais
également d'Orient.
D'autres ensembles homogènes découverts à Nîmes
14 ces vingt dernières années nous permettront certainement
à court ou à moyen terme, de préciser les connaissances
déjà acquises sur le faciès matériel augustéen local. Le
mobilier céramique issu de plusieurs fouilles préventives
réalisées à l'intérieur de la ville augustéenne ou à
proximité immédiate de l'enceinte se prête en effet
correctement à une étude céramologique de plus grande
ampleur ' ' .

Sébastien Barberan - céramologue assistant d'étude et d'opération


inrap Méditerranée, umr 5140, Lattes.
Hervé Pomarèdes - ingénieur chargé de recherche inrap Méditerranée,
umr 5140, Lattes.

Fig. 18: Les denrées transportées en amphores (en NMI, hors


productions et formes sûrement résiduelles).

ft4N,41,2008,pp. 181-209
Un ensemble de céramiques daté du début de la période augustéenne sur le site du Mas de Vignoles à Nîmes (Gard) 205

Notes

1- Nous tenons à remercier pour leur aide, leurs renseignements ou pâte claire calcaire comprend un fond de mortier dit italique (Genty
leurs conseils au moment de la rédaction de cette étude et de la mise 1981 105, 108). Faute d'un décompte précis du nombre de
en forme des illustrations C. Barthélémy-Sylvand (Inrap), V. Bel fragments pour ces deux formes, nous avons élaboré les histogrammes

:
(Inrap), A. Desbat (CNRS), V. Lelièvre (Inrap), V.Martinez en considérant que ce balsamaire et ce mortier n'étaient représentés
Ferreras (Université de Barcelone), G. Maza (UMR 5138), que par un seul tesson chacun.
M.Monteil (Université de Nantes), F. Olmer (CNRS), R. Pelle
(Inrap), P. Rascalou (Inrap), P. Séjalon (Inrap), L. Simon (Inrap) et 7- Cela n'a rien d'original car la céramique celtique est peu fréquente
G. Thierrin-Michael (Université de Fribourg). Précisons également dans la région nîmoise où elle ne représente jamais plus de 0,3 %
que cette étude participe des travaux menés par les membres du des tessons de vases du IIIe au Ier s. av. J.-C. (Py 1990a : 525).
Projet Collectif de Recherche (J.-Y. Breuil dir.) intitulé « Espace
rural et occupation des sols de la région nîmoise, de la Préhistoire 8- Précisons toutefois que des gobelets à parois fines
récente à l'époque moderne et par l'équipe « Techniques, vraisemblablement d'origine italique ont été identifiés à Nîmes en milieu urbain
et périurbain dès le début du Ier s. (Guillet et al. 1992 66 ; Monteil
Productions, Consommations » (M. Feugère dir.) du programme

:
quadriennal 2007-2010 de l'umr 5140 (P. Garmy dir.). et al. 1999 82) et dans plusieurs sépultures datées du milieu du
Ier s. av. J.-C. (Bel et al. 2008). En contexte funéraire régional, le

:
2- La vaisselle en verre, dont on situe l'apparition à Lyon autour des dépôt de gobelet à parois fines le plus ancien se trouve dans la
années 20 av. J.-C. (Desbat 2003, 401 ), connaît toutefois une tombe 5 de la nécropole des Colombes à Beaucaire qui pourrait être
diffusion confidentielle au début de la période augustéenne en datée du premier quart du Ier s. av. J.-C. (Dedet et al. 1974 85-100 ;

:
Narbonnaise et dans le sillon rhodanien (Foy, Nenna 2003 232). Bel et al. 2008).
Ainsi, à Nîmes, les dépôts de la Tour Magne et de la rue Saint-
:

Laurent en sont visiblement démunis. 9- À l'exception du pichet à lèvre arrondie (forme kaol Gl), il est en
effet difficile de trouver pour ces vases des comparaisons
3- La fonction de ces coupes et de ces jattes en céramique modelée typologiques fiables dans la notice du Dicocer consacrée à la céramique
pourrait être mixte. Certaines ont pu être utilisées pour la cuisson, commune kaolinitique (Meffre, Raynaud, in Py dir. 1993 488-
alors que d'autres étaient destinées à la préparation et au service 499).

:
(Desbat et al. 2006 : 175).
10- D'autres contextes augustéens étudiés dans l'Hérault à
4- La détermination d'une origine géographique précise pour le Aspiran/Soumaltre (Mauné 2004), à Clermont-l'Hérault/Peyre-
fragment estampillé de fond et le bord en bandeau s'est avérée Plantade (Rascalou 2006) ou encore à Saint-Pons-de-
infructueuse, même si ces éléments ont été soumis à l'expertise de Mauchiens/Sept-Fonts (Mauné 1997) se caractérisent, lorsqu'ils en
plusieurs chercheurs au cours du colloque européen « Itinéraires des contiennent, par des pourcentages assez faibles de mortiers.
vins romains en Gaule » qui s'est tenu à Lattes du 30 janvier au 2
février 2007. 1 1 - Sans prétendre à l'exhaustivité, nous pouvons citer les opérations
5- Les éléments identifiables en sigillée italique sont toutefois très rares archéologiques de la Place de la Maison Carrée (resp. M. Célié ;
dans ce dépôt, puisqu'ils pourraient tous appartenir à un même vase Célié 1993), de la Place d'Assas (resp. Fr. Conche ; Conche et al.
du service I (Genty 1981 108). 2006), des Jardins de l'Oratoire (resp. I. Bermond ; Bermond et al.
1999), du 2 bis rue du Mail/rue Porte de France (resp. L. Sauvage ;
:

6- De plus, pour cet ensemble, un balsamaire en terre cuite est recensé Sauvage et al. 1998) ou encore du parking de l'avenue Jean-Jaurès
avec les gobelets à parois fines et la description des céramiques à (resp. J.-Y. Breuil ; étude en cours).

RAN. 4 1.2008, pp. 181-209


206 Sébastien Barberan et Hervé Pomarèdes

Bibliographie

Barberan 2003 : BARBERAN (S.), FOREST (V.) collab., VIDAL (L.) Borgard, Gateau 1991 : BORGARD (P.), GATEAU (F.) et collab.
collab. — Un lot de céramiques d'époque tibérienne découvert sur — Des amphores cannelées à Cavaillon (Vaucluse) à la fin du Ier
le site de Carsalade (Nîmes, Gard). SFECAG, Actes du Congrès siècle avant notre ère. Nouveaux éléments pour l'étude des
de Saint-Romain-en-Gal, 2003, p. 407-433. « Richborough 527 ». SFECAG, Actes du Congrès de Cognac,
Barberan, Silvéréano 2006 : BARBERAN (S.), SILVÉRÉANO (S.), 1991, p. 311-328.
GAFA (R.) collab., MAUFRAS (O.) collab. - Le comblement Borgard 1998 : BORGARD (P.) — Des amphores de Lipari aux
stratifié d'un fossé en milieu rural entre 50 et 150 apr. J.-C. sur le abords de la Porte d'Auguste, à Nîmes un témoignage précoce
site de Madame à Aimargues (Gard). SFECAG, Actes du Congrès

:
de l'utilisation artisanale des eaux de l'Agau ? In : BARBERAN (S.)
de Pézenas, 2006, p. 25-56. et al. — Z.A.C. du Forum des Carmes à Nîmes (Gard).
Barberan étal. 2006 : BARBERAN (S.), PIQUÉS (G.), RAUX Occupations antique et médiévale en périphérie de l'agglomération
(St.), SANCHEZ (C), HOUIX (B.) collab. - Un dispositif de nîmoise. Document Final de Synthèse, multigraphié. Afan,
cuisson original en Languedoc dans l'Antiquité : les fours à pain Archives du Service Régional de l'Archéologie du Languedoc-
à cloche mobile en céramique. SFECAG, Actes du Congrès de Roussillon^ vol., 1998.
Pézenas, 2006, p. 257-271. Breuil, Séjalon 2004 : BREUIL (J.-Y.), SEJALON (P.) - Nouvelles
Barthélemy-Sylvand 2005 : BARTHÉLEMY-SYLVAND (C.) - données sur l'occupation de la fin du Vie s. au 1er s. av. J.-C.
Les amphores dans la région Centre : chronologie des dans la plaine de Nîmes (Nîmes, Gard). In : BREUIL (J.-Y.) et
importations chez les Bituriges, les Carnutes et les Turons. collab. — Espace rural et occupation du sol de la région nîmoise,
SFECAG, Actes du Congrès de Blois, 2005, 139-157. de la Préhistoire récente à l'époque moderne. Projet Collectif de
Recherche, rapport intermédiaire d'activités scientifiques.
Batigne, Desbat 1996 : BATIGNE (C), DESBAT (A.) - Un type
particulier de « cruche » : les bouilloires en céramique d'époque Célié 1993 : CÉLIÉ (M.) — Urbanisme et topographie du quartier
romaine (Ier-IIIe siècles). SFECAG, Actes du Congrès de Dijon, de la Maison Carrée à Nîmes dans l 'Antiquité. Mémoire de
1996, p. 381-394. D.E.A. d'archéologie sous la direction de J. Guyon. Université de
Provence, Aix-Marseille I, 1993.
Bats 1988 : BATS (M.) — Vaisselle et alimentation à Olbia de
Provence (v. 350-v. 50 av. J.-C). Modèles culturels et catégories Compan étal 1993 : COMPAN (M.), POMARÈDES (H.),
céramiques. Paris : CNRS, 1988 (suppl. à la Revue PELLECUER (Chr.) — Nîmes, Gouffre des Bouchers. In :
Archéologique de Narbonnaise ; 18). Formes de l'habitat rural en Gaule Narbonnaise, 1. Juan-les-Pin,
éditions APDC A, 1993.
Bats 1996 : BATS (M.) - Remarques finales. In : BATS (M.) dir. -
Les céramiques communes de Campante et de Narbonnaise (Ier s. Conche étal 2006 : CONCHE (F.) BARBERAN (S.), BERDEAUX-
av. J.-C. - IIe s. ap. J.-C). La vaisselle de cuisine et de table. LE-BRAZIDEC (M.-L.), CAILLAT (G.), CONTÉRIO (M.),
CHEVILLOT (P.), DARDE (D.), FOREST (V), GAFÀ-PIS-
Actes des Journées d'étude (Naples, 1994). Naples, 1996 (Coll. KORZ (R.), LECLAIRE (A.), MANNIEZ (Y), MILLE (P.),
CJB; 14), p. 481-484. NORET (C), PELLE (R.), PIQUÉS (G.), PISKORZ (M.),
Becker et al. 1986 : BECKER (C), CONSTANTIN (C), DESBAT (A.), POTAY (C), ROVIRA BUENDIA (N.) - Place d'Assas à Nîmes
JACQUIN (L.), LASCOUX (J.-P.). - Le dépôt d'amphores augus- (Gard). Rapport de fouille archéologique. Inrap Méditerranée,
téen de la rue de la Favorite à Lyon. Figlina, 7, 1986, p. 65-89. Service Régional de l'Archéologie du Languedoc-Roussillon,
Bel et al. 2005 : BEL (V.), BREUIL (J.-Y.), MONTEIL (M.), 2006, 2 vol.
POMARÈDES (H.) et collab. — Réflexions sur une ville et sa Dedet et al 1974 : DEDET (B.), MICHELOZZI (A.), PY (M.) - La
proche campagne dans l'Antiquité : le cas de Nîmes (Gard). In : nécropole des Colombes à Beaucaire (Gard) (IP-Ier s. av. J.-C).
BOUET (A.), VERDIN (FI.) éd. - Territoires et paysages de Paris, Revue Archéologique de Narbonnaise, 7 , 1974, p. 59-1 18.
l'âge du Fer au Moyen Age. Mélanges offerts à Philippe Leveau. Desbat, Martin-Kilcher 1989 : DESBAT (A.), MARTIN-KILCHER
Bordeaux : Ausonius, 2005, p. 19-44 (Ausonius ; mémoires 16). (S.) — Les amphores sur l'axe Rhône-Rhin à l'époque d'Auguste.
Bel et al. 2008 : BEL (V.), BARBERAN (S.), CHARDENON (N.), In : Amphores romaines et Histoire économique : dix ans de
FOREST (V.), RODET-BELARBI (I.) et VIDAL (L.) - Tombes et recherche, actes du colloque de Sienne, 1986. Rome EFR, 1989,
espaces funéraires de la fin de l'Age du Fer et du début de
:

p. 339-365 (coll. de l'EFR ; 1 14).


l'époque romaine à Nîmes (Gard). UMR 5140 éd., Lattes, Desbat 1990 : DESBAT (A.) — Établissements romains ou
Monographies d'Archéologie Méditerranéenne n° 24, 2008, précocement romanisés de Gaule tempérée. In DU VAL (A.),
519p. MOREL (J.-P.), ROMAN (Y.) dir. — Gaule interne et Gaule
:

Bémont et al. 1993 : BÉMONT (C), JEANLIN (M.), LABANIER (C.) méditerranéenne aux IIe et Ier siècles avant J.-C. : confrontations
dir. — Les figurines en terre cuite gallo-romaines Paris MSH, chronologiques. Actes de la table ronde de Valbonne (11-13
.

1993 (DAF, 38). novembre 1986). Paris CNRS, 1990, p. 243-254 (suppl. à la
Revue archéologique de Narbonnaise ; 21).
:

Bermond étal 1999 : BERMOND (L), BARBERAN (S.),


LELIEVRE (V.) - Nîmes (Gard), Jardins de l'Oratoire II. Desbat, Genin 1996 : DESBAT (A.), GENIN (M.) - Les ateliers
Contribution à l'étude d'un quartier de la ville gallo-romaine. précoces et leurs productions. In : DESBAT (A.), GENIN (M.),
Rapport de la fouille de sauvetage (8 mars 1999 - 7 mai 1999). LASFARGUES (J.) dir. — Les productions des ateliers de potiers
Afan Méditerranée, Service Régional de l'Archéologie du antiques de Lyon, première partie : Les ateliers précoces. Gallia,
Languedoc-Roussillon, 1999. 53, 1996, p. 219-241.

, 41, 2008, pp. 181-209


Un ensemble de céramiques daté du début de la période augustéenne sur le site du Mas de Vignoles à Nîmes (Gard) 207

Desbat 1998 : DESBAT (A.) — L'arrêt des importations de Dressel 1 Genty, Fiches 1978 : GENTY (P.- Y), FICHES (J.-L.) - L'atelier de
en Gaule. SFECAG, Actes du Congrès d'Istres, 1998, p. 31-36. potiers gallo-romain d'Aspiran (Hérault). Synthèse des travaux de
Desbat 2003 : DESBAT (A.) — Les verres des fouilles du pseudo 1971 à 1978. Figlina, 3, 1978, p. 71-92.
sanctuaire de Cybèle à Lyon. In : FOY (D.), NENNA (M.-D.) dir. Genty 1981 : GENTY (P.- Y.) — Une fosse augustéenne à comblement
— Échanges et commerce du verre dans le monde antique. Actes homogène, rue Saint-Laurent, à Nîmes analyse du mobilier et

:
du colloque de l'AFAV,Aix-en-Provence et Marseille, 7-9 juin apports dans le contexte régional. Bulletin de l'École Antique de
2001 Montagnac éditions Monique Mergoil, 2003 Nîmes, ns., 16, 1981, p. 101-113.
.

(Monographies instrumentum ; 24), p. 397-403. Genty, Feugère 1995 : GENTY (P.- Y.), FEUGERE (M.) - Aramon
Desbat et al. 2006 : DESBAT (A.), FOREST (V.), (Gard). La nécropole du Ier siècle avant notre ère. Documents
BATIGNE-VALLET (C.) — La cuisine et l'art de la table en d'Archéologie Méridionale, 18, 1995, p. 143-195.
Gaule après la conquête romaine. In PAUNIER (D.) dir. — Goudineau 1977 : GOUDINEAU (Chr.) — Notes sur la céramique
:

Celtes et gaulois, l'archéologie face à l'Histoire, 5 : la romanisation commune grise gallo-romaine de Vaison. Revue Archéologique de
et la question de l'héritage celtique. Actes de la table-ronde de Narbonnaise, 10. Paris : CNRS, 1977, p. 153-169.
Lausanne, 17-18 juin 2005. Glux-en-Glenne : Bibracte, Centre
archéologique européen, 2006, p. 167-192 (Bibracte ; 12/5). Guillet étal. 1992 : GUILLET (E.), LELIEVRE (V), PAILLET (J.-L.),
PISKORZ (M.), RECOLIN (A.), SOUQ (F.) - Un monument à
Feugère et al. 1998 : FEUGÈRE (M.), PASSELAC (M.), portique tardo-hellénistique près de la source de la Fontaine à
PELLECUER (Chr.), G ARM Y (P.), BEL (V.), BESS AC (J.-C), Nîmes (Gard). Documents d'Archéologie Méridionale, 15, 1992,
DE CHAZELLES (C.-A.). FICHES (J.-L.), MAUNÉ (S.), p. 57-89.
MONTEIL (M.), ROTH CONGÉS (A.), SABRIÉ (M.),
SABRIÉ (R.). — Signes de la romanisation. Revue Archéologique Hervé dir. 2000 : HERVÉ (M.-L.) dir. — Bassin aval du Mas Neuf et
de Narbonnaise, 31, 1998, p. 299-353. Fossé aval du Cadereau dAlès. Nîmes (Gard). Plan de Protection
Contre les Inondations de la ville de Nîmes. Rapport de
Fiches 1996 : FICHES (J.-L.) — Céramiques culinaires et vaisselle diagnostic archéologique. Afan Méditerranée, Service Régional de
commune de table dans la région de Nîmes. In BATS (M.) dir. l'Archéologie du Languedoc-Roussillon, Ville de Nîmes, 2
— Les céramiques communes de Campanie et de Narbonnaise
:

volumes, janvier 2000.


(Ier s. av. J.-C. - IIe s. ap. J.-C). La vaisselle de cuisine et de
table. Actes des Journées d'étude (Naples, 1994). Naples, 1996 Hervé et al. 2006 : HERVÉ (M.-L.), HOUIX (B.), MONTEIL (M.) et
collab. — Les truelles des archéologues révèlent le passé antique
(Coll.CJB; 14), p. 351-359.
de Villevieille (Gard). Nîmes : Plaquette d'exposition, 2006.
Fiches dir. 1989 : FICHES (J.-L.) dir. — L'Oppidum d'Ambrussum et
son territoire : fouilles au quartier du Sablas (Villetelle, Hérault) Laubenheimer 1985 : LAUBENHEIMER (F.) - La Production des
: 1979-1985. Paris CNRS, 1989 (Monographie du CRA ; 2). amphores en Gaule Narbonnaise Paris Les Belles Lettres, 1985
(Centre de recherches d'histoire ancienne ; 66) (ALUB ; 327).
.
:
:

Fiches dir. 1994 : FICHES (J.-L.) dir. — Les céramiques d'époque


romaine. In GARCIA (D.) dir. — Nouveaux résultats de Laubenheimer 1989 : LAUBENHEIMER (F.) - Les amphores. In :
FICHES (J.-L.) dir. — L'Oppidum d'Ambrussum et son territoire :
:

l'exploration archéologique de la ville portuaire de Lattes. Les îlots 2,


4- sud, 5, 7 -ouest, 7 -est, 8, 9 et 16 du quartier Saint-Sauveur. fouilles au quartier du Sablas (Villetelle, Hérault) : 1979-1985.
Lattes ARALO, 1994, p. 333-372 (Lattara ; 7). Paris CNRS, 1989 (Monographie du CRA ; 2), p. 121-128.
:

Laubenheimer, Humbert 1992 : LAUBENHEIMER (F.),


:

Fiches, Veyrac dir. 1996 : FICHES (J.-L.), VEYRAC (A.) dir. -


Nîmes. Carte archéologique de la Gaule, 30-1. Pré-inventaire HUMBERT (S.) — Emballages perdus, objets trouvés : les
archéologique publié sous la responsabilité de PROVOST (M.), amphores. In GUILHOT (J.-O.), GOY (C.) dir. - 20000 m1
:

1996. d'histoire. Les fouilles du parking de la mairie à Besançon.


Besançon : Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie, 1992,
Foy, Nenna 2003 : FOY (D.), NENNA (M.-D.) — Productions et p. 188-212.
importations de verre antique dans la vallée du Rhône et le Midi
méditerranéen de la France (Ier-III° siècles). In : FOY (D.), Leblanc 2007 : LEBLANC (O.) — Les faciès des céramiques
NENNA (M.-D.) dir. — Échanges et commerce du verre dans le communes de la Maison des Dieux Océan à Saint-Romain-en-Gal
monde antique. Actes du colloque de l'AFAV, Aix-en-Provence et (Rhône) du Ier siècle avant J.-C. au IIIe siècle après J.-C.
Marseille, 7-9 juin 2001 Montagnac éditions Monique Mergoil, Marseille SFECAG, suppl. 3, 2007.
:

Lemaître 1995 : LEMAITRE (S.) — Les importations d'amphores


.

2003 (Monographies instrumentum ; 24), p. 227-296.


Genin 1994 : GENIN (M.) — Céramiques augustéennes précoces de orientales à Lyon de l'époque d'Auguste au début du IIIe siècle
Lyon étude du dépôt de la Montée de Loyasse (L3). Revue après J.-C. Etude préliminaire. SFECAG. Actes du Congrès de
Rouen, 1995. p. 195-205.
:

Archéologique de l'Est. 45-2, 1994, p. 321-359.


Genin et al. 1996 : GENIN (M.), DESBAT (A.), ÉLAIGNE (S.), Lemaître étal. 1998 : LEMAÎTRE (S.), DESBAT (A.), MAZA (G.)
LAROCHE (C). DANGRÉAUX (B.). - Les productions de — Les amphores du site du « sanctuaire de Cybèle » à Lyon.
l'atelier de la Muette. In DESBAT (A.). GENIN (M.), Étude préliminaire. SFECAG, Actes du Congrès d'Istres, 1998,
LASFARGUES (J.) dir. — Les productions des ateliers de potiers p. 49-60.
:

antiques de Lyon. Première partie : Les ateliers précoces. Paris Mauné 1997 : MAUNÉ (St.) — Un lot de céramique d'époque
:

CNRS,Gallia. 53, 1996. p. 41-191 . augustéenne à Sept-Fonts (Saint-Pons-de-Mauchiens, Hérault).


Genin, Vaginay 1997 : GENIN (M.), VAGINAY(M.) - Annexe : SFECAG, Actes du Congrès du Mans, 1997, p. 457-480.
Points forts de la discussion et premiers éléments de synthèse. Mauné 2004 : MAUNÉ (St.) — Étude du mobilier céramique du
SFECAG. Actes du Congrès du Mans. 1997. p. 187-191. fossé. In THERNOT (R.). BEL (V). MAUNE (St.) dir. -
:

RA A'. 4 1.2008. pp. 181-209


208 Sébastien Barberan et Hervé Pomarèdes

L' établissement rural antique de Soumaltre (Aspiran, Hérault). Poux 1999 : POUX (M.) — Puits funéraire d'époque gauloise à
Ferme, auberge, nécropole et atelier de potier en bordure de la Paris (Sénat). Une tombe d'auxiliaire républicain dans le sous-
voie Cessero-Condatomagus (Ie' -IIe s. ap. J.-C). Montagnac : sol de Lutèce. Montagnac : éditions Monique Mergoil, 1999
éditions Monique Mergoil, 2004 (Archéologie et Histoire Romaine, (Protohistoire européenne ; 4).
13), p. 61-68. Protocole Beuvray 1998 — Protocole de quantification des
Mauné et al 2006 : M AUNE (St.), BOURGAUT (R.), LESCURE céramiques. In : ARCELIN (P.), TUFFREAU-LIBRE (M.) dir. -
(J.), CARRATO (C), SANTRAN (C.) — Nouvelles données sur La quantification des céramiques. Conditions et protocole . Glux-
les productions céramiques de l'atelier de Dourbie à Aspiran en-Glenne : Centre archéologique européen du Mont Beuvray,
(Hérault) (première moitié du Ier siècle apr. J.-C). SFECAG, 1998, p. 141-157 (num. spéciale de I à XVII) (Bibracte ; 2).
Actes du Congrès de Pézenas, 2006, p. 157-188. Provost étal 1999 : PROVOST (M.) PÊNE (J.M.), PETITOT (H.),
Meffre, Meffre 1992 : MEFFRE (J.-C), MEFFRE (P.) - L'atelier DEDET (B.), RAYNAUD (CL), VIDAL (L.), ROGER (K.),
augustéen d'amphores et de céramiques de Sainte-Cécile-les- CHRISTOL (M.), GENTY (P.-Y.), BUFFAT (L.), ASSENAT (M.),
Vignes (Vaucluse). In : LAUBENHEIMER (F.) dir. - Les BESSAC (J.-C), BOYER (O.), FABRE (G.), GOURY (D.),
amphores en Gaule. Production et circulation. Paris : Les Belles GOURY (J.), GUERRE (J.), LONGEPIERRE (S.), MARTIN
Lettres, (Centre de recherches d'histoire ancienne ; 1 16) (ALUB ; (R.), MERCIER (C), MONHEIM (J.), PARIS (M.), PELLE-
474), 1992, p. 25-35. CUER (Chr.), ROBIN-PETITOT (B.), PIFFAUT (S.),
Monteil 1999 : MONTEIL (M.) — Nîmes antique et sa proche POMARÈDES (H.), SALLES (J.), VALETTE (P.) - Le Gard.
campagne. Etude de topographie urbaine et périurbaine (fin VIe s. av. Carte archéologique de la Gaule, 30-2 et 30-3. Pré-inventaire
J.-C./VIe s. ap. J.-C). Lattes ARALO, 1999 (Monographies archéologique publié sous la responsabilité de PROVOST (M.).
Paris : Fondation Maison des Sciences de l'Homme, 2 vol., 1999.
:

d'archéologie méditerranéenne ; 3).


Py 1981a : PY (M.) — Sondage au pied de la tour Magne, Nîmes
Monteil 2000 : MONTEIL (M.) — Deux ensembles de céramiques (Gard) : note sur un lot de céramiques des environs de 16-15 av.
du haut Empire. In G ARM Y (P.), MONTEIL (M.) dir. - Le J.-C. Bulletin de V École Antique de Nîmes, n.s., 16, 1981, p. 91-
Quartier antique des Bénédictins à Nîmes (Gard). Découvertes
:

100.
anciennes etfouilles 1966-1992. Paris MSH, 2000 (DAF ; 81),
p. 118-127. Py 1981b : PY (M.) — Recherches sur Nîmes préromaine. Habitats
:

et sépultures. Paris CNRS, 1981 (Suppl. à Gallia ; 41).


Monteil et al. 1999 : MONTEIL (M.), BARBERAN (S.), PISKORZ
:
(M.), VIDAL (L.) et collab. — Culture de la vigne et traces de Py 1990a : PY (M.) — Culture, économie et société protohistoriques
plantation des Ile-Ier s. av. J.-C. dans la proche campagne de dans la région nîmoise. Rome École française de Rome, 2 vol.,

:
Nîmes (Gard). Revue Archéologique de Narbonnaise, 32, 1999, p. 1990 (Coll. Ecole française de Rome ; 131).
67-123. Py 1990b : PY (M.) — Mobilier céramique, productions et importations.
Monteil et al. 2003 : MONTEIL (M.), BARBERAN (S.), BEL (V.), In : PY (M.) dir. — Fouilles dans la ville antique de Lattes, les
HERVE (M.-L.) — Dépotoirs domestiques et déchets artisanaux : îlots 1, 3 et 4-nord du quartier Saint-Sauveur. Lattes ARALO,
1990, p. 329-350 (Lattara ; 3).

:
l'exemple de Nîmes (Gard) au haut Empire. In : BALLET (P.),
CORDIER (P.) et DIEUDONNE-GLAD (N.) dir. - La ville et ses Py, Adroher Auroux 1991 : PY (M.), ADROHER AUROUX (A.-M.)
déchets dans le monde romain : rebuts et recyclages. Actes du — Principes d'enregistrement du mobilier archéologique. In PY

:
colloque de Poitiers (19-21 sept. 2002). Montagnac : Editions (M.) dir. — Système d'enregistrement, de gestion et d'exploitation
Monique Mergoil (Coll. Archéologie et Histoire Romaine ; 10), de la documentation issue des fouilles de Lattes. Lattes : ARALO,
2003, p. 121-131. 1991, p. 83-100 (Lattara, 4).
Morel 1978 : MOREL (J.-P.) — À propos des céramiques Py 1993 : PY (M.) — Les Gaulois du Midi. De la fin de l'Âge du
campaniennes de France et d'Espagne. In MOREL (J.-P.) dir. — Bronze à la conquête romaine. Poitiers : Hachette, 1993.
:

Journées d'étude de Montpellier sur la céramique campanienne Py dir. 1993 : PY (M.) dir. — Dictionnaire des Céramiques Antiques
(17-18 décembre 1977). Archéologie en Languedoc, 1, 1978, (VIIe s. av. n. è. - VIIe s. de n. è.) en Méditerranée nord-occidentale
p. 149-168. (Provence, Languedoc, Ampurdan) . Lattes : ARALO, 1993
Pomarèdes 1987 : POMARÈDES (H.) - Nîmes (30), Mas de (Lattara ; 6).
Vignoles. Rapport de sauvetage urgent, Association Py et al. 2001 : PY (M.), ADROHER AUROUX (A.-M.),
Archéologique des Pyrénées-Orientales, Archéotoroute, Service SANCHEZ (C.) — Dicocer 2. Corpus des céramiques de l'Âge
Régional de l'Archéologie du Languedoc-Roussillon, 1987. du Fer de Lattes (fouilles 1963-1999). Lattes ARALO, 2001 , t.
:

Pomarèdes, Rascalou 2002 : POMAREDES (H.), RASCALOU (P.) - 1-2 (Lattara; 14).
Genèse et évolution de l'habitat et organisation de l'espace rural Rascalou 2006 : RASCALOU (P.) — Ensembles céramiques augus-
à Vignoles VII / Gouffre des Bouchers (VIe s. av.-Vle s. ap. J.-C). téens de l'agglomération secondaire de Peyre-Plantade
Document Final de Synthèse, Inrap, Service Régional de (Clermont-l'Hérault) (Fouille A75). ). In : MAUNÉ (St.), GENIN
l'Archéologie du Languedoc-Roussillon, Nîmes, 2002. (M.) dir. — Du Rhône aux Pyrénées : Aspects de la vie matérielle
Pomarèdes, Breuil 2006 : POMARÈDES (H.), BREUIL (J.-Y.) - en Gaule Narbonnaise (fin du I" s. av. J.-C. - VIe s. ap. J.-C).
Nîmes, réflexions sur l'origine et la romanisation du peuplement Montagnac : Éditions Monique Mergoil (Coll. Archéologie et
périurbain. Rhythms and cycles of countryside romanization, Histoire Romaine ; 15), 2006, p. 65-82.
Study of the rural world in the roman period, 1 Institut de Rouvier-Jeanlin 1972 : ROUVIER-JEANLIN (M.) - Les figurines
gallo-romaines en terre cuite au Musée des Antiquités nationales
.

Patrimoni Cultural de la Universitat de Girona i Grup de Recerca


.

Archeologica del Pla de l'Estany, Girona, 2006, p. 1 15-130. Paris : 1981 (Suppl. à Gallia ; 24).

RAN, 41, 2008, pp. 181-209


Un ensemble de céramiques daté du début de la période augustéenne sur le site du Mas de Vignoles à Nîmes (Gard) 209

Sanchez 2003 : SANCHEZ (C.) - Le mobilier céramique de Inondations de la ville de Nîmes. Document Final de Synthèse,
Narbonne et sa région (II s. av. n. è./I" s. de n. è.), pour une Inrap, Service Régional de l'Archéologie du Languedoc-
approche du processus de roman isation. Thèse de doctorat Roussillon, Nîmes, à paraître.
nouveau régime sous la direction d'A Desbat, Université Lyon 2, Séjalon, Noret dir. 2003 : SÉJALON (P.), NORET (C.) dir. - Mas
2 vol.. 1021 p., 2003. de Vignoles VIII à Nîmes (Gard). Volume I : synthèses, annexes.
Sanchez, Adroher Auroux 2004 : SANCHEZ (C), ADROHER Rapport de diagnostic archéologique, Inrap Méditerranée, Service
AUROUX (A.) - La céramique du quartier 30-35. Evolutions, Régional de l'Archéologie du Languedoc-Roussillon, 2003.
implications historiques et économiques. In PY (M.) dir. — Le Silvino, Poux 2005 : SILVINO (T.), POUX (M.) et coll. - Où est
quartier 30-35 de la ville de Lattara (fin IIIe - I" s. av. n. è.).
:
passé le vin de Bétique ? Nouvelles données sur le contenu des
Regards sur la vie urbaine à la fin de la Protohistoire. Lattes : amphores dites « à sauces de poisson et à saumures » de types
ARALO, 2004, p. 319-344 (Lattara ; 17). Dressel 7/11, Pompéi Vil, Beltràn II (Ier s. av. J.-C.-IF s. apr.
Sauvage étal. 1998 : SAUVAGE(L.), BARBERAN (S), J.-C). SFECAG, Actes du Congrès de Blois, 2005, p. 501-514.
LELIEVRE (V.) — Nîmes (Gard), 2 bis rue du Mail / rue Porte Souq 1995 : SOUQ (F.) — Brignon, Serre de Brienne. Montpellier :
de France. Rapport d'évaluation archéologique, Afan Bilan scientifique de la région Languedoc-Roussillon, 1995, p. 88.
Méditerranée, Service Régional de l'Archéologie du Languedoc- Veyrac 1998 : VEYRAC (A.) — Le symbolisme de Vas de Nîmes au
Roussillon, 1998. crocodile. Montagnac éditions Monique Mergoil, 1998
Séguier, Mallet 2005 : SÉGUIER (J.-M.), MALLET (F.) et coll. -

:
(Monographies Archéologie et Histoire Romaine ; 2).
Le faciès augustéen de la plaine de France d'après le mobilier des Vidal 1996 : VIDAL (L.), POMARÈDES (H.) collab.,
établissements de Charny et de Compans (Seine-et-Marne). SAUVAGE(L.) collab. — Traces matérielles de la mise en valeur
SFECAG, Actes du Congrès de Blois, 2005, p. 529-560. et de l'aménagement des campagnes aux portes de Nîmes. In :
Séjalon et coll. à paraître : SEJALON (P.) et coll. — Les fouilles du CHOUQUER (G.) dir. — Les formes du paysage, 2. Actes du
Mas Neuf à Nîmes (Gard). Plan de Protection Contre les colloque d'Orléans (mars 1996). Paris Errance, 1996, p. 57-66.

RAN. 4 1,2008. pp. 181-209

Vous aimerez peut-être aussi