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DUT 1/ MRH

FONDAMENTAUX
DU DROIT
SOMMAIRE

Chapitre 01 : Notion de droit

Chapitre 02 : Les sources du droit

Chapitre 03 : L’organisation judiciaire béninoise

Chapitre 04 : La personnalité juridique

Chapitre 05 : La capacité juridique

Chapitre 06 : Les sources et la preuve des droits subjectifs

Chapitre 07 : Les contrats : formation et classification

Chapitre 08 : L’exécution et l’inexécution des contrats : la


responsabilité contractuelle

Chapitre 09 : La responsabilité civile

Chapitre 10 : Les institutions de la CEDEAO et de l’UEMOA

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Chapitre 01 : Notion de Droit
L’étude de droit impose quelques clarifications touchant à la notion même de
droit. En effet, le terme droit est susceptible de plusieurs définitions. Mais envisagé
sous son aspect technique, le droit peut s’entendre de deux manières.
Ainsi, le droit désigne l’ensemble des règles qui gouvernent l’activité humaine dans
une société organisée et dont l’inobservation est sanctionnée par la contrainte exercée
par une autorité publique. On parle dans ce sens du droit objectif ou encore de
l’ordonnancement juridique.
Dans un autre sens, le droit désigne l’ensemble des prérogatives que le droit
objectif reconnaît sous la protection des pouvoirs publics à un individu en sa qualité de
sujet de droit. On parle ici des droits subjectifs. L’analyse de ses deux définitions
permet de faire ressortir un rapport évident entre le droit objectif et les droits
subjectifs : le 1er protège les derniers. On s’intéressera tout d’abord au droit objectif
dont nous préciserons les caractères.

I- Contenu et caractères du droit objectif


Comme nous l’avons mentionné plus haut, le Droit Objectif est constitué par un
ensemble de règles : les règles de droit. C’est, donc, au regard de ces règles que nous
apprécierons les caractères du droit objectif. En effet, le Droit Objectif emprunte ses
caractères à la règle de droit à laquelle il s’identifie. Il résulte alors de la définition du
Droit Objectif que la règle de droit présente les caractères ci-après :

 la règle de droit est générale et abstraite : cela signifie simplement que la


règle de droit s’applique à tout le monde sans nommer telle ou telle personne. En
effet, le texte de droit Objectif vise des situations juridiques et ne s’adresse pas
particulièrement à des individus nommément désignés. A titre illustratif, on peut
citer l’article 459 du CPF béninois qui dispose : « est mineure la personne de
l’un ou l’autre sexe qui n’a pas dix-huit (18) ans accomplis ».

 la règle de Droit est obligatoire et coercitive c’est -à – dire que son


application ou son respect ne sont pas laissés au bon vouloir des individus.
Elle s’applique indépendamment de la volonté humaine. Et en cas de non
respect de la règle de droit, des sanctions sont prévues. D’ailleurs, avant les
sanctions, il y a lieu de souligner que l’autorité publique chargée de faire
respecter la règle de droit peut utiliser des moyens pour obliger les uns et
les autres à se soumettre à la règle de droit. En tout état de cause le non
respect de la règle de Droit entraîne des sanctions. On distingue les
sanctions pénales constituées par les amendes et les peines
d’emprisonnement et les sanctions civiles constituées par les dommages-
intérêts versés aux victimes de la violation de la règle de droit.

La règle de droit, on l’a vu, est une règle de conduite humaine. Mais, à côté d’elle,
il y a la règle morale et les préceptes religieux qui sont également des règles de
conduite humaine. Parfois, la règle de droit, la morale et la religion se rejoignent.
Ainsi, tout comme la morale et la religion, le droit interdit le vol et le meurtre.

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Cependant, il est fréquent que la règle de droit s’oppose à la religion. C’est le cas
par exemple du divorce autorisé par la loi mais interdit par la religion catholique.

Enfin, la règle de droit se distingue des autres règles de conduite humaine par son
caractère contraignant et cœrcitif.

II-les divisions ou branches du Droit


Le droit en tant que discipline constitue un ensemble composite. Pour tenir compte de
la nature des rapports qui peuvent naître entre les sujets de droit d’une part, et de leur
statut ou de l’espace où vivent ces sujets de droit d’autre part, le Droit a fait l’objet de
division et de subdivisions. Une partie de la doctrine procède à la classification des
branches du droit en distinguant le droit interne (c’est l’ensemble des règles
juridiques applicables à l’intérieur des frontières d’un Etat) et le droit international
(c’est l’ensemble des règles juridiques applicables aux relations ayant un caractère
d’extranéité c’est-à-dire qui transcende les frontières étatiques). Mais, la summa
divisio ou grande division du Droit distingue le droit public et le droit privé. On parle
également des branches du droit.

2-1- Le Droit public


C’est l’ensemble des règles juridiques qui organisent les relations entre les personnes
publiques et les particuliers. Le Droit public connaît des subdivisions au nombre
desquelles on peut citer :

C’est l’ensemble des règles juridiques relatives à l’établissement, à l’exercice et à la


transmission du pouvoir politique au sein d’un Etat. Ainsi, les rapports entre le
Président de la République et le l’Assemblée Nationale relèvent du droit
constitutionnel

2-1-2- Le Droit administratif


C’est l’ensemble des règles juridiques applicables aux relations entre les
administrations publiques d’une part, et entre les administrations publiques et les
usagers de service public, d’autre part. Ainsi, par exemple, le litige qui oppose un
fonctionnaire à son supérieur hiérarchique relève du droit administratif.

2-1-3-Le Droit fiscal


C’est l’ensemble des règles juridiques à l’établissement, à la liquidation et au
recouvrement des impôts, des taxes et autres prélèvements. Il se définit, également,
comme l’ensemble des règles appliquées par le fisc dans ses relations avec les
contribuables. A titre illustratif, l’obligation de payer l’IPTS relève du droit fiscal.
2-1-4-Les finances publiques
C’est l’ensemble des règles applicables aux opérations relatives aux derniers
publics. Ainsi, l’établissement et l’exécution de la loi de finances relève des
finances publiques.

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2-1-5-Le Droit international public
C’est l’ensemble des règles juridiques qui régissent des rapports entre Etats,
entre Organisations Internationales ou entre Organisations Internationales et Etats
ou enfin entre des personnes publiques situées sur des territoires étatiques
différents.
Exemple : l’accord de partenariat conclu entre le gouvernement Béninois et l’OMS
relève du Droit International public.

2-2 Le droit privé


C’est l’ensemble des règles juridiques qui régissent les rapports entre particuliers. Il se
subdivise en :

2-2-1- Le droit civil


C’est la branche de droit la plus ancienne, on parle de la branche mère et surtout du
droit commun. En d’autres termes, c’est l’ensemble des règles juridiques applicables
à tous dès lors qu’aucune règle spéciale n’écarte son application. Ainsi, l’état des
personnes (nom, domicile, nationalité) relèvent du droit civil.

2-2-2 Le droit commercial


C’est l’ensemble des règles juridiques applicables aux commerçants et à leurs activités
professionnelles. Les actes de commerce, le bail commercial, la location-gérance d’un
fonds de commerce relèvent du droit commercial.

2-2-3-Le droit du travail


C’est l’ensemble des règles juridiques qui organisent les rapports individuels ou
collectifs qui naissent entre employeurs et employés à l’occasion d’un travail salarié
du secteur privé. Le contrat de travail (conclusion, exécution et rupture) relève du
droit du travail.

2-2-4- Le Droit International Privé


C’est l’ensemble des règles juridiques qui régissent des rapports entre des
particuliers vivant sur 2 territoires étatiques différentes. Ainsi, par exemple, le mariage
d’un Gabonais et d’une Béninoise vivant au Ghana relève du Droit International Privé
de même que le contrat de prêt conclu entre un commerçant béninois et un
commerçant français vivant à Paris.

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Chapitre 02 : Les sources du droit

On désigne ainsi les différents procédés de formation d’une discipline. En ce qui


concerne le droit, on distingue la loi et la coutume qualifiées de sources directes ou
principales et la doctrine et la jurisprudence considérées comme les sources
indirectes.

I- Les sources principales ou directes du droit

Il s’agit de la loi et de la coutume.


1-1-La loi
C’est une règle de droit établie par une autorité étatique compétente (Parlement ou
Gouvernement). Seulement, cette définition assimile la loi aux règlements.

Sinon au sens strict, la loi est un texte adopté par le parlement selon une procédure
plus ou moins complexe et promulgué par le Président de la République. Quant aux
règlements, il est un texte à caractère général édicté par une autorité exécutive, soit
pour préciser les conditions d’application d’une loi (règlement d’application) , soit,
pour combler l’insuffisance d’une loi (règlement autonome).

1-1-2-Différents types de loi.


On distingue :
- les lois constitutionnelles : Elles se placent au sommet de la hiérarchie des
normes. Il s’agit de la constitution elle- même et des divers textes évoqués à
travers son préambule ainsi que ceux qui organisent sa révision.
- Les lois organiques : ce sont celles qui fixent les modalités de fonctionnement
et statut de corps constitués comme la Cour Constitutionnelle, la HAAC, le
Conseil Economique et Social, le Président de la République
- Les lois référendaires :
Ce sont des lois soumises pour leur validité à l’approbation du peuple par voie de
référendum.
- les lois ordinaires
Contrairement aux précédentes lois dont l’élaboration relève d’une technique
particulière ou complexe, les lois ordinaires sont celles qui sont élaborées selon une
procédure simplifiée et qui régissent les rapports entre particuliers comme, par
exemple, les relations de travail, le mariage, la filiation etc.

1-1-3-Etablissement de la loi
L’établissement de la loi se fait selon un processus qui comporte les étapes ci-après

 L’élaboration du texte
La prérogative législative appartient concurremment au Président de la République et
à l’Assemblée Nationale. Ainsi, selon que le texte est initié par le gouvernement ou par
un ou plusieurs parlementaires, on parle de projet de loi ou de proposition de loi. Une

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fois élaborée, le projet ou la proposition de loi est déposée sur le bureau de
l’Assemblée Nationale pour son vote.

 Le vote de la loi ou adoption


Cette étape se déroule en deux phases à savoir la discussion en commission et la
discussion en plénière.
La commission des lois étudie le projet ou la proposition de loi et produit un rapport
qu’elle présente en plénière.
C’est sur ce rapport que la discussion en plénière à lieu pour aboutir à l’adoption de la
loi. Vient ensuite l’étape de la promulgation.

 Promulgation
C’est l’acte par lequel le Président de la République reconnaît un texte de loi adopté
par le parlement comme loi de la république et ordonne son exécution sur toute
l’étendue du territoire national. Une fois promulguée la loi doit faire l’objet d’une
publication.

 Publication
C’est l’acte par lequel la nouvelle loi est portée à la connaissance des citoyens par son
insertion au journal officiel ou dans un journal d’annonces légales. Cependant, la loi
n’entre définitivement en vigueur qu’après un délai de 24 heures consécutives à
compter de la date de parution du journal officiel. Ce délai s’appelle Jour Franc.

Date Evènement
03/09/08 Parution du Jour Officiel
04/09/08 Jour Franc
05/09/08 Entrée en vigueur de la nouvelle loi

Remarque
Il peut arriver que le président de la République ayant reçu le texte de loi à promulguer
refuse de la promulguer et demande une relecture du texte par le parlement. On dit
qu’il demande une 2ème lecture. Le cas échéant après la 2ème lecture le parlement lui
renvoie le texte à nouveau et il dispose à partir de cet instant d’un délai de 15 jours
pour promulguer la loi.
En cas de refus le président de l’Assemblée Nationale saisit la Cour Constitutionnelle
qui vérifie la constitutionnalité du texte objet du litige et ordonne, le cas échéant son
exécution sur le territoire national. Le mouvement de va et vient du texte de entre
l’Assemblée Nationale et la Présidence de la République s’appelle « la navette »
Après l’écoulement du jour franc la nouvelle loi entre définitivement en vigueur et on
peut dire à partir de ce moment que chacun est supposé avoir pris connaissance de son
existence. C’est d’ailleurs le sens de la maxime latine « Nul n’est sensé ignorer
la loi ».

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 L’abrogation de la loi
C’est l’anéantissement pour l’avenir des effets d’une loi. En d’autres termes,
l’abrogation met fin à la force obligatoire d’une loi. On distingue l’abrogation expresse
et l’abrogation tacite ou implicite.
L’abrogation expresse est celle qui est énoncée par le texte nouveau.
L’abrogation tacite est celle qui résulte de l’introduction dans un texte nouveau d’une
disposition incompatible avec la disposition antérieure.

1-1-4-Les degrés dans la force obligatoire de la loi :


Les lois qui entrent en vigueur n’ont pas la même force obligatoire. On fait le départ
entre les lois supplétives et les lois impératives.

 Les lois supplétives


Les lois supplétives sont celles qui s’appliquent aux individus que lorsque ceux-ci ne
les ont pas écartées au préalable. On dit qu’elles suppléent la volonté non exprimée des
sujets de droit.

 Les lois impératives


Les lois impératives sont celles qui s’imposent à tous ; leur objectif étant d’assurer
l’ordre public, nul ne peut y déroger. D’ailleurs, l’article 6 du code civil dispose
« qu’on ne peut déroger, par des conventions particulières, aux lois qui intéressent
l’ordre public et les bonnes mœurs »

1-1-5-L’application de la loi dans le temps


L’application de la loi dans l’espace ne pose pas de problème car celle-ci s’applique
sur le territoire national. C’est surtout en ce qui concerne l’application de la loi dans le
temps que les difficultés apparaissent.

En pratique, la question de l’application de la loi dans le temps apparaît lorsqu’une loi


entre en vigueur en remplacement d’une loi ancienne. Le problème qui se pose est
celui de la détermination des limites de compétence entre la nouvelle loi et la loi
ancienne. Ce problème a été résolu par l’article 2 du code civil aux termes duquel : « la
loi ne dispose que pour l’avenir ; elle n’a point d’effet rétroactif ». Cet article contient
deux (02) propositions qui s’analysent en principes ou règles :
- Le principe de la non – rétroactivité de la loi ;
- Le principe de l’effet immédiat de la loi nouvelle.

 La non – rétroactivité de la loi nouvelle

La non – rétroactivité de la loi nouvelle signifie qu’elle ne s’applique pas aux


situations juridiques nées antérieurement à son entrée en vigueur et qui ont fini de
produire tous leurs effets.

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En effet, le souci du législateur est d’assurer au justiciable une certaine sécurité dans
leur rapport. C’est pour cette raison que les droits acquis c’est-à-dire les droits qui ont
fini de produire leurs effets ne doivent pas faire l’objet d’une remise en cause par la loi
nouvelle. Cependant, le principe de la non- rétroactivité de la loi nouvelle connaît
quelques exceptions qui méritent d’être précisées :

- Premièrement, le législateur peut, sous certaines conditions, édicter des lois


expressément rétroactives pour protéger l’ordre social. En effet, le principe du
non – rétroactivité de la loi s’impose aux juges mais pas aux législateurs qui
sont alors libre de faire des lois rétroactives.
- Deuxièmement, une loi interprétative d’une loi précédente est rétroactive.
En effet, la loi interprétative qui est celle par laquelle le législateur précise le sens
d’une loi précédente rétroagit jusqu’à la date d’entrée en vigueur de la loi qu’elle
interprète.
- Troisièmement, les lois pénales plus douces sont rétroactives : ces lois
s’appliquent aux affaires qui n’ont pas été définitivement jugées quand bien
même elles trouvent leur source dans des faits commis antérieurement à l’entrée
en vigueur de la loi nouvelle plus douce.
- Quatrièmement, les lois de procédure et de compétence sont d’application
immédiate c'est-à-dire que ces lois s’appliquent même aux procédures en cours
avant leur entrée en vigueur parce qu’on estime ou qu’on présume que la
nouvelle loi est forcément meilleure que l’ancienne.

 L’effet immédiat de la loi nouvelle


Ce principe signifie que la loi nouvelle est d’application immédiate c’est-à-dire
qu’elle s’applique à toutes les situations juridiques créées postérieurement à son
entrée en vigueur. Mais il faut nuancer :
- la loi nouvelle s’applique immédiatement aux situations légales comme par
exemple le mariage, la filiation.
- La loi nouvelle ne s’applique pas aux situations contractuelles nées sous
l’empire de la loi ancienne et qui n’ont pas produit tous leurs effets au moment
de l’entrée en vigueur de la loi nouvelle.
Mais attention les lois sociales sont d’application immédiate de sorte que ces lois
s’appliquent même au contrat de travail conclu avant leur entrée en vigueur mais
qui n’ont pas fini de produire leurs effets.
Enfin, une loi supplétive laisse survivre la loi ancienne qu’elle remplace.

1-2– LA COUTUME :
D’après Gérard Cornu, la coutume est une norme de Droit objectif fondée sur une
tradition populaire qui prête à une pratique constante, un caractère juridiquement
contraignant.*
En langage simple, on entend par coutume une pratique communément admise
dans un milieu dont les membres croient en son caractère obligatoire.

1-2-1-Eléments constitutifs de la coutume


La constitution d’une coutume suppose la réunion de 2 éléments à savoir :

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 un élément matériel : c’est la répétition prolongée et répandue de la pratique
au sein d’une communauté ;
 Un élément psychologique : c’est la croyance au caractère obligatoire et
coercitif de la règle coutumière. En d’autre terme, les membres de la
communauté au sein de laquelle naît la coutume pensent qu’ils peuvent faire
l’objet de sanction en cas d’inobservation ou de non respect de la règle
coutumière. Et c’est d’ailleurs cet aspect qui rapproche la règle coutumière de
la loi.
1-2-2-Valeur de la coutume
La valeur de la coutume est variable selon que nous sommes dans un système
juridique codifié ou non .Dans des systèmes juridiques codifiés, la coutume n’a pas
une force obligatoire très grande par rapport au juge. Cependant, il peut arriver que le
législateur renvoie le juge à la coutume et, le cas échéant, le juge est alors tenu
d’appliquer la coutume. En tout état de cause, en cas de conflit entre la coutume et la
loi, le juge appliquera simplement la loi.

Dans les systèmes juridiques non codifiés, la coutume s’impose pleinement au juge
comme une véritable règle de droit.

II – Les sources indirectes du droit


Il s’agit de la jurisprudence et de la doctrine

2-1-la Jurisprudence :

De manière simple, la jurisprudence est l’ensemble des décisions rendues par les
juridictions sur les litiges qui leur sont soumis.
Dans un langage strict, la jurisprudence est l’ensemble des décisions juridictionnelles
concordantes rendues sur des faits qui n’avaient pas été expressément prévus par la loi.
En effet, si les juridictions ont pour mission d’appliquer le droit, l’article 4 du code
civil impose au juge l’obligation de rendre une décision dans chaque litige qui lui est
soumis : « le juge qui refusera de juger, sous prétexte du silence, de l’obscurité ou de
l’insuffisance de la loi, pourra être poursuivi comme coupable de déni de justice »

D’où la nécessité pour le juge d’interpréter le texte de loi. La jurisprudence se


constitue suivant un processus qui comporte deux éléments constitutifs :

 un élément matériel qui est la constance dans l’observation de


l’interprétation faite par les juridictions supérieures
 un élément psychologique qui se traduit par la crainte des juridictions
inférieures de voir leur décision annulée par les juridictions supérieures ; ce
qui justifie leur conformité aux interprétations données par les juridictions
supérieures notamment les juridictions de cassation.
En ce qui concerne la valeur de la jurisprudence, elle est considérée comme une source
indirecte parce qu’elle peut influencer le législateur et l’amener à faire des règles de
droit pour éviter les difficultés d’interprétations des lois.

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2-2-La doctrine
C’est l’ensemble des opinions contenues dans les écrits et publications des juristes
(professeurs, magistrats, auteurs de thèses. Ces écrits ou publications peuvent
influencer un parlementaire et l’amener à faire une proposition de loi ; en cela la
jurisprudence joue indirectement un rôle dans la création du droit.

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CHAPITRE 03 : L’ORGANISATION JURIDICIAIRE BENINOISE

« Nul n’a le droit de se faire justice » ce principe universel interdit donc au


particulier de se rendre justice en cas de litige avec un autre particulier. Le principe
affecte donc la fonction de juger à l’Etat qui assume cette fonction à travers un
service public qu’on appelle la justice.
Dans un sens large, la justice signifie dire le droit au regard d’un litige. Mais, au
sens strict, la justice désigne l’ensemble des institutions (tribunaux et cours)
chargées de trancher les litiges. Chaque pays a une organisation judiciaire qui est
fondée sur certains principes fondamentaux. Après avoir précisé ces principes en ce
concerne le Bénin on s’intéressera aux différentes juridictions dont nous
évoquerons la typologie et la compétence avant de s’intéresser au personnel chargé
de faire fonctionner ces juridictions ainsi que les procédures à suivre pour une
bonne justice.

I- LES PRINCIPES FONDAMENTAUX DE LA JUSTICE BENINOISE


L’organisation judiciaire béninoise repose sur 3 principes fondamentaux à
savoir :
- le principe de la séparation des pouvoirs
- le principe de l’égalité de tous devant la loi.
- Le principe du double degré de juridiction

1-1-Le principe de la séparation des pouvoirs

Ce principe a été évoqué pour la première fois par Montesquieu qui pense que
pour éviter que le titulaire d’un pouvoir n’en abuse, il faut faire en sorte que le
pouvoir arrête le pouvoir. Ce principe a été repris par le constituant béninois. En
effet, la constitution béninoise du 11 décembre 1990 dispose en son article 125 :
« Le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir
exécutif ». Il résulte donc de cet article que les 3 pouvoirs de l’Etat doivent être
séparés. Le souci du constituant à travers cet article ; c’est de permettre aux
magistrats de rendre la justice en toute liberté en n’étant soumis qu’à l’autorité de
la loi ; ce qui constitue un gage de bonne justice.

1-2-Le principe de l’égalité de tous devant la loi

Ce principe trouve son fondement dans l’article 26 de la constitution béninoise


qui dispose : « l’Etat assure à tous l’égalité devant la loi sans distinction d’origine,
de race, de sexe, de religion, d’opinion politique ou de position sociale.
L’homme et la femme sont égaux en droit………… ». Il résulte de l’analyse de cet
article que l’Etat doit prendre toutes les dispositions pour éviter la discrimination
entre les justiciables et assurer par la même occasion l’égal accès de tous les
citoyens à l a justice

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1-3-Le principe du double degré de juridiction

Selon ce principe, tout plaideur ou justiciable insatisfait d’une décision de justice


rendue par une juridiction peut porter son affaire devant une juridiction de niveau
supérieur à l’effet de la voir examiner à nouveau le litige. Ce principe vise
essentiellement le rattrapage des erreurs éventuelles des premiers juges. Tout
comme les deux premiers principes, le principe du double degré de juridiction est
un gage de bonne justice.

II – LES DIFFERENTES SORTES DE JURIDICTION

Au Bénin, les différentes juridictions peuvent faire l’objet d’une classification au sein
de laquelle on peut distinguer les juridictions de l’ordre politique, les juridictions de
l’ordre administratif et les juridictions de l’ordre judiciaire.

2-1-les juridictions de l’ordre politique

Entrent dans cette catégorie la cour constitutionnelle et la haute cour de justice

 La cour constitutionnelle :

Au terme de l’article 114 de la constitution béninoise du 11 décembre 1990 « la cour


constitutionnelle est la plus haute juridiction de l’Etat en matière constitutionnelle. Elle
est juge de la constitutionnalité de la loi et elle garantie les droits fondamentaux de la
personne humaine et les libertés publiques. Elle est l’organe régulateur du
fonctionnement des institutions et de l’activité des pouvoirs publiques » par ailleurs,
la cour constitutionnelle est compétente pour connaître du contentieux des élections
présidentielles et législatives. Tout citoyen peut saisir la cour constitutionnelle pour
faire constater l’inconstitutionnalité d’un acte ou la violation des droits de la personne
humaine.

 La Haute Cour de Justice :

Au terme de l’article 136 de la constitution béninoise, la haute cour de justice est


compétente pour juger le Président et les membres de son gouvernement à raison des
faits qualifiés de haute trahison, d’infraction commise dans l’exercice ou à l’occasion
de leur fonction ainsi que pour juger leurs complices en cas de complot contre la sûreté
de l’Etat (…..)

2-2- Les juridictions de l’ordre administratif

En réalité, au Bénin, il y a un seul ordre de juridiction. Cependant, dans un souci de


classification, on peut constater, en se fondant sur l’organisation de la cour suprême un

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ordre administratif correspondant à la chambre administrative et à la chambre des
comptes de la cour suprême.

 la chambre administrative de la cour suprême.


Elle est compétente pour connaître des litiges impliquant les personnes
publiques et pour apprécier la légalité des actes réglementaires contestés par les
particuliers ou les fonctionnaires.

 La chambre des comptes de la CS

Elle est compétente pour juger, les comptables publics de l’Etat ou des
établissements publiques à l’occasion des faits commis dans l’exercice de leur
fonction. A ce titre, elle vérifie la régularité de leur comptabilité.

2-3--Les juridictions de l’ordre judiciaire :

Il s’agit de la cour suprême, de la CCJA des cours et tribunaux.

 la cour suprême
C’est la plus haute juridiction en matière civile, pénale, sociale, en matière des
comptes et en matière administrative.
C’est la chambre judiciaire de la Cours Suprême qui est en vérité la juridiction
suprême de l’ordre judiciaire.

 La CCJA
La cour commune de justice et d’arbitrage (CCJA) est la plus haute juridiction en
matière commerciale. Elle a héritée ses attributions des cours suprême de la plupart
des Etats-membres de l’OHADA (Organisation pour l’harmonisation en en Afrique
du Droit des Affaires). Cette organisation regroupe 16 Etats africains à savoir :
Bénin, Burkina-Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Centrafrique, Comores, Guinée
Bissau, Guinée Conakry, Guinée Equatoriale, Gabon, Congo – Brazzaville, Tchad,
Togo, Mali, Niger, Sénégal.
Depuis l’entrée en fonction de la CCJA qui a son siège à Abidjan, la Cour
Suprême n’est plus compétente pour connaître des litiges en matière commerciale.

 La Cour d’Appel :

Les cours d’appel sont compétentes pour connaître de tous les jugements rendus
par les tribunaux de leur ressort et frappé d’appel dans les formes délais de la loi. Il
existe 3 cours d’appel au Bénin installées :
- la cour d’appel de Cotonou avec comme ressort le littoral, l’Atlantique,
l’Ouémé, et le plateau.
- La cour d’appel d’Abomey avec comme ressort, le zou, les collines, le mono-
couffo

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- La cour d’appel de Parakou avec comme ressort l’Atacora, Donga, le Borgou et
l’Alibori.

 Les cours d’assises :

Elles sont compétentes pour connaître des infractions qualifiées de crime. Elles
siègent dans les localités abritant les cours d’appel. Mais, elles peuvent siéger en
toute autre localité en cas de besoin.

 Les tribunaux de première instance

Ils sont compétents en matière pénale, civile, commerciale, sociale et administrative.


Ils connaissent en premier et dernier ressort de tous les litiges ayant une incidence
financière de « 200 000F ».
Ils connaissent en premier ressort de tous les autres litiges ne remplissant par la
condition ci-dessus mentionnée.
Au terme de la loi N°2001 – 37 du 27 Août 2002, 3 tribunaux de première instance
de première classe et 25 TPI de deuxième classe.
Mais en vérité 8 TPI sont fonctionnels avec les ressorts territoriaux ci-après :
- TPI de première classe de Parakou
- TPI de première classe de Cotonou
- TPI de deuxième classe de Ouidah
- TPI de deuxième classe de Porto-Novo
- TPI de deuxième classe de Lokossa
- TPI de deuxième classe de Natitingou
- TPI de deuxième classe de Kandi

 Les tribunaux de conciliation

C’est la justice de proximité. Celle qui est plus proche du justiciable. Mais c’est une
justice négociée car, comme leur nom l’indique les tribunaux de conciliation ont pour
mission essentielle de concilier les parties notamment en matière civile et
traditionnelle.

Par la loi N° 2001- 37 du 27 Août 2002, il est créé un tribunal de conciliation dans
chaque arrondissement des villes à statut particuliers et dans les autres communes soit
un total de 95 tribunaux de conciliation.

Dans ces tribunaux, on ne retrouve pas des magistrats sorti des écoles mais plutôt des
citoyens ordinaire qui y sont normés en raison d’une moralité appréciable et d’un
certain niveau intellectuel.
Le tribunal de conciliation est placé sous l’autorité du garde des sceaux et se
compose ainsi qu’il suit :
- un président
- Deux Assesseurs
- Un secrétaire

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Pour avoir un caractère exécutoire les décisions rendues par les tribunaux de
conciliation doivent être homologué par les présidents des TPI des ressorts desquels ils
relèvent.

III-La compétence

La compétence juridictionnelle est l’aptitude légale d’une juridiction à connaître d’un


litige et à rendre une décision. On distingue la compétence d’attribution, la
compétence territoriale et en matière pénale la compétence personnelle.

3-1- La compétence d’attribution

C’est celle qui est déterminée par la nature du litige. Ainsi, selon que le litige est civil,
commercial, ou social, ce sont respectivement la chambre civile, la chambre
commerciale ou la chambre sociale qui connaîtra de ce litige. En effet, les juridictions
sont réparties en chambre, chacune ayant une compétence déterminée. A titre illustratif
un litige opposant 2 commerçants relève de la chambre commerciale alors qu’un litige
opposant un citoyen à la mairie de sa ville relève de la chambre administrative

3-2-La compétence territoriale

Il est vrai que les TPI sont juges de droit commun en matière civile, sociale ou
commerciale. Mais il est également vrai qu’au Bénin il existe plusieurs TPI. Le
problème se pose alors aux justiciables de choisir parmi les nombreuses juridictions
disséminées sur le territoire celle qui est véritablement compétente pour résoudre leur
litige.

Ce problème est résolu par la compétence territoriale qui est déterminée par le
domicile du défendeur en ce qui concerne les litiges relatifs aux biens meubles et le
lieu de situation du bien immeuble objet du litige lorsque le litige est relatif à un bien
immeuble.

Ainsi, par exemple lorsque le défendeur est domicilié à Parakou, le tribunal compétent
est le TPI de Parakou. De même le tribunal compétent pour connaître d’un litige relatif
à un immeuble situé à Kandi est le TPI de Kandi.

3-3-La compétence personnelle

C’est celle qui tient compte du statut du défendeur. En réalité on parle de la


compétence personnelle en matière pénale. Ainsi par exemple si le défendeur est
mineur il sera assigné devant le juge des mineurs alors que s’il s’agit d’un militaire, il
sera assigné devant un tribunal militaire.

UPI-ONM 16
IV-Le personnel judiciaire

La justice est un service public et entant que tel, le fonctionnement de se service


nécessite un personnel au sein duquel on distingue les magistrats et les auxiliaires de
justice.

4-1-Les magistrats

C’est le personnel chargé à titre principal de faire fonctionner la justice au nom de


l’Etat. Ils sont répartis en deux corps : Les magistrats du siège et les magistrats
debout

 Les magistrats du siège

Ce sont les juges. Ils sont chargés de juger c’est-à-dire de trancher ou résoudre les
litiges qui leurs sont soumis. Ils rendent des décisions de justice dont l’application
varie selon le cas :
- les ordonnances sont des décisions de justice rendue par un seul juge en
général le président d’une juridiction.
- Les jugements qui sont des décisions de justice rendus par les tribunaux.
- Les arrêts qui sont des décisions de justice rendus par les cours (cour d’appel ou
cour suprême ou cour de cassation)
En raison de la délicatesse de leur mission ou fonction, les juges bénéficient de
certaines garanties. Ils sont indépendant et inamovibles c’est – à – dire qu’on ne peut
pas les affecter même pour une promotion sans leur consentement préalable.

 Les magistrats du parquet

Encore appelé ministère public ou magistrat debout, ce sont ceux qui représentent et
défendent les intérêts généraux de la société. On les appelle magistrat debout parce
qu’au cours d’un procès, ils se lèvent pour parler.

Ils sont placés sous l’autorité hiérarchique du ministère de la justice. Contrairement à


leurs collègues du siège, ils sont dans les liens de subordination et peuvent se succéder
au cours d’un procès.
Les magistrats du parquet sont répartis au niveau des différentes juridictions et leur
appellation varie d’une juridiction à une autre ainsi qu’il suit :
- Au niveau du TPI nous avons le Procureur de la République et ses substituts
- Au niveau de la cour d’appel nous avons le Procureur Général et les substituts
Généraux.
- Au niveau de la cour suprême nous avons le Procureur Général et les Avocats
Généraux.

UPI-ONM 17
4-2-Les Auxiliaires de Justice
C’est l’ensemble des personnes qui assistent le juge ou le justiciable au cours d’un
procès ou dans sa vie active. On distingue au sein des auxiliaires de justice : les
Greffiers, les Huissiers, les Experts, les Notaires, les Avocats et les Avoués.

 Le greffier

C’est un officier ministériel qui assiste le juge dans son travail. On dit que le greffier
tient la plume de la juridiction c’est-à-dire qu’il est chargé de transcrire ce qui se dit au
cours d’un procès.

En outre, le greffier est chargé de la rédaction des décisions de justice, de l’inscription


ou de l’enregistrement des actes de procédure au niveau des rôles de juridiction.
Enfin, le greffier veille à la conservation des archives. Le greffier en chef est le
patron des greffiers.

 Les huissiers

L’huissier est un officier ministériel public dont les attributions peuvent se résumer en
3 points essentiels :
- l’huissier fait des constatations et dresse des procès verbaux de constatation qui
peuvent constituer des moyens de preuve dans le règlement des litiges
- l’huissier s’occupe également de la signification des actes de procédure
(assignation)
- enfin lorsqu’une décision de justice est rendue l’huissier peut être sollicité pour
assurer son exécution forcée. Le cas échéant, il peut solliciter l’aide des forces
de l’ordre.

 L’expert

C’est une personne qui en raison de sa compétence professionnelle peut- être sollicité
par le juge pour donner un avis technique sur une question déterminée en vue de
faciliter l’établissement des preuves et par ricochet le déroulement du procès. A titre
illustratif, on peut citer les médecins légistes, les experts comptables, les experts
géomètres…….

 Le notaire

C’est un officier ministériel public chargé de la rédaction des actes instrumentaires et


de l’authentification des actes juridiques comme par exemple, les statuts, les
conventions de vente.

Le notaire conseille également les justiciables dans la rédaction de certains actes


juridiques dont l’établissement leur est légalement confié à peine de nullité comme par
exemple le contrat de mariage. Lorsqu’un acte juridique est établi par un notaire, on

UPI-ONM 18
l’appelle acte notarié ou authentique. Les particuliers peuvent décider d’établir certains
actes juridiques sous la forme d’acte sous seing privé et de les faire ensuite authentifier
à travers une inscription en reconnaissance d’écriture et de signature dans les registres
d’un notaire

 Les avocats
Ce sont des professionnels libéraux chargés d’assister les justiciables ou de les
représenter dans un procès.

Ils jouent également le rôle de conseil vis-à-vis des justiciables qui sont leur client.
Lorsqu’ils mentionnent les arguments de leur défense par écrit, on parle de conclusion
alors qu’on parle de plaidoyers lorsqu’ils présentent les moyens de défense oralement.

 Les avoués
C’est un corps n’existe pas au Bénin. En France où il existe, on le retrouve au niveau
des cours d’appel où ils veillent sur les intérêts de l’Etat.

V- Les principes de procédure


Toute personne qui se sent lésée dans ses droits et intérêts a la possibilité de saisir la
juridiction compétente par une action en justice pour qu’on lui reconnaisse ses droits.
L’action en justice s’exerce conformément à certains principes qu’il est utile de
préciser avant de s’intéresser à la procédure proprement dite

5-1-Les principes généraux de l’action en justice

Quatre principes gouvernent le déroulement de l’action en justice :


- le principe du contradictoire
- le principe de la neutralité
- le principe de la publicité
- le principe de la gratuité

 Le principe du contradictoire
Selon ce principe, les parties à un procès doivent se présenter devant le juge ou se faire
représenter par leurs avocats afin d’exposer leurs arguments ou prétentions et en vue
de contredire les arguments de l’adversaire. En bref, le principe du contradictoire
commande qu’il y ait une confrontation entre les parties au procès. Le cas échéant, la
procédure est alors dite contradictoire.

Ce principe est sous-tendu par le souci de rendre une justice véritablement équitable.

Mais, il n’en est pas toujours ainsi : l’une des parties, le plus souvent le défendeur est
absent au procès soit parce qu’il ignore la procédure intentée contre lui soit il néglige
d’accomplir les actes nécessaires pour se présenter. En pareil cas, le juge rend sa
décision quand bien – même le défendeur ne s’est pas présenté et on parle de jugement
par défaut.

UPI-ONM 19
Toute fois, après le jugement par défaut, le défendeur défaillant a la possibilité de
saisir le juge qui a rendu la décision pour lui demander de juger à nouveau le procès et
cette fois-ci en sa présence. L’action par laquelle il demande au juge de juger à
nouveau le procès est appelée Opposition.

Lorsque le défendeur se présente contre dire les arguments de son adversaire, il peut
demander au juge d’apprécier ces propres prétentions, prétentions par lesquelles il met
en cause son adversaire. Pour le faire, il formule une demande reconventionnelle.

En matière civile, le juge se contente d’écouter les prétentions des parties sans
participer lui-même à la recherche des preuves : on dit que la procédure est
accusatoire.

Au contraire, en matière pénale, il recherche lui-même les éléments de preuve : on dit


que la procédure est inquisitoire.

Quelle que soit la procédure, le juge est tenu de rendre une décision. Quant au
justiciable contre lequel la décision est rendue, il dispose des voies de recours dont les
principales sont : l’appel et le pourvoi en cassation.

 Le principe de la neutralité du juge

Selon ce principe, le juge saisi d’un procès ne doit pas prendre partie en faveur de
l’une ou l’autre des parties en conflit. Il doit se contenter de motiver sa décision par
des arguments de droit.

 Le principe de la publicité

C’est un principe qui souhaite que le public soit admis aux jugements, aux audiences
sauf si en raison de sa nature l’affaire doit être jugée à huis clos au pénal ou en
chambre de conseil au civil.
C’est un principe qui vise à assurer une bonne justice. Toute fois, ce principe ne
s’impose pas à toutes les phases du procès. Par exemple il ne s’impose pas à la phase
de l’instruction.

 Le principe de la gratuité de la justice


Ce principe signifie seulement que les magistrats ne sont pas payés par les plaideurs
mais plutôt par l’Etat. Cependant, les parties doivent régler elles mêmes les honoraires
des huissiers avocat et les frais d’expertises ou d’enquêtes… C’est la partie qui
succombe qui doit régler les frais de justice appelés DEPENS.

Toute fois, pour permettre aux personnes ayant des revenus modestes d’avoir accès à
la justice sans avoir à payer les frais de justice, il a été institué en leur faveur l’aide
juridique.

UPI-ONM 20
5-2- La décision de justice

C’est l’aboutissement d’un procès. En général, elle comporte les parties suivantes :
- Date et lieu du prononcé de la décision
- Nom de la juridiction ayant rendu la décision
- Nom du /des juges présent au procès
- L’identité des parties au procès et éventuellement celle de leurs avocats
- Les prétentions ou arguments des parties au procès
- Le dispositif qui désigne les arguments qui sou tendent la décision du juge. On
reconnaît le dispositif grâce aux expressions comme « Attendu que… »,
« Considérant que… », « Vu… »
- La solution du juge, c’est l’expression de la position du juge par rapport au
litige qui lui été soumis. On reconnaît la solution du juge grâce à l’expression
« Par ces motifs »
- La formule exécutoire qui constitue la phase pour laquelle le juge instruit toute
personne habilitée à offrir son assistance pour l’exécution de sa décision. En
général, il s’agit des huissiers, commissaires, préfets, notaires etc.

UPI-ONM 21
Chapitre 04 : LA PERSONNALITE JURIDIQUE :

Le principe est aujourd’hui acquis : tout être humain est doté de la personnalité
juridique. C’est simple, la personnalité juridique coïncide avec la vie de
l’individu. Mais, la notion de la personnalité n’exclut pas de controverse
notamment lorsqu’il est question de sa délimitation dans le temps. On se
demande quand est-ce qu’elle commence et quand elle finit.
De fait, le législateur qui a organisé les différents droits subjectifs, a aussi
déterminé les acteurs qui doivent les exercer : ce sont les personnes juridiques
ou sujets de droits. Il peut s’agir de personnes physiques ou morales. Après
avoir définit la notion de la personnalité juridique, on précisera ses conditions
d’existence avant d’indiquer les éléments d’identification des personnes
juridiques.

1- Notion de la personnalité juridique

La personnalité juridique peut être définie comme l’aptitude à être titulaire de


droits et à être soumis à des obligations. La personnalité juridique, en tant
qu’elle recouvre en principe la vie humaine, s’inscrit entre deux événements
majeurs, la naissance et la mort de l’individu. On s’intéressera, tour à tour, aux
personnes physiques et aux personnes morales.

1-1- les personnes physiques :

On s’intéressera, ici, aux conditions d’existence des personnes juridiques en


précisant notamment le début, la fin, et l’intérêt de la personnalité juridique.

1-1-1- Début de la personnalité juridique des personnes physiques

En principe, le point de départ de personnalité juridique est la naissance. En


d’autres termes, tout enfant qui naît viable c’est-à-dire doté des organes
indispensables à la vie, a la personnalité juridique.

Toutefois, dans l’intérêt de l’enfant, le point de départ de la personnalité


juridique peut être repoussé à la date présumée de sa conception. Il en est ainsi
lorsque le père de l’enfant conçu meurt avant la naissance de ce dernier. En
pareil cas, pour permettre à l’enfant de recueillir la succession ou de bénéficier
d’une assurance que son père avait contractée, la loi admet que l’enfant avait la
personnalité juridique dès sa conception.

UPI-ONM 22
1-1-2-Fin de personnalité juridique

Le décès ou la mort marque la fin de la personnalité juridique. A l’image de la


naissance qui doit être constatée par un acte déclaratif de naissance, le décès doit
également fait l’objet d’un acte déclaratif et être enregistré au service de l’état
civil. La déclaration de décès doit se faire dans les 24h consécutives au décès.
Il arrive des cas où il est difficile, voire, impossible de constater le décès d’une
personne. A ce sujet le code civil a prévu l’absence et la disparition.
L’absence est la situation d’une personne qui ayant quitté son domicile est
restée sans nouvelle pendant un délai relativement long (5ans). En d’autres
termes, l’absent est une personne qui cesse de paraître à son domicile ou à sa
résidence habituelle et dont la famille est restée sans nouvelle. L’absence
constatée par la juridiction compétente produit les mêmes effets que le décès.

En revanche, il y a disparition quand le corps d’une personne n’a pu être


retrouvé et que le décès est probable au regard des circonstances (accident
d’avion, naufrage en haute mer etc.) qui ont provoqué sa disparition. Lorsque la
disparition survient tout intéressé peut demander au tribunal de première
instance compétent de prononcer un jugement déclaratif de décès.

1-1-3-Intérêt de la personnalité juridique

L’intérêt de personnalité juridique réside dans le fait qu’elle permet au sujet de


droit d’être titulaire de droit et de pouvoir exercer ces droits. Elle permet en
outre d’être débiteur d’obligation et d’engager la responsabilité des différents
acteurs de la vie juridique. Mais, tous les individus ayant la personnalité, il est
nécessaire de les distinguer par des éléments d’individualisation. C’est la
question des éléments d’identification des personnes physiques.

II- Identification des personnes juridiques :

L’organisation en société implique que les personnes soient


individualisées, ne serait-ce que pour savoir qui dispose de tel ou tel
droit subjectif. Trois institutions du code civil remplissent cette
fonction : le nom, le domicile et la nationalité. Ces trois éléments
constituent les attributs de la personnalité.

2-1- Le nom :
Le nom est l’appellation par laquelle on désigne une personne et qui permet de
la rattacher à une famille au sein d’un groupe social. Il se constitue en fait du

UPI-ONM 23
nom patronymique ou nom de famille, qui constitue le signe distinctif d’une
famille et du prénom qui individualise la personne au sein de la famille.

 L’acquisition du nom :
Le nom encore appelé patronyme s’acquière selon divers mécanismes
dont les principaux sont :

i-La naissance : C’est le mode normal d’acquisition d’un nom. Ainsi,


l’enfant porte le nom de son père légitime. L’enfant naturel porte le nom
du parent qui l’a reconnu. Lorsqu’il a été reconnu par les deux, il porte le
nom du père.

ii-L’adoption
Elle permet d’acquérir le nom des parents adoptifs mais seulement
dans le cas de l’adoption plénière.

iii-Le mariage
Il permet à la femme mariée d’acquérir l’usage du nom de son mari.

 Immutabilité du nom :
Le nom est immuable c’est-à-dire que chaque personne conserve
l’usage de son nom jusqu’à son décès. Cependant, le principe d’immutabilité
du nom connaît quelques limites.

i-le divorce entraîne la perte de l’usage du nom du mari sauf si la femme


divorcée démontre que cette perte peut être préjudiciable à sa célébrité.

ii-L’adoption plénière fait perdre à l’enfant adopté l’usage du nom de ses


parents biologiques.

iii - Le changement du nom ridicule ; même si la procédure est longue un


individu peut obtenir l’autorisation de changer son nom s’il apporte devant
le juge la preuve de son caractère ridicule.

 Quelques autres appellations :


Il s’agit du sobriquet ou surnom et du pseudonyme.

Le surnom ou le sobriquet est l’appellation attribuée à une personne par les


membres de sa communauté. Le surnom ou le sobriquet n’a aucune valeur
juridique.

UPI-ONM 24
Le pseudonyme, c’est l’appellation par laquelle une personne se fait désigner
pour des raisons professionnelles. Le pseudonyme a une valeur juridique et peut
faire l’objet d’une protection.

2-2-Le domicile :

Le domicile est le lieu du principale établissement d’un personne c’est-à-dire le


lieu où on lui signifie les actes de la vie civile (domicile) ou les actes de la vie
professionnelle (domicile commerciale). En d’autres termes, c’est le lieu où,
pour l’application de la loi, le droit situe l’individu.

Toute personne n’a qu’un seul domicile : c’est le principe de l’unité du


domicile. C’est pour cela qu’il importe de distinguer le domicile qui est le lieu
où un individu effectue des séjours plus ou moins fréquents et prolongés.

Tout individu est libre de choisir son domicile. Mais, le mineur est domicilié
chez ses parents. De même, le majeur en tutelle est domicilié chez son tuteur
alors que les domestiques qui demeurent et travaillent chez un tiers y sont
domiciliés. Enfin, le mari et la femme peuvent avoir des domiciles distincts.

NB : Le domicile a une connotation juridique et ne doit pas être confondu avec


les notions de résidence ou habitation.
La résidence est l’endroit où une personne séjourne de manière plus ou
moins longue. Quant à l’habitation ou la maison, c’est le lieu où une personne
s’abrite. On peut avoir plusieurs résidences, maisons ou habitations.

2-3-La nationalité :
C’est le lien légal qui unit une personne à un Etat. Chaque Etat détermine les
conditions d’acquisition de la nationalité. Ainsi, l’attribution de la nationalité
peut résulter de la filiation, de la naissance ou de la résidence dans un territoire
étatique, du mariage ou, enfin, de la naturalisation.

III- LES PERSONNES MORALES

On entend par personne morale tout groupement d’individus pourvu


d’une possibilité d’expression collective pour la défense d’intérêts licites, dignes
par suite d’être reconnus et protégés par la loi. Il s’agit, en fait, d’une fiction
juridique qui confère à certains groupements des droits et des obligations en
tant que ces groupements ont une volonté propre bien distincte de la conscience
et de la volonté de ses membres. On distingue les personnes morales de droit
public et les personnes morales de droit privé.

UPI-ONM 25
3-1- Les personnes morales de droit public

Ce sont les personnes morales régies par les règles du droit public.
On parle également de personnes publiques. Il s’agit des collectivités publiques
et des établissements publics.

Les collectivités publiques


Ce sont des personnes morales publiques ayant une assise territoriale.
A côté de l’Etat. On distingue les collectivités territoriales décentralisées ou
locales constituées par les départements, les régions et les communes.

Les établissements publics


Ce sont des personnes morales auxquelles on assigne des missions
spéciales c’est-à-dire la gestion d’un domaine déterminé de l’administration
publique. Selon leur spécialisation, on distingue :

 Les établissements publics administratifs


Ce sont des personnes morales auxquelles on confie la gestion d’un
service public visant essentiellement la satisfaction de l’intérêt
général.
Exemple : Le CHDBA.

 Les établissements publics à caractère scientifique et culturel


Ce sont les personnes morales dont la mission consiste à assurer
les formations et les recherches dans les domaines scientifiques et
culturels.
Exemple : L’UAC et L’UP.

 Les établissements publics à caractère industriel et commercial


Ce sont des personnes morales ayant pour mission la gestion de
certaines activités dans des conditions comparable à celles des
entreprises privées. Les Établissements Publics à caractère Industriel
Commercial visent essentiellement l’intérêt privé de l’Etat. A titre
illustratif, on peut citer le port autonome de Cotonou, Bénin Télécom
SA.

UPI-ONM 26
3-2-Les personnes morales de droit privé

Ce sont des personnes morales régies par les règles du droit


privé. On distingue les associations à caractère désintéressées et les
sociétés commerciales.

Les associations désintéressées


On entend par association des personnes morales créées sur le
fondement de la loi française du 1er juillet 1901. On distingue des associations
déclarées, des associations non déclarées et des associations déclarées ou
reconnues d’utilité publique.
 Les associations non- déclarées n’ont pas la personnalité juridique ;
 Les associations déclarées sont celles qui ont accompli les formalités
administratives requises et dont l’existence est reconnue par l’autorité
publique pour l’attribution d’un numéro d’enregistrement. Ce sont par
exemple les ONG, les syndicats, les coopératives, les mutuelles ;
 Les associations reconnues d’utilité publique sont celles auxquelles on
confie la gestion d’un service public et qui bénéficie d’une protection
plus ou moins large et d’une surveillance administrative.
Ce qui caractérise fondamentalement l’association, c’est l’absence de la
recherche d’un but lucratif. De ce fait, l’association se distingue de la société
commerciale principalement par le fait que :
- la société poursuit toujours un but lucratif ; ce qui n’est pas le cas de
l’association ;
- les bénéfices réalisés par la société sont toujours partagés entre les
sociétaires ; ce qui n’est le cas de l’association.

Les sociétés commerciales


On entend par société un accord de volonté par lequel deux
ou plusieurs personnes décident d’affecter à une entreprise commune
certains de leurs biens en vue de partager les bénéfices qui en
résulteraient en s’engageant à contribuer aux pertes éventuelles. Le
terme société désigne aussi les personnes morales créées à partir du
contrat de société.
Les sociétés commerciales poursuivent à titre principal la
réalisation et le partage des bénéfices. Ce sont, donc, des personnes
morales à but lucratif par excellence.

Les groupements d’intérêt économique

Contrairement aux sociétés commerciales, les groupements


d’intérêt économique ne visent pas la réalisation d’un bénéfice à
partager entre les membres. Ils poursuivent au contraire la promotion

UPI-ONM 27
des activités de ses membres. Le groupement d’intérêt économique est
créé pour une durée déterminée et prend fin dès que les objectifs qu’il
s’est fixé se réalisent. Dans la pratique, l’activité du groupement
d’intérêt économique apparaît comme accessoire à celle de ses
membres.

3-3- Les éléments fondamentaux de la personne morale

Il sera traité ici des personnes morales de droit privé notamment leur
durée et leurs attributs.

La durée de la personne morale


Comme la personne physique, la personne morale naît, vit et meurt. Aussi, la
personne :
 N’existe-t-elle que par une manifestation de volonté qui
s’exprime le plus souvent dans un contrat mais peut,
aussi, résulter d’un acte unilatéral (SURL) ;
 Est-elle titulaire, pendant son existence, de droits et
d’obligations mis en œuvre par les personnes physiques
qui en sont les organes de gestion ;
 Est-elle caractérisée par sa pérennité, sa durée de vie
pouvant se renouveler indéfiniment.

Les attributs de la personne morale


Comme la personne physique, la personne morale est individualisée par son
nom, son siège qui est son domicile et une nationalité.
En outre, elle est juridiquement capable et possède un patrimoine distinct de
celui de ses membres.

UPI-ONM 28
Chapitre 05 : LE PATRIMOINE :

Si les droits extrapatrimoniaux sont attachés à la personne et en tant que tels sont
incessibles, la personnalité juridique confère à son titulaire la possibilité de recevoir ou
d’acquérir des droits qui sont de nature économique : ce sont les droits qui composent
le patrimoine de la personne. Toute personne physique ou morale a un patrimoine
appréciable en argent. Après avoir précisé la notion de patrimoine, nous préciserons
ses caractères avant de s’intéresser à sa composition.

1- la notion de patrimoine :
Dans le langage courant, le patrimoine désigne la richesse d’une personne, les biens
qu’elle possède et qui constituent sa fortune, le montant de ses avoirs. Mais, au sens
juridique, le patrimoine est l’ensemble des droits ou obligations (ou dettes) ayant
une valeur économique dont une personne est titulaire.
Un patrimoine se compose donc d’un actif constitué par l’ensemble des droits ayant
une valeur pécuniaire, c’est-à-dire des droits patrimoniaux et d’un passif constitué par
les obligations et les dettes.

2- Les caractères du patrimoine :


Le patrimoine présente les caractères suivants :
 Le patrimoine est un attribut de la personnalité juridique tout comme
le nom ou le domicile : il s’ensuit que seules les personnes, physiques ou
morales, ont un patrimoine.
 Toute personne a un patrimoine même si au moment où l’on parle
cette personne n’a que des dettes ; le patrimoine étant distinct des biens
qui le composent à une période déterminée. En effet, le patrimoine est
une projection pécuniaire de la personne. On le compare volontiers à
« un sac que chaque homme porte, sa vie durant, sur son épaule et dans
lequel viennent s’enfourner pêle-mêle tous ses droits, ses créances et ses
dettes ». l’enfant, le clochard et même le fou ambulant ont un patrimoine
ne fut-ce-t-il virtuel !
 Toute personne n’a qu’un patrimoine parce qu’elle n’a qu’une seule
personnalité juridique. Le patrimoine est un ensemble indivisible où
l’actif et le passif sont liés.
 Le patrimoine est intransmissible entre vifs parce qu’il est
inséparable de la personne.
Du principe de l’unité du patrimoine découle deux conséquences :
 La totalité de l’actif répond de la totalité du passif. En effet, aux termes de
l’article 2092 du code civil « quiconque s’est obligé personnellement, est tenu
de remplir son engagement sur tous ses biens mobiliers et immobiliers, présents
et à venir ». en d’autres termes, le patrimoine est le « gage général » des
créanciers ;
 Il n’est pas possible de séparer certains éléments du patrimoine de l’ensemble,
de créer des compartiments où une masse de biens répondrait d’une activité
quelconque sauf à prendre en compte la théorie du patrimoine d’affectation
permettant à un commerçant d’affecter une partie de ses biens à son activité

UPI-ONM 29
professionnelle et l’autre à sa vie privée dans le cadre d’une SARL
unipersonnelle.

3- la composition du patrimoine :

De quels éléments se compose un patrimoine ? Le patrimoine regroupe un ensemble


de droits et un ensemble d’obligations, un actif et un passif
L’actif du patrimoine est composé de toutes les prérogatives (droits ou créances) qui
expriment une valeur positive dans le patrimoine (voiture, portable meubles
meublants etc.)
Le passif du patrimoine est constitué par les obligations ou dettes qui viennent
diminuer le patrimoine (paiement d’un impôt, remboursement d’un prêt, l’obligation
alimentaire etc.)

De fait, le patrimoine est composé de droits subjectifs susceptibles d’une évaluation en


argent : ce sont les droits patrimoniaux. Il existe trois grandes catégories de droits
patrimoniaux : les droits réels, les droits personnels et les droits intellectuels.

3-1- les droits réels :


Les droits réels sont des droits qui confèrent à leur titulaire un droit direct sur une
chose (en latin : res = chose) et qui procure à son titulaire tout ou partie de l’utilité de
chose. Ainsi, un étudiant propriétaire d’un portable peut l’utiliser pour communiquer,
le laisser à sa petite amie ou le vendre. On distingue deux catégories de droits réels :
les droits réels principaux et les droits réels accessoires.

a- les droits réels principaux :


Ces droits permettent l’utilisation directe de la chose. Ce sont le droit de propriété et
ses démembrements.
Le droit de propriété :
Le droit de propriété est le droit de jouir et de disposer des choses de la manière la plus
absolue, pourvu qu’on n’en fasse pas un usage prohibé par les lois et les règlements.
En effet, le propriétaire a le droit :

 D’user de la chose (usus) c’est-à-dire de s’en servir ou de ne pas s’en servir ;


 De jouir et de percevoir les fruits de la chose ( fructus) c’est-à-dire de faire
fructifier son bien ou de le laisser à l’abandon ou encore de modifier son
exploitation ;
 De disposer de son bien (abusus) c’est-à-dire le droit de détruire éventuellement
son bien, de le vendre ou de le donner. La destruction pouvant être physique ou
juridique.

UPI-ONM 30
Les démembrements du droit de propriété :
Les démembrements du droit de propriété ne confèrent à leur titulaire que certains
attributs de la propriété. Ils sont constitués par l’usufruit et la servitude.

 L’usufruit : c’est le droit qui est conféré à une personne d’utiliser une chose et
de jouir et de percevoir les fruits de cette chose sans en être propriétaire. Le
titulaire de l’usufruit est appelé usufruitier. L’usufruitier n’est pas titulaire du
droit de disposer de la chose (l’abusus). Ce droit est reconnu à une autre
personne appelée le nu-propriétaire
 La servitude est une charge imposée à un immeuble au profit d’un immeuble
voisin. En d’autres termes, c’est un droit retiré à un immeuble en faveur d’un
autre immeuble. L’immeuble auquel on retire en droit est appelé fond servant
alors que l’immeuble au profit duquel ce droit est retiré est appelé fond
dominant.

b- Les droits réels accessoires :

Ils sont constitués par les sûretés. Une sûreté est un droit dont dispose un créancier sur
un bien meuble ou immeuble que le débiteur a mis en garanti de paiement de la
créance qu’il lui a consenti on distingue le gage, le nantissement, l’hypothèque.

Le gage
Le gage est un droit réel accessoire dont dispose le créancier sur un lien meuble
appartenant au débiteur et mis en garantie du paiement de la créance consentie. Le
gage entraîne la dépossession du bien gagé. Le bénéficiaire du gage s’appelle
créancier gagiste. Il doit veiller en « bon père de famille » sur le bien gagé.

Le nantissement
Le nantissement est un droit réel accessoire relatif à un bien meuble mais qui
n’entraîne ne pas la dépossession du débiteur. Mais, le débiteur ne doit pas disposer
des biens nantis.

L’hypothèque
C’est un droit réel accessoire relatif à bien immeuble mis en garantie du paiement
d’une créance. Le bien hypothéqué reste en possession du débiteur. Ce dernier
peut exercer sur ce bien tous les attributs de la propriété à l’exception de l’abusus.

L’antichrèse :
C’est une sûreté réelle en vertu de laquelle le créancier, investi de la possession et de
la jouissance de l’immeuble et tenu de pourvoir à la conservation et à l’entretien de
celui-ci, en perçoit les fruits à charge de les imputer sur les intérêts. Le créancier peut
sans en perdre la possession donner l’immeuble à bail à un tiers ou au débiteur lui-
même, lequel, en aucun cas, ne peut réclamer la restitution de l’immeuble avant
l’entier acquittement de la dette.

UPI-ONM 31
3-2- Les droits personnels ou droits de créance :
Le droit personnel ou droit de créance est celui dont dispose un individu appelé
créancier à l’encontre d’un autre individu appelé débiteur en vertu duquel le débiteur
est tenu envers le créancier d’une obligation de donner, de faire ou de ne pas faire.
Ainsi, par exemple, le dépositaire dune chose est tenu envers le déposant d’une
obligation de donner (rendre la chose objet du dépôt) de même, le travailleur est tenu
envers son employeur d’une obligation de faire (faire le travail convenu) Enfin, le
bailleur d’un immeuble est tenu envers le preneur ( le locataire) d’une obligation de ne
pas faire (ne pas troubler la jouissance du preneur)

3-3- Les droits intellectuels


Les droits intellectuels sont des droits ayant une valeur pécuniaire qui confèrent à leur
titulaire un monopole d’exploitation. Ils se distinguent ainsi des droits réels en ce
qu’ils ne portent pas sur une chose et des droits personnels en ce qu’ils ne comportent
pas de débiteur.
En d’autres termes, c’est l’ensemble des prérogatives reconnus à une personne en
raison de son activité créatrice et qui regroupent la propriété industrielle, la propriété
commerciale, la propriété littéraire et artistique.
Les droits intellectuels comportent à la fois un aspect pécuniaire ( l’auteur peut vendre
son œuvre ou l’exploiter à son profit) et un aspect moral ( l’auteur est maître de son
œuvre et peut, seul, la modifier).

4- Les droits extra- patrimoniaux

Ce sont des droits insusceptibles d’une évaluation en argent c’est-à-dire des droits qui
ne sont pas monnayables en argent. En tant que tels, ils ne font pas partie du
patrimoine des sujets de droit. Ils sont reconnus à tout individu du seul fait de sa
naissance indépendamment de toute manifestation de volonté et pour toute la durée de
son existence.
On peut les regrouper en deux (02) parties : les droits de la famille et les droits de
personnalité

4-1- Les droits de la personnalité


Ils permettent à chaque individu d’obtenir des autres la reconnaissance et le respect de
sa personnalité. Les principaux droits de la personnalité sont les droits à l’intégrité
physique et les droits à l’intégrité morale.

Le droit à l’intégrité physique


C’est une prérogative reconnue à tout individu en vue de lui assurer une protection de
sa vie et de son corps. Il se décline en deux types de droits : le droit à la vie et le droit
au respect de son corps.
Le droit à la vie assure à toute personne le respect de sa vie. En vertu de ce droit, nul
ne peut ôter la vie à une personne humaine même sur la demande insistante de cette
dernière.

UPI-ONM 32
Quant au droit au respect de son corps, il assure la protection de la personne humaine
contre les coups et les blessures et même les interventions chirurgicales ne peuvent
être pratiquées qu’avec le consentement de la personne sauf si l’intérêt général est en
jeu (vaccination).
Le droit à l’intégrité morale
C’est une prérogative reconnue à un individu en vue de lui assurer la protection de
son nom, de son honneur, de sa dignité, de son intimité ou de sa vie privée. Il s’agit
du droit au nom, du droit à l’honneur, du droit à l’image et du droit au respect de la
vie privée. Il est protégé par l’interdiction de violer le domicile, le droit au secret
de la correspondance, l’interdiction de la diffamation, le droit à l’image
etc.…………

4-2-Les droits de la famille


Ce sont des droits reconnus à un individu en raison de son alliance ou de son lien de
parenté avec un autre individu. En d’autres termes, ce sont des droits reconnus aux
membres de la famille et qui s’exercent à l’intérieur ou dans les rapports familiaux. On
peut citer pêle-mêle l’obligation alimentaire, les droits successoraux, le devoir de
secours et d’assistance, le devoir de fidélité……… l’autorité parentale.

UPI-ONM 33
Chapitre 06 : La capacité juridique et ses altérations

Une personne physique ou morale est caractérisée par son état, sa capacité et son
patrimoine. En principe, toute personne ayant la personnalité juridique est
pleinement capable. La capacité juridique se définit comme l’aptitude d’une
personne à être titulaire de droits et à les exercer librement. On distingue la
capacité d’exercice (faculté à exercer les droits dont on est titulaire) et la
capacité de jouissance (aptitude à devenir titulaire de droits).

Pour diverses raisons, certaines personnes voient l’étendue de leur personnalité


limitée par les incapacités : ce sont les incapables. On s’intéressera
successivement à l’incapacité du mineur, aux majeurs incapables ainsi qu’au
régime de protection des majeurs incapables.

1- l’incapacité du mineur

Aux termes de l’art 459 al 1 CPF « est mineure la personne de l’un ou l’autre
sexe qui n’a pas encore l’âge de dix-huit (18) ans accomplis ». Le mineur est
frappé d’une incapacité générale en raison de son insuffisante maturité
intellectuelle. C’est une incapacité de protection et une incapacité d’exercice.
Mais, il sied de distinguer le mineur non émancipé du mineur émancipé.

1-1- le mineur non émancipé


Le mineur non émancipé est frappé d’une incapacité générale d’exercice. Il
s’ensuit qu’il ne peut exercer lui-même les droits dont il est titulaire : c’est son
représentant qui agit en son nom par le jeu de l’autorité parentale ou de la tutelle
qui constituent les procédés de protection du mineur.

1-1-1- le régime de protection du mineur non émancipé

La protection du mineur qui s’étend à sa personne et à ses biens est organisée


sous deux régimes différents : l’autorité parentale et la tutelle.

 L’autorité parentale
L’autorité parentale est le régime appliqué au mineur qui a son père et sa mère,
ou bien son père, ou sa mère. Il y a lieu, tout de même, de distinguer l’autorité
parentale sur la personne du mineur et l’autorité parentale sur les biens.

UPI-ONM 34
 L’autorité parentale sur la personne du mineur
L’autorité parentale vise protéger la personne du mineur. Les parents sont ainsi
tenus d’un ensemble d’obligations en même temps qu’ils sont titulaires de droits
déterminés par la loi dans l’intérêt de l’enfant. Il s’agit, en pratique, du droit de
garde, du droit de surveillance et de direction.
En vertu du droit de garde exercé par les parents, l’enfant ne peut quitter le
domicile parental sans autorisation.

Quant au droit de surveillance et de direction, il permet aux parents de surveiller


la conduite de l’enfant, de décider de son éducation, de contrôler ses
fréquentations etc.

 L’autorité parentale sur les biens du mineur

Elle comporte l’administration légale et la jouissance légale. L’administration


légale est assurée par le père si les deux parents assument ensemble l’autorité
parentale sur la personne du mineur ; par celui qui exerce cette autorité dans les
autres cas.

La jouissance légale est établie au profit de l’administrateur légal en contrepartie


des charges attachées à l’administration légale. Ainsi, les parents peuvent
conserver les revenus des biens du mineur jusqu'à ce que ce dernier ait atteint
l’âge de seize ans.

L’autorité parentale prend fin à la majorité de l’enfant ou lors de l’émancipation


de l’enfant du mineur ou encore par déchéance de l’autorité parentale prononcée
par le tribunal.

 La tutelle
La tutelle est le régime qui se substitue à l’autorité parentale lorsque le mineur
n’a plus de plus de parent ou s’il n’en a jamais eu ( enfant naturel non reconnu).
La tutelle s’exerce sur la personne du mineur ainsi que sur ses biens et comprend
plusieurs organes aux fonctions déterminées par la loi.

 Le tuteur
Il existe quatre modes de désignation du tuteur :
i. Le dernier des parents peut, par testament ou déclaration
devant notaire, désigner le tuteur de son choix ;
ii. A défaut la loi désigne comme tuteur, l’ascendant le plus
proche ;
iii. s’il y plusieurs ascendants du même degré, c’est le conseil de
famille qui choisit entre eux ;

UPI-ONM 35
iv. si personne n’accepte n’est contraint à accepter, les fonctions de
tuteur sont dévolues à l’Etat.

Le tuteur est l’organe exécutif et de représentation du mineur. Il a, sur la


personne du mineur des droits équivalents à ceux que confèrent l’autorité
parentale. Mais, pour les actes de disposition, il doit obtenir l’autorisation du
conseil de famille.
 Les organes de contrôle

Ils sont constitués par :


i. Le subrogé-tuteur, organe de surveillance et de
remplacement du tuteur ;
ii. Le conseil de famille, organe délibérant composé
de 4 à 6 membres et présidé par le juge des tutelle ;
iii. Le juge des tutelles, assure la surveillance de son
ressort.

1-2- le mineur émancipé


L’émancipation est l’acte juridique qui confère au mineur la pleine capacité
civile
 les cas d’émancipation
on distingue
i. l’émancipation expresse prononcée, s’il y a justes motifs par le juge
des tutelles à la demande des parents du mineur qui a déjà 16 ans
révolus ;
ii. l’émancipation de plein droit par le mariage du mineur.

 Les effets de l’émancipation


L’émancipation met fin à l’autorité parentale et confère au mineur la pleine
capacité civile.

2- les majeurs incapables

En principe, tous les majeurs sont capables. Mais, un majeur peut être déclaré
incapable par suite d’une altération de ses facultés physiques ou mentales
résultant d’une maladie, de l’âge ou de l’accident et l’empêchant de disposer
d’une volonté libre et éclairée.
L’incapacité peut également être prononcée en raison d’une faiblesse de
caractère risquant de ruiner le majeur et de compromettre l’avenir de sa
famille : on parle à ce propos de la prodigalité (dépenses exagérées ou
déraisonnables, intempérance).la loi organise la protection du majeur incapable
à travers trois(03) régimes qui doivent tenir compte des cas de chaque incapable
majeur. Il s’agit de la sauvegarde de justice, la curatelle et de la tutelle.

UPI-ONM 36
2-1- la sauvegarde de justice

C’est un système de protection minimum et temporaire. Le placement sous


sauvegarde de la justice n’entraîne pas véritablement incapacité puisque le
majeur placé sous ce régime conserve l’exercice de ses droits. Toutefois, les
actes qu’il accomplit, qu’ils soient d’administration ou de disposition, sont
susceptibles d’être rescindés pour lésion, soit d’être réduits en cas d’excès
(paiement d’un prix exagéré par la majeur sous sauvegarde) alors même qu’il
serait impossible de prouver l’existence du trouble mentale au moment de l’acte.

Quelles sont les personnes concernées par cette mesure et quelle est la
procédure ?
 personnes concernées : ce sont les majeurs ayant besoin
d’être protégés sans que, cependant, l’organisation d’une
curatelle ne soit nécessaire, le degré de déficience mentale
n’étant pas grave.
 Procédure : elle résulte d’une déclaration du médecin
traitant au Procureur de la République, déclaration qui
doit être accompagnée de l’avis conforme d’un médecin
spécialiste.

2-2- la curatelle

C’est un régime d’incapacité partielle qui s’applique à ceux qui sans être hors
d’état d’agir eux-même ont besoin d’être surveillés ou contrôlés dans les actes
de la vie civile.
En pratique, l’incapable accomplit valablement les actes d’administration mais
doit être assisté par son curateur pour les actes de disposition.

 Personnes protégées : ce sont les majeurs qui ont besoin


d’être conseillés ou contrôlés sans pour autant être
incapables d’agir
 Procédure c’est au juge du TPI compétent qu’il revient
de placer l’incapable sous le régime de la curatelle. La
mise en curatelle n’est pas définitive.

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2-3- la tutelle

C’est le régime de protection le plus complet. La tutelle s’applique majeurs dont


l’état de santé exige qu’ils soient représentés de manière continue dans les actes
de la vie civile.
 Personnes protégées : ce sont les personnes dont les facultés sont
gravement altérées ;
 Procédure : l’ouverture de la tutelle est prononcée par le juge
lorsque l’altération des facultés mentales a été constatée par un
médecin spécialiste choisi sur une liste établie par le Procureur de la
République. Les actes irrégulièrement accomplis par le majeur
incapable sous tutelle son frappés de nullité relative.

UPI-ONM 38
Chapitre 07 : GENERALITES SUR LES CONTRATS

Un contrat est un accord de volonté créateur d’obligations à l’égard d’une, deux ou


plusieurs personnes. Il existe plusieurs sortes de contrats qui ont fait l’objet de
classification et on distingue les classifications du code civil et les autres
classifications dites classifications doctrinales.

I-Les classifications du code civil

Le code civil fait une classification des contrats qui se présente en trois niveaux :
- Les contrats synallagmatiques et unilatéraux
- Les contrats à titre gratuit et à titre onéreux
- Les contrats commutatif et aléatoire

1-1- Le contrat unilatéral et le contrat synallagmatique

Un contrat est dit unilatéral lorsqu’une ou plusieurs personnes s’obligent envers une ou
plusieurs sans que de la part de ces derniers il y ait engagement.

Exemple : La promesse de payer, le dépôt, le prêt……

Un contrat est dit synallagmatique lorsque les cocontractants s’engagent


réciproquement les uns envers les autres.

Exemple : contrat de vente, de location, de travail de transport, de mariage……

1-2-Le contrat à titre gratuit (de bienfaisance) et le contrat à titre onéreux.

Un contrat de bienfaisance est celui dans lequel une personne s’engage à procurer à
l’autre un avantage sans contrepartie.

Exemple : La donation sans charge (dans une donation, le donateur transfère un bien
de son patrimoine dans celui du donataire, sans rien recevoir en échange).

Un contrat à titre onéreux est celui dans lequel chacune des parties tire un avantage de
son engagement. En d’autres termes, c’est un contrat qui assujettit chacune des parties
à donner ou à faire quelque chose.

Exemple : Contrat de vente, contrat de travail.

1-3- Le contrat commutatif et le contrat aléatoire.

Un contrat est dit commutatif lorsque chacune des parties connaît dès la conclusion du
contrat la nature et l’étendue de ses obligations.

UPI-ONM 39
Exemple : contrat de vente dont le prix est fixé dès le départ, contrat de travail, de
location.

Le contrat est dit aléatoire lorsque l’une au moins des parties ignore l’étendue de son
obligation qui dépend de la survenance d’un évènement futur et incertain.

Exemple : La vente d’un immeuble en échange du versement d’une rente viagère : le


prix de l’immeuble dépend de la durée de vie du bénéficiaire de la rente ; le contrat
d’assurance.

II : Les classifications doctrinales :

A côté des classifications du code civil, la doctrine opère les classifications ci-après :

2 1- les contrats nommés et les contrats innomés

Les contrats nommés sont ceux qui ont fait l’objet d’une réglementation à travers le
code civil. Il s’agit des contrats dont l’usage est fréquent comme par exemple le
contrat de vente de dépôt, de louage.

Un contrat est dit innomé lorsqu’il n’a fait l’objet d’aucun dispositif légal spécifique
et qui, en tant que tels, sont soumis au droit commun des contrats.

Exemple : contrat d’hôtellerie.

2-2- Les contrats solennels et les contrats non-solennels

Les contrats solennels sont ceux qui sont soumis à peine de nullité à un formalisme
déterminé par la loi.

Exemple : le contrat de mariage, la donation, l’hypothèque, la vente des avions et


navires

Les contrats non-solennels sont ceux qui ne sont soumis à un aucun formalisme
particulier. Ils peuvent être établis sous la forme écrite sans qu’on ait besoin de
recourir à un formalisme.

Exemple : le contrat de location ou d’achat de moto.

2-3- Les contrats consensuels et les contrats réels

Un contrat est dit consensuel lorsqu’il est présumé valablement formé par le simple
accord de volonté des parties et indépendamment de la remise d’une chose et sans
qu’on ait besoin de recourir à un formalisme rigoureux.
Exemple : contrat de vente de meubles, de location de meuble

UPI-ONM 40
Un contrat réel c’est celui dont la formation n’est parfaite qu’après remise d’une
chose. Il existe seulement 3 contrats réels : le dépôt, le gage et le prêt à usage même si
le gage, sûreté réelle, n’est plus considérée par une partie de la doctrine comme un
contrat réel.

2-4- Les contrats négociés et les contrats d’adhésion :


Les contrats négociés sont ceux dont les termes sont librement discutés par les parties.

Exemple : contrat de vente, de location etc.

Les contrats d’adhésion sont ceux qui sont établis par une des parties et soumises à
l’autre partie qui n’a d’autre choix que celui d’adhérer ou de refuser en bloc le contrat.

Exemple : le contrat assurance, les contrats de consommation courantes (achat de


pain, d’eau SONEB)

2-5- Les contrats instantanés et les contrats successifs

Un contrat est dit instantané lorsque son exécution se réalise en un laps de temps.

Exemple : contrat de vente, contrat de restauration.

Un contrat est dit successif lorsque son exécution l’échelonne dans le temps.
Exemple : Contrat de travail, contrat de bail commercial.

III : Formation du contrat

Pour qu’un contrat soit valablement formé quatre (04) conditions ou éléments sont
nécessaires : le consentement de la partie qui s’engage, la capacité de contracter, un
objet qui forme la matière de l’engagement et une cause licite.

3-1-Le consentement des parties :

Le consentement est l’accord de volonté entre les parties au contrat. C’est un élément
essentiel à la formation du contrat car en effet son absence ou ses vices entraînement
la nullité du contrat. De fait, le consentement des parties à un contrat suit une
procédure qui fait apparaître deux concepts fondamentaux.

En effet, le consentement s’analyse comme une offre acceptée par le cocontractant.


Ainsi l’offre et l’acceptation forment le contrat. La rencontre entre l’offre et
l’acceptation ne soulève aucune difficulté lorsque les deux (02) parties se trouvent au
même endroit, mais les difficultés apparaissent lorsque les contrats sont conclus par
correspondance (contrat entre absents).

UPI-ONM 41
On se demande souvent à quel moment et à quel endroit l’offre et l’acceptation se sont
rencontrées pour que le contrat soit formé. En réponse à cette préoccupation on admet
généralement que le contrat est formé au lieu et au moment de l’émission de
l’acceptation. C’est également ce lieu qui détermine le tribunal compétent pour
connaître des litiges éventuels relatifs au contrat ainsi que les principes juridiques
applicables.

En tout état de cause l’offre doit être précise, ferme et dépourvue d’équivoque. Quant à
l’acceptation pour qu’elle permette la formation du contrat, il faut qu’il y ait
concordance de l’offre et de l’acceptation sur tous les éléments essentiels du contrat.
Lorsque cette concordance n’est pas réalisée on dit que le consentement est vicié.

 Qualités du consentement

Pour être valable le consentement doit être dénué (exempt) de vices. En d’autres
termes le consentement doit être libre, volontaire, éclairé et sans équivoque. Le
consentement qui ne remplit pas ces conditions est vicié et entraîne la nullité du
contrat.

 Les vices du consentement

Il s’agit de l’erreur, du dol et de la violence

 L’erreur
L’erreur consiste à croire vrai ce qui est faux ou faux ce qui est vrai
L’erreur entraîne la nullité relative du contrat que seule la personne qui a commis
l’erreur peut invoquer la nullité relative.

On distingue l’erreur sur la substance et l’erreur sur la personne.

L’erreur sur la substance pour entraîner la nullité doit remplir la triple condition ci-
après : avoir déterminé le consentement de l’autre partie ; porter sur un élément
essentiel de la prestation envisagée et être connue du défendeur et dans ce cas on parle
d’erreur commune

L’erreur sur la personne est évoquée comme cause de nullité dans les contrats où la
qualité essentielle et la considération de la personne jouent un rôle déterminant dans la
conclusion du contrat.
 Le dol
Le dol est un comportement malhonnête, le plus souvent d’un contractant envers
l’autre, sous forme de manœuvres, mensonges, feinte destinés à surprendre le

UPI-ONM 42
consentement de l’autre partie. Le dol est une fraude commise lors de la conclusion du
contrat. Le dol entraîne la nullité relative du contrat.

Pour entraîner la nullité, le dol doit :


- Avoir eu une influence déterminée dans le consentement de l’autre partie ;
les manœuvres frauduleuses doivent être telles que sans celles –ci l’autre
n’aurait pas contracté ;
- Avoir provoqué l’erreur de l’autre partie même si le dol ne porte pas sur un
élément substantiel du contrat ;
- Etre intentionnel et en principe imputable au cocontractant.

 La violence :

C’est une pression ou une contrainte exercée sur la volonté d’une personne pour
l’amener à donner son consentement : c’est la crainte qu’elle inspire qui vicie le
consentement.
La violence entraîne la nullité relative du contrat, qu’elle porte sur le cocontractant ou
sur une personne qui lui est chère ou même qu’elle soit le fait d’un tiers.

3-2- L’objet :
L’objet est ce sur quoi porte le contrat ; ce à quoi s’oblige le débiteur. Pour que
le contrat soit valablement formé il faut que l’objet ait une réalité, une valeur
ainsi qu’un caractère licite.
 La réalité du contrat : signifie qu’il doit exister et être déterminé
au moment de la conclusion du contrat. Dans ce dernier cas s’il
s’agit d’une chose du genre elle doit être déterminable.
 La valeur de l’objet : L’objet du contrat ne doit pas être une
chose hors du commerce.

3-3- La cause :
La cause c’est le pourquoi de l’obligation contractuelle ; ce qui l’explique. En d’autres
termes, c’est la raison ou les motifs qui amènent les parties à contracter

 Qualités de la cause

Tout comme l’objet la cause doit exister, être déterminer ou déterminable.


Elle doit être licite et conforme aux bonnes mœurs. L’absence de la cause ou son
illicéité entraîne la nullité du contrat.

UPI-ONM 43
VI : Sanctions des conditions de validité du contrat :

Lorsque les conditions de validité du contrat font défaut ou sont irrégulières lors de la
formation du contrat celui-ci est annulé.

4-1- Les conditions d’exercice des nullités :

Il faut distinguer les nullités relatives et les nullités absolues.

 Les nullités relatives


La nullité relative est celle qui ne peut être invoqué que par la partie que la loi est
supposée protéger la victime du préjudice résultat de la violation de la règle de droit.
La nullité relative doit s’exercer dans un délai de 5 ans sous peine d’être éteinte.

 Les nullités absolues :

Sont celles qui visent à protéger l’ordre public et l’intérêt général. Elles peuvent être
invoquées par toute personne intéressée et doit être soulevée d’offrir par le juge qui en
a connaissance.

4-2- Les effets des nullités :

En principe les nullités entraînent l’anéantissement du contrat que le contrat ne produit


plus d’effet juridique. Toutefois pour les contrats qui ont déjà connu un début
d’exécution, les prestations doivent être restituées dans la mesure du possible.
Enfin, les nullités peuvent entraîner le versement des dommages – interprètes à la
parie lésée par la cause de la nullité.

V – Les effets des contrats

Une fois conclu le contrat engendre des obligations à l’égard des parties : on parle de
la force obligatoire du contrat. Ainsi, si les parties ne respectent pas leurs obligations,
elles peuvent voir engager leurs responsabilités contractuelles alors que certaines
sanctions peuvent être infligées en raison des préjudices causés à autrui du fait de leur
défaillance.
A l’égard des tiers, le contrat n’engendre aucune obligation : on parle de l’effet relatif
du contrat. Mais le principe de l’effet relatif du contrat comporte quelques exceptions.
Pour s’en rendre compte, nous examinerons successivement les effets du contrat à
l’égard des parties et les effets du contrat à l’égard des tiers.

UPI-ONM 44
5-1 – Les effets du contrat à l’égard des parties :

Il résulte de l’article 1134 du code civil que les conventions légalement formées
tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites et que celles – ci doivent s’exécuter de
bonne fois. Aussi ces conventions ne peuvent-elles être révoquées que de leur
consentement mutuel ou des conditions que la loi autorise. Il se dégage donc quelques
principes des dispositions de l’art. 1134 du code civil :

 Le principe de l’effet obligatoire du contrat s’impose d’abord aux


parties :
Ce principe signifie que les parties sont tenues d’exécuter leurs prestations respectives
et qu’aucune partie ne peut mettre fin unilatéralement au contrat. En d’autre terme la
force obligatoire du contrat impose son exécution et sa fin ne peut intervenir que par
suite d’un consentement mutuel des parties. Mais le principe de la force obligatoire du
contrat comporte quelques exceptions.
Certaines clauses contractuelles peuvent permettre de réviser ou de résilier le révisable
tous les 3 ans à l’initiative du bailleur
Certains contrats sont résiliables unilatéralement. C’est le cas du contrat de mandats,
du contrat de société et de manière générale tous les contrats à durée indéterminée.
 Le principe de l’effet obligatoire s’impose au juge : (lorsqu’il doit
interpréter le contrat)
Si le contrat sert de loi aux parties, il s’impose également au juge qui est tenues de
l’appliquer. Mais ce principe connaît quelques atténuations :
Le juge saisie d’un litige lié à l’exécution d’un contrat peuvent accorder les délais de
grâce au débiteur compte tenu de la position sociale ou économ ique de ce dernier
Le juge peut déroger au contrat si celui – ci comporte des clauses abusives et chercher
don à rétablir l’équité.
Le juge peut également modifier le contrat conclu entre les parties mais qui comporte
des clauses ambiguës. En pareil cas la modification peut résulter de la recherche de
l’intention commune des parties au moment de l’établissement du contrat.

 Le principe de l’effet obligatoire s’impose au législateur :


En raison de ce principe, la loi nouvelle ne produit pas d’effet à l’égard des contrats
établis avant son entrée en vigueur. En d’autres termes le législateur ne doit pas
modifier par la loi nouvelle les contrats déjà conclus et en cours d’exécution. Toute
fois l’effet obligatoire du contrat à l’égard de législateur connaît des limites. Ainsi, les
lois sociales s’appliquent immédiatement et même au contrat en cours d’exécution
avant leur entrée en vigueur. Il est loisible au législateur de faire des lois rétroactives.

UPI-ONM 45
5-2- Les effets du contrat à l’égard des tiers :
 Le principe :
En raison de l’effet relatif du contrat celui – ci ne produit ou n’entraîne aucune
obligation à l’égard des tiers (les personnes qui n’ont pas pris part au contrat). Mais il
importe de préciser que la notion d’effet du contrat afin de mieux apprécier la
relativité des effets du contrat.

On distingue entre les effets du contrat, les effets obligatoires et les effets opposables
aux tiers.

En effet, les parties au contrat ne peuvent pas imposer aux tiers d’exécuter leurs
obligations. Toutefois, elles peuvent opposer à ces derniers le contrat conclu entre
elles.

Par ailleurs, il est utile de noter que non seulement le principe de l’effet relatif du
contrat connaît quelques exceptions mais surtout qu’il est également possible de
contracter pour autrui.

On remarquera utilement qu’il existe une variété de tiers qui peuvent être touché par
un contrat auquel ils ont pris part. il en est ainsi dans les cas ci-après :

- Les représentés : il s’agit ici des personnes au nom et pour le compte


desquelles le contrat a été conçu mais ont été représenté lors de sa conclusion.

- Les ayants causes à titre universel : il s’agit des successeurs d’une personne
décédée. Dans la mesure ou ils recueillent la totalité du patrimoine du défunt
(de cujus), ils reprennent également les contrats auxquels ce dernier était partie.

- les créanciers chirographaires : ce sont les créanciers ordinaires qui en tant


que tels disposent d’un droit de gage général sur le patrimoine du débiteur.
Ainsi tous les contrats entraînant un appauvrissement ou un enrichissement de
son patrimoine entraînent des conséquences sur l’assiette de leur créances.

 Exceptions ou atténuations au principe de l’effet relatif du contrat : (les


contrats pour autrui).

Il s’agit essentiellement de la stipulation pour autrui et des contrats collectifs.

La stipulation pour autrui est un contrat entre deux personnes (le promettant et le
stipulant) au terme duquel le promettant s’engage auprès d’un tiers (le bénéficiaire à
exécuter une obligation à son profit.
EX : Contrat d’assurance au profit d’un tiers.

UPI-ONM 46
Les contrats collectifs sont ceux qui produisent leurs effets à l’égard des tiers même si
ces derniers ne se reconnaissent pas à travers les signataires des dits contrats. C’est le
cas des conventions collectives du travail.

UPI-ONM 47
Chapitre 08 : l’exécution des contrats.

Le procédé normal d’exécution forcée est la saisie. Il existe différentes sortes de


saisies : la saisie exécution ou saisie des meubles corporels (la plus courante pour les
dettes peu élevées), la saisie immobilière. Ces saisies ont pour but de faire vendre les
biens du débiteur et de se faire payer sur le prix. Il existe aussi la saisie – arrêt qui peut
porter sur les salaires, sur les comptes en banque ou sur toute autre créance du
débiteur.

Les saisies concernent avant tout l’exécution forcée en nature d’obligation de sommes
d’argent.

Si l’obligation de donner, de faire ou de ne pas faire est réalisable et présente encore


un intérêt certain pour le créancier, le tribunal peut contraindre le débiteur à exécuter
son obligation en nature sous astreinte, c’est – à – dire en payant au créancier une
somme relativement élevée par jour, semaine ou mois de retard. Mais, il existe
d’autres formes d’exécution.
Lorsque le créancier ne peut pas ou ne veut plus obtenir

B – L’exécution par équivalence : la mise en jeu de la responsabilité


contractuelle.

De son débiteur l’exécution forcée en nature de son obligation, il ; peut demander


l’exécution par équivalence sous forme de dommages intérêts.

Ex : Le contrat de transport passé entre un chauffeur de taxi et un client est un contrat


synallagmatique qui a pour effet de créer une obligation de conduire le client « à bon
port » pour le chauffeur de taxi et une obligation de payer le prix à la charge du client.

Si le client est blessé à la suite d’un coup de frein brutal du chauffeur de taxi, la
responsabilité contractuelle du transporteur va être engagée. En effet, le client subit un
préjudice du fait de l’inexécution de l’obligation du chauffeur de taxi qui constitue
une faute obligeant le transporteur à réparer le préjudice subit sous forme de
dommages – intérêts.
La mise en jeu de la responsabilité contractuelle suppose la réunion de trois
conditions : un dommage ou préjudice, une faute, un lien de causalité entre la faute et
le dommage.

Ainsi, les conditions de la responsabilité contractuelle sont semblables aux conditions


de la responsabilité civile délictuelle.

UPI-ONM 48
1- LES CONDITIONS DE LA RESPONSABILITE CONTRACTUELLE

a) Le dommage
Le dommage peut résulter du défaut d’exécution totale ou partielle de la prestation,
ou de son exécution défectueuse.
Ex : un matériel non livré, une réparation mal faite,……….
Les dommages – intérêts dus pour réparer le préjudice subi par le créancier sont
appelés dommages – intérêts compensatoires.
Le dommage peut aussi résulter du retard dans l’exécution de l’obligation
Ex : une livraison tardive.
Les dommages – intérêts dus pour réparer le préjudice subi par le créancier du fait
de ce retard sont appelés dommages – intérêts moratoires.

Le dommage comprend deux éléments : la perte subie et le gain manqué.

« Les dommages et intérêts dus au créancier sont, en général de la perte qu’il a


faite et du gain dont il a été privé .Le dommage à réparer peut être matériel, moral
ou corporel. » Article 1149 du Code civil

b) le fait imputable au débiteur : la faute contractuelle

D’après l’article 1147 du Code civil, le débiteur est responsable de l’inexécution de


son obligation toutes les fois qu’il n’en a pas été empêché par une cause étrangère :
s’il a promis d’exécuter une obligation et s’il ne l’exécute pas, il commet une faute.

1. LES DIFFERENTES QUALIFICATIONS DE LA FAUTE


CONTRACTUELLE

L’inexécution du contrat est, en principe, toujours fautive mais, de la qualification


de la faute, dépend souvent l’étendue des dommages – intérêts. Concernant la faute
contractuelle, le code civil, dans son article 1150, distingue le dol ou faute
intentionnelle et la faute non intentionnelle.

 Le dol ou mauvaise foi est un refus intentionnel du débiteur d’exécuter son


obligation net ceci, par exemple, pour nuire à son créancier. (il ne faut pas
confondre le dol dans l’exécution du contrat avec le dol dans la formation du
contrat lorsqu’il entraîne un vice du consentement).

 La faute non intentionnelle peut présenter différents degrés de gravité. Elle


peut être lourde : la jurisprudence assimile la faute lourde au dol lorsqu’elle
semble inexcusable. Elle peut être légère lorsqu’elle est constituée par une
négligence ou par une imprudence.

UPI-ONM 49
2° LA PREUVE DE LA FAUTE CONTRACTUELLE
La charge de la faute contractuelle dépend de la nature de l’obligation du débiteur.
Il convient de rappeler qu’il est des contrats où le débiteur promet au créancier un
résultat défini : il est tenu d’une obligation de résultat. Il est des contrats où le
débiteur met au service du créancier les moyens dont il dispose en s’engageant à
faire de son mieux : son obligation est une obligation de moyens.

● Obligation de résultat
Lorsque le résultat n’est pas atteint, le débiteur set présumé fautif, ce qui a pour
effet d’engager sa responsabilité sans que le créancier ait à prouver une faute du
débiteur. C’est une présomption simple de responsabilité.

● Obligation de moyens
Il ne suffit pas au créancier que le résultat recherché n’a pas été atteint, il doit
prouver que le débiteur n’a pas apporté toute la diligence nécessaire à l’exécution
de son obligation et qu’il a ainsi commis une faute. La charge de la preuve incombe
au créancier.

3 - L’aménagement conventionnel de la responsabilité contractuelle.

Il est fréquent que les parties modifient par voie conventionnelle le régime de la
responsabilité contractuelle et aménage à l’avance les conséquences d’un éventuel
inexécution de leurs obligations.

Ainsi les clauses limitatives de responsabilité ou des clauses pénales peuvent être
insérées dans le contrat, et même des clauses de non –responsabilité.

LES CLAUSES LIMITATIVES DE RESPONSABILITE

Les clauses limitatives de responsabilité fixent un plafond à la réparation due


éventuellement au créancier.

Ex : Une clause du contrat de transport aérien prévoit qu’en cas de perte d’un
bagage, le transporteur sera tenu de ne verser qu’une somme forfaitaire..
Responsabilité « bagages ».
Ces clauses sont valables sauf en cas de dol ou de faute lourde du débiteur ou lorsque
la loi les interdit.

a. LES CLAUSES PENALES.

Les clauses pénales sont celles par lesquelles les parties fixent à l’avance et de manière
forfaitaire le montant des dommages – intérêts qui seront dus en cas d’inexécution, de
retard ou de faute dans l’exécution.
Ex : un entrepreneur s’engage à construire une maison individuelle qui
devra être terminée le 30 Juin 1992. si la maison n’est pas achevée dans le
délai convenu, il payera une somme forfaitaire de 2000F par jour de retard.

UPI-ONM 50
Mais pour que de telles clauses comportent des risques d’abus, le juge a la possibilité
« de modérer ou d’augmenter la peine avait été convenue, si elle est manifestement
excessive ou dérisoire. Toute stipulation contraire sera réputée non écrite » ( art 1152 –
2° du code civil).

Si la faute prouvée a été la cause du dommage subi par le patient, car il n’est tenu que
d’une obligation de moyens.
Y.DAGORNE – LABBE, Recueil Dalloz – Sirey, 1990.

3° Les causes d’exonération de la responsabilité du débiteur.

Le débiteur est condamné, s’il y a eu lieu, au paiement des dommages et intérêt, soit à
raison de l’inexécution de l’obligation, soit à raison du retard dans l’exécution, toutes
les fois qu’il ne justifie pas que l’inexécution provient d’une cause étrangère qui ne
peut lui être imputée, encore qu’il n’y ait aucune mauvaise foi de sa part.
« La cause étrangère peut être constituée comme en matière de
responsabilité délictuelle par la force majeure ou le cas fortuit ou le fait du
créancier lui – même. » Article 1147 du code civil.

NB : La force majeure est un évènement :


- normalement imprévisible, objectivement et pour tout le monde ;
- normalement irrésistible (ou insurmontable) ;
- externe au débiteur ou à l’activité de son entreprise.

C – Le lien de causalité entre la faute et le dommage.

Comme en matière de responsabilité délictuelle, le préjudice subi par le créancier doit


être la conséquence directe la faute commise par le débiteur. En effet, selon l’article
1151 du code civil, le préjudice subi doit être la « suite immédiate et directe et
l’inexécution de l’obligation ».

2- La mise en œuvre de la responsabilité contractuelle.

La réparation du préjudice doit en principe être subordonnée à la mise en demeure


préalable du débiteur par le créancier insatisfait : il s’agit d’une réclamation solennelle
destinée à sommer le débiteur exécuter son obligation. Si l’obligation reste inexécutée,
le créancier pourra alors agir en justice afin d’obtenir la condamnation du débiteur à
réparer le dommage causé par son inexécution. Puisqu’il s’agit d’une réparation par
équivalent, elle aura lieu sous la forme d’une allocation de dommages – intérêts. Le
montant de la somme d’argent allouée par le juge doit couvrir intégralité du préjudice
subi, présent ou futur, matériel ou moral ;

Ex : une agence de voyage organise un voyage dont la réalisation est empêchée au


dernier moment par une révolution éclatant dans le pays concerné, l’agence de

UPI-ONM 51
voyages ne peut donc plus exécuter son obligation. Les clients de l’agence sont
dispensés d’exécuter la leur. Ils n’ont plus à payer le prix convenu ou seront
remboursés s’ils ont déjà payé. Dans un contrat synallagmatique l’obligation de
chaque partie est la cause de l’obligation de l’autre partie ; si l’une des obligations
disparaît, l’autre s’éteint également faute de cause. Les risques sont donc pour le
débiteur de la prestation devenue impossible (l’agence de voyages).

Par exception, dans les contrats translatifs de propriété comportant obligation de livrer
un corps certain, l’article 1138 du code civil stipule « l’obligation de livrer la chose est
parfaite par le seul consentement des parties contractantes. Elle rend le créancier
propriétaire et la chose à ses risques dès l’instant où elle a dû être livrée, encore que la
tradition (la livraison) n’en est point été faite ». Les risques sont ici pour le créancier
de la prestation devenue impossible.
Ex : dans un contrat de vente, si la chose vendue périt par force majeure entre le
contrat et la livraison, l’acheteur reste tenu de payer le prix ; les risques sont donc pour
le créancier.
(Dommages – intérêts), soit demander en justice la résolution du contrat pour
inexécution.

2 – La résolution du contrat pour inexécution.

La résolution est l’anéantissement du contrat ; elle produit les mêmes effets que la
nullité. Le principe est que la résolution ne découle pas automatiquement de
l’inexécution ; elle doit être demandée au tribunal : c’est une résolution judiciaire.

Toutefois, il est fréquent, dans la pratique, que les parties insèrent dans le contrat une
clause de résolution de plein droit.

 La résolution judiciaire

D’après l’article 1184 du code civil, « la résolution doit être demandée en justice ». Le
juge dispose d’un large pouvoir d’appréciation pour vérifier que l’inexécution est
totale ou, du moins, suffisamment importante pour justifier la résolution.
Il peut prononcer la résolution (avec ou sans dommages – intérêts) ou accorder au
débiteur «un délai selon les circonstances » pour lui permettre d’exécuter son
obligation.

 Les clauses de résolution de plein droit.

Pour éviter le recours à une procédure judiciaire, les parties insèrent fréquemment dans
leur contrat une clause résolutoire expresse en vertu de laquelle l’inexécution de son
obligation par l’une des parties entraîne de plein droit la résolution du contrat.
Ces clauses ont tendance à se généraliser dans les contrats d’adhésion et peuvent
devenir abusives ; c’est pourquoi le législateur et les tribunaux sont intervenus pour
réglementer et apprécier le contenu de telles clauses.

UPI-ONM 52
La résolution apparaît ainsi comme la sanction d’une faute contractuelle, ce qui ne
serait pas le cas si l’inexécution provenait d’une cause étrangère non imputable au
débiteur.

2. La théorie des risques :


Lorsqu’un cas de force majeur empêche un contractant d’exécuter son obligation, non
seulement celui – ci est exonéré de son obligation mais l’autre partie est également
libérée.

c – Les clauses de non – responsabilité


Les clauses de non responsabilité contractuelle suppriment toute responsabilité du
débiteur en cas d’inexécution de son obligation. Elles sont, en principe, valables,
contrairement à ce qui se passe en matière délictuelle. Cependant le législateur est
intervenu à plusieurs reprises pour les réglementer afin d’éviter les abus.
Ex : la loi du 10 janvier 1978 sur la protection du consommateur réglemente les
clauses abusives.

C – La résolution du contrat.
C’est une sanction spécifique aux contrats synallagmatiques qui s’explique par la
structure de ces contrats dans lesquels les obligations sont interdépendants : l’objet de
l’obligation de l’un set la cause de l’obligation de l’autre.
Lorsque l’un des contractants ne veut pas ou ne peut plus exécuter son obligation, que
peut faire l’autre contractant ?
Si l’un des contractant ne veut pas exécuter son obligation, l’autre contractant peut
refuser d’exécuter son obligation, c’est l’exception d’inexécution ou, s’il l’a déjà
exécutée, demander la résolution du contrat.
Si en revanche, l’un des contractants ne peut plus exécuter son obligation, par suite
d’un cas de force majeure, l’autre contractant reste – t-il tenu d’exécuter la sienne ?
C’est la théorie des risques.

1. L’exception d’inexécution
A supposer que le créancier n’ait pas déjà exécuté son obligation (l’acheteur n’a pas
encore payé le prix dans un contrat de vente) il peut adopter une position d’attente et
refuser d’exécuter son obligation tant que le débiteur n’offre pas d’exécuter la sienne
(la vendeur ne livre pas la chose promise) ; c’est l’exception d’inexécution. Cette
situation ne peut être que temporaire ; c’est souvent un moyen efficace pour
contraindre le débiteur à exécuter son obligation (le vendeur livrera la chose promise
pour être payé).
Si la situation devait se prolonger, le créancier aurait deux possibilités : soit forcer le
débiteur à exécuter son obligation en nature (exécution forcée) ou par équivalent.

UPI-ONM 53
Chapitre 09 : la responsabilité délictuelle

Si certaines obligations trouvent leur source dans un contrat, d’autres obligations


trouvent leur source dans des faits juridiques intentionnels ou non : les délits ou
quasi-délits. De fait, lorsqu’une personne cause un préjudice à autrui, il est juste
qu’elle le répare : c’est le principe général de la responsabilité civile. Ainsi, la
responsabilité civile engendre pour le responsable l’obligation de réparer le
dommage qu’il a causé à autrui.

I- le fondement de la responsabilité civile :

Les auteurs du code civil ont fondé la responsabilité civile sur la notion de
faute. C’est, en effet, ce que retient le célèbre article 1382 C. civ. qui dispose :
« «tout fait quelconque de l’homme, qui à autrui un dommage, oblige celui par la faute
duquel il est arrivé, à le réparer». De fait, la responsabilité civile trouve son fondement
légal dans les articles 1382 et 1383 C. civ. Ce dernier article dispose : «Chacun est
responsable du dommage qu’il a causé non seulement par son fait, mais encore par sa
négligence ou par son imprudence ». Il y a lieu de souligner que le «fait»mentionné
par ces articles est un fait fautif : une faute. En d’autres termes, la responsabilité civile
est fondée sur l’idée de faute intentionnelle ou non intentionnelle de l’auteur du
dommage. Mais, si la faute justifie que l’auteur du dommage soit rendu responsable, la
victime, pour obtenir réparation, doit prouver cette faute. Du coup, la mise en œuvre
de la responsabilité civile devant les tribunaux consiste pour la victime ou ses ayants
droit à établir la réunion des trois éléments suivants : un dommage subi, un lien de
causalité qui explique que ce dommage résulte d’un fait générateur, et un fait
générateur de responsabilité.

1-1- le dommage :

C’est l’atteinte subie par une personne dans son corps (dommage corporel) , dans son
patrimoine (dommage matériel ou économique), ou dans ses droits extrapatrimoniaux
(perte d’un être cher ou atteinte à l’honneur), qui ouvre droit à la victime un droit à
réparation. On parle aussi de préjudice. De fait, on distingue traditionnellement trois
types de dommages : le dommage matériel, le dommage moral et le dommage
corporel.

 Le dommage matériel :
Le dommage matériel est constitué par une atteinte aux biens, au patrimoine d’une
personne. En tant qu’il est facilement évaluable en argent, ce dommage est qualifié de
dommage pécuniaire. Il peut s’agir d’une perte subie ou d’un manque à gagner.

 Le dommage moral :
C’est celui qui est constitué par une atteinte aux droits extrapatrimoniaux (diffamation)
ou aux sentiments d’affection (décès accidentel d’un parent). Un tel dommage, qui ne

UPI-ONM 54
porte aucune atteinte au patrimoine, est très difficilement évaluable. Du coup, les juges
ont un pouvoir souverain d’appréciation en la matière.

 Le dommage corporel :
C’est celui qui est constitué par une atteinte à l’intégrité physique de la victime.
Il comporte un aspect patrimonial et un aspect extrapatrimonial.
L’aspect patrimonial du dommage corporel est constitué des frais médicaux,
chirurgicaux, de l’incapacité temporaire totale ou partielle etc.
L’aspect extrapatrimonial comporte plusieurs éléments :
 Le pretium doloris représentant l’indemnisation des souffrances
physiques éprouvées par la victime ;
 Le préjudice esthétique représentant l’indemnisation de la souffrance
morale que la victime ressent en se voyant défigurée ou mutilée : il
varie en fonction du sexe, de l’âge ou de la profession de la victime ;
 Le préjudice d’agrément résultant de la diminution des plaisirs de la
vie, notamment de l’impossibilité ou de la difficulté de se livrer à
certaines activités normales d’agrément (impossibilité de pratiquer un
sport, par exemple)

1-2- le lien de causalité :

Pour que la responsabilité puisse être déclarée, il faut qu’il existe un lien de
cause à effet, qu’on appelle lien de causalité, entre le fait dommageable et le
dommage effectivement subi.

La victime devra donc démontrer l’existence de ce lien de causalité pour


prétendre à une éventuelle indemnisation. Mais, le responsable présumé peut
s’exonérer en prouvant que le dommage à une cause étrangère qui ne lui est pas
imputable. Il pourra, ainsi, invoquer la force majeure, le fait d’un tiers ou
encore la faute de la victime.

1-3- le fait générateur :


Le fait générateur ou fait dommageable est constitué par l’activité qui est à
l’origine du dommage. Il peut être le fait personnel, le fait de personnes dont est
responsable ou fait d’autrui et le fait des choses qu’on a sous sa garde.

II- Les différents régimes de responsabilité

Il existe trois régimes traditionnels de responsabilité civile : la responsabilité du fait


personnel, la responsabilité du fait d’autrui et la responsabilité du fait des choses.

A/La responsabilité du fait personnel :

UPI-ONM 55
Le principe est posé par l’article 1382 du code civil pour les délits qui dispose : «tout
fait quelconque de l’homme, qui à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel
il est arrivé, à le réparer».et par l’article 1382 du code civil pour les quasi-délits aux
terme duquel :
«Chacun est responsable du dommage qu’il a causé non seulement par son fait, mais
encore par sa négligence ou par son imprudence »

Trois conditions doivent être réunies pour que soit en jeu la responsabilité du fait
personnel : un dommage, une faute et un rapport de causalité entre la faute et le
dommage. Mais ce qui caractérise la responsabilité du fait personnel c’est la« faute»,
les deux autres éléments étant commun à tous les régimes de responsabilité. La loi n’a
pas défini la faute ; c’est la doctrine et la jurisprudence qui ont précisé cette notion en
distinguant deux éléments : un élément objectif et un élément subjectif.

1. L’élément objectif : des faits constituant une faute

La faute est une certaine conduite, un certain comportement de l’homme contraire au


droit.
Le plus souvent la faut est un acte positif ; c’est la faute par commission : des coups et
blessures, un vol ; des injures, une diffamation, des troubles de voisinage,…
Elle peut aussi être un acte négatif, une abstention ; c’est la faute par omission : la non
assistance à personne en danger, l’inobservation des règlements de toutes soutes
sortes, l’absence de précaution dans le cadre de l’entreprise pour éviter toute pollution,
une déclaration incomplète sur un questionnaire d’assurance- vie,……
Les articles 1382 et 1383 distinguent le délit et le quasi-délit :
- le délit est une faute intentionnelle, qui repose sur la volonté de nuire
- le quasi-délit est une faute non intentionnelle, qui résulte d’une imprudence,
d’une négligence ou d’une maladresse dont le degré de gravité peut varié. La
jurisprudence qualifie la faute de faute lourde, faute grave, faute légère, ou très
légère. Les tribunaux disposent d’un large pouvoir d’appréciation pour décider
s’il y a faute intentionnelle ou non, et pour en apprécier le degré de gravité.

2. L’élément subjectif : des faits imputables à leur auteur

Pour pouvoir engager la responsabilité d’une personne il faut que la faute puisse être
imputée à son auteur. Cette imputabilité suppose en principe chez l’auteur du
dommage la conscience et la liberté de ses actes car il ne peut être reproche à une
personne un comportement inconscient ; par exception, l’article 489-2° du code civil
décide que l’aliéné est responsable des dommages qu’il cause à autrui.

De la même façon, il ne peut être reproché à une personne un comportement auquel


elle a été contrainte : c’est le cas, par exemple, de la légitime défense.

Qu’il s’agisse d’un délit ou un quasi- délit, la preuve de la faute incombe à la victime
du dommage. Elle pourra la faire par tous moyens. Si la faute est ainsi prouvée, la

UPI-ONM 56
responsabilité civile de l’auteur présumé du dommage sera établie à moins qu’il ne
puisse se dégager en invoquant une cause étrangère.

B / .La responsabilité du fait d’autrui

Le principe est posé par l’article 1384 alinéas 1 du code civil qui dispose : « on est
responsable non seulement du dommage que l’on cause par son propre fait, mais
encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre. [...]»

La suite de set article énonce quatre cas de responsabilité du fait, d’autrui :


- la responsabilité des parents du fait de leurs enfants mineurs ;
- la responsabilité des artisans du fait de leurs apprentis ;
- la responsabilité des enseignants du faits de leurs élèves ;
- la responsabilité des commettants du fait de leurs préposés.

On peut donc remarquer que le régime juridique de la responsabilité des artisans du


fait de leurs apprentis est identique à celui des parents du fait de leurs enfants mineurs,
ce qui s’explique à l’époque du code civil par que l’apprenti était nourri et logé chez
le maître et ainsi partie des la famille. De nos jours, cette responsabilité pèse sur
l’artisan pour les dommages causés par l’apprenti pendant les heures de travail si ce
dernier vit dans la famille de l’artisan.

Une loi de 5 avril 1937 régit la responsabilité des enseignants du fait de leurs élèves ;
la mise en cause de leur responsabilité suppose soit une faute de l’enseignant, soit une
faute de l’élève sous surveillance. La responsabilité de Etat se substitue à celle de
l’enseignant, que le dommage soit causé par l’élève ou à l’élève. L’Etat garde
cependant une possibilité de recours contre l’enseignant.

3. La responsabilité des parents du fait de leurs enfants mineurs


- le père et la mère, en tant qu’ils exercent le droit de garder, sont solidairement
responsables du dommage causé par leurs enfants mineurs habitant avec eux.
[…]
- la responsabilité ci- dessus a lieu, à moins que les père et mère ne prouvent
qu’il n’ont pu empêcher le fait qui donne lieu à cette responsabilité.
Cette responsabilité est la contrepartie de l’autorité parentale.
L’article 1384 fait peser sur les père et mère une présomption de faute de surveillance
ou d’éducation, lorsque l’enfant a causé un dommage à autrui.

a- Les conditions de la mise en jeu de al responsabilité des père et mère


- l’enfant doit être mineur non émancipé habité chez ces parents.
- La responsabilité du mineurs doit être engagée, ce qui implique : un fait
générateur du dommage mineurs doit être une faute personnelle de l’enfant (art.
1382 ou 1383 du code civil) ou le fait d’une chose dont l’enfant a la garde
(art.1384 al 1 du code civil), un lien de causalité, un dommage et l’absence se
toute cause étrangère qui dégagerait la responsabilité de l’enfant.
b- Les effets de la présomption

UPI-ONM 57
Les parents étant présumés responsables, la victime est donc dispensée de démontrer la
faute des parents. Cependant, la présomption qui pèse de démontrer sur les parents
étant une présomption simple ceux- ci peuvent la faire tomber en prouvant qu’ils ont
pris toutes les mesures nécessaires pour éviter la survenance du dommage.

2- la responsabilité des commettants du fait de leurs préposés

Les maîtres et les commettants sont responsables du dommage causé par leurs
domestiques et préposés dans les fonctions auxquelles ils les ont employés.
Par commettant, il faut entendre de nos jours un employeur dont les préposés sont les
plus souvent ses salariés.

a- Les conditions de la mise en jeu de la responsabilité des commettants


- un lien de préposition est nécessaire ; il existe dès lors que le préposé reçoit des
ordres et des instructions du commettant.
- La responsabilité du préposé doit être engagée sur le fondement des articles
1382 et 1383 du code civil, ce qui implique : une faute du préposé dont la
victime devra faire la preuve, un lien de causalité, un dommage et l’absence de
toute cause étrangère qui dégagerait la responsabilité du salarié.

La faute du préposé doit avoir été commise dans l’exercice de ses fonctions. Très
souvent cette condition suscite des difficultés d’interprétation ; c’est pourquoi la
jurisprudence précise que le préposé qui agit «sans autorisation à des fins étrangères à
ses attributions se place hors des fonctions auxquelles il est employé» ce qui dégage la
responsabilité du commettant.

b- Les effets de la présomption

La présomption de responsabilité qui pèse sur le commettant est irréfragable ; ce qui


signifie que la preuve contraire n’est pas admise.
Ainsi, contrairement aux parents, les commettants ne peuvent pas dégager leur
responsabilité par la preuve de l’absence de faute.

La responsabilité des employeurs n’est pas fondée sur la faute mais sur le risque. En
définitive, cette responsabilité apparaît comme un des risques de l’entreprise. Très
souvent, les employeurs contractent une assurance qui les couvre des condamnations
encourues. La victime d’un préposé a deux actions possible : l’une contre le préposé
sur la base des articles 1382 et1383 du code civil, l’autre contre le commettant en vertu
de l’article 1384 du code civil. Elle choisira presque toujours de mettre en jeu la
responsabilité du commettant parce que ce dernier est plus solvable que son préposé.

C. La responsabilité du fait des choses


On est responsable […] des choses que l’on a sous sa garde.

Pour les rédacteurs du code civil, l’article 1384 ne faisait q’annoncer les articles 1385
et 1386 du code civil.

UPI-ONM 58
Le propriétaire d’un animal, ou celui qui pendant qu’il est à son usage, est responsable
du dommage que l’animal a causé, soit que l’animal fût sous sa garde, soit qu’il fût
égaré ou échappé.

Le propriétaire d’un bâtiment est responsable du dommage causé par sa ruine,


lorsqu’elle est arrivée par une suite du défaut d’entretien ou par le vice de sa
construction.
En 1804, les choses susceptibles de produire, par elle- même, des dommages étaient
peu nombreuses. Jusqu’a la fin du XIXè siècle, les tribunaux appliquaient aux
accidents causés par les choses inanimées (une charrue, un métier à tissé,…………..)
les règles des articles 1382 et 1383 du code civil : la victime devait donc faire la
preuve d’une faute de l’auteur dommage.

Ce raisonnement apparut défectueux à partir du moment où le développement du


machinisme engendra des accidents anonymes, survenus sans aucune faute (explosion
d’une chaudière,…….).
La jurisprudence se servit alors de l’article 1384 alinéas 1 pour en tirer un principe
général de la responsabilité du fait des choses.

1. Le régime général de la responsabilité du fait des choses.


Selon l’article 1384 alinéa 1 du code civil, le gardien d’une chose est présumé
responsable du fait dommageable de cette chose.

a. Les conditions de la présomption de responsabilité du fait des


choses.
Pour qu’il y ait responsabilité du fait des choses, il faut une chose, un fait
dommageable de la chose et un gardien.
 La chose : aujourd’hui, le mot « chose » a la plus grande généralité. Peu
importe que la chose soit meuble ou immeuble, dangereuse ou non, actionnée
ou non par la main de l’homme, inerte ou en mouvement. Ainsi, sont des
« choses », les véhicules avec ou sans moteur, les escaliers roulants, le pots de
fleurs et n’importe quel objet jusqu’au plus inattendu. Toute les choses sont
concernées par l’article jusqu’au plus inattendu. Toutes les choses sont
concernées par l’article 1384 alinéa 1, hormis celles qui sont soumises à un
régime particulier de responsabilité : les téléphériques, les bâtiments en ruine,
l’énergie nucléaire , les véhicules à moteur (loi du 5 juillet 1985),………
 Le fait des choses : la chose doit avoir été la cause génératrice du dommage,
quelle que soit la manière dont elle est intervenue dans la production du
dommage. Cette intervention doit être prouvée par la victime.
 Le gardien de la chose : la responsabilité du dommage causé par la chose
incombe à celui qui « a la chose sous sa garde ».
Cette notion de garde a été précisée par la jurisprudence : a la garde d’une
chose, celui qui a en a l’usage, la direction et le contrôle de manière

UPI-ONM 59
indépendante (le salarié n’est jamais le gardien des instruments de travail que
l’employeur lui a confiés).
En principe, le propriétaire de la chose est présumé gardien, mais il, a pu
transférer la garde à un locataire ou perdre la garde en cas de vol.

b. LES EFFETS DE LA PRESOMPTION


La jurisprudence met à la charge du gardien une présomption absolue ou
irréfragable de responsabilité, ce qui signifie que le gardien ne peut pas s’exonérer de
la responsabilité qui pèse sur lui en montrant qu’il n’a pas commis de faute.
Il n e peut dégager sa responsabilité qu’en l’établissant que le dommage est dû à une
cause étrangère ou que la chose n’a eu qu’un rôle passif dans la réalisation du
dommage.
 L’intervention d’une cause étrangère : ce peut être la force majeure, le
fait d’un tiers ou la faute de la victime qui doivent, pour la jurisprudence,
présenter les mêmes caractères d’imprévisibilité et d’irrésistibilité que la
force majeure.

 Le rôle passif de la chose : le gardien peut s’exonérer en pouvant que la


chose a eu un rôle passif dans la réalisation du dommage ; il en est ainsi
lorsqu’elle n’avait pas une position anormale.
Ex : dans un immeuble, une voiture d’enfant rangée dans le local prévu à cet effet a
une position normale. Si elle est laissée dans un couloir mal éclairé et cause un
accident, elle a un comportement anormal qui engage la responsabilité de son gardien.
La responsabilité du fait des choses est ainsi une responsabilité sans faute fondée sur le
risque crée. Elle est la contrepartie de l’avantage que le gardien tire de la chose et du
risque que représente la chose pour les tiers. C’est sur cette idée que le législateur, en
1985, a conçu un régime spécial de responsabilité en matière d’accidents causés par les
véhicules à moteur.

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