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ANTOINE DE SAINT-EXUPERY, VOL DE NUIT, 1931

INTRODUCTION

Le XXe siècle est celui de la rupture et du bouleversement dans le domaine de la


science, de la littérature avec en toile de fond les deux grandes guerres mondiales à
l’origine de millions de victimes et de mutilés. La conscience occidentale sort
profondément traumatiser par la violence et les horreurs de la guerre. Le roman français
de cette période révèle le tragique de l’homme en face de son destin.

Certains écrivains humanistes comme André Malraux et Antoine de Saint-


Exupery tirent l’histoire de leurs œuvres de l’expérience vécue. Ces écrivains
s’engagèrent dans la résistance jusqu'à la libération de la France en 1945.

Antoine De Saint-Exupery déteste la littérature qui ne prend pas en compte les


aspirations de l’homme. Son projet est d’apporter le bonheur aux autres hommes. Il se
veut un humaniste. L’écrivain à une responsabilité ; l’intellectuel une fonction, l’homme
d’action une mission celle d’être au service de l’homme en ce dressant contre tous les
périls qui guettent l’humanité. Saint-Exupery expérimente dans ses œuvres la philosophie
de l’action. C’est d’ailleurs la raison de vivre de ses personnages.

Ainsi son roman Vol de nuit publié en 1931 pose le problème de la responsabilité
et de l’engagement qui interpelle la jeunesse confrontée à certains défis comme le
chômage, le sida, la violence…

Vol de nuit véhicule des valeurs de fraternité et d’amitié indispensables à la


fonction de l’homme et des adolescents en particulier en ce début du troisième millénaire.
Antoine De Saint- Exupery met en scène un type de héros comme le pilote Fabien dont
le mérite est d’accepter de s’engager dans l’aventure des vols de nuit jusqu’au sacrifice
suprême.

Parallèlement le Chef de l’Aéropostale et ses quatre pilotes obéissent à un code


d’honneur et à des vertus de courage, de générosité et de recherche permanente de la
grandeur au service de la collectivité voir de l’humanité.

Le message de Saint-Exupery dans Vol de nuit est très actuel vu que nous sommes
dans un monde en proie à la violence, au terrorisme donc, la solidarité, l’amitié et la
fraternité sont les derniers remparts pour freiner cette vague de catastrophes qui assaille
le monde

I-PRESENTATION DE L’AUTEUR

Né à Lyon (Rhône) en 1900, Antoine de Saint-Exupéry est d’abord étudiant aux


Beaux-Arts. Il passe son brevet de pilote et accompli son service militaire dans l’aviation.
Il sera ensuite engagé comme pilote de ligne en 1926 par Didier Daurat directeur de la
compagnie Latécoère (ancêtre d’air France). Il trouve dans cette compagnie deux

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légendes de l’aviation française : Mermoz et Guillaumet qui parcouraient la ligne
aéropostale Toulouse-Dakar. S’inspirant des dangers et des plaisirs de son métier
d’aviateur, il publie la même année, parrainé par Jean Prévost, une nouvelle, l’Aviateur.
Il est muté à Dakar en 1927 et devient chef de l’aéroplace de Juby au Sahara. Saint-Ex,
comme on le surnomme, y découvre l’isolement méditatif, le sens de la camaraderie et
du devoir qui nourriront toute son œuvre, à commencer par Courrier sud (1928) qui
évoque sur fond d’amour contrarié entre un aviateur et sa femme, les aléas du trajet
Toulouse-Dakar.

En 1930, il est engagé à l’Aéroposta Argentina dont le siège se trouvait à Buenos


Aires. C’est pendant cette période qu’il écrit ce roman Vol de Nuit qui relate ses propres
expériences de pilotes dans cette zone montagneuse de l’Amérique latine.

En 1931, il interrompt ses missions pour devenir reporter et conférencier


international (Paris-Soir et l’Intransigeant), et s’enrichit de nouvelles expériences dont
Terre des hommes (1939, grand prix du roman de l’Académie française) portera les
traces : il abandonne en effet la fiction pour rendre compte dans cet essai
autobiographique de son expérience passée. Si Saint-Ex célèbre la grandeur de sa vie
d’action en racontant Jean Mermoz, Henri Guillaumet, le désert, la peur et la beauté, il
dénonce les travers de l’industrialisation qu’il accuse de sédentarisation, celle-ci
rabaissant les idéaux de l’humanité.

Mobilisé comme pilote avant la Seconde Guerre mondiale, en 1937, il est engagé
dans l’armée de l’air et basé en Algérie jusqu’en 1940, date à laquelle son âge lui vaut
d’être démobilisé. Réfugié aux États-Unis, il publie Pilote de guerre (1942), reportage
romancé sur les conséquences françaises de la « drôle de guerre » ainsi que les épisodes
d’une mission arrageoise, Lettre à un otage, dédiée à son ami anarchiste Léon Werth,
puis, pour honorer la commande d’un éditeur américain, le Petit Prince (1943). Cette
parabole pour adultes qui allait rencontrer un succès universel, construite sur la quête
allégorique de l’amour et de la fraternité, livre les considérations existentielles et
sentimentales que son expérience d’aventurier de la vie lui inspire.

Ne pouvant se résoudre à la passivité, il rejoint dès 1943 les Forces françaises


libres en Algérie. C’est dans des circonstances mystérieuses qu’il disparaît, probablement
le 31 juillet 1944, au cours d’une mission de reconnaissance aérienne qu’il effectue dans
le sud de la France. Il laisse une somme de carnets, dont les méditations philosophico-
apologiques qui composeront Citadelle (posthume, 1948) et que l’on considère souvent
comme une leçon d’individualisme et de sagesse humaniste. Suivront les publications
posthumes des Carnets et des Lettres de jeunesse à l’amie inventée en 1953, des Lettres
à sa mère en 1955, et enfin de Un sens à la vie en 1956.

II-ETUDE DE L’OEUVRE

Vol de nuit présente de façon alternée un pilote, Fabien, affrontant un terrible


orage dans le ciel argentin, et Rivière, son patron, méditant à son bureau toulousain.
Antoine de Saint-Exupéry l'écrivit à ses moments perdus en Argentine (il y était directeur
de l'Aeroposta argentina). Enthousiasmé, Gide proposa d'en écrire la préface qu’il
termine sur "l'exceptionnelle importance" du second ouvrage de l'aviateur écrivain. Le
roman séduisit aussi, à n'en pas douter, les jurées du Femina qui le consacrèrent en
décembre 1931. Saint-Exupéry abordait alors tout juste la trentaine (car né avec le siècle)

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tandis que Didier Daurat, le grand patron de l'Aéropostale à Toulouse, à qui il dédie ce
roman, rentrait dans la Quarantaine.

A-ANALYSE

C’est à Buenos Aires où il est à la tète de la compagnie Aeroposta Argentina,


qu’Antoine de Saint Exupéry écrit son roman Vol de Nuit. Préfacé par André Gide, ce
roman obtient dés sa sortie (1931) le prix Femina. Dans ce roman, Saint Exupéry parle
de l’héroïsme des pionniers de l’aviation qui ont établit la première ligne aérienne entre
la France et l’Amérique du sud. Les événements racontés sont vrais, seuls les noms des
personnages ont changés. Vol de Nuit est en fait une expérimentation des vols pendant la
nuit, pour « lutter de vitesses avec les autres moyens de transports ».

Vol de nuit est également un texte sur l’univers exigeant du métier de pilote, qui
impose aux êtres de repousser, au prix de leur vie, les limites de la liberté. Si ce livre,
récit des expériences réellement vécues par l’auteur alors qu’il était responsable de la
ligne Aeroposta Argentina, est un éloge de la discipline et du devoir, il est surtout une
évocation poétique du plaisir de voler, métaphore exupérienne de l’ascèse vers laquelle
tout être doit tendre pour s’accomplir.

B-COMPOSITION

Composé de 23 chapitres, Vol de Nuit expose dans une histoire simple, le récit des
aventures de trois pilotes qui convoyaient le courrier de l’intérieur de l’Amérique du sud
vers Buenos Aires ou se trouve le siège de la compagnie. Ainsi, le récit s’organise en
quatre phases essentielles.

• Première phase : (chapitre 1 et 2)

C’est la situation initiale. Le narrateur nous présente trois pilotes qui viennent
respectivement de Patagonie (Fabien), du Chili (Pellerin) et du Paraguay et qui se dirigent
vers Buenos Aires. C’est une situation initiale stable.

• Deuxième phase : (chapitre 3, 4 et 5)

C’et l’arrivée du pilote Pellerin qui vient du Chili et le récit de son vol tourmenté

car il était confronté au cyclone. La référence au cyclone constitue l’installation


d’un déséquilibre qui va modifier le déroulement des activités.

• Troisième phase : (chapitre 6 à 21)

C’est la phase la plus complexe du récit. Elle alterne l’inquiétude de l’équipe


terrestre suite au retard des deux autres avions (chapitre 6, 8, 13, 14, 18, 19, 21) ; Les
difficultés de Fabien pris dans le tourbillon du cyclone (7, 12, 15, 16, 17) qui entrainera
sa mort (20) et, les préparatifs du courrier d’Europe (9, 10, 11).

• Quatrième phase : (chapitre 22 et 23)

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C’est l’arrivée du courrier d’Asunción (Paraguay) qui malgré le mauvais temps a
pu réussir à s’en sortir. C’est une victoire sur les éléments déchainés de la nature malgré
la disparition de Fabien. Le chef intransigeant décrète la poursuite des activités car pour
lui, la réussite de ces vols est une question de vie ou de mort. Cette phase qui clôt le
roman, est une victoire symbolique puisque le courrier d’Europe prend son envol.

C-RESUME

C’est un récit tragique de ces pilotes des avions postaux de la Patagonie, du Chili,
du Paraguay du Sud, du Nord et de l’Est de Buenos Aires ; ces pilotes engagés la nuit
dans les dangers des routes aériennes chargées de mystères et de surprises, à quoi s’ajoute
l’angoisse de la nuit

Pour supporter la concurrence des moyens de transports, Rivière, le chef d’une


compagnie d’aviation basée à Buenos Aires, prend le risque d’initier les vols de nuit.
Ainsi, trois avions quitteront le Chili, le Paraguay et la Patagonie. Si l’avion piloté par
Pellerin est arrivé à bon port, celui de Fabien connaitra des difficultés. En effet, après un
départ paisible, il doit affronter un cyclone. C’est l’inquiétude de l’équipe terrestre sous
la direction de Rivière, le chef du réseau. Au moment où Fabien lutte pour sa survie,
l’équipe terrestre tente de gérer la situation à sa façon. Malgré sa volonté et son
expérience, Fabien perdra la vie. Cette mort ne découragera point Rivière qui décide
même le départ du courrier d’Europe car pour lui, tout manquement équivaudrait à une
remise en question des vols de nuit.

D-L’ESPACE ET LE TEMPS

C’est l’histoire des événements survenus une certaine nuit sur le réseau en
Amérique du Sud à une époque qui n’est pas précisée mais qu’on peut situer vers 1930,
où les vols de nuit relevaient presque encore du domaine de l’aventure et où les pilotes
étaient de vrais martyrs. Ils affrontaient d’énormes dangers et prenaient beaucoup de
risques. André Gide disait à ce sujet qu’ « il y a pour l’aviation comme pour toute
exploration de terres inconnues une période héroïque ».

Saint-Exupery a choisi comme cadre de Vol de Nuit l’Amérique du Sud et la


Cordillère des Andes, une chaine de montagnes dont les massifs peuvent atteindre 4500
m de hauteur. C’est dire tout le problème que rencontrent les pilotes pour les traverser si
l’on sait que leurs avions sont archaïques.

Dans Vol de Nuit, il existe deux espaces : un espace terrestre et un espace aérien.
Ces deux espaces sont occupés par des hommes et des avions. L’espace est parfois
paisible comme le montre le début du roman, mais c’est un espace qui est généralement
hostile aux hommes car les pilotes rencontrent dans le ciel des conditions
météorologiques difficilement supportables.

L’histoire de Vol de Nuit se passe dans les années 1930, au début de l’aviation.
Les actions dans ce roman ne se déroulent que les nuits car les jours sont consacrés au
repos des pilotes. Quand à la durée du récit, elle se déroule en une nuit. L’histoire dans
Vol de Nuit commence au crépuscule et se termine avant l’aube (Il est deux heures. Le
courrier d'Asuncion atterrira à deux heures dix. Faites décoller le courrier d'Europe à deux
heures et quart.).

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E-LES PERSONNAGES

Les personnages de Vol de Nuit ne sont pas décrits physiquement. Ces


personnages illustrent l’humanisme de Saint-Exupéry, car ces personnages représentent
des valeurs exaltées ou des modes de vie rejetés. On peut diviser ces personnages en deux
catégories : les personnages navigants et les personnages au sol.

1-Les personnages navigants

• Les pilotes : Ils sont quatre, mais seul deux sont nommés : Fabien et
Pellerin. Ces pilotes sont tous engagés dans le combat pour la réussite des vols de nuit.
Dans Vol de nuit, les pilotes ne sont pas décrits physiquement ; Ils sont tout simplement
décrits par rapport au travail qu’ils effectuent. Ainsi les caractères qui sont mis en exergue
sont : le courage, la volonté, l’amour du travail, le devoir et le défis de la réussite.

- Pellerin : C’est l’un des pilotes qui a finalement atterri au prix d’énormes
difficultés. Il a pu atterrir dans des conditions relativement difficiles et il raconte les
péripéties de sa traversée. C’est un homme qui incarne les vertus de grandeur et de
simplicité : grand parce qu’il place, comme Fabien, du reste, sa mission au-dessus de leur
propre intérêt ; simple, parce que rien ne le distingue des autres hommes. Discret, il ne se
vante pas en parlant de son métier. (p.34)
- Fabien : Il ramène de l‘extrême sud vers Buenos Aires le courrier de
Patagonie. Sur le chemin du retour, il éprouve énormément de plaisir, ce qui montre que
malgré les risques et les dangers, il est un homme qui exalte la noblesse d’un métier.

Dans les airs, Fabien devait poursuivre sa croisade en direction de San Francisco.
Cependant d’imprévisibles orages ont éclaté un peu partout. Par conséquent il lui fallait
trouver un itinéraire qui le mettrait hors des zones de danger. Il tentait alors d’avoir des
informations qui l’aideraient et se demandait s’il ne devait pas revenir en arrière. La
réponse est sèche. « Commodoro, retour impossible. Tempête ». Il passa alors à San
Antonio : « Ciel ¾ couvert » et Bahia Blanca : « Orage avant 20mn ». Trelew : « Ouragan
30m sud et rafales de pluie ». Il ne peut plus continuer à « naviguer » éternellement car
dans 1 heure 40 minutes il n’aura plus d’essence. C’était dans cette nuit. Pourtant cette
mort de Fabien, malgré son cortège de malheurs n’a pas brisé l’élan de Rivière qui, au
même instant, a donné un nouveau départ pour l’Europe.

• Les radio-navigants : Ils ne sont pas nommés. Ils sont tout juste le lien
entre le pilote et la base au sol à travers les TSF.

2-Les personnages au sol

• Riviere : Antoine de Saint-Exupéry nous présente les vols de nuit sur le réseau,
les difficultés auxquelles peuvent être confrontés les pilotes et fondamentalement
l’occupation du personnel au sol. Tout ce réseau est centralisé par Rivière. Il surveille et

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veille sans repos (p. 28-58). C’est un conducteur d’hommes et son but principal est
d’amener les hommes à se dépasser eux-mêmes. Rivière, précurseur des vols de nuit, met
au premier plan la réussite de son entreprise. Il insuffle à ses pilotes les vertus du courage,
de l’abnégation et exige d’eux le maximum, voire l’impossible.

C’est le chef du réseau de la compagnie aéropostale pour l’Amérique du Sud. C’est


le prototype même du chef. Il a le sens du commandement et de la responsabilité. Il est
sévère et intransigeant envers ses agents surtout ses pilotes. Rivière est aussi très humain
car partage la douleur et la détresse de Simone l’épouse du pilote Fabien après la
disparition de celui-ci. Il a un sens aigu de la solidarité et de la fraternité qui rapprochent
les hommes quelques soient leurs origines et leurs différences. En fin, il est le personnage
central du roman et le symbole de la rigueur dans le travail. C’est un homme d’action.

Sur le plan physique, on sait tout simplement qu’il a environ 50 ans, de petite taille
et a des cheveux gris. Il a aussi une douleur au coté droit. Il s’est fait entourer d’un
inspecteur Robineau qui ne connaît rien au monde de l’aviation. On lui demande
simplement d’appliquer le règlement. Il lui est inutile de connaître les hommes.

• Robineau : C’est un inspecteur qui ne connait rien en son travail et qui fait trop
de zèle. Le narrateur nous révèle qu’il déteste l’orgueil, la vanité et préfère l’humilité et
la simplicité. Sur le plan professionnel il est chargé de contrôler le travail du personnel et
d’établir des rapports sur ses agents. Il est rigoureux et cherche toujours à s’imposer et à
se faire respecter. Il admire Rivière, est tendre et chaleureux avec Pellerin qu’il invite
même. En fin, c’est un homme qui cherche à partager la joie et le bonheur avec les autres
hommes de son entourage.
• Leroux : Il a passé 40 années de sa vie dans l’aviation. Leroux est un homme dont
le travail est sa raison de vivre. Il joue le rôle de conseiller auprés de son chef Rivière et
propose toujours des solutions raisonnées pour résoudre des problèmes dans Vol de Nuit.
• Roblet : C’est un vieux ouvrier qui a participé au montage du premier avion en
Argentine. Il sert à illustrer la théorie de Rivière à savoir qu’une entreprise d’avion se met
en danger si la moindre erreur est tolérée. Avec le personnage de Roblet, St. Exupéry pose
le problème de la justice et de l’injustice avec celui de la pitié.

3-Les femmes

Elles sont deux dans Vol de Nuit : Simone, l’épouse de Fabien et l’épouse de
Pellerin. Toutes les deux femmes sont jeunes et sont au foyer. Il n’ya pas de détails sur le
portrait physique des femmes sauf Simone dont on dit qu’elle est trés belle. En plus, toutes
les deux sont nouvellement mariées et sont sans enfants.

Au sol, la femme de Fabien, qui connaissait les heures d’arrivée de son mari et
qui ne le voyait pas venir, s’inquiétait et décida d’agir elle-même. Elle entre d’abord en
contact avec le secrétaire, puis avec Rivière pour connaître les raisons de l’absence
anormale de son mari mais n’obtint que de simples réponses courtes qui ne lui donnent
pas de satisfaction : « très retardé en effet… vous savez par mauvais temps…etc. ».

La femme représente le bonheur du pilote au foyer.

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F-LES THEMES

Vol de Nuit est un roman d’action qui regroupe quelques centres d’intérêt comme :
la sublimation du moi, les échanges humaine et les progrès du monde. Dans ce sens, du
début à la fin du roman, beaucoup de thèmes sont abordés parmi lesquels on peut citer :
Le courage (dépassement de soi, don de soi), la permanence de l’action, l’héroïsme, la
responsabilité, le sens du devoir et du défi, la solidarité (fraternité), le sens de l’humilité,
la solitude…

G-LE STYLE

Dans Vol de Nuit, Saint-Exupéry a employé des phrases brèves, simples et parfois
très colorées. Il utilise un style télégraphique et s’appuie sur un registre familier pour faire
passer son message. Beaucoup de mots appartiennent au vocabulaire de l’aviation comme
TSF, radio, carlingue, gyroscope, manomètre… St. Exupéry se sert aussi de phrases à
l’impératif surtout quand Rivière s’adresse à ses agents. Beaucoup de mots appartiennent
à l’environnement climatique comme : ciel pur, pleine lune, vent nul, cyclone... La
description du cadre ou de l’action est très représentée dans le roman comme la première
partie du chapitre I, le ton est quelque fois tragique, triste voire pathétique.

CONCLUSION

En définitive nous pouvons dire que Vol de Nuit est un roman qui magnifie et
expérimente chez les personnages des valeurs nouvelles comme le courage, la fraternité,
l’honnêteté, la responsabilité, la solidarité, l’héroïsme et la recherche permanente de la
grandeur en donnant un sens au devoir. C’est donc un roman attaché à la morale, à la
philosophie de l’action. Ainsi cette œuvre est une représentation de la vie faite de joie, et
de tristesse, d’échec et de victoires. Saint-Exupéry reste et restera pour la prospérité un
des pionniers de l’aviation. En ce sens, Vol de nuit constitue une aventure mais ce n’est
pas une aventure gratuite. Les pilotes ont une mission, celle d’ouvrir et d’assurer pour les
générations futures les vols de nuit. Les risques qu’ils courent constituent leur
participation à l’édifice des temps modernes et leur aventure montre la grandeur de
l’homme.

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MARIAMA BA, UNE SI LONGUE LETTRE, 1979

I-PRESENTATION DE L’AUTEUR

Mariama Bâ est née en 1929 au Sénégal. Elevée dans un milieu musulman


traditionnel par ses grands-parents maternels, après la mort de sa mère, elle fut scolarisée
à l'école française et entra à l'Ecole Normale de Rufisque en 1943 avec des résultats
d'examens brillants. Elle y obtint son diplôme d'institutrice en 1947. Elle enseigna
pendant douze ans puis, pour des raisons de santé, demanda son affectation à l'Inspection
régionale de l'enseignement du Sénégal. Mère de 9 enfants, divorcée, elle fut l'épouse du
député Obèye Diop.

Mariama Bâ est l’une des figures les plus remarquables de la littérature


sénégalaise .C’est la lumière d’un continent, le porte flambeau d’une Afrique qui se
réveille au sortir des indépendances. Consciente de son rôle de femme et d’éducatrice
dans une société emportée par le modernisme, Mariama Bâ signale une pensée dense et
éclairée. Dans ses œuvres, Une Si longue lettre (1979) et un chant écarlate (1981), elle
ne cessera de montrer d’une façon ironique et frappante l’état de la société sénégalaise.

Militante pour la défense des droits de la femme sans pour autant être féministe,
Mariama Ba cherche à construire une société plus juste où les femmes et les éducateurs
ont une place de choix.

Elle est morte en 1981, peu avant la parution de son second ouvrage. Un Lycée de
Dakar (Gorée), la Maison d'éducation Mariama Bâ, porte aujourd'hui son nom.

II-ETUDE DE L’ŒUVRE

A-ANALYSE

Traduit en 17 langues(2000), lauréat du prix Noma en 1980 à Franckfort en


Allemagne, lue et commentée dans le monde entier, une si longue lettre, est une œuvre
majeure qui signale au premier abord une pensée nourrit d’africanité. Enracinée dans la
tradition sans pour autant refuser la modernité, l’œuvre de Mariama Ba établit un dialogue
des consciences par l’intermédiaire de personnages marquants pour esquisser ou dessiner
la société idéale à bâtir.

Dès le titre l’auteur révèle le contenu du roman. L’article indéfini « une » semble
indiquer que l’histoire n’est pas seulement destinée à une seule personne mais à toutes les
femmes du monde. L’adverbe d’intensité « si » nous renvoie au degré de souffrance
contenu dans la lettre. De même, l’adjectif « longue » ne donne pas seulement une idée
de la longueur de la lettre, mais aussi, une idée de la souffrance interminable vécue par
les personnages féminins du roman. Enfin, le terme « lettre », qui a un contenu épistolaire
s’adresse à un destinataire connu : Aissatou.

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Nous pouvons donc retenir qu’une si longue lettre est un roman épistolaire qui
parle de la souffrance interminable que la femme rencontre toute sa vie durant. En plus
cette lettre n’est pas seulement adressée à Aissatou, mais à tout le monde, particulièrement
aux femmes.

B-STRUCTURE

Une silongue lettre est un roman qui retrace la vie de deux amies : Ramatoulaye
(celle qui écrit la lettre) et Aissatou (celle à qui elle écrit). A travers leurs deux vies que
raconte Ramatoulaye, c’est la sensibilité de deux femmes qui n’ont pas le même
tempéramment qui se dessine.

L’auteur d’Une si longue lettre exploite en profondeur l’art épistolaire qui avait
fait la fortune et la gloire de Madame de Sévigné (17 e siècle) de Jean Jacques Rousseau
(18e siècle) de Georges Sand et de Flaubert (19e siècle). La correspondance est un genre
littéraire qui favorise l’épanchement volontiers des sentiments et l’expression libre des
préoccupations. Elle s’appuie sur un ton familier (je, tu, moi).

Dans ce roman, Mariama Bâ met l’accent sur les déboires (déception, trahison,
malheur, souffrance) des premières épouses dans les mariages polygames. Ce roman
décrit avec sensibilité, la fragilité du statut de première femme chez les deux héroïnes :
Aissatou et Ramatoulaye. Ces histoires, qui se répondent à travers la correspondance, sont
extrêmement riche malgré une totale absence de dialogue. Tout est dit en peu de mots :

• d’abord l’amour et le bonheur du mariage


• ensuite l’influence de la famille et l’inconstance masculine qui pousse les maris à
prendre une deuxième épouse.
• enfin le drame : Aissatou divorce, Ramatoulaye est abandonnée à elle-même par
son époux. Elle fait face aux difficultés d’argent, au problème d’éducation des
enfants et pour combler le tout, au deuil. Elle termine néanmoins par pardonner à
son mari qui l’a humiliée après la mort de celui-ci, tout en repoussant les nouveaux
prétendants.

C- COMPOSITION ET RESUME

Une si longue lettre est un récit original de 27 chapitres où la fin d’une vie permet
de remonter au commencement des choses. La mort de Modou Fall provoque la remonté
des souvenirs de joie ou de peine et permet ainsi le déroulement du récit en quatre temps :

▪ Chapitre 1 à 5 : La mort subite de Modou Fall entraine toutes les


cérémonies liées à cette disparition : enterrement, condoléances, cérémonies du 3e jour.
Le partage de l’héritage « mirasss » permettra à la narratrice de connaitre la véritable
identité de Modou Fall.
▪ Chapitre 6 à 17 : Dans cette partie, la narratrice rappelle sa première
rencontre avec Modou Fall, leur vie de couple jusqu’à l’intrusion de Binetou dans leur
vie. Parallélement, elle rappelle aussi la vie du couple Aissatou-Maodo jusqu’à leur
divorce. En plus, il ya aussi l’histoire du couple Samba Diack-Jacqueline.
▪ Chapitre 18 à 21 : La narratrice relate dans cette partie la cérémonie du
e
40 jour, mais aussi les candidatures de Tamsir et de Daouda à sa main ; candidatures
qu’elle va catégoriquement refuser.

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▪ Chapitre 22 à 27 : S’étant libérer de ses nouveaux prétendants,
Ramatoulaye est désormais seule face à l’éducation de ses enfants. Les difficultés
rencontrées sont multiples : probléme entre Mawdo et son professeur de Français, la
grossesse d’Aissatou, le tio qui fument… Dans cette partie, on note surtout une volonté
de la narratrice à reprendre sa vie en main.

D-L’ESPACE ET LE TEMPS

Le cadre spaciale du récit est la région de Dakar. La narratrice a mentionné les


noms de lieux comme Ouakam, Ngor, Sébikotane, Grand-Dakar, Almadies, Rufisque…
En plus de ce cadre, beaucoup de scènes se déroulent dans la consession de la narratice,
dans la rue ou dans tous les lieux fréquentés par les personnages. On note aussi la
référence au Sine, à Diakhao où est originaire tante Nabou. L’exisstance de ces lieux
permet à l’auteur de donner non seulement un cadre à son histoire, mais aussi et surtout
de relier les différents personnages à leur milieu.

L’histoire d’une si longue lettre se déroule après les indépendances. Quant au


récit, il se divise en deux périodes : avant la mort de Modou Fall et après sa mort. C’est
ce qui explique aussi le fait que la narratrice entremêle volontairement passé, présent et
avenir à l’intérieur du texte.

E-LES PERSONNAGES

Tous les personnages sont vus décrits à travers le regard, les yeux de Ramatoulaye,
la narratrice. Elle est aussi connue à travers son propre récit. Ces personnages décrits,
gravitent tous autour d’elle. Ainsi leur importance dédend du drame qu’elle traverse.

Pour l’étude de ses personnages, nous allons successivement voir :

▪ les personnages des deux couples mis en scène


▪ les enfants de l’héroïne
▪ les prétendants
▪ les co-épouses

1-Les personnages des deux couples

• Ramatoulaye : C’est la narratrice. Son nom apparait très tardivement dans le


récit. Elle est originaire d’une grande famille et croyante (musulmane).

Comme épouse, Ramatoulaye est une maitresse de maison énergique. Elle attache
de l’importance à la propreté corporelle comme à celle de la maison et à la gestion du
budget familiale. Bien qu’elle considère Modou comme un traitre, elle avoue cependant
l’avoir aimé passionnément, avec une assurance tranquille, en dépit de sa mère qui lui
préférait Daouda Dieng. Elle a été toute dévouée à son époux, a devancé ses désirs et
affirme rester fidèle à l’amour de sa jeunesse. Elle est lucide dans son jugement car
accepte de chercher sa part de responsabilité dans l’échec de leur couple et de regarder en
face son vieillissement physique. C’est ainsi qu’elle acquiert de la sagesse et semble
renoncer à l’amour, préférant compter sur l’amitié. C’est pourquoi elle éconduit les
prétendants de tous âges.

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Comme mère elle est déchirée par deux sentiments contraires : la joie d’être mère
et sa tristesse d’épouse abandonnée. Faute d’être aimée elle se dévoue à ses enfants, se
réjouit de leurs résultats scolaires, les encourage, les soigne. Elle essaie d’être une mère
aimante et compréhensive surtout à l’annonce de la grossesse de sa fille Aissatou. Cette
compréhension se remarque aussi dans ses efforts pour admettre les courants du
modernisme : cigarettes, pantalons et éducation sexuelle.

Comme femme, Ramatoulaye, depuis sa jeunesse a désiré un destin « hors du


commun ». Elle se sait destinée à une mission émancipatrice. En plus, elle a une haute
idée de sa fonction d’institutrice qui est pour elle un sacerdoce. Elle croit au rôle politique
et même patriotique de la femme. Sa personnalité est elle-même un message : on peut
d’ores et déjà définir cela comme un engagement féministe de l’auteur.

• Modou : C’est le fils d’un homme simple et compréhensif. Il était beau dans sa
jeunesse, parfait, séduisant, sensible, intelligent, tendre, prévenant et viril. C’est aussi un
homme ambitieux, car après sa licence en droit, il est devenu conseiller technique au
ministère de la Fonction Publique. Sa mère est fière de sa réussite. C’est aussi un
syndicaliste clairvoyant, réaliste et pratique. Cependant, ce qui semble contradictoire chez
cet homme, c’est sa trahison. Lorsqu’il s’est épris de Binetou, il s’est montré obstiné et
tenace devant tous les obstacles. Il a trahi, abandonné sa famille. Malgré tout cela, à sa
mort l’hypocrisie sociale louera tout de même en lui le bon père et le bon époux.
• Aissatou : C’est la fille d’un bijoutier et épouse d’un « prince ». D’après
Ramatoulaye, elle est belle et douce. Elle vit avec son mari une existence moderne car est
habituée à la nappe et aux couverts. De son mariage avec Mawdo, elle aura 4 fils. Aissatou
est décrite comme une femme naïve, car ne soupçonne pas la vengeance de sa belle-mère.
En effet, celle-ci, n’ayant pas pu lui pardonner son origine de bijoutière, cherchera une
autre épouse à son fils. Cependant, elle se montre digne en refusant tout compris imposé
par la société quand son mari épousa la petite Nabou. Elle quitte son mari, préférant un
amour sans partage. Elle ne s’arrête pas à son passé, mais se fixe un objectif et parvient à
l’atteindre sans trop de difficulté. Sa générosité et sa grande amitié pour Ramatoulaye est
matérialisé par le don de voiture qu’elle lui fit.
• Mawdo : C’est le fils d’une princesse descendante du Bour-Sine et d’un
Toucouleur. C’est un bon médecin et sa réputation est grande. Ramatoulaye gardera une
grande confiance en ses capacités professionnelles car elle sait qu’on peut le réveiller à
n’importe quelle heure. Ferme dans sa jeunesse, il admire les gens de valeur comme le
père d’Aissatou. Il brava sa famille et l’opinion, provoque le reniement de sa mère en
épousant une bijoutière. Moralement il est présenté comme faible car accepte la femme
que lui impose sa mère au détriment de son premier mariage et son bonheur. Il est devenu
triste, déboussolé car ayant perdu par sa propre faute la seule femme qu’il ait jamais aimé
et qu’il continue encore d’aimer. Il assistera son ami Modou, dans ses derniers moments,
impuissant devant la mort.

Il est important de noter que ces deux couples ont vécu dans leur jeunesse le même
idéal intellectuel, ils étaient pleins de nostalgie, mais résolument progressiste. Ils étaient
pétris de rigueur, avec une conscience debout. Ils ont connu tous deux les bonheurs
simples, mais aussi les bouderies et réconciliation des jeunes ménages. Tous deux ont cru
échapper aux pressions sociales. Tous les deux couples ont été déchirés par le drame
habituel des couples vieillissants.

ETUDE DES ŒUVRES EN CLASSE DE 3eme Page 11


Fermes dans leur jeunesse, les deux hommes principaux du roman se montrent
faibles dans la maturité. Ainsi tout est permis à l’homme lassé d’une épouse flétrie : tel
est le scandale que dénonce l’auteur.

2-Les enfants de l’héroïne

• Daba : Elle est directement concernée par le drame qui touche sa mère. Amie de
Bintou, elle est doublement atteinte lorsqu’elle apprend que son amie est la rivale de sa
mère. Elle se monte contre son père et pousse sa mère à rompre. Cette attitude se retrouve
dans presque tous ses raisonnements.

Jouant son rôle d’ainée, elle seconde sa mère dans l’éducation des petits. Dotée
d’une forte personnalité, elle veut contribuer à rétablir la justice et remplace sa mère
convoquée auprès des professeurs, en cas de besoin. Elle se marie à Abdou qui la traite
avec respect. La tendresse de leur couple fait rêver Ramatoulaye. Daba semble illustrer
la jeune fille moderne, consciente de ses devoirs, mais aussi de ses droits.

• Mawdo : C’est l’homonyme de Mawdo Ba. Il est le cadet de Daba. Il est décrit
comme quelqu’un qui a des dons littéraires remarquables. Il s’insurge et rouspète contre
un professeur Blanc, raciste, qui privilégie un autre élève blanc à son détriment.
• Aissatou : Elle est l’homonyme de la destinataire et prend la relève de Daba dans
la marche de la maison. Elle fait la toilette des petits, se charge d’emmener son frère à
l’hôpital lors de l’accident du cyclomoteur. Elle est décrite comme intelligente, car
raisonne sur tout avec une clarté d’esprit remarquable. Elle est aussi franche car avoue
sans fard sa rencontre avec Iba Sall, ce jeune séducteur qui l’a mise enceinte. Ce dernier
deviendra un frère pour tous.
• Aminata(Amy) et Awa : Ce sont deux jumelles. Elles se confondent
physiquement, mais ont des caractères très différents. Awa travaille moins bien
qu’Aminata.
• Arame, Yacine, Dieynaba : C’est le trio inséparable. Elles fument de la cigarette
et portent des pantalons ce qui provoque le courroux de leur mère. Elles condamnent
l’acte d’Iba et le lui manifestent.
• Alioune et Malick : Ils ont un accident de vélomoteur par leur faute et se
plaignent de l’absence de terrains de jeux dans leur cité.
• Oumar : Il est âgé de 8 ans
• Ousmane : C’est le dernier né, âgé de 6 ans. Il semble gâté, mange du chocolat
sans retenue. Il est l’ami de tante Aissatou dont il a le privilège d’apporter les lettres à sa
mère.

3-Les prétendants

• Tamsir : Il est le frère ainé de Modou et lui ressemble. C’est avec assurance qu’il
déclare à Ramatoulaye son intention de l’épouser à la sortie du deuil : il essuie un échec.
• Daouda Dieng : Premier prétendant de Ramatoulaye dans sa jeunesse, il est
médecin. La mére de Ramatoulaye le préférait à Modou. Il a du charme, un rire franc,
communicatif, de belles dents, l’œil intelligent et les lèvres volontaires. Il est bon époux.
Son foyer est entouré de respectabilité. Député, il reste accessible. Il est sérieux dans son
action et c’est un homme de droiture et un homme de devoir car continue d’exercer la
médecine par pur sens civique. Il fait sa demande de mariage à Ramatoulaye en un

ETUDE DES ŒUVRES EN CLASSE DE 3eme Page 12


discours délicat, en se montrant sincère, raisonnable, gêné. Mais il ne supporte pas que
Ramatoulaye lui propose une simple amitié et lui répond : « tout ou rien »

4-Les co-épouses

• Binetou : Elle est la deuxième épouse de Modou Fall, dont elle a eu trois enfants.
C’est aussi l’amie de classe de Daba. Au départ, elle est peinte comme une jeune fille
frêle, jolie, timide, belle et enjouée. Elle se métamorphose sous l’effet du sérieux
problème que lui pose le vieux qu’elle épouse sous la pression de sa mère. Pour
Ramatoulaye, elle a immolé sa fraicheur dans son mariage. C’est un agneau immolé,
victime de sa mère, vendue par elle.

Après quelques années de mariage, elle est devenue exigeante et se moque du


vieillissement de Modou. Elle essaie de briller dans la société, de faire la grande dame en
se pavanant dans une Alpha Roméo fréquemment changée. Sa mère jubile de fierté. Mais
on remarque qu’elle est malheureuse et les retombées de son drame seront très dures pour
elle et pour sa mère.

• Nabou : Elle est la deuxième épouse de Mawdo Ba. Elle a eu deux enfants de lui.
Elle est amenée tout enfant dans le ménage d’Aissatou et de Mawdo par les soins cruels
de Tante Nabou (Seynabou) qui forge son caractère. Elle fréquente l’école française grâce
à l’intervention de Ramatoulaye. Elle acquiert la notion de la grandeur de la race. Elle est
décrite comme douce, généreuse, docile. Elle devient sage-femme. Pas plus que Mawdo,
elle ne résiste à l’intrigue de Tante Nabou. Docile dans sa vie personnelle, elle est une
battante dans sa vie professionnelle. Son métier lui donne des responsabilités. Elle l’aime,
rentre harassée.

Notons en remarque qu’au départ, ces deux jeunes filles n’ont pas des
personnalités très marquées, ce ne sont pas elles qui ont provoqué les hommes et cherché
à détruire les foyers. Elles sont finalement présentées comme des victimes de la société :
ce sont les hommes qui font le choix de l’union conjugale.

Ce qu’on remarque aussi, c’est que dans chacun des cas, c’est une femme âgée
(une belle-mère) qui est l’instigatrice des nouvelles épousailles et provoque la catastrophe
dans les foyers.

Pour conclure cette partie, nous pouvons dire que les personnages de ce roman
sont plus porteurs d’une idéologie qu’intéressants comme individus. Ainsi les femmes
sont avant tout des épouses trompées ou des proies de l’amour masculin. Les hommes
sont responsables par leur faiblesse, d’immenses drames familiaux. Ce roman défend
donc une thèse : c’est ce qui rend utile une étude thématique.

F-LES THEMES

Une si longue lettre traite des problèmes que posent l’éducation des enfants, les
problémes du mariage, les cérémonies familiales, le poids de la tradition… En un mot,

ETUDE DES ŒUVRES EN CLASSE DE 3eme Page 13


c’est la peinture de la société sénégalaise que nous présente l’auteur. On peut noter aussi
en filigrane des thémes comme : le statut de l’homme, les conditions de la femme, le
mariage, l’amour et l’amitié, la polygamie, les cérémonies familiales, les problèmes de
caste, la critique des mœurs sociales, les belles familles…

CONCLUSION

Une si longue lettre peut se lire comme une lettre ouverte ou un manifeste où
l’auteur défend une thèse : celle du droit et du devoir de la femme à participer dans tous
les secteurs du développement de son pays.

Dans ce roman, Mariama Bâ nous enseigne sur les mœurs de la société sénégalaise
en mutation, mais aussi les conditions de la femme.

Tout au long du roman, c’est un cœur qui parle, mais c’est l’esprit qui prend
l’écriture en charge. C’est une écriture simple, claire, qui refuse tout bavardage et le
remplissage. Le ton pathétique (sentimental), ajouté à la poésie des amours ratées, donne
au roman une allure à la fois bouleversante et attachante.

Les thèmes de la condition de la femme, de l’éducation des enfants (éducation


sexuelle) et la place que doit occuper la femme sont plus qu’actuelle. Ils donnent ainsi au
roman ce cachet moderne et actuel qui participe à l’éternité de cette œuvre remarquable.

ETUDE DES ŒUVRES EN CLASSE DE 3eme Page 14


SUJETS DISSERTAION BFEM

Sujet 1 (BFEM 2000): « Beaucoup de jeunes enfants, dans le monde, doivent


gagner leur vie en travaillant. » Que pensez-vous de cette situation. Quelles solutions
préconisez-vous pour y remédier ?

Sujet 2 (BFEM 2006) : Beaucoup de jeunes choisissent aujourd’hui le chemin de


l’émigration. Quelles sont les raisons de ce phénomène ? Leur donnez-vous raison ?
Sujet 3 (BFEM 1993) : « La jeunesse actuelle s’estime peu satisfaite du monde des
adultes. » Qu’est-ce qui, selon vous, explique ce malaise ? A partir d’exemples précis,
illustrez vos propos.

Sujet 4 (BFEM 2004) : « Une jeunesse responsable et patriote ne doit pas se


contenter d’un rôle de spectateur face à l’effort de développement de la nation ». Selon
vous, de quelle manière les jeunes peuvent-ils contribuer au développement de leur pays.

Sujet 5 (BFEM 1992) : « Comme pour la plupart des pays du tiers monde, le
Sénégal connaît le problème des « enfants de la rue ». Après avoir dit qui sont ces enfants
en difficulté, vous essayerez de donner les raisons de leurs souffrances avant de proposer
des solutions à leur situation.

Sujet 6 (BFEM 2001) : « Qui dure dans un puits, une corde de sauvetage l’y
trouvera » Quelles leçons les jeunes peuvent-ils tirer de ce proverbe ? Illustrez cette
opinion à l’aide d’exemples diversifiés.

Sujet 7 (BFEM 2007) : « La curiosité est un vilain défaut » a-t-on l’habitude de


dire. Dans un développement bien argumenté et structuré vous montrerez que cette
formule proverbiale n’est vraie que dans certains cas.

Sujet 8 (BFEM 2001) : « Etre homme, c’est précisément être responsable ».


Expliquez et illustrez ces propos de Saint Exupéry.

Sujet 9 (BFEM 2004) : « Le courage, c’est la fermeté devant le danger, la douleur


physique ou morale » affirme-t-on. A l’aide d’exemples tirés de vos lectures et de votre
expérience, vous montrerez la justesse de cette pensée.

Sujet 10 (BFEM 2003) : « A la lecture du roman Vol de nuit on découvre des


hommes qui semblent renoncer à une vie familiale épanouie pour se donner entièrement
à une vie d’action et de sacrifices. » Partagez-vous un tel point de vue ? Justifiez votre
réponse à l’aide d’arguments et d’exemples précis.

Sujet 11 (BFEM 1999) : Antoine de Saint-Exupéry disait : « La grandeur d’un


métier est, peut-être, avant tout d’unir les hommes ». Quel métier vous paraît le plus
contribuer à cette unité ? Donnez les raisons de votre choix.
Sujet 12 (BFEM 2007) : Il n’est pas toujours facile, quand on est adolescent(e) de
communiquer avec les adultes. En vous appuyant sur des exemples précis tirés de votre
expérience et de vos lectures, vous montrerez ce qui rend cette communication difficile
et pourtant indispensable.

ETUDE DES ŒUVRES EN CLASSE DE 3eme Page 15


Sujet 13 (BFEM 1998) : Dans ce 20e siècle finissant, plein de mutations et de défis,
l’homme a de plus en plus besoin de se sentir des liens : lesquels ? Quels liens aimerez-
vous créer entre vous… et autrui ?

Sujet 14 (BFEM 2000) : « La grandeur de l’amitié réside dans les gestes qui
soutiennent ». Partagez-vous cette réflexion ? Vous justifierez vos réponses en vous
appuyant sur des exemples tirés des œuvres au programme.

Sujet 15 (BFEM 1993-2006) : « Lire, c’est voyager, c’est connaître des contrées
lointaines et des femmes… » Montrez-le à partir des œuvres au programme de la classe
de 3ème.

Sujet 16 (BFEM 1995) : L’automobile est l’objet de discussions passionnées :


merveilleux outil à notre service pour certains, elle est considérée par d’autres comme un
véritable fléau contemporain. Après avoir examiné ces deux positions, dites quelle est
votre opinion à ce sujet.

Sujet 17 (BFEM 2003) : « Un pays en développement comme le Sénégal a


beaucoup plus besoin d’ingénieurs et de techniciens que de sportifs de haut niveau », dit-
on souvent. Exposez votre point de vue.

Sujet 18 (BFEM 1997) : « Le modernisme pousse, chaque jour, l’homme à


conquérir la nature, à la soumettre à ses caprices. Ne pensant qu’à améliorer ses
conditions de vie, il oublie qu’il agresse Dame Nature. » En vous référant à vos
connaissances écologiques, géographiques et autres, essayez de montrer les réussites de
l’homme face à la nature et les dangers qui le guettent.

Sujet 19 (BFEM 1996) : Le monde dans lequel nous vivons est troublé par la
violence, sous forme de guerres, de meurtres, d’agressions, d’attentats… Quels sont les
fondements d’une telle situation ? Pensez-vous qu’il soit possible de vaincre ce fléau ?

Sujet 20 (BFEM 2005) : L’actualité nous donne de multiples exemples d’hommes


qui, pour une cause supposée juste, attentent à la vie d’êtres innocents. Peut-on considérer
les terroristes comme des héros ? Le terrorisme disparaîtra-t-il un jour ? Vous donnerez
votre point de vue à l’aide d’exemples précis.

Sujet 21 (BFEM 2005) : Vous avez lu des romans ou des contes, vu des films,
assisté à des représentations théâtrales. Dites en quoi ces œuvres peuvent servir à éveiller
la conscience sur certains problèmes contemporains : racisme, injustice sociale,
épidémies, famine, guerre…

Sujet 22 (BFEM 1997) : Dans Une si longue lettre, Mariama Bâ, par le biais de
son personnage Ramatoulaye, déplore le peu de liberté accordée à la femme ainsi que le
rôle secondaire qui lui est assigné. Partagez-vous son avis ? Quelles voies préconisez-
vous pour l’amélioration de la condition de la femme ?

Sujet 23 (BFEM 1998) : Parlant des œuvres littéraires africaines, Paul Vézinet
écrit : « Les jeunes gens et les jeunes filles d’Afrique trouveront dans ces œuvres l’écho

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des coutumes, des légendes et des activités traditionnelles (…) ». Peut-on appliquer un tel
jugement aux œuvres à votre programme de cette année ?

Sujet 24 (BFEM 1992) : Tradition et modernisme se côtoient dans la vie de tous


les jours. Certaines personnes prétendent qu’ils s’opposent alors que d’autres pensent
qu’ils se complètent. Quelles réflexions vous suggèrent ces deux points de vue ?

Sujet 25 (BFEM 1996) : Il est des pratiques et croyances héritées du passé qui
peuvent constituer une entrave au progrès. Analysez-en quelques-unes, montrez quel frein
elles peuvent représenter. Quelle attitude, selon vous, convient-il d’adopter à leur égard ?

Sujet 26 (BFEM 1995) : « Nous n’avons pas eu le même passé, vous et nous, mais
nous avons le même avenir, rigoureusement. L’ère des destinées singulières est révolue. »
Expliquez et discuter ces propos du père de Samba Diallo à l’endroit de l’Européen
M. Lacroix - dans l’Aventure ambiguë de Cheikh H. Kane.

Sujet 27 (BFEM 1994) : « Dieu a ses mystères que personne ne peut percer. Tu
seras roi, tu n’y peux rien ; tu seras malheureux, tu n’y peux rien ; chaque homme trouve
sa voie déjà tracée. Il ne peut rien y changer. » En partant de vos lectures et de votre
expérience personnelle, expliquez et discutez ces paroles.

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