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1
Sommaire
Introduction
Première partie : RENFORCEMENT DU PAYSAGE BANCAIRE MAROCAIN
I. L’organisation des banques participatives
II. Licence accordée aux banques participatives
Deuxième partie : PROPOSER D’AUTRES MOYENS DE FINANCEMENT
2
Introduction
La banque participative est, en fait, un vœu pieux ayant tardé à voir le jour au Maroc, qui
demeure un pays où l’Islam est consacré constitutionnellement comme étant la religion de
l’Etat et demeure majoritairement pratiqué par la population. Or, le législateur national a
hésité pendant longtemps avant de prendre L’initiative de réforme visant l’introduction de la
banque islamique mais sous le qualificatif de ‘’participative’’, qui occulte en quelque sorte
cette connexion avec le champ religieux. Cependant, la banque islamique est considérée
comme une solution crédible et une alternative à la finance conventionnelle. Actuellement,
les deux références mondiales en la matière sont la Malaise et les pays du Golfe. Selon des
statistiques très récentes, on évoque un volume d’environ 8% du marché financier mondial,
qui est accaparé désormais par la banque islamique, qui demeure en plein essor. Pour
Abderrahmane Belbachir du cabinet Al Maali Consulting Group, l’industrie de la finance
islamique (FI) dans le monde est évaluée à plus de 1.300 milliards de dollars. Elle réalise un
taux de croissance annuel moyen supérieur à 15%.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, on est interpellé par la question de savoir ce qu’est la
banque participative.
En puisant dans le texte de la nouvelle loi bancaire, l’article 54 nous apprend que les
banques participatives sont définies comme étant « les personnes morales habilitées à
exercer à titre de profession habituelle les activités visées aux articles 1er, 55 et 58 de la loi,
ainsi que les opérations commerciales, financières et d’investissements, après avis conforme
du Conseil supérieur des oulémas. Alors que, l’article 55, le texte dispose que «les banques
participatives sont habilitées à recevoir du public des dépôts d’investissement dont la
rémunération est liée aux résultats des investissements convenus avec la clientèle ».
La banque participative puise son origine dans le coran et la sounna. La finance islamique,
fondée sur des valeurs éthiques repose sur cinq principes fondamentaux : l’interdiction de
l’intérêt, le partage des pertes et des profits résultant de l’association, l’interdiction de
l’incertitude (Garar),dans les transactions et notamment de la spéculation (mayssir et
3
quimar) ,l’obligation d’adosser tout financement à un actif tangible, faisant l’objet d’une
transaction définie dans ses termes et l’interdiction de certaines activités et produits illicites
(haram).
Ses principes fondateurs ont été développés au fil du temps avant d’être mis en application
sous la forme moderne vers le début de la deuxième moitié du 20ème siècle.
Les dates clés qui ont marqué l’histoire de la banque islamiques sont :
1963 : naissance des principes financiers islamiques en Egypte. La Mit Ghamr Saving
bank propose des comptes épargnes basés sur le partage des bénéfices et non des
produits.
1970 :L’Organisation de la Conférence Islamique est créée et lance l’idée de la
banque islamique.
1974 Avènement de l’Islamic Development bank la BID organisation multilatéral
comprenant 56 pays membres à pour vocation d’apporter son concours aux PVD et
PMA (26) et PMMA (6) sous forme d’aide au développement, et avec des techniques
de financements islamiques, qu’il s’agisse de financer le commerce extérieur, de
lutter contre la pauvreté, de financer certaines infrastructures (routes, Barrages
hydro-électrique..) et certains projets sociaux comme la construction d’écoles ou de
centre de santé.
1975 :Création de la banque islamique du développement, et naissances de banques
islamiques telles que la Dubai Islamic Bank, la Kuwait Finance House et la Bahrein
Islamic Bank.
1979 et 1981 et 1983 islamisation totale des systèmes financiers des pays du
Soudan, Pakistan, Iran. Nombreux sont les pays islamiques du Golfe et de l'Asie qui
ont suivi (Arabie,Emirat,Indonésie,Malaisie...)
1980-2000 Développement de la FI en Asie du sud est et au Moyen Orient
2000-2008 Développement de la FI en Europe et au Moyen Orient, Asie du Sud Est,
Afrique du Nord, autant dans les banques islamiques que les banques traditionnelles
( HBSC, Deutsche, UBS, IBB, EIB..)
Cependant, le Maroc est très en retard par rapport à d’autres pays voisins. Malgré que la
finance islamique est présente dans le jargon de ses autorités monétaires depuis plus de
4
vingt ans maintenant. Les activités dites islamiques ont fait leur appariation en octobre 2007,
date où le gouverneur de la Banque Centrale du Maroc (Bank Al Maghrib) a autorisé la
commercialisation des produits nommés officiellement «Alternatifs». Depuis cette date, ces
nouveaux produits n’ont pas pu convaincre la grande masse des consommateurs marocains,
et leur commercialisation a rencontré certains obstacles : cherté, manque de sensibilisation,
manque de compétences, absence de cadre réglementaires approprié,.... Mais, la
contradiction est choquante: 94% des marocains autrement dit 7 marocains sur 10 sont
favorables aux produits et services bancaires conformes à la Charia! (selon une étude
récente menée par le cabinet Islamic Finance Advisory & Assurance Services.
Cela étant, il importe de souligner que, la banque islamique ou dite participative introduite
par la récente loi bancaire constitue un sujet d’actualité qui revêt une importance capitale, et
ce, étant donné que le secteur des établissements de crédit et organismes assimilés joue un
rôle clé dans l’économie marocaine et peut être considéré comme l’un des moteurs du
développement du pays en sa qualité de principale source de financement de l’économie et
par conséquent de croissance et de création d’emplois.
Nous allons essayer tout au long de notre analyse de cerner, les tendances, et les apports
potentiels, le renforcement du paysage bancaire marocain par la finance participative dans
une première partie, et ce, avant d’aborder les moyens de financements proposés par cette
dernière dans une seconde partie.
5
I. Première partie : RENFORCEMENT DU PAYSAGE BANCAIRE
MAROCAIN
La finance islamique a toujours manifesté de l’intérêt pour le Maroc. Depuis le début des
années 1980, plusieurs institutions financières islamiques approchent les autorités
monétaires marocaines dans la perspective d’une implantation dans le royaume. On se
rappelle, également, d’une tentative de création d’une banque islamique locale, maroco-
marocaine, initiée en 1985 par Wafabank. Mais, depuis cette époque, la banque centrale du
Maroc (Bank Al Maghrib) a toujours été hermétique à l’idée d’octroi d’agréments à des
banques spécialisées dans la finance islamique. Ce scepticisme est d’autant plus curieux que
le Maroc est un pays qui a toujours compté dans la communauté musulmane internationale.
par exemple, le Maroc a été l’un des pays fondateurs de l’Organisation de la Coopération
Islamique (OCI) : L’assemblée constitutive de cette organisation intergouvernementale a eu
lieu à Rabat, le 25 septembre 1969, sous la présidence de feu Hassan II, qui était le premier
chef d’État musulman à lancer l’idée d’une rencontre au sommet des chefs d’États des pays
islamiques (3ème sommet des pays arabes, Casablanca en 1965) Membre actif au sein de
l’OCI, le Maroc va être un des pays artisans de la création, en 1975, de la Banque Islamique
de Développement (BID) dans le but de stimuler le développement économique et le progrès
social des communautés musulmanes selon les principes de la charia. 1
En 2007 que les choses ont connu le sérieux avec l’intervention de toutes les parties
concernés tel que Bank Al Maghrib, le gouvernement chargé de la finance, le parlement et le
GPBM. Cette expérience n’a pas fait un grand succès suite à de nombreuses lacunes dont on
peut citer principalement le problème de conformité à la chariaa, le régime fiscal, la politique
de prix, le manque de compétences et la communication. Pour bien cerner cette
problématique l’expérience de Dar Assafae considérée comme la première banque islamique
au Maroc inaugurée en 2010 et faisant partie des filiales du groupe Attijariwafabank va nous
servir à bien visionner les entraves que peut rencontrer la mise en place de la finance
islamique au Maroc.
1
LA FINANCE ISLAMIQUE ET LE MAROC, UNE LONGUE HISTOIRE… QUI FINIT PAR COMMENCER ;Abdelilah
NGHAIZI ;Source : cahiers de la finance islamique n°3
6
Dans notre étude, il importe de connaitre les apports et les intérêts de la finance islamique
au paysage économique marocain.
La banque participative est une banque dont dont 100 % de son activité respectent les
principes shariatiques. Il est nécessaire de prendre en compte dans cette définition les «
IslamicWindows », que les banques conventionnelles ont ouvert au sein de leur activité une
filiale islamique.
Le passif est constitué de dépôts des comptes courants et des comptes d’investissement
auxquels s’ajoutent les fonds zakat, qui sont un impôt légal fixé à 2,5% par an qui est
calculé sur la base du patrimoine des ménages tel que l’épargne bancaire ou les placements.
2
file:///C:/Users/USER/Downloads/5651cf7fdfc78%20(3).pdf
La gestion des risques dans les banques Par BERNARD KEIZER.P 345.346.347.348
7
2. Comparaison entre banques conventionnelles et banques participative
Sur l’intérêt : les Banques participatives, Interdisent de la notion de Riba elles ne peuvent
consentir de prêts engendrant des intérêts alors que les banques conventionnelles :
autorisent le Paiement d’intérêts débiteurs et créditeurs.
Sur le partage du risque : les Banques participatives, L’argent ne peut pas être considéré
comme une marchandise, l’intervention des banques se fait sur la base de prises de
participation dans des projets ou des transactions de vente et/ou de location contrairement
aux banques conventionnelles ou les Transactions traditionnelles sont prêts/emprunts.
Sur la productivité et la solvabilité : chez les banques participatives’ Accent est porté sur la
productivité, la viabilité des projets et non sur la solvabilité de l’emprunteur. Par contre ,chez
les banques conventionnelles, l’Importance est accordée à la solvabilité de l’emprunteur et à
l’échéance du remboursement de la somme prêtée et des intérêts.
Sur le risque moral : pour la banque participative’ Importance est accordée aux implications
morales des activités financées et prohibition de certains secteurs d’activités. Pour les
banques conventionnelles, Financement va vers tous types de projets dans tous les secteurs
d’activité licites.
Gestion du compte courant : lorsqu’il s’agit de la banque participative, Lorsque qu’un client
sollicite la banque pour l’acquisition d’un bien, le compte courant du client ne reçoit pas
d’argent. La banque verse l’argent au fournisseur pour l’achat du bien et le revend à terme
au client. Donc la rémunération de la banque est constituée de la marge alors que pour la
banque conventionnelle, il y a une production d’intérêts lorsque la banque octroie un prêt et
qu’elle le transfert sur le compte courant de son client.
8
Gestion du compte d’investissement ou « Profit Sharing Investment Account (PSIA) » : chez
les banques participatives, Lorsque qu’un client sollicite la banque islamique pour l’acquisition
d’un bien, le compte courant du client ne reçoit pas d’argent. La banque verse l’argent au
fournisseur pour l’achat du bien et le revend à terme au client. Donc la rémunération de la
banque est constituée de la marge sur la vente du bien. Les fonds déposés dans le compte
d’investissement sont gérés par la banque en contrepartie de frais de gestion qui peuvent
être, soit des profits, soit des pertes. Les dépositaires n’ont aucun droit de regard sur la
gestion de leurs comptes. La durée des dépôts varie entre 1 mois et 5 ans. Si le détendeur
du compte se retire avant la fin de l'échéance, il partage les pertes, mais pas les profits que
les fonds ont pu générer. Ni le capital ni le taux de rendement ne sont garantis. Cette option
n’existe pas chez les banques conventionnelles dans ce cas.
Gestion du compte d’épargne : Le compte d’épargne ne génère pas d’intérêt ches les
banques participatives. Le titulaire du compte peut percevoir des profits. Le capital est
garanti mais il est versé après prélèvement de la Zakat. Pour les banques conventionnelles,
Le compte d’épargne génère un intérêt dont le taux d’intérêt fixe est connu d’avance.
9
3. Contrôle de la banque participative Vs la banque conventionnelle
Aussi bien dans les banques participatives que les banques conventionnelles, l’audit a pour
mission d’évaluer le contrôle interne, c’est-à-dire l’ensemble des dispositifs mis en place par
la direction de la banque, le Management et le personnel, afin de s’assurer que l’entreprise
respecte ses obligations légales et réglementaires, préserve ses actifs et ceux qui lui sont
confiés, fonctionne de manière efficace et sécurisée et produit des informations financières
et de gestion fiable.
L’Audit va donc évaluer si les risques encourus par la banque dans le cadre de ses diverses
activités et dans toutes les entités qui la composent, sont perçus et couverts de manière
adéquate. Un plan d’audit annuel est élaboré afin de déterminer, sur base d’une analyse de
risques, les domaines qu’il y a lieu d’auditer. Ces missions d’audit sont accomplies en
respectant les principes généraux suivants :
L’audit débute par la prise de connaissance du domaine à auditer et par les interviews des
personnes responsables des entités auditées ; l’auditeur détermine ensuite les risques liés à
l’activité auditée et rédige son programme de travail qui reprend ce qu’il va effectuer comme
test chez l’audité afin de vérifier sur le terrain si les risques sont maîtrisés ou non. Lorsque la
mission d’audit est terminée, un rapport est établi, les résultats en sont débattus
contradictoirement avec les personnes auditées. Lorsque l’Audit estime, sur base des tests
réalisés chez l’audité, que les risques ne sont pas maîtrisés, un certain nombre de
3
S. Anne,Auditeur interne d'une banque. http://metiers.siep.be/interviews/anne-auditeur-interne-une-
banque/#:~:text=L'audit%20a%20pour%20mission,ses%20actifs%20et%20ceux%20qui
10
recommandations sont formulées; les audités établissent alors un plan d’action afin
d’améliorer dans leur service la maîtrise des risques.
Ce comité rend annuellement un rapport auprès de l’AAOIFI sur la conformité des principes
shariatiques des contrats et de la documentation utilisées, et signaler si ces règles ont été
enfreintes.
11
banques des pays du Golfe spécialisées en finance islamique, la création d’une filiale dédiée
a été retenue ; c’est également la création de filiale commune dédiée à la banque
participative qui a été choisie comme structure de partenariat entre les banques locales et
les nouveaux entrants spécialisés en finance islamique.’.
La gamme des instruments financiers islamiques se présente sous trois formes : les
instruments de dette (Mourabaha, Istisna, Qard al-Hassan ou prêt gracieux), les instruments
de quasi-dette (Ijara ou contrat de crédit-bail), les instruments de partage des bénéfices et
des pertes (Moucharaka et Moudaraba).8
5
Circulaire du Wali de Bank Al-Maghrib n°2/W/17 du 27 janvier 2017 relative aux conditions et modalités de
réception des dépôts d’investissement de la part des banques participatives et des établissements de crédit et
assimilés.
6
Conformément aux dispositions des articles 34 et 60 de la loi n° 103-12 relative aux établissements de crédit
et organismes assimilés.
7
KARICH (2002)
8
M. KORCHI (2005)
12
I. Les instruments de financements
Ces produits sont conçus pour éviter l’apparition de toute forme quelconque de l’intérêt
prohibé. Et désormais, il est déclaré que dans ces instruments l’usure disparaît pour faire
place à la marge commerciale.
1. La Mourabaha
La Mourabaha est un contrat de vente au prix de revient majoré d’une marge bénéficiaire
connue et convenue entre l’acheteur et le vendeur.9
Il est à noter quel que soit le degré de désengagement de la banque vis-à-vis de l’opération
commerciale proprement dite, il demeure toujours un minimum de risque encouru par la
banque lors de sa possession de la marchandise pendant un certain laps de temps.
9
Selon L’article 58 de la loi 130-12 relative aux établissements de
crédit et organismes assimilés
10
https://www.entreprendre.ma/Produits-de-la-banque-islamique_a359.html#:~:text=La%20Mourabaha
%20est%20un%20contrat,bi%20ribhin%20ma'loum).&text=La%20Banque%20intervient%20en%20qualit
%C3%A9,'ordre%20(le%20client).
13
L’innovation du système de financement islamique relativement à la Mourabaha fut d’en faire
une technique de finance indirecte et ce, en apportant certains ajustements aux ventes à
crédit classiques. Ces ajustements sont dictés par la volonté de ne pas trop s’écarter de la
nature classique des banques en tant qu’intermédiaires financiers manipulant des documents
plutôt que des marchandises.11
2. La Moucharaka :
La Moucharaka est une association entre deux parties (ou plus) dans le capital d’une
entreprise, projet ou opération moyennant une répartition des résultats (pertes ou profits)
dans des proportions convenues. Elle est basée sur la moralité du client, la relation de
confiance et la rentabilité du projet ou de l’opération ainsi que sur la répartition des risques
entre les associés. Par ailleurs, la Moucharaka, telle que pratiquée par les banques
islamiques nouvelles, se présente le plus souvent sous forme d’une contribution au
financement de projets ou d’opérations ponctuelles proposées par la clientèle.
Comme dans la Mourabaha, ce financement peut se faire avec ou sans décaissement. Mais
elle peut aussi revêtir des formes plus élaborées. Dans tous les cas, cette contribution se
réalise suivant deux formules :
14
La Moucharaka dégressive : La banque participe au financement d’un projet ou
d’une opération avec l’intention de se retirer progressivement du projet ou de
l’opération après son désintéressement total par le promoteur. Ce dernier versera, à
intervalle régulier à la banque, la partie de bénéfices lui revenant comme il peut
réserver une partie ou la totalité de sa propre part pour rembourser l’apport en
capital de la banque. Après la récupération de la totalité de son capital et des
bénéfices qui échoient, la banque se retire du projet ou de l’opération.
3. La Moudaraba :
Il s’agit d’une forme d’association entre le capital financier d’une part et le travail de l’autre.
La gestion de l’affaire est totalement entre les mains du travailleur « Moudarib » alors que
les actifs acquis grâce au capital avancé demeurent la propriété du capitaliste « Rab el Mal ».
Les profits nets sont partagés entre les deux parties suivant des proportions agréées
d’avance alors que la perte sur le capital est à la charge du seul « capitaliste ».
Soit que les déposants confient à la banque leurs fonds (comptes de dépôts à terme) afin
que cette dernière les investisse dans des opérations et des projets viables et suffisamment
rentables. Dans ce cas, la banque joue le rôle de « Moudarib » et affiche son accord pour le
principe de partager les profits avec les détenteurs des comptes d’investissement y afférents
et de leur faire supporter les éventuelles pertes sauf lorsque de telles pertes font suite à des
négligences de la part de la banque ; le cas échéant, c’est cette dernière qui supporterait les
pertes.
Soit que la banque devienne bailleur de fonds et finance ses clients, avec les dépôts
collectés. Il est à remarquer alors, que la collecte de dépôts se fait dans les banques
islamiques exclusivement dans le cadre de Moudaraba. Le financement accordé aux clients
peut être réalisé sous forme Moudaraba mais aussi sous d’autres formes telles que la
Moucharaka, Ijara, Mourabaha.12
4. L’Ijara :
C’est un contrat de location de biens, assorti d’une promesse de vente au profit du locataire.
Il s’agit d’une technique de financement qui fait intervenir trois acteurs principaux : le
fournisseur (fabricant ou vendeur) du bien, le bailleur (en l’occurrence la banque qui achète
le bien pour le louer à son client) et le locataire qui loue le bien en se réservant l’option de
12
https://iqra-finance.com/moucharaka
15
l’acquérir définitivement au terme du contrat de location. Dans ce genre de financement, les
banques islamiques ont vu une technique qui s’accommode avec leur orientation aussi bien
dans l’effort de concourir au développement du monde musulman que dans un strict respect
de la Sharia puisque cette opération est considérée comme étant licite et conforme aux
préceptes du droit musulman.
L’objet de la location doit être licite, connu et accepté par les deux parties,
La location doit porter sur des biens durables, c’est à dire non destructibles du fait de
la jouissance ou de l’utilisation,
Le bien loué de même que les accessoires nécessaires à son usage, doivent être
remis à l’utilisateur en état de servir à l’utilisation à laquelle ledit bien est destiné,
La durée de location, le délai de paiement, le montant du loyer et la périodicité
doivent être déterminés et connus à la conclusion du contrat,
Le loyer peut être payé d’avance, à terme ou par tranches selon la convention des
parties,
Les deux parties peuvent convenir d’un commun accord d’une révision du loyer, de la
durée de location et de toutes autres clauses du contrat,
La destruction ou la dégradation du bien loué d’un fait indépendant de la volonté de
l’utilisateur n’engage la responsabilité de ce dernier que s’il est établi et qu’il n’a pas
pris les mesures nécessaires pour la conservation du bien avec le soin d’un bon père
de famille,
Sauf convention contraire, il incombe à la banque d’effectuer tous travaux d’entretien
et de réparation nécessaires au maintien du bien loué dans un état de servir à l’usage
auquel il est destiné. De même, elle supporte toutes les charges locatives antérieures
au contrat de location,
13
selon les jurisconsultes musulmans.
16
L’utilisateur assure quant à lui l’entretien d’usage du bien loué, de même que
l’ensemble des charges locatives nées à compter de la date de location.
5. L’Istisna :
L’Istisna est un contrat d’entreprise en vertu duquel une partie (Moustasni’i) demande à une
autre (Sani’i) de lui fabriquer ou construire un ouvrage moyennant une rémunération
payable d’avance, de manière fractionnée ou à terme. Il s’agit d’une variante qui s’apparente
au contrat Salam à la différence que l’objet de la transaction porte sur la livraison, non pas
de marchandises achetées en l’état, mais de produits finis ayant subi un processus de
transformation. La formule de l’Istisna, mise en pratique par une banque Islamique peut
revêtir l’aspect d’une opération triangulaire faisant intervenir aux côtés de la Banque, le
Maître de l’ouvrage et l’Entrepreneur dans le cadre d’un double Istisna. 14
1. Les Sukuks
En réalité, il ne s’agit pas d’un produit financier proprement dit mais plutôt d’un titre
financier, issu de montages juridiques établis sur l’un des contrats suivants : (l’Ijara, la
Mourabaha, la Moucharaka, l’Istisna, la Moudaraba, ou le Salam). Les Sukuks sont donc, des
obligations islamiques adossées à un actif tangible ou à un investissement dans une firme.
Les rendements de l’actif ou de l’entreprise vont permettre de rémunérer l’investisseur. La
rémunération perçue par leur porteur est fonction de la performance économique de l’actif
sous-jacent et non du seul écoulement du temps.
Généralement, les Sukuks sont émis par un fond commun de créance (SPV : Special Purpose
Vehcule) créé dans une juridiction fiscalement attractive. L’originateur cède les actifs sous-
jacents au fond commun, qui sont mis en trust au bénéfice des porteurs de Sukuks. Les
biens sont financés grâce aux produits de l’émission de Sukuks.
14
Article 58 de la loi n°103-12 relative aux établissements de
crédit et organismes assimilés
17
Etant donné que ce type de transactions fait appel à de nombreuses parties prenantes, les
risques de crédit sont multiples. Ces produits n’excluent pas un défaut de l’émetteur, de la
banque qui officie la transaction, de l’entrepreneur lorsque le sous-jacent est basé sur le
partage des pertes et des profits, ou encore du locataire lors de transactions Ijara (leasing).
2. Takaful et Re-Takaful :
a) Définition et spécificités
Concernant le Re-Takaful, il est considéré selon la définition donnée par l’AAOIFI, comme
étant un arrangement contractuel à l’issu duquel le réassureur assume, selon le cas, tout ou
partie des risques que l’assureur premier vient assurer. En retour, ce dernier lui paie une
contribution spécifique et d’un montant bien déterminé. Les droits de l’assuré sont conservés
intactes, indépendamment de l’existence ou non de ce type d’arrangement.
Conformément aux clauses contractuelles inscrites dans les polices d’assurance, l’assureur
demeure responsable à l’égard de l’assuré des paiements revendiqués. Les conditions de
cette coopération dans laquelle tous les membres s’acquittent d’une somme d’argent pour
indemniser celui qui subit un dommage, se présentent comme suit :
18
Moudaraba où l’assureur joue le rôle de Moudarib et les assurés sont
considérés comme étant les « capitalistes »,
Wakala où en contrepartie de la gestion de leurs fonds, les assurés
rémunèrent leur assureur par des honoraires,
Moudaraba / Wakala où l’assureur reçoit des honoraires en contrepartie de ses
activités d’assurance et participe en même temps en tant que Moudarib aux
profits générés par les activités d’investissement dans les produits financiers
islamiques.
Dans la mesure où le système d’assurance conventionnelle permet à l’assureur de devenir
propriétaire des primes acquises et de s’accaparer tous les profits après avoir honoré ses
engagements, le Takaful islamique en diffère par le fait que les contributions versées restent
dans le fonds des participants lesquels partagent tout surplus dégagé.
Au Maroc, Juin 2016, le parlement a adopté le projet de loi N° 59.13 modifiant et complétant
Le projet de loi N° 17.99 présenté par le gouvernement en 2015, qui comprend notamment
les dispositions réglementaires relatives à l’assurance Takaful.Ce projet de loi stipule que
l’agrément pour les opérations d’assurances Takaful ne pourra être accordé à une entreprise
agréée pour d’autres opérations d’assurances, ce qui exclut la possibilité de créer des
guichets Takaful au sein d’assurances conventionnelles. Les compagnies existantes désirant
aborder le marché Takaful devront créer des entités juridiques distinctes.
La loi 17.99 relative au code des assurances et introduisant le Takaful est entrée en vigueur
suite à sa publication au Bulletin officiel (BO) en 2019 15.C’est un premier pas vers la mise en
œuvre effective de l’assurance Takaful, il va falloir encore patienter pour la mise en œuvre
pleine et complète du dispositif. Cela s’explique par le fait que le décret d’application devant
accompagner l’application de la loi ne soit pas encore prêt. la publication de ce décret par la
commission de la finance participative du Conseil supérieur des Oulémas pourrait prendre
plusieurs semaines, voire des mois, alors que les opérateurs et même les clients visés par ce
type d’assurance sont à bout de patience.
15
La loi N° 59.13 modifiant et complétant la loi N° 17.99 portant Code des Assurances a été publiée au Bulletin
Officiel N° 6501 du 19 septembre 2016 (17 Dhou Al Hijja 1437). Le texte avait été adopté par la Chambre des
Représentants le 7 juin 2016 et par la Chambre des Conseillers le 2 août 2016..Le texte comprend notamment
les dispositions réglementaires relatives à l’assurance Takaful (assurance conforme à la charia).
19
Le cadre réglementaire du Takaful est toujours en phase de construction. Le conseil de
gouvernement réuni ce jeudi 30 avril 2020, a approuvé le projet de décret 2.20.323 relatif à
l’application des articles: 10-5, 36-1, 248, 248-1 de la loi 17.99 portant code des assurances.
L’administration peut, sur proposition de l’Autorité et après avis conforme du Conseil
supérieur des Ouléma, fixer les modes de rémunération de l’entreprise d’assurances et de
réassurance au titre de la gestion du compte d’assurance Takaful ainsi que les critères de
détermination de cette rémunération. De même que la tutelle fixe les modalités de
répartition des excédents techniques et financiers des comptes d’assurance Takaful entre les
participants dans les opérations d’assurances Takaful.
Le ministère sur proposition de l’ACAPS, détermine les conditions générales-type des contrats
et/ou l’usage de clauses-type de contrats relatives aux opérations visées aux articles 159 et
160 du code des assurances.
Il s’agit notamment des clauses dont l’insertion est interdite ou obligatoire ; ainsi que de la
fixation des franchises et des plafonds des montants de la garantie contre les conséquences
d’évènements catastrophiques prévue à l’article 64-1 du code des assurance, en fonction,
notamment, de la nature des dommages et des biens assurés.
L’Autorité peut également par circulaire fixer les règles de calcul actuariel applicables aux
contrats d’assurance sur la vie ou de capitalisation et fixer les critères de détermination des
primes pures des opérations d’assurances autres que l’assurance vie ou la capitalisation.16
Elle arrête également les conditions dans lesquelles devront être établis et utilisés les polices
et prospectus destinés au public et les règles que doivent respecter les opérations
d’acceptation et de cession en réassurance.
C’est également au ministère des Finances de fixer les modalités de versement des montants
dus au titre de contrats d’investissement Takaful non réclamés à la Caisse de Développement
et de Gestion ainsi que les modalités de les récupérer.
Rappelons qu’après l’adoption le 09 juillet 2019 par la deuxième chambre des conseillers du
projet de loi Takaful 87-18 modifiant et complétant la loi N° 17.99 relative au code des
assurances et introduisant l’assurance Takaful, le dahir y afférent est publié au bulletin
officiel du 22 août 2019.
16
https://www.ecoactu.ma/takaful-decret-2-20-323/
20
La loi n° 87-18 modifiant et complétant la loi n° 17-99 portant code des assurances a été
publiée dans le Bulletin Officiel du jeudi 12 mars, apportant quelques nouveautés par rapport
à la version publiée en août dernier.
Autant de textes qui viennent compléter le cadre réglementaire du Takaful pour enfin
compléter l’écosystème de la finance participative qui a fonctionné pendant bientôt trois ans
en l’absence de ce type d’assurance. Les professionnels formulent le vœu de voir cet
écosystème enfin sur pied et opérationnel en 2020.
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Conclusion
Le développement des banques islamiques dites « participatives » au Maroc, permettra
d’augmenter le taux de bancarisation, d’attirer et d’accompagner l’investissement au Maroc
et de participer au développement du marché financier marocain. Le développement
de la finance islamique d’une manière générale présente un moyen additionnel pour le
financement économique surtout en période de crises. Cependant, et comme tout
secteur naissant, ce secteur devrait relever plusieurs défis afin de pouvoir prendre sa
place dans l’économie nationale.
Il faut mettre en place un cadre juridique, fiscale et réglementaire approprié, un Chariaa
Bord et surtout la formation des ressources humaines qualifiées. Saadallah (2013)
conclut que la finance islamique offre de multiples avantages qui stimulent ensemble un
développement stable et que le fort potentiel de développement que renferme le modèle de
la finance islamique mérite d’être pleinement mobilisé
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islamique, du droit international (normes comptables et prudentielles) et des règles
de la gouvernance partenariale.
Bibliographie
Ouvrages spéciaux :
Azouzi D. et Letaief A., (2013), « Les Banques Islamiques du Maghreb Souffrent-elles
d’un Retard d’Efficience ? Une Analyse par les Ratios et la Window Analysis »,
Etudes en Economie Islamique, Vol. 7, No. 1, pp. 1-30.
Ben Daoud K., (2013), « L’intermédiation financière participative des banques
islamiques », Etudes en Economie Islamique, Vol. 6, Nos. 1&2, pp. 29-56.
Boulahrir L., (2014), « peut-on réussir l’implantation d’une banque islamique au
Maroc ? », Défis et enjeux contemporains, pp.1-14
Ouvrages Originaux
Martens, A., (2001), « La finance islamique : fondements, théorie et réalité », Centre
de Recherche et Développement Economique, septembre, pp. 1-30.
Rozzani N. et Abdul Rahman R., (2013), « determinants of Bank Efficiency:
Conventional versus Islamic», International Journal of Business and
Management, Vol. 8, No. 14, pp, 98-109
Webographie
http://www.un.org/News/fr press/docs/2009/AG10815.doc.htm,
http://www.darassafaa.com
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