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MEMOIRE DE FIN DE FORMATION

CERFIFICAT "CHEF DE PROJET BIM"

PROJETS AUTOROUTIERS AU MAROC :


LE BIM COMME OUTIL D'AIDE A L'EXPLOITATION
ET A LA COMMUNICATION

Etabli par : Encadré par :

Said LAKHDA CHRISTOPHE LHEUREUX

Ce document est établi dans le cadre du cursus de formation pour l'obtention du certificat " BIM MANAGER"
SOMMAIRE

RESUME ................................................................................................................... 4

ABSTRACT ................................................................................................................ 4

PREAMBULE .............................................................................................................. 5

I. CONTEXTE ET OBJECTIFS DE L'ETUDE ........................................................................... 6

II. PROBLEMATIQUE ................................................................................................... 7

III. LE BIM, DEFINITIONS, INTERETS ET ETAT DES LIEUX ........................................................ 9


1. DEFINITIONS .................................................................................................................. 9

2. LES NIVEAUX DE MATURITE DU BIM ...................................................................................... 11

3. LES DIMENSIONS DU BIM.................................................................................................. 11

4. LE BIM POUR LES INFRASTRUCTURES ..................................................................................... 12

5. COMMENT LE METTRE EN ŒUVRE ......................................................................................... 14

6. LES OUTILS DU BIM ........................................................................................................ 17

7. UTILISATION DU BIM AU MAROC ......................................................................................... 18

IV. L'ECOSYSTEME MAROCAIN ..................................................................................... 19

1. LA FORMATION ............................................................................................................. 19

2. LES BET ..................................................................................................................... 19

3. LES ENTREPRISES............................................................................................................ 20

4. LES MAITRES D'OUVRAGES ................................................................................................. 20

V. LE BIM POUR L'AIDE A L'EXPLOITATION AUTOROUTIERE ................................................ 20

1. PREREQUIS .................................................................................................................. 21

2. PROCESSUS BIM ........................................................................................................... 21

VI. LA COMMUNICATION "AS BUILT" ............................................................................. 23

VII. RETOUR SUR INVESTISSEMENT ................................................................................ 23

1. COUT ........................................................................................................................ 23

2. RETOUR SUR INVESTISSEMENT ............................................................................................. 25

VIII. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS ................................................................... 25

REFERENCES : .......................................................................................................... 27

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LISTE DES FIGURES

FIGURE 1 - CAPTURE D'ECRAN D'UNE MAQUETTE NUMERIQUE D'UN ECHANGEUR AUTOROUTIER (MAROC)

FIGURE 2 - NORMES FONDAMENTALES D’ORGANISATION DES ECHANGES (BUILDINGSMART INTERNATIONAL)

FIGURE 3 - IMAGE DU DIAGRAMME DE BEW ET RICHARDS QUI REPRESENTE LES NIVEAUX DE MATURITE DU BIM

FIGURE 4 - SCHEMA ILLUSTRANT LES DIMENSIONS DU BIM EXTRAIT DU SITE WEB PLAN-BIM-2022

FIGURE 5 - EXTRAIT DE LA DOCUMENTATION IFC4.1 SELON LE SITE OFFICIEL BUILDINGSMART INTERNATIONAL

FIGURE 6 - EXTRAIT DE LA DOCUMENTATION IFC4.3 SELON LE SITE OFFICIEL BUILDINGSMART INTERNATIONAL

FIGURE 7 - UTILISATION DU BIM SELON DODGE DATA & ANALYTICS, 2017

FIGURE 8 - SCHEMA DE MISE EN ŒUVRE DU BIM SUR UN PROJET - RECOMMANDATION MINND 2019

FIGURE 9 - RELATIONS ENTRE LES EQUIPES BIM ET LES EQUIPES TECHNIQUES - RECOMMANDATIONS MINND 2019

FIGURE 10 - PRINCIPE DE FONCTIONNEMENT D'ALIMENTATION DE LA BDD SGE A PARTIR DE LA MAQUETTE BIM

FIGURE 11 - ALLURE DU PROCESSUS SIMPLIFIE LE BIM POUR L'AIDE A L'EXPLOITATION POUR ADM (VOIR ANNEXE)

FIGURE 12 - USAGES DES MODELES BIM PAR CEUX QUI NE LES CREENT PAS, DODGE DATA & ANALYTICS 2017

FIGURE 13 - RSI PERÇU SUR LE BIM_ DODGE DATA & ANALYTICS 2017

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Résumé
Quand la construction va, tout va, dit un adage du langage populaire. Mais cette industrie de la
construction évolue constamment et devient de plus en plus complexe, poussant à chaque fois les
différents acteurs à penser à de nouvelles stratégies pour faire face aux défis rencontrés. Le
développement de chaque projet de construction est associé à de nombreuses limitations : le
temps de réalisation, le coût, les changements, les gaspillages et les erreurs, qui ne sont pas
toujours évitables. Dans ce contexte, le building information modeling (BIM) a bouleversé le
secteur et a créé l'un des changements les plus importants et les plus essentiels de cette industrie.
Le BIM est actuellement l'une des innovations qui a abouti à une coopération plus approfondie
entre les parties prenantes du projet et qui permet d'éviter, sinon résoudre, les problèmes des
projets bien avant de commencer la construction. Toutefois, le BIM accuse du retard pour les
projets d'infrastructure en comparaison avec ceux du bâtiment. La complexité de ces projets et
leur caractère moins adaptés à un traitement sous forme d'objets, complique encore la tâche.
Mais les recherches avancent et les résultats commencent à apparaitre. A travers cette étude,
nous avons essayé de tracer une première esquisse de la démarche à suivre pour profiter des
avantages du BIM pour alimenter l'outil d'aide à l'exploitation de la société Nationale des
Autoroute du Maroc (ADM) et pour réussir une communication proactive et banalisée avec les
différentes parties prenantes.

Abstract
When construction is fine, everything is fine, says a popular saying. But this construction industry
is constantly evolving and becoming more and more complex, which is leading different players to
think of new strategies to face the challenges encountered. Many limitations are associated with
the development of each construction project: completion time, cost, changes, waste and errors,
which are not always avoidable. In this context, building information modeling (BIM) has disrupted
the sector and created one of the most important and essential changes in this industry. BIM is
currently one of the innovations that has resulted in deeper cooperation between project
stakeholders and helps prevent, if not solve, project problems long before construction begins.
However, BIM for infrastructure projects is still falling behind BIM building ones. The complexity
of these kinds of projects and their character less appropriate for processing as objects make it
more complicated. But research is progressing and the first results are emerging. Through this
study, we tried to draw a first outline of the approach to be taken to embrace the advantages of
BIM in order to operate the ADM (National company of the Motorways of Morocco) system of
assistance to the exploitation and to succeed proactive and trivialized communication with the
different stakeholders.

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Préambule
La technologie du BIM « Building Information Modeling, Model ou Management » est un processus
qui semble en marche au plan mondial. Mais avant de se précipiter, A-t-on droit de se demander
si c’est juste un phénomène de mode et est-ce que le BIM va s’arrêter ? Pour une raison simple :
la totalité des acteurs de l’écosystème construction, partout dans le Monde, explore ce processus,
voire y sont déjà pleinement engagés, on est déjà, de fait, à un point de non-retour, alors
maintenant, sachant qu’on ne va pas pouvoir y échapper. Qu’en est-il au Maroc ?
Le BIM est une philosophie avant qu’elle soit une démarche et des outils, une philosophie qui est
devenue la norme dans la construction et la conception de projet. Il vise à créer des nouvelles
façons de conception et de gestion tout au long du cycle de vie d'un édifice. Aujourd’hui les
professionnels du secteur BTP sont de plus en plus conscients de la valeur apportée par cette
technologie, qui ne se résume pas à la modélisation 2D/3D. Le travail collaboratif, l'interopérabilité
et la communication sont les piliers de cette philosophie.
Le BIM est aussi une démarche d’amélioration continue des projets de construction qui génère
des gains de temps et d’argent, à travers les possibilités qu'il offre pour la centralisation et le
partage de l’ensemble des données du projet avec les différents acteurs.
Le Gouvernement marocain déploie des efforts visant à faire du Royaume chérifien l'un des pays
émergeant à réussir la transition numérique, le hub africain des nouvelles technologies et
précurseur continental au service des pays partenaires, dans le cadre d’une feuille de route
profitable à tous.
Un premier plan numérique « Maroc Numérique 2013 » a été élaboré et avait pour vision de
positionner le Maroc comme un hub technologique régional, de faire des TI une source de
productivité et de valeur ajoutée. En 2016, le plan Maroc digital 2020 a été initié devant le
souverain marocain, il s'agit d'un plan qui vise le développement numérique du pays pour pouvoir
s'inscrire dans l'économie digitale mondiale, il précise les réalisations du pays en la matière, et
définit ses ambitions et ses priorités à l'horizon 2020. Parmi les principaux objectifs de ce plan, le
positionnement du Maroc comme 1er hub numérique d'Afrique francophone et 2ème en Afrique, à
travers le repositionnement stratégique vers le Business Process Outsourcing d'Europe, avec un
changement de la clientèle cible et une révision totale de l'approche promotionnelle du Maroc,
ainsi que la stimulation des activités de hub numérique pour l'Afrique francophone, en
développant une proposition de qualité. Le Pays s'est doté d'une Agence de Développement du
Digital (ADD), créée en 2017, pour mettre en œuvre la stratégie de l’Etat en matière de
développement du digital et de promouvoir la diffusion des outils numériques et le
développement de leur usage.
Toutefois, la mise en œuvre de ce programme ambitieux a présenté des défis et des difficultés
majeurs qui ont entravé l'atteinte des objectifs fixés. C’est dans ce cadre qu’il a été demandé à
l’ADD de rédiger une note pour proposer au gouvernement des orientations stratégiques pour le
développement du Digital au Maroc à horizon 2025.
Le BIM est certes un levier important de cette nouvelle note, puisqu'il permettra d'atteindre l'un
de ces objectifs du Royaume, à savoir l'ambition de se doter d'une économie compétitive grâce
aux gains de performance amenés par un écosystème digital et innovant, via la mise en place d'une
politique permettant à l’ensemble des opérateurs économiques actifs dans les divers secteurs
d’activités de parier sur le virage numérique, de promouvoir l’innovation, et d’encourager la
recherche et développement, en vue d’assurer l’amélioration de la compétitivité.

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I. Contexte et objectifs de l'étude
La société nationale des autoroutes du Maroc (ADM) est une société d'état qui assure le rôle du
concessionnaire de l'état marocain. Elle est chargée de la construction, l’exploitation et l’entretien
des autoroutes du pays. Elle a réalisé, depuis sa création en 1989, un réseau autoroutier de 1800
km, deuxième plus long réseau en Afrique, après l’Afrique du Sud. Depuis 2016, ADM a entamé la
mise en œuvre d’une stratégie de transformation globale, qui s’articule autour de deux axes
prioritaires : la satisfaction du client et la performance financière. L’objectif étant de moderniser
son activité d’exploitation pour faire d’ADM une entreprise performante, à la pointe de la
technologie, tout en assurant la pérennité de l’entreprise en redressant ses indicateurs financiers
et ses fondamentaux pour la mettre sur le chemin de la profitabilité. L'expérience capitalisée en
termes de construction et de gestion des grand projets autoroutiers n'a pas été omise, une filiale
dénommée ADM PROJET a été créé pour accompagner la société mère dans le reste de ses
activités de construction, d'extension et de grosses réparations et pour mettre l'expérience des 30
ans d'existence au profit d'autres donneurs d'ordres à l'échelle nationale et continentale.

Malgré l'expérience et le savoir-faire qu'elle a accumulé le long de ses trois décennies d'existence,
la maîtrise de l'ensemble de sa chaine de valeur depuis la construction jusqu'à l'exploitation et le
développement d'un écosystème d'entreprises nationales qui gravitent autour de l'activité
autoroutière, ADM relève l'ambition de rattraper le retard qu'elle a accumulé en matière de
digitalisation de ses activité et de l'utilisation des nouvelles technologies dans la construction,
l'exploitation et l'entretien. Inspirée de la politique nationale, ADM envisage l'association de son
expertise métiers aux outils et concepts technologiques de pointe pour, à la fois, surmonter les
enjeux et les difficultés liées à la gestion de son réseau et son patrimoine qui ne cesse pas
d'augmenter, et pour contribuer, en tant qu'acteur économique de taille, à la réussite de la
stratégie digital nationale.

Le BIM constitue une aubaine pour ADM et un levier important à la transition numérique du
secteur autoroutier marocain. L'intégration et l'adoption du processus BIM, à ce stade ou l'usage
de cette technologie est à ses débuts pour le domaine de l'infrastructure, permettra à ADM d'être
le référent national et continental en la matière et d'accompagner et de participer au
développement de la démarche BIM sans avoir recours à des solutions concoctées ailleurs et qui
ne s'adaptent pas forcément aux besoins de la société.

Pour le cas de la présente étude nous allons nous limiter à deux cas d'usages possibles du BIM
pour ADM, à savoir l'aide à l'exploitation et la communication proactive.

En effet, depuis 2009, ADM a entamé le projet ambitieux de se doter d’un système d’information
pour la gestion de l’exploitation (SGE). L’objectif inscrit visait, au-delà de disposer d’un outil d’aide
à la décision, d’apporter une analyse critique aux pratiques jusqu’alors adoptées et d’essayer de
les améliorer voir de les repenser. Ce projet a concerné les domaines techniques de la chaussée,
les ouvrages d’art, les ouvrages de terrassement, les ouvrages hydrauliques de traversée et le
grand matériel de signalisation. Ce projet a été achevé en grande partie en 2013. Toutefois,
l'alimentation de ce système induit une charge de travail conséquente et limite son utilisation.

Après les événements qui ont marqué la scène politique régionale en 2011, la question de la
communication efficace, proactive et banalisée avec l'ensemble des parties prenante autour d'un
projet autoroutier est devenue primordiale et nécessaire, ce qui a poussé ADM à chercher des
solutions innovantes et facile à assimiler par les non spécialistes pour expliquer la consistance et
l'impact des projets qu'elle compte entreprendre. La modélisation 3D a montré son efficacité dans
ce sens.

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Le BIM semble alors une approche qui regroupe les besoins de nos deux cas d'usage : le modèle
3D de l'infrastructure ainsi que la base de données des différents éléments constituant cette
infrastructure, qui sera alimentée et consultée par les différents services et partenaires de la
société (BET, Expert, Entreprises, gestionnaires de réseaux, ...), vont permettre à la fois de disposer
des données pour actualiser la base de données du SGE et pour communiquer de manière efficace.

II. Problématique
Les aménagements autoroutiers sont l'une des plus grandes activités qui englobe plusieurs
disciplines. Ils contribuent à la fois au développement social et à l'aménagement du territoire
national. Depuis la planification, la conception, la construction et l'entretien, ces projets sont
vraiment complexes, et nécessitent des experts pour valoriser le projet et assurer l'intégration des
différentes contraintes et la coordination entre les différentes étapes. Le besoin d'efficacité et la
rentabilité des employeurs, des concepteurs et des entrepreneurs a rendu cette industrie plus
compliquée.

En raison de cette complexité et des exigences de qualité et de délais, qui sont de plus en plus
contraignantes, cette "industrie" fait face à de nombreux défis et critiques. Par conséquent, il est
nécessaire d'y introduire des solutions innovantes et révolutionnaires pour augmenter la
productivité, la valeur des infrastructures, la qualité, la durabilité, et réduire les coûts et le temps
de réalisation grâce à des coopération et communication entre les différentes parties prenantes.
Une des solutions qui peuvent améliorer la réussite de tels projets, est l'introduction des
innovations technologiques dans le processus de conception, de construction et de gestion, tels
que le codage et la modélisation 3D.

Le BIM (Building Information Modeling) est l'un des processus les plus créatifs qui contribuent à
l'amélioration continue dans le secteur de la construction pour une meilleure coopération entre
les différentes parties prenantes pour assurer la réussite du projet. Le BIM simule les activités de
construction dans un environnement virtuel. En appliquant le BIM, les parties prenantes d'un
projet peuvent obtenir un modèle virtuel avec les informations requises de leur projet avant le
premier coup de pioche. Ce modèle peut être utilisé pour soutenir et améliorer la conception, la
logistique du chantier, le phasage et la coordination de la construction et la compréhension de la
structure de la construction. De plus, ce modèle peut être utilisé pour la gestion et la maintenance
des installations après achèvement du projet.

Avec la complexité que représente de plus en plus les conceptions des projets de nos jours, il
devient assez difficile de comprendre les détails de la construction pour les designers, les
constructeurs et les maîtres d'ouvrage. Pour une meilleure coordination entre les acteurs du
projet, il est très utile de se familiariser avec les caractéristiques du projet et les méthodes de
construction les plus adaptées. Les concepteurs peuvent améliorer la performance du projet par
l'échange avec les constructeurs pendant la phase de conception. En appliquant le BIM, les
concepteurs peuvent identifier les restrictions de construction sous différents aspects, le maître
d'ouvrage peut définir et réajuster ses attentes de l'infrastructure à adopter et le constructeur
peut identifier les difficultés et les points de vigilance que présente le projet pour mieux s'y
préparer. Ces relations aboutissent à l'amélioration de la performance du projet dans son
ensemble. Grâce aux opportunités de collaboration et d'interopérabilité qu'il offre, le BIM permet
aux parties prenantes d'un projet d'accéder aux informations du projet à tout moment.

Toutefois, pour le domaine des infrastructures généralement et les projets routiers et autoroutiers
plus particulièrement, le chemin à parcourir est encore long. Dans le domaine des infrastructures,
le BIM est à ses débuts, il est encore très peu utilisé et reste à organiser. De nombreux outils de

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travail sont encore à développer et les méthodes de travail sont à définir et à recadrer. Ceci est dû
au fait que les éléments de conception, pour les infrastructures, sont moins adaptés à un
traitement sous forme d'objets liés à des données (par exemple un axe en plan ou un profil en
travers ne sont pas reconnus en tant qu'objets échangeables au format IFC, ceux-ci étant conçus
comme surfaces et non comme objets 3D à part entière additionnables les uns aux autres).

En plus, Le BIM demande à la fois une organisation particulière liée à des compétences spécifiques
ainsi que des besoins techniques pointus et particuliers. Pour l'organisation, il est nécessaire de
définir et de clarifier une attribution de rôles préalablement entre les acteurs du projet
(organisation) et de s'assurer de la capacité de chaque intervenant à assurer sa part du processus
(compétence). Pour le volet technique, le travail collaboratif en BIM requiert la structuration des
données et la définition d'une normalisation d'échange dès le départ, elle doit être identique pour
tous les intervenants afin de permettre l’échange et la compilation des différents livrables dans la
maquette 3D. Le format d’échange normalisé et adapté au BIM actuellement est l’IFC, mais il n’est
pas encore adapté pour les infrastructures.

Les logiciels de conception d’infrastructures s’appuient actuellement sur un mélange d’IFC et


d’autres formats limités aux échanges entre certains logiciels (IMX : Infrastructure Model
Exchange d'Autodesk, landXML, ... etc.), mais ça engendre des pertes de données. Il est donc
nécessaire de définir et d'imposer des formats et logiciels particuliers à tous pour le bon
déroulement du processus.

La mise au point de logiciel permettant de rassembler les maquettes de l'ensemble des métier liés
aux infrastructures dans la maquette complète est également nécessaire. Ceci permettra de
détecter les conflits entre éléments issus des divers métiers et adresser des alertes en cas de
besoin aux personnes concernées. Ce qui implique automatiquement des besoins importants en
termes de ressources de puissance de calcul et des machines sophistiquées et adaptées.

Toutes ces démarches nécessitent un arsenal juridique pour accompagner l'évolution des
pratiques et des responsabilités.

Au Maroc, l'usage du BIM pour l'infrastructure autoroutière est limité, l'heure actuelle, à une
modélisation 3D de certains projet ponctuels (échangeurs, aires de services, …), mais loin d'une
approche collaborative qui constitue l'essence même du processus BIM, et c'est généralement
pour les besoins de communiquer et de marketer autour du sujet, en prétendant adopter la
démarche BIM. On peut dire qu'on est au début d'une approche BIM niveau 1 telle qu'on va le
présenter prochainement.

Dans notre étude, et compte tenu de la volonté du management du Groupe ADM d'adopter la
démarche BIM, nous avons comme objectifs d'éclaircir les aspects suivants :

- L'apport de l'approche BIM en termes d'organisation de la donnée et de facilité d'accès à


l'information pour pouvoir maintenir à jour les bases de données des systèmes d'aide à
l'exploitation développés par ADM ;

- Quelles sont les prérequis, le processus et le coût de l'implémentation d'une approche


BIM au sein d'ADM ?

- Est-ce que l'écosystème marocain est prêt pour adopter une approche BIM ? et qu'est-cee
qu'il faut faire pour l'accompagner ?

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III. Le BIM, définitions, intérêts et état des lieux
1. Définitions

• BIM

Selon le glossaire des mots du BIM de MINnD (Modélisation des Informations Interopérables
pour les Infrastructures Durables), Le BIM est l'abréviation des termes anglais " Building
Information Modeling", " Building Information Model" ou " Building Information Mangement".
Building Information Modeling est la définition retenue par la norme ISO19650. En effet, selon
la norme NF EN ISO 19650 le BIM est défini comme « l'utilisation d’une représentation
numérique partagée d’un actif bâti pour faciliter les processus de conception, de construction
et d’exploitation de manière à constituer une base fiable permettant les prises de décision »
(les actifs bâtis comprennent, mais sans s’y limiter, les bâtiments, les ponts, les routes et les
usines). Autrement dit, c'est une méthode de travail basée sur la collaboration autour d’une
maquette numérique (Building information Model). Chaque acteur de la construction crée,
renseigne et utilise cette maquette, et en tire les informations dont il a besoin pour son métier.
En retour, il alimente la maquette de nouvelles informations pour aboutir au final à un objet
virtuel renseigné, représentatif de la construction, de ses caractéristiques géométriques et des
propriétés de comportement. Le "Building Information Management" désigne le mode
d’organisation de projet nécessaire à la mise en œuvre du processus, permettant notamment
l’établissement et le suivi de la maquette numérique et de la base de données y associée.

• Maquette numérique

La maquette numérique est une représentation géométrique, généralement 3D, des objets
constituant un projet et des liens entre ses différents objets. Elle sert à concevoir un projet et
permet d'analyser, gérer et de simuler le fonctionnement et le comportement de l'ensemble
des éléments constituant le projet. D'un point de vue informatique, c'est un avatar graphique
du projet associé à une base de données.

Figure 1 - Capture d'écran d'une maquette numérique d'un échangeur autoroutier (Maroc)

• Open BIM

L’appellation «openBIM» a été déposée par buildingSMART International. Elle désigne


l’interopérabilité pour le BIM. C’est-à-dire la possibilité de pouvoir échanger des données entre
les logiciels BIM de différents éditeurs, grâce à un standard d’échanges. La norme reconnue

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d’interopérabilité BIM est l’IFC, développés et maintenus par buildingSMART international. Il
existe d'autre normes comme l'uniformat II, le COBie, ...etc.
Le principal atout de l’openBIM c’est la pérennité des datas dans le temps et quels que soient
les opérateurs.
L’openBIM fait référence aux normes du BIM qui touchent 3 domaines : les datas, les échanges
entre machines informatiques et les process métier (management de l’information).

Figure 2 - Normes fondamentales d’organisation des échanges (buildingSMART International) 1

N.B :

IDM (Information Delivery Manual) : Les processus identifiant les acteurs et les flux de données entre eux.

IFD (International Framework for Dictionnaries) : Le modèle définissant des dictionnaires de termes ou des
classifications des objets.

• IFC

C'est l'acronyme du terme anglaise "Industry foundation classes". Il s'agit d'un standard
d'échange de données permettant à deux logiciels d'éditeurs différents d'échanger les
informations d'un projet. Il est basé sur le langage orienté objet utilisé par l'industrie du
bâtiment pour échanger et partager des informations entre logiciels. Les IFC sont développé
par buildingSMART International afin de favoriser l'interopérabilité dans le secteur du
bâtiment. Depuis mars 2013, les IFC sont labellisés ISO 16 739.
Actuellement, l’IFC est le format le plus utilisé pour l’échange des maquettes numériques,
presque tous les principaux logiciels BIM sont capables d’importer et d’exporter l’IFC.

• BCF

C'est l'abréviation du "BIM collaboration format". C'est un format neutre - ouvert - permettant
d'annoter et de commenter un modèle numérique en vue d'échanges. C'est le post-it du BIM.

• LOD

C'est le "Level Of Development" traduit comme "niveau de développement". Un concept


fondamental de la maquette numérique BIM qui permet de préciser à la fois le niveau de détail
recherché orienté géométrie (LOD) et le niveau d'information (LOI) orienté propriétés
définissant les différents objets BIM aux différents stades du projet de construction.

1
Extrait de : MINnD_TH01_UC00_01_Recommandations_BIM_Infra_024_2019 (Août 2019)

Certificat chef de projet BIM 10


Le niveau de développement des objets qui composent un projet augmente avec la maturité
des simulations, les diverses optimisations et la connaissance de l’environnement dans lequel
les objets s’insèrent.

2. Les niveaux de maturité du BIM

En fonction du degré de collaboration adopté et du niveau de maîtrise de la maquette numérique,


allant de son utilisation très ponctuelles jusqu'à son intégration totale dans l'ensemble des phases
du projet autour d'un modèle collaboratif unique, le BIM est scindé en quatre niveaux
d'organisation de 0 à 3. Ils sont appelés "niveaux de maturité", et constituent les étapes vers le
BIM collaboratif. Ci-dessous un descriptif sommaire des quatre niveaux de maturité du BIM :

- Niveau 0 : C'est le niveau "pas de BIM", il correspond à la conception en 2D sans gestion


collective ni structuration des données imposé, avec des échanges numériques classiques.
- Niveau 1 : C'est le début du BIM "isolé", il s'agit d'une conception alliant 2D et 3D avec des
données structurées selon certaines normes (numérotation de plans, géolocalisation,
présentation, ... etc.). Chaque acteur travaille sur sa propre partie du projet séparément.
- Niveau 2 : C'est le premier stade du BIM "collaboratif", chaque partie concernée établi sa
maquette 3D, dans un format open BIM tel que l'IFC, selon une structuration normalisée.
Ces maquettes sont regroupées périodiquement en une seule maquette générale. Une
organisation du travail collaborative est obligatoire à ce stade.
- Niveau 3 : C'est la projection futuriste du BIM. Le projet est représenté dans un modèle
unique qui est accessible à tous les acteurs durant toute la vie du projet ou de
l'infrastructure. Ce niveau fait encore l'objet de recherches et développements même dans
le domaine du bâtiment qui en avance sur le BIM.

Figure 3 - Image du diagramme de BEW et Richards qui représente les niveaux de maturité du BIM

3. Les dimensions du BIM

En plus des niveaux de maturité explicités précédemment, la notion des dimensions du BIM
représente sa capacité à représenter différents aspects et thématiques. On peut distinguer à titre
d'exemple les dimensions suivantes :

- 2D : C'est la représentation en plans classiques ;


- 3D : La représentation spatiale des objets selon les trois dimensions géométriques X, Y, Z ;
- 4D : Ajout de la notion de temps aux dimensions géométriques 3D. Les éléments
géométriques sont liés à un planning ou une donnée de temps pour la planification ;

Certificat chef de projet BIM 11


- 5D : Ajout de la notion du coût au 4 dimensions précédentes. Les éléments géométriques
et la donnée "temps" sont liés à un "coût". Ça permet d'avoir une estimation actualisée en
temps réel, faire des simulations de coût selon les variantes choisies, ...etc. ;
- 6D : Intègre les notions de développement durable et de l'environnement liés au projet, par
exemple les analyses énergétiques et l'emprunte carbone ;
- 7D : Permet la liaison des éléments de la construction à tous les aspects concernant son
exploitation. Le modèle 7D comprend les données du projet nécessaire à l'utilisation et la
maintenance de l'édifice bâti.
D'autres dimensions peuvent être ajouté au modèle de construction.

Figure 4 - Schéma illustrant les dimensions du BIM extrait du site web plan-bim-2022

4. Le BIM pour les infrastructures

L'approche BIM n’est pas l’apanage du bâtiment seul ni des grands groupes. Le BIM concerne le
monde des Infrastructures et des villes comme nous l'avons exposé précédemment : le BIM est
une approche multi-échelles qui peut être étendu de la simple pièce modélisée aux villes et
territoires intelligents.

Certes, pour les infrastructures, le BIM manque encore d'organisation et de normalisation ce qui
le rend moins utilisé, mais les recherches sont en cours, partout dans le monde, attisées par
l'intérêt que porte de plus en plus les donneurs d'ordre à cette nouvelle manière de faire.

La France a lancé en mars 2014, le Projet National MINnD (Modélisation des INformations
INteropérables pour les INfrastructures Durables). C'est un projet de recherche collaborative qui
vise à favoriser le développement du BIM pour les infrastructures à travers l'amélioration de la
structuration des données des projets pour des échanges et partages des informations plus
efficaces. Le projet MINnD mobilise un grand nombre d’acteurs ayant des activités liées à la
conception, la construction et l’exploitation d’infrastructures. MINnD a apporté des réponses
concrètes dans la mise en œuvre du BIM pour les infrastructures à travers le guide de mise en
place du BIM et le guide d’application du BIM qui font partie des livrables publiés à l'issu de la
première phase du projet (2014 – 2018). L'ensemble des livrables de cette saison 1 sont en
téléchargement gratuit. Une extension du projet sur la période 2019 – 2021 a été adopté pour
répondre à certains sujets qui n'ont pas pu être traités lors de la première phase (la structuration
et la qualification des données, la convergence BIM – SIG, la collaboration, ...etc.).

Certificat chef de projet BIM 12


A l'échelle mondiale, BuildingSMART International a publié en mai 2020 un projet de norme IFC
Road dans le cadre de l'élaboration de la version suivante de l'IFC (IFC 5) pour la normalisation des
infrastructures. La dernière version officielle de la spécification IFC disponible sur le site officiel de
buildingSMART est la version IFC4.3 RC1 (en projet). Cette version fournit une prise en charge
limitée des éléments d'infrastructures (Ports, Rail, Routes, ...). Toutefois la dernière version
recommandée pour tous les développements actuels, par buildingSMART, est toujours IFC 4.1 qui
ne traite pas ce volet.

Figure 5 - Extrait de la documentation IFC4.1 selon le site officiel buildingSMART international

Figure 6 - Extrait de la documentation IFC4.3 selon le site officiel buildingSMART international

Les expériences en BIM pour infrastructures (BIM infra) à travers le monde ont montré son intérêt
et les opportunités qu'on peut en tirer, même si pour le moment les formats propriétaires des
éditeurs de logiciels sont utilisés pour les échanges de données.

Selon le "Smart Market Report" de Dodge Data & Analytics publié en 2017, une enquête menée
en France, l'Allemagne, les États-Unis et le Royaume Uni, auprès des ingénieurs et entreprises
concernant leur implication dans l'usage du BIM pour les projets d'infrastructures, le pourcentage

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des gros utilisateurs du BIM (ceux qui le déploient sur la moitié ou plus de leurs projets
d'infrastructure de transport) a fortement augmenté entre 2015 et 2017, selon cette enquête,
cette croissance des gros utilisateurs devrait ralentir quelque peu à l'horizon 2019. Toutefois, la
proportion des très gros utilisateurs (ceux qui déploient le BIM sur 75% ou plus de leurs projets)
augmentera de 100% à 200% dans les quatre pays étudiés.

Figure 7 - Utilisation du BIM selon Dodge data & Analytics, 2017

Cette étude a montré que l'utilisation du BIM pour les projets de transport est à la fois répandue
et cohérente parmi les organisations interrogées aux États-Unis, au Royaume-Uni, en France et en
Allemagne, ce qui suggère un niveau élevé de connaissance du BIM pour les infrastructures de
transport.

5. Comment le mettre en œuvre

5.1 Démarche

Pour la mise en en place d'une approche BIM pour les infrastructures, il est primordial de rappeler
les composantes d'une démarche BIM pour infrastructures telle qu'exposée dans les livrables de
la phase 1 du projet MINnD :

- L'adoption d'une stratégie BIM qui se traduit par l'établissement d'une charte BIM. Il s'agit d'un
document, établi par le maître d'ouvrage, traduisant ses ambitions, ses attentes et son plan de
déploiement du BIM. Une stratégie BIM peut être pour l'ensemble des activités du maître
d'ouvrage, pour une famille d'ouvrage ou pour un projet spécifique ;
- L'élaboration d'un cahier des charges BIM pour le projet qui détermine les cas d'usage de la
maquette numérique et qui fixe l'organisation, le processus, les formats de données. Un bon
cahier de charge tient compte des propres besoins du maître d'ouvrage, de ceux de l'exploitant
de l'ouvrage et également du périmètre d'utilisation des autres intervenants sur le projet. Le
cahier de charge BIM est établi par le maître d'ouvrage lui-même ou par son assistant et évolue
entre les phases de conception et de réalisation ;
- La préparation de la convention BIM du projet, par le maître d'œuvre. Ce document précise les
engagement BIM du maître d'œuvre en termes d'organisation, ressources, processus,
structuration de données et de degré d'implication des acteurs concernés par le projet. En
phase conception, on parle d'une convention BIM – conception, elle est actualisée en phase
réalisation (convention BIM – réalisation). Ce document traite la relation contractuelle entre le
maître d'ouvrage et le maître d'œuvre ;
- Le plan de mise en œuvre du BIM : C'est un document établi par l'entreprise chargée de
l'exécution du projet, il décrit la structuration des données et le processus mis en place par

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chaque acteur pour utiliser et partager les données du projet. C'est en quelques sorte la
réponse détaillée de l'entreprise au cahier de charges BIM du projet.
On note que les quatre documents (charte, cahier de charges, convention et plan de mise en
œuvre BIM) traitent, à des niveaux différents de l'avancement du projet, les aspects liées aux
objectifs et usage du BIM, aux processus et aux organisations à adopter, à la structuration des
données et aux outils à utiliser, avec un niveau de détail adapté à chaque phase du projet.

Le schéma ci-dessous récapitule la démarche de mise en œuvre du BIM dans un projet


d'infrastructure.

Figure 8 - Schéma de mise en œuvre du BIM sur un projet - Recommandation MINnD 2019

5.2 Organisation

Pour mettre en place une démarché BIM dans un projet d'infrastructure, il y a lieu de définir une
organisation adéquate avec des missions bien identifiées. Le guide des recommandations du
projet MInD évoque cinq principaux types d'intervenant autour d'un projet BIM :
- Le BIM Manager : il est l'interlocuteur pour l'organisation du BIM, mais ne peux pas remplacer
les spécialistes des différentes disciplines techniques. Il doit justifier des compétences en
management de projet, en informatiques et des connaissances métiers. Ses missions
s'articulent autour de l'élaboration ou la participation à l'élaboration des processus, des
protocoles et des standards BIM autour du projet, la veille à leur application et leur respect,
l'évaluation périodique des performances de la démarche BIM et la coordination des
réajustements nécessaires en cas d'éventuels écarts.
- Le BIM coordinateur : C'est le chef d'orchestre de l'équipe de son métier ou de son entreprise,
il garantit la qualité de la maquette numérique dont a la charge son métier ou son entreprise.
Son rôle est d'assurer le respect et l'exécution par les BIM modeleurs des règles et chartes de
modélisation émises par le BIM manager. Il doit avoir de bonnes connaissances techniques afin
de prendre les bonnes décisions lors de la modélisation et doit également être capable de
manager une équipe de BIM modeleurs.
- Le BIM Modeleur : Son rôle est de représenter l'ouvrage sous forme de maquette 3D en
respectant le cahier de charge mis en place par le BIM manager et sous contrôle du BIM
Coordinateur. Il doit être à l'aise avec les logiciels de modélisation, et avoir une expertise en
réglementations et normes à appliquer, pour pouvoir détecter les incohérences et de proposer
des adaptations conformes. C’est généralement un projeteur expert en modélisation 3D, qui
modélise ou adapte une maquette numérique pour son métier ou son entreprise.

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- Contributeur au BIM : Tout le monde peut être un contributeur au BIM. Le contributeur BIM
participe à l'élaboration de la maquette numérique en apportant une modélisation, des
informations, ...etc.
- Utilisateur du BIM : C'est celui qui exploite la maquette numérique pour son métier ou pour
l'ensemble du projet sans en modifier le contenu.
Le management du projet désigne le BIM Manager, celui-ci est chargé d'identifier et d'animer les
BIM coordinateurs des différents métiers et partenaires. Il pilote des réunions d'organisation,
propose une organisation, sollicite les informations nécessaires des différentes parties prenantes
et rédige et amende, le cas échéant, les documents d'organisations.

Figure 9 - Relations entre les équipes BIM et les équipes Techniques - Recommandations MINnD 2019

Les Experts MINnD recommandent d'intégrer l’organisation BIM au management technique du


projet, sans que ceci signifie qu'elle se substitue aux fonctions métiers. Le management du BIM
est ainsi sous le contrôle de la direction technique du projet. Un organigramme de l'équipe de
management du BIM est à établir en y détaillant les fonctions des intervenants (BIM Manager,
Coordinateur, Modeleur, Contributeur, ...) ainsi que les missions associées à ces fonctions. Cet
organigramme est actualisé régulièrement pour prendre en compte l'arrivée de nouveaux
partenaires le long du cycle de vie du projet.

5.3 Processus

Le processus à adopter concerne plusieurs volets qui sont évoqués en détail dans les deux
documents publiés par MINnD : " Recommandations de mise en place du BIM" et " Guide
d'application du BIM Infra" notamment :
- La gestion du flux et le suivi des décisions : la gestion de la traçabilité des décisions et du
passage des données d'un statut à un autre ;
- La gestion des statuts et visas : le circuit de validation, la granulométrie des éléments soumis
au visa et les responsabilités contractuelles des différentes parties prenantes ;
- Les principes de caractérisation de la qualité des données : caractérisation des données selon
la date de constitution / modification, les plages de validité, l'unité de constitution /
modélisation, le niveau de précision, ...etc. ;
- Les principes de conformité aux LOIN (Level Of Information Needs = Niveau de besoins
d'information) : les indicateurs qui définissent l'atteinte de l’étendue et de la granularité de
l’information recherchée à la fois l’information géométrique et non géométrique dont la
documentation ;

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- Les modalités des contributions concourantes au modèle : la définition des modalités par
lesquelles les différents BIM contributeurs alimentent le modèle du projet ;
- Le contrôle qualité des modélisations : Un plan de contrôle qualité BIM pour s'assurer de la
qualité de la modélisation des maquettes et du respect des cahier de charge ;
- La revue de maquettes : modalité d'organisation de la revue des maquettes (fréquence,
concernées, responsabilité, traçabilité, ...etc.) ;
- Les modalités de production des données : acquisitions des données relatives aux contexte du
projet, à la géologie et la géotechnique, les niveaux de précisions recherchés, ...etc.
6. Les outils du BIM

Les outils du BIM sont principalement les outils/logiciels de modélisation, les visionneuses et les
plateformes collaboratives de partage.

6.1 Modélisation

Il s'agit de logiciels de conception indispensables à la production d'une maquette numérique 3D.


ils peuvent êtres des logiciels de modélisation ou de calcul et de simulations. Plusieurs logiciels
sont sur le marché et chacun a ses points forts. Pour le secteur autoroutier, au maroc, les bureaux
d'études utilisent couramment Covadis, Civil 3D et Mensura GENIUS.

Covadis

Covadis est très utilisé par les géomètres, qui s'installe sur l'environnement AutoCAD, facile à
prendre en main avec moins de configuration complexes. L'éditeur de ce logiciel, GEOMEDIA, a
généralisé la technologie objet dans le logiciel COVADIS afin de proposer une évolution majeure
dédiée à l’échange des données dans le cadre d’un projet infrastructure nécessitant un mode de
conception BIM. Ce logiciel permet de réaliser des échanges au format IFC et propose une
continuité d’information et d’inter portabilité avec les logiciels Autodesk AEC collection.

Civil 3D

Civil 3D est un logiciel de modélisation d'Autodesk, conçu spécialement pour les projets
d’infrastructures linéaires. Il permet de concevoir les infrastructures, la collecte des données
topographie, la collaboration autour d'un projet (exportation IFC) et l'analyse et la visualisation
des modèles 3D du projet. C’est un produit qui fait partie de la collection des logiciels Autodesk
qui sont spécialisés chacun dans un métier bien précis. Cette collection présente l'avantage que
tous ses logiciels sont connectés et complémentaires. Malgré ça puissance, il semble que Covadis
est plus convivial et plus intuitif que Civil 3D pour ls concepteur Marocain.

Mensura GENIUS

Mensura est un produit de GEOMENSURA, il est destiné à la conception pour l’infrastructure et la


VRD (Génie civil et ingénierie de la construction). Mensura GINIUS propose une chaîne de
production qui débute dès le traitement de la topographie de surface du terrain, en passant par la
conception 3D du projet, la production de plans, les métrés et allant jusqu'à la Maquette
Numérique 3D. L'éditeur de ce logiciel confirme qu'il est compatible avec les autres logiciel du
métier et qu'il permet une liaison directe avec le SIG.

6.2 Visionneuses

Une visionneuse BIM est un outil qui permet de visualiser une maquette numérique 3D. Elle peut
être un logiciel qui s'installe ou une visionneuse en ligne. IL existe une multitude de visionneuses

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BIM gratuites telles que Autodesk A360, BIM Vision, Solibri Model Viewer, Tekla BIMSight, eveBIM
Viewer, BIM collab Zoom, ...etc. Elles permettent de visualiser le modèle et la sélection des objets
selon des critères, en plus d'outils de mesures de volumes, de surface ou de longueur, et différents
paramètres de modes de vues.

6.3 Plates formes collaboratives

La Plateforme Collaborative BIM permet aux concepteurs de travailler en toute sécurité sur le
même projet et simultanément. La plateforme collaborative est une infrastructure informatique
permettant la collecte et la gestion de données et définit ses exigences techniques. Cette
plateforme doit gérer l'accessibilité, la traçabilité, la prise en charge d'un grand nombre de formats
de données, un flux d'interrogations élevés, une conservation et mise à jour dans le temps ainsi
que la sécurité et la confidentialité de l'information hébergée.

Parmi les plateformes de la collaboration, on peut citer usBIM.platform, KROQI et BIM 360 de
Autodesk.

7. Utilisation du BIM au Maroc

Les opportunités qui s’offrent en Afrique et au Maroc en termes de construction et


d'aménagement sont immenses. Introduire des techniques innovantes comme le BIM est une
aubaine pour les BET et les entreprises pour améliorer leurs performances et leur compétitivité
dans un secteur, où la concurrence est de plus en plus ardue, avec des maîtres d'ouvrage plus
exigeants et une masse de donnée plus consistante.

Plusieurs projets ont été menés, au Maroc, en adoptant l'approche BIM. Le point commun, c'est
qu'il ne s'agit pas encore de projet d'infrastructures.

La nouvelle gare routière de Rabat


Construite sur une assiette foncière de
plus de 8 ha, avec une surface couverte
d'environ 22 000 m².
La gare a été modélisé BIM. Elle est en
phase finale d'achèvement.

Le grand théâtre de Rabat


L'édifice est l'une des dernières
œuvres de l'architecte anglo-
irakienne Zaha HADID. La surface
hors œuvre brute de cet ouvrage est
d'environ 25 400 m² et le théâtre
pourra accueillir jusqu'à 2000
spectateurs. Le BIM a été utilisé sur
cette œuvre à architecture
complexe.

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La tour Mohammed VI
D'une longueur de 250 m sur 55 étages et d'une
superficie totale de plus de 100 000 m², cette
tour sera la plus haute tour du maroc. Elle a été
pensée afin d'être visible à 50 Km à la ronde. Le
BIM est utilisé pour la conception et la
réalisation de cette œuvre architecturale de
Rafael de la Hoz & Hakim Benjelloun à multiples
défis techniques sur la vallée de Bouregreg à
Rabat.

IV. L'écosystème marocain


Certes les avantages du BIM sont multiples, mais le BIM change aussi les façons de faire et de
travail que ça soit des constructeurs ou des maîtres d'ouvrages et d'un degré moindre des
concepteurs. Au Maroc, on fait de la 3D depuis longtemps, mais le BIM est encore à ses débuts.
Les professionnels commencent à en prendre conscience, mais le chemin est encore long surtout
dans un écosystème fragmenté qui n'accorde pas beaucoup de moyens à la recherche et
développement.

1. La formation

Le BIM n'est pas enseigné dans le cursus académique normal des ingénieurs et/ou architectes. La
formation BIM disponible sur le marché marocain varie entre des certifications et des Master
spécialisés, en plus des formations thématiques pour la maîtrise des outils de modélisation
assurées par plusieurs cabinets et/ou Freelancer.

On site à titre d'exemple :

- Le Master spécialisé "BIM et ses applications" de l'école HASSANIA des travaux publics. Une
école publique de formation d'ingénieurs (Casablanca) ;

- Le Master Génie Civil – IN2C-BIM de l'école des nouvelles sciences & ingénierie. Ecole privée
d'ingénierie (Tanger) ;

- Certificat professionnel DAO et BIM de l'université privée de FES.

Toutefois, la quasi-totalité de ces formations sont orientées BIM pour les bâtiments.

2. Les BET

La plupart des BET utilise la modélisation 3D et maîtrisent de plus en plus les outils de conception
et de modélisation 3D. Toutefois, l'approche BIM, avec tout ce qui requiert d'organisation des
données et de travail collaboratif, n'est pas encore maîtrisée et ne constitue pas une priorité que
pour les plus grands BET du pays, qui se sont engagés dans des processus de formation et
d'investissement pour maîtriser l'approche BIM surtout qu'il s'agit de BET qui exportent leurs
savoir-faire en Afrique.

L'usage de la modélisation 3D est réservé à la phase conception pour produire des maquettes à
des fins de communication avec les parties prenantes du projet. Certains concepteurs bénéficient
des opportunités offertes par le BIM pour le contrôle de la qualité de leurs livrables.

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Le BIM permettra d'éviter et de corriger des anomalies qui sont malheureusement présente dans
nos projets. Les BET peuvent effectuer des visualisations précises à toutes les étapes du projet,
réduire les erreurs de géométrie, notamment suite à une modification, générer des plans 2D
cohérent entre eux, vérifier le respect des normes en vigueur et des critères du projet tant au
niveau quantitatif que qualitatif, pouvoir chiffrer le coût d'une modification ou d'une variante,
analyser et simuler les performances de l'ouvrage très tôt dans l'étude, ce qui fournit l'opportunité
de corriger la conception au besoin..

3. Les entreprises

Au Maroc, sur certains projets d'envergures, l'approche BIM est appréhendée par les entreprises,
qui sont, soit des majeurs nationaux ou internationaux dans le domaine, vu la complexité du projet
lui-même, ou en raison des exigences des maîtres d'ouvrages qui veulent pérenniser leur
investissement à travers une maîtrise de leurs ouvrages avant le premier coup de pioche et
également disposer de data et outils leur permettant de gérer les ouvrages construits.

Le secteur du BTP est caractérisé par une fragmentation accrue et l'absence du travail collaboratif.
Chose que le BIM peut régler. Mais d'abord il faut changer les mentalités et monter aux concernés
l'apport concret du BIM.

Pour une entreprise BTP au Maroc, les pertes occasionnées par l'incohérence entre les plans suite
à des changements dont l'impact n'a pas été pris en compte, la découverte des erreurs et
omissions en cours de travaux, les retards engendrés par l'absence d'une synchronisation entre le
planning et la conception, le temps perdu pour extraire tous les matériaux et les quantités
nécessaires à chaque étape du projet (et par la suite la non optimisation des commandes) et les
réfections due au manque de précision sur les plans. Peuvent être un argument probant pour
convaincre le décideur d'adopter le BIM qui élimine ces pertes.

4. Les maîtres d'ouvrages

Les donneurs d'ordre au Maroc, sont fascinés par les atouts de l'approche BIM. Toutefois, et en
l'absence d'études et de retour d'expérience locales qui montrent l'intérêt de cette approche dans
le contexte national et le retour sur investissement d'une telle démarche, la plupart hésitent à y
mettre les pieds et d'autres se contentent de l'image synthétique 3D de leurs projets pour les
besoins de communiquer.

C'est vrai que l'écosystème n'est pas encore mature pour adopter la démarche avec tout ce que
ça nécessite comme travail collaboratif, structuration de données, révision des processus et
méthode de travail, mais il est temps de conduire des opérations pilotes pour encourager les
autres et créer l'effet boule de neige.

Pour un maître d'ouvrage et/ou un aménageur du territoire marocains, le BIM est l'outil adéquat
pour vérifier, très tôt, si un projet respecte les critères financiers et les délais de construction dès
les premières études de faisabilité (extraction des quantités), s'assurer du respect des critères
fonctionnels du projet, mieux comprendre le projet par les différents intervenant qui collaborent
autour du modèle du projet, maîtriser les budget à travers la simulation des incidences en cas de
modifications.

V. Le BIM pour l'aide à l'exploitation autoroutière


La maintenance du réseau autoroutier représente l’une des missions fondamentales de la Société
Nationale des Autoroutes du Maroc (ADM), en relation directe avec la qualité de service rendu au
client et la nécessité de préservation du patrimoine concédé. L’extension du réseau, qui compte

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actuellement 1800 Km, a poussé ADM à mettre en place un outil informatique d'aide à
l'exploitation, notamment la Gestion de l’Entretien de son patrimoine (SGE).

A travers ce système, ADM vise à référencer et archiver toutes les données relatives à
l’infrastructure autoroutière (dans un premier temps dans les domaines de la Chaussées, les
Ouvrages d’Art, les équipements de l’autoroute, les grands ouvrages de terrassement et les
ouvrages hydrauliques), de connaître l’état de ce patrimoine via des auscultations et inspections
des différents éléments d’ouvrages, de définir une politique d’entretien cohérente, de disposer
d’outils d’aide à la décision pour la gestion des travaux et l’établissement des budgets d’entretien,
et d’assurer la mise à jour régulière de l’état du réseau, notamment suite à des travaux.

Une fois mis en place, les objectifs attendus du système n'ont pas été atteint pour la simple raison
qu'il n'est pas alimenté par les données nécessaires à son fonctionnement. Mais comment le BIM
peut faire revivre le système SGE ?

L'idée que nous allons développer ci-après est de faire de la plateforme BIM un outil pour
alimenter la base de données SGE, périodiquement ou suite à une intervention sur l'infrastructure
autoroutière.

Utilisateur SGE Base de données SGE Plateforme BIM Contributeur BIM

Figure 10 - Principe de fonctionnement d'alimentation de la BDD SGE à partir de la maquette BIM

1. Prérequis

Pour pouvoir réussir ce défi ambitieux, qui ne peut être concrétisé qu'à long terme, il y a lieu de :

- Mener un projet pilote sur un tronçon autoroutier pour pouvoir déterminer les limites et
les erreurs à éviter ;
- Créer une structure permanente BIM qui sera chargé de conduire le projet à long terme
et d'assurer la coordination de l'activité BIM au sein de la société ;
- Etablir les maquettes numériques de l'infrastructure ;
- Disposer de sa propre plateforme collaborative sécurisée et conçu pour les besoins
spécifiques d'ADM ;

2. Processus BIM

Déployer la démarche BIM au sein d'ADM n'est pas une tâche facile qui peut être décrite dans
cette étude. Nous allons tenter à travers ce paragraphe de créer le canevas d'une ébauche qui
nécessite d'être revue et développée dans une approche itérative d'amélioration continue.

Les objectifs métier définie pour notre étude sont :

- L'alimentation de la base de données SGE ;


- La communication avec les différentes parties prenantes.

Certificat chef de projet BIM 21


Ces objectifs métier peuvent être atteint grâce aux usages BIM suivants :
- Structuration des données :
L'objectif est d'avoir des objets modélisés structurés. Il faut donc, définir une classification
et une convention de nommage des objets constituant la maquette par métier et par
famille d'objet, et de standardiser leurs propriétés et attributs, pour pouvoir réaliser des
regroupements, des inventaires, des analyses, ...etc. pour notre cas, il est primordial
d'utiliser la classification proposée par l'exploitant / mainteneur. La bonne pratique exige
de commencer par les actifs majeurs (pont, échangeur, chaussée, ...), ensuite établir pour
chacun de ces actifs la liste des systèmes qui le composent au moins d’un point de vue
opérationnel, pour arriver enfin à établir la liste des composants élémentaires et de leurs
propriétés.
Malheureusement, il n'existe pas encore de classification internationale adaptée à tout
type de projets et/ou de besoins. D’où la nécessité de faire appel à des experts pour
assister les équipes chargées d'établir cette classification.
- Modélisation de l'infrastructure :
C'est un prérequis pour les autres usages BIM. La modélisation ne signifie pas seulement
la création du modèle 3D. il s'agit aussi de la création d'un modèle fonctionnel qui
autorise les manipulations les analyses sur la maquette numérique. Le logiciel de
modélisation est à choisir sen fonction du livrable attendu et des compétences des
modeleurs BIM.
La modélisation de l'infrastructure est validée par l'équipe du management BIM selon les
critères définis dans la convention BIM et le plan de mise en œuvre BIM du projet.
- Validation des données :
Une donnée qui n'est pas juste biaise les conclusions qu'on peut en tirer, d’où l'importance
de cet usage du BIM. Le processus de validation des données est à effectuer à l'échelle de
de la discipline (métier) puis à l'échelle de la maquette globale de l'infrastructure. Il exige
la définition des flux de validation et les acteurs qui y sont impliqués. Une donnée n'a
jamais un statut "validé". Au sens de la norme ISO 19650, elle ne peut être que "en cours"
(en cours de conception), "partagée" (validé au niveau de la discipline) ou "publiée"
(validée à l'échelle de la maquette globale).
- Génération des plans et des données :
Les plans sont toujours utiles et nécessaires pour concevoir les ouvrages et doivent
clairement indiquer toutes les données et éléments nécessaires. Au même temps, ils
doivent être issus du modèle 3D et en cohérence avec celui-ci. Ils ne doivent pas être
modifiés manuellement après extraction du modèle 3D.
En annexe un modèle simplifié du processus de déploiement du BIM pour l'aide à l'exploitation.

Figure 11 - Allure du processus simplifié le BIM pour l'aide à l'exploitation pour ADM (voir annexe)

Certificat chef de projet BIM 22


VI. La communication "as built"
Au Maroc, on utilise très souvent la conception 3D pour concevoir des images synthétiques ou des
vidéos pour un usage de communication visuelle avec les parties prenantes et même pour les
décideurs pour une approbation plus rapide des variantes et des solutions possibles autour d'un
projet. Il est évident qu'on ne peut pas prétendre le déploiement d'un processus BIM pour cette
finalité, même si beaucoup de professionnels confondent toujours BIM et modélisation 3D. Mais
le déploiement du BIM permet aussi de disposer de maquettes 3D des ouvrages à construire.
Mieux encore, toute modification ainsi que ses conséquences sur les autres éléments est
rapidement visible.

Donc, grâce au BIM, il est possible de mettre à la disposition de la société un moyen efficace et
illustratif de communication avec les différentes parties prenantes (pouvoir public, usagers de
l’autoroute…), surtout en préparation des phases clés du projet, notamment la validation de la
conception, l’explication du phasage des travaux et la présentation périodique de l’avancement
du projet. Mais cet usage du BIM demeure une conséquence et non une finalité en soi.

Sur l'enquête de Dodge Data & Analytics qu'on a évoqué dans cette étude, 12 % des utilisateurs
du BIM qui ne sont pas les créateurs des model, utilisent le BIM pour la communication avec les
parties prenante.

Figure 12 - Usages des modèles BIM par ceux qui ne les créent pas, Dodge Data & Analytics 2017

VII. Retour sur investissement


1. Coût

Combien ça va nous couter l'adoption de l'approche BIM ? C'est la question que tout le monde
peut se poser, et c'est légitime. Mais de l'autre côté il faut aussi s'interroger combien en perd si
on ne se transforme pas en BIM ?

Les Ingénieurs ont tendance à s'aligner sur les méthodes de travail connues. S'ils ne maîtrisent pas
une technologie, elle est perçue comme un risque. L'état d'esprit est toujours que l'efficacité
équivaut à faire les choses aussi près de la façon dont nous avons l'habitude de les faire avec des
processus plus au moins améliorés.

Les éléments ci-dessous, sont à prendre en considération pour estimer le coût nécessaire au
déploiement du BIM :

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- Les logiciels
Les éditeurs de solutions BIM pour infrastructures proposent différentes offres pour
l'acquisition de logiciels. Le coût peut varier du simple au double. La définition des usages
escompté est indispensable avant de passer commande.

Pour la suite AEC (Architecture, Engineering & Construction) d'Autodesk, il faut compter entre
3000 et 5000 Euro par ans pour une seul utilisateur.

- La formation
Même si les logiciels sont de plus en plus conviviaux, et les auto formations sont partout sur la
toile, il est indispensable de prévoir des formations pour comprendre la démarche BIM. Il faut
prévoir des formations de BIM Manager, et des formations spécialisée des modeleurs pour
maîtriser les logiciels et les outils BIM. Le prix d'un master BIM au maroc avoisine les 8000 euro
par personne. Et les formations spécialisées autour des logiciels varient de 300 à 500 euros par
jour (un groupe d'une dizaine de personnes).

- Les machines
Le recours au BIM nécessite d'être équipé de machines (ordinateurs) très puissantes pour faire
tourner les logiciels BIM qui sont extrêmement puissants. Au maroc, il faut compter entre 3500
et 4500 euros pour acquérir ce type de machines.

- Plates formes d'échange


Afin d'assurer la collaboration entre tous les acteurs d’un projet, les plateformes collaboratives
d’échange BIM s’avère l’outil idéal. Il existe plusieurs plateformes payantes qui proposent leurs
services (usBIM.platforme de ACCA SOFTXARE), et des plates formes gratuites (KROQI). Pour
notre cas et vu qu'il s'agit d'un premier déploiement du BIM infrastructures, il est préférable
de commencer par une plateforme gratuite en attendant de mettre en place sa propre
plateforme.

- L'accompagnement
Vu la complexité des projets d'infrastructure, la conception d’un premier projet en mode BIM,
nécessite le recours à un accompagnement externe par des experts spécialisés pendant
quelques jours pour cadrer le projet et valider les livrables de la démarche de mise en place du
BIM. La mobilisation d'un expert coûte de 1500 à 3000 euros par jour hors frais d'hébergement.

En plus de ce qui a été exposé ci-haut, il faut prendre en compte également que le déploiement
du BIM nécessite un changement des habitudes du travail, des nouveaux standards et des flux de
travail différents. La réussite de ce pas implique une conduite de changement réussi au sein de
l'organisation.

Et si on ne se met pas au BIM ?


Le passage au BIM doit être perçu comme un investissement à long terme et non pas comme une
charge à imputer au projet. Certes que pendant la première période transitoire, la productivité
risque de baisser et la résistance va se sentir. Mais c'est le cours normal de tout changement. Ne
pas se mettre au BIM aujourd'hui c'est être moins compétitif demain, surtout que le BIM se
généralise un peu partout dans la profession. Les résultats vont se sentir une fois le processus BIM
maîtrisé et le retour sur investissement est généralement positif comme on va exposer ci-dessous.

Certificat chef de projet BIM 24


2. Retour sur investissement

Actuellement, les industriels de la construction ne disposent pas d'un moyen standard pour
mesurer le retour sur investissement (RSI) du BIM. Cependant, la plupart de ceux qui investissent
dans l'utilisation du BIM sont conscients de ses avantages et de ses coûts, et ont l'idée d'un RSI
positif. Dans ses recherches BIM, publié dans son rapport "the business value of BIM for
infrastructure 2017", Dodge Data & Analytics a interrogé les utilisateurs BIM (ingénieurs et
entrepreneur) sur leur retour sur investissement perçu, dans quatre pays (la France, l'Allemagne,
le Royaume Uni et les Etats Unis). Le nombre des utilisateurs qui ont constaté un RSI négatif ne
dépasse pas les 6 % alors que presque les 2/3 ont constaté un RSI positif.

Figure 13 - RSI perçu sur le BIM_ Dodge Data & Analytics 2017

En plus, presque la moitié (43%) des interrogés, parmi ceux qui ont rapporté un RSI positif du BIM,
estiment avoir RSI de 25% ou plus. Un argument fort et convaincant pour s'investir en BIM.

VIII. Conclusions et recommandations


Avec les avancées technologiques de nous jours, nous avons tendance à utiliser le numérique
comme "proxy" pour plus d'efficacité. Dans le cas du BIM, nous pouvons l'utiliser pour fournir plus
de valeur aux utilisateurs pour travailler de manière plus efficace, comme nous pouvons l'utiliser
pour développer des produits plus robustes qui nous rendent la vie facile, ou pour effectuer le
travail de manière plus sûre. Mais ça signifie aussi plus d'informations à gérer, plus de travail
collaboratif et des process à revoir.

Lorsqu'on choisit d'utiliser une approche BIM, cela nous donne des choix de différentes chaînes
de valeur à poursuivre, et il se peut que nous ne choisissions pas toujours le moyen le plus rapide
ou le plus rentable, mais nous finissons par améliorer nos façons de faire.

Appréhender le BIM maintenant, c'est être prêt pour le prochain changement majeur dans la
technologie, qui sera bouleversant : l'intelligence artificielle. Pour le domaine de l'AEC,
l'intelligence artificielle, peut améliorer notre capacité à effectuer des analyses plus avancées plus
rapidement que jamais, arriver à des solutions optimisées en automatisant nos processus de
conception.

Certificat chef de projet BIM 25


Au maroc, certes le BIM pour infrastructures n'est pas encore appréhendé, mais on n'est pas
encore très en retard. On peut rattraper à travers :

• Des formations spécifiques BIM dans les différentes écoles d'ingénieur, pour disposer des
ressources qualifiées capables de lever ce défi ;

• Une réglementation qui cadre la pratique du BIM (responsabilités, propriété intellectuelle)


et encourage l'usage du BIM par les maîtres d'ouvrages (obligations de recourir au BIM
pour certaines familles de projet, ...) ;

• Le parrainage et l'encouragement de projets pilotes conduit selon l'approche BIM à


travers des encouragements fiscaux ;
• La création de plateformes collaboratives d'échanges nationales gratuites à l'instar de
KROQI en France;
Enfin, il faut noter que l'adoption du BIM est une vision de l'entreprise et non pas la mission d'une
seule personne non soutenue. Le BIM manager peut porter le flambeau, mais ne peut pas à lui
seul supporter l'implémentation et la réussite de l'approche BIM dans une organisation.

***

Certificat chef de projet BIM 26


REFERENCES :

+ http://robobatmaroc.com/webinaire-le-bim-au-maroc-etat-des-lieux/
+ https://www.medias24.com/voici-les-orientations-2020-2025-pour-le-developpement-du-
digital-au-maroc-6917.html
+ https://leconomiste.com/article/1054658-le-detail-de-la-strategie-maroc-digital
+ Note d'organisation générale pour le développement du digital au maroc à l'horizon 2025 (mars
202)
+ "Benefits of Implementing BIM in Infrastructure Projects" Journal of Engineering, Project, and
Production Management 2020, 10(2), 123-140 by Rozita Samimpay enq Ehsan Saghatforoush
+ Rapport CEREMA " Le BIM pour les infrastructures – Etat des lieux et problématique",
Septembre 2017
+ https://www.buildingsmartfrance-mediaconstruct.fr/definition-notions-bim/
+ https://www.buildingsmartfrance-mediaconstruct.fr/glossaire-bim-
bsfrance/?name_directory_startswith=O
+ Livrable MINnD : Recommandations de mise en place du BIM pour les infrastructures
_MINnD_TH01_UC00_01_ Recommandations_BIM_Infra_024_2019 Août 2019
+ https://standards.buildingsmart.org/IFC/DEV/IFC4_3/RC1/HTML/
+ https://technical.buildingsmart.org/standards/ifc/ifc-schema-specifications/
+ Smart Market Report : The business value of BIM for infrastructure 2017. DODGE DATA &
ANALYTICS
+ https://www.hexabim.com/blog/bim-modeleur-et-coordinateur-bim-formation-
competences-expertise-et-qualites
+ Livrable MINnD : Guide d'application du BIM Infra _ MINnD_TH01_UC00_02_
Guide_Application_ BIM_Infra _025_2019 Mars 2019
+ Documents internes ADM (procédures, présentations, ...)

Certificat chef de projet BIM 27


Annexe
Processus simplifié pour le déploiement du BIM pour l'aide à l'exploitation au sein d'ADM

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