En 1975, il était clair pour la plupart des membres de l’OTAN que la munition de 5.56x45mm M193,
de construction ordinaire, avec un simple noyau de plomb, était démodée et incapable de perforer
fiablement les protections balistiques soviétiques alors mises en service, en particulier le casque SSh-
681.
Figure 1 - La SS109 trouve ses origines dans la nécessité de repousser une éventuelle invasion du Pacte de Varsovie
Après une compétition opposant plusieurs munitions (entre autres, les 5.56mm XM777 américaines,
mais aussi les SS109 Belges ou les plus exotiques 4.85 Britanniques et 4.7 « caseless » allemandes)
entre 1977-1980, il apparut que la SS109 de la FN Belge était celle offrant les meilleures
performances, pour un coût jugé acceptable. Cela était une déconvenue pour les Etats-Unis, qui
auraient souhaité l’adoption de la XM777, laquelle aurait permis de conserver en service, en tout
bien et tout honneur, le M16A12. En 1980, la 5.56 Belge, la SS109 devenait la seconde cartouche
pour « fusil OTAN », succédant ainsi à la 7.62x51mm. Il était alors entendu que toute nouvelle arme
adoptée par un pays de l’Alliance Atlantique devrait être chambrée pour la SS109.
1
Le critère de perforation, pour répondre aux exigences d’une « 5.56 NATO », d’une tôle d’acier 1010-1020
d’une épaisseur de 10ga, et d’une tôle d’aluminium de 0.5mm, placée 15cm derrière la tôle d’acier, à une
distance de 600 mètres.
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En effet, la XM777 s’accommodait du pas du canon, en 1 :12’’ du M16A1, tandis que la SS109 Belge, et
particulièrement
Gabriel Kempeneers | KW sa version traçante, la L110, nécessitait un pas plus rapide
Figure 2 - Les armes présentées lors des concours successifs de la fin des années 70
La SS109 est, depuis les années 80, fabriquées par bon nombre de pays, dans lesquels la cartouche
est connue sous d’autres dénominations : M855 aux Etats-Unis, C77 au Canada, L2A2 en Grande-
Bretagne, F1 en Australie ou bien encore DM11/DM11A1 en Allemagne3.
L’ogive SS109 est plus longue que la M193 qu’elle remplace et l’utilisation de la première dans le
canon prévu pour le précédent projectile a des conséquences désastreuses pour la balistique
extérieure : la SS109 ne « tournant pas assez vite », celle-ci n’est pas stable à la sortie du canon, et
perd rapidement de sa vitesse une fois en vol libre, tout en étant d’une précision très aléatoire.
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La dénomination DM11 est appliquée aux type-SS109 fabriquées par RUAG, tandis que DM11A1 est utisée
pour les cartouches produites par MEN
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Figure 3 - Concept général de la SS109
Sa masse habituelle est de 4 grammes (62 grains) et le projectile se compose d’un noyau de plomb
surmonté d’un petit pénétrateur en acier trempé (d’une dureté habituellement comprise entre 40 à
45 HRC). L’idée derrière cette construction étant que le noyau de plomb donnerait un « coup de
marteau » au pénétrateur, au moment de l’impact sur la cible, perforant effectivement les
protections balistiques utilisées par les troupes de Varsovie. Sa vitesse initiale est
d’approximativement 945m/s, lorsqu’elle est tirée par une arme équipée d’un canon de 20’’ (alors le
standard utilisé par le M16A1). L’objectif étant la perforation d’un casque soviétique SSh-68 à une
distance de 600m, alors la portée envisagée comme maximum dans le cas d’une mêlée à proximité
de Fulda.
Bien que toutes les ogives de type SS109 devraient peser 62 grains et comporter un pénétrateur en
acier à leur sommet, des différences considérables sont constatées et peuvent, régulièrement,
permettre d’identifier l’origine d’un projectile récupéré. Par exemple, le type et la position de la
cannelure, mais également la longueur totale du projectile, sont des éléments qui se révèlent très
variables entre les différents fabricants.
Une caractéristique des ogives de type SS109 est, lors d’un impact à
haute vitesse (>880m/s) dans des tissus mous, de constater une
séparation des différents composants du projectile, le pénétrateur
en acier et le noyau de plomb se séparant, et devenant alors deux,
voire trois projectiles distincts dans le corps atteint.
Figure 4 - coupe d'une SS109Les pénétrateurs sont également parfois très différents, ceux
d’origine Allemande présentant une cavité conique à leur base,
résultant du processus de fabrication, tandis que les pénétrateurs produits en Grande-Bretagne sont
d’une masse plus faible, pour compenser la masse supérieure des chemises Britanniques, plus
épaisses que la moyenne.
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Les mêmes cupro-nickel et bouchons de cuivre sont déjà employés sur les 7.62x51 DM111, également
produites par MEN
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Exemples de quelques pénétrateurs :
Comme on peut le voir, les projectiles présentent tous des variations, de masse comme de détail de
design.
Pour augmenter l’interopérabilité entre les différents pays membres, l’Alliance Atlantique permet à
ses membres de proposer un design « type SS109 » et de le faire qualifier ; garantissant que cette
munition fonctionnera dans une NNW (NATO Nominated Weapon), laquelle est une arme
réprésentative, soumise par un pays membre (comme les M16A2 et L85A2 pour le 5.56x45mm, la
mitrailleuse L7 pour le 7.62x51, ou bien le pistolet HK P8 et le PM Beretta M12 pour le 9x19mm). En
plus de tests de pression, de perforation, précision, dispersion et de fonctionnement à hautes
comme basses températures.
Une munition parvenant à remplir les différents critères devient alors une « qualified design ». Pour
le 5.56 NATO, les munitions suivantes, entre autres, sont qualifiées, toujours en respectant le design
SS109 :
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Figure 5 - 5.56 NATO Qualified Designs
Beaucoup de sociétés, et de personnes, mélangent les dénomination « 5.56 OTAN », M193 ou bien
encore SS109/M855. La 5.56 M193 ne fut jamais OTAN, seule les types-SS109 peuvent l’être.
Source :
1. NATO AEP-97
2. US MIL-C-63988C
3. Weapons & Sensors, G. Ardvisson, NATO Armament Group
4. AFTE Journal, Winter 2001
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