32 | 2018
L’art du diorama (1700-2000)
The Art of the Diorama (1700-2000)
Édition électronique
URL : https://journals.openedition.org/culturemusees/2197
DOI : 10.4000/culturemusees.2197
ISSN : 2111-4528
Éditeur :
Avignon Université, UGA Éditions/Université Grenoble Alpes
Édition imprimée
Date de publication : 31 décembre 2018
ISSN : 1766-2923
Référence électronique
Noémie Étienne et Nadia Radwan (dir.), Culture & Musées, 32 | 2018, « L’art du diorama (1700-2000) »
[En ligne], mis en ligne le 16 janvier 2019, consulté le 17 avril 2022. URL : https://
journals.openedition.org/culturemusees/2197 ; DOI : https://doi.org/10.4000/culturemusees.2197
Secrétariat de la rédaction
Secrétariat Culture & Musées,
Centre Norbert Elias (UMR 8562)
Équipe Culture & Communication,
84029 Avignon Cedex.
Courriel : culture-et-musees@univ-avignon.fr
L’art du diorama
(1700 - 2000)
sous la direction
de Noémie ÉTIENNE & Nadia RADWAN
Introduction
Noémie Étienne & Nadia Radwan
Université de Berne
De plus,
« parce que le réalisme recherché se confond avec vérité,
[…] le diorama est immédiatement investi d’un sens.
Spontanément, il est assimilé au réel évoqué : impression
d’autant plus prégnante que le principe explicatif réside
tout entier dans l’idée d’analogie et que celle-ci irrésistible-
ment force la “re-connaissance” » (ibid.).
Conclusion
Bibliographie
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CULTURE & MUSÉES - n°32 - 2018 47
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1 Nom que Zummo change en Zumbo pour sa « sonorité plus noble » (Lemire,
1990 : 36).
2 Si la présence d’œuvres baroques macabres dans un musée à caractère scienti-
fique peut apparaître déconcertante au premier abord, celle-ci est en fait mise en
relation avec la collection de plus de 1 400 modèles anatomiques réalisés entre 1771
et 1893. L’institution fait clairement le choix d’établir un lien matériel et stylistique
entre les œuvres de Zumbo et les modèles anatomiques réalisés pour la majeure
partie sous la direction de Felice Fontana (1730-1805). Le guide papier du musée
confirme que la cire et le travail minutieux de Zumbo à représenter les détails
anatomiques des corps et le processus biologique de décomposition des chairs
justifient ce choix muséographique « très spécial » (Barbagli & Pratesi, 2009 : 76).
Le texte introductif précise par ailleurs que les œuvres de Zumbo représentent une
facette unique de l’art de la céroplastie et distingue clairement le travail de Zumbo
au XVIIe siècle de celui des céroplasticiens-anatomistes aux XVIIIe et XIXe siècles.
Cette distinction exemplifie la séparation entre le céroplasticien, vu comme un arti-
san, et l’anatomiste ou le physicien, dont la formation est scientifique (cf. Maerker,
2011). Les naturalistes et chirurgiens qui travaillaient depuis 1771 à la réalisation de
modèles anatomiques en cire ne considéraient d’ailleurs pas les œuvres de Zumbo
comme des représentations scientifiques.
3. Aussi appelé La Corruption des corps (La Vanità della gloria umana).
4. Les fragments de La Syphilis sont découverts dans les collections privées de la
famille Corsini après l’inondation de Florence de 1966. Faute de photographies, la
scène, très abîmée, n’a pas pu être entièrement reconstituée.
Les cabinets
13. Noémie Étienne remarque que les dioramas sont généralement grandeur nature
ou de taille nature et ressemblent à des jouets : « Les modèles miniatures s’appa-
rentent à des jouets, utilisés pour présenter une scène, recréer un site disparu ou
communiquer des informations sur un contexte » (Étienne, 2018 : 222). Par ailleurs,
elle remarque qu’au XIXe siècle, « les enfants comptent parmi les publics visés en
priorité par les dioramas » (ibid.).
Réceptions instables
26. Van Gastel propose de comparer les charniers des mises en scène de Zumbo
avec un lieu saint important à Florence, la Santissima Annunziata, où étaient dépo-
sées des offrandes votives en cire de toutes tailles. Dans le premier cas, la cire est
surtout utilisée dans sa dimension naturaliste, pour confronter l’homme à la peur
de sa propre existence et de sa mortalité, alors que dans le second cas, elle est vue
comme magique, les offrandes permettant aux croyants de se rapprocher de Dieu,
portant en elles les prières des fidèles et jouant ainsi un rôle de transmission vers le
divin (Aby Warburg, 1902, cité in van Gastel, 2014 : 243).
27. Si les teatrini s’inscrivent dans la tradition du memento mori, leurs effets ne s’y
Conclusion
limitent pas. Regina Deckers observe que ce type de petites installations, de plus en
plus présentes dans les collections privées, « peut incarner le symptôme d’un intérêt
artistique et scientifique grandissant pour le sujet, au-delà des effets cathartiques du
memento mori » (Deckers, 2017 : 91). Il est également possible d’associer les cinq
œuvres de Zumbo exposées à la Specola et d’y voir des variations d’un dispositif
invitant à réfléchir la mort (Wolkenhauer, 2001 ; Deckers, 2017 : 87).
Bibliographie
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2. Une première pierre a été posée par Pietro Redondi dans l’ouvrage Les Exposi-
tions universelles en France. Techniques. Publics. Patrimoines (Carré et al., 2013).
3. Pour les détails de l’aquarium de Londres, voir Ursula Harter, Aquaria in Kunst,
Literatur & Wissenschaft (2014), notamment p. 16-33.
Transparences
« Comme au diorama »
8. Dans tous les comptes rendus des spectacles du diorama que nous avons pu
consulter, jamais un tel incident n’est relevé. Il semble qu’un tel incident soit alors
rare, ce qui nous permet de penser que Nerval et Gautier assistent ensemble au
même spectacle.
9. « Le diorama, inventé par Daguerre, ne ressemble que par ses effets aux appareils
précédents : comme construction, il en diffère essentiellement. Comme son
étymologie l’indique, ses tableaux sont vus à travers et sont, par conséquent, peints
des deux côtés de la toile transparente. Comme le polyorama, il y a sur cette toile
une succession de deux effets bien différents ; mais cette succession n’est plus pro-
duite par un appareil de fantasmagorie ; elle est uniquement due à la transparence
de la toile et à une double disposition d’éclairage. »
Visions fantasmagoriques
Conclusion
Bibliographie
2. Laquelle s’est également exprimée au tout début des années 1990 à la grande
galerie de l’Évolution du Muséum national d’histoire naturelle de Paris.
4. Au sens où nous l’entendons, l’indice correspond à « ce qui est là, perceptible,
manifeste, à la disposition » du visiteur à qui il appartient de « l’identifier pour ce
qu’il est, de lui attribuer le sens souhaité » (Martinet, 1975 : 59).
6. Nous reprenons l’expression utilisée lors d’un entretien qu’il nous a accordé en
juin 2018.
7. Des études menées au Muséum national d’histoire naturelle dans la grande gale-
rie de l’Évolution ont montré que l’éléphant de « La caravane de la savane africaine »
de la grande nef est perçu par de nombreux visiteurs comme un éléphant d’Afrique
et non comme un élément du discours sur la biodiversité, pour lequel il est utilisé
dans l’exposition (Maréchal et al., 2000).
8. Mais ce jeu sur l’émotion peut être également perçu comme une source de
difficulté. Pour Jacques Maigret et Florence Raulin-Cerceau (2000), il est probable
que le choc émotionnel provoqué par la mise en scène particulièrement esthétique
de la nef de la grande galerie de l’Évolution au Muséum de Paris empêche de per-
cevoir aisément la répartition des spécimens selon leur provenance géographique.
Mais les premières études réalisées à l’ouverture du lieu ont montré que ce n’est
qu’à partir du moment où il se trouvait débouté dans sa quête de sens que le visi-
teur semblait se focaliser sur la beauté et l’esthétique du lieu.
Conclusion
9. La littéracie est en fait une notion d’emprunt à laquelle nous avons proposé
d’adjoindre l’adjectif « muséale ». La littéracie regroupe au départ un ensemble de
pratiques liées à l’écrit mais qui ne se réduisent aucunement à lui. Un élargissement
à d’autres champs de compétences (informatique, médias) a pu être proposé dans
les définitions récentes. Dans cette perspective, les pratiques de lecture-écriture
ne peuvent plus se limiter à des notions comme celles de grammaire, lexique,
sémantique, mais doivent prendre en compte des systèmes sémiotiques plus larges.
Cette extension décisive de la notion nous a ouvert la possibilité d’envisager cette
nouvelle forme de littéracie, la « littéracie muséale ».
10. D’autres études ont montré que des visiteurs peuvent même témoigner de la
compétence à mémoriser des grammaires de production d’exposition et des dis-
cours de commissaires, pour ensuite les insérer dans un processus de compré-
Bibliographie
Davallon (Jean). 1989. « Peut-on parler d’une “langue” de l’exposition scien-
tifique ? », p. 47-59 in Faire voir, faire savoir : la muséologie scientifique
au présent / sous la direction de Bernard Schiele. Québec : musée de la
Civilisation.
hension dialectique (Davallon et al., 2000). Pour les auteurs de cette étude, cette
compréhension fait du visiteur un « visiteur expert » ou un « visiteur-critique ».
L’authentique et le vraisemblable
Il ajoute :
« C’était ici, sous un vieux hangar à la charpente vermou-
lue reposant sur de rustiques piliers de pierre, un gamin
d’une douzaine d’années venant quérir au milieu d’une
quantité de charrues, de herses, etc., de toutes les contrées
7. « On a pensé qu’il y avait lieu de présenter aux regards des visiteurs quelques
tableaux ou scènes », dossier d’œuvre 1907.3 (Mucem, Marseille).
9. Voir le séminaire sur le Magasin de Ben organisé par le musée national d’Art
moderne et le Labex CAP, sous la direction de Yaël Kreplack le 12 sept. 2017.
10. Borges (Jorge Luis). 1967. L’Aleph [El Aleph, 1949] (trad. de Roger Caillois et
René L.-F. Durand). Paris : Gallimard.
Bibliographie
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Retour à l’ordre ?
Injonctions et
contournements dans les
dioramas du Musée polaire
de Leningrad (1933-1937)
Sam Omans
New-York University, Institute of
Fine Arts,
Xenia Vytuleva
ETH Zurich
De la nature à la culture :
Quelques exemples
de dioramas naturalistes
au Muséum d’histoire
naturelle de Paris
Jacques Cuisin
Muséum national d’histoire
naturelle
contre la photographie, au moins dans un Loucif (Safia). 2017. Les Nouvelles Galeries de
Zoologie du Muséum d’histoire naturelle en 1889
premier temps.
(mémoire de master 1 de recherche en histoire de
Enfin, cette idée du microcosme, déjà l’art, Paris IV - Sorbonne). Paris, 2 vol.
Thomas Deshayes
Musée national de la Marine
Le musée national de la Marine est l’un des durant cette période obéit à un
plus anciens musées maritimes du monde. p ro g ra m m e p r é c i s , d o n t l e s a xe s
Héritier de la collection formée par fondamentaux sont présentés dans un
l’inspecteur des constructions navales article de 1946. À partir du constat de
Duhamel du Monceau (1700-1782) et l’image archaïque du musée en général,
léguée en 1748 au roi Louis XV, il s’installe « nécropole obscure et poussiéreuse où
à partir de 1939 dans l’aile « Passy » du s’entasse, sans art ni logique, un bric-à-
palais de Chaillot, après un siècle passé au brac invraisemblable confié à quelques
sein du palais du Louvre (Ninderlinder, plumitifs revêches ou passifs » (Vichot,
2017). La rénovation complète dans 1946 : 3), Vichot réaffirme l’importance de
laquelle le musée est engagé (2017-2021) celui-ci comme lieu de médiation. Pour lui,
permet de porter un nouveau regard sur l’avènement des nouveaux médias, comme
des collections riches et très diverses. le cinéma ou la télévision, loin de rendre
Parmi celles-ci se trouvent environ obsolète le musée, renforce son utilité par
80 dioramas inscrits à l’inventaire une appropriation directe et visuelle des
règlementaire1. Au cœur de cet ensemble, objets. Il pose un objectif clair : « Nous
on distingue un groupe cohérent, réalisé devons réaliser des musées vivants où
sur commande durant la période de l’intérêt soit toujours renouvelé, l’attention
directorat (1943-1971) du capitaine de toujours sollicitée et où nous instruirons le
vaisseau2 Jacques Vichot. profane sans même qu’il s’en doute »
(ibid. : 4). Vichot fait du diorama le bras
Vichot développe à la tête du musée de la armé de cette politique au service des
Marine une véritable politique en faveur publics, présentée brièvement dans ce
des dioramas. La réalisation de ces objets texte.
Année de
N°
Description réalisation /
d’inventaire
acquisition
53 OA 3 Chasse à la baleine 1953
53 OA 9 Le docteur Bombard à bord de L’Hérétique en mer 1954
53 OA 10 Jacques-Yves Le Toumelin à bord du Kurun en mer 1954
53 OA 11 Le poste de lavage sur la plage avant du croiseur- 1954
cuirassé Victor Hugo, 1910
53 OA 15 Cérémonie des couleurs sur la plage arrière du 1955
croiseur-cuirassé Victor Hugo, 1910
53 OA 16 Mise à l’eau de la baleinière de sauvetage à bord du 1955
croiseur-cuirassé Victor Hugo, 1910
53 OA 17 Exercice de signaux sur la passerelle du croiseur- 1956
cuirassé Victor Hugo, 1910
53 OA 18 Appareillage de la Bombarde, contre-torpilleur de 1957
300 t
53 OA 19 Prise de la citadelle de Son-Tay en 1883 1954
(achat en 1959)
manière dont l’histoire muséographique du Kessler (Jean). 1994. « Georges Fouillé, 1909-
1994 ». L’Art et la Mer, 49-50, 4e trim., p. 23-26.
Lelièpvre-Botton (Sylvie). 2007. Eugène Lelièpvre.
8. Dans son article de 1996, Stephen Bitgood pro-
Une vie de peinture. Paris : Philophil.
pose une grille permettant d’évaluer l’efficacité du
diorama. Il définit trois plans : comportements, co- Louvier (Patrick) (sous la direction de). 2013,
gnition et affect permettant d’étudier la réception Neptune au musée : puissance, identités et
par le public de ce type de dispositif.
9. Nous n’avons retrouvé aucun article traitant de 10. Certains avaient déjà été envoyés dans les mu-
la question au musée, les études de publics et en- sées des ports dès les années 1960-1970, mais l’ob-
quêtes de satisfaction étant plutôt récentes dans jectif était alors de renforcer le discours de musée
l’histoire de l’institution. locaux nouvellement créés.
Sources et documents
Vichot (Jacques). 1946. « L’inertie des mots et le
dynamisme des soldats de plomb ». Neptunia, 2,
2e sem., p. 3-7.
Anonyme. 1952. « Chronique du musée ».
Neptunia, 26, 2e trim., p. 40-41.
Anonyme. 1954. « Chronique du musée ».
Neptunia, 36, 4e trim., p. 56.
Auteur
Thomas Deshayes est chargé de la
documentation des collections au sein du Service
de la conservation du musée national de la
Marine. Après sa formation à l’École du Louvre, il
a intégré en 2015 la Direction de la mémoire, du
patrimoine et des archives du ministère des
Armées. Ses travaux de recherche portent
principalement sur l’histoire des collectionneurs
et des collections en France (2016. « Léopold
Double, 1812-1881, “l’amoureux de Marie-
Antoinette” ». Versalia. Revue de la Société des
amis de Versailles, 9, p. 133-143).
Courriel : t.deshayes@musee-marine.fr
La Grande Semaine
de Sem et Roubille :
Le diorama par le prisme
de la satire
Marianne Le Morvan
Figure 1. Ensemble des planches de Sem au bois (détail), avec ajout des identifications
réalisées par François San Millan, annotées et complétées par Marianne Le Morvan.
© University of Minnesota.
F o r t d e c e t t e r é u s s i t e f u l g u ra n t e
i natte n due, Sem récidive. On peut
supposer que l’ampleur de la tâche l’a
incité à s’associer de nouveau à Roubille
pour réaliser une version française. Ce
nouveau diorama, de neuf mètres de long,
baptisé La Grande Semaine, est présenté
du 21 novembre 1909 au 8 janvier 1910 aux
Figure 2. Figurine de lord Coventry galeries Brunner, à Paris 4 . L’invitation
de la version anglaise (à gauche) permettait, par un astucieux découpage
et de la version française (à droite)
du papier, de faire se détacher de l’Arc de
du diorama par Sem. © Succession
Sem. Triomphe un soleil couchant inondant de
lumière le Tout-Paris de retour de
Ce premier diorama incarne le Tout- l’hippodrome de Longchamp (Bulletin de
Londres, qui s’empresse de venir découvrir la Société archéologique : 135). L’affluence
comment sont restituées les fut telle lors du vernissage que les
caractéristiques physiques permettant barrières cédèrent à deux reprises, et que
d’identifier au premier coup d’œil les des gardiens de la paix durent veiller sur la
foule (Le Figaro, 1909, 22 nov. : 1). Dix-sept
tannique telle que présentée dans le catalogue
de la Fine Art Society de Londres de 1908 : le roi 3. Lord Lonsdale l’offre au roi Edouard VII pour sa
George V, le prince Christian, lord Alington, Mr Al- fête. Le diorama britannique entra, après le décès
lison, major Beatty, comte Berteyx, général Braba- du roi, dans la collection des courses d’Ascot, puis
zon, lord Buchan, lord Carnarvon, The Right. Hon. fut légué au National Horseracing Museum de
sir Ernest Cassel, Mr. T. Chaine, The Right. Hon. Newmarket, en Angleterre. Les recherches néces-
Henry Chaplin, lord Coventry, Mr. Arthur Coventry, saires pour cet article, qui permirent la découverte
marquis de Soveral, The Late Duke of Devonshire du catalogue publié à l’époque, ont été transmises
(deux fois : avec un manteau et un chapeau à l’institution qui possède désormais l’ensemble et
marron ; dans un manteau gris et avec un haut qui, ainsi, complète enfin la notice correspondante.
chapeau), lord Durham, lord Farquhar, The Hon.
Evelyn Fitzgerald, Mr. Peter Gilpin, The Late Hon. 4. La date initiale prévue était celle du 19 no-
Ronald Greville, sir Charles Hartopp, W. A. Higgs vembre, mais l’ampleur de l’installation a retardé
(jockey), Mr. G. Hodman, lord Howard de Walden, l’ouverture. Il fut d’abord envisagé qu’il soit ensuite
Mr. S. Joel, Mr. A. Keyser, The Hon. F. Lambton, The présenté à Monte-Carlo, mais après la célèbre
Hon. G. Lambton, lord Lonsdale (deux fois : de côté crue de janvier 1910, l’exposition a finalement été
et de face), lord Lurgan, H. O. Madden (jockey), prolongée aux galeries Brunner, 11, rue Royal (Pa-
Mr. Marsh, Mr. P. Nelke, The Late Mr. Hugh Owen, ris VIIIe), à partir du 9 mai 1910, puis de nouveau
Mr. J. Porter, Mr. Seymour Portman-Dalton, The à Londres, où Sem ne manquera pas d’ajouter en
Hon. Neil Primrose, Mr. W. B. Purefoy, lord Rose- figurine le roi George V. (cf. « Paris en route pour
bery, lord Rothschild, baron James de Rotschild, Longchamp. A diorama by Sem and Roubille ».
Mr. Leopold de Rotschild, a former runner with the The Fine Art Society, 425, mai-juin 1911). Une iden-
Old Berkeley, well known at Ascot, Mr. Arthur Sas- tification partielle du diorama français est pré-
son, lord Savile, prince Victor Duleep Singh, Tod sentée dans le catalogue de la Fine Art Society
Sloan, Mr. Stirling Stuart, The Hon. Henry Stonor, de Londres de 1911 : le roi George V, le président
lord Villiers, sir Edgar Vincent, col. W. Hall Walker, Armand Fallières, Réjane (comédienne), Polaire
lord Westbury, The Duke of Westminster, capitaine (comédienne), M. Lépine (le chef de la police),
Mark Weyland, général sir Albert Williams, lLord Rostand et Bernstein (auteurs dramatiques), Sem
de Grey, Mr. Bradshaw, lord Crawford, Mr. De Sa- (caricaturiste), Forain (caricaturiste), Helleu (ca-
lie, capitaine Foster, sir D. Leach, Admiral The Hon. ricaturiste), Boldini (peintre), Santos-Dumont,
Victor Montagu, lord Ormonde, lord Wandsworth, prince de Chimay, Maurice Ephrussi, baron James
Sem. de Rotschild, Boni de Castellane.
5. Conversion INSEE des anciens francs 1909 en 9. Le Navalorama était une composition de 800 m2
euros 2017 : 65 582 ¤. reconstituant une mer agitée à l’aide d’éléments
11. Les figurines londoniennes sont plus grandes éléments secondaires pour ce type d’œuvres, le
que les parisiennes, sans doute parce que l’ins- décor était possiblement alors jugé moins impor-
tallation étant plus petite, cela permettait d’occu- tant à cette époque.
per davantage l’espace. Les premières étaient sur
socles alors que les secondes étaient sur rails. 13 . Il est possible que ce chiffre publié (L’Écho de
Paris, 19 nov. 1909, p. 1 ; Le Journal, 29 nov. 1909,
12. Cette hiérarchie interroge la conservation des p. 2.) soit un peu exagéré.
15. Le journal satirique qui paraît à partir de 1871 en 17. Ce sont là citées les seules collaborations
prenant pour cible de chaque opus un « homme identifiées entre Sem et Roubille. En l’absence de
du jour » narquoisement caricaturé en mots et en sources, les conditions de ces travaux communs ne
images. seront pas extrapolées.
La patrimonialisation selon
l’immatériel ou la mémoire
agissante, circulations
des savoirs en contexte
partenarial de production
audiovisuelle
Nolwenn Pianezza
Cette recherche doctorale explore les Ils enregistrent les témoignages collectés
enjeux et modalités de la e t l e s m e t te n t e n fo r m e d a n s u n
patrimonialisation à l’heure du patrimoine documentaire audiovisuel consacré au PCI
culturel immatériel (PCI). En réponse à la de ce territoire. C’est enfin sur la base de
Convention de l’Unesco pour la tels témoignages que chercheurs et
sauvegarde du PCI, de nombreux projets citoyens réunis décident des pratiques
culturels d’inventaire du patrimoine sont méritant de devenir patrimoine et de
entrepris par les chercheurs et se
recevoir un statut d’exception, en tant que
m a t é r i a l i s e n t s o u s fo r m e d e f i l m s
bien culturel à préserver, promouvoir et
documentaires. Il s’agit alors de produire
transmettre aux générations futures1.
de la connaissance sur des patrimoines
méconnus – rites, chants ou même Pour aborder ces documents audiovisuels,
paysages. Or l’Unesco préconise une nous les appréhendons comme une
coproduction de ces documentaires entre
les chercheurs et la société civile, avec 1. Ce statut patrimonial peut prendre différentes
formes selon les inventaires : il peut s’agir d’une
ceux qui vivent, portent et pratiquent ces
reconnaissance formelle, par exemple d’un titre ad-
patrimoines. C’est donc dans cette ministratif accordé par les institutions, celui de PCI
p e r s p e c t i ve q u e l e s s c i e n t i f i q u e s d’un pays donné ou de l’Unesco ; il peut également
s’agir d’une reconnaissance plus informelle, telle la
interrogent les habitants du territoire qu’ils production d’un film sur la pratique culturelle en
auscultent, recueillent leur parole sur leurs question : dans ce cas, le choix de lui consacrer un
documentaire, puis de témoigner ainsi publique-
pratiques culturelles, et leur font dire la ment de sa valeur, constitue déjà en soi une forme
signification, la valeur qu’ils leur accordent. de statut d’exception.
Bibliographie
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Comment la scénographie
d’exposition peut aider
à sensibiliser les publics
sur des problématiques
contemporaines dans
un musée de société ?
Le cas du Mucem
Kim Cappart
Bibliographie
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Rasse (Paul). 1999. Les Musées à la lumière de
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Entretien
avec Laurent Le Bon
Entretien
avec Sammy Baloji
SB : En photographie, on entre dans un YB : Ces dioramas seraient alors une autre
univers au travers du cadre et du cadrage, forme de legs de ces rapports de
on garde à l’esprit qu’on rentre dans pouvoir ?
l’image. Mais un diorama, c’est une
expérience sensorielle au-delà du regard. SB : Et du coup, ils deviennent des outils
Et pour le visiteur, ayant toutes les d’écriture. Il s’agit d’un vocabulaire
informations données dans l’installation, il commun, et de la manière dont on peut
y a un côté participatif qui est intéressant. utiliser ces vocabulaires ou ces éléments
Il y a ce fait collectif d’activation. Après, ce pour construire un discours. Finalement,
n’est pas démocratique non plus parce tous ces espaces, toutes ces villes
que le dispositif est là. coloniales sont des fictions, des
projections utopiques construites pour
Mais ce que je propose reste de la répondre à l’administration et aux besoins
photographie. Ce sont des collages, même de l’extraction de matières premières. Là
si c’est en 3D. Quand j’ai commencé à où cela devient encore plus intéressant,
travailler avec des collages, ce qui c’est avec l’imposition par les Belges du
m’intéressait était la non-objectivité de la swahili comme langue dans les mines du
photographie, notamment celle de la Katanga, vers les années 1920. Ce swahili
colonisation qui a créé un univers, une de l’usine est appelé ya kazi, qui veut dire
pensée, une image de l’autre. Ce que je le « swahili du travail ». Il consiste en
fais continue à être un détournement du ve r b e s d ’a c t i o n s a n s co n s t r u c t i o n
processus, une proposition d’une autre grammaticale, c’est donc une langue
approche qui sera forcément du point de fonctionnelle. Et pour moi, cela renvoie au
vue du Congolais, le point de vue de
diorama : d’une part tu as l’animal qui est
quelqu’un originaire de cette région-là et
le résultat d’une chasse, et d’autre part tu
qui possède cet héritage.
as sa mise en exergue dans ces cages où
tout est composé. Les cages sont un
YB : Pensez-vous au diorama comme une discours dont l’animal est le verbe actif.
forme d’archive, que vous pouvez utiliser Aujourd’hui, en tant qu’artiste, je peux
comme vous le feriez des archives continuer à développer ce langage.
photographiques ? Finalement, cela devient un vocabulaire
que nous avons tous en commun ; la
SB : De manière plus générale, je ne question est de savoir comment il prend
travaille pas tant sur l’archive pour son
sens et comment nous l’utilisons.
statut d’archive que sur cette idée
d’héritage, et ses conséquences. Quelles
sont les traces qui restent, finalement ? SC : Il y a un grand nombre de dioramas à
Par exemple, la série Mémoire aborde Tervuren, qui selon toute vraisemblance
cette question. Au départ, ce dont je parle, vont être replacés après la réouverture du
c’est de l’industrie minière pendant la musée. Quel est votre regard sur la
période coloniale. Ensuite, je photographie persistance de ce dispositif ? Sur le fait
en 2003-2004 les paysages miniers, et ces que cette trace de rapport de pouvoir
nouvelles images contiennent en elles- continue à être exposée ?
Courriel :
yaelle.biro@metmuseum.org
sandrine.colard@rutgers.edu
Aucun artiste n’a exploré le diorama à vient de se passer – un effet qu’il appelle
travers le langage de l’art contemporain « passé proche », se référant au théoricien
avec la même rigueur expérimentale que de l’école de Francfort, Walter Benjamin2.
D a n G r a h a m a u x É t a t s - U n i s 1. S e s Au moyen de grandes toiles semi-opaques,
performances et ses installations peintes recto verso et associées à des
incorporent des matériaux qui relèvent du faisceaux lumineux directionnels et des
domaine des dioramas, notamment le gélatines teintées, le diorama inventé à
verre et les miroirs, dans le but d’exploiter Paris en 1822 par Daguerre et Bouton
l’espace entre l’observateur et la scène produisait un effet similaire. Des paysages
observée, tandis que ses pavillons naturels et des églises gothiques y sont
éliminent cette mise en scène théâtrale au présentés en cours de transformation. Les
moyen de miroirs sans tain afin de dioramas ethnographiques et d’histoire
confondre sujet et objet. À l’opposé des naturelle apporteront du relief à la surface
usages habituels du miroir sans tain – par plane illuminée des premiers dioramas,
exemple pour les salles d’interrogatoire ou dans des scènes à trois dimensions
les lunettes en miroir –, Graham se sert de comportant des figures artificielles ou
ce matériau pour obtenir un amalgame empaillées, évoquant ainsi l’extinction des
entre miroir et fenêtre dans ses espèces, le « passé proche » de l’évolution.
installations architecturales. Le reflet de
l’observateur se transforme en scène Dans l’entretien qui suit, Graham détaille
observée – paysage rural ou urbain, ou les œuvres qui l’ont influencé – le diorama,
autre observateur – de manière stratifiée, mais également le jardin des plaisirs,
superposée. l’œuvre de Dan Flavin et John Martin, la
science-fiction, le magazine Radical
Graham utilise ce type de dispositif pour
suggérer qu’il est en train de se passer 2. Ce que Graham appelle le « just past » est, pour
Walter Benjamin, associé aux changements de Pa-
quelque chose, ou bien que quelque chose
ris sous l’haussmannisation et sur les ruines de la
bourgeoisie par les forces de la production. Ben-
1. L’entretien a été réalisé par téléphone le 23 août jamin écrit : « Cette confrontation implacable du
2017, transcrit et révisé par Dore Bowen. L’auteure passé proche avec le moment présent est quelque
adresse ses remerciements à Dan Graham pour chose de nouveau, historiquement » (Walter Benja-
l’entretien, Noémie Étienne et Nadia Radwan pour min, 1999, « Exposé of 1935, Early version » [1935],
leurs commentaires, Ricardo Chavez pour son in The Arcades Project / trad. en anglais de Howard
aide avec la transcription, et Noël Burch pour la Eiland et Kevin McLaughlin, Cambridge [MA] : Har-
traduction. vard University Press, p. 898. Je traduis).
DG : Oui, c ’est une sorte de ville DG : Dans La Grande Jatte, ceux qui sont
cauchemardesque, non ? couchés par terre sont manifestement des
gens de la classe ouvrière qui viennent de
finir leur semaine de travail.
DB : Mais voilà qui répond à ma question
concernant des banlieues résidentielles
nord-américaines. Votre attitude est DB : Et cela fait intégralement partie du
plutôt ambivalente… tableau, il ne cherche pas à les faire
disparaître ?
DG : Je veux mentionner quelqu’un
d’autre. Il y a à peine trois ans, j’ai lu DG : Je crois que c’est le sujet du tableau.
Flaubert pour la première fois. Je crois que Et d’autre part, T. J. Clark, auteur que
si Homes for America entretient un j’adore, dit que les meilleures œuvres de
rapport avec quoi que ce soit, c’est avec Van Gogh sont les peintures qu’il a faites
Flaubert. autour de Paris. Je crois que ce qui
m’intéresse ce sont les environs des villes.
DB : Comment ça ?
Courriel : doreflux@gmail.com
Dioramas
Bibliographie
Dohm (Katarina), Garnier (Claire), Le Bon
(Laurent) & Ostende (Florence) (sous la direction
de). 2017. Dioramas (catalogue d’exposition, Palais
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de Katarina Dohm, Claire Garnier, Laurent Le Bon
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exposer l’absence », p. 8-13, p. 12 in Dioramas,
sous la direction de Katarina Dohm, Claire
Garnier, Laurent Le Bon et Florence Ostende,
op. cit.
Étienne (Noémie). 2017. « La matérialité politique
du diorama », p. 186-192 in Dioramas, sous la
direction de Katarina Dohm, Claire Garnier,
Laurent Le Bon et Florence Ostende, op. cit.
Mandula (Aleth). 2017. « Proto-dioramas. Une
histoire religieuse », p. 16-27 in Dioramas, sous la
direction de Katarina Dohm, Claire Garnier,
Laurent Le Bon et Florence Ostende, op. cit.
n°1
......................................................................................................................... . n°9
......................................................................................................................... .
n°26. Entre les murs / hors les murs : culture et publics empêchés
sous la direction de Delphine SAURIER, 2015.
Corinne ROSTAING et Caroline TOURAUT, Exposition en prison et hiérarchie morale des publics
empêchés
Nathalie MONTOYA, Marie SONNETTE et Pascal FUGIER, L’accueil paradoxal des publics du
champ social dans les établissements culturels
Marie DOGA, Public “captif” ? Les ambivalences définitionnelles des actions en prison pour
mineurs
Élise VANDENINDEN, Observer et interpréter la médiation culturelle en psychiatrie : Vers une
“cadre-analyse” des dispositifs
Fanny BOUGÉNIÈS, Julie HOURIEZ, Simon HOURIEZ et Sylvie LELEU-MERVIEL, Musée pour tous :
Un dispositif de découverte dans les murs et son évaluation
Anik MEUNIER, Jason LUCKERHOFF et Estelle POIRIER-VANNIER, Considérer les besoins des
plus démunis : Le nouveau socle de la médiation ?
Myriam LEMONCHOIS, La participation à des projets artistiques, vecteur d’émancipation ? Le cas
de projets de création dans des écoles montréalaises en milieu défavorisé
Expériences et points de vue. Travaux et notes de recherche. Lectures.
n°27. L’artiste et le musée
sous la direction de Julie BAWIN & Françoise MAIRESSE, 2016.
Marie FRASER, Les collections muséales, entre histoire et contemporanéité
Cécile CAMART, L’artiste historien de l’art en narrateur
Jérôme GLICENSTEIN, L’artiste, l’institution et la culture du projet
Pascale ANCEL, Murkami, le marché, le musée
Expériences et points de vue. Travaux et notes de recherche. Lectures.