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Université de Lomé Année académique 2020–2021

Faculté de Droit Cours du Prof. AGBENOTO

Semestre 2 (Licence)
Td de Droit civil : Responsabilité extracontractuelle

Séance n° 1

RAPPEL DE LA METHODOLOGIE DU COMMENTAIRE D’ARRET


(Voir TD séance n° 1 droit des contrats – semestre harmattan 2017-2018)

SEANCE N° 2

Thème- Responsabilité contractuelle - Responsabilité délictuelle

I. A consulter
- S. PORCHY-SIMON, Droit civil, Les obligations, 8e éd., Dalloz, 2013, p. 282 et s.
- ESMEIN, Concours de la responsabilité délictuelle avec la responsabilité contractuelle, RTD civ. 1934,
339 et s.
- RODIÈRE, La combinaison des responsabilités, JCP 1950. I. 868
- Civ.11 janv. 1922, DP. 1922. 1. 16, S. 1924. 1. 105, note Demogue, Gaz. Pal. 1922. 1. 344
- Crim. 15 juin 1923, DP. 1924, 1. 135, Comp ;
- Soc. 19 juin 1986, Bull. civ. V, n° 325, p. 249 ;
- Civ. 1ère, 11 et 18 janv. 1989, JCP 1989. II. 21326, note Larroumet ;
- Civ. 3e, 16 mars 2005, JCP G 2005, II, 10118
- PLANIOL, note D. 1907. 2. 97
- Com., 13 juill. 2010, www. Courdecassation.fr

II- Travail à faire :

A. Contrôle de connaissances

1. Obligation et responsabilité : Définition de l’obligation


Compléter le texte suivant à l’aide des termes proposés
(contrat, délit, prestation, créancier, lien de droit, rapport juridique, débiteur, obligation)

L’………………. nait d’un ……………………… ou d’un ………………………… Elle est un ……………………… c’est-
à-dire un ……………………….. entre deux personnes en vertu duquel l’une d’elles, le ………………………… a le
pouvoir d’exiger de l’autre, le …………………………., l’accomplissement d’une………………………………………

2. Distinction entre responsabilité pénale et responsabilité civile

a) Compléter le tableau à l’aide des mots et expressions suivants :

1
(amendes, importance du préjudice, dommages et intérêts, faute ou sans faute, peines privatives de liberté, faute
pénale, réparation du dommage, gravité de la faute, répression d’un comportement nuisible à la société)

Critères Responsabilité civile Responsabilité pénale


But 1. 2.
Fondement 3. 4.
Mesure de la sanction 5. 6.
Sanction 7. 8.

b) Répondez aux questions à l’aide de l’extrait suivant :

Cass. Ass. plén., 6 octobre 2006, n° 05-13255


« Mais attendu que le tiers à un contrat peut invoquer, sur le fondement de la responsabilité délictuelle, un manquement
contractuel dès lors que ce manquement lui a causé un dommage »

 Quelle responsabilité le contractant victime d’un manquement contractuel peut-il invoquer ?


 Quelle responsabilité le tiers à un contrat peut-il invoquer en cas de ce manquement contractuel ? à quelle
condition ?
 A quel principe cette solution de principe apporte-t-elle des tempéraments ?

3. Distinction entre responsabilité contractuelle et responsabilité extra-contractuelle


Répondre aux affirmations suivantes par Vrai ou Faux
VRAI FAUX
1. La responsabilité contractuelle suppose l’existence d’un contrat
2. La responsabilité délictuelle naît en l’absence de tout contrat
3. Les fautes contractuelles et délictuelles sont assimilées par la jurisprudence
4. L’inexécution d’une obligation contractuelle ne peut jamais constituer une faute
délictuelle
5. La responsabilité contractuelle naît en cas d’inexécution ou de mauvaise exécution d’une
obligation contractuelle
6. Seul le dommage prévisible est réparable en responsabilité délictuelle
7. Une mise en demeure est toujours nécessaire en responsabilité contractuelle comme en
responsabilité délictuelle afin d’obtenir réparation
8. Une faute, même extérieure au contrat, entraîne la responsabilité contractuelle du simple
fait de l’existence de la relation contractuelle

4. Les fondements de la responsabilité civile

a) Identifiez les intrus parmi cette liste des fondements de la responsabilité civile délictuelle

Risque, Faute, Garantie, Prévention, Répression, Punition

2
b) Répondez aux questions suivantes

 Quel est, parmi la liste ci-dessous, le fondement traditionnel de la responsabilité dans le Code civil de 1804
qui découle de l’origine morale de la responsabilité ?
 L’industrialisation de la société et l’apparition de nouveaux dommages ont conduit deux auteurs, Saleilles et
Josserand, à proposer une nouvelle théorie de la responsabilité. Quel est son fondement ?
 Un autre fondement de la responsabilité est développé par Starck. Il découle du développement de
l’assurance et vise à indemniser la victime plus qu’à punir le responsable. Quel est ce fondement ?

5. Les caractères de l’obligation


Pour chaque définition, dites s’il s’agit d’une obligation à caractère personnel, transmissible, patrimonial ou mobilier ? :
 Le rapport d’obligation est à l’actif du patrimoine du créancier parmi les biens mobiliers incorporels
 Le rapport d’obligation est un droit de créance qui permet au créancier d’exiger une prestation du débiteur
 Une atténuation du caractère personnel du rapport d’obligation permet sa transmission active ou passive.
 Le rapport d’obligation est un droit qui a une valeur pécuniaire.

B. Commentez l’arrêt suivant

Ass. Plén., 6 octobre 2006.


Attendu, selon l'arrêt attaqué (Paris, 19 janvier 2005), que les consorts X... ont donné à bail un immeuble
commercial à la société Myr'Ho qui a confié la gérance de son fonds de commerce à la société Boot shop ;
qu'imputant aux bailleurs un défaut d'entretien des locaux, cette dernière les a assignés en référé pour obtenir la
remise en état des lieux et le paiement d'une indemnité provisionnelle en réparation d'un préjudice d'exploitation ;
Sur le premier moyen :
Attendu que les consorts X... font grief à l'arrêt d'avoir accueilli la demande de la société Boot shop, locataire-
gérante, alors, selon le moyen, « que si l'effet relatif des contrats n'interdit pas aux tiers d'invoquer la situation de
fait créée par les conventions auxquelles ils n'ont pas été parties, dès lors que cette situation de fait leur cause un
préjudice de nature à fonder une action en responsabilité délictuelle, encore faut-il, dans ce cas, que le tiers
établisse l'existence d'une faute délictuelle envisagée en elle-même indépendamment de tout point de vue
contractuel ; qu'en l'espèce, il est constant que la société Myr'Ho, preneur, a donné les locaux commerciaux en
gérance à la société Boot shop sans en informer le bailleur ; qu'en affirmant que la demande extra-contractuelle
de Boot shop à l'encontre du bailleur était recevable, sans autrement caractériser la faute délictuelle invoquée par
ce dernier, la cour d'appel a entaché sa décision d'un manque de base légale au regard de l'article 1382 du code
civil » ;
Mais attendu que le tiers à un contrat peut invoquer, sur le fondement de la responsabilité délictuelle, un
manquement contractuel dès lors que ce manquement lui a causé un dommage ; qu'ayant relevé, par motifs
propres et adoptés, que les accès à l'immeuble loué n'étaient pas entretenus, que le portail d'entrée était
condamné, que le monte-charge ne fonctionnait pas et qu'il en résultait une impossibilité d'utiliser normalement
les locaux loués, la cour d'appel, qui a ainsi caractérisé le dommage causé par les manquements des bailleurs
au locataire-gérant du fonds de commerce exploité dans les locaux loués, a légalement justifié sa décision ;
(…)
PAR CES MOTIFS :
REJETTE le pourvoi

3
C. A lire

DOCUMENT n° 1 : Com., 13 juillet 2010


Attendu, selon l'arrêt attaqué, que les sociétés ITP et Coflexip, qui exercent leur activité notamment dans le
domaine de la conception et de la fabrication de conduites sous-marines pour le transport d'hydrocarbures, ont
collaboré à plusieurs reprises entre 1993 et 1998, et ont conclu à cette occasion divers engagements de
confidentialité et accords de non exploitation ; que la société ITP expose avoir mis au point en 1996 un système
de pipeline à double enveloppe calorifugé utilisant un isolant microporeux fourni par la société Micropore ; qu'elle
a notamment conclu en 1997 des accords de secret réciproque avec la société Coflexip, afin de permettre de
sélectionner le système approprié d'isolation à double paroi de pipeline pour le projet Shell Etap, puis, de le
chiffrer ; qu'un accord de secret et de non exploitation a été signé en 1998 pour le projet Girasol ; qu'en 1999, la
société Coflexip a remporté le marché relatif au projet BP Nile, dans le golfe du Mexique, en faisant fabriquer un
pipeline double enveloppe calorifugé au moyen d'un isolant microporeux acheté à un tiers ; que la société ITP a
assigné les sociétés Coflexip, aux droits desquelles se trouvent les sociétés Technip France et Technip UK
limited, en réparation du préjudice résultant de la violation de leurs obligations contractuelles ;
Sur le premier moyen, pris en sa première branche : (…),
Et sur le premier moyen, pris en sa quatrième branche : (…),
Vu les articles 1134 et 1147 du code civil ;
Et sur le quatrième moyen, pris en sa première branche :
Vu les articles 1147 et 1382 du code civil ;
Attendu que pour déclarer irrecevable la demande subsidiaire formée par la société ITP au titre de la
concurrence déloyale, l'arrêt retient que les sociétés Technip invoquent, à bon droit, le principe de non cumul des
responsabilités contractuelle et délictuelle qui exclut, entre les mêmes parties, les demandes subsidiaires
fondées sur un autre ordre de responsabilité que celui invoqué au soutien de la demande principale ;
Attendu qu'en statuant ainsi, alors que ce principe interdit seulement au créancier d'une obligation contractuelle
de se prévaloir, contre le débiteur de cette obligation, des règles de la responsabilité délictuelle, la cour d'appel a
violé les textes susvisés ;
PAR CES MOTIFS :
CASSE ET ANNULE (…)

DOCUMENT n° 2 : Cass. civ. 1ère, 28 juin 2012


Vu les articles 1147 et 1384, alinéa 1er, du code civil ;
Attendu, selon l'arrêt attaqué, que, le 29 juin 2003, M. Eddy X..., alors âgé de 11 ans, qui s'était rendu avec
d'autres enfants, accompagnés d'un adulte, dans un restaurant, a été blessé alors qu'il s'apprêtait à descendre
d'un élément de l'aire de jeux, dépendante de l'établissement, l'anneau qu'il portait au doigt s'étant pris dans une
aspérité d'un grillage de protection qu'il venait d'enjamber ; que ses parents, tant en leur nom personnel qu'au
nom de leur enfant mineur, ont recherché la responsabilité de la société ADOS, exploitante de l'établissement, et
de la personne accompagnant les enfants ;
Attendu que, pour déclarer la société ADOS responsable du préjudice subi par M. Eddy X... et par ses parents, la
cour d'appel a retenu que le principe de non-cumul des responsabilités contractuelle et délictuelle ne s'opposait
pas à ce que cette responsabilité fût recherchée sur le fondement de l'article 1384, alinéa 1er, du code civil, que
M. et Mme X... n'auraient d'ailleurs de lien contractuel avec la société ADOS que par le biais de leur fils, qui lui-
même, mineur au moment de l'accident, ne s'était pas trouvé engagé dans un lien contractuel, même par
stipulation pour autrui, avec cette société, en utilisant une aire de jeux, indépendante du contrat de restauration ;
Qu'en statuant ainsi, quand elle avait constaté que l'enfant avait fait usage de l'aire de jeux, exclusivement
réservée à la clientèle du restaurant, au cours d'un goûter auquel il participait en compagnie d'un adulte et autres
enfants, la cour d'appel a violé les textes susvisés, le premier par refus d'application et le second par fausse
application ;
4
PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur les autres branches du moyen :
Constate la déchéance partielle du pourvoi en tant que dirigé contre l'arrêt du 3 décembre 2009 ;
CASSE ET ANNULE (…)

DOCUMENT n° 3 : Com., 10 mars 2015


Sur le moyen unique, pris en sa première branche :
Vu les articles 1147 et 1382 du code civil ;
Attendu que le créancier d'une obligation contractuelle ne peut se prévaloir contre le débiteur de cette obligation,
quand bien même il y aurait intérêt, des règles de la responsabilité délictuelle ;
Attendu, selon l'arrêt attaqué, que, par acte du 30 mai 2005, la société Bernadette Texier a cédé à la société
Ambulances Nicolas sa branche d'activité ambulances agréées, avec une clause de non-concurrence ;
qu'estimant que la société Bernadette Texier était l'auteur d'actes de concurrence déloyale, la société
Ambulances Nicolas l'a assignée en dommages-intérêts sur le fondement de l'article 1382 du code civil ;
Attendu que pour faire droit à cette demande, l'arrêt retient que la société Bernadette Texier a refusé de
transmettre la totalité du fichier de clientèle informatisé prévu à l'acte de cession, qu'elle a gagné de nouveaux
clients tout en en conservant d'autres dont elle a déloyalement continué d'assurer le transport médical, en
contravention avec ses engagements contractuels ;
Attendu qu'en statuant ainsi, la cour d'appel a violé les textes susvisés ;
PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur les autres griefs :
CASSE ET ANNULE (…)

SEANCES N° 3
Thème- LA FAUTE

I. – A CONSULTER

A. – Jurisprudence
 Abus de droit
 Req, 3 août 1915, DP 1917, I, 79.
 Cass. Civ. 3ème, 4 février 1971 : Bull. civ. III, n° 79.
 Soc. 21 février 1978, Bull. civ. V, n° 127 ; JCP CI 1978. I. 7087, n° 14, obs. Teyssié et Descotte.

La faute
 Ass. Plén., 9 mai 1984, 4ème esp., D. 1984, p. 525, Concl. Cabannes, note Chabas.
 Cass. civ. 2ème, 5 juillet 2001, JCP 2002, II, 10139.
 Cass. civ. 2ème, 20 novembre 2003, n°01-17-977.
 Ass. Plén. 12 juillet 2000, Bull. civ. n° 8 ; D. 2000. Somm. 463, obs. Jourdain (2 arrêts).
 Ass. Plén., 6 octobre 2006 n° 05-13255.

B. – Doctrine
 J. Carbonnier, « Le silence et la gloire », D. 1951.119.
 H. Mazeaud, « La faute objective et la responsabilité sans faute », D. 1985, chron. p. 13.
 Ch. Radé, « Réflexions sur les fondements de la responsabilité civile », D. 1999 p. 313.
 Ph. Rémy, Critique du système français de la responsabilité civile, Droit et cultures, 1996/1, p. 47 et s.
 Ph. Rémy, La « responsabilité contractuelle » : Histoire d’un faux concept, RTD Civ. 1997, p. 323 et s.
 G. Viney, « Quelques propositions de réforme du droit de la responsabilité civile », D. 2009, p. 2944.

5
 J. Lagoutte, « La faute dans l'avant-projet de réforme de la responsabilité civile », RCA 2017, étude
2.
Pour aller plus loin :
 L. Josserand, « L'évolution de la responsabilité », in Evolutions et actualités, Sirey, 1936, p. 29 s.

II. - TRAVAIL A FAIRE : Contrôle de connaissances

1. Eléments matériels constitutifs de la faute

a) Placez les éléments correspondants à chaque faute

(refus de renseignements, coups et blessures, défaut d’interdiction d’accès à un lieu dangereux,


circulation à contre sens, nuisances sur la voie publique, refus de porter secours, injures, violation d’une
règle de jeu)

Faute par commission Faute par omission

b) Dites pour chaque extrait de jurisprudence s’il s’agit d’une faute par omission ou par
commission

Cass. 2e civ., 30 juin 2011, n° 10-30.838


« […] Mais attendu que la société n’a pris aucune disposition pour assurer l’effectivité de la mesure d’exclusion
des salles de jeux concernant Mme X en raison de son addiction au jeu […] »

1………………………………………………………………………………………………………………...

Cass. 2e civ., 28 février 1996, n° 94-13.084


« […] Attendu que Sonia X, […] qui jouait sous une table, s’est brusquement relevée, s’est mise à courir et, ayant
heurté David X, qui transportait une casserole d’eau bouillante, a subi des brûlures […] ».

2…………………………………………………………………………………………………………………….

Cass. 2e civ., 6 janvier 2000, n° 97-21.456


« […] l’arrêt retient que le chantier sur lequel l’enfant s’est électrocuté était en partie contigu à un terrain de
football ouvert au public, n’était séparé de ce terrain par aucune clôture, qu’il n’y avait aucun panneau
d’interdiction et qu’aucune mesure dissuasive n’aurait été prise pour éviter qu’on puisse pénétrer de côté […] ».

3…………………………………………………………………………………………………………………….

2. Illicéité de la faute

Répondre aux affirmations suivantes par VRAI ou FAUX

VRAI FAUX
1. Le fait matériel doit être la violation d’un devoir imposé par l’ordre juridique
2. Le devoir dont la violation entraîne la responsabilité ne peut pas découler d’une
réglementation privée
3. La violation d’une règle d’origine morale ne constitue jamais un fait illicite

6
4. Toute violation d’une loi pénale constitue une faute civile

3. Abus de droit
Expliquez en quelques lignes en quoi consiste un abus de droit
……………………………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………………………………

4. Appréciation de la faute
Complétez ce texte à l’aide des mots suivants
(gravité, in abstracto, souveraine, le bon père de famille)

L’appréciation de la faute se fait …………………………………………. c’est-à-dire par référence au comportement


d’un homme raisonnable, placé dans la même situation : …………………………………….. Elle relève de
l’appréciation …………………………………. des juges du fond. En principe, la …………………………………. De
la faute est indifférente, seule importe l’étendue du dommage.

5. Faits justificatifs
Cochez dans la liste les éléments qui ne relèvent pas des faits justificatifs faisant disparaître en totalité ou en
partie la faute.

□ 1. Ordre de la loi □ 6. Fait d’un tiers □ 11. Commandement de


l’autorité légitime
□ 2. Conscience personnelle □ 7. Légitime défense □ 12. Etat d’ébriété
□ 3. Morale □ 8. Faute de la victime □ 13. Absence de
discernement
□ 4. Etat de nécessité □ 9. Commandement familial □ 14. Minorité
□ 5. Force majeure □ 10 Religion

6. Caractères de la faute

a) Donnez un titre à chaque colonne sur les éléments caractéristiques de la faute

1…………………………… 2………………………… 3…………………………… 4……………………………


… … … …

- Actes positifs : - Violation d’un - Inutile : délit et - Suppression de


commission devoir ou d’une quasi-délit la condition de
- Actes négatifs : obligation - Faute discernement
omission préexistante intentionnelle
- Abus de droit - Simple
négligence ou
imprudence

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b) Répondez aux questions suivantes à l’aide des extraits donnés

Article 414-3 du Code civil : « Celui qui a causé un dommage à autrui alors qu’il était sous l’empire d’un trouble
mental n’en est pas moins obligé à réparation ».

Cass. Ass. plén., 9 mai 1984, n° 90-93031 Lemaire c/ Declercq :


« Mais attendu que l’arrêt retient qu’aucune indication ne pouvant être déduite de la position de l’interrupteur
rotatif, Dominique Declercq aurait dû, avant de visser l’ampoule, couper le courant en actionnant le disjoncteur ;
qu’en l’état de ces énonciations, la cour d’appel qui n’était pas tenu de vérifier si le mineur était capable de
discerner les conséquences de son acte, a pu estimer sur le fondement de l’article 1382 du Code civil que la
victime avait commis une faute qui avait concouru, avec celle de M. Lemaire, à la réalisation du dommage dans
une proportion souverainement appréciée ».

1. Que signifie l’absence de discernement ?


2. Un dément peut-il être considéré comme civilement responsable du dommage qu’il a causé ?
3. Donnez une définition de l’infans.
4. Quel est le point commun entre un infans et un dément ?
5. Un infans peut-il être civilement responsable de sa faute s’il n’avait aucune conscience de son acte ?
6. Dans l’arrêt du 9 mai 1984, l’enfant mineur commet une faute qui concourt à son propre dommage. Une telle
faute exonère-t-elle totalement M. Lemaire de sa responsabilité ?

SEANCE N°4

A. - Faites une introduction et un plan détaillé de la décision de justice ci-après : Cass. 2e civ., 12
mai 1993, n° 91-19843

La cour,

Sur le moyen unique :


Attendu, selon l'arrêt infirmatif attaqué (Montpellier, 10 juin 1991), que Mme X..., dansant avec M. Y...
au cours d'une soirée organisée par l'établissement d'enseignement auquel ils appartenaient, a fait une
chute et s'est blessée ; qu'elle a demandé à M. Y... et à son assureur, la Mutuelle du Mans assurances
IARD, la réparation de son préjudice ; que la Mutuelle générale de l'Education nationale a été appelée à
l'instance ;
Attendu qu'il est fait grief à l'arrêt d'avoir condamné M. Y... et son assureur à indemniser Mme X..., alors
que, d'une part, en ne précisant pas en quoi le fait d'effectuer une figure de " rock'n roll " aurait constitué
un acte anormal contraire aux règles et usages de la danse, la cour d'appel aurait privé sa décision de
motifs, et alors que, d'autre part, la danse exécutée par M. Y... et Mme X... exposant ceux qui
l'exécutent à certains risques, la cour d'appel n'aurait pu, sans priver sa décision de base légale au
regard de l'article 1382 du Code civil, retenir que M. Y... était seul responsable du préjudice subi par
Mme X... sans rechercher si celle-ci, qui pouvait interrompre la danse, ne s'était pas exposée
volontairement à certains risques et n'avait pas ainsi participé à la réalisation de son propre dommage ;
Mais attendu que l'arrêt constate que l'accident s'est produit alors que M. Y..., qui avait simplement
invité Mme X... à danser, avait voulu la faire passer sur son dos, avait perdu l'équilibre, laissé choir sa
cavalière et était tombé sur elle, et retient que M. Y..., qui n'est qu'un danseur amateur, ne s'est pas

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contenté de danser le " rock " mais a voulu faire une passe acrobatique qui exige une certaine
expérience et une particulière habileté ;
Que, de ces constatations et énonciations, la cour d'appel a pu déduire que M. Y... avait commis une
imprudence qui était à l'origine des blessures occasionnées à Mme X... ;
Et attendu qu'il ne résulte ni de l'arrêt ni des productions que M. Y... ait soutenu que Mme X... s'était
volontairement exposée à des risques ;
D'où il suit que le moyen, pour partie nouveau, mélangé de fait et de droit et partant irrecevable, n'est
pas fondé pour le surplus ;
PAR CES MOTIFS :
REJETTE le pourvoi.

B. A LIRE

Doc. 1 : Civ. 2ème, 27 février 1991, n° 89-20033 (publié)


Sur le moyen unique, pris en ses deux branches :
Attendu, selon l'arrêt infirmatif attaqué (Metz, 15 novembre 1988), que, dans une agglomération, M. X...,
pilotant en état d'imprégnation alcoolique une motocyclette que venait de lui prêter M. Z... et ayant Mlle
Y... comme passagère, perdit le contrôle de sa machine qui alla heurter une glissière de sécurité ; que
M. X... et Mlle Y... furent blessés, le premier mortellement ; que la caisse primaire d'assurances maladie
de Thionville a demandé le remboursement de ses prestations aux victimes ; que Mlle Y... a demandé
l'indemnisation de son préjudice ; que le Fonds de garantie est intervenu à l'instance ;
Attendu qu'il est fait grief à l'arrêt d'avoir condamné M. Z... à indemniser l'entier préjudice de Mlle Y...
alors que, d'une part, la faute de M. X... étant indépendante du fait que M. Z... avait prêté sa
motocyclette, la cour d'appel aurait violé l'article 1382 du Code civil, alors que, d'autre part, en
s'abstenant de rechercher si M. Z... était présent lorsque M. X... était parti avec Mlle Y..., la cour d'appel
aurait privé sa décision de base légale au regard de ce même texte ;
Mais attendu que l'arrêt retient qu'il résultait des propres déclarations de M. Z... que celui-ci avait prêté
sa motocyclette à M. X... sachant qu'il n'était pas titulaire du permis de conduire et après l'avoir vu
consommer une quantité importante de whisky ;
Que, de ces énonciations, la cour d'appel qui n'avait pas à rechercher si M. Z... était présent lorsque M.
X... était parti avec Mlle Y..., a pu déduire que M. Z... avait commis une faute en relation directe avec
l'accident ; qu'elle a ainsi légalement justifié sa décision ;
PAR CES MOTIFS :
REJETTE le pourvoi

Doc. 2 : Civ. 2ème, 5 juillet 2001, n° 99-21.445 (publié)


Attendu, selon l'arrêt attaqué (Paris, 8 octobre 1999 ) que Mme X..., invoquant le préjudice que lui a
causé Mme Y... en ayant entretenu une liaison avec son mari dont elle a eu un enfant, événement
qu'elle lui a révélé en intentant une action en recherche de paternité, a assigné cette dernière sur le
fondement de l'article 1382 du Code civil pour lui réclamer la somme de 300 000 francs à titre de
dommages-intérêts ;
Attendu que Mme X... fait grief à l'arrêt de l'avoir déboutée de sa demande, alors, selon le moyen :
1° que toute personne qui, en connaissance de cause, aide autrui à enfreindre le devoir de fidélité
inhérent au mariage, par sa participation à un adultère commet une faute l'obligeant à réparer le
préjudice subi par le conjoint trompé ; qu'en affirmant que le fait d'entretenir une liaison avec un homme
marié ne constituait pas une faute à l'égard de l'épouse de cet homme, la cour d'appel a violé l'article
1382 du Code civil ;
2° que toute faute, même légère, qui a causé un préjudice à autrui, engage la responsabilité de son
auteur ; qu'en estimant dès lors qu'aucune faute ne pouvait être reprochée à Mme Y... au motif qu'elle
n'a pas cherché à nuire à la conjointe de son amant ni usé de manoeuvres pour le détourner de son
épouse, la cour d'appel a violé l'article 1382 du Code civil ;

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Mais attendu qu'après avoir relevé qu'il n'était pas prétendu que Mme Y..., qui n'a jamais rencontré
Mme X... antérieurement à sa liaison ni au cours de celle-ci, aurait, par son attitude, créé le scandale ou
cherché à nuire spécifiquement au conjoint de son amant, qu'il n'était pas davantage soutenu qu'elle
aurait à la suite de manoeuvres détourné M. X... de son épouse, la cour d'appel a pu décider que le
seul fait d'entretenir une liaison avec un homme marié ne constitue pas une faute de nature à engager
la responsabilité de son auteur à l'égard de l'épouse ;
PAR CES MOTIFS :
REJETTE le pourvoi.

Doc. 3 : Civ. 2ème, 23 septembre 2004, n° 03-11274 (publié)


Attendu, selon l'arrêt attaqué (Reims, 25 novembre 2002), que M. X..., alors qu'il participait à un
entraînement de karaté au sein de l'association Club sportif Sporty James, a été blessé à l'oeil à la suite
d'un coup porté par Mme Y... ; qu'il a assigné cette dernière, ainsi que son assureur, la compagnie
Préservatrice foncière assurances, en responsabilité et indemnisation ;
Attendu que la société AGF IART, agissant aux droits de cette compagnie, et Mme Y... font grief à
l'arrêt d'avoir décidé que cette dernière était tenue d'indemniser M. X... des conséquences
dommageables de l'accident dont il a été victime, alors, selon le moyen :
1) que la responsabilité d'un pratiquant d'un sport de combat à risque, tel que le karaté, ne peut être
engagée à l'égard d'un autre pratiquant, pour un exercice effectué au cours d'un entraînement, qu'en
cas de faute volontaire contraire à la règle du jeu ; qu'en statuant comme elle l'a fait, après avoir
pourtant expressément constaté que le coup reçu par M. X... avait été "porté malencontreusement par
Mme Y... lors d'un entraînement de karaté", la cour d'appel, qui n'a pas tiré les conséquences légales
de ses propres constatations, a violé les articles 1382 et 1383 du Code civil ;
2) qu'en toute hypothèse, la responsabilité d'un pratiquant d'un sport de combat à risque, tel que le
karaté, ne peut être engagée à l'égard d'un autre pratiquant, pour un exercice effectué au cours d'un
entraînement, qu'en cas de faute volontaire contraire à la règle du jeu ; qu'en statuant comme elle l'a
fait, sans constater que Mme Y... avait volontairement, en méconnaissance des règles présidant à la
pratique du karaté, frappé M. X... au visage lors de l'entraînement, la cour d'appel n'a pas légalement
justifié sa décision au regard des articles 1382 et 1383 du Code civil ;
Mais attendu que la responsabilité de la personne qui pratique un sport est engagée à l'égard d'un autre
participant dès lors qu'est établie une faute caractérisée par une violation des règles de ce sport ;
Et attendu que l'arrêt retient que le coup porté par Mme Y... l'a été à poing ouvert et doigts tendus et de
manière particulièrement violente, alors qu'il n'est pas contesté que la pratique du karaté est basée sur
des techniques de blocage et de frappe pieds et poings fermés, sans toucher le partenaire à l'impact,
que Mme Y... ne pouvait ignorer compte tenu du grade déjà obtenu dans la pratique de ce sport ;
Qu'en l'état de ces constatations et énonciations, caractérisant la faute de Mme Y..., la cour d'appel a
exactement décidé que celle-ci devait être déclarée responsable du dommage subi par M. X... ;
D'où il suit que le moyen n'est pas fondé ;
PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi.
Doc. 4 : Civ. 1ère, 27 novembre 2013, n° 12-24.651 (publié)
Attendu, selon l'arrêt attaqué, que M. X... qui, agent général des sociétés Allianz IARD et Allianz vie (les
sociétés Allianz) depuis le 1er janvier 1991, en charge de deux agences depuis le 29 juin 2006, avait
manifesté l'intention de démissionner de ses fonctions à compter du 31 mars 2009 pour en transmettre
l'exercice à ses deux fils, qu'il employait comme collaborateurs, a, après que ses mandantes eurent
refusé d'agréer la candidature de ses enfants, revendiqué le maintien de ses mandats ; que les sociétés
d'assurances tenant sa démission pour définitive et souhaitant confier la gestion des portefeuilles à
d'autres intermédiaires, ont interrompu les connexions informatiques de ses agences à compter du 1er
avril 2009, situation que l'agent général a dénoncée au moyen d'un "blog", d'affiches ou d'articles de
presse et de lettres circulaires adressées à la clientèle ; que déplorant cette publicité négative, les
sociétés Allianz lui ont notifié sa révocation avec effet immédiat, le 30 avril 2009 ; qu'assignées en
dommages-intérêts pour révocation abusive ainsi qu'en paiement des indemnités compensatrices de fin
10
de mandat, les sociétés Allianz ont opposé à M. X... la déchéance du droit à l'indemnité compensatrice
dans la branche IARD, sollicitant, à titre reconventionnel, la réparation de faits de concurrence déloyale
et de dénigrement, ainsi que le paiement du solde débiteur des comptes de fin de gestion des deux
agences ;
Sur le moyen unique du pourvoi principal, pris en ses trois premières branches : [...]
Sur le moyen unique du pourvoi principal, pris en ses trois dernières branches : [...]
Mais sur le moyen unique du pourvoi incident :
Vu l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme, ensemble l'article 29 de la loi du
29 juillet 1881 ;
Attendu que la liberté d'expression est un droit dont l'exercice revêt un caractère abusif dans les cas
spécialement déterminés par la loi ;
Attendu que, pour exclure de la réparation des faits de dénigrement commis par M. X... les
conséquences dommageables des propos relatés par les quotidiens locaux, l'arrêt retient que ces faits
s'analysant en un abus de la liberté d'expression commis par voie de presse, ne relèvent pas de la
responsabilité civile de droit commun et ne peuvent être réparés sur le fondement de l'article 1382 du
code civil ;
Qu'en statuant ainsi, quand elle avait relevé que ces mêmes propos dénigrant l'activité des sociétés
Allianz, avaient jeté le discrédit sur leurs produits en incitant une partie de leur clientèle à s'en

Doc. 12 : Article 414-3 du Code civil (anciennement, article 489-2)

« Celui qui a causé un dommage à autrui alors qu'il était sous l'empire d'un trouble mental n'en
est pas moins obligé à réparation »

DOC. 5 : Civ. 2ème, 18 décembre 1964 (arrêt Trichard)

Sur le moyen unique :


Attendu qu'il résulte de l'arrêt attaqué, rendu après renvoi de cassation le 11 février 1959 d'un arrêt de la cour
d'appel d'Aix du 20 novembre 1956, que Trichard, conduisant sa voiture automobile, heurta, en la dépassant, une
charrette menée par Piccino; que, projeté à terre et blessé, ce dernier assigna en réparation de son préjudice sur
le fondement de l'article 1384, paragraphe 1, du code civil, Trichard, qui, sur le plan pénal, avait bénéficié d'une
décision de relaxe au motif que, victime d'une crise d'épilepsie, il se trouvait, au moment des faits, en état de
démence au sens de l'article 64 du code pénal;
Attendu que le pourvoi reproche à l'arrêt d'avoir retenu la responsabilité de Trichard en sa qualité de gardien du
véhicule ayant causé l'accident, alors que le dément se trouverait exonéré de la présomption de responsabilité
édictée par l'article 1384, alinéa 1, du code civil ;
Mais attendu que, pour décider que Trichard devrait, par application du texte susvisé, réparer l'intégralité du
préjudice souffert par Piccino, l'arrêt relève, à bon droit, qu'une obnubilation passagère des facultés
intellectuelles, qu'elle soit qualifiée de démence au sens de l'article 64 du code pénal, ou qu'elle procède d'un
quelconque malaise physique, n'est pas un événement susceptible de constituer une cause de dommage
extérieure ou étrangère au gardien ;
Attendu que de ces constatations et énonciations, la cour d'appel a justement déduit que l'absence épileptique au
cours de laquelle s'était produit l'accident, n'avait pas pour effet d'exonérer Trichard de la responsabilité qui
pesait sur lui en sa qualité de gardien ;
D’où il suit que le moyen n'est pas fondé ;
Par ces motifs : rejette le pourvoi

DOC. 6 : Civ. 2ème, 4 mai 1977

La cour ;
Sur le moyen unique :

11
Attendu qu'il résulte de l'arrêt attaqué que Dame Molly, veuve x..., qui se trouvait dans un autobus de la RATP, a
été blessée à la suite d'une manœuvre du machiniste pour éviter le piéton PECQUIGNEY qui, en état de
démence, s'était jeté devant le véhicule ; que veuve x... demanda réparation de ses préjudices à Pecquigney et à
son assureur la compagnie, La Foncière ;
Attendu qu'il est fait grief à l'arrêt d'avoir fait droit à sa demande alors que, comme l'alléguait la compagnie dans
ses conclusions d'appel qui auraient été délaissées, le caractère sui generis de la responsabilité mise à la charge
du dément par les dispositions nouvelles de la loi du 3 janvier 1968 constituant l'article 489-2 du code civil et
promulguées postérieurement à la conclusion du contrat d'assurances, aurait interdit à la cour d'appel de denier à
cette responsabilité un caractère particulier et de l'identifier, sans exprimer le moindre motif et sans répondre au
moyen de la compagnie La Foncière, à celle des articles 1382 et 1383 du code civil, auxquels se referaient
expressément la police pour définir le risque garanti ;
Mais attendu que la cour d'appel relève à bon droit que l'article 489-2 du code civil ne prévoit aucune
responsabilité particulière et s'applique à toutes les responsabilités prévues aux articles 1382 et suivants dudit
code ;
Attendu que par ces énonciations les juges du second degré ont motivé leur décision et ont répondu aux
conclusions prétendument délaissées ;
D’où il suit que le moyen n'est pas fondé ;

DOC. 7 : Ass. plén. 9 mai 1984 (arrêt Derguini)

La Cour ;
Sur le premier moyen :
Attendu, selon l'arrêt attaqué (Nancy, 9 juillet 1980), statuant sur renvoi après cassation, que la jeune Fatiha X...,
alors âgée de 5 ans, a été heurtée le 10 avril 1976 sur un passage protégé et a été mortellement blessée par une
voiture conduite par M. Z... ; que, tout en déclarant celui-ci coupable d'homicide involontaire, la Cour d'appel a
partagé par moitié la responsabilité des conséquences dommageables de l'accident ;
Attendu que les époux X... Y... font grief à l'arrêt d'avoir procédé à un tel partage alors, selon le moyen, que,
d'une part, le défaut de discernement exclut toute responsabilité de la victime, que les époux X... soulignaient
dans leurs conclusions produites devant la Cour d'appel de Metz et reprises devant la Cour de renvoi que la
victime, âgée de 5 ans et 9 mois à l'époque de l'accident, était beaucoup trop jeune pour apprécier les
conséquences de ses actes ; qu'en ne répondant pas à ce chef péremptoire des conclusions, la Cour d'appel n'a
pas légalement justifié sa décision ; alors, d'autre part, et en tout état de cause, que la Cour d'appel n'a pu, sans
contradiction, relever, d'un côté, l'existence d'une faute de la victime et, d'un autre côté, faire état de l'irruption
inconsciente de la victime ; alors, enfin, que la Cour d'appel relève que l'automobiliste a commis une faute
d'attention à l'approche d'un passage pour piétons sur une section de route où la possibilité de la présence
d'enfants est signalée par des panneaux routiers, qu'ayant remarqué de loin les deux fillettes sur le trottoir, il n'a
pas mobilisé son attention sur leur comportement ; qu'en ne déduisant pas de ces énonciations l'entière
responsabilité de M. Z..., la Cour d'appel n'a pas tiré de ses propres constatations les conséquences légales qui
s'en évinçaient nécessairement ;
Mais attendu qu'après avoir retenu le défaut d'attention de M. Z... et constaté que la jeune Fatiha, s'élançant sur
la chaussée, l'avait soudainement traversée malgré le danger immédiat de l'arrivée de la voiture de M. Z... et
avait fait aussitôt demi-tour pour revenir sur le trottoir, l'arrêt énonce que cette irruption intempestive avait rendu
impossible toute manœuvre de sauvetage de l'automobiliste ;
Qu'en l'état de ces constatations et énonciations, la Cour d'appel, qui n'était pas tenue de vérifier si la mineure
était capable de discerner les conséquences de tels actes, a pu, sans se contredire, retenir, sur le fondement de
l'article 1382 du Code civil, que la victime avait commis une faute qui avait concouru, avec celle de M. Z..., à la
réalisation du dommage dans une proportion souverainement appréciée ;
D'où il suit que le moyen n'est pas fondé ;

DOC. 8 : civ. 2ème, 12 décembre 1984

La Cour ;
Sur le moyen unique, pris en ses deux branches :

12
Attendu, selon l'arrêt infirmatif attaqué, que Jean-Claude B..., âgé de sept ans, qui jouait dans une cour d'école
avec Nicolas Y... ayant le même âge, poussa celui-ci qui tomba en heurtant un banc et fut blessé, que Mme A...,
agissant en qualité d'administrateur de la personne et des biens de son fils... Nicolas Y... a assigné en réparation
du préjudice par lui subi M. B... en qualité de civilement responsable et d'administrateur légal de la personne et
des biens de son fils... Jean-Claude, et la société d'assurance moderne des agriculteurs ;
Attendu qu'il est fait grief à l'arrêt d'avoir déclaré Jean-Claude B... seul responsable du dommage causé à Nicolas
Y... alors, d'une part, qu'en affirmant que la faculté de discernement de l'enfant âgé de sept ans n'était pas
discutée, il aurait dénaturé les conclusions de M. B... précisant qu'il s'agissait d'enfants de sept ans donc privés
de discernement alors, d'autre part, que la poussée nécessaire au jeu ne constituerait pas un geste brutal, que la
présence d'un banc dans une cour de récréation ne transformerait pas le jeu de poursuite en un jeu dangereux,
que la violence éventuelle de la poussée n'aurait pu se déduire de l'opération subie par la victime, qu'en omettant
de rechercher si Jean-Claude B... avait la capacité de discerner les conséquences de son geste et en déduisant
la faute des conséquences qu'elle aurait entrainé, l'arrêt aurait violé l'article 1382 du code civil ;
Mais attendu que l'arrêt relève que le mineur Jean-Claude B... a poussé Nicolas Y... sur un banc de la cour
d'école avec une violence telle qu'elle a entrainé un éclatement de la rate avec hémorragie interne ; qu'en l'état
de ces énonciations, la cour d'appel qui n'était pas tenue de vérifier si le mineur Jean-Claude B... était capable de
discerner les conséquences de son acte, a caractérisé la faute commise par lui ;
D’où il suit que le moyen n'est pas fondé ;
Par ces motifs : rejette le pourvoi

SEANCE N° 5

Thème- LE FAIT DES CHOSES

I. – A CONSULTER

I. – Jurisprudence
La chose
 Cass. civ., 19 févr. 1941, DC 1941. 85, note J. Flour
 Cass. civ. 2ème, 4 mars 1998, n° 96-14.119
 Cass. civ. 2ème, 23 mars 2000, n° 97-19.991
 Civ. 27 octobre 1885, DP 86. 1. 207, S. 86. 1. 33
 Cass. Civ. 2ème, 15 juin 2000, n°98-20510

La notion de garde

 Cass. Ch. Réunies, 2 décembre 1941, « Franck »


 Cass. Civ. 2ème, 5 mai 1978, no 76-14.564, JCP G 1979, II, no 19066, note F. Chabas.
 Cass. Civ. 2ème, 28 mars 2002, no 00-10.628, D. 2002, p. 3237, note D. Zerouki
 Cass. civ. 1ère, 9 juin 1993, D. 1994. 80, note Y. Dagorne-Labbe.

Les causes d’exonérations


 Cass. Cass. civ. 1ère, 3 juill. 2002, D. 2002. 2631, note J.-P. Gridel
 Cass. civ. 2ème, 18 mars 2004, D. 2005. 125, note I. Corpart
 Cass. civ. 2ème, 23 janv. 2003, D. 2003. 2465, note V. Depadt-Sebag
 Cass. Ass. Plén. 14 avril 2006, n° 02-11.168

II. – Doctrine

13
 V. Depadt-Sebag, « Faut-il abroger l'article 1386 du code civil ? », D. 2006, Chron. p. 2113
 J.-S. BORGHETTI, « La responsabilité du fait des choses, un régime qui a fait son temps », RTD civ. 2010,
p. 1.
 J.-S. BORGHETTI, « Des principaux délits spéciaux », in F. TERRE (dir.), Pour une réforme du droit de la
responsabilité civile, Dalloz, 2011, p. 163.
 Ph. BRUN, « De l'intemporalité du principe de responsabilité du fait des choses », RTD civ. 2010, p. 487.
 C. COULON : « Du robot en droit de la responsabilité civile : à propos des dommages causés par les
choses intelligentes », RCA 2016, Etude 6.
 A. MENDOZA-CAMINADE : « Le droit confronté à l'intelligence artificielle des robots : vers l'émergence de
nouveaux concepts juridiques ? », D. 2016, p. 445.

II. – TRAVAIL A FAIRE

I. A commenter : Civ. 2ème, 28 mars 2002, n° 00-10.628

Vu l'article 1384, alinéa 1er, du Code civil ;


Attendu, selon l'arrêt attaqué, que la mineure Dounia X..., participant à un jeu collectif improvisé inspiré du base-
ball, a été blessée à l'oeil droit par une balle de tennis relancée en sa direction par le jeune Mohamed Y... au
moyen d'une raquette de tennis tenant lieu de batte de base-ball ;
Attendu que pour rejeter l'action en réparation de M. Omar X..., ès qualités d'administrateur légal des biens de sa
fille Dounia, la cour d'appel a, par motifs propres et adoptés, retenu que l'usage commun de la balle de tennis,
instrument du dommage, n'autorisait pas la joueuse blessée à réclamer réparation sur le fondement du texte
susvisé ;
Qu'en statuant ainsi, tout en constatant que la balle de tennis avait été projetée vers la victime par le moyen
d'une raquette de tennis dont le jeune Mohamed Y... avait alors l'usage, la direction et le contrôle, ce dont il
résultait que la raquette avait été l'instrument du dommage, la cour d'appel a violé le texte susvisé ;
Sur les deuxième et troisième branches du moyen :
Vu l'article 1384, alinéa 1er, du Code civil ;
Attendu que pour rejeter l'action en réparation de M. Omar X..., la cour d'appel a, par motifs propres et adoptés,
retenu encore qu'en participant à ce jeu, la jeune Dounia avait accepté les risques qu'il comportait, circonstance
excluant l'application à son profit du texte susvisé ;
Qu'en statuant ainsi, alors qu'elle a constaté par ailleurs que le dommage s'est produit à l'occasion d'un jeu
improvisé par des mineurs, et non dans le cadre d'une compétition sportive, la cour d'appel n'a pas donné de
base légale à sa décision ;

II. A LIRE

1. Fait de la chose

DOCUMENT n° 1 : Cass, Chambres réunies, 13 février 1930, Jand’heur

LA COUR,
Statuant sur le moyen du pourvoi :
Vu l'article 1384, alinéa 1er, du Code civil ;
Attendu que la présomption de responsabilité établie par cet article à l'encontre de celui qui a sous sa garde la
chose inanimée qui a causé un dommage à autrui ne peut être détruite que par la preuve d'un cas fortuit ou de
force majeure ou d'une cause étrangère qui ne lui soit pas imputable ; qu'il ne suffit pas de prouver qu'il n'a
commis aucune faute ou que la cause du fait dommageable est demeurée inconnue ;

14
Attendu que, le 22 avril 1926, un camion automobile appartenant à la Société "Aux Galeries Belfortaises" a
renversé et blessé la mineure Lise X... ; que l'arrêt attaqué a refusé d'appliquer le texte susvisé par le motif que
l'accident causé par une automobile en mouvement sous l'impulsion et la direction de l'homme ne constituait pas,
alors qu'aucune preuve n'existe qu'il soit dû à un vice propre de la voiture, le fait de la chose que l'on a sous sa
garde dans les termes de l'article 1384, alinéa 1er, et que, dès lors, la victime était tenue, pour obtenir réparation
du préjudice, d'établir à la charge du conducteur une faute qui lui fût imputable ;

Mais attendu que la loi, pour l'application de la présomption qu'elle édicte, ne distingue pas suivant que la chose
qui a causé le dommage était ou non actionnée par la main de l'homme ; qu'il n'est pas nécessaire qu'elle ait un
vice inhérent à sa nature et susceptible de causer le dommage, l'article 1384 rattachant la responsabilité à la
garde de la chose, non à la chose elle-même ;
D'où il suit qu'en statuant comme il l'a fait l'arrêt attaqué a interverti l'ordre légal de la preuve et violé le texte de
loi susvisé ; Par ces motifs, CASSE,

2. Preuve du rôle actif de la chose

- Chose inerte :
DOCUMENT n° 2 : Cass. 2e civ., 19 novembre 1964

La Cour ;
Sur le moyen unique :
Attendu que, selon l'arrêt confirmatif attaqué, veuve Aubin, en entrant dans un magasin de la Société "T V S
Monoprix", glissa et tomba ; que, s'étant blessée dans sa chute, elle a assigné ladite société en réparation du
préjudice par elle subi; qu'après avoir fondé sa demande sur l'article 1384, alinéa 1, du code civil, elle a
également invoqué, en cause d'appel, la responsabilité contractuelle résultant de l'obligation de sécurité à
laquelle serait tenu le commerçant à l'égard des clients pénétrant dans son magasin pour y procéder à des
achats ;
Attendu que le pourvoi reproche à l'arrêt, qui a rejeté cette demande, d'en avoir ainsi décidé aux motifs que le sol
sur lequel la victime avait glissé n'avait aucun caractère dangereux ; que la demanderesse à l'action n'avait pas
démontré l'intervention active dudit sol dans sa chute et que la société défenderesse n'avait manqué à aucune de
ses obligations, alors que, pour l'application de l'article 1384, alinéa 1, il importait peu que la chose dommageable
fut ou non dangereuse que, de plus, ce ne serait pas à veuve Aubin à prouver l'intervention du pavage dans la
production du dommage et qu'enfin, la cour d'appel n'aurait pu écarter la responsabilité contractuelle pour le seul
motif que la société "Monoprix" n'avait commis aucune faute ;
Mais attendu que, tant par leurs motifs que par ceux des premiers juges qu'ils adoptent implicitement, les juges
d'appel relèvent que l'expertise prescrite par le tribunal démontrait qu'à l'endroit ou s'était produit l'accident, le sol
formait un léger plan incliné ne dépassant pas les normes réglementaires et était revêtu de grès cérame de
bonne qualité, sans défaut, qui ne présentait aucun risque de chute quelles que soient les semelles des
chaussures des clients, sauf lorsque ceux-ci portaient des talons garnis de fer ou de clous, comme ceux de la
victime, et n'avaient pas une marche normale ; que la décision conclut que le carrelage incriminé n'était pas
susceptible de provoquer un accident pour une personne marchant normalement et que la chute devait être
imputée à une imprudence ou à une inattention de la victime, ou encore à l'état d'usure des talons de ses
chaussures ;
Attendu que l'application de l'article 1384, alinéa 1, du code civil suppose avant tout rapportée par la victime, la
preuve que la chose a été en quelque manière, et ne fut-ce que pour partie, l'instrument du dommage ;
Qu’il résulte des constatations et énonciations sus-rappelées que veuve Aubin n'avait pas démontré que le
revêtement du sol des magasins "Monoprix" avait été la cause génératrice du dommage ; que, des lors, les juges
du fond, dont les motifs critiqués par la première branche du moyen peuvent être tenus pour surabondants, ont
pu en déduire que le texte susvisé ne pouvait, en l'espèce, recevoir application ;
Attendu, d'autre part, que pour que la responsabilité contractuelle d'un commerçant puisse être engagée il ne
suffit pas qu'un dommage ait été cause à l'occasion d'un contrat il faut encore qu'il résulte de l'inexécution d'une

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des obligations crées par ce contrat ; que le contrat de vente ne fait naître aucune obligation de sécurité à l'égard
de l'acheteur et que semblable obligation n'existe pas davantage à l'égard de toute personne pénétrant dans les
locaux commerciaux et étant susceptible d'y effectuer des achats ;
Qu’en pareil cas seules les règles de la responsabilité quasi-délictuelle peuvent être mises en œuvre ; qu'en
déclarant, par suite, que la Société "Monoprix" n'avait manqué à aucune de ses obligations, les juges du second
degré ont fait une exacte application de l'article 1147 du code civil ;
D’où il suit que le moyen n'est pas fondé ;
Par ces motifs : rejette le pourvoi

DOCUMENT n° 3 : Chose en mouvement : Civ. 2ème, 1er février 1973

La Cour,
Sur le moyen unique ;
Vu l'article 1384, alinéa 1er, du Code civil ;
Attendu que la responsabilité édictée par ce texte est subordonnée à la seule condition que le dommage ait été
cause par le fait de la chose ; que pour échapper à sa responsabilité le gardien doit prouver qu'il a été mis dans
l'impossibilité d'éviter le dommage par l'effet d'une cause étrangère qui ne peut lui être imputée, tel s'il n'a pu
normalement le prévoir du fait de la victime ;
Attendu selon l'arrêt infirmatif attaqué que, dans un magasin, Didier X..., âgé de trois ans et demi, qui,
accompagne de sa mère le tenant par la main, empruntait l'escalier roulant pour monter, glissa en arrivant au
premier étage et fut blessé par les dents du peigne de la plaque palière ; qu'X... père, en son nom personnel et
comme administrateur légal de son fils, se prévalant tant des dispositions de l'article 1382 que de celles de
l'article 1384, alinéa 1er, du Code civil, demanda la réparation du dommage à la Société Paris-Var-Monoprix
exploitant du magasin et gardienne de l'escalier roulant ;
Attendu que l'arrêt énonce que la chute fortuite de l'enfant, qui, aux dires de sa mère, a glissé sans que l'on
sache exactement pourquoi il est tombé sur le ventre, sans qu'elle ait pu le retenir, n'est en aucune manière due
à un mouvement anormal de l'escalator ou à son fonctionnement défectueux ;
Attendu qu'en se fondant sur ces seules constatations pour décider que l'escalier roulant n'avait joué aucun rôle
dans la réalisation de l'accident, les juges d'appel qui n'ont pas caractérisé l'imprévisibilité de la chute de l'enfant,
n'ont pas donné de base légale à leur décision ;
Par ces motifs : casse et annule

3. La garde
- Détermination du gardien :

DOCUMENT n° 4 : Ch. Réun. 2 décembre 1941 (arrêt Franck)

La Cour ;
Sur le moyen unique pris en sa première branche :
Attendu qu'il résulte des énonciations de l'arrêt attaqué que, dans la nuit du 24 au 25 décembre 1929, une voiture
automobile, appartenant au docteur Y..., et que celui-ci avait confiée à son fils Claude, alors mineur, a été
soustraite frauduleusement par un individu demeuré inconnu, dans une rue de Nancy où Claude Y... l'avait
laissée en stationnement ;
Qu'au cours de la même nuit, cette voiture, sous la conduite du voleur, a, dans les environs de Nancy, renversé
et blessé mortellement le facteur X... ;

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Que les consorts X..., se fondant sur les dispositions de l'article 1384, alinéa 1er, du Code civil, ont demandé au
docteur Y... réparation du préjudice résultant pour eux de la mort de X... ;
Attendu que, pour rejeter la demande des consorts X..., l'arrêt déclare qu'au moment où l'accident s'est produit,
Y..., dépossédé de sa voiture par l'effet du vol, se trouvait dans l'impossibilité d'exercer sur ladite voiture aucune
surveillance ;
Qu'en l'état de cette constatation, de laquelle il résulte que Y..., privé de l'usage, de la direction et du contrôle de
sa voiture, n'en avait plus la garde et n'était plus dès lors soumis à la présomption de responsabilité édictée par
l'article 1384, alinéa 1er, du Code civil, la cour d'appel, en statuant ainsi qu'elle l'a fait, n'a point violé le texte
précité

DOCUMENT n° 5 : Cass. civ 1ère, 9 juin 1993 n° 91-10608 ; 91-11216

La Cour ;
Attendu qu'à la suite d'une explosion survenue dans les silos à grains de la société La Malterie de la Moselle,
cette société a conclu un marché de démolition et d'évacuation des déblais avec les sociétés Cardem et
Somafer, constituées en groupement ; que celles-ci ont procédé à la décharge de ces déblais dans l'ancienne
gravière de Tournebride, située à l'intérieur du périmètre de protection d'un captage d'eau alimentant la commune
de Montigny-lès-Metz ; que la présence d'orge ayant été constatée dans les déblais déposés par les sociétés
Cardem et Somafer, la commune a décidé, en raison des risques de pollution, d'arrêter les pompages sur le site
en compensant ses besoins par l'achat d'eau à la société Mosellane des eaux ; que la commune a assigné la
société La Malterie de la Moselle, la société Cardem et la société Dancy, utilisatrice habituelle de la décharge, en
réparation de son préjudice, constitué par le surcroît de ses achats d'eau et le coût de l'extension et de la
connexion de son réseau d'eau à celui de Metz ; que la société Cardem a appelé en garantie la société Somafer,
ainsi que son propre assureur, la compagnie Le Continent ; que la société Somafer a formé un appel en garantie
contre la société la Malterie de la Moselle ; que celle-ci a, elle-même, assigné les sociétés Cardem et Somafer en
remboursement du coût des travaux qui lui avaient été imposés à la suite de la pollution de la gravière ; que
l'arrêt attaqué, après avoir déclaré la commune de Montigny-lès-Metz responsable pour un tiers du préjudice
qu'elle avait subi à la suite de la pollution des eaux, a condamné in solidum les sociétés La Malterie de la Moselle
et Cardem à lui payer la somme de 1 045 728 francs et fixé à la moitié le recours de la société Cardem contre la
société Somafer ; qu'il a, en outre, débouté la société La Malterie de la Moselle de son action en dommages-
intérêts contre les sociétés Cardem et Somafer et l'a condamnée à garantir la société Somafer à concurrence de
la moitié des condamnations prononcées à son encontre, qu'il a enfin mis hors de cause la société Dancy et la
compagnie Le Continent ; (…) ;
Mais sur le moyen unique du pourvoi incident de la société Cardem, pris en ses deux premières branches :
Vu l'article 1384, alinéa 1er, du Code civil ;
Attendu que la responsabilité du dommage causé par le fait d'une chose est liée à l'usage et aux pouvoirs de
surveillance et de contrôle qui caractérisent la garde ; que, sauf l'effet de stipulations contraires valables entre les
parties, le propriétaire de la chose, bien que la confiant à un tiers, ne cesse d'en être responsable que s'il est
établi que ce tiers a reçu corrélativement toute possibilité de prévenir lui-même le préjudice qu'elle peut causer ;
Attendu que, pour retenir que la société la Malterie de la Moselle n'avait plus la garde des gravois contenant de
l'orge et que la société Cardem en était devenue gardienne, l'arrêt énonce que celle-ci avait pris, aux termes de
l'accord passé avec la société La Malterie de la Moselle, la responsabilité de l'évacuation des déblais et que les
grains d'orge ne présentaient aucun vice particulier si ce n'est celui tenant à leur nature propre ; qu'en se
déterminant ainsi, alors qu'elle retenait que la société La Malterie de la Moselle, propriétaire des déblais et de
l'orge, ne pouvait ignorer, en sa qualité de professionnel, le risque présenté par l'orge, matière susceptible de
créer une fermentation dangereuse, et n'avait pas attiré l'attention de la société Cardem sur le risque que celle-ci
ne pouvait normalement envisager, ce dont il résultait que la société La Malterie de la Moselle avait conservé la
garde de la chose, instrument du dommage, la cour d'appel n'a pas tiré les conséquences légales de ses
constatations et a violé le texte susvisé ;
Sur le pourvoi incident de la société Somafer :

17
Attendu que la cassation prononcée sur le pourvoi incident de la société Cardem entraîne par voie de
conséquence celle du chef du dispositif critiqué par le pourvoi incident de la société Somafer ; qu'il n'y a pas lieu
en conséquence de statuer sur celui-ci ;
PAR CES MOTIFS, CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu'il a condamné la société Cardem à
indemniser la commune de Montigny-lès-Metz et fixé à la moitié le recours de la société Cardem contre la société
Somafer, condamnant en tant que de besoin la société Somafer au paiement de la part ainsi mise à sa charge et
condamné la société Malterie de la Moselle à garantir la société Somafer à concurrence de la moitié, l'arrêt rendu
le 5 décembre 1990, entre les parties, par la cour d'appel de Metz ;

DOCUMENT n° 6 : Cass. civ. 2ème, 13 décembre 2012, n° 11-28181

La Cour ;
Attendu, selon l'arrêt attaqué (Versailles, 6 octobre 2011), qu'un incendie s'est déclaré le 15 avril 2004 dans le
parking souterrain d'un ensemble immobilier, endommageant plusieurs véhicules en stationnement ainsi que la
structure de l'immeuble et divers équipements ; qu'une mesure d'expertise confiée à M. X..., assisté de deux
sapiteurs, a été ordonnée en référé à la demande notamment du syndicat des copropriétaires Ponts jumeaux,
ayant en charge les infrastructures à usage commun de l'immeuble et les parkings en sous-sol ; qu'après dépôt
du rapport d'expertise ayant conclu que l'incendie avait pris naissance dans un véhicule de marque Renault
Laguna, stationné dans le sous-sol au moment des faits, le syndicat des copropriétaires a assigné en
indemnisation de ses préjudices sur le fondement de la loi du 5 juillet 1985, la société Temsys, venant aux droits
de la société Locaplan, propriétaire du véhicule litigieux, la société Terreal, titulaire d'un contrat de location de
longue durée sur ce véhicule, et l'assureur de cette dernière, la société Covea fleet, venant aux droits des
Mutuelles du Mans assurances ; qu'appelées dans la cause, les sociétés Barcelona, Monceau investissements
immobiliers, La Garonnaise d'habitation Promologis et Ruggieri gestion, copropriétaires de lots endommagés par
le sinistre, ainsi que la société HVA conseil, locataire d'emplacements de stationnement et de locaux d'archives
incendiés, et la société Hertz France, propriétaire d'un véhicule détruit par les flammes, ont sollicité la réparation
de leurs préjudices respectifs sur le même fondement ; qu'ont également été attraits à l'instance la société
Renault dont la garantie a été recherchée en tant que constructeur par les sociétés Temsys, Terreal et Covea
fleet ainsi que la société Codifra, propriétaire d'un véhicule Peugeot 406 suspecté par la société Renault d'être à
l'origine du sinistre ; que la société Axa France IARD, assureur de la Société hôtelière de Brienne, est intervenue
volontairement à l'instance ;
Sur le premier moyen, pris en sa seconde branche :
Attendu que la société Covea fleet fait grief à l'arrêt de juger que la société Terreal doit, en tant que gardienne du
véhicule Renault Laguna, indemniser les victimes de l'incendie causé par celui-ci et de condamner la société
Covea fleet, in solidum avec la société Terreal, à payer diverses sommes à titre de dommages-intérêts, alors,
selon le moyen, que le gardien d'un véhicule impliqué dans un accident de la circulation est celui qui dispose des
pouvoirs d'usage, de direction et de contrôle sur le véhicule lors de la réalisation du dommage ; que le locataire
d'un véhicule n'est le gardien de la structure de celui-ci que s'il a la possibilité de prévenir lui-même le préjudice
que cette structure peut causer ; qu'en se bornant néanmoins à affirmer, pour juger que la société Terreal était la
gardienne de la structure du véhicule Renault Laguna, que ce véhicule ne constituait pas une chose dangereuse,
sans rechercher si la société Terreal avait les moyens de prévenir l'échauffement spontané des faisceaux
électriques à l'origine du dommage, spécialement après avoir relevé que l'entretien du véhicule, dont la société
Terreal était en partie chargée, n'avait joué aucun rôle causal dans l'accident, la cour d'appel a privé sa décision
de base légale au regard de l'article 2 de la loi n° 85-677 du 5 juillet 1985 ;
Mais attendu que l'arrêt retient qu'il résulte du contrat de location que la société propriétaire a confié la garde du
véhicule au locataire qui est le titulaire exclusif de la garde et assumera la responsabilité conformément aux
dispositions de l'article1384 du code civil ; qu'un véhicule automobile ne constitue pas une chose a priori
dangereuse et que la société Terreal et son assureur ne démontrent pas que le véhicule Laguna était atteint d'un
vice caché ;
Qu'en l'état de ces énonciations, la cour d'appel, qui n'avait pas à procéder à une recherche que ses
constatations rendaient inopérantes, a pu décider que la société Temsys avait la qualité de gardienne du véhicule
impliqué dans l'accident, au sens de l'article 2 de la loi du 5 juillet 1985 ;

18
D'où il suit que le moyen n'est pas fondé ;

- Transfert involontaire de la garde (vol) ; Cf. 2 décembre 1942 (arrêt Franck)

- Pluralité de gardiens : jeux d’enfants

DOCUMENT n° 7 : 2e Civ., 1er avril 1981

La Cour ;
Sur le moyen unique, pris en sa seconde branche :
Vu l'article 1384, alinéas 1 er et 4, du code civil ;
Attendu, selon l'arrêt attaque, qu'un incendie détruisit le moulin désaffecté appartenant à la Société Canipel dans
lequel les mineurs Christophe X..., Philippe X... et Gerard Y... avaient joué avec des allumettes ; que la Societe
Canipel a demandé réparation de son dommage à André X... et René Y... en leurs qualités d'administrateurs
légaux et de civilement responsables de leurs enfants mineurs, ainsi qu'à leurs assureurs, la caisse mutuelle
d'assurance des agriculteurs de France et l'assurance mutuelle universitaire ;
Attendu que, pour rejeter la demande, l'arrêt, après avoir relevé qu'il résultait du procès-verbal d'enquête que les
enfants, ayant trouvé des allumettes, avaient introduit du papier dans le conduit en bois de sapin d'un monte-
charge, et y avaient mis le feu, énoncé qu'on ne pouvait pas déterminer qui, de Christophe X... ou de Gerard Y...,
avait la garde de la ou des allumettes, cause de l'incendie ;
Qu’en se déterminant ainsi, alors que l'incendie avait été provoqué par un papier enflammé dans un élément du
monte-charge, sans rechercher si les mineurs X... et Y..., qui avaient agi ensemble, n'exerçaient pas en fait les
pouvoirs qui caractérisent la garde sur l'allumette et sur le papier qui, l'un et l'autre, avaient contribué à causer le
dommage, la cour d'appel n'a pas donné de base légale à sa décision;
Par ces motifs, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur la première branche du moyen : casse et annule

4. Le gardien doit-il avoir un discernement

- Le dément gardien. Cf. 2e civ., 18 décembre 1964, Trichard

- L’infans gardien :

DOCUMENT n° 8 : Ass. plén. 9 mai 1984, Gabillet

La Cour ;
Sur le moyen unique :
Attendu, selon l'arrêt attaqué (Agen, 12 mai 1980), que le 30 juin 1975, l'enfant Eric X..., alors âgé de 3 ans, en
tombant d'une balançoire improvisée constituée par une planche qui se rompit, éborgna son camarade Philippe
Y... avec un bâton qu'il tenait à la main ; que M. Lucien Y..., agissant en qualité d'administrateur légal des biens
de son fils, assigna ses parents, les époux X..., en tant qu'exerçant leur droit de garde, en responsabilité de
l'accident ainsi survenu ;
Attendu que les époux X... font grief à l'arrêt d'avoir déclaré Eric X... responsable sur le fondement de l'article
1384, alinéa1er, du Code civil, alors, selon le moyen, que l'imputation d'une responsabilité présumée implique la
faculté de discernement ; que la Cour d'appel a donc violé par fausse application l'alinéa 1er de l'article 1384 du
Code civil ;

19
Mais attendu qu'en retenant que le jeune Eric avait l'usage, la direction et le contrôle du bâton, la Cour d'appel
qui n'avait pas, malgré le très jeune âge de ce mineur, à rechercher si celui-ci avait un discernement, a
légalement justifié sa décision ;
PAR CES MOTIFS :
REJETTE le pourvoi

Doc. 9 : Article L. 321-3-1 du Code du sport (issu de la loi n° 2012-348 du 12 mars 2012)
« Les pratiquants ne peuvent être tenus pour responsables des dommages matériels causés à un autre
pratiquant par le fait d'une chose qu'ils ont sous leur garde, au sens du premier alinéa de l'article 1384 du code
civil, à l'occasion de l'exercice d'une pratique sportive au cours d'une manifestation sportive ou d'un entraînement
en vue de cette manifestation sportive sur un lieu réservé de manière permanente ou temporaire à cette pratique
».

SEANCE N° 6

Thème- LE FAIT D’AUTRUI : Responsabilité des père et mère du fait de leur enfant mineur

I. – A CONSULTER

A. – Jurisprudence

Présomption de responsabilité
 Ass. Plén., 9 mai 1984, Fullenwarth : D. 1984, Jur. p. 525, concl. Cabannes, note P. Jourdain ; JCP 1984, II,
20255, obs. N. Dejean de la Bâtie.
 Civ. 2ème, 19 février 1997, Bertrand : D. 1997, Chron. p. 279, Note Ch. Radé ; D. 1997, 265, note P.
Jourdain ; D. 1997, Somm. p. 290, obs. D. Mazeaud.
 Cass. civ. 17 février 2011, Bull. civ. II, n° 47 ; D. 2011. 1117, note Bouteille.
 .Civ. 2ème, 10 mai 2001 : D. 2001, p. 2851, note O. Tournafond ; RTD civ. 2001, p. 601, obs. P. Jourdain.
 Ass. Plén., 13 décembre 2002 : D. 2003, p. 231 ; JCP 2003, II, 10010.

Obligation de cohabitation
 Civ. 2ème, 19 février 1997, SAMDA c/ MACIF et autres : Bull. civ. II, n° 55 ; RTD Civ. 1997, p. 670, note P.
Jourdain.
 Civ. 2ème, 20 janvier 2000 : Bull. civ. II, n° 14 ; RTD civ. 2000, p. 340, obs. P. Jourdain ; JCP 2000, II,
10374, note A. Gouttenoire-Cornut.
 Civ. 2ème, 15 mars 2001, n° 99-14838 : Inédit ; Resp. civ. et assur. 2001, comm. n° 177, obs. H. G.
 Civ. 2ème, 16 novembre 2000 : Resp. civ. et assur. 2001, comm. n° 37 ; RTD civ. 2001, p. 603, note P.
Jourdain.
 .Civ. 2ème, 29 mars 2001 : Bull. civ. II, n° 69 ; Resp. civ. et assur. 2001, comm. n° 177, obs. H. G. ; RTD
civ. 2001, p. 603, note P. Jourdain.
 .Crim. 29 octobre 2002 : D. 2003, p. 2112 ; RTD civ. 2003, p. 101, obs. P. Jourdain.
 .Crim. 06 novembre 2012, D. 2012. 2658, obs. Gallmeister.

Exonération de la responsabilité
 Civ. 2ème, 2 décembre 1998 : Bull. civ. II, n° 292 ; JCP 1999. II. 10165, note M. Josselin-Gall ; RTD civ.
1994, p. 410, obs. P. Jourdain.
 .Civ. 2ème, 18 mai 2000 : Bull. civ. II, n° 86 ; D. 2000. Somm. p. 468.
 Crim, 18 mai 2004 : Bull. crim. n° 123 ; Resp. civ. et assur. 2004, comm. n° 249 ; RTD civ. 2005, p. 140,
obs. P. Jourdain.

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B. – Doctrine
 H. LECUYER, « Une responsabilité déresponsabilisante », Dr. famille 1997, n° 3, Repères
 F. LEDUC, « Le spectre du fait causal », RCA 2001, chron.20.
 D. MAZEAUD, « Famille et responsabilité », Mélanges P. Catala, Litec 2001, p. 569.
 M.-S. PAYET, « Vers la reconnaissance d'un principe d'irresponsabilité du mineur en matière
délictuelle et quasi-délictuelle », LPA 20 août 2002, n° 166, p.4-11 ; LPA 21 août 2002, n° 167, p.
3 et s.
 E. LEVERBE, « Le civilement responsable du fait du mineur », Resp. civ. et assur., 2005, chr., n° 4.
 F. BOULANGER, « Autorité parentale et responsabilité des père et mère des faits dommageables de
l'enfant mineur après la réforme du 4 mars 2002, Réflexions critiques », D. 2005, p. 2245
 C. SIFFREIN-BLANC, « Vers une réforme de la responsabilité civile des parents », RTD civ. 2011, 479.

II- TRAVAIL A FAIRE

A. Faites une introduction et un plan détaillé de la décision de justice ci-après : Cass. 2e civ., 11
septembre 2014 n° 13-16.897
Sur le moyen unique pris en sa première branche :
Attendu, selon l'arrêt attaqué (Rouen, 16 janvier 2013), que par jugement du 18 février 1993, un tribunal pour
enfants a déclaré Sébastien X..., mineur de quinze ans, coupable de blessures volontaires ayant entraîné une
incapacité temporaire totale de plus de huit jours, commises sur la personne de Hicham Y... ; que, statuant sur
les intérêts civils, le tribunal a condamné Sébastien X... et ses parents in solidum à verser aux époux Y...,
représentants légaux de leur fils mineur Hicham, une indemnité provisionnelle de 3 000 francs (457, 35 euros) et
ordonné une expertise médicale de ce dernier ; que, le Fonds de garantie des victimes des actes de terrorisme et
autres infractions (FGTI), après avoir indemnisé la victime, a exercé son recours subrogatoire à l'encontre de M.
Sébastien X... et de ses père et mère ;
Attendu que M. Sébastien X... fait grief à l'arrêt de le condamner in solidum avec M. Alain X... et Mme Catherine
Z... épouse X..., ces deux derniers étant condamnés solidairement, à verser au Fonds de garantie des victimes
des actes de terrorisme et d'autres infractions la somme de 56 380, 41 euros et de les condamner solidairement
à verser à ce dernier la somme de 1 200 euros sur le fondement de l'article 700 du code de procédure civile,
alors, selon le moyen, que n'est pas tenu à indemnisation à l'égard de la victime l'enfant mineur dont les parents
sont solidairement responsables ; qu'en l'espèce, pour condamner M. Sébastien X..., in solidum avec ses
parents, à verser une somme au Fonds de garantie des victimes des actes de terrorisme et d'autres infractions,
subrogée dans les droits de la victime, la cour d'appel a affirmé que sa minorité au moment des faits ne faisait
pas obstacle à sa condamnation à indemniser la victime pour le dommage qu'elle avait subi à la suite de la faute
qu'il avait commise ; qu'en statuant ainsi, quand la responsabilité des parents du fait de leur enfant mineur fait
obstacle à ce que celui-ci soit personnellement tenu à indemniser la victime, la cour d'appel a violé les articles
1382 et 1384, alinéa 4, du code civil ;
Mais attendu que la condamnation des père et mère sur le fondement de l'article 1384, alinéa 4, du code civil ne
fait pas obstacle à la condamnation personnelle du mineur sur le fondement de l'article 1382 du code civil ;
Et attendu que l'arrêt retient à bon droit que la minorité de M. X... ne fait pas obstacle à sa condamnation à
indemniser la victime pour le dommage qu'elle a subi à la suite de sa faute et qu'il doit l'être in solidum avec ses
parents lesquels, seuls, sont tenus solidairement ;
D'où il suit que le moyen n'est pas fondé ;
Et attendu que la seconde branche du moyen n'est pas de nature à permettre l'admission du pourvoi ;
PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ;

B. – A LIRE

21
DOCUMENT n° 1 : Les père et mère sont responsables de leur enfant s’ils exercent le droit de garde à
son égard :

- Crim., 13 décembre 1982

Attendu que l'arrêt attaqué énonce que tant par le jugement de séparation de corps des époux z... du 6 juin 1973
que par un jugement du tribunal pour enfants de Dunkerque du 18 mai 1978, la garde de l'enfant Didier a été
confiée à la dame z... ;
Qu'il résulte cependant d'un accord amiable non contesté, intervenu le 13 juin 1978 entre les époux z..., que le
père exerçait un droit d'hébergement de son fils à son domicile, pendant toute la durée des vacances scolaires ;
Que les divers délits dont Didier z... A été déclaré coupable ont été commis les 13 et 14 septembre 1978, soit
avant la fin de ces vacances et qu'en conséquence le mineur n'était pas sous la surveillance de sa mère ;
Attendu qu'en déchargeant la dame z... de la présomption de responsabilité de l'article 1384 alinéa 3 du code
civil, au motif que son fils mineur n'habitait pas avec elle au moment des faits, la cour d'appel a, sans encourir les
griefs allégués au moyen, justifié sa décision ;
Que le moyen doit dès lors être écarté ;

DOCUMENT n° 2 : Traditionnellement, on exigeait que l’acte de l’enfant ait un caractère illicite ;

- Civ. 2ème, 13 juin 1974

Sur le premier moyen :


Vu l'article 1384, alinéa 4, du Code civil dans sa rédaction antérieure à la loi du 4 juin 1970 ;
Attendu que la responsabilité du mineur suppose que la preuve est rapportée de la faute ou tout au moins du
caractère illicite de l'acte commis par le mineur ;
Attendu qu'il résulte de l'arrêt infirmatif attaqué que Lionel X..., âgé de 9 ans, lança un jouet qui avait la forme
d'un petit avion et atteignit à l'œil Olivier Y..., âgé de 7 ans, se trouvant à proximité ; que celui-ci fut blessé ; que
le père de Y... a, au nom de son fils mineur, réclamé la réparation du préjudice au père de X... et à son assureur,
la Compagnie Lloyd Continental.; que la Caisse Primaire d'assurance Maladie des Bouches-du-Rhone est
intervenue ;
Attendu que, pour retenir la responsabilité civile du père de X..., l'arrêt énonce que "la responsabilité des parents
sur le fondement du quatrième alinéa de l'article 1384 du code civil n'est pas subordonnée a l'existence d'une
faute commise par leur enfant et qu'il suffit que celui-ci ait commis un acte dommageable et illicite " ;
Attendu qu'en se bornant à cette affirmation, sans préciser les circonstances de fait d'où ils auraient pu déduire le
caractère illicite de l'acte dommageable commis par le fils... Lionel, les juges d'appel n'ont pas donné une base
légale à leur décision ;

DOCUMENT n° 3 : Maintenant il suffit que l’acte de l’enfant soit la cause directe du dommage :

- Cass. Ass. plén. 9 mai 1984 (Fullenwarth C/ Felten)

Sur le moyen unique :


Attendu, selon l'arrêt attaqué (Metz, 25 septembre 1979), que le 4 août 1975, Pascal Y..., alors âgé de 7 ans,
décocha une flèche avec un arc qu'il avait confectionné en direction de son camarade David X... et l'éborgna ;
que M. Guillaume X..., père de la victime, assigné en dommages-intérêts M. Raymond Y..., en sa qualité de
civilement responsable de son fils Pascal sur le fondement de l'article 1384 alinéa 4 du Code civil ; Attendu que
M. Raymond Y... fait grief à l'arrêt de l'avoir déclaré entièrement responsable des conséquences de l'accident,
alors, selon le moyen, que la Cour d'appel n'a pas recherché si Pascal Y... présentait un discernement suffisant

22
pour que l'acte puisse lui être imputé à faute, qu'elle a entaché sa décision d'un défaut de base légale et ainsi
violé les articles 1382 et 1384 alinéa 4 du Code civil ; Mais attendu que, pour que soit présumée, sur le
fondement de l'article 1384 alinéa 4 du Code civil, la responsabilité des père et mère d'un mineur habitant avec
eux, il suffit que celui-ci ait commis un acte qui soit la cause directe du dommage invoqué par la victime ; que par
ce motif de pur droit, substitué à celui critiqué par le moyen, l'arrêt se trouve légalement justifié ;

DOCUMENT n° 4 : Changement du fondement de la responsabilité des parents du fait de leurs enfants. Il


ne pèse pas sur eux une présomption de faute mais une présomption de responsabilité) : 2e Civ, 19
février 1997 (Arrêt BERTRAND)

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Bordeaux, 4 octobre 1994), qu'une collision est survenue le 24 mai 1989 entre une
bicyclette conduite par Sébastien X..., âgé de 12 ans, et la motocyclette de M. Domingues ; que celui-ci, blessé, a
demandé réparation de son préjudice à M. Jean-Claude X..., père de l'enfant, comme civilement responsable de
celui-ci, et à son assureur, l'UAP ; que le Fonds de garantie automobile (FGA) est intervenu à l'instance ;
Sur le premier moyen : (sans intérêt) ;
Sur le deuxième moyen :
Attendu qu'il est fait grief à l'arrêt d'avoir retenu la responsabilité de M. X..., alors, selon le moyen, que la
présomption de responsabilité des parents d'un enfant mineur prévue à l'article 1384, alinéa 4, du Code civil, peut
être écartée non seulement en cas de force majeure ou de faute de la victime mais encore lorsque les parents
rapportent la preuve de n'avoir pas commis de faute dans la surveillance ou l'éducation de l'enfant ; qu'en
refusant de rechercher si M. X... justifiait n'avoir pas commis de défaut de surveillance au motif que seule la force
majeure ou la faute de la victime pouvait l'exonérer de la responsabilité de plein droit qui pesait sur lui, la cour
d'appel a violé l'article 1384, alinéa 4, du Code civil ;
Mais attendu que, l'arrêt ayant exactement énoncé que seule la force majeure ou la faute de la victime pouvait
exonérer M. X... de la responsabilité de plein droit encourue du fait des dommages causés par son fils mineur
habitant avec lui, la cour d'appel n'avait pas à rechercher l'existence d'un défaut de surveillance du père ; D'où il
suit que le moyen n'est pas fondé ;
Par ces motifs : Rejette le pourvoi.

DOCUMENT n° 5 : Civ. 2ème, 29 avril 2004 n° 02-20180

Sur le moyen unique :


Vu les articles 1382,1383 et 1384, alinéa 4, du Code civil ;
Attendu, selon le jugement attaqué rendu en dernier ressort sur renvoi après cassation (deuxième chambre civile,
21 Juin 2001 n° K 99-16.114) que la jeune Agnès X..., heurtée dans la cour du collège par Sabrina Y..., âgée de
11 ans, est tombée et a subi une fracture du radius ; que la Caisse régionale des artisans et commerçants des
Pays de la Loire (CMR) a assigné M. Z..., pris en qualité de représentant légal de Sabrina Y..., et son assureur, la
Mutuelle assurance de l'Education (MAE) devant le tribunal d'instance pour obtenir le remboursement de ses
débours ; qu'elle a également attrait dans l'instance le préfet de la Mayenne, représentant l'Etat ; que le jugement
a notamment débouté la CMR de ses prétentions contre l'Etat ;
Attendu que pour déclarer M. Z..., en qualité de représentant légal de Sabrina Y..., unique responsable du
dommage subi par Agnès X... et le condamner in solidum avec la MAE à payer certaines sommes à la CMR, le
jugement énonce qu'il ressort des pièces du dossier qu'Agnès X... et Sabrina Y... couraient l'une vers l'autre dans
la cour de récréation lorsqu'elles se sont heurtées en se croisant ; qu'il s'en déduit que le dommage subi par la
victime a pour cause directe l'acte d'inattention commis par Sabrina Y... ; que dès lors, M. Z... est de plein droit
responsable du dommage causé par celle-ci ; que s'agissant du comportement de la victime, qui courait elle
aussi dans la cour de récréation, force est d'admettre qu'il a participé à la production du dommage ; que
cependant, en l'absence de caractère malveillant ou volontaire, il ne peut être qualifié de fautif et de ce fait
exonérer M. Z... de sa responsabilité ;

23
Qu'en statuant ainsi, alors qu'il n'est pas exigé par les textes susvisés que la faute de la victime ait un caractère
volontaire pour exonérer partiellement les parents de l'auteur du dommage de leur responsabilité, le tribunal
d'instance a violé les textes susvisés ;
PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, le jugement rendu le 9 juillet 2002, entre
les parties, par le tribunal d'instance de Laval ; remet, en conséquence, la cause et les parties dans l'état où elles
se trouvaient avant ledit jugement et, pour être fait droit, les renvoie devant le tribunal d'instance de Mayenne ;

DOCUMENT n° 6 : Civ. 2ème, 20 octobre 2005 n° 04-19243

Sur le moyen unique, pris en ses trois premières branches :


Vu l'article 455 du nouveau Code procédure civile et les articles 1382, 1383 et 1384, alinéas 4 et 7, du Code civil
;
Attendu, selon le premier de ces textes, que tout jugement doit être motivé à peine de nullité, et que le défaut de
réponse à conclusions équivaut à un défaut de motifs ; que, selon le dernier, pour que la responsabilité de plein
droit des père et mère exerçant l'autorité parentale sur un mineur habitant avec eux puisse être recherchée, il
suffit que le dommage invoqué par la victime ait été directement causé par le fait, même non fautif, du mineur, et
que seule la force majeure ou la faute de la victime peut exonérer les père et mère de cette responsabilité ;
Attendu, selon l'arrêt attaqué, qu'au cours d'une altercation l'opposant au mineur Emmanuel X..., le mineur
Alexandre Y... a chuté au sol et s'est blessé ; que M. et Mme Y..., en leur nom personnel, et Mme Y..., agissant
en qualité de tutrice légale de son fils Alexandre Y..., devenu majeur, ont assigné en responsabilité et réparation
M. Emmanuel X..., devenu majeur, Mme Z..., ès qualités de représentante légale d'Emmanuel X..., et leur
assureur, la société Mutuelles régionales d'assurances (MRA), en présence de la caisse primaire d'assurance
maladie de l'Essonne ; qu'Alexandre Y... est décédé le 10 octobre 2002 ; que sont intervenus volontairement en
cause d'appel les grands-parents paternels et maternels et l'oncle maternel de la victime, ainsi que les frères et
sœur encore mineurs de cette dernière, représentés par leur mère, Mme Y... ;
Attendu que pour déclarer M. Emmanuel X... responsable du dommage subi par Alexandre Y..., et tenu, avec
Mme Z..., sa mère, de réparer intégralement le préjudice corporel subi par la victime avant son décès et les
préjudices matériel et moral subi par ses ayants droit, et les condamner in solidum avec la MRA, aux droits de
laquelle est venue la société Thélem assurances, à leur payer des provisions, l'arrêt énonce, par motifs
substitués, que pour que la responsabilité de plein droit des père et mère exerçant l'autorité parentale sur un
mineur habitant avec eux puisse être recherchée, il suffit que le dommage invoqué par la victime ait été
directement causé par le fait, même non fautif, du mineur ; que seule la force majeure peut exonérer les père et
mère de cette responsabilité ; qu'il est constant que le 11 décembre 1998, Emmanuel X..., alors mineur, a, au
cours d'une altercation avec Alexandre Y..., glissé et chuté sur ce dernier, entraînant sa chute et lui causant un
arrêt cardiaque à l'origine d'une paraplégie ; que ce fait, même non fautif, est par conséquent de nature à
engager la responsabilité de ses père et mère, lesquels ne justifient en effet, ni même n'invoquent un cas de
force majeure ;
Qu'en statuant ainsi, sans répondre aux conclusions de Mme Z..., de M. X... et de la MRA, invoquant
expressément la faute totalement ou partiellement exonératoire de la victime, la cour d'appel, qui n'a pas satisfait
aux exigences du premier des textes susvisés, n'a pas donné de base légale à sa décision au regard des trois
autres ;
PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur la quatrième branche du moyen :
CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 6 septembre 2004, entre les parties, par la
cour d'appel de Paris ; remet, en conséquence, la cause et les parties dans l'état où elles se trouvaient avant ledit
arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Paris, autrement composée.

SEANCE N° 7
24
Thème- LE FAIT D’AUTRUI : Responsabilité du commettant du fait des préposés

I. – A CONSULTER

A. Jurisprudence

 Ass. Plén. 10 juin 1977 : D. 1977. 465, note Larroumet ; JCP 1977. II. 18730, concl. Gulphe ; Defrénois
1977. 1517, obs. Aubert ; RTD civ. 1977. 74, obs. Durry.
 Civ. 1ère, 13 mars 2001 : Bull. civ. I, n° 72 ; Resp. civ. et assur. 2001, comm. n° 194.
 C. civ., Art. 1384
 Com. 24 janvier 2006 : N°03-21.153
 Crim. 29 novembre 1973 : D. 1974, 194, N. Dauvergne.
 Ass. Plén. 17 juin 1983 : JCP 1983. II. 20120, concl. Sadon, note Chabas ; RTD civ. 1983. 749, obs. Durry
 Civ. 2ème, 1er avril 1998 : RTD civ. 1998, p. 914, obs. P. Jourdain.
 Civ. 2ème, 19 juin 2003, N° 00-22626
 Ch. Réun. 9 mars 1960 : D. 1960. 329, note R. Savatier ; JCP 1960. II. 11559, note Rodière ; Gaz. Pal.
1960. 1. 313.
 Civ. 2ème, 3 juin 2004 : RTD civ. 2004, p. 742, Obs. de P. Jourdain
 Civ. 1ère, 13 mars 2001 : RTD civ. 2001, p. 599, Obs. de P. Jourdain
 Ass. Plén. 17 novembre 1985 : D. 1986. 81, note Aubert, JCP 1986. II. 20568, note G. Viney ; RTD civ.
1986. 128, obs. J. Huet
 Ass. Plén., 14 décembre 2001 : D. 2002. 1230, note J. Julien.
 Civ. 2ème, 5 juillet 1989 : Resp. civ. et assur. 1989, comm. n° 362.
 Civ. 1ère, 9 novembre 2004, N° 01-17168
 Civ. 4 mai 1937 : DH 1937, 363 ; GAJC 11 Ed., n° 210.
 Ass. plén. 19 mai 1988 : D. 1988. 513, note Larroumet ; RTD civ. 1989. 89, obs. Jourdain.
 Ass. Plén. 25 février 2000 : JCP 2000. II. 10295, rapport Kessous, note M. Billiau, I. 241, n° 16, obs. G.
Viney ; D. 2000. 673, note Ph. Brun ; RTD civ. 2000.582, obs. Jourdain.
 Cass. 2e civ., 11 sept. 2014, n° 1316897, EDPF, 15 oct 2014, n° 9, p. 3, note A. Blatteur

B. Doctrine

 Ph. Brun, La mise en œuvre de la responsabilité des commettants du fait de leurs préposés, Dr. et pat.
01/2001, n° 89
 J. Mouly, Quelle faute pour la responsabilité civile du salarié ? D. 2006, p. 2756.
 A.-C. BENOIT-RENAUDIN, La responsabilité du préposé, LGDJ, 2010

II. – TRAVAIL A FAIRE

A. Faites une introduction et un plan détaillé de la décision de justice ci-après :


Ass. Plén., 25 février 2000 n° 97-17378 97-20152 (arrêt COSTEDOAT)

Attendu, selon l'arrêt attaqué, que la SCA du Mas de Jacquines et M. X... ont demandé à la société
Gyrafrance de procéder, par hélicoptère, à un traitement herbicide de leurs rizières ; que, sous l'effet du vent, les
produits ont atteint le fonds voisin de M. Z..., y endommageant des végétaux ; que celui-ci a assigné en
réparation de son préjudice la SCA du Mas de Jacquines, les époux B..., M. X..., M. Y..., pilote de l'hélicoptère, et
la société Gyrafrance ;
Sur le moyen unique (…)
Vu les articles 1382 et 1384, alinéa 5, du Code civil ;

25
Attendu que n'engage pas sa responsabilité à l'égard des tiers le préposé qui agit sans excéder les limites de la
mission qui lui a été impartie par son commettant ;
Attendu que, pour retenir la responsabilité de M. Y..., l'arrêt énonce qu'il aurait dû, en raison des conditions
météorologiques, s'abstenir de procéder ce jour-là à des épandages de produits toxiques ;
Qu'en statuant ainsi, alors qu'il n'était pas prétendu que M. Y... eût excédé les limites de la mission dont l'avait
chargé la société Gyrafrance, la cour d'appel a violé les textes susvisés ;
Par ces motifs,
Casse et annule (…)

A. A LIRE :

DOCUMENT n° 1 : Ch. Réun., 9 mars 1960 n° 58-91049

Sur les deux moyens réunis :


Attendu que des motifs de l'arrêt confirmatif attaqué il résulte qu'Abos, ouvrier agricole au service d'Huret,
profitant de l'absence de son patron, s'empara de la camionnette automobile, appartenant à celui-ci, pour se
rendre dans une localité voisine où, après avoir perdu le contrôle du véhicule, il enfonça la devanture du débit,
exploité par les époux X..., que la dame X... fut blessée ;
Attendu que le pourvoi reproche à la Cour d'appel d'avoir, sans rechercher si un lien de connexité permettant de
rattacher le délit de blessures involontaires, commis par Abos aux fonctions exercées par ce dernier, ne découlait
pas des facilités que lui procurait son emploi, refusé de déclarer l'intimé civilement responsable du dommage
causé par son préposé ;
Mais attendu que les juges du fond observant que la conduite de la camionnette, ayant produit le dommage ne
rentrait pas dans les attributions d'Abos, lequel, non titulaire d'un permis de conduire, avait utilisé ledit véhicule à
des fins personnelles, au mépris des ordres et à l'insu de son commettant, la responsabilité de celui-ci ne pouvait
résulter du seul fait qu'Abos avait accès, en raison de son emploi, au hangar où se trouvait l'instrument du
dommage ;
Que de ces constatations et énonciations qui impliquent qu'Abos avait accompli un acte indépendant du rapport
de préposition qui l'unissait à son employeur, la Cour d'appel a pu déduire qu'Huret n'était pas civilement
responsable des agissements de son préposé ; qu'elle a ainsi, sans encourir les reproches du pourvoi, donné
une base légale à sa décision.

DOCUMENT n° 2 : Ass. Plén., 10 juin 1977 n° 75-93163

Sur le moyen unique, pris en ses deux branches :


Attendu que, selon les énonciations de l'arrêt attaqué, dans la nuit du samedi 12 au dimanche 13 février 1972,
Gaulard, qui était alors chauffeur au service de la société Albagnac et Florange et qui disposait d'une
camionnette de livraison pour les besoins de son service a utilisé ce véhicule pour effectuer, en compagnie de
cinq camarades, une promenade au cours de laquelle il a occasionné un grave accident, l'un de ses camarades
étant tué et les quatre autres blessés ;
Attendu qu'il est reproché à la Cour d'appel d'avoir refusé de mettre les conséquences de cet accident à la
charge de la société Albagnac et Florange, alors, selon le pourvoi, que, d'une part, l'interdiction faite à Gaulard
par son commettant d'utiliser le véhicule de service à des fins personnelles ne pouvait faire disparaître la
responsabilité du commettant ; que, d'autre part, Gaulard était le conducteur habituel du véhicule, qu'il l'utilisait
pour aller au travail et en revenir, qu'il le garait à son domicile et qu'il en avait donc la garde continue ; qu'enfin,
même s'il est sorti de ses fonctions en utilisant la camionnette à des fins personnelles, ce sont ses fonctions qui
lui ont permis la réalisation du dommage, de telle sorte qu'en statuant comme ils l'ont fait, les juges du fond ont
violé les dispositions de l'article 1384-5 du Code civil ;

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Mais attendu que le commettant n'est pas responsable du dommage causé par le préposé qui utilise, sans
autorisation, à des fins personnelles le véhicule à lui confié pour l'exercice de ses fonctions ; que, dès lors, la
décision de la Cour d'appel est légalement justifiée ;

DOCUMENT n° 3 : Ass. Plén., 17 juin 1983

Sur le moyen unique :


Attendu, selon les énonciations de l'arrêt attaqué, rendu sur renvoi après cassation, que M. Y... Caille, chauffeur-
livreur de la Société d'exploitation des transports Chamiot, a détourné une certaine quantité de fuel destinée à un
client, dans l'intention de la vider dans la cuve de la maison de son père, située dans une localité voisine ; qu'au
lieu de revenir au siège de l'entreprise, il s'est rendu dans cette localité mais que, s'étant aperçu qu'il était suivi, il
a réussi à gagner un endroit désert, où il a déversé le fuel dans une carrière, polluant ainsi le réservoir d'eau de
la commune de Chignin et des sources alimentant la commune de Saint Jeoire Prieuré ;
Attendu que ces deux communes font grief à la Cour d'appel d'avoir décidé que la Société d'Exploitation des
Transports Chamiot n'était pas civilement responsable des dommages causés par M. X..., son préposé, alors,
selon le moyen, que les commettants étant responsables du dommage causé par leurs préposés dans les
fonctions auxquelles ils les ont employés, les infractions commises par le préposé à l'occasion et pendant le
temps du travail et dans l'exercice de sa fonction engagent la responsabilité du commettant ;
Mais attendu que les dispositions de l'article 1384, alinéa 5, du Code civil ne s'appliquent pas au commettant en
cas de dommages causés par le préposé qui, agissant, sans autorisation, à des fins étrangères à ses
attributions, s'est placé hors des fonctions auxquelles il était employé ; Que, dès lors, après avoir constaté que la
cause des dommages résidait dans un acte délibéré, étranger à ses fonctions, accompli par M. X... à des fins
personnelles, la Cour d'appel a décidé à bon droit que la responsabilité de la société d'exploitation des transports
Chamiot n'était pas engagée ; D'où il suit que le moyen n'est pas fondé ;

DOCUMENT n° 4 : Com., 12 octobre 1993, n° 91-10864 (arrêt Parfum Rochas)


Sur le moyen unique :
Attendu qu'il résulte des énonciations de l'arrêt attaqué (Bordeaux, 8 novembre 1990) que la société de Parfums
Rochas (société Rochas), titulaire des marques Femme et Rochas, a assigné pour utilisation illicite de marques
et concurrence déloyale la société Z..., M. Y... représentant de celle-ci en qualité de voyageur-représentant-
placier et Mme X..., responsable de l'antenne régionale de la société Z..., en se fondant sur un procès-verbal de
saisie-contrefaçon faisant apparaître qu'il avait été découvert au domicile de M. Y... deux tableaux de
concordance portant la mention Femme-Rochas et 17, deux atomiseurs N° JV 17 portant l'étiquette Jean Z...
Paris et un carnet de commandes remis à M. Y... par Mme X... ; que la cour d'appel a accueilli cette demande en
ce qui concerne la société Z..., mais l'a rejetée en ce qui concerne M. Y... et Mme X... ;
Attendu qu'il est fait grief à l'arrêt d'avoir mis hors de cause M. Y... et Mme X..., alors, selon le pourvoi, que le lien
de subordination d'un préposé, s'il permet que sa responsabilité soit garantie à l'égard de la victime par celle de
son commettant, ne l'exonère en rien des conséquences personnelles de cette responsabilité ; qu'après avoir
constaté que les intéressés avaient personnellement commis les faits s'analysant en une concurrence déloyale et
en une atteinte illicite aux marques de la société Parfums Rochas, la cour d'appel ne pouvait les mettre hors de
cause sans violer l'article 1382 du Code civil ;
Mais attendu que la cour d'appel après avoir relevé que la qualité de salariés de la société Valières de M. Y... et
de Mme X... n'était pas contestée, a retenu qu'ils avaient agi dans le cadre de la mission qui leur était impartie
par leur employeur et qu'il n'était pas établi qu'ils en avaient outrepassé les limites ; qu'elle a pu déduire de ces
constatations et appréciations qu'aucune faute personnelle susceptible d'engager leur responsabilité n'était
caractérisée à l'encontre de ces préposés dans la réalisation des actes dommageables ; d'où il suit que le moyen
n'est pas fondé ;

DOCUMENT n° 5 : Ass. Plén., 14 décembre 2001 n° 00-82066 (arrêt COUSIN)


Sur le moyen unique :

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Attendu, selon l'arrêt attaqué (Paris, 1er mars 2000), que M. X..., comptable salarié de la société Virydis, a été
définitivement condamné des chefs de faux, usage de faux et escroqueries, pour avoir fait obtenir
frauduleusement à cette société des subventions destinées à financer de faux contrats de qualification ; que,
statuant à son égard sur les intérêts civils, l'arrêt l'a condamné à payer des dommages-intérêts aux parties civiles
;
Attendu que M. X... fait grief à l'arrêt d'avoir ainsi statué, alors, selon le moyen, que ne saurait engager sa
responsabilité à l'égard des tiers le préposé qui a agi sans excéder les limites de la mission qui lui avait été
assignée par son commettant, de sorte que la cour d'appel, qui a ainsi condamné M. X... à indemniser les parties
civiles du préjudice qu'elles avaient subi à raison d'infractions pour lesquelles sa responsabilité pénale avait été
retenue sans aucunement rechercher, nonobstant les conclusions dont elle était saisie, si ces infractions ne
résultaient pas uniquement de l'exécution des instructions qu'il avait reçues et s'inscrivaient par conséquent dans
la mission qui lui était impartie par son employeur, la société Virydis, seule bénéficiaire desdites infractions, n'a
pas légalement justifié sa décision au regard du principe précité ;
Mais attendu que le préposé condamné pénalement pour avoir intentionnellement commis, fût-ce sur l'ordre du
commettant, une infraction ayant porté préjudice à un tiers, engage sa responsabilité civile à l'égard de celui-ci ;
que dès lors, en statuant comme elle l'a fait, la cour d'appel a légalement justifié sa décision ;
DOCUMENT n° 6 : Civ. 1ère, 6 février 2013, n° 12-12683
Sur le moyen unique :
Attendu, selon l'arrêt attaqué (Caen, 3 novembre 2011), que M. X... ayant été condamné, le 28 septembre 2005,
pour avoir volontairement commis des violences sur un tiers, a assigné l'avocate l'ayant assisté devant la
juridiction pénale, Mme Y... et la SCP Sadeler-Biage-Damiens, en paiement de dommages-intérêts d'un montant
identique à ceux mis à sa charge, leur reprochant de ne pas avoir suggéré au ministère public ou à la partie civile
de mettre en cause son employeur ;
Attendu que M. X... fait grief à l'arrêt de le débouter de sa demande, alors, selon le moyen :
1°/ qu'un usage professionnel est obligatoire pour les membres de la profession ; que la cour d'appel qui n'a pas
recherché, malgré les conclusions qui l'y invitaient, si la pratique professionnelle des avocats n'obligeait pas Mme
Y... à entreprendre des démarches auprès du parquet et/ou de la partie civile pour obtenir la mise en cause de
l'employeur de M. X... par ceux à qui l'action était ouverte, a privé de base légale sa décision au regard de l'article
1147 du code civil ;
2°/ que saisie de conclusions reprochant à l'avocat qui avait assisté le préposé auteur du dommage de ne pas
s'être conformé à la pratique consistant à provoquer la mise en cause par le parquet ou par la victime de
l'employeur tenu à l'égard de la victime en application de l'article 1384, alinéa 5, dans le cadre de l'instance
pénale diligentée contre M. X... et non de ne pas avoir procédé lui-même à la mise en cause du commettant
puisque l'action civile ne pouvait être mise en mouvement que par la victime ou par le parquet, la cour d'appel
qui, pour rejeter l'action de M. X... contre son avocat, a relevé « que si M. X... disposait d'un recours contre son
employeur, ce recours n'était pas prescrit», a statué par un motif inopérant en violation de l'article 455 du code de
procédure civile ;
Mais attendu, d'abord, que dans sa seconde branche le moyen s'attaque à un motif surabondant ;
Attendu, ensuite, qu'après avoir exactement retenu, par motifs propres et adoptés, que le préposé qui a été
condamné n'avait pas qualité pour exercer sur le fondement de l'article 1384, alinéa 5, du code civil une action en
garantie contre son commettant, la cour d'appel qui en a déduit que M. X... ne justifiait pas d'un préjudice, a
légalement justifié sa décision.

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