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Économie du risque

1. L’asymétrie de l’information
L’asymétrie d’information désigne toute situation dans laquelle une partie à une transaction a
une connaissance matérielle plus grande que l’autre partie.
L’asymétrie d’information décrit une situation dans laquelle tous les participants à un marché
ne disposent pas de la même information. C’est une imperfection du marché qui peut aboutir à
une sélection adverse ou à un aléa moral. Les agents économiques mettent alors en place des
stratégies pour contrer cette asymétrie d’information. Si, sur un marché, tous les intervenants
n’ont pas accès à la même information, ce marché est caractérisé par une asymétrie
d’information.
Exemple : dans le cadre d’un crédit, l’emprunteur est parfaitement informé de sa capacité de
remboursement alors que le prêteur n’a pas cette information.

L’asymétrie d’information caractérise la grande majorité des marchés. En effet, les acheteurs
et les vendeurs ne disposent que rarement de la même information.
L’asymétrie d’information peut concerner toutes les formes d’information : les composantes du
prix, la qualité, le travail fourni, etc.
a- Asymétrie d’information : une imperfection du marché
Sur un marché parfait, c’est-à-dire qui respecte les conditions de la concurrence pure et parfaite
(CPP), l’information est parfaitement symétrique entre les demandeurs et les offreurs. On dit
qu’il est transparent.
Un marché de concurrence pure et parfaite respecte cinq conditions : une atomicité des
intervenants, une homogénéité des produits, une transparence, une libre entrée et sortie du
marché et une libre circulation des facteurs de production.
Mais la CPP est un modèle théorique, qui ne décrit pas la réalité économique. C’est un modèle
de référence qui sert à caractériser les marchés. L’asymétrie d’information est une forme
d’imperfection du marché.
b- Conséquences de l’asymétrie d’information
Cette imperfection du marché peut aboutir à une sélection adverse ou à un aléa moral. L'aléa
moral et la sélection adverse sont deux conséquences de ces asymétries.
Ceux problèmes d'information sont à l'origine de la mauvaise allocation des ressources dans les
marchés d'assurances: le risque moral et la sélection adverse. Le premier concerne l'influence
des assurés sur les événements aléatoires alors que le second est relié à la difficulté pour les

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compagnies d'assurances de distinguer les risques que représentent les individus. Dans les deux
cas, les consommateurs sont mieux informés que les compagnies d'assurances.
2. Aléa moral
L’asymétrie d’information est particulièrement présente sur le marché de l’assurance. Les
assureurs couvrent un risque mais ils ne disposent pas d’information sur le comportement des
assurés. On parle d’aléa moral quand les assurés prennent davantage de risques ou modifient
leurs comportements habituels parce qu’ils savent qu’ils sont protégés en cas de survenance
d’un risque.
Il y a risque moral lorsqu’il y a asymétrie d’information entre deux parties et qu’un changement
de comportement de l’une d’entre elles se produit après la conclusion d’un accord entre les
deux parties. L’aléa moral est fréquent dans les secteurs du crédit et de l’assurance, mais il peut
également exister dans les relations entre employés et employeurs. Chaque fois que deux parties
concluent un accord entre elles, des risques moraux peuvent être présents.
Dans une relation "principal"-"agent", le principal fait face à de l’aléa moral lorsque l’agent
peut prendre des décisions "non observables". Ces décisions, du fait de la divergence d’objectifs
entre ces deux protagonistes, peuvent ne pas être dans l’intérêt du principal.
Dans le cas du risque moral, l'assureur ne peut observer séparément l'état de la nature et
le comportement de l'assuré qui peut influencer l'événement aléatoire par ses activités ;
il n'observe que le résultat. Il existe deux formes de risque moral dans la littérature
économique : la première consiste en la baisse des activités d'autoprotection du
consommateur sous l'assurance alors que la seconde concerne les dépenses de l'assuré
lorsque l'événement s'est produit. Les assureurs ont développé des mécanismes coûteux
pour remédier à ce problème : la couverture partielle d'assurance qui expose l'individu
à certains risques financiers et
Des procédés d'acquisition d'information qui permettent de relier la prime ou la
couverture d'assurance aux activités observées.
L'assurance maladie est un exemple d'aléa moral dans la mesure où les dépenses résultant de la
transaction entre le patient et le médecin ne peuvent être contrôlées par l'assureur.
Exemple : une personne laisse les fenêtres de sa voiture ouverte parce qu’elle sait qu’elle
est assurée contre le vol de sa voiture.

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3. Antisélection (ou sélection adverse) : on parle alors de « sélection adverse » ou d’«
antisélection »
Trois prix Nobel d’économie, trois néokeynésiens distingués ensemble en 2002, proposent une
explication des comportements et des équilibres, ou déséquilibres, observés sur les marchés,
que le modèle de concurrence pure était incapable d’expliciter. Ces trois auteurs – G. Akerlof,
M. Spence et J. Stiglitz – ne sont pas des spécialistes de la microéconomie et pourtant leurs
conclusions enrichissent considérablement la théorie des marchés. Même si, partant du constat
que sur un marché un des deux acteurs en sait toujours plus que l’autre sur les conditions de
fonctionnement même du marché (prix, quantité, qualité, etc.), l’asymétrie de l’information qui
en découle contredit le fonctionnement théorique du modèle de concurrence.
Dans un article célèbre, « The market for lemon’s », G. Akerlof va démontrer que le prix n’est
pas toujours lié à la qualité, bonne ou mauvaise, du produit auquel il se rattache.
George Akerlof est le premier économiste à avoir expliqué le principe de la sélection adverse.
C’est un économiste américain, né en 1940, qui a reçu le prix de la Banque de Suède en sciences
économiques, également appelé « prix Nobel d’économie », en 2001, pour ses travaux sur
l’asymétrie d’information, avec Michael Spence et Joseph Stiglitz. George Akerlof présente
l’exemple du marché des voitures d’occasion (lemon cars), sur lequel les vendeurs et les
acheteurs ne disposent pas de la même information. Le vendeur d’une voiture connaît
parfaitement l’état de la voiture alors que l’acheteur n’a pas cette information.
Pour contrer cette asymétrie d’information, les vendeurs proposent des prix délibérément bas,
au cas où les voitures auraient des vices cachés. Face à cela, les vendeurs retirent du marché les
voitures de bonne qualité et ne laissent à la vente que les voitures de mauvaise qualité.
Ainsi, l’asymétrie d’information a pour effet que les mauvaises voitures chassent du marché les
bonnes voitures, et le marché est inefficace.
La sélection adverse fait référence à une situation dans laquelle les vendeurs disposent de plus
d’informations que les acheteurs, ou vice versa, sur un aspect de la qualité du produit, bien que
la partie la mieux informée soit généralement le vendeur. Il y a sélection adverse lorsque des
informations asymétriques sont exploitées.
Dans une relation "principal"-"agent", le principal fait face à de l’antisélection si l’agent détient
de l’information privée au moment de l’écriture du contrat entre les deux parties. C'est une
situation d'asymétrie d'information.
Pour ce qui est de la sélection adverse, l'assureur ne peut observer facilement le risque initial
que représente l'assuré et doit fonctionner par classes dans l'évaluation de ses primes. Cette
forme de tarification n'étant pas optimale, les risques faibles peuvent juger que le prix qu'ils

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paient pour s'assurer (et pour subventionner les risques élevés) est trop élevé et peuvent sortir
du marché ce qui occasionne une allocation inefficace des ressources et, même dans certains
cas, la disparition des marchés d'assurances. Il existe des solutions partielles pour remédier à ce
problème dans les marchés privés. L'État peut également intervenir.
La sélection adverse apparaît notamment sur un marché lorsque les consommateurs ne
disposent pas de toute l'information sur la qualité du bien qu'ils désirent acheter, contrairement
aux vendeurs. C'est le cas, par exemple, du marché des voitures d'occasion, où de l'information
pertinente est détenue par le vendeur et où l'acheteur risque de choisir la voiture la moins sûre,
faute d'informations suffisantes.

 Exemple
L'un des exemples les plus connus de sélection adverse se produit sur le marché de l'assurance
maladie. La compagnie d'assurance ne dispose pas d'informations complètes sur le risque de
chaque individu. Ainsi, le phénomène d’antisélection naît de la méconnaissance de l’histoire
familiale de l’assuré par les assureurs. Celle-ci permet à l’assuré d’appréhender son capital
sanitaire et ainsi d’estimer sa probabilité d’occurrence du risque sanitaire. Cette information
peut être dissimulée à l’assureur afin d’obtenir un contrat plus avantageux financièrement.
Les individus, connaissent mieux leur risque puisqu'ils connaissent et maîtrisent leurs
comportements (tabagisme, activité physique, bonne alimentation, etc.).
Si l'entreprise propose une assurance basée sur le risque moyen, vous verrez bientôt que les
personnes présentant le risque le plus élevé (avec plus de probabilités de soins médicaux,
d'hospitalisations, de décès, etc.) seront les plus intéressées par l'achat de l'assurance. En
revanche, les personnes à faible risque trouveront que le prix de l'assurance est trop élevé.

4. Quel est la différence entre aléa moral et sélection adverse ?


L’aléa moral et la sélection adverse sont tous deux utilisés en économie, en gestion des risques
et en assurance pour décrire les situations dans lesquelles une partie est désavantagée par le
comportement d’une autre partie. Dans une situation d'aléa moral, le changement de
comportement de l'une des parties se produit après que l'accord a été conclu. En revanche, en
cas de sélection adverse, il y a un manque d'informations symétriques avant que le contrat ou
l'accord ne soit conclu.

5. Stratégies pour faire face à l’asymétrie d’information


Face à cette asymétrie d’information, les agents économiques ont mis en place des stratégies
pour forcer les intervenants à révéler l’information dont ils disposent.

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a- L’intervention de l’autorité publique
Face à l’asymétrie d’information, les pouvoirs publics sont intervenus pour forcer les agents
économiques à équilibrer les informations.
Exemple : pour vendre une voiture d’occasion, le vendeur doit avoir passé un contrôle
technique il y a moins de deux ans pour limiter les vices cachés
Dans le domaine des assurances, l’autorité publique a rendu obligatoire un certain nombre
d’assurances pour faire face à la sélection adverse.
Exemples : l’assurance santé, l’assurance automobile ou moto, l’assurance habitation, etc.

b- Les clauses des contrats


L’une des façons de limiter l’asymétrie d’information est d’insérer dans le contrat de vente des
clauses qui limitent l’action de l’un des intervenants si l’autre intervenant a dissimulé des
informations ou a eu un comportement inadéquat.
C’est particulièrement le cas des contrats d’assurance qui limitent les cas d’indemnisation pour
éviter l’aléa moral.
Exemple : l’indemnisation d’un vol de voiture ne pourra pas avoir lieu si le propriétaire a laissé
la fenêtre ouverte.
c- La recherche d’informations
Dans d’autres cas, le contrat sera subordonné à l’obtention d’informations pour évaluer
correctement une situation et que l’information soit symétrique.

Exemple : pour un crédit, une banque demande les renseignements nécessaires à l’évaluation
de la capacité de remboursement.

 Solution pour la sélection adverse


Afin de réduire ou d'éliminer la sélection adverse, plusieurs mesures ont été prises, parmi
lesquelles :
 Sur le marché de l'assurance, par exemple, des polices d'assurance-maladie obligatoires
sont requises de sorte que toutes les personnes présentant des niveaux de risque
différents doivent les souscrire. De cette façon, on évite que les assureurs finissent par
ne couvrir que les utilisateurs qui demanderont une indemnisation plus élevée.
 Les entreprises essaient d'identifier les groupes de consommateurs à différents risques.
Ainsi, par exemple, les entreprises peuvent demander des examens médicaux à leurs
clients potentiels ou des déclarations signées reconnaissant des comportements à risque
ou des maladies antérieures.

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 Récompensez les clients qui présentent un risque moindre au fil du temps. Par exemple,
une réduction du prix de l'assurance pour les individus qui ont eu peu d'incidents au
cours d'une certaine période.

 Points clés à retenir


o L’aléa moral et la sélection adverse sont deux termes utilisés en économie, en gestion
des risques et en assurance pour décrire les situations où une partie est désavantagée par
rapport à une autre.
o Dans une situation d’aléa moral, une partie qui conclut l’accord fournit des informations
trompeuses ou modifie son comportement après la conclusion de l’accord parce qu’elle
pense qu’elle ne subira aucune conséquence de ses actes.
o Le risque moral est fréquent dans les secteurs du crédit et de l’assurance, mais il peut
également exister dans les relations entre employés et employeurs.
o La sélection adverse fait référence à une situation dans laquelle les vendeurs disposent
de plus d’informations que les acheteurs, ou vice versa, sur un aspect de la qualité du
produit.
o Les asymétries d'information ont un impact négatif sur le fonctionnement des marchés
et c'est, en particulier, le cas sur les marchés d'assurance ;
o De très nombreuses caractéristiques des contrats proposés peuvent être expliquées par
l'existence d'asymétries d'information ;
o La recherche empirique récente a fait des progrès significatifs pour évaluer l'importance
des asymétries sur des marchés d'assurance spécifiques ;
o Alors qu'elles ont un impact mineur sur certains types d'assurances comme les
assurances automobiles, elles génèrent des dysfonctionnements importants sur d'autres
marchés comme l'assurance dépendance. À elles seules, elles peuvent expliquer
l'absence (presque) totale de certains marchés comme celui de l'assurance chômage
privée.
Risque moral
Dans une situation de risque moral, une partie qui conclut l’accord fournit des informations
trompeuses ou modifie son comportement après la conclusion de l’accord parce qu’elle croit
qu’elle ne subira aucune conséquence de ses actes. Lorsqu’une personne ou une entité ne
supporte pas le coût total d’un risque, elle peut être incitée à accroître son exposition au risque.
Cette décision est fondée sur ce qui leur procurera le plus grand bénéfice.

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Il y a toujours le risque qu’une partie n’ait pas conclu un contrat de bonne foi, et elle peut le
faire en fournissant de fausses informations sur son actif, son passif ou sa capacité de crédit.
Dans le secteur financier, cela peut se produire dans les contrats entre un emprunteur et un
prêteur. L’aléa moral est également fréquent dans le secteur des assurances.
 Exemple d’aléa moral
Par exemple, supposons qu’un propriétaire n’ait pas d’assurance habitation ou d’assurance
inondation mais qu’il vive dans une zone inondable. Le propriétaire est très prudent et souscrit
à un système de sécurité domiciliaire qui aide à prévenir les cambriolages. En cas de tempête,
il se prépare aux inondations en dégageant les canalisations et en déplaçant les meubles pour
éviter les dégâts.

Applications
TEXTE 1 : Asymétrie d'information
Cas particulier d’information imparfaite sur le marché dans lequel les agents économiques ne
disposent pas du même niveau d’information. Selon la théorie néoclassique, la concurrence
pure et parfaite est fondée sur la transparence du marché, c’est-à-dire une information complète
pour tous les agents économiques. La microéconomie traditionnelle suppose en effet des agents
rationnels agissant dans un système de marché complet, c’est-à-dire un marché où toute
l’information est disponible.
Pourtant, dans la réalité, l’information est souvent imparfaite. C’est le postulat de la nouvelle
microéconomie. Il existe donc des défaillances du marché dans les cas d’asymétrie
d’information, mais aussi d’externalité et de bien collectif.
L’information est asymétrique lorsqu’un seul des deux coéchangistes dispose d’une
information complète. C’est donc une situation particulière d’information imparfaite qui
favorise l’incertitude, modifiant ainsi la rationalité des agents, ce qui crée de nouvelles
modalités d’échange.
Deux cas d’information asymétrique sont étudiés par l’analyse économique. Tout d’abord,
l’asymétrie peut se situer en amont du contrat. C’est le cas où l‘un des agents détient une
information sur le bien qu’il ne partage pas. Le risque est alors que le coéchangiste, faute de
transparence, sélectionne le mauvais produit (le plus souvent du fait de son prix plus bas). C’est
ce que George Akerlof a appelé la sélection adverse ou l’antisélection : les mauvais produits
sont choisis plutôt que les bons à cause d’une information incomplète. A côté de cette
défaillance d’information exogène, il existe le cas où c’est une information endogène qui fait
défaut. C’est ce qu’on nomme l’aléa moral ou risque moral : l’un des agents ne respecte pas sa

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part du contrat. Le salarié qui ne s’engage pas dans son travail, l’assuré qui ne prend pas les
précautions attendues, l’expert qui impose des procédures coûteuses, autant de situations dans
lesquelles un des agents, incapable de juger de la qualité de la prestation, subit les décisions de
l’autre. L’aléa moral tient donc au fait que l’agent mal informé n’est pas en mesure de contrôler
l’action de son partenaire, qui peut en profiter pour adopter un comportement opportuniste.
Les deux exemples de sélection adverse les plus souvent cités sont celui des voitures
d’occasion, analysé par George Akerlof, et celui des assurances, présenté par Joseph Stiglitz et
Michael Rothschild. Dans les deux cas, la sélection adverse a tendance à chasser les bons
produits du marché, dans la mesure où seuls les mauvais produits sont sélectionnés, et les bons
assurés c’est-à-dire ceux dont le risque d’accident est le plus faible. A terme, cela peut même
conduire à la disparition du marché. En effet, lorsque certains agents ne peuvent pas connaître
la qualité exacte de chaque produit, ils sont amenés à opter pour un prix reflétant l’ensemble
des produits se trouvant sur le marché, une sorte de moyenne des prix de tous les produits
incluant ceux de bonne qualité et ceux de mauvaise qualité. À ce prix-là, le vendeur bien
informé refuse de vendre ses produits de bonne qualité car leur valeur est supérieure. A
l’inverse, l’acheteur refuse d’acheter des produits de moindre qualité. C’est donc la question de
la confiance qui se retrouve au cœur de cette défaillance du marché.
Il est possible de limiter ces phénomènes d’antisélection. Une première solution consiste à
envoyer un signal, c’est-à-dire une information sur la qualité du produit permettant à l’agent
économique de prendre une décision. Les garanties offertes aux clients par les vendeurs de
voitures d’occasion relèvent de ce type de message de qualité. Les formules d’échange et de
remboursement ont la même portée. Cette méthode du signal se traduit, sur le marché du travail,
par la demande de références et de diplômes, lors de l’embauche.
Une deuxième solution consiste à émettre des règles, des procédures, des concours, etc. Ces
procédures sont autant de méthodes visant contraindre l’un des agents à transmettre
l’information qu’il détient. Toutes ces procédures ne sont pas sans limites.
Dans le cas de l’aléa moral, deux situations peuvent se présenter : soit l’un des agents ne peut
contrôler l’autre, soit il contrôle l’action réalisée mais pas le niveau d’information la justifiant.
Ici, les solutions ne passent donc pas par un niveau plus élevé d’information mais par une
incitation à des comportements appropriés.
Les marchés financiers illustrent les enjeux de l’aléa moral. L’encadrement juridique du délit
d’initié est une traduction assez évidente des problèmes qui peuvent naître d’un avantage
informationnel pour un agent. L’encadrement des banques qui, compte tenu de leur taille (too

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big to fail), prennent des risques considérables en matière de spéculation. Le risque systémique
analysé par Michel Aglietta renvoie en grande partie à des questions d’asymétrie d’information.

Questions :
1) Quelle relation entre l’aléa moral et les crises bancaires ?
2) Les marchés financiers sont-ils des marchés où l’information est asymétrique ?
3) L’encadrement des banques peut-il atténuer l’aléa moral ?

TEXTE 2 : Les asymétries d'information peuvent entraîner une sélection adverse...


Les asymétries d'information désignent les situations où les acteurs d'un marché ne disposent
pas de la même information, qu'il s'agisse de la qualité du produit échangé, des risques auxquels
sont exposés les agents ou encore des comportements de chacune des parties à une transaction.
Dans un article célèbre consacré au marché des voitures d'occasion, l'économiste George
Akerlof [1970] a démontré que, en présence d'asymétries d'information, le phénomène de
sélection adverse (ou anti-sélection) peut empêcher certains marchés de fonctionner de manière
efficiente, voire les faire disparaître complètement. Dans le contexte étudié par Akerlof, le
vendeur d'une voiture d'occasion connaît mieux les caractéristiques de sa voiture que les
acheteurs potentiels. Dans la mesure où ces derniers savent que le marché comporte des voitures
de mauvaise qualité, ils chercheront à les payer au prix correspondant à la qualité moyenne, ce
qui conduira les propriétaires de voitures de bonne qualité à les retirer du marché. En
contribuant à réduire de proche en proche la qualité moyenne des véhicules vendus, ce
processus peut finir par entraîner la disparition complète du marché des voitures d'occasion.

Source : A. Bozio et J. Grenet, Économie des politiques publiques, La Découverte, 2017

Questions :
1. Donnez des exemples d'asymétries d'information.
2. En vous appuyant sur l'exemple des voitures d'occasion, expliquez-en quoi la sélection
adverse est une défaillance du marché.

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TEXTE 3 : ...Et de l'aléa moral
L'aléa moral désigne une autre forme d'asymétrie d'information. Ce terme est apparu d'abord
dans le domaine des assurances : il désigne la possibilité qu'un individu assuré contre un risque
augmente sa prise de risque par rapport à la situation où il supporterait entièrement les
conséquences du sinistre. Il est par exemple probable qu'un individu au volant d'une voiture de
location conduise de manière moins prudente s'il est couvert par une assurance tous risques que
s'il est financièrement responsable de la totalité des dommages causés au véhicule.

Source : A. Bozio et J. Grenet, Économie des politiques publiques, La Découverte, 2017

Questions :
1. Donnez d'autres exemples d'aléa moral.
2. Quelles sont les conséquences possibles de cette situation pour le marché de l'assurance ?
3. Comment les compagnies d'assurance peuvent-elles se protéger contre cet aléa moral ?

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