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Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique


Université Mouloud Mammeri de Tizi-ouzou

Faculté des Sciences Economiques, des Sciences de Gestion et des sciences


commerciales

Département des Sciences Economiques

Mémoire :

En vue de l’obtention du diplôme de Magistère en sciences économiques


Option : Gestion des Entreprises

Thème :

Intégration économique régionale au


Maghreb : enjeux, contraintes et
perspectives

Présenté par :

TAMANI Fadhila
Devant le jury d’examen composé de :

Président : Mr SI MOHAMED Djamel, Maître de conférences « A », UMMTO

Rapporteur : Mr GUENDOUZI Brahim, Maître de conférences «A», UMMTO

Examinateurs : Mme AHMED ZAID Malika, Professeur, UMMTO

Mr OUKACI Kamel, Maître de conférences « A », Université

Abderrahmane MIRA, Béjaïa

Date de Soutenance :13/09/2012


Remerciements

Mes remerciements vont d’abord à Monsieur GUENDOUZI Brahim,


Maître de conférences à l’Université Mouloud MAMMERI de Tizi-
ouzou, qui m’a fait l’honneur de diriger mon travail, qu’il trouve
ici l’expression de ma profonde gratitude.
Mes remerciements vont également à ma famille, à ma cousine Ourida, à
ma belle sœur Chabha et à mes amis, notamment Lynda, qui m’ont
soutenu et aidé dans la réalisation de ce travail.
Je remercie aussi toute personne qui m’a aidé de près ou de loin dans la
mise au point de ce mémoire.

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Dédicaces

Je dédie ce modeste travail à :

 mes parents ;
 mes frères et sœurs ;
 mes enseignants.

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SOMMAIRE

INTRODUCTION GENERALE............................................................................... 02

PREMIERE PARTIE : Intégration économique régionale : de la théorie à la


Mise en pratique................................................................. 14
Introduction à la première partie................................................................................... 15
CHAPITRE 1 : Intégration économique régionale : essai de clarification du
Concept.............................................................................................. 17
Introduction................................................................................................................... 18
Section 1: Genèse et évolution de l’intégration économique régionale........................ 19
Section 2 : Les effets de l’intégration économique régionale : approche théorique..... 32
Section 3 : Régionalisation et mondialisation : deux dynamiques contradictoires
Ou faussement contradictoires ?................................................................. 45
Conclusion..................................................................................................................... 59
CHAPITRE 11 : Quelques expériences d’intégration régionale dans le monde... 61
Introduction................................................................................................................... 62
Section 1 : L’intégration régionale en Europe : l’Union Européenne.......................... 62
Section 2 : L’intégration régionale en Amérique : Accord de Libre Echange Nord
Américain................................................................................................... 81
Section 3 : L’intégration régionale en Asie : Association des Nations de l’Asie du
Sud Est........................................................................................................ 94
Conclusion..................................................................................................................... 104
Conclusion de la première partie............................................................................... 106

DEUXIEME PARTIE : Intégration économique régionale au Maghreb.............. 109


Introduction à la deuxième partie.................................................................................. 110
CHAPITRE 1 : Les principales caractéristiques des économies maghrébines..... 112
Introduction................................................................................................................... 113
Section 1 : Les potentialités physiques et humaines des pays du Maghreb.................. 114
Section 2 : Situation actuelle de l’ensemble des économies maghrébines................... 130
Conclusion..................................................................................................................... 173
CHAPITRE 11 : Le Maghreb entre intégration régionale Sud-Sud et
intégration régionale Nord-Sud................................................................................. 175
Introduction................................................................................................................... 176
Section 1 : Les expériences d’intégration régionale au Maghreb : le CPCM et
l’UMA....................................................................................................... 177
Section 2 : L’intégration de l’espace maghrébin : un bilan mitigé, pourquoi ?........... 201
Section 3 : Les accords d’association avec l’Union européenne et la Grande Zone
Arabe de Libre Echange............................................................................. 223
Conclusion..................................................................................................................... 256
Conclusion de la deuxième partie.............................................................................. 258

Annexes........................................................................................................................ 268
Bibliographie............................................................................................................... 279
Liste des illustrations.................................................................................................. 286
Liste des abréviations et des acronymes................................................................... 289
Table des matières....................................................................................................... 290

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LISTE DES ABREVIATIONS ET DES ACRONYMES

AFTA : Asia Free Trade Area


AGCS : Accord Général sur le commerce et les services
ALADI : Association Latino Américaine d’Intégration
ALENA : Accord de Libre-Echange Nord- Américain
APEC : Asia Pacific Economic Coopération (coopération économique pour l’Asie-
Pacifique)
ASEM: Asia Europe Meeting
ASEAN: Association of South- East Asian Nation
ASEAN + 3 : membres de l’ASEAN, plus les trois grands pays d’Asie du Nord-Est :
Chine, Corée du Sud et Japon
ABMI: Asian Bond Markets Initiative
ALE: Accord de Libre-Echange
CECA : Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier
CEE : Communauté Economique Européenne
CEPT : Commun Effective preferencial Tariff
CNUCED : Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement
CPCM : Comité Permanent Consultatif Maghrébin
COMECON: Council for Mutual Economic Assistance
FMI: Fond Monétaire International
GATT: General Agreement on Tariffs and Trade
GZALE : Grande Zone Arabe de Libre-Echange
ICM : Initiative Chiang Mai
IDE : Investissements Directs Etrangers
MERCOSUR : Mercado Comun del Sur (Marché Commun du Sud)
OECE : Organisation Européenne de Coopération Economique
OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economique
OMC : Organisation Mondiale du Commerce
PAS : programme d’ajustement structurel
PIB : produit intérieur brut
UE : Union Européenne
UMA : Union du Maghreb Arabe

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Introduction générale

Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, la mondialisation de l’économie s’est


imposée comme une réalité incontournable. En effet, la croissance du phénomène a connue
une accélération au début des années 1990 : la croissance spectaculaire des échanges qui a
systématiquement été supérieure à celle de la production mondiale, l’ampleur de la rapidité
des mouvements de capitaux et l’importance croissante des firmes multinationales en
attestent. Mais pour autant, ce mouvement ne s’est pas traduit par la constitution d’une vaste
zone d’échanges au sein de laquelle les facteurs de production ainsi que les biens et services
produits, circuleraient sans entraves et où les liens de proximité ne joueraient plus aucun rôle,
car, et dans le même temps, ce phénomène est accompagné de la polarisation géographique,
qui se traduit par la prolifération des initiatives tendant à intégrer progressivement des
économies à l’échelle régionale.

L’intégration régionale a connu une progression dans ses deux dimensions : dans sa
dimension institutionnelle par la multiplication des accords commerciaux régionaux : à ce
jour nous enregistrons plus de 200 accords régionaux notifiés à l’OMC, et dans sa
dimension économique, avec l’émergence de structures d’interdépendance plus étroite à
l’échelon de certaines régions. Aujourd’hui, un tiers du commerce mondial s’inscrit dans des
aires d’intégration régionale.

Ainsi, et selon HUGON (2001), intégration commerciale régionale, investissement


direct étranger, zone de libre échange, mondialisation, ouverture des marchés, accords
bilatéraux et multilatéraux, sont les concepts sur lesquels repose aujourd’hui la nouvelle
économie internationale.

L’intégration et la coopération régionales sont souvent privilégiées comme instrument


pour relever le défi du développement dans un monde en mutation accélérée, ce choix est
justifié par certains analystes du fait que les stratégies et démarches économiques élaborées
dans des cadres exclusivement nationaux, sont devenues obsolètes dans le contexte de
mondialisation, celle-ci relativise la portée des stratégies de développement autocentrées.

La prise de conscience des mutations dans l’économie mondiale qui ont affecté les
structures de production ainsi que les échanges, a poussé vers une appréhension plus réaliste
des bases nouvelles d’équilibre géopolitique et économique mondial, une meilleure

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intelligence de coopération et d’intégration économique régionale et une reconnaissance du
fait de la portée de la région dans une perspective d’intégration à l’économie mondiale. En
effet, la constitution des espaces économiques intégrés présente une voie, voir une étape pour
l’intégration à l’économie mondiale et donc un relais entre un monde vaste et complexe et des
Etats-nations plus petits.

Le mouvement d’intégration régionale ne constitue pas un phénomène récent, le


premier accord d’envergure de l’après guerre remonte à 1957, il s’agit du traité de Rome
signé entre six pays européens. L’engouement pour les accords régionaux est apparu un peu
plus tard dans les années 1960-1970, on parle de la première vague d’intégration. Ces accords
avaient, pour la plupart d’entre eux, pour objectif de contrebalancer l’intégration européenne
et acquérir plus de poids dans les négociations commerciales internationales.

Les accords régionaux de la première vague d’intégration ont, pour la plupart,


échoués notamment en Afrique et en Amérique latine. Les motivations qui sous-tendent les
mouvements récents d’intégration régionale sont différentes de celles observées dans les
années 1960 du fait du nouveau contexte économique et géopolitique. Aujourd’hui,
l’intégration régionale ne traduit pas un repli à plusieurs dans une structure indépendante du
reste du monde. En d’autres mots, l’intégration régionale ne signifie pas un refus de la
mondialisation comme cela a été le cas en Amérique latine dans les années soixante, la
dynamique d’intégration d’alors était fondée sur la théorie de la dépendance, et s’inscrivait
dans une logique de développement autocentré dont l’objectif était de réduire la dépendance
vis-à-vis de l’extérieur. La dynamique d’intégration avait donc pour objectif de se
déconnecter du marché mondial en reproduisant, au niveau régional, la stratégie
d’industrialisation par substitution des importations dont les barrières protectionnistes étaient
l’instrument privilégié. Le régionalisme de la deuxième vague d’intégration est plus ouvert, il
contribue à la création des conditions favorables à un resserrement des liens économiques
entre plusieurs pays afin de faciliter leur insertion dans les circuits mondiaux.

La seconde vague d’intégration s’amorce au tournant des années 1990 avec l’apparition
du Marché Commun du Sud signé en 1991, la signature d’un accord de libre échange entre
les pays de l’Asie du sud est (ASEAN) en 1991, la signature d’un accord de libre échange nord
américain (ALENA) en 1994 …etc. Le regain d’intérêt pour les accords régionaux est
expliqué essentiellement par deux éléments:

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 la fin de la guerre froide et du bipolarisme avec l’éclatement du bloc communiste, qui
ont contribué à l’apparition de nouvelles sources d’alliances régionales avec le retour
de la dimension naturelle des échanges ainsi, l’ancienne intégration politique est
remplacée par des accords commerciaux ;
 l’ordre économique mis en place le lendemain de la seconde guerre mondiale ne
répond plus aux exigences de la communauté internationale, les accords régionaux
seraient donc une réponse à cette carence.
Se sont autant d’éléments qui ont contribué soit directement ou indirectement à la
résurgence des accords régionaux et que nous aurons à étudier en détail.

L’intégration représente un paradigme moderne du développement. Elle est recherchée


aujourd’hui par la plupart des pays du monde, car le temps de vivre en « autarcie » est révolu.
C’est un phénomène qui dépasse les frontières des Etats. Des efforts sont fournis par ces
derniers pour renforcer les échanges fondés sur la proximité géographique, en formant un
ensemble économique intégré. L’intégration économique régionale est reliée, essentiellement,
au mouvement d’internationalisation de la vie économique et sociale que nous considérons
comme tendance objective de l’économie

L’intégration économique régionale peut être interprétée comme une volonté politique
de certains Etats de favoriser le développement de liens économiques avec des pays
généralement proches géographiquement, par la création de zones de libre échange, d’unions
douanières ou de tout autre accord de commerce préférentiel. Ce mouvement ne traduit pas un
repli à plusieurs dans une structure protégée du reste du monde, mais plutôt, une ouverture
plus approfondie au sein d’un groupe de pays afin d’affronter, dans de meilleures conditions,
l’intégration à l’économie mondiale.

Le regain d’intérêt que suscite l’intégration régionale depuis quelques années est un
phénomène constaté à l’échelle mondiale, inspiré par le succès de l’expérience européenne.
Les pays sont de plus en plus poussés - par l’étroitesse des marchés intérieurs ainsi que par les
limites naturelles des économies nationales - à conjuguer leurs efforts et rassembler leurs
potentialités afin de pouvoir surmonter les différentes contraintes économiques et sociales
auxquelles ils doivent faire face. Ils sont également encouragés par les retombées positives de
l’union et de la coopération régionales pour mieux affronter les défis du marché mondial.
Dans le cadre des accords régionaux, l’harmonisation des législations concernant les
investissements et les opérations financières, la libre circulation des biens, des services, des

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capitaux et des personnes et la coordination des efforts de recherche donnent aux entreprises
des pays membres, des marges de manœuvre plus grandes, la possibilité de tester leurs
produits et leurs méthodes sur un marché plus vaste que le marché national et de bénéficier
d’une base élargie pour engager leurs opérations internationales. Selon B. BEKOLO-EBE :
« les unions économiques sont devenues ces lieux où s’élaborent les nouvelles stratégies
concurrentielles, en donnant aux économies une capacité de négociation et d’imposition de
nouvelles règles et normes de concurrence et des bases de départ, ... pour conquérir des parts
de marché sur les marchés mondiaux ». (1)

Désormais, les entités régionales abandonnent la méthode consistant à dresser des


barrières pour protéger leurs firmes contre la concurrence étrangère, et mettent plutôt à leur
disposition des conditions leur permettant d’améliorer leur compétitivité.

Vu l’importance des effets des accords préférentiels en matière d’économies d’échelle,


de concurrence et d’investissement, peut-on considérer la constitution d’un ensemble régional
comme un passage obligatoire aujourd’hui pour pouvoir faire face aux défis de la
mondialisation ?

Le processus de regroupement qui aboutit à la naissance d’un bloc régional passe


toutefois par la satisfaction d’un certain nombre de conditions parmi lesquelles, nous citons :
 l’existence d’une volonté commune de regroupement des potentialités respectives de
chaque pays ;
 l’engagement sans réserve des Etats sur les plans économique, politique et social dans
tout projet de construction commune ;
 la stabilité politique considérée comme élément important pour la réalisation et la
réussite de tout processus d’intégration.

L’étude du phénomène d’intégration est liée à l’aspect théorique et aux explications


conceptuelles, c’est pourquoi nous exposerons les différentes visions et les soubassements
théoriques nécessaires pour la compréhension du phénomène. Le mouvement est également
relié au contexte historique dans lequel il a évolué et qui lui a conféré une évolution dans sa
conception, c’est ainsi que l’intégration régionale a connu un renouveau de sa conception
dans le contexte de mondialisation, car désormais elle concerne les flux de capitaux et de

(1)
B. BECOLO-EBE, l’intégration régionale en Afrique : caractéristiques, contraintes et perspectives, revue
monde en développent, N° 115/116, 2001, p.86.

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travailleurs, la mise en place d’un environnement institutionnel commun ou la coordination
des politiques permettant des convergences des économies et un ancrage des politiques
économiques. Ainsi, plusieurs conceptions ont émergé, il s’agit de l’intégration planifiée par
les Etats (conception volontariste), l’intégration par le marché (conception libérale),
l’intégration liée aux règles (conception institutionnelle), l’intégration suscitée par les acteurs
en position asymétrique et liée à des dynamiques territoriales (conception territoriale) et la
conception politique ou diplomatique.

Le principe de non discrimination constitue une base importante du système


commercial multilatéral représenté par l’organisation mondiale du commerce concernant les
échanges entre ses membres. Ce principe apparaît clairement dans la clause de la nation la
plus favorisée où tous les membres sont traités de la même manière. Le traitement préférentiel
accordé dans le contexte d’accords régionaux est une dérogation à cette clause, une
dérogation qui est prévue par l’article XXIV de l’Accord Général sur les Tarifs Douaniers
(GATT). Toutefois, l’importance croissante des accords conclus en matière de commerce
régional soulève des questions importantes : les accords préférentiels sont-ils compatibles
avec l’objectif du libre échange au niveau mondial ? Les membres de ces accords renoncent-
ils aux objectifs du multilatéralisme et au principe de libéralisation au niveau mondial ? En
tous les cas, les deux dynamiques sont fréquemment perçues comme contradictoires, la
mondialisation est censée refléter l’érosion des frontières, alors que l’intégration régionale
implique la volonté d’imposer de nouvelles frontières : la coexistence des deux dynamiques
constitue un paradoxe apparent.

En effet, leur coexistence fait objet de débat entre ceux qui pensent que les accords
régionaux représentent un fer de lance de la libéralisation et un signe encourageant de la
volonté des Etats à étendre et approfondir leurs relations avec leurs voisins, sans pour autant
renoncer à l’objectif du multilatéralisme qui est la libéralisation au niveau mondial, et ceux
qui tirent la sonnette d’alarme du fait que ces regroupements risquent d’évoluer vers un
monde dominé par des blocs commerciaux rigides en Europe, en Amérique et en Asie de
l’est, et qui ne feront qu’entraver le programme d’action multilatérale. Nous apporterons notre
contribution à ce débat, en cherchant à comprendre les mécanismes, les effets et la réalité des
regroupements régionaux à travers leurs échanges commerciaux et leurs investissements
directs étrangers.

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Les accords régionaux se sont multipliés aussi bien entre pays développés qu’entre
pays en développement. Désormais, ces accords accaparent une part importante du commerce
mondial et menacent, de ce fait, les nations qui en sont exclues. L’intégration régionale
présente de multiples avantages pour les pays en développement, celle-ci peut aider bon
nombre de pays à surmonter les difficultés relatives à l’étroitesse de leurs marchés nationaux,
en permettant à leurs producteurs de réaliser de plus grandes économies d’échelle et de
bénéficier de la mise en place d’infrastructures au niveau régional. Par ailleurs, la mise en
place d’accords régionaux implique l’adoption d’une approche régionale dans certains
domaines clés comme l’harmonisation des tarifs douaniers, la réforme du cadre légal et
réglementaire, la restructuration du secteur financier, l’harmonisation des incitations à
l’investissement…etc. Ce qui permettra aux pays membres de se doter de moyens
institutionnels et humains permettant d’être plus compétent qu’en agissant seul, et par la
même, d’être mieux préparé pour relever les défis de la mondialisation. Ainsi, en Amérique
Latine, certains accords régionaux, tel que le Marché Commun du Sud (MERCOSUR),
répondent au souci d’asseoir la crédibilité des réformes engagées et d’en maintenir la
dynamique.

Nous procèderons, dans ce travail, à l’étude de quelques expériences d’intégration de


différents niveaux. Celles-ci nous permettrons de comprendre leurs mécanismes de
fonctionnement et les raisons qui ont poussé les pays à se regrouper. Nous pourrons aussi
répondre à un certain nombre de questions tel que : pourquoi certains regroupements ont
réussi leur intégration et d’autres peignent à y arriver ? Les raisons d’ordre économique sont-
elles toujours derrière la constitution de chaque regroupement ? Pour y répondre, nous aurons
à étudier l’Accord de Libre Echange Nord Américain (ALENA). Rampant avec la tradition, les
Etats-Unis ont négocié des accords de libre-échange avec Israël et le Canada et ils ont ouvert
la voie de l’ALENA, fruit de leur collaboration avec le Canada et le Mexique. Nous mettrons
en évidence, dans ce travail, une expérience d’intégration exemplaire, c’est celle de l’Europe
qui ne cesse d’accueillir de nouveaux membres en son sein et resserre les liens politiques
entre tous ses membres. Ainsi, est née l’Union Européenne, cette dernière est bâtie et
développée sur le long terme, renforcée par une volonté politique, soutenue par des objectifs
ambitieux. Nous étudierons également une autre expérience d’intégration régionale entre pays
en développement, il s’agit de l’Association des Nations de l’Asie du Sud Est (ANASE).

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Devant les unions qui se font un peu partout dans le monde, l’union économique du
Maghreb est devenue impérative, elle permettra de :
 conforter l’insertion du Maghreb dans le commerce mondial : l’intégration maghrébine
pourra susciter une nouvelle dynamique des échanges et accroître l’attractivité de la
région pour les investissements directs étrangers, ce qui favoriserait l’apparition de
nouvelles formes de spécialisation dans la région et induire une allocation optimale
des facteurs de production et de dynamiser la croissance dans les pays de la région ;
 crédibiliser le partenariat avec l’Union Européenne : les accords d’associations signés
avec l’UE seraient plus avantageux s’ils sont accompagnés d’une intégration du
Maghreb notamment de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie ;
 atténuer les effets de l’élargissement de l’UE tel que le détournement des flux
d’échanges et d’investissements au profit des nouveaux pays membres, mais
également diminuer la concentration des échanges commerciaux du Maghreb vers et
en provenance de l’UE.

A la lumière des mutations rapides que connaît le monde et des crises dont l’impact
sur les économies maghrébines est certain, le choix du thème semble opportun pour tenter
d’identifier des solutions permettant de consolider les efforts vers une intégration de ces
économies. L’isolement actuel des pays du Maghreb ne peut être interprété que comme un
signe de faiblesse et de déclin.

Après leurs indépendances, les Etats maghrébins ont opté pour des régimes
économiques centralisés et dirigistes. Mais l’évolution économique des trois principaux pays
du Maghreb a connu différentes trajectoires en fonction des modèles de développement
adoptés et qui comportent de vastes programmes d’investissement. Ce choix était motivé par
une conjoncture internationale favorable. L’Algérie a opté pour une politique
d’industrialisation en jetant les bases d’une industrie lourde. Les modèles marocain et tunisien
s’insèrent dans le cadre de la division internationale du travail, il s’agit de l’industrialisation
par substitution aux importations pour le Maroc et d’une politique de spécialisation à
l’exportation pour la Tunisie.
La réalisation des programmes de développement a nécessité beaucoup de capitaux et
le recours massif à l’endettement extérieur. Les pays Maghrébins se sont vite retrouvés dans
des difficultés de remboursement de leurs dettes. Les changements survenus dans
l’environnement économique international, notamment, la hausse des taux d’intérêt,

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l’effondrement des cours de pétrole et du dollar ont eu des conséquences graves sur les
économies maghrébines.

Le poids de plus en plus accru du service de la dette, l’intensification des tensions


sociales et le tarissement des financements extérieurs ont poussé les trois pays au bord de
l’étranglement financier. Ainsi, les stratégies menées jusque là ont été remises en cause.

Cette situation a obligé les économies des trois pays à se soumettre aux programmes
d’ajustement structurel (PAS) imposé par le FMI en vue de restaurer les grands équilibres
macro-économiques et financiers et le retour à la croissance. Le Maroc, la Tunisie et l’Algérie
ont respectivement signé leurs premiers PAS avec le FMI en 1980, 1986 et 1989.

Pendant la décennie quatre-vingt et après avoir constaté l’échec de leurs politiques au


plan interne comme au plan externe, l’accumulation des crises sociales, les Etats maghrébins
ont porté leur intérêt sur la relance de l’idée de la construction maghrébine qu’ils avaient
délaissé pour se préoccuper de leurs intérêts immédiats. Sachant aussi que les légitimités
politiques adoptées après l’indépendance basées sur le nationalisme, ont connu leurs limites,
notamment dans le contexte de mondialisation. Comme le note A.EL.KENZ : « …, les
pouvoirs locaux du Maghreb retournent vers l’espace régional dont-ils avaient sous-estimé le
rôle et qu’ils avaient sacrifié pour des intérêts étroits et des objectifs à court termes, d’autant
plus que les légitimités politiques post-indépendance, libérales ou étatistes, s’étaient
enfermées dans des logiques nationale rapidement dépassées par le processus de
mondialisation non seulement des flux économiques mais aussi des mouvements culturels et
sociaux des systèmes d’information et communication »(1).

C’est dans ce contexte de crise économique et d’isolement politique, que les Etats
maghrébins vont tenter de relancer la construction maghrébine en signant le traité de
Marrakech en février 1989 et la création de l’Union du Maghreb Arabe (UMA).
A ce titre, l’intégration économique régionale entre pays du Maghreb est-elle
possible ?
Malgré le rétablissement de la solvabilité externe, jusqu’à l’heure, le processus de
stabilité macro-économique n’a pas eu d’effets escomptés en matière de croissance, cette
dernière reste toujours fragile, d’un caractère cyclique et insuffisante pour faire face aux défis

(1)
A. El-KENZ, Le Maghreb, d’un mythe à l’autre, in S. AMIN (sous la dir.), Le Maghreb : enlisement ou
nouveau départ?, éd. L’Harmattan, Paris,1996, p.

13
qui se présentent. Les pays Maghrébins éprouvent beaucoup de difficultés à relancer
l’investissement productif et représentent une attractivité encore insuffisante pour les IDE.
Cette situation nous amène à poser une question qui constitue le centre de gravité du présent
travail :
La construction d’une entité régionale et maghrébine constitue-t-elle une réponse à la
crise des économies maghrébines ? Quelles seront les opportunités que pourrait apporter une
alliance régionale au plan économique, politique et social ?

Nous avançons l’hypothèse qu’un Maghreb économiquement puissant ne peut se


concevoir sans la présence d’un grand marché susceptible d’entraîner de significatives
économies d’échelle, indispensables dans un univers de compétitivité économique ouverte,
qui aurait l’effet d’attirer les investissements directs étrangers, faciliterait la spécialisation et
susciterait une nouvelle dynamique des échanges.

La charte de Marrakech de 1989 a jeté les bases de la création d’une entité régionale
regroupant l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, la Libye et la Mauritanie, selon une séquence qui
avait été définie dans le traité de Rome de 1957, elle prévoyait une progression allant de la
formation d’une zone de libre échange à celle d’une union économique.

A ce jour, aucune de ces étapes n’a été franchie dans la réalité. Un vide demeure au
niveau des réalisations concrètes, et les nombreux travaux préparatoires effectués par les
responsables maghrébins se sont révélés des démarches sans issue. Quels sont les blocages à
la réalisation d’une intégration économique entre les pays maghrébins, alors que les
observateurs et les opérateurs sont unanimes à penser que la mise en place d’un vaste marché
intégré donnerait à l’attractivité de la région une très forte impulsion ?

L’objectif du présent travail est de montrer que la mise en place d’une dynamique
d’intégration régionale pourra contribuer à la sortie de crise de ces économies, car en plus des
avantages qu’elle présente, elle devrait conférer plus de crédibilité à la stratégie d’ouverture
entamée par ces pays, notamment dans le cadre du partenariat euro méditerranéen.

En effet, malgré les atouts de son homogénéité géographique, économique, culturelle


et linguistique, les pays du Maghreb ont choisi la recherche d’alliances et d’axes de
coopération en dehors de la région pour bénéficier de leurs avantages comparatifs. Les pays
du Maghreb se sont engagés dans une autre expérience d’intégration Sud-Sud qui est celle de

14
la constitution d’une Grande Zone Arabe de Libre Echange (ZALE), mais aussi dans une
intégration de type Nord-Sud représentée par la zone euro-méditerranéenne.

Les trois pays du Maghreb central : la Tunisie, le Maroc et l’Algérie se sont engagés
dans un processus d’intégration économique régionale à travers des accords d’association
signés avec l’Union Européenne respectivement en Mars 1998, Mars 2000 et Septembre
2005. Ces accords organisent sur une base contractuelle, les relations entre l’Union et chacun
des pays de la rive sud de la Méditerranée, et étendent le champ de la coopération non
seulement aux échanges commerciaux et à l’assistance financière, mais aussi, à la coopération
institutionnelle, au dialogue politique et aux politiques migratoires, sociales et culturelles.
Ainsi, ces accords prévoient la mise en place d’une zone de libre échange sur une période de
transition de douze ans, la mise en place d’un cadre de dialogue politique ainsi qu’une clause
protégeant les droits de l’homme, imposent à terme la libre circulation des capitaux, la
convertibilité des monnaies, l’application des règles de la concurrence et établissent le cadre
d’une coopération renforcée dans les domaines économique, social et culturel financée par des
fonds communautaires.

A ce titre, dans quelles conditions la construction euromaghrébine est-elle possible ?


Les pays du Maghreb, ne devraient-ils pas réaliser l’intégration de leurs économies avant de
rejoindre l’espace européen qui constitue une zone intégrée ? Comment concilier intégration
maghrébine et intégration à l’union européenne ?

Telles sont les questions qui guideront notre recherche et auxquelles nous tenterons
d’apporter quelques éléments de réponses. A cette fin, nous avons utilisé une liste
bibliographique constituée d’un ensemble d’ouvrages et notamment d’articles de différentes
revues et de documents divers concernant des forums, des rapports, des séminaires et des
études réalisées pour le compte de la commission économique pour l’Afrique, de la
commission européenne, du FEMISE, de la commission économique de la Ligue Arabe, des
publications de certains groupes de recherche comme le Groupe de Recherche sur
l’Intégration Commerciale (GRIC), le Groupe de Recherche sur l’Intégration (GDRI). Nous
avons également exploité un ensemble d’informations et des documents présentés par le
ministère des affaires étrangères. Quant aux statistiques, nous avons procuré quelques unes
auprès de l’Office National des Statistiques et d’autres en utilisant les sites internet des
organismes de statistiques de chacun des pays du Maghreb.

15
Notre travail est divisé en deux parties. Dans la première, il sera question d’un essai de
clarification du concept, définir ses objectifs et les différentes formes de l’intégration
économique régionale dans le premier chapitre. Nous analyserons ensuite les théories de
l’intégration régionale à travers l’étude des effets des accords régionaux, et comme dernier
point du chapitre, le lien qu’entretiennent les deux mouvements de mondialisation et
régionalisation.

Nous présenterons, dans le deuxième chapitre, quelques expériences d’intégration


économiques régionales à travers l’étude de la genèse et l’évolution de chaque regroupement,
leurs objectifs, le contenu de chacun des accords ainsi que leur contribution au développement
de chacune des régions, il s’agit de l’Union Européenne, de l’Accord de Libre Echange Nord
Américain et de l’Association des Nations de l’Asie du Sud Est.

Dans la deuxième partie, il sera question d’analyser la construction maghrébine après


avoir présenté les caractéristiques des économies des cinq pays du Maghreb dans le premier
chapitre. Ainsi, le chapitre sera abordé par une définition des potentialités physiques et
humaines de chacun des pays : la situation géographique, les ressources naturelles, l’évolution
de la population. Nous procéderons, dans une deuxième section, à la présentation de la
situation économique actuelle de chacun des pays : l’état des équilibres macroéconomiques,
les caractéristiques de la croissance des économies maghrébines, l’état des investissements
directs étrangers dans la région, et comme dernier point de la section, nous étudierons l’état
des échanges commerciaux par type de spécialisation, nous verrons également les principaux
partenaires commerciaux des pays de la région.

Dans le deuxième chapitre, nous aurons à étudier les engagements de la région dans
des processus d’intégration régionale, en commençant par étudier l’intégration au sein même
de la région et dans une première section réservée aux expériences d’intégration régionale au
Maghreb à travers le Comité permanent consultatif maghrébin (CPCM) et l’Union du
Maghreb Arabe (UMA). Dans la deuxième section, il sera question du bilan de l’intégration
maghrébine et les raisons du blocage du processus de construction de l’espace maghrébin et
qui sont d’ordre économiques, politiques et institutionnelles. Dans un dernier point de la
section, nous présenterons quelques tentatives pour redonner un nouveau souffle à la
construction.

16
Dans la dernière section du chapitre, nous verrons les autres tentatives d’intégration
transrégionales, il s’agit d’une intégration nord-sud, dans le cadre du partenariat euro-
méditerranéen et les accords d’association signés entre l’Union européenne et chaque pays de
la rive sud de la méditerranée, le contenu de ces accords, le bilan du processus et les
retombées de la future zone de libre-échange sur les économies du Maghreb (risques et
bienfaits), et dans un deuxième point, nous présenterons une autre expérience d’intégration
sud-sud et à laquelle les pays du Maghreb ont adhéré, il s’agit de la Grande Zone Arabe de
Libre Echange, les potentialités physiques et humaines de la zone, le contenu de l’accord de
libre-échange, le degré d’impact de la zone sur le développement de la région. Le dernier
point de la section concerne les perspectives et quelques recommandations pour sortir du
blocage actuel et relancer l’intégration maghrébine.

17
Première partie : Intégration
économique régionale : de la théorie à la
mise en pratique
Introduction à la première partie :

Dès le début des années 1960, on assiste à une vague d’accords régionaux
notamment en Europe, en Afrique et en Amérique Latine, mais la plupart de ces accords
ont échoué, c’est le cas de l’Association Latino-Américaine de Libre Echange créée en
1960 et du Marché Commun Centre-Américain. L’échec des regroupements des années
1960 et 1970 est expliqué par la conjugaison de trois facteurs :

 l’adoption d’une politique économique autocentrée qui a conduit à une sous-


utilisation massive de la capacité de production et un manque de compétitivité,
l’innovation technologique défavorisée et les activités tournées vers l’exportation
découragées ;
 l’absence des préalables requis comme l’Etat de droit, la stabilité macro-
économique et monétaire, la stabilité structurelle ;
 la structuration insuffisante des institutions qui sont dotées de secrétariats peu actifs
et de pouvoir pratiquement inexistants.

Dans les années 1980, le phénomène prend de l’ampleur. On assiste à une vague
d’accords régionaux un peu partout dans le monde, notamment avec la participation des
Etats-Unis à des accords d’intégration régionale, en signant un accord de libre-échange
avec Israël et un autre accord de libre-échange avec le Canada en 1985, étendu par la suite
au Mexique pour créer un Accord de Libre Echange Nord Américain (ALENA) en 1994.

La prolifération des accords régionaux peut être expliquée, en partie, par une
certaine désillusion vis-à-vis des négociations multilatérales de plus en plus longues et
complexes. Elle est aussi expliquée par la progressive reconnaissance des « biens-faits » du
régionalisme après avoir constaté le rôle qu’a joué ce dernier dans l’accélération des
échanges et des investissements au sein de la communauté européenne.

Avec l’accélération du processus et des initiatives d’intégration dans le monde, une


question mérite d’être posée : la prolifération des accords régionaux ne fait-elle pas
obstacle à la libéralisation des échanges au niveau mondial ?
Nous tenterons de répondre à cette question après avoir présenté les différentes
conceptions de l’intégration régionale, nous essayerons de présenter une définition claire
du phénomène, ainsi que les formes qu’il peut prendre à savoir :

19
 l’intégration par le marché : qui peut être une zone de libre échange, une union
douanière, un marché commun et une union économique et totale ;
 l’intégration par la production : qui peut prendre deux formes, soit par la
spécialisation, soit par la coproduction.

Nous analyserons également les effets de l’intégration économique régionale à


deux niveaux : au niveau statique et au niveau dynamique.
Nous étudierons dans cette partie trois expériences d’intégration régionale dans le
monde, en se basant sur une expérience exemplaire qui est celle de l’Union Européenne
(UE) ; une intégration considérée comme la plus avancée dans le processus d’intégration et
la plus réussie. Une autre expérience nous semble également intéressante à étudier car elle
représente un exemple d’intégration entre pays inégalement développés, il s’agit de
l’Accord de Libre Echange Nord Américain, un accord considéré comme réponse aux
regroupements en Europe et en Asie. Notre choix s’est porté sur une troisième expérience
d’intégration d’un autre type, c’est celle des pays en développement, il s’agit de
l’Association des Nations de l’Asie du Sud Est (ASEAN).

Cette première partie sera donc scindée en deux chapitres, dans le premier, il sera
question d’un essai de clarification du concept d’intégration, de la présentation des théories
de l’intégration régionale et de la tentative de compréhension de la coexistence des deux
phénomènes de mondialisation et de régionalisation. Dans le deuxième chapitre, nous
présenterons trois expériences d’intégration régionale, il s’agit de l’Union Européenne, de
l’Accord de Libre Echange Nord Américain et de l’Association des Nations de l’Asie du
Sud-Est.

20
Chapitre I : Intégration économique
régionale : essai de clarification du
concept
Introduction :

L’intégration est un processus qui a toujours existé, étant donné que les peuples se
sont rapprochés sous différentes formes. Celles-ci sont allées, des formes brutales de
guerre, aux formes douces d’échanges commerciaux. Les Etats se sont toujours efforcés
de réduire ou d’éliminer, sur une base mutuelle, les obstacles à leurs échanges. Cependant,
l’intégration régionale sous sa forme actuelle est une révolution post industrielle. Elle est
caractérisée par la libre circulation des marchandises, des services, des capitaux, des
personnes, des idées, du savoir, des valeurs et de la culture, à travers la suppression
progressive des frontières identifiables des Etats nations.

Après la seconde guerre mondiale, une intense activité d’intégration régionale


s’est développée parallèlement au développement du système commercial multilatéral au
sein du GATT. La majeure partie des accords d’alors, incluaient des pays signataires du
GATT ou des pays membres de l’O.C.D.E. Le GATT a ainsi reçu 98 notifications d’accords
régionaux entre 1948 et 1994, 11 accords supplémentaires furent notifiés au titre de la
clause d’habilitation (1) par les pays en voie de développement.

L’intégration régionale lie, généralement, des pays proches géographiquement


entre lesquels les relations économiques tendent à s’affranchir des frontières politiques. Le
phénomène devient de plus en plus complexe avec l’élargissement de son champ
d’intervention - les accords favorisent l’intensification de l’ensemble des flux
économiques à savoir les biens et les services, les investissements directs et les capitaux
financiers - et l’implication des pays géographiquement distants. Nous allons donc tenter
de cerner le phénomène d’intégration régionale à travers la définition du concept, de ses
caractéristiques et de ses objectifs.

L’intégration économique régionale se présente sous des formes variées, mais qui
ont toujours pour finalité, de lever les obstacles aux échanges à l’intérieur d’une zone
donnée.

(1)
La clause d’habilitation est une décision adoptée par le conseil général du GATT en 1979, et qui autorise
ses membres à accorder un traitement différencié et plus favorable aux pays en développement en dérogeant
à la clause de la nation la plus favorisée

22
Le chapitre comporte aussi une approche théorique de l’intégration régionale
laquelle est basée sur l’étude des effets de l’intégration sur les courants d’échanges, sur la
consommation, sur les termes de l’échange, sur les investissements, la performance et la
compétitivité de la zone.

Ainsi, le chapitre est scindé en trois sections. Dans la première section nous
présenterons une définition claire du phénomène, les différentes conceptions, les
caractéristiques et les objectifs de l’intégration économique régionale. La deuxième section
constitue l’approche théorique de l’intégration régionale, à travers l’étude de son impact
sur le bien-être. Ses effets sont présentés sous deux aspects, le premier est statique et le
second est dynamique. La troisième section se portera sur le lien qu’entretiennent la
mondialisation et la régionalisation pour comprendre la réalité des deux mouvements, une
réflexion qui sera précédée par la présentation des caractéristiques de la deuxième vague
d’intégration qui a été déterminante dans l’évolution de l’intégration régionale et les
raisons de cet engouement pour les accords à cette période (1980-1990).
, cohabitent- ils
Section 1 : Genèse et évolution de l’intégration économique régionale

La première trace d’un accord commercial régional remonte au 16ème siècle. Des
négociations eurent lieu entre l’Angleterre et l’Ecosse et aboutirent à la signature d’un acte
établissant une union économique et politique entre ces pays. En France, suite à la
révolution, toutes les provinces formèrent une union douanière. En Allemagne, 18 petits
Etats formèrent le Zollverein entre 1818 et 1834, une union douanière qui a précédé
l’unification allemande. La Confédération suisse fut fondée comme une union économique
en 1848. Les Etats italiens formèrent une union douanière entre 1860-1866. La Norvège et
la Suède formèrent une union douanière en 1874-1875.

La constitution de blocs économiques régionaux est apparue avec la signature du


Traité de Rome en 1957, formant la Communauté Economique Européenne. Une multitude
d’accords ont été signés, par la suite, notamment au sein des pays en développement, en
Afrique et en Amérique latine. Ces accords ont constitué la première vague d’accords
régionaux qui n’a pas connu de succès. A partir des années quatre-vingt-dix, un regain
d’intérêt pour les accords régionaux a été constaté. Plusieurs pays forment ou rejoignent un
accord régional, il s’agit de la seconde vague d’intégration.

23
C’est ainsi que le phénomène a connu une évolution dans sa conception, dans son
contenu et parfois même dans ses objectifs. Nous tenterons de présenter, dans cette section,
une définition claire du phénomène pour lever la confusion qui existe dans l’utilisation des
termes tels que le régionalise, la régionalisation et l’intégration régionale. Une typologie
conceptuelle est nécessaire, étant donné l’évolution qu’à connu l’intégration dans le
contexte de mondialisation. Il existe une conception libérale, une conception volontariste,
une conception industrielle et territoriale, une conception institutionnelle et une conception
diplomatique et politique. Nous présenterons ensuite les différentes formes d’intégration
régionale selon K.S.OUALI, celles-ci sont divisées en deux principales formes, il s’agit de
l’intégration par les marchés et l’intégration par la production.

1-1 Définition du concept, ses caractéristiques et ses objectifs

Avant de définir le concept d’intégration économique régionale, il y’a lieu de


signaler le foisonnement des termes se rapportant à notre thème dans la littérature
française. Ceux qui reviennent de façon récurrente sont les suivants : la régionalisation, le
régionalise et l’intégration économique régionale, ce qui nous amène à poser la question
suivante : ces termes sont-ils équivalents ou désignent-ils une réalité spécifique ?

Dans tous les cas, une confusion est constatée quant à l’utilisation de ces termes, ce
qui laisse penser qu’ils sont équivalents et ne qualifient pas une réalité spécifique. Une
typologie permet d’atteindre une convention, Celle - ci revient sur la définition de deux
grands piliers constitutifs du processus régional, il s’agit du pilier économique et du pilier
institutionnel, ces deux derniers se combinent ou non selon le lieu et le moment (1)

1-1-1 Le pilier économique


Un processus régional se traduit par une réalité économique, quand les flux
économiques - qu’ils s’agissent des biens, des investissements directs, des facteurs de
production ou de monnaie - entre les pays d’une région se caractérisent par une concentration.
Autrement dit, ces flux représentent une intensification plus que proportionnelle à celle
engendrée entre ces pays et le reste du monde, alors on considèrera qu’il existe un processus
de régionalisation au sein de cette zone. Ceci correspond à la « région économique naturelle »
proposée par KRUGMAN (1991). Plusieurs études, menées par certains économistes comme
(1)
L.GUILHOT, L’intégration régionale de l’ASEAN+3 : la crise de 1997 à l’origine d’un régime régionale,
Thèse de Doctorat en sciences économiques, Université de Grenoble, 2008, p.36.

24
FRANKEL et ALII en 1995, SOLOAGA et WINTERS en 2001, considèrent que « la
régionalisation est le produit d’un phénomène structurel lié à un ensemble de facteurs de
proximité : l’importance des coûts de transport, la similitude des goûts, des modes de
consommation, les liens culturels, historiques et linguistiques, la similarité des systèmes
politiques, des structures économiques, des niveaux de vie et des politiques
(1)
commerciales… » .

La concentration des relations économiques au sein d’une région, peut également


être le produit de la régionalisation des unités de production des firmes telle que définie
par NICOLAS « la régionalisation correspond (…) à l’émergence de structures
d’interdépendance plus poussée entre diverses économies d’une même région et résulte ce
faisant de stratégies conçues à l’échelle régionale par les firmes » (2). La plupart des firmes
multinationales, selon KRUGMAN (2005 et 2008), adoptent une stratégie régionale en
mettant en place, au niveau régional, une stratégie de segmentation des processus
productifs, en prenant en compte les avantages comparatifs propre à chaque pays membres
de la zone. Cette stratégie renforce les relations économiques entre les pays appartenant à
la même zone.

1-1-2 La coordination institutionnelle


Dans ce cas, le régionalisme désigne le pilier institutionnel de l’intégration
régionale. Le régionalisme est défini comme étant « une construction politique menée par
les Etats en vue de coordonner leurs relations » d’après MASWOOD, BRESLIN et ALII,
HUGON et d’autres auteurs.

Ainsi, nous qualifions de « régionalisation » un processus régional qui se


caractérise par une concentration des flux économiques. Le « régionalisme » quant à lui,
désigne un processus de construction politique : des règles communes sont instaurées par
des Etats voisins qui n’entretiennent pas de relations économiques plus intenses entre eux
qu’avec le reste du monde. Ainsi les deux termes sont différents du fait que « La
régionalisation rend compte des situations dans lesquelles l’intensification des flux ne
s’accompagne pas de processus de construction institutionnelle. Le régionalisme rend

(1)
FRUDENBERG et ALII, cité par L.GUILHOT, op.cit, p.36.
(2)
NICOLAS, cité par L.GUILHOT, op.cit, p.36.

25
compte de constructions régionales sans pour autant que les relations économiques
s’intensifient. » (1).

Le croisement des deux dimensions institutionnelle et économique, montre que


l’intégration économique régionale peut être interprétée comme une combinaison de
« régionalisation » et de « régionalisme ». Ainsi, on parle d’intégration économique
régionale, si la région enregistre une concentration des flux entre les nations qui la
compose et une mise en place d’une coordination institutionnelle et formelle instaurant des
règles communes de façon durable.

1-1-3 Définition de l’intégration économique régionale


Par ce qui précède, on peut définir l’intégration économique régionale, comme un
processus par lequel deux ou plusieurs partenaires, cherchent à réduire ou à éliminer
progressivement les discriminations dans leurs rapports économiques et la mise en
commun d’une partie de leurs ressources.

L’intégration est aussi définie comme un processus de construction d’un espace


économique régional, qui repose sur la convergence dans l’action entre différents pays. Ces
derniers, devraient coopérer et adopter les nouvelles conditions de croissance en conciliant
les objectifs de la région et les intérêts propres à chaque pays membres. L’intégration
conduit, dans certains cas, les pays membres à renoncer aux liens traditionnels qui les lient
avec leurs anciens partenaires dans le domaine économique.

L’OMC définit l’intégration régionale comme « les mesures prises par les
gouvernements pour libéraliser et faciliter le commerce à l’échelle régionale, parfois au
moyen de zones de libre-échange ou d’unions douanières » (2)

L’intégration économique régionale est donc volontaire, construite sur une base
collective, recouvrant la mise en œuvre d’un processus de construction communautaire.
Elle est généralement fondée sur un espace de proximité géographique.

La définition de l’espace géographique et physique est considérée comme support


aux activités à intégrer. L’espace, d’après certains auteurs, constitue un élément primordial

(1)
L. GUILHOT, op.cit, p.41
(2)
Site de l’OMC sur http// www.wto.org

26
dans l’émergence du sentiment d’appartenance culturelle et politique à un ensemble
déterminé et d’une vision partagée de l’avenir.

L’intégration régionale, à partir des années 1990, concerne des domaines nouveaux
comme l’investissement, la concurrence, les normes techniques, les normes de travail ou
les règles en matière d’environnement.

D’après certains auteurs, les motivations économiques ne sont pas suffisantes pour
s’engager dans un processus d’intégration, la dimension politique constitue toujours une
base et un mobile de regroupement, ce que nous aurons à démontrer à travers l’étude des
expériences d’intégration régionale.

Parmi les principales caractéristiques des accords économiques régionaux nous


citons :

 les accords régionaux rassemblent, pour la plupart, des pays voisins, d’où le terme
régional. Plusieurs raisons expliquent ce choix, nous citons principalement (1) :
 l’intégration entre pays voisins est considérée comme un moyen de
réduire les risques de conflits, elle permet de remplacer d’anciennes
tensions par un cadre institutionnel qui favorise la coopération, c’est
le cas de certains pays d’Europe ;
 l’intégration entre pays voisins, permet de réduire les coûts de
transaction résultant des formalités aux frontières et constituant un
véritable obstacle au commerce ;
 l’intégration permet de constituer un marché régional pour certains
produits qui ne sont pas échangés avec le reste du monde pour des
raisons de goûts ou de coûts de transport excessifs ;
 l’intégration permet d’intensifier la coopération car il y a une
meilleure connaissance du marché des pays voisins.
 les accords d’intégration régionale se chevauchent le plus souvent, car de nombreux
pays dans le monde appartiennent à plusieurs accords régionaux. Cette situation permet
aux Etats concernés, de combiner l’accès à de multiples marchés et d’effectuer leurs
approvisionnements sans droits, auprès de multiples sources. La combinaison d’un certain

(1)
M. schiff x A. winters, intégration régionale et développement, éd. Economica, 2003, pp. 81-82

27
nombre d’accords, selon WINTERS, remplacerait efficacement le libre-échange. (1) Si nous
prenons le CHILI, il est membre du Forum de Coopération Economique Asie Pacifique
(APEC), de l’Association Latino-Américaine d’Intégration (ALADI), comme il a signé
plusieurs accords bilatéraux avec l’Argentine, la Bolivie, le Canada, la Colombie,
l’Equateur, le MERCOSUR, le Mexique, le Pérou, l’union Européenne et le Venezuela. Au
total, le Chili fait partie de douze accords commerciaux. L’Union Européenne a conclu un
grand nombre d’accords avec des pays européens et méditerranéens en plus des tarifs
préférentiels accordés à tous ses partenaires commerciaux. Le chevauchement des accords
en Afrique est encore plus apparent (voir annexe 1)
 les accords régionaux sont discriminatoires car des facilités sont accordées aux
pays associés à l’accord sans les pays tiers, par exemple l’accès au marché intérieur.

L’objectif des pays ayant opté pour la signature d’accords régionaux, dans le
domaine économique, est l’organisation de la production et le développement des échanges
intra-régionaux par l’intégration des économies. La recherche d’économies d’échelle
constitue un argument appréciable, notamment pour les pays à marchés étroits. Certains
investissements ont besoins d’un grand marché pour être rentable : l’élargissement de
marché implique une forte demande, les firmes vont pouvoir augmenter leur production et
étaler leurs coûts fixes sur un grand nombre d’unités produites.

Dans un contexte de mondialisation des économies, les Etats préfèrent s’organiser


autour d’un bloc régional pour mieux affronter les effets de la mondialisation.

L’intégration économique régionale, dans le cadre de la deuxième vague, a


impliqué de nombreux pays en développement. Ces derniers ont multiplié leurs efforts en
matière d’intégration pour plusieurs raison, notamment pour :

 accroître la taille de leurs marchés et renforcer leur sécurité d’accès aux marchés de
leurs principaux partenaires commerciaux, pour bénéficier des avantages découlant
des échanges comme suite à la rationalisation et à la spécialisation de la production
au niveau régional, ce qui permet l’amélioration du bien être national.
 atteindre d’autres objectifs dans le domaine des politiques commerciales et
économiques. Les arrangements régionaux ont été considérés comme un moyen
d’atteindre des objectifs en matière de politiques commerciales et économiques

(1)
Cité par schiff x A. winters, op. cit, pp. 84-85

28
comme l’équilibre des balances commerciales et courantes, faire face aux chocs
extérieurs, et de façon générale, réaliser une croissance économique durable
 renforcer la cohésion politique entre les pays membres. Les pays en
développement, considèrent l’intégration comme un moyen de promouvoir une
collaboration politique étroite, de parvenir à un consensus sur les questions
d’intérêt commun et surmonter les difficultés extrarégionales en se dotant d’un
pouvoir collectif de négociation.

1-2 Typologie conceptuelle de l’intégration

Le renouveau du régionalisme dans un contexte de mondialisation a conduit à


l’émergence de plusieurs conceptions à côté des anciennes, il s’agit de la conception
libérale, la conception volontariste, la conception industrielle et territoriale, la conception
géographique, la conception institutionnaliste et de la conception diplomatique ou politique
(HUGON, 2003) (1)

1- La conception libérale : l’intégration régionale est une libéralisation des échanges


et des facteurs de production par le marché, suite à une intégration commerciale
dans le cadre d’une intégration mondiale. Elle est considérée comme un moyen de
réduire les distorsions des politiques nationales et de se rapprocher du marché
mondiale à travers le déplacement des frontières. La théorie statique (VINER, 1950)
met en relief les créations et les détournements de trafics et insiste sur l’optimum de
second rang. La théorie dynamique se base sur des effets comme la concurrence,
les économies d’échelle et des termes de l’échange.

2- La conception volontariste : l’intégration régionale est définie comme étant, un


processus de déconnexion visant à protéger les économies nationales de la
mondialisation. C’est une conception qui suppose un cadre d’analyse de sociétés
dépendantes et extravertie, dont l’industrialisation ne peut se réaliser dans un cadre
national. Les objectifs recherchés dans ce cas sont : la création d’un vaste marché ;
l’accroissement du pouvoir de négociation ; la diminution de l’extraversion ; la
compensation des déséquilibres territoriaux ;...etc. Les principaux instruments
utilisés renvoient à l’économie administrée, à la forte protection des industries

1
Cité par M. BOUSSETTA, Intégration régionale Sud-Sud, libéralisation commerciale et Zone de Libre-
Echange Quadripartite : Fondements et enjeux, CNRS, sur http://www.gave.cnrs.fr

29
régionales, à la mise en œuvre de projets ayant des effets de polarisation. Le
COMECON représentait l’exemple d’un régionalisme fermé, qui concrétisait un
volontarisme politique, utilisant des instruments tels que les prix administrés, le
choix des industries lourdes, la non convertibilité des monnaies,...etc. Ce
regroupement a disparu avec la chute du mur de Berlin et la désintégration de
l’URSS. La fin de ce regroupement est interprétée comme un échec de ce type de
régionalisme.

3- La conception industrielle ou territoriale : l’intégration, dans ce cas, s’appui sur


la stratégie des acteurs dans un univers de concurrence imparfaite et d’espace non
homogène. Elle est la résultante de relation d’internalisation, au sein des firmes
transnationales ou des réseaux, et conduite par des conglomérats qui déploient leurs
stratégies dans un espace régional avec des intérêts convergents (exploitation de
ressources en commun, protection de l’environnement, lutte contre la
désertification,...). Ce genre d’intégration, donne lieu à des effets d’agglomération
et de polarisation importants. Ceci implique la réduction du rôle de la proximité
géographique en relation avec les progrès technologiques et le développement des
échanges immatériels, dans le cadre de systèmes productifs d’une certaine taille et
des produits diversifiés, d’où des effets de contagion et de diffusion de la
croissance, au moyen de la réduction des coûts de transport, de transferts de
technologies et de la baisse des coûts des transactions.

4- La conception institutionnelle : l’intégration est la mise en place d’un système


commun de règles socio-économiques, de la part des pouvoirs publics en relation
avec les acteurs privés. Les institutions permettent de stabiliser et de sécuriser
l’environnement et de garantir une certaine crédibilité. L’intégration par les règles
se traduit par l’harmonisation des législations fiscales, par un droit social régional,
un droit des affaires, des lois uniques d’assurance,...etc. Les conséquences
attendues, concernent l’ancrage des politiques favorisant leurs prévisibilités et
l’attractivité des capitaux et des technologies. L’ancrage des politiques
économiques, permet de réduire les risques de réversibilité. La crédibilité est liée à
la dilution des préférences (en isolant les instances de contrôle et de pouvoir

30
judiciaire des lobbies nationaux) et à la création institutionnelle (DE MELO,
1993). (1)

5- La conception politique ou diplomatique : l’intégration se traduit par des


transferts de souveraineté et par des objectifs de prévention des conflits; Ainsi, la
convergence d’intérêts économiques, la production de biens publics
régionaux,...etc. constituent des facteurs contribuant à atténuer les rivalités
politiques et ethniques régionales. Les transferts de souveraineté et la production de
biens publics à l’échelon régional, constituent une réponse au débordement de
l’Etat dans un contexte de mondialisation. Elle suppose des perdants et des
gagnants, ce qui impose des compensations à travers des mécanismes de transfert, à
l’exemple des fonds structurels européens. Ainsi, dans le cadre de zone de libre-
échange, le pays dominant doit mener une politique plus libre-échangiste que les
autres. Lorsqu’il s’agit de l’union douanière, il devra verser des transferts
compensatoires à ces partenaires.

1-3 Les formes de l’intégration économique régionale

Il existe deux grandes formes d’intégration : intégration des marchés et intégration


de la production.

1-3-1 Intégration des marchés


L’intégration des marchés, selon K.S. OUALI, consiste à associer les marchés de
plusieurs pays pour créer un espace unifié, où les marchandises et les facteurs de
production circulent sans entraves. Ceci permet de dépasser le cadre étroit des marchés
nationaux. (2) Dans ce cas, chaque pays conserve son autonomie totale dans le domaine de
la production. Le processus d’intégration des marchés permet l’homogénéité des
marchandises et des prix des facteurs de production et une division du travail. Chaque
facteur s’oriente automatiquement vers le lieu où il atteindra le maximum de rendement.

Le processus d’intégration des marchés peut évoluer graduellement en prenant la


forme des étapes d’intégration définies par B. BALASSA :

1
P.HUGON (S.D.), Analyse comparative des processus d’intégration économique régionale, le
Cered/FORUM et le Cernea, 2001, Université Paris X-Nanterre.
(2)
K.S. OUALI, L’intégration et développement, éd. Economica, Paris, 1990, p. 171

31
a) La Zone d’échange préférentiel : (1)
L’élément préférentiel dans cette zone, consiste à réduire les droits pratiqués sur les
importations de biens produits par les autres membres, qui deviennent ainsi moins élevés
par rapport aux droits qui s’appliquent sur les importations de biens produits par des pays
non membres.
b) La zone de libre-échange :
Elle consiste essentiellement à supprimer des obstacles tarifaires (droits de douane)
aux échanges de biens et services entre pays partenaires.

Les pays membres d’une zone de libre-échange peuvent opter pour ce niveau
d’intégration comme structure définitive, comme elle peut constituer une première étape
du processus d’intégration pour passer à des degrés plus élevés dans l’intégration des
marchés.

Exemples de zone de libre-échange : L’Accord de libre-échange nord-américain


constitue une zone de libre-échange regroupant trois Etats, il s’agit des Etats-Unis, du
Canada et du Mexique. Il est entré en vigueur en janvier 1994, il représente un marché de
360 millions d’habitants.

c) L’union douanière :
Les pays membres retrouvent la même liberté de circulation des produits que dans
la zone de libre-échange, mais ils procèdent également à une harmonisation de leur
politique en matière de taxation extérieur, nous parlons ainsi d’un tarif extérieur commun.

Exemple d’unions douanières :

 le Marché commun du Sud (MERCOSUR) : accord entré en vigueur en Janvier


1995, il regroupe quatre pays : l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay et le Paraguay. Le
marché compte 200 millions d’habitants, appliquant un tarif extérieur commun fixé
en moyenne à 11%.
 le pacte Andin : une zone de libre-échange créée en 1969 entre la Bolivie, la
Colombie, l’Equateur, le Pérou et le Venezuela, elle est devenue une union
douanière depuis 1995.

1
La zone d’échange préférentiel ne figure pas parmi les étapes d’intégration prévues par B.Balassa, c’est une
classification de l’OMC.

32
d) Le marché commun :
Le marché commun a la même portée qu’une union douanière, sauf que le degré de
libéralisation dans ce cas s’élargit à la circulation des capitaux et des personnes et le libre
établissement pour les citoyens. Des efforts sont déployés en vue de poursuivre
l’élimination des pratiques restrictives de commerce en dehors des tarifs, il s’agit
d’harmoniser des politiques dans certains domaines tels que, les domaines fiscal et
monétaire dans le but d’éviter des distorsions économiques, qui pourraient perturber la
concurrence.

Exemple de marché commun : L’espace économique Européen (EEE), composé de


l’union Européenne, la Norvège, l’Islande et Liechtenstein. Il est entré en vigueur le 01
Janvier 1994 avec 350 millions d’habitants.

e) L’Union économique et monétaire :


Dans ce stade d’intégration, les pays membres harmonisent leurs politiques
économiques et mettent en place une monnaie commune.

f) L’union politique :
C’est le degré le plus élevé d’intégration où les pays membres deviennent une seule
nation. Les différents gouvernements cèdent une partie de leur souveraineté en matière de
politiques une partie de leurs économiques et sociales à une autorité supranationale, et
mettent en place des processus judiciaires et législatifs communs. L’exemple de l’UE se
rapproche de cette forme d’intégration avec la mise en œuvre d’une politique économique
commune au plus haut niveau de la hiérarchie.

L’intégration économique prend donc forme par un processus qui conduit les pays
membres au plus grand degré d’intégration. Mais il faut souligner que la réalisation de
l’union économique n’est pas toujours l’objectif poursuivi par tous les groupements
régionaux. Ainsi, l’objectif de certains pays peut s’arrêter à la simple constitution d’une
zone de libre-échange ou bien d’une union douanière.

B. BALASSA considère les trois premiers niveaux de l’intégration comme des


niveaux inférieurs de l’intégration, les deux autres sont appelés des niveaux supérieurs de
l’intégration. Il considère que le passage du niveau inférieur au niveau supérieur

33
d’intégration, nécessite un engagement politique important avec l’implication des
considérations d’ordre culturel et idéologique dans le processus de l’intégration (1).

Dans cette première forme d’intégration, c’est le libre jeu des forces du marché qui
permet l’égalisation des prix des marchandises, des facteurs de production et la division du
travail. Ainsi, chaque facteur s’oriente automatiquement là où il pourra réaliser le
maximum de rendement. La concurrence constitue le noyau dur dans l’intégration par le
marché.

1-3-2 Intégration de la production


Selon OUALI, l’intégration de la production consiste à concentrer et à unir les
ressources par les pays concernés dans le but d’organiser, de façon rationnelle et solidaire,
la production au sein de la communauté. Cette forme d’intégration n’est pas fondée sur la
concurrence mais plutôt sur un engagement politique et une solidarité effective. Elle se
présente sous deux formes :

a) l’intégration par la spécialisation :


Cette forme repose sur une division du travail au niveau des pays membres, elle
renferme deux types de spécialisation :

 spécialisation verticale : elle est caractérisée par un mécanisme basé sur des
transferts intersectoriels, on peut citer l’exemple de K.S OUALI pour expliquer cette
spécialisation : deux pays (1 et 2) représentent une économie à deux secteurs, le
secteur A consiste en la production des biens primaires, le secteur B en la
transformation. Si le pays 1 se spécialise dans A et que le pays 2 dans B ou
(2)
l’inverse, en parle d’une spécialisation verticale . Ce type de spécialisation
caractérise les relations entre le Nord et le Sud.
 spécialisation horizontale : elle consiste en l’unification totale des potentiels
productifs de certains secteurs. Par rapport à l’exemple cité, chacun des deux pays
se spécialise à la fois dans une ou plusieurs branches de A et de B, soit en fonction
de la dotation naturelle en facteur de production ou d’après une division de travail
décidée par les gouvernements des pays membres.

(1)
B. BALASSA, cité par K. S OUALI, op.cit, p. 175.
(2)
K. S OUALI ,op.cit, p. 177

34
b) l’intégration par la coproduction :
Il y’a coproduction lorsqu’une branche d’activité est exploitée de manière conjointe
par deux ou plusieurs pays. Il s’agit donc d’un certain nombre de pays qui unissent leurs
efforts et leurs ressources pour mettre en œuvre certains projets.

Dans cette forme d’intégration, l’Etats est le maître d’œuvre de toute activité
économique de base, c’est pour cette raison que cette forme d’intégration est adoptée
notamment dans les pays à économie socialiste. La production dans les pays concernés
trouve comme débouchés les marchés de ces mêmes pays, ce qui nécessite une libre
circulation des marchandises au sein de ces pays.

Une nouvelle forme intermédiaire d’intégration régionale, selon une étude de


l’OCDE, où participent les pays développés et les pays en développement sur un même
pied d’égalité. Il s’agit des associations et forums de coopération économique, fondés sur
une logique régionale mais souvent interrégionale et ayant pour but, l’organisation d’une
coopération entre Etats sur des questions économiques (commerce, investissement,
environnement….etc.). C’est le cas de :

 l’APEC : un forum de coopération économique Asie pacifique qui regroupe 21 pays,


lancés par l’Australie en 1989 ;
 l’ASEM : Asie/ Europe Meeting, un forum qui regroupe les 15 membres de l’UE,
les pays de l’ASEAN, la Chine, la Corée du sud et le Japon, en vue de promouvoir
la coopération dans les domaines scientifiques et culturels.

Ces associations et forums visent souvent à préparer les négociations commerciales


multilatérales ou à mettre en place des accords déjà conclus, ils peuvent aussi avoir pour
objectif de préparer la formation d’une zone de libre-échange.

Certains économistes comme REGNAUT (2005), pensent que la typologie proposée


par B.BALASSA ne reflète pas toujours la réalité, car et selon celle-ci, l’accord unissant la
Turquie et l’Union Européenne (union douanière) apparaît comme une construction
régionale plus avancée que celle réalisée au sein de l’Accord de Libre Echange Nord
Américain. Cependant, les domaines couvèrent par l’ALENA et les règles y afférent
impliquent de profondes répercussions internes dans les trois pays (Canada, les USA et le
Mexique). En effet, l’accord ne se limite pas à une libéralisation des échanges, le secteur

35
des services, des marchés publics et la réglementation sur les IDE sont aussi concernés, une
harmonisation des normes notamment sur la base de la nation la plus favorisée et du
traitement national est aussi adoptée.

Ainsi, les cadres analytiques existants, dont la typologie de BALASSA, ne


permettent pas toujours de qualifier les différents processus régionaux dans toute leur
diversité. La typologie établie ici vise à prendre en compte la réalité économique et son
interaction avec la réalité institutionnelle. Trois niveaux d’intégration économique
régionale sont distingués :

 l’intégration économique régionale en surface : cette forme recouvre une


concentration des flux économiques accompagnée d’une coordination entre
Etats portant sur ces flux et sur leurs modalités ;
 l’intégration économique régionale en profondeur : ce second niveau
d’intégration suppose une concentration des flux. Dans ce processus les règles
ne visent pas seulement à réguler les flux, elles visent aussi à harmoniser les
pratiques à l’intérieur des nations, c’est le cas du processus de Maastricht en
Europe. A ce niveau, la coordination entre les pays se fait sans délégation de
pouvoir à une institution supranationale, l’échelon national reste le lieu
d’exercice de toutes les régulations.
 l’intégration économique régionale supranationale : le processus
d’intégration à ce niveau est caractérisé par la mise en place d’une forme de
supranationalité, soit un déplacement des lieux d’exercice de la régulation
(1)
dans un domaine donné . Ainsi, l’intégration régionale est qualifiée de
supranationale lorsque les Etats membres se départissent d’au moins une de
leurs prérogatives au profit d’une institution régionale.

DAS (2003) distingue trois étapes de l’intégration en surface : un accord


commercial préférentiel, une zone de libre échange et une union douanière, et deux étapes
dans l’intégration en profondeur : le marché commun et l’union économique.

(1)
KEBABDJIAN, cité par L.GUILHOT, op.cit.p.42

36
Section 2 : Les effets de l’intégration économique régionale : approche théorique

La question de l’intégration régionale a fait l’objet d’un grand nombre d’analyses


économiques et a suscité un intérêt marqué de la part des économistes. Le sujet central
pour les économistes concerne l’impact de l’intégration régionale sur le bien-être : la
libéralisation commerciale, dans le cadre d’une intégration régionale, constitue t’elle un
gain pour les pays membres ? Quel est l’impact sur les pays non membres ?

Les théories de l’intégration régionale ont commencé à prendre de l’importance à


partir des travaux pionniers de J. VINER. Cependant, l’émergence de la théorie de
l’intégration économique a connu deux importantes phases. La première phase analyse
l’impact de la formation de l’union douanière sur la production et les faits commerciaux
(J.VINER, 1950 ; H.G. JOHNSON, 1965) et sur la consommation (J.MEADE, 1955 ;
R.G.LIPSEY, 1960). La deuxième phase approfondie les premiers travaux et s’interroge sur
les objectifs réels, autres que l’abolissement total des barrières douanières. Les travaux de
H.G.JOHNSON (1965) et COOPER et MASSEL (1965) soulèvent les liens de causalité entre
intégration et développement.

Nous analyserons, en premier lieu, les effets statiques de l’intégration en


commençant par l’approche traditionnelle, qui s’intéresse aux effets de l’intégration en
termes de création et de détournement de trafic, puis les effets sur les termes de l’échange.
En deuxième lieu, nous étudierons les effets dynamiques de l’intégration régionale, en
termes de concurrence et d’économie d’échelle ainsi qu’en termes d’investissements
directs étrangers.

2-1 Les effets statiques des accords régionaux

Selon MUCCHIELLI : « les accords régionaux de commerce sont une forme


particulière de libéralisation commerciale, leur particularité venant de leur aspect
discriminatoire… La formation d’accords de commerce régionaux a donc à la fois des
effets positifs et négatifs qui doivent être calculés pour évaluer l’impact global » (1)

L’analyse théorique présentée par VINER (1950) est la plus importante sur cette
question. Dans son livre « the customs union issue », VINER introduit deux concepts

(1)
J-L. MUCCHIELLI, Relations économiques internationales, éd. Hachette, Paris, 1994, P 408

37
essentiels dans l’analyse, il s’agit de l’effet de création de commerce et l’effet de
détournement de commerce.

2-1-1 Création et détournement de commerce sous l’approche traditionnelle


L’analyse de VINER est fondée sur l’hypothèse de concurrence pure et parfaite
pour les biens et facteurs de production dans la zone concernée, le rôle de la firme est
réduit à celui d’un producteur de taille atomistique n’ayant aucune influence sur le prix
mondial ; ce qui permet une analyse simpliste des effets de l’intégration sur le bien-être ;
l’immobilité des facteurs de production entre les pays de l’Union ; les coûts des
transactions et du transport sont supposés nuls ; les tarifs sont les seules barrières
considérées ; le plein emploi des ressources est assuré ; il n’existe aucune innovation
technologique ou technique dans la production.

Les deux effets de création et de détournement de commerce sont illustrés à travers


un exemple simple composé de trois pays : l’Allemagne, l’Italie et la Tunisie, et d’un seul
produit : les pantalons. Suite à la constitution de la Communauté européenne, l’Allemagne
importe ce produit auprès de l’Italie.

Si l’Allemagne produisait des pantalons avant la constitution de l’union douanière,


et que suite à la formation de cette dernière, les consommateurs allemands passent d’une
source d’approvisionnement chère, qui est dans ce cas l’Allemagne, à une source meilleure
marché en achetant le produit italien. Dans ce cas, on parle de création de commerce
résultant de la suppression des barrières tarifaires. L’élimination de la distorsion de prix
permet une meilleure allocation des ressources et l’augmentation du bien- être.

Si l’Allemagne importait initialement le produit de la Tunisie, étant le fournisseur


présentant un meilleur marché. Suite au retrait des barrières aux échanges à l’intérieur de
l’espace européen, l’Allemagne achète son produit auprès de l’Italie. Elle passe ainsi d’un
pays partenaire présentant des coûts bas à celui présentant des coûts élevés. On parle dans
ce cas, d’un détournement de commerce résultant de la suppression des bannières tarifaires
qui devient discriminatoire à l’encontre de la Tunisie et contribue à la réduction du bien
être.
Dans la réalité, une zone constituant une union douanière comprend les deux effets
de création et de détournement de commerce à la fois, une partie des flux pourrait être à
l’origine de détournement des échanges qui se faisaient entre les pays membres et les pays

38
tiers avant l’instauration de l’union. L’autre partie provient des échanges crées suite à la
levée des barrières tarifaires. La figure N° 01 illustre les deux effets dans une même zone :

 trois pays représentés par les symboles H (pays domestiques), P (le pays partenaire)
et w (le reste du monde)
 un seul bien présenté au prix p
 la courbe (s) représente l’offre domestique
 la courbe (d) représente la demande domestique

Figure N° 1 : Création et détournement de commerce dans une union douanière

P P

S
S

Pa
Pn Pn
Pw A C A C
B D B D
p Pp Pp
D G D
Pw

0 Q1 Q0 C0 C1 CQ 0 Q1 Q0 C0 C1 CQ

Création de commerce Détournement de commerce

Source : J.L MUCCHILLI OP.cit P .409

Dans le premiers cas, p est supposé le partenaire le moins coûteux Pp < Pw. Le prix
domestique avant l’union est Pn =Pp (1+t) sachant que t est le droit de douane appliqué aux
importations.

Après la formation de l’union douanière, Pn passe à Pp ainsi, la consommation


augmente de c0c1, la production domestique baisse de Q1Q0. L’aire A et C représentent

39
respectivement la baisse du surplus de producteurs et la baisse des recettes tarifaires. Il y a
un gain net en terme de bien être qui est représenté par :
 l’aire B qui représente un gain d’efficience dû à l’abandon des producteurs à coûts
élevés (en H) pour des producteurs présentant des coûts bas (P) ;
 l’aire D qui représente la réduction de la perte sèche due à la suppression de la
distorsion de prix.

Dans le deuxième cas, w est supposé le fournisseur le moins coûteux Pp >Pw. Le


prix domestique est Pn = Pw (1+t). Il ya toujours un gain de création d’échange puisque le
prix après la constitution de l’union douanière baisse à Pp. Cependant, ici la source
d’approvisionnement n’est pas celle qui offre le plus faible prix, il ya alors un
détournement de commerce du producteur le plus efficace (w) vers P qui fait partie de
l’union, les biens importés sont payés à Pp au lieu de Pw.
A+B+C+D est toujours le gain en termes de surplus de consommateur
A est toujours la perte de surplus de producteur
C+G est la perte en recette tarifaire
Le gain net est ainsi de B+D-G

Dans ce cas, l’intégration est limitée en termes d’efficacité régionale, étant donné
qu’elle favorise un détournement de commerce en passant du producteur plus efficace à un
producteur moins efficace. C’est ainsi que l’union douanière est considérée comme
optimum de second rang.

En conclusion, Malgré les effets négatifs du détournement de trafic, l’union


douanière, selon l’analyse de Viner, est globalement positive si le volume de la création de
commerce l’emporte sur le volume de trafic détourné. D’une manière générale, plus les
effets de création sont plus importants que les effets de détournement, plus l’impact sur le
bien-être est important.

a- Dans le cas des coûts croissants :


L’analyse dans ce cas diffère de la précédente du faite qu’elle se base sur
l’hypothèse que la demande du pays domestique influence les prix, sachant que :
 le pays (P) est auto suffisant au prix mondial
 t est le tarif extérieur commun à l’union douanière
 le prix du bien en question dans le pays (H) est Pn = Pw (1+ t)

40
Figure N° 2 : « Création et détournement de commerce – coûts croissants »

P P
Pays H Pays P

Sh

Pa
Dp SP
Ph
A C S h+Sp
B D
Pu
G Dh E F I J
Pw

0 Q1 Q0 C0 C1
0
CQ C1 C0=Q 0 Q1 CQ

Source : J-L MUCCHIELLI, op.cit. P. 412

La formation de l’union douanière entre les deux pays (H) et (P), bénéficie aux
producteurs de (P) ainsi qu’aux consommateurs de (H) : les premiers écoulent leurs
produits sur le marché de (H) à un prix supérieur au prix domestique, les deuxièmes
achètent les produits de (P) à bas prix, ce mouvement de flux se poursuit jusqu’à atteindre
un prix d’équilibre (Pu).

Dans le pays (H), il y a création et détournement de commerce en même temps,


ainsi le gain net est de B+D-G. Dans le pays (P) il y a création de commerce, le gain net
pour le producteur est de E+F+I. Dans ce cas, l’union douanière devient plus créatrice de
commerce lorsque les courbes d’offre et de demande sont élastiques, ce qui entraîne un
rapprochement de Pu et Pw
b- Le théorème de KEMP et WAN
Selon ce théorème, il est possible de définir les accords régionaux qui ne réduisent
pas l’efficacité générale. Le théorème propose de choisir, après la constitution de l’union,
un tarif extérieur commun susceptible de maintenir les importations en provenance d’un
pays tiers constantes et garantir ainsi une création pure de commerce, pour cela il faut un

41
tarif extérieur commun qui soit inférieur au tarif pratiqué avant l’union, la figure N°3
illustre ce cas.

Figure N° 3 : « Le théorème de KEMP et WAN »

Sh Pays H

Ph Sh+Sp

Pu
Pt’

Pw

Dh

0 Qn Q2 C0 C1
Q0 CQ

Source : J.L MUCCHIELLI, op.cit, p. 413

Dans ce cas, les pays tiers exportateurs continuent à exporter leurs produits vers (H)
avec les mêmes quantités et les mêmes prix qu’auparavant. La production domestique est
réduite de Q0 à Qn. Q2 – Qn est la quantité importée de (P), une partie de cette production
remplace la production domestique inefficace (Q0 – Qn), l’autre partie Q2 – Q0 représente
une création pure de commerce. La perte de producteurs est plus que compensée par le
gain des consommateurs.

Les aires grisées représentent le gain total de bien être. Les recettes tarifaires ont
diminuées vue que le tarif extérieur commun est inférieur au précédent, cette baisse est
compensée par la réduction du prix de Pn à Pt’ sur les importations (C0 – Q0). Selon
JULIUS : « … des indicateurs tels que la création de courants d’échanges ou le

42
détournement de courants d’échanges peuvent perdre une grande partie de leur
signification dans le contexte de globalisation » (1)

En effet, dans un contexte de globalisation de la production et des échanges, même


les entreprises de pays tiers opérant dans la région bénéficient des effets de création de
courants d’échanges. Le détournement des échanges peut aussi être préjudiciable à des
entreprises de pays membres opérant à l’extérieur de la zone et exportant vers leur pays
d’origine.

Notons que les mécanismes d’intégration régionale produisent des effets se


rapportant à la réduction/suppression des tarifs douaniers et dont l’ampleur varie d’un pays
membre à un autre. En effet, ces mécanismes réduisent les recettes fiscales provenant des
droits de douane de façon directe, par la baisse ou la suppression tarifaire entre membre de
la zone, ou indirectement, par l’abandon des importations des pays non membres soumis
au paiement des droits de douane. Le coût des pertes peut être élevé pour les pays
dépendant fortement des recettes douanières.

La construction de modèles de structures plus complexes, portant sur un plus grand


nombre de produits ont pu montré que les accords régionaux ont d’autres effets autres que
le détournement des courants d’échanges, des effets ont été constaté concernant les
changements dans le volume des échanges avec les membres et les non membres, des
changements dans les termes de l’échange avec le reste du monde ainsi que dans la valeur
de la production nationale, ces effets peuvent être positifs ou négatifs pour un payé donné.

2-1-2 Les effets sur les termes de l’échange


L’analyse de F.GERHELS (1957) est basée sur le rôle des taux marginaux de
substitution à l’échange. Ainsi, le détournement de commerce serait bénéfique à
l’économie domestique sous certaines conditions. Selon l’analyse, les mécanismes de
l’union douanière peuvent améliorer les termes de l’échange pour les pays membres si les
variations du volume des échanges - en raison d’une hausse des importations intra-zone ou
d’une baisse des importations hors zone du même produit qui est rendu plus coûteux par
les tarifs douaniers - font chuter les prix mondiaux. GERHELS présente un modèle dans le
cas d’un petit pays reposant sur une approche graphique. Pour illustrer le modèle, nous

(1)
Cité par P.J. LLYOD, l’impact des accords commerciaux régionaux sur les échanges mondiaux, revue
problèmes économiques, N0 2415- 2416, 1995, P. 68

43
utilisons les dénominations suivantes : considérons trois pays (A, B, C) et que A est, par
définition, un petit pays à cause de sa taille économique, les hypothèses posées sont :
 le pays A forme une union douanière avec B et ne peut influencer les termes de
l’échange à cause de son faible poids économique ;
 A est spécialisé pour le bien y et importe le bien x ;
 les agents économiques ont des coûts identiques et constants. Dans le cas où un
tarif est appliqué sur les importations de x, le revenu du tarif est perçu par le
consommateur.

Figure N°4 : « Les effets sur les termes de l’échange »

Y
T
A

W’
Y1

w
Y2
W’’

S’
X
0 X1 X2 B C

Source : L. OPARA OPIMBA, l’impact de la dynamique de l’intégration régionale sur les pays de
la SADC : une analyse théorique et empirique, Thèse de doctorat en sciences économiques,
Université Montesquieu, Bordeaux,2009, p.103.

En situation, de libre-échange, le rapport des prix pour le pays A est représenté par
la droite AC.W={S, (AC)} est le point de tangente entre la courbe d’indifférence (S) et la
droite des termes de l’échange (AC). Le point W représente l’optimum de premier rang en
cas de libre-échange avec le reste du monde, c’est le niveau d’utilité qui procure la
meilleure satisfaction au pays A (y2 pour x2). Si le pays applique un tarif non prohibitif si
bien que le bien x est toujours importé à un niveau inférieur que le niveau initial.

44
La hausse des prix du bien x contraint les consommateurs de A à accroître leur
préférence pour le bien y, ainsi, une nouvelle situation d’équilibre apparaît dans le pays A.
une situation qui modifie les rapports des termes de l’échange représenté par la droite T, et
donne un nouveau point de tangente W’ = (T, S’). Le bien-être des consommateurs de A se
trouve ainsi détérioré, puisque la nouvelle courbe d’indifférence (S’) est inférieure à la
première (S).

Dans le cas où le pays A décide de former une union douanière avec le pays B, il y
aura détournement de commerce si le pays A cesse d’importer totalement du pays C. La
droite (AB) dans ce cas, représente les termes de l’échange, c’est le taux marginal de
substitution du bien x avec le pays C. Ainsi, la variation des rapports de prix ramène
l’utilité du pays A au point (W’’) qui est égale à l’utilité précédente (W’), la consommation
du bien x importé s’accroit et le pays se trouve avec un rapport d’échange intérieur
équivalent au rapport d’échange communautaire. Celui-ci est supérieur au rapport
d’échange mondial. Les consommateurs d’une union douanière substituent un rapport de
prix relatifs à deux rapports de prix relatifs intérieur et mondial. Cette situation se traduit
par une amélioration du bien-être intérieur.
D’après l’analyse, le détournement de trafic ne conduit pas forcément à la perte de
bien-être, cela dépend des variations de termes de l’échange enregistrées entre les pays.

2-2 L’aspect dynamique de l’intégration régionale

La nouvelle théorie de l’intégration privilégie l’étude dynamique des interactions


entre les économies intégrées, C. COOPER et B.F. MASSELL pensent que la justification
d’une union douanière ne peut reposer sur des effets statiques mais elle doit s’appuyer sur
la réalisation des effets dynamiques. B.BALASSA définit les effets dynamiques comme
étant les effets qui ont pour fonction d’influencer durablement le taux de croissance des
(1)
PIB des pays membres d’une zone : l’intégration présente des économies d’échelle
importantes, elle tient compte des investissements et de la spécificité des structures du
marché. L’engouement récent pour les accords régionaux est dû aux effets dynamiques que
procurent ces derniers. La nouvelle théorie, d’après J.M. SIROËN, se présente plutôt
comme complémentaire que substituable.

(1)
Cité par L. OPARA OPIMBA, op.cit, p.107

45
2-2-1 Les effets de concurrence et d’économies d’échelle
La théorie économique montre que, la demande pour un produit canalise les
ressources productives vers la production de ce produit et ce dans une économie
compétitive. La demande est donc considérée comme un important signal entre
consommateurs et producteurs, et l’existence de barrières tarifaires et non tarifaires
brouillent le signale. La constitution d’une intégration régionale, permet la levée de ces
obstacles au commerce et donc une allocation des ressources plus efficiente.

La levée des barrières tarifaires permet la constitution d’un marché régional et


l’accroissement sensible de la taille des unités de production, car les firmes vont tenter de
répondre à une demande qui prend désormais une dimension régionale, ce qui permet de
réaliser des économies d’échelle. (1) Celle-ci existe en deux types : les économies d’échelle
technique et celles non techniques. Les premières sont liées directement à la production et
peuvent provenir soit de la division du travail au sein de l’unité de production soit du
phénomène d’apprentissage et les économies de gammes. Quant aux secondes, elles sont
liées aux économies réalisées pour maîtriser et contrôler les dépenses de fonctionnement et
d’expansion d’une firme. La réalisation des économies dans ces dépenses, dépend de la
bonne gestion des coûts de transactions.

Selon Baldwin, l’effet d’allocation a pour conséquence évidente les effets d’échelle
et de variété (2). L’ouverture de marché au sein d’un groupement régional, réduit et élimine
la protection qui permet aux entreprises inefficientes de se maintenir sur le marché, elle
remet en cause les rentes économiques des firmes en position dominante avant le libre
échange, selon J.M. SIROËN « elle réduit la perte sociale relative à des structures de
marché non concurrentielles, où les prix, comme les coûts, sont trop élevés » (3). La sortie
des firmes inefficientes, pratiquant des prix élevés sur le marché permet la baisse des prix
pour les consommateurs, rendue possible grâce à la baisse de coûts moyens pour les
producteurs. En effet, au fur et à mesure que les barrières baissent, les importations tirent
vers le bas les prix intérieurs des produits concernés. Face à la concurrence, les firmes
réagissent pour préserver leurs parts de marché en réduisant leurs coûts par la suppression
des inefficiences internes. La baisse des prix permet l’augmentation de la demande, ce qui

(1)
Les économies d’échelle sont définies comme étant la baisse des coûts moyens au fur à mesure que le
volume de la production augmente.
(2)
Cité par la CNUCED, Développement économique en Afrique 2009 : Renforcer l’intégration économique
régionale pour le développement de l’Afrique, publication des Nations Unis, Newyork et Genève, 2009, p.
(3)
Cité par L. OPARA OPIMBA, p.110.

46
déclenche des investissements et de nouvelles capacités de production, ces dernières
entraînent à leur tour de nouvelles économies d’échelle et de nouvelles baisses des prix.
Ainsi, l’environnement concurrentiel du marché conduit les entreprises à reconsidérer leur
stratégie commerciale, ce qui implique un processus de restructuration qui peut s’étaler sur
plusieurs années. La mise en œuvre du marché unique en Europe a donné lieu à une
restructuration importante des firmes européennes, la part de l’Union Européenne dans les
ventes d’entreprise par fusion, acquisition était de 65 % du total des ventes par fusion et
(1)
acquisition des pays développés en 1992 . Cette situation génère un ajustement coûteux
notamment pendant la période de réallocation des facteurs à de nouvelles utilisations.

Quant à l’effet de variété, il est induit par un marché plus vaste, celui-ci permet aux
consommateurs un choix de produits variés, qui devrait contribuer à leur bien-être par suite
de la baisse des prix à la consommation et l’amélioration de la qualité. Cependant,
l’ajustement effectué par les firmes nationales pour faire face à la concurrence peut être
couteux sur le plan social pour l’économie, car la rationalisation de la production interne
pourrait nécessiter la suppression d’emplois. Les ajustements peuvent créer de graves
distorsions sociales si l’économie est peu diversifiée

2-2-2 Les investissements directs étrangers


Selon A. GOLDSTEIN « les IDE jouent un rôle clé comme moteur de la croissance
économique et du développement. Engagés dans de bonnes conditions, les capitaux
étrangers peuvent aider à réduire l’écart entre les besoins en capital et l’épargne nationale,
à élever le niveau des compétences dans l’économie hôte, à améliorer l’accès au marché, à
contribuer au transfert de la technologie et de la bonne gouvernance » (2)

Notons que le renouvellement de la théorie du commerce international et la


refondation des théories de l’intégration ont permis aux investissements directs d’être
considérés comme des gains potentiels de l’ouverture économique. La localisation des
investissements, selon les modèles de l’économie géographique et spatiale, (3) répond à une
logique d’attractivité et à des avantages de la zone. Les investissements étrangers, selon P.
KINDLEBERGER, sont des réponses stratégiques des firmes multinationales aux effets de

(1)
CNUCED, cité par MUCCHIELLI, OP.cit. p. 415
(2)
Cité par L. OPARA OPIMBA, op.cit, p.111
(3)
Les modèles sont impulsés par P. Krugman, M.Fujita A. Venables et autres.

47
(1)
création et de détournement de commerce. Ainsi, les IDE horizontaux correspondent à
des stratégies de conquête de marchés locaux, les IDE verticaux permettent aux firmes de
s’intégrer dans une perspective de division internationale de la production et qui se
matérialisent en fonction des économies de taille et de dotations factorielle.

L’intégration entre pays inégalement développés (Nord-Sud) semble être la forme


(2)
de coopération la plus favorable, selon VENABLES, en termes de création et de
détournement de commerce, mais surtout en termes de transfert de capitaux et de
spillovers. Outre l’impact sur la production, les investissements favorisent le transfert de
connaissances et de technologies, ce qui contribue à l’amélioration de la compétitivité. Le
Mexique a connu un afflux d’IDE dans le cadre de l’ALENA pour profiter d’intrants à bon
marché. Il est ainsi devenu un pôle d’exportation vers les partenaires du Nord : 80 % des
véhicules produits par des firmes américaines au Mexique étaient destinées à l’exportation
en 1997 (3)

Les régions intégrées exercent une certaine influence sur le choix de localisation
des investissements étrangers grâce à l’accroissement de la taille du marché régional ainsi
qu’aux effets de polarisation et à la libre circulation des biens et des personnes à l’intérieur
de la zone. D’autres facteurs sont également pris en compte, il s’agit de la sécurité de
l’environnement, des coûts des facteurs et de l’impact social sur la production comme les
fréquences des grèves et la durée légale du travail, de la pression fiscale, de la disponibilité
et de la qualité des infrastructures dans la région et de la compétence locale. Cette dernière
joue un rôle important dans le transfert de la technologie et de sa reproduction dans le
temps. Les pays asiatiques constituent un exemple vivant dans ce domaine, ils sont passés
(4)
de statut d’imitateur à celui de concepteurs originaux . La levée des barrières à
l’intérieur de la zone intégrée permet aux firmes de répartir de façon efficace leurs
opérations dans les pays membres.

Les accords régionaux de commerce pourraient susciter des investissements directs


étrangers verticaux, si les dotations factorielles des pays de la zone sont différentes. Dans
les accords Nord-Sud, les pays du Sud attirent les investissements dans des activités à forte
intensité en main d’œuvre avec un libre accès au marché du Nord.

(1)
Cité par L.OPARA OPIMBA, op.cit, p.112.
(2)
Ibidem.
(3)
SCHIFF et WINTERS, OP.cit, P. 137.
(4)
Cité par L.OPARA OPIMBA, op.cit, p.112

48
Les investissements entrants en Europe progressent plus vite que les
investissements sortants suite à la création du marché commun. Certains investissements
européens aux USA ont été détournés de ces derniers vers l’Europe. La formation, de la
Communauté Européenne a attiré d’avantage de firmes américaines et asiatiques,
notamment les firmes Japonaises et Coréennes, ainsi le montant des IDE en 1984 est évalué
à 10 milliards d’écus, il est passé à 63 milliards d’écus en 1998 (1)
Une analyse célèbre concernant les effets dynamiques développés dans le rapport
CECCHINI en 1988, en perspective de l’achèvement du grand marché unique européen où
il présente une synthèse des mécanismes mis en jeu par le renforcement de l’intégration
économique. La figure ci-dessous est une représentation simplifiée de la synthèse.

Figure N°5 : « Les effets attendus de l’achèvement d’un marché commun »

Meilleure allocation des ressources Elargissement du marché

Concurrence Dimension

Production
accrue
Economie d’échelle
Développement des Et
échanges D’apprentissage
Demande accrue Investissement
favorisé

Innovation et progrès
technique favorisés

Productivité Compétitivité
accrue accrue

Source : Rapport Cecchini-1988 sur http://www.2.fe-uc-lt/ ip 99


1
SCHIFF et WINTERS, op. cit, P.138

49
L’Union Européenne qui a atteint le stade le plus avancé dans la réalisation de
l’intégration régionale, bénéficie de tous les effets dynamiques d’un marché commun.
L’instauration de la monnaie unique, a permis de supprimer certains coûts de transaction.

Les effets dynamiques ont une plus grande importance à long terme que les effets
statiques, ils sont à l’origine d’un développement durable, ils bénéficient au pays membres
mais aussi aux autres partenaires commerciaux par effet d’entraînement.

Les théories récentes de l’intégration s’interrogent sur les effets des accords
régionaux sur l’avancée du multilatéralisme, ceci constitue l’objet de la section3.

Section 3 : Régionalisation et Mondialisation : deux dynamiques contradictoires ou


faussement contradictoires ?

La décennie 1980 a été marquée par un renversement de tendance en faveur des


accords régionaux et au détriment des négociations à l’échelon mondial, ceci s’explique
par l’extension inattendue des accords d’intégration régionale entre pays ayant décidé de
favoriser les échanges entre leurs membres.

En 1995, presque tous les pays membres fondateurs de l’OMC déclaraient adhérer
au moins à un accord régional. Il s’agissait en fait d’une deuxième vague de régionalisation
après celle datant des années soixante. La première vague de régionalisation, appelée aussi
le régionalisme de première génération « s’inscrivait dans une logique de développement
autocentré dont l’objectif était de réduire la dépendance vis-à-vis de l’extérieur »(1),
notamment dans le cas de pays en développement, qui reproduisaient la stratégie
d’industrialisation par substitution aux importations au niveau régional, pour pouvoir
protéger leurs industries naissantes. Une stratégie qui a vite échoué car les pays membres
enregistraient un taux de croissance faible.

Le régionalisme dit de deuxième génération, s’inscrit dans une logique de


réinsertion économique pour les pays en développement, certains d’entre eux se sont
engagés dans des politiques de libéralisation de leurs économies, c’est le cas du Mexique

(1)
F. NICOLAS, Mondialisation et intégration régionale, des dynamiques complémentaires, cahiers français
N° 317, 2004, P. 61

50
qui a entamé des réformes économiques avec son adhésion au GATT en 1986 pour signer
un accord de libre-échange en 1994.
Dans ce contexte, une question s’impose : l’intégration économique régionale peut-
elle être compatible avec le mouvement d’intégration globale qu’implique la
mondialisation ?
Avant de répondre à cette question, nous présenterons d’abord les principaux
éléments caractérisant la deuxième vague d’intégration, les raisons jugées importantes de
foisonnement des accords régionaux à la fin de la décennie 1980 et le début de la décennie
1990.

3-1 Les caractéristiques de la deuxième vague d’intégration

Le grand mouvement de la deuxième vague est surtout marqué par les éléments
suivants:
 le ralliement des Etats-Unis aux thèses régionalistes, un ralliement qui est imputé à
(1)
deux principales raisons : le pays ne comptait plus sur le GATT pour améliorer
l’accès aux marchés par voie des négociations multilatérales. L’accord de libre-
échange signé avec le Canada est expliqué par les difficultés de lancement des
négociations de l’Uruguay, mais aussi, la crainte de la concurrence et la nécessité
de créer une force économique capable de rivaliser avec les autres groupes
régionaux notamment celui de l’Europe ;

 l’approfondissement du contenu des accords : le renouveau des accords régionaux


n’est pas seulement quantitatif, ces derniers ne progressent pas uniquement par
extension géographique mais aussi par extension du champ d’application des
accords. Le tableau N°1 montre, à travers huit regroupements, que l’intégration
économique va de plus en plus au-delà de la libéralisation commerciale classique
et peut inclure, d’une part, des domaines tels que les services et la propriété
intellectuelle et d’autre part, l’harmonisation des réglementations et la
coordination des politiques domestiques. Les questions non tarifaires sont de plus
en plus considérées comme des composantes essentielles des accords régionaux
car de nombreux obstacles au commerce ne trouvent par encore de solution dans
les négociations multilatérales. Les accords concernant les services sont désormais

(1)
D’après Y.LIYOD, op.cit, P. 72

51
nombreux, à l’exemple de l’Union Européenne (UE) qui a négocié avec le
Mexique un accord sur les services, la propriété intellectuelle et les marchés
publics. Les Etats-Unis ont conclu, dans le cadre de l’Accord de libre-échange
nord américain, un accord incluant les services, les marchés publics et
l’investissement. L’Accord entre l’UE et le CHILI comprend les services, les
marchés publics, l’investissement et la propriété intellectuelle.

Tableau N° 01 : « Le contenu préférentiel de certains accords de libre-échange »

Tarifaire Non tarifaire


Eliminatio Tarif Services Marchés Concurrenc Investisse Propriété
n des extérieur publics e ment Intellectue
barrières commun lle
douanières (union
(ZLE) douanière)

Union Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui


Européenn
e
ALENA Oui Non Oui Oui Mécanisme Oui Oui
de
coopératio
n
MERCOS Oui Oui En cours En cours
UR
ASEAN Oui Non En cours En cours En cours En cours En cours

CCG Oui Oui depuis En cours En cours Non Non En cours


Le
01/01/2003
Accords Oui Non Clause Simple Mécanisme Sur Non
euro- de RDV objectif de initiative
méditerran coopératio du conseil
éens n d’associat
ion
Etats-Unis- Oui Non Oui Non Non Oui Oui
Vietnam
UE- Chili Oui Non Oui Oui Mécanisme Oui Oui
de
coopératio
n

Source : Dossier de la DREE, les accords commerciaux, 2003

 la prolifération des accords nord-sud : depuis la fin des années 1980, les accords
d’intégration économique régionale se sont multipliés dans différentes régions du
monde par l’émergence de nouveaux regroupements de pays, mais aussi par la
réactivation d’anciens accords à l’exemple du Pacte Andin. Ces initiatives

52
régionales se caractérisent par l’association, de plus en plus, de pays du Nord avec
les pays du Sud. Les accords régionaux sont considérés comme facteurs
d’insertion des pays du Sud dans l’économie mondiale. On peut citer dans se sens
les accords euro-méditerranéens en vue d’instaurer le libre-échange régional et
l’Accord de libre-échange nord américain en 1994.

3-2 La résurgence des accords régionaux

La période 1980-1990 était marquée par la prolifération inattendue des accords


régionaux, jamais l’intégration régionale n’a été aussi dynamique tant sous la forme
d’initiatives institutionnelles (intégration régionale de jure) qu’à travers
l’approfondissement spontané des interdépendances économiques d’une même région par
le biais de mécanismes de marché (intégration de facto). Au total 288 accords notifiés au
GAAT/ OMC en vigueur en 2010, dont 169 zones de libre-échange et 21 unions
douanières (tableau N°2).

Tableau N° 2 : « Les accords notifiés au GATT/OMC et en vigueur en octobre 2010 »


Clause GATS Art.V Total
d’habilitation Art.V AGCS général
-UD 06 09 15
-UD - accession 00 06 06
-AIE 80 80
-AIE - accession 03 03
-ALE 10 157 167
-ALE - accession 00 02 02
-ACP 14 14
-ACP - accession 01 01

Total général 31 83 174 288

UD : union douanière
AIE : accord d’intégration économique
ALE : accord de libre échange
ACP : accord commercial préférentiel
Source : OMC (2010)

53
Si l’on compte les accords de commerce régional qui sont en vigueur mais qui n’ont
pas été notifiés, ceux qui ont été signés mais ne sont pas encore entrés en vigueur, ceux qui
sont en cours de négociation et ceux qui sont au stade d’intention, le nombre serai encore
plus important.

Le mouvement d’intégration s’est nettement accéléré au cours des années quatre-


vingt-dix, le regain d’intérêt pour les accords régionaux est essentiellement expliqué par
les carences du multilatéralisme et le défi de la mondialisation.

3-2-1 La régionalisation comme réponse aux carences du multilatéralisme


Le regain d’intérêt pour les accords régionaux, que ce soit dans les pays développés
mais aussi dans les pays en développement, a coïncidé avec une période de frustration
quant à la lenteur et l’improductivité des négociations multilatérales (1)

Les différentes négociations dans le cadre du GATT ont abouti à la réduction des
droits de douane et la création d’un environnement favorable à l’ouverture des économies
nationales. Le nombre de pays participant aux cycles de négociations multilatérales a
augmenté de 25 pays à 120 pays entre 1947 et 1993. Le GATT et ensuite l’OMC ont réussi
à faire baisser les droits de douane et la suppression de certaines formes d’entraves. Mais
face à l’ouverture croissante des économies, ces organisations n’ont pas pu être à la
hauteur des besoins et attentes des acteurs économiques et des populations, plusieurs
raisons expliquent cette incapacité, entre autres :

 la confrontation du GATT à une nouvelle nature du protectionnisme, ce dernier


devenait de plus en plus insaisissable, ce qui a jeté le doute sur son efficacité et son
aptitude à résoudre les problèmes commerciaux. Même l’organisation qui a succédé
au GATT n’a pas réussi à endiguer le néoprotectionnisme (barrières administratives,
abus des droits anti-dumping, accords d’autolimitation des importations…etc.
D’après J.M SIROËN, la montée du néoprotectionnisme aux Etats-Unis est l’une des
raisons qui ont fait que le Canada et le Mexique acceptent un accord de libre-échange
avec ceux-ci (2) ;

(1)
Le multilatéralisme est une forme coopérative d’organisation des échanges internationaux qui suppose
que les pays participant s’astreignent à des règles communes, dont au moins la non discrimination (BOUËT,
1998)
(2)
J.M SIROËN, la régionalisation de l’économie mondiale, éd. La découverte, PARIS, 2001, P. 73

54
(1)
 les effets pervers de la clause de la nation la plus favorisée : une des raisons qui
ont encouragé certains pays à signer des accords régionaux est d’échapper aux
contraintes du traitement de la nation la plus favorisée. Cette dernière, devient contre
productive, surtout lorsque le nombre de pays bénéficiaires augmente. Le problème
des bénéficiaires sans contre partie implicite dans le cadre du GATT se trouve éliminé
dans les accords préférentiels. J.M SIRËON pense que la vision du libre-échange a
changé, le monde est passé : « …d’une logique d’équilibre relatif des concessions à
une logique d’équilibre absolu » (2). Les concessions doivent être les mêmes partout et
en même temps. Selon Y.ECHINARD, ces regroupements représentent un cadre de
coopération économique et sociale très ambitieux, car le nombre de pays serait réduit,
le contrôle serait facile, des relations basées sur la confiance s’installent plus
facilement au sein d’un groupe de pays, généralement voisins (3) ;

 la durée des « ROUNDS » s’accroît à chaque reprise, notamment avec la complexité


grandissante des problèmes à traiter, comme la propriété intellectuelle, les
services,…etc. Un cycle de négociations multilatérales s’étend sur cinq à sept ans,
durant ce laps de temps, le monde évolue. La règle de consensus adopté par
l’organisation devient de plus en plus difficile à obtenir pour des décisions très
complexes. L’OMC n’apparaît pas en mesure de traiter des sujets complexes avec
plusieurs acteurs. Les problèmes trouvent ainsi solution dans le cadre bilatéral ou
régional. Les accords régionaux semblent plus rapides à conclure, les parties étant
moins nombreuses, ils mettent moins de temps à être finalisés ;

 les textes de l’OMC atteignent peu les pratiques déloyales, contrairement aux
accords régionaux où les règles de loyauté sont renforcées et précisées. Par exemple,
au sein de l’Union Européenne, les pratiques contraires à la saine concurrence sont
définies avec précision ainsi que les contrôles et sanctions de chaque pratique
(dumping, ententes, abus de position dominante…). Les aides financières des Etats
membres sont réglementées, la politique de protection du consommateur est

(1)
Le traitement de la nation la plus favorisée : est l’une des clauses du principe de non discrimination, elle
stipule qu’un pays qui accorde des avantages commerciaux à un autre, doit les étendre à l’ensemble des
nations membres du GATT.
(2)
SIROËN, cité par F.BENAROYA, que penser des accords de commerce régionaux ? Revue économie
internationale, N°63, 1995, P.120.
(3)
Y. ECHINARD, Dossier sur, le renouveau des ensembles économiques régionaux, Centre universitaire de
recherche européenne et internationale, 2002.

55
renforcée …etc. La régionalisation apparaît ainsi, comme la conséquence de
l’absence de consensus au sein de l’OMC pour mettre à jour ses règles de loyauté.

Le GATT n’a pas ignoré le phénomène de régionalisation, il a autorisé la formation


de zones de libre-échange et d’unions douanières (1), l’article XXIV stipule que « les parties
contractantes reconnaissent qu’il est souhaitable d’augmenter la liberté du commerce en
développant, au moyen d’accords librement conclus, une intégration plus étroite des
économies des pays participants à de tels accords. Elles reconnaissent également que
l’établissement d’une union douanière ou d’une zone de libre-échange doit avoir pour objet
de faciliter le commerce entre les territoires constitutifs et non d’opposer des obstacles au
(2)
commerce d’autres parties contractantes avec ces territoires » . Même si les accords
régionaux sont contraires aux principes du GATT qui sont : La non discrimination
commerciale et la réciprocité entre les parties contractantes, notamment, la clause de la
nation la plus favorisée, l’article XXIV du GATT reconnaît le rôle des accords régionaux
puisqu’ils permettent, par l’intégration étroite des économies des pays membres,
d’augmenter la liberté de commerce. Les accords économiques régionaux sont donc une
dérogation au traitement de la nation la plus favorisée.

La dérogation à la clause de la nation la plus favorisée est encadrée par des


disciplines fixées au niveau multilatéral. L’article XXIV du GATT reconnaît la
compatibilité des accords régionaux avec l’accord général, sous certaines conditions, entre
autres :
a) l’accord doit augmenter la liberté du commerce entre les pays participants ;
b) les arrangements ne devraient pas avoir pour effet de renforcer les obstacles au
commerce avec les pays tiers ;
c) l’accord doit éliminer les restrictions du commerce entre les membres pour
l’essentiel des échanges commerciaux (soit environ 90 % dans la conception
européenne) ;
d) l’accord doit être notifié à l’OMC en vue de son examen par le comité des accords
commerciaux régionaux.

(1)
Les paragraphes 4 et 10 de l’article XXIX traitent de l’établissement et de fonctionnement des unions
douanières et des zones de libre-échange. L’article de l’Accord Général sur le Commerce et les Services,
régit la conclusion des accords régionaux dans le domaine des services.
(2)
J.M. SIROËN, op. cit, P.70.

56
Les regroupements constituent donc une réponse aux carences du multilatéralisme,
ils produisent des règles d’équité et de loyauté entre pays membres, les concessions sont
exigées pour l’ensemble des pays et en même temps.

3-2-2 La régionalisation comme réponse à la mondialisation


L’accélération du processus de mondialisation dans les années 1980-1990 s’est
accompagnée d’un retour en grâce des associations régionales.
La mondialisation est l’idée d’une interpénétration croissante des économies,
caractérisée selon R.BOYER (1) par :

 l’accélération du rythme d’accroissement du commerce international des biens et


des services (6 % en moyenne annuelle de 1950 à 1995 alors que le taux moyen de
la croissance de la population mondiale n’était que de 4 %) ;
 l’importance des IDE qui ont été multiplié par 12 entre 1973 et 1995. les firmes
multinationales sont passées à une gestion beaucoup plus intégrée de la production
et de l’innovation, en multipliant les opérations de partenariat et les alliances
stratégiques à l’échelle mondiale par la mise au point de procédés ou produits
nouveaux ;
 la globalisation financière, avec la création d’un marché unique de l’argent au
niveau mondial, la circulation internationale des capitaux est largement facilitée (le
montant des transactions financières internationales est 50 fois plus important que
la valeur du commerce international des marchandises et des services).

Face à cette évolution de l’économie mondiale, les politiques et mesures nationales


se trouvent affaiblies et inefficace. De plus, toute économie fortement ouverte sur
l’extérieur se trouve confrontée à des contraintes vis-à-vis de son environnement
international. Pour mieux affronter cette situation, les pays ont préféré s’unir et former des
groupes régionaux afin de protéger leurs intérêts dans le nouveau contexte international. La
régionalisation des prises de positions et de décisions accroît la force de négociation au
sein de processus mondiaux plus larges.

Selon R.HIGGOTT : «la mondialisation a eu pour effet de modifier les « règles du


jeu » de la concurrence entre entreprises, au sein d’un même pays ou sur les marchés

(1)
Cité par M.BOUKELLA, mondialisation au-delà des mythes, les cahiers du CREAD N° 44, 1998, P. 71-80

57
internationaux. En tant que telle, la mondialisation a constitué une incitation à la
régionalisation par les acteurs privés comme publics. Elle a conduit les Etats à introduire
des politiques d’intégration pour accroître la crédibilité des membres d’une région vis à vis
d’acteurs externes, en particulier des investisseurs potentiels » (1).

La recrudescence d’accords régionaux a, en tous les cas, alimenté un débat


récurrent concernant la question suivante : l’intégration régionale constitue-elle une remise
en cause du système commercial mondial ?

3-3 Mondialisation et régionalisation : confrontation ou complémentarité ?

Le débat sur les deux mouvements de mondialisation ou régionalisation s’est porté


surtout sur le fait que l’émergence d’accords régionaux puisse bloquer l’avancée du
multilatéralisme.

Les fondateurs du GATT ont admis que les accords régionaux soient une exception
à l’un des plus importants principes du GATT, selon l’idée que le développement de ces
accords contribuerait à la naissance d’un « multilatéralisme régionale » ne pouvant que
s’intégrer, par la suite, au processus globale mis en œuvre par le GATT. « ..., les initiatives
régionales et multilatérales d’intégration se complétant plutôt quelles ne s’opposent dans la
recherche d’une plus grande ouverture du commerce » (2), c’est la conclusion d’une étude
du secrétariat de l’OMC en 1995.

Tableau N°3 : « Le commerce des marchandises dans le cadre de divers accords


régionaux 2000-2008, en milliards de dollars »
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008
UE (27)
Expo. totales 2453 2469 2638 3149 3762 4065 4591 5339 5898
- Expo. intra 1668 1677 1794 2166 2577 2756 3136 3638 3974
- Expo. extra 785 792 843 983 1185 1310 1456 1701 1925
Imp. totales 2580 2549 2672 3214 3855 4222 4830 5603 6256
- Imp. intra 1663 1673 1786 2156 2576 2754 3133 3638 3974
- Imp. extra 917 877 886 1058 1278 1468 1697 1965 2282

ALENA

(1)
HIGGOTT, la régionalisation : une réponse a la mondialisation ? Revue problèmes économiques N°2111-
2612, 1999, P.21
(2)
Cité par J.F MITTAINE /F.PEQUERUL, es unions économiques régionales éd. Armand Colin, 1999, p.12

58
Expo. totales 1225 1148 1106 1163 1320 1476 1664 1840 2036
-Expo. intra 680 633 621 650 739 824 901 950 1013
-Expo. extra 544 515 486 513 581 651 763 890 1022
Imp. totales 1687 1583 1604 1727 2012 2287 2545 2706 2911
-Imp. intra 671 629 620 642 718 793 867 918 968
-Imp. extra 1016 954 984 1085 1294 1494 1678 1788 1943

ASEAN
Expo. totales a 432 388 407 475 569 656 770 864 990
-Expo. intra a 99 87 92 117 142 165 192 218 252
-Expo. extra 333 301 315 358 427 491 578 645 738
Imp. totales a 381 347 367 412 514 603 688 775 937
-Imp. intra a 86 77 84 101 125 151 174 194 229
-Imp. extra 294 270 282 310 387 452 514 582 708
MERCOSUR
Expo. totales 85 88 89 106 136 164 190 224 278
-Expo. intra 18 15 10 13 17 21 26 32 42
-Expo. extra 67 73 79 93 119 143 164 191 237
Imp. totales 90 84 62 69 95 114 141 184 259
-Imp. intra 18 16 11 13 18 22 26 34 45
-Imp. extra 72 68 52 56 77 91 114 150 214
GroupeAndin
Expo. totales 26 25 26 30 39 51 65 77 94
-Expo. intra 2 2 3 3 3 5 5 6 7
-Expo. extra 24 23 23 27 36 47 60 71 87
Imp. totales 25 27 28 31 37 46 56 71 93
-Imp. intra 2 3 3 3 4 5 6 7 9
-Imp. extra 22 25 25 27 33 41 50 64 85

a : à l’exclusion du commerce du Singapour avec l’Indonésie 2000-2001


Source : OMC (2009)

Les indicateurs de l’importance du mouvement de l’intégration reposent sur les


flux de commerce et les flux d’investissement interrégionaux. D’après les données du
tableau N°3, une certaine tendance à l’accroissement des flux de commerce régionaux
apparaît clairement, c’est le cas de l’Union Européenne qui a connu un taux d’échange
interrégional le plus important à partir de la mise en place du marché commun dans les
années soixante. Celle-ci réalise plus de 50 % de ses échanges à l’intérieur de la zone, ses
exportations intra-régionales ont atteint 3974 milliards de dollars en 2008 ce qui a
représenté 67.37% de ses exportations totales, les importations intra-régionales été de
63,5% des importations totales de la région. Les exportations intra-régionales en Amérique

59
du nord ont représenté 49,8% de ses exportations totales Grâce à la signature de l’Accord
de libre échange nord américain en 1992. Les importations intra- régionales ont atteint
33,2% de ses importations totales. Les exportations régionales au sein de l’Association des
nations de l’Asie du Sud-Est ont été de 22,9% en 2000 et sont passé à 25,45% en 2008,
quant aux importations, elles ont représenté 22,6% en 2000 puis 24,4% des importations
totales en 2008. En Amérique du Sud, 15% des exportations et 17% des importations
totales du Marché commun du sud se font à l’intérieur même de cet espace.

Graphique N°1 : « Part des principaux accords commerciaux régionaux dans le commerce
Mondial »

50% -
45% - 44%
41%
40% - 39%
36%
35% -
30% -
25% -
20% - 19% 19%
15% 16%
15% -
10% - 6%
4%
5 %- 3%
2% 2% 2%
1% 1%
0%
1970
1980
1990
2000
1970
1980
1990
2000

1970
1980
1990
2000
1970
1980
1990
2000

UE .15 ALENA ASEAN MERCOSUR

Source : DREE 2003

Il importe de signaler que la mise en place des accords commerciaux régionaux n’a
pas conduit à un repli des zones d’intégration sur elle-même, celles-ci demeurent ouvertes
à l’égard des partenaires extérieurs, notamment, les grandes zones comme l’UE et
l’ALENA. L’UE réalisait environ 33% de ses exportations totales avec l’extérieur comme
elle importait 36,5% de ses importations totales en dehors de son espace, elle contribuait à
hauteur de 36% dans le commerce mondial en 2000. Les exportations extrarégionales de

60
l’ALENA représentaient 50 % de l’ensemble de ses exportations, quant aux importations
extrarégionales elles constituaient 66,74% du totales, la région contribuait à hauteur de
19% dans le commerce mondial en 2000.

Nous pourrons dire la même chose concernant les investissements directs étrangers
- un des mouvements les plus importants dans la dynamique de mondialisation - ceux-ci
ont connu une croissance rapide grâce aux accords régionaux. Ces derniers ont crée des
marchés très attractifs pour les entreprises, ils ont contribué à la croissance
d’investissements intra-zone mais aussi les investissements interzones.

Tableau N° 4 : « Les investissements étrangers directs : flux entrants et sortants des


groupes commerciaux »
Groupements Flux entrants en millions de Flux sortants en millions de
commerciaux dollars dollars
2007 2008 2007 2008
ALENA 406 868 382 774 446 255 390 149
ASEAN 69 481 59 922 45 805 32 117
EU 842 311 503 453 1 192 141 837 033
ALADI 98 163 113 783 23 163 35 052
MERCOSUR 42 532 56 436 8 668 21 817
CCG 48 209 63 400 45 038 29 750

Source : Tableau reconstitué à partir des données du manuel statistique de la CNUCED - 2009

La progression des investissements interrégionaux en Europe s’est accompagnée


d’une intensification des investissements hors de la zone. L’Europe a activement investi
aux Etats-Unis, d’après le tableau N°4, les entreprises européennes sont de loin celles qui
investissent le plus à l’étranger avec des flux d’IDE sortant évalués à 837 033 millions de
dollars en 2008. Les IDE américains ne se concentrent pas uniquement dans la zone de
libre-échange nord américaine, ils investissent environ 390 149 millions de dollars en
dehors de la zone, ses IDE ont structurellement pour principaux pays d’accueille le
Royaume- uni, le Canada et les pays Bas.

L’Asie orientale représente l’exemple même de la coexistence des deux


dynamiques régionale et mondiale. Le renforcement de la régionalisation est dû, en partie,

61
à l’ouverture sur l’extérieur et la recherche de compétitivité sur les marchés mondiaux. Les
zones qui ne s’insèrent pas dans l’économie mondiale sont généralement celles qui ne sont
pas intégrées au niveau régional.

Selon F.NICOLAS, la coexistence de la dynamique de mondialisation et de


l’intégration de facto est due essentiellement : « … aux nouvelles formes d’organisation de
la production qui privilégient la segmentation du processus productif (OMAN, 1994). Bien
que la mondialisation contribue à réduire les distances et donc le rôle de la proximité
géographique, l’existence d’effets d’agglomération (1) contrecarrent cette tendance » (2).

Selon le même auteur, l’organisation de la production au niveau régional peut


s’inscrire dans une stratégie globale. L’approfondissement des échanges au sein de l’Asie
de l’Est est dû, en grande partie, aux délocalisations des firmes Japonaises recherchant de
meilleures conditions de production, obéissant de ce fait à la logique de mondialisation.
F.NICOLAS note que rares sont les entreprises qui concevraient leurs stratégies, leurs
opérations et leurs produits à l’échelle mondiale, car la proximité avec les consommateurs
permet d’adapter le produit en fonction des besoins du marché local.

De plus, la géographie joue toujours un rôle important dans l’intensité des échanges
entre les pays proches, et ce quelque soit l’évolution des moyens de transport. Des études
montrent que les échanges sont plus intenses entre deux pays lorsque la distance qui les
sépare est faible.

Les deux dynamiques constitueraient deux étapes d’une même séquence logique.
La régionalisation, représentant la deuxième vague d’intégration, ne comporte pas de blocs
régionaux qui se replient sur eux même, ils restent ouverts aux partenaires commerciaux.
Ils sont déterminés par « la recherche de la croissance économiques à travers la
participation à des activités créant de la richesse au niveau global » (3). Le resserrement des
liens économiques entre pays membres faciliterait leur insertion dans l’économie mondiale
notamment pour les pays en développement.

(1)
Effets d’agglomération : Il s’agit de la tendance au regroupement d’activité productives dans un même
lieu afin de bénéficier de certains avantages (infrastructures, échanges technologiques, etc.)
(2)
F.NICOLAS OP.cit P.61.
(3)
R.HIGGOTT, op.cit, p.22

62
L’intégration régionale peut aider bon nombre de pays à surmonter le problème
d’exiguïté de leurs marchés nationaux, en permettant aux producteurs de bénéficier des
avantages offerts par un grand marché, (les économies d’échelle, les infrastructures
régionaux,…etc.) et pouvoir affronter la mondialisation.

La mondialisation constitue une incitation à la régionalisation, elle est caractérisée


par une forte concurrence au niveau mondial (en matière d’IDE, des marchés à
l’exportation,…). L’intégration régionale permet d’atteindre la taille critique nécessaire
pour faire face à la concurrence au niveau mondial. De l’autre côté, elle rend inefficaces
les décisions et mesures prises au niveau national face à la concurrence internationale.
Alors que la régionalisation des prises de décisions peut accroître la force de négociation,
et faire face aux acteurs externes par l’émergence et l’évolution d’un dialogue solide entre
pays ayant opté pour une démarche collective concernant la coopération économique, et de
constituer une zone attractive aux investissements et un grand marché aux entreprises de la
zone pour les rendre plus compétitives au niveau mondial.

R.HIGGOTT pense que la régionalisation n’est pas contradictoire avec la


mondialisation, elles sont plutôt complémentaires, le régionalisme modère le nationalisme
économique et contribue à la codification, la transparence et la réglementation du
(1)
commerce . Selon P.J LIYOD, la régionalisation renforce le processus de libéralisation
(2)
multilatérale des échanges , les pays membres s’ouvrent aux échanges et deviennent
plus compétitifs, ainsi le protectionnisme national se trouve ébranlé.

Les accords régionaux ont, pour la plupart, pour objectif d’attirer les
investissements étrangers, R. HIGGOTT écrit : « …, il est nécessaire de stimuler
l’intégration régionale pour persuader les entreprises mondiales des mérites de la région X
par rapport à ceux de la région Y en tant que site d’investissement » (3).

Ces dernières années, les accords préférentiels sont de moins en mois régionaux.
F.SACHWALD parle d’une multiplication des structures intercontinentales, des accords
entre groupes de payés appartenant à des régions différentes ayant pour but la coopération
au sens large(4). Ce genre de structures a pour fonction explicite de favoriser la mise en

(1)
R.HIGGOTT, op.cit, P.22
(2)
P.LIYOD, op.cit, P.70.
(3)
R.HIGGOTT, op.cit, P.22
(4)
Cité par M. BOUKELLA, op.cit, P. 78.

63
œuvre des règles multilatérales. Plusieurs accords vont dans ce sens : L’APEC (Asia
Pacific Economique Coopération), un accord qui regroupes les pays de l’ALENA, le Chili,
les payés de l’ASEAN, la Chine, Taïwan, la Corée, le Japon, la Nouvelle Zélande,
l’Australie et la Papouasie. C’est une structure qui vise la libéralisation des échanges et des
investissements par l’élimination des barrières douanières ainsi que les barrières non
douanières ; la libéralisation des mouvements de capitaux ; la coordination monétaire et la
mise en œuvre de mécanismes de règlement des différends.

Il faut noter que la multiplication des accords régionaux depuis plus d’une
décennie, s’accompagne d’une augmentation du nombre des membres du système
commercial multilatéral, sachant que l’OMC compte 153 membres au 23 juillet 2010 contre
90 membres en 1990, les chiffres rappellent donc que régionalisme et multilatéralisme
progressent ensemble.

On peut en conclure que le mouvement de régionalisation n’est pas en contradiction


avec celui de la mondialisation, la libéralisation multilatérale et l’intégration régionale sont
deux processus qui ont besoin chacun l’un de l’autre. La réalité montre qu’il y’a une
certaine complémentarité entre ces deux formes d’organisations, la régionalisation permet
de promouvoir l’espace à partir duquel le libre-échange peut se propager, ce dernier
constitue l’objectif même du multilatéralisme.

Conclusion :

Le mouvement d’intégration régional s’est nettement accéléré au cours des vingt


dernières années, la deuxième vague s’annonçait décisive avec son élargissement à toutes
les régions du monde, elle a pris une nouvelle orientation dans le contexte de la
mondialisation, elle ne porte plus seulement sur les échanges commerciaux mais elle
concerne également les flux des services, des capitaux, des travailleurs, la coordination de
certaines politiques économiques,…etc.

Les regroupements régionaux présentent aussi bien des effets positifs, que des
effets néfastes : les règles d’origine, qui constituent une composante fondamentale des
accords d’intégration amplifient l’effet de détournement de commerce. De plus, il a été
constaté que la règle d’origine décourage le développement technologique, les réseaux et la
fabrication conjointe et restreint l’approvisionnement dans les pays tiers. Dans un marché

64
mondial où les entreprises dépendent de la livraison rapide de produits et de composants
multiples, la règle d’origine ne peut être qu’un obstacle à la fabrication de produits en
augmentant la complexité administrative des douanes et des coûts commerciaux. De plus
un accord d’intégration est susceptible de conduire à la perte d’une partie de recettes
douanières des pays importateurs.

Il faut dire que les liens entre les deux dynamiques d’intégration régionale et
mondiale sont complexes. Néanmoins, leur coexistence suggère qu’ils se renforcent
mutuellement. La mise en place des accords préférentiels régionaux n’a pas conduit les
zones intégrées à se replier sur elles-mêmes, celles-ci sont restées ouvertes sur l’extérieur
même si les échanges interrégionaux ont tendance à gagner en importance. La tendance à
la formation de zones régionales de libre-échange ne peut pas être séparée du mouvement
général de mondialisation et de l’approfondissement de la division internationale de
travail. Les zones intégrées ne peuvent pas se constituer autour d’un bloc fermé, mais
plutôt en termes d’ouverture plus approfondie entre partenaires pour se mettre en
meilleure position et pouvoir affronter l’ouverture au reste du monde.

Toute cette littérature sur l’intégration régionale nous amène à étudier quelques
accords régionaux pour connaître leur procédé, leur contenu et apporter réponse aux
questions suivantes dans le deuxièmes chapitre :

 les raisons économiques sont-elles toujours derrière la constitution de tout accord


régional ?
 les accords régionaux ont-ils tous le même contenu ?
 existe-t-il un modèle d’accord qui peut être adopté par tous les pays ?

65
Chapitre II : Quelques expériences
d’intégration économique régionale dans
le monde
Introduction :

Il est vrai que l’Europe communautaire a joué un rôle important dans la relance du
débat sur le régionalisme économique. Néanmoins, s’il y’a impulsion d’un nouveau
régionalisme dans les années 1980, d’après quelques auteurs, elle n’est pas venue de
l’Europe communautaire, mais plutôt des Amériques, il s’agit des initiatives pour le bassin
des Caraïbes lancées en Mai 1982. Rompant avec la tradition, les Etats-Unis ont négocié
des accords de libre-échange avec Israël et le Canada, avant d’ouvrir la voie à l’Accord de
libre-échange nord américain signé en 1994.

Le coup d’envoi décisif de la construction européenne est donné par la


déclaration de Robert SCHUMAN le 09 Mai 1950, celle-ci enclencha un processus dont les
principales étapes institutionnelles ont été le traité de la Communauté Européenne du
Charbon et de l’Acier (CECA), le traité de la Communauté Européenne de Défense (CED),
le traité de Rome 1957, les élargissements successifs, l’acte unique et le traité de
Maastricht instituant l’Union européenne.

On s’intéressera aussi dans ce chapitre, à une autre forme d’intégration entre pays
en développement, cette fois dans le continent asiatique, il s’agit de l’Association des
Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).

Le chapitre est donc présenté en trois sections, chacune d’elles porte sur une
expérience d’intégration, à savoir l’Union Européenne, l’Accord de Libre Echange Nord
Américain et l’Association des Nations de l’Asie de Sud Est. Nous allons essayer de mettre
en évidence les spécificités de chaque ensemble régional en étudiant les différentes étapes
historiques de la construction de chaque ensemble, les facteurs essentiels qui sont à
l’origine de leurs apparitions, leurs objectifs, leurs contenus et leur contribution au
développement de chacune des régions.

Section 1 : l’intégration régionale en Europe : L’Union Européenne

Bâtie sur les ruines de la seconde guerre mondiale, l’Union Européenne (UE) a eu
pour premier objectif, de renforcer la coopération économique, afin de créer une
interdépendance entre les pays qui écarte les risques de conflits. L’Union européenne a

67
ensuite évoluer vers un immense marché unique, avec l’euro comme monnaie commune et
un partenariat portant sur tous les domaines.

L’UE forme un partenariat politique et économique entre vingt-sept pays


européens, sans équivalent dans le monde. Elle constitue un facteur de paix, de stabilité et
de prospérité depuis plus d’un demi-siècle. Elle a réussi à mettre en place un marché
unique au sein duquel les personnes, les biens, les services et les capitaux peuvent circuler
aussi librement que dans un même pays. Ainsi, nous présenterons, dans ce qui suit, la
genèse et l’évolution du processus d’intégration européenne depuis la fin de la deuxième
guerre mondiale pour comprendre les motivations de l’union, les fondements sur lesquels
s’appuie l’Union, l’institution de la monnaie unique et ses élargissements successifs. Nous
verrons comment cette union fonctionne à vingt-sept ainsi que ses compétences - à travers
ses différentes institutions et organes qui la compose - et son élargissement vers l’Est.
Nous présenterons quelques chiffres sur l’impacte de l’Union sur le développement de la
région.

1-1- Genèse du processus de la construction européenne

Le résultat de la seconde guerre mondiale fut l’écrasement successif et total des


Etats de l’Europe Occidentale ; la suprématie mondiale était partagée entre deux Etats
géants : les Etats-Unis et l’U.R.S.S. En 1954, l’économie européenne était donc
profondément détériorée en raison des dommages causés par la guerre, un massif effort de
remise en ordre était urgent. L’histoire de l’Europe moderne débute à la fin de la seconde
guerre mondiale avec la mise en œuvre du plan MARCHALL.

1-1-1- Les débuts de l’intégration économique en Europe de l’Ouest (1945 - 1957)


En avril 1948 est créée l’Organisation Européenne de Coopération Economique
(O.E.C.E), elle regroupe presque tous les pays occidentaux, elle doit gérer l’aide
MARCHALL attribuée à l’Europe par les Etats-Unis. Elle se donne pour principales taches
l’expansion dans le libéralisme, l’établissement d’un programme commun de production et
d’échange, le développement de la production industrielle et agricole et la stimulation des
échanges par la baisse des barrières douanières.

68
En juin 1950, l’Union Européenne des paiements est créée, son objectif est
d’assurer un système de compensation pour les paiements multilatéraux où les pays sont
débiteurs ou créanciers de l’union, elle comptait un mécanisme de ligne de crédit
automatique pour les membres ayant des déficits de paiements. Les Etats membres
s’engagent à poursuivre une politique étrangère commune et étendre la coopération au
domaine de la sécurité.

En Mai 1949, un Conseil de l’Europe a été crée pour la réalisation d’une union
plus étroite entre les pays membres, la défense des droits de l’homme et la
démocratie,…etc.

Sur l’initiative de la France, le 09 mai 1950, le ministre des affaires étrangères


R.SCHUMAN proposa à l’Allemagne de placer l’ensemble de la production France-
Allemagne du charbon et de l’acier sous une autorité commune d’une organisation ouverte
à tous les pays européens de charbon et de l’acier, qui permet de moderniser et augmenter
la production et favoriser les investissements.

La Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (C.E.C.A) a vu le jour le 18


(1)
avril 1951, elle regroupe la France, l’Allemagne, l’Italie et les pays du BENELUX , elle
était dotée d’un pouvoir supranational. Le véritable but de la C.E.C.A était de nature
politique, il consistait à mettre fin à des éventuelles guerres entre deux ennemis et instaurer
une paix durable. La C.E.C.A était aussi considérée comme un effort de construction
communautaire afin de préparer la communauté politique (2). Le succès de cette dernière a
renforcé l’espoir d’une construction européenne.

1-1-2- La Communauté Economique Européenne (C.E.E)


La C.E.E est née avec la signature du traité de Rome le 25 Mai 1957. A l’origine,
les pays membres étaient au nombre de six : la France, l’Italie, la R.F.A et le BENELUX,
les objectifs étaient :

(1)
BENELUX : Regroupement créé en 1944 autours de trois pays : La Belgique, les pays –Bas et
Luxembourg.
(2)
CARTOU, CLERGERIE, GRUBER et RAMBAUD « l’Union Européenne », éd. Dalloz, Paris, 2000,
P45.

69
 l’établissement d’un marché commun pour une libre circulation des marchandises,
libre circulation des travailleurs, des capitaux, et une liberté d’établissement et de
prestation des services ;
 la promotion d’un développement harmonieux des activités économiques avec un
financement assuré par les Etats membres ;
 la coordination des politiques économiques nationales ;
 l’encouragement des relations entre les pays membres et le relèvement du niveau de
vie.

1-1-3 La poursuite de la construction européenne


Dès 1960, les droits de douanes internes entre les « six » sont abaissés de 10%, les
contingents disparaissent progressivement et plus rapidement que prévu. Parallèlement, est
élaboré et mis en place le tarif douanier commun, l’harmonisation des législations dans le
domaine fiscal et social ainsi que l’adoption de politiques sectorielles communes,
notamment en matière agricole (P.A.C).

a. La mise en place d’une politique agricole commune :


L’Europe encore marquée par les famines d’après guerre, doit retrouver son
autonomie alimentaire. Les objectifs de la Politique Agricole Commune (PAC) sont
déterminés par les « six » lors de la conférence de Stresa en 1958, ils sont résumés en
quatre éléments :
 l’accroissement de la productivité de l’agriculture ;
 la stabilisation des marchés ;
 la sécurisation des approvisionnements ;
 l’assurance de prix raisonnables pour les consommateurs et d’un niveau de vie
équitable pour les agriculteurs.

b. De l’Europe des « six » à l’Europe des « neuf » :


En 1967, la fusion de la CECA, d’ERATOM et de la CEE donne naissance à la
Communauté Européenne (CE).
Le 1er Janvier 1973 marque le premier élargissement de la CE, par l’adhésion de la
Grande Bretagne, du Danemark et de l’Irlande pour passer à l’EUROPE des « neuf ». La
communauté s’ouvre ensuite au sud avec l’adhésion de la Grèce en 1981.

70
1-2 L’Union européenne, économique et monétaire

L’Union européenne s’appuie sur des fondements solides et contraignants dans son
processus d’intégration où elle avance à grand pas avec l’institution d’une monnaie unique.

1-2-1 Les fondements de l’Union européenne


Les traités européens constituent les fondements de L’UE. Toute action entreprise
par celle-ci découle de ces traités, qui ont été approuvés librement et démocratiquement par
tous les Etats membres. Les traités européens sont des accords contraignant adoptés par
tous les Etats membres, ils définissent les objectifs poursuivis par l’Union, les règles de
fonctionnement des institutions, les procédures à suivre pour prendre des décisions et les
relations entre l’’Union et les Etats membres. Les traités sont modifiés pour satisfaire à
différents objectifs : renforcer l’efficacité et la transparence de l’Union, procéder aux
adaptations nécessaires pour accueillir de nouveaux Etats membres et élargir la
coopération de l’Union à de nouveau domaines.

1-2-1-1 L’acte unique européen


La construction européenne prend un nouvel essor en 1986, avec l’adhésion de
l’Espagne et du Portugal et l’adoption de l’acte unique le 17 février 1986, entré en vigueur
le 1er Juillet 1987, ce dernier doit dynamiser la construction européenne, après l’enlisement
de l’Europe pendant une dizaine d’année par :

 l’achèvement du marché intérieur fixé au 1er Janvier 1993, c’est-à-dire, la


réalisation d’un espace sans frontières intérieures où la circulation des
marchandises, des personnes, des services et des capitaux est assurée. Pour
atteindre cet objectif, le conseil des ministres de l’Union européenne décide
désormais à la majorité qualifiée dans les domaines stratégiques pour l’achèvement
du marché intérieur : tarif douanier extérieur, libre prestation des services, libre
circulation des capitaux, transport maritime et aérien, harmonisation des
législations.
 l’établissement de nouvelles politiques communes : les Etas membres délèguent
une partie de leur pouvoir de décision aux institutions européennes dans les
domaines de la recherche et du développement technologiques, de l’environnement
et de politique social.

71
 la reforme des fonds structurels, qui appuient financièrement le développement des
régions et des actions en faveurs des publics en difficulté, pour répondre à
l’objectif de cohésion économique et sociale (il s’agit du Fonds d’Orientation et de
Garantie Agricole, du Fonds Européen de Développement Régional et du Fonds
Social Européen).
L’acte unique est donc considéré comme un prolongement du traité de 1957, il
permet la transformation du marché issu du traité de Rome en un marché unique, sans
frontières intérieures.

1-2-1-2 Le traité de Maastricht


Signé en février 1992 à Maastricht, il est entré en vigueur le 1er novembre 1993. Le
traité de Maastricht dépasse l’objectif économique et donne une vocation politique à la
communauté. Il transforme la communauté en une union européenne, il renforce les liens
économiques et politiques entre les Etats membres, il donne le coup d’envoi à l’union
économique et monétaire à travers une extension des pouvoirs du parlement européen, la
création d’une citoyenneté européenne et le renforcement de l’activité
intergouvernementale. Il rassemble trois éléments appelés « trois piliers » :
1er pilier : la communauté européenne avec des compétences étendues dans le cadre
du traité de Maastricht. Les compétences communautaires sont étendues à de nouveaux
domaines (éducation, formation professionnelles, culture, santé publique, politique
industrielle….etc.).
2éme pilier : la coopération en matière de politique étrangère et de sécurité
commune en vue d’entreprendre des actions communes dans ce domaine. La décision doit
être prise par les ministres des affaires étrangères qui se réunissent en conseil de l’UE.
Cette dernière poursuit des objectifs de maintien de la paix et de renforcement de la
sécurité internationale, la sauvegarde des valeurs communes, des intérêts fondamentaux et
de l’indépendance de l’union.
3éme pilier : la coopération en matière d’affaires intérieures et de justice. Il est
Conçu pour faciliter et rendre plus sûre la liberté de circulation des personnes entre les
pays de l’UE, La coopération revêt une forme intergouvernementale des Etats membres de
l’UE dans les domaines de la coopération policière et judiciaire, pénale notamment dans la
lutte contre le terrorisme, la criminalité, trafic de drogue…etc.

72
1-2-1-3 Le traité d’Amsterdam
Signé le 17 juin 1997 par les quinze de l’Union européenne, le traité d’Amsterdam
s’inscrit dans la continuité du traité de Maastricht et consolide les trois piliers sur lesquels
est fondée l’action de l’Union. Le traité a abordé les questions suivantes :

 la révision des institutions européennes concernant le nombre de sièges, de


voix….etc.
 le renforcement des droits de citoyens, notamment en matière des droits
fondamentaux tels que la protection, la lutte contre l’exclusion et la pauvreté,…etc.
 La coopération intense dans le domaine de sécurité et justice ;
 la définition des modalités de mise en place de la politique européenne de sécurité
commune.

1-2-1-4 Le traité de Nice


Entré en vigueur le 1er février 2003, considéré comme préalable indispensable à
l’élargissement. Le traité de Nice doit permettre d’assurer un bon fonctionnement
institutionnel pour une union élargie. Il s’inscrit dans l’optique d’une réforme
institutionnelle, orienté autour de trois axes principaux : la composition et le
fonctionnement des institutions européennes, la procédure décisionnelle au sein du conseil
et les coopérations renforcées.

1-2-1-5 Le traité de Lisbonne


Entré en vigueur le 1er décembre 2009, son objectif est de rendre l’UE plus
démocratique, efficace et apte à affronter les problèmes mondiaux tels que le changement
climatique. Il permet à l’Union de disposer d’institutions modernes et de meilleures
méthodes de travail en vue de relever efficacement les défis du monde d’aujourd’hui.

1-2-2 La mise en œuvre d’une monnaie unique


L’incertitude liée aux fluctuations des taux de changes des monnaies européenne
freinait l’établissement d’un commerce entièrement libre (1), ce qui a renforcé la conviction
du bien-fondé d’une monnaie unique. Pour faire face à cette situation, il a été décidé, dans
le cadre du traité de Maastricht, la création d’une Union Economique et Monétaire (U.E.M)
et d’une Banque Centrale Européenne (B.C.E).

(1)
AKACEM et KEDDI, l’euro : la monnaie européenne unique, les cahiers du CREAD, N°55, 2001, p.105.

73
1-2-2-1 L’Avènement de l’Euro
L’idée d’une monnaie unique est apparue comme un complément nécessaire du
marché, elle permet de faire disparaître les opérations et les commissions de change, elle
fournit un environnement économique stable aux échanges et elle favorise la comparaison
des prix pour le consommateur. En 1995, les Etats membres de l’union se mettent d’accord
sur son nom « Euro », ils fixent les conditions, le calendrier et les modalités de passage à la
monnaie unique. Pour assurer la stabilité de l’Euro et garantir la réussite de l’U.E.M, il
fallait s’assurer que les disparités entre les économies des pays membres ne seraient pas
importantes, des critères de convergence sont exigées pour cela, elles sont au nombre de
cinq :

 le taux d’inflation ne doit pas dépasser plus de 1.5% de la moyenne des trois pays
ayant le taux d’inflation le plus bas.
 le taux d’intérêt à long terme ne doit pas dépasser plus de 2% la moyenne des taux
d’intérêt des trois pays ayant les taux d’inflation les plus bas.
 le taux de change doit rester à l’intérieur des marges étroites de fluctuation du
M.C.E sans tension grave ni dévaluation des critères pour le passage à la monnaie
unique.
 les critères budgétaires :
 Les déficits publics ne peuvent pas dépasser 3% du P.I.B.
 La dette publique ne peut excéder 60% du P.I .B

En Mai 1998, onze pays souhaitant participer à la zone euro sont retenus : la
France, l’Allemagne, l’Italie, la Belgique, l’Autriche, Luxembourg, l’Irlande, le Portugal,
les Pays-Bas et la Finlande. La Grèce n’ayant pas respecté les critères de convergences, ne
rejoindra la zone qu’en 2001. Le Danemark, la Grande Bretagne et la Suède ont pour
l’instant décidé de rester en dehors de la zone euro.

1-2-2-2 La mise en place de l’Euro


L’euro est apparu officiellement le 1 Janvier 1999, la parité de l’euro est fixée
irrévocablement à des taux suivants :
Mark allemand 1.95583 Franc belgo luxembourgeois 40.3399
Franc français 6.55957 Schilling autrichien 13.7603
Lire italienne 1936.27 Mark finlandais 5.94573

74
Peseta espagnole 166.386 Escudo portugais 200.482
Florin néerlandais 2.20371 Livre irlandaise 0.787504

La mise en place de l’euro s’est faite de manière graduelle ; il est utilisé de manière
exclusive sur les marchés financiers et peu à peu dans les paiements scripturaux (chèque ;
carte bancaires…etc.), les pièces et billets sont introduits le 1er Janvier 2002 avec une
période de double circulation euro / monnaie nationales.

Concernant la B.C.E, siégée à Francfort en Allemagne, elle est indépendante et n’a


de compte à rendre à personne, sa mission est de maintenir la stabilité des prix en veillant à
ce que le taux d’inflation annuel ne dépasse pas 2% dans la zone euro.

Pour ce qui est des conséquences, d’après AKACEM et KEDDI, rien que par la
soumission des candidats à la monnaie unique à des critères de convergence, ils se sont
astreints à une discipline monétaire et fiscale et dont le résultat est la maîtrise de l’inflation
et les déficits budgétaires, la baisse du taux d’intérêt à 1.9% en 1997 alors qu’il était de
(1)
5.4% en 1990 . L’euro a permis une plus grande fluidité des capitaux, une plus grande
attraction des investissements vers la zone euro. Les consommateurs et les entreprises
peuvent bénéficier d’une plus grande transparence des prix, rendant plus facile les
comparaisons de prix et des salaires, ce qui renforcera la compétitivité et entraînera une
baisse de prix ; la réduction voire la disparition de l’incertitude liée au risque de change et
aux dévaluations qui ne sont plus possibles dans la zone euro.

1-3 L’Union Européenne et l’élargissement vers l’Est

L’union européenne peut être définie, aujourd’hui, comme une famille de pays
démocratiques européens, décidés à œuvrer ensemble à la paix et au développement. Les
Etats qui adhérent à cette union ont mis en place des institutions communes auxquelles ils
délèguent une partie de leur pouvoir de décision, de leur souveraineté, afin que les
décisions concernant l’avenir de l’union soient prises de façon démocratique, juste et servir
l’intérêt commun. L’objectif étant d’établir les fondements d’une union sans cesse plus
étroite, de sauvegarder la paix et de rechercher l’union politique, d’assurer le progrès
économique et social.

(1)
AKACEM et KEDDI, op.cit, p.110

75
1-3-1 L’union européenne et ses institutions
Les institutions de l’UE sont représentées dans la figure N°6, à côté de ces
institutions, on retrouve cinq organes importants :
 le comité économique et social : exprime les opinions de la société civile, organisé
dans les domaines économique et social.
 Le comité des régions : exprime les opinions des collectivités locales et régionales.
 la banque centrale européenne : responsable de la politique monétaire et de la
gestion de l’euro.
 le médiateur européen : traite les plaintes des citoyens européens sur la mauvaise
administration de la part des institutions ou organe de l’union.
 la banque européenne d’investissement : contribue à la réalisation des objectifs de
l’union en finançant des projets d’investissements.

Dans l’organisation institutionnelle de l’UE :


 les grandes priorités de l’UE sont fixées par le Conseil européen, qui réunit
dirigeants nationaux et européens ;
 les citoyens de l’UE sont représentés par les députés, élus au suffrage
universel direct au Parlement européen ;
 les intérêts de l’UE dans son ensemble sont défendus par la Commission
européenne, dont les membres sont désignés par les gouvernements
nationaux ;
 les intérêts des Etats membres sont défendus par les gouvernements
nationaux au sein du Conseil de l’UE.

Concernant l’établissement des priorités, le Conseil européen donne à l’UE sa


politique globale, mais n’a pas le pouvoir d’adopter la législation. Il est dirigé par un
président, il est composé des chefs d’Etat et de gouvernement des Etats membres et du
président de la Commission. Il se réunit au moins une fois par semestre, pendant plusieurs
jours.
Pour élaborer la législation, trois institutions interviennent dans le processus
législatifs :
 le parlement européen, composé de députés représentant les citoyens
européens ;

76
 le conseil de l’UE, qui représente les gouvernements des Etats membres. La
présidence est assurée alternativement par chaque Etat membre, selon un
système de rotation ;
 la commission européenne, qui représente les intérêts de l’Union dans son
ensemble.

Ces institutions utilisent la procédure législative ordinaire ou « codécision » pour


élaborer les politiques et la législation mises en œuvre dans toute l’Union. En principe, la
commission présente des propositions de législation, qui sont adoptées par le Parlement et
le Conseil. Une fois adoptés, les actes législatifs sont mis en œuvre par les Etats membres
et la Commission, qui est chargée de veiller à ce qu’ils soient correctement appliqués.
Deux autres institutions jouent un rôle important, il s’agit de :

 la cour de justice de l’UE, qui veille au respect de la législation


européenne ;
 la cour des comptes, qui contrôle le financement des activités de l’Union.

Les compétences et les responsabilités de ces institutions sont définies par les
traités, qui constituent le fondement de toutes les activités de l’Union. Les traités
définissent également les règles et les procédures que les institutions de l’UE doivent
observer. Ils sont adoptés par les présidents et/ou les premiers ministres des Etats
membres, et sont ratifiés par les parlements nationaux.

Un budget de fonctionnement financé par les pays membres est alloué à la


communauté pour ses activités. Le budget est adopté tous les ans par les trois institutions
qui sont : le parlement européen, le conseil de l’union européenne et les commissions
européennes, il permet d’assurer le fonctionnement de l’UE et de mettre en œuvre les
politiques communautaires. Au début, plus de deux tiers des dépenses étaient réservées au
financement de la politique agricole qui constituait la principale politique communautaire.
Notons qu’en 2007 le budget de l’union s’élevait à 126.5 milliards d’euros, il est passé à
133,8 milliards d’euros en 2009.

77
Figure N° 6 : « Les institutions de l’Union Européenne »
Constitution Fonctionnement Rôle
Conseil de Chefs d’Etats de gouvernement des EM*. Réunion au moins deux Déterminer les grandes lignes de
l’Union Ministres des affaires étrangères des EM*. fois par an à Bruxelles ou à l’intégration Européenne.
I Européenne
Président + 1 membre de la commission. Luxembourg.
N
S 626 députés - Sessions plénières - Consulter les propositions de la
T Parlement
Européen Election directe mensuelles (Strasbourg) commission avant décision du conseil.
I
T Mandat de 5 ans. - Sessions extraordinaires - Contrôler les institutions et l’EM.
U
(Bruxelles) - Approuver le budget communautaire.
T
*
I Représentant des EM compétents pour le Siège à Bruxelles - Moteur de la politique communautaire
O
thème prévu : Agriculture, économie,…. Implore 15 000 personnes - Gardien des traités.
N
S Conseil Comité des représentations permanentes. en permanence - Représentant des intérêts de l’UE
- Organe exécutif (concurrence)
C
O 15 juges et 9 avocats généraux nommés par Siège à Luxembourg - Veiller à la bonne application du droit
M *
M les gouvernements des EM Séance plénière sur communautaire.
Commission
U mandat 6 ans. demande. - Juridiction constitutionnelle civile,
Européenne
N
A Chambre de 3 à 5 juges. administrative, social et pénal.
U - Examiner la légalité et la régularité
T
A Les membres nommés par le conseil après des recettes et des dépenses de l’UE.
Cour des Siège à Luxembourg.
I comptes consultation du parlement. - Assurer une bonne gestion financière.
R Européenne.
E Mandat de 6 ans. - Présenter un rapport annuel.
S
* EM : Etats membres. Source : J.M. SIROËN, op. cit, P.32

78
1-3-2- L’élargissement de l’union européenne
Sachant que l’union est ouverte à toutes les démocraties européennes, qui s’engagent à
respecter les traités fondateurs, elle s’élargit à trois autres pays en 1995, il s’agit de l’Autriche,
la Finlande et la Suède. C’est ainsi que les pays de l’Europe centrale et orientale ont déposé
leurs candidatures à l’adhésion. Le 31 Mars 1998, les négociations d’adhésion ont débuté avec
les pays candidats : la Hongrie, la Pologne, l’Estonie, la République Tchèque, la Slovénie et
Chypre. Le 13 Octobre 1999, la commission européenne recommande aux Etats membres
d’ouvrir les négociations avec la Roumanie, la République Slovaque, la Lettonie, la Lituanie, la
Bulgarie et Malte.

L’élargissement de l’UE, le premier de cette ampleur, est entré dans sa phase finale avec
l’adhésion officielle de dix nouveaux pays le 01 Mai 2004, il s’agit de Malte, Chypre, la
République Tchèque, l’Estonie, la Hongrie, Lettonie, Lituanie, la Pologne, la Slovaquie et la
Slovénie. La Bulgarie et la Roumanie devaient compléter l’élargissement par la suite. Ces pays
appartenaient pour la plus part, au bloc soviétique, leurs économies étaient régies par un
système de planification centralisée, leurs niveaux de développement et de revenu par tête très
en deçà des pays membres de l’UE.

Tableau N° 05 : « Evolution de l’Europe des 15 à 25 »


Europe des 15 Europe des 25 Evolution
Superficie 3 191 120 Km² 3 929 712 Km² + 23.1%
Population 378 millions 453 millions + 19.8%
PIB 8 826 milliards 9 230 milliards + 4.6%
d’euros d’euros

Source : Eurostat sur http://epp.eurostat-ec.europa.eu.

Ce dernier élargissement est un processus sans procédant, car il s’agit d’un


élargissement à plus de 100 millions de personnes et à des pays beaucoup plus pauvres que
ceux des pays qui ont adhéré auparavant. Ainsi la superficie totale de l’union à connu une
évolution de plus de 23%, et de 19.5% en terme de population, mais le PIB n’a évolué que de
4.6%. Ces pays se sont engagés, depuis le début des années quatre-vingt-dix, dans un processus
de transition vers l’économie de marché, de transformations structurelles et d’ouverture
commerciale et financière.

79
L’adhésion à l’union européenne est soumise à des conditions que nous pourrons
résumer comme suit :

 être un Etat européen selon l’article 49 du traité de l’union, respecter les principes de
l’article 6 du traité : liberté, démocratie et respect des droits de l’homme et des libertés
fondamentales ainsi que l’Etat de droit.
 satisfaire aux critères de Copenhague : maintenir les institutions stables ; avoir une
économie de marché ouverte et concurrentielle et souscrire aux objectifs de l’union
politique, économique et monétaire.
 intégrer l’acquis juridique communautaire, c'est-à-dire l’ensemble des principes, des
règles et des objectifs qui fondent l’union.

Le cheminement vers l’élargissement à été tracé par différents programmes d’aides et de


coopération. D’importants moyens financiers et outils techniques ont été mis en place pour
soutenir le processus de rapprochement entre les quinze et les Etats candidats à l’adhésion dans
le domaine économique (tableau N°6). Le programme PHARE est le plus important, son
objectif consiste à aider les pays candidats à préparer leurs adhésions, et concentre son aide sur
quelques priorités permettant de satisfaire aux critères de Copenhague. Il apporte une aide
financière aux investisseurs et aux réformes des appareils administratifs et juridiques. D’autres
instruments d’aide à l’adhésion ont été crées, comme l’instrument structurel de pré -adhésion
doté d’un budget de 1040 millions d’euros par an, l’instrument agricole de pré -adhésion avec
un budget de 520 millions d’euros par an.

Les pays d’Europe centrale et orientale ont fourni beaucoup d’efforts pour restructurer
leurs économies : diminution du poids de l’agriculture dans l’économie, développement du
secteur des services, du secteur industriel pour passer aux activités à forte contenance en
technologie et en capital.

Les différentes mesures entreprises par ces pays ont favorisé les échanges commerciaux
avec l’union des quinze : plus de 50% des échanges des PECO ont pour origine et destination
les pays de l’UE.

80
Tableau N°06 : « Les dépenses liées à la pré- adhésion et à l’adhésion »

Millions d’euros 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 Total
crédit d’engagement
Rubrique 1 : instrument 520 520 520 520 520 520 520 3640
de pré –adhésion
agricole
Rubrique 2 : 1040 1040 1040 1040 1040 1040 1040 7280
instruments structurel
de pré –adhésion
Rubrique 3 : phare 1560 1560 1560 1560 1560 1560 1560 10920
Total pour la pré – 3120 3120 3120 3120 3120 3120 3120 21840
adhésion
Rubrique 1 : agriculture 1600 2030 2450 2930 3400 12410
Rubrique 2 : Actions 3750 5830 7920 10000 12080 39580
structurelles
Rubrique 3 : Politique 730 760 790 820 850 3950
internes
Rubrique 5: 370 410 450 450 450 2130
Administration
Total pour adhésion 6450 9030 11610 14200 16780 58070
Total pour adhésion et 3120 3 120 9570 12150 12730 17320 19900 79910
pré –adhésion
Total exprimé en point 0.04 0.04 0.12 0.15 0.18 0.22 0.25
de PIB des quinze.

Source : Données de la Commission européenne reprises par CH. DE BOISSIEU, OP.cit, p.324

Deux ans après, l’élargissement constitue une réussite sur le plan économique malgré
toutes craintes avancées. Les économies des nouveaux Etats membres enregistrent une
croissance rapide qui leur permet de restreindre l’écart de développement qui les sépare de
leurs voisins. L’accession à l’UE a permis d’accélérer la croissance économique dans ces pays
avec une moyenne de 3.75% l’an entre l997 et 2005. La part de l’UE des quinze dans le total
des échanges des nouveaux membres est passée d’environ 56% en 1993 à 62% en 2005. Ces

81
derniers ont enregistré des déficits commerciaux significatifs mais décroissants (environ 3% du
(1)
PIB en 2005)
Les nouveaux membres ont, par ailleurs, attiré un volume important d’investissements
directs étrangers, qui ont atteint un total de 191 milliards d’euros en 2004, soit 40% du PIB
total alors qu’ils étaient pratiquement inexistant une dizaine d’années plutôt.

Tableau N°07 : « Les flux sortants d’IDE de l’UE 15 à destination des nouveaux Etats
membres »
En millions d’euro
2003 2004 2005
Extra UE-15 137 949 149 884 194 820
NEM* 5 147 18 324 32 426
Classement
Part extra-UE-15 4% 12% 17% 2005
Bulgarie 340 146 1 961 8
République Tchèque -2 377 -2 080 4 597 2
Estonie 102 115 2 092 7
Chypre -469 694 2 550 5
Lettonie -177 216 -33 11
Lituanie 207 156 -141 12
Hongrie 4 212 7 568 11 025 1
Malte 688 1 479 2 167 6
Pologne 1 663 6 081 2 639 4
Roumanie 815 2 968 3 877 3
Slovénie 646 189 507 10
Slovaquie -503 792 1 185 9

*
NEM : nouveaux Etats membres

Source : Eurostat sur http://epp.eurostat-ec.europa.eu.

Les flux d’investissement sont passés de 5.1 milliards en 2003 à 18.3 milliards d’euros
en 2004 pour atteindre un niveau record de 32.4 milliards d’euros en 2005. Les flux d’IDE
sortant de l’union des quinze à destination des nouveaux membres ont progressé plus
rapidement que le total des flux sortant extra-union des quinze. La part des nouveaux Etats
(1)
Site officiel de l’Union Européenne sur http://www.europa.eu.int.

82
membres dans les flux d’IDE sortant de l’UE des quinze a sensiblement augmenté : 17% de
l’ensemble des flux d’investissement extra-union des quinze sont destinés aux nouveaux
membres alors qu’ils ne représentaient que 4% en 2003. La Hongrie constitue la principale
destination des flux sortants d’IDE de l’union des quinze dans les nouveaux Etats membres. Ce
pays a attiré 11 milliards d’euros en 2005, ce qui représente un tiers du total des flux sortant à
destination des nouveaux membres.

Il faut souligner que les pays de l’union des quinze ont, eux aussi, bénéficié des
retombées positives dans la mesure où le marché unique compte désormais plus de 450 millions
de consommateurs. Il offre une multitude d’opportunités de commerce et d’investissement pour
les entreprises de l’union dans la mesure où, les économies des nouveaux membres sont très
ouvertes.

1-4 Les effets de l’intégration sur le développement de la région

En cinquante ans, d’énormes efforts ont été consacrés au démantèlement des barrières
entre les économies des Etats membres, à la mise en place d’un marché unique permettant une
libre circulation des biens, des personnes, des capitaux et des services et à l’harmonisation puis
l’unification des politiques économiques et la mise en place de la monnaie unique.

Tableau N°08 : « Les indicateurs de base par régions »


Population (1000) PIB à prix courant Part dans le Part dans le le
En 2010 Millions Euro-2008 PIB mondiale commerce mondial
(%) 2008 En (%)
EU-27 501 064 12 506 172 30,4 17,77
USA 317 641 9 657 548 23,4 14,25
Chine 1 354 146 2 941 384 7,1 10,7
Canada 33 890 951 925 2,3 3,8
Russie 140 367 1 093 157 2,7 3,1
Japon 126 995 3 337 824 12,9 6,2

Source : Indicateurs de développement dans le monde 2009 - Banque mondiale, Eurostat, FMI

L’UE constitue un pôle économique de toute première importance avec un PIB supérieur
à celui des USA, estimé à 12506 milliards d’euros en 2008 - il était de 9657 milliards d’euros
pour les USA dans la même période - soit 30,4% du PIB mondial.

83
Tableau N°09 : « Le commerce intra-Union Européenne de biens-en pourcentage du
Commerce extérieur total »
99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09

UE (27pays) 68 66 66 67 67 67 66 66 66 65 65
Belgique 76 74 75 74 75 75 74 74 73 73 74
Bulgarie 56 54 59 60 60 59 61 61 59 58 62
R.tchèque 82 80 80 79 79 84 83 83 83 81 81
Danemark 72 71 71 72 72 71 71 72 71 71 69
Allemagne 66 64 64 64 65 65 64 64 65 63 64
Estonie 78 78 73 74 72 76 77 71 75 75 75
Irlande 66 64 65 66 63 64 65 65 66 66 63
Grèce 69 64 64 57 60 61 59 59 60 57 64
Espagne 72 70 71 72 72 71 67 65 66 63 65
France 67 66 66 67 68 68 66 67 67 66 66
Italie 65 61 61 62 63 62 60 59 59 57 57
Chypre 59 59 58 57 60 69 70 69 69 68 71
Lettonie 76 77 77 78 77 76 76 75 76 73 72
Lituanie 65 63 62 62 59 65 62 63 67 59 61
Luxembourg 85 85 84 86 83 82 81 79 80 81 79
Hongrie 78 74 74 74 74 75 75 75 74 73 74
Malte 59 49 60 59 60 63 66 63 64 63 59
Pays-Bas 70 68 68 68 68 67 65 65 65 64 64
Autriche 79 78 78 78 79 78 76 76 76 75 75
Pologne 76 74 74 75 75 78 77 76 76 75 76
Portugal 81 78 78 80 80 78 78 76 76 74 77
Roumanie 71 68 71 71 71 70 66 66 72 70 74
Slovénie 76 75 74 73 73 75 74 73 72 70 70
Slovaquie 82 80 81 81 80 83 82 81 81 79 80
Finlande 67 65 64 65 64 62 61 60 60 59 60
Suède 66 64 64 64 65 65 64 65 66 64 63
Royaume-Uni 58 55 56 59 58 57 57 60 56 55 54

Source : Eurostat (2009)

84
Les nouveaux Etats membres tirent vers le haut la croissance moyenne de l’UE. La
croissance de leur PIB est supérieure à la moyenne de l’Union, en raison de l’effet bénéfique de
l’adhésion sur leurs économies. Le taux de croissance dépasse, pour la plus part d’entre-eux,
les 5% en 2006 (11,9 % pour Lettonie, 10,9 % pour l’Estonie, 8,3% pour Slovaquie, 7,2% pour
la Roumanie, 5,5% pour la Finlande).

Depuis l’entrée de la Roumanie et de la Bulgarie, l’UE compte environ un peu plus d’un
demi-milliard d’habitants, d’après le tableau N°08, la population de l’Union aurait atteint les
501,06 millions d’habitants en 2010. Elle a ainsi une position dominante démographiquement
mais également économiquement. L’union a réussi en grande partie l’un de ses principaux
objectifs qui est le progrès économique, selon une publication de la commission et d’après les
tableaux présentés ci-dessus, L’UE est (1 ) :

 le premier exportateur mondial de marchandises : plus de 1094 milliards d’euros en


2009 ;
 le premier exportateur mondial de services : 480 milliards d’euros en 2009, le secteur
des services génère plus de 60% du PIB.
 la première source mondiale en termes d’IDE avec 325 milliards d’euros en 2008 et le
premier bénéficiaire mondial des IDE avec 2421 milliards d’euros ;
 le principal marché d’exportation pour quelque 130 pays du monde entier, elle est le
premier partenaire commercial des USA, de la chine, de l’Inde, de la Russie, des pays du
Mercosur, de la Corée du sud, des pays de l’OPEP, l’UE reste un partenaire commercial
de 1ere importance pour les pays en développement.
 une économie relativement ouverte : le commerce mondial représentait environ 17% de
son PIB en 2009.

En effet, l’Union constitue la première puissance commerciale mondiale, puisqu’elle


détient la plus grande part avec environ 18% du total des échanges au niveau mondial. Les
échanges intra-communautaires sont dominants. En 2009, le commerce au sein de l’UE
représente 65% du commerce extérieur total. Tous les pays membres réalisent plus de 50% de
leurs échanges au sein même de l’Union, ces échanges sont favorisés par la zone de libre
échange que représente l’UE, ainsi que par l’espace de libre circulation des personnes, la
monnaie unique constitue également un avantage.

(1)
Publication de la commission européenne en 2008 sur http://ec . europa.eu.

85
Tableau N°10 : « Le stock d’investissements directs étrangers »
En millions d’euros
Partenaires Stock d’IDE sortant Stock d’IDE entrant

2005 2006 2007 2008 2005 2006 2007 2008

Monde 6305140 7183987 8259401 8562505 5690696 6519759 7469002 7578667

Extra-UE 2426226 2742002 3108244 3252907 1835136 2022675 2346055 2421435

Afrique 116675 128385 146893 153142 19110 19932 17590 24868


Amérique 1349767 1495319 1661524 1701189 1186665 1309639 1528162 1554517
Asie 369246 380064 413325 461621 161218 196027 230395 255395
Océanie 59854 58926 74842 66907 23195 20392 27059 21921
Argentine 37951 39984 39671 44103 1969 1806 1878 1748
Australie 53871 53644 68243 58742 22667 18777 25152 20657
Brésil 74061 92381 114358 112520 8119 14603 36223 42101
Canada 94287 114114 141284 139903 76170 105212 105917 105054
Chine 27514 32587 40077 47285 1211 3576 4652 13862
Inde 10579 12359 15978 19362 2502 2289 4415 6958
Indonésie 11226 10609 10099 13106 - 2641 - 3494 - 3213 - 3384
Japon 90268 75694 72167 76069 78232 97923 120771 116927
R. Corée 28540 28436 32442 28888 6187 7402 9211 7401
Mexique 42505 45122 48669 49048 9131 9677 10438 11366
Russie 32889 50541 70422 91955 12117 14578 23632 28423
A. Saoudite - - - - - - - -
Afrique du 47185 42483 54798 46345 4250 3095 5448 5911
sud
Turquie 23533 33888 49225 51660 6854 4972 5709 5339
USA 844627 949257 992412 1058052 874848 926133 1041512 1046157

Source : Eurostat (2009)

L’UE est également le premier foyer d’accueil des investissements directs étrangers au
monde, son stock d’IDE entrants a atteint 2421,43 Mds d’euro, ce qui représente presque 32%
du stock d’IDE au niveau mondial. Loin derrière, les USA avec 13,8% du total mondial. Il
s’agit d’un espace attractif pour les multinationales grâce à son important marché de
consommation avec un niveau de vie élevé et un pouvoir d’achat le plus important, une main
d’œuvre qualifiée et un excellant réseau de transport et de communication. La France prend la
86
première place en Europe en accueillant 20,5% du montant global à destination de l’Union en
2008.
L’intégration a constitué une source majeure de croissance en Europe, la mise en place
du marché unique est derrière l’accélération du commerce et de la croissance dans la région.
L’élargissement a donné plus de poids à la région et a permis d’étendre la zone de stabilité et de
paix à tout le continent européen.

Section 2 : L’intégration régionale en Amérique : Accord de libre échange Nord-


Américain (A.L.E.N.A)

Devant la réussite de l’intégration économique régionale en Europe, la signature de


l’Accord de Libre Echange Nord- Américain est une réaction à la relance du marché commun
européen et la consolidation du bloc asiatique autour du Japon et les N.P.I (nouveau pays
industrialisés). Les Etats-Unis se sont donc convertis aux thèses régionalistes pour créer une
force économique d’envergure, capable de rivaliser avec les autres ensembles régionaux.

Nous présenterons l’accord, dans cette section, à travers la genèse de celui-ci, ses
objectifs et les motivations qui ont poussé chacun des membres à signer cet accord, le contenu
de l’accord à travers les mesures de libéralisation prévues dans le commerce de marchandises,
les mesures de libéralisation dans le secteur de l’agriculture et de l’élevage, les mesures de
libéralisation dans le secteur de l’automobile, dans le secteur de textile, dans le secteur
énergétique, dans le secteur des services et les mesures pour encourager et faciliter les
investissements. Nous verrons le degré d’impact de l’accord en termes de développement des
échanges commerciaux entre les pays membres et en termes de développement des flux
d’investissements directs étrangers à destination de cet espace.

2-1 Genèse de l’accord

Les Etats-Unis et le Canada rentrent dans une logique d’intégration régionaliste dès
1965, avec la conclusion d’un pacte d’automobile qui prévoit le libre-échange des véhicules et
pièces détachées entre les deux pays. Les deux pays signent, par la suite, un accord plus élargi,
c’est l’Accord de Libre Echange (ALE) qui rentre en vigueur le 1er janvier 1989. L’Accord
établit des liens commerciaux privilégiés entre les deux pays par l’élimination graduelle des
tarifs douaniers, le traitement national des investissements de l’autre partie, autorisation de

87
déplacement ponctuel des hommes d’affaires, de nouveaux mécanismes ont été crées pour
régler rapidement et équitablement des différends et l’harmonisation des normes sanitaires
agroalimentaires.

Les principales dispositions de l’ALE sont reprises par les Etats-Unis, le Canada et le
Mexique dans le cadre de l’Accord de Libre Echange Nord Américain.
En 1989, le président SALINAS DE GORTARI proposa un accord de libre échange au
cours d’une rencontre informelle avec le président BUSH. Des discutions bilatérales ont été
entamées en 1990. Le 05 février 1991, les présidents BUSH, S. De GORTARI et le premier
ministre canadien MULRONEY annonçaient officiellement le début des négociations de
l’ALENA. L’Accord de Libre Echange Nord Américain (appelé NAFTA : North Américain Free
Trade Agreement pour les nord-américain, TLC : Tratado de Libre Commercio pour les
mexicains) est signé en 1992 entre les Etats-Unis le Canada et le Mexique. Il est complété et
ratifié en 1993 et entré en vigueur le 1er janvier 1994.

Les trois pays s’engagent à éliminer les barrières commerciales qui existent entre eux, il
s’agit des barrières tarifaires et barrières non tarifaires ainsi que le règlement, au niveau
régional, des questions qui n’ont pas trouvé de solutions au niveau de l’OMC au début des
années 1990, tels que les investissements et les services. L’objectif essentiel de l’accord est le
développement des échanges commerciaux entre pays membres.

Les Etats signataires n’ont jamais eu comme objectif, à travers cet accord, de réaliser
une intégration proprement dite. Chaque pays tient à conserver sa souveraineté, son identité
culturelle et sa propre politique économique. La conception des accords régionaux pour les
américains est dite «minimaliste », elle reproduit les modalités de fonctionnement de l’OMC au
niveau régional. D’ailleurs, les structures, les textes et procédures de l’ALENA reproduisent
ceux de l’OMC.

2-2 Les objectifs de l’accord

Les objectifs de l’accord consistent à :


 éliminer les obstacles au commerce des biens et services entre les trois parties et
faciliter le mouvement transfrontalier de ces biens et services : l’accord prévoit
l’élimination des barrières entre les trois pays dans un délai de quinze ans ;
 favoriser la concurrence loyale dans la zone de libre échange ;

88
 augmenter et améliorer les possibilités d’investissement sur le territoire des parties
concernées ;
 assurer de façon efficace la protection et le respect des droits de propriété
intellectuelle dans chaque pays. Des engagements ont été pris dans ce sens.
 établir des procédures efficaces pour la mise en œuvre et l’application de l’accord,
pour son administration conjointe et pour le règlement des différends : l’ALENA
propose un ensemble de procédures pour résoudre les différends ainsi que pour
contrer le dumping (1) et les pratiques protectionnistes.
 créer un cadre de coopération régionale et multilatérale plus poussé afin d’accroître
et d’élargir les avantages découlant de l’accord.

Il existe des principes directeurs pour chacun des pays, il s’agit de la diversité des
motifs qui ont poussé les trois pays à signer cet accord, une diversité qu’on peut qualifier
d’évidente vues les différences économiques, politiques, culturelles et sociales qui existent
entre les trois pays.

Pour les Etats-Unis, l’ALENA est un moyen de s’imposer comme troisième pôle plus
performant que l’Europe et le Japon. Ils visent le renforcement de son économie par la création
d’un marché intérieur plus vaste, ouvrir le marché mexicain aux produits américains en
(2)
étendant le régime des « Maquiladoras » à l’ensemble du territoire. L’Accord présente un
moyen de lutte contre l’isolationnisme et contre le protectionnisme à l’intérieur et à l’extérieur
du pays, et ceci, grâce au projet de l’extension future de l’accord à d’autres pays de l’Amérique
Latine. L’accord constitue donc, un terrain d’essai ou une expérience pour les Etats-Unis qui lui
permettra de réaliser une grande zone de libre échange allant de l’Alaska à la terre de feu.
L’accord est aussi présenté comme un moyen politique pour porter aide au Mexique, un moyen
de promouvoir la stabilité économique et politique du pays, par l’augmentation des échanges et
des investissements ce qui permettra une utilisation optimale de la main d’œuvre, des capitaux
et des richesses naturelles de l’Amérique .Si les taux d’emploi et de revenu augmentent au
Mexique, les Etats-Unis pourront orienter plus d’exportations vers ce dernier pour satisfaire la
demande et espérer contrer de cette manière la migration mexicaine.

(1)
Dumping : pratique commerciale qui consiste à vendre un produit en dessous de son coût de production.
Pratique condamnée par l’OMC.
2
Est l’équivalent latino-américain des zones de traitement pour l’exportation. Ce terme désigne une usine qui
bénéficie d’une exonération des droits de douane pour pouvoir produire à un moindre coût des marchandises ou
produits à partir de composants importés, ces derniers sont généralement exportés. Les zones attirent des
investisseurs pour leur main d’œuvre bon marché, le peu de régulation du travail, les normes environnementales
peu exigeantes et bien sûr la faible taxation dont- elles bénéficient.

89
Le Canada a rejoint les négociations américano-mexicaines pour des raisons
défensives : le souci de préserver les gains acquis grâce à l’A.L.E et éviter que les échanges et
les investissements ne se détournent du Canada pour se réorienter vers les Etats-Unis et le
Mexique. Au début des années 1990, le Canada était très dépendant des Etats-Unis sachant que
ses exportations vers ces derniers représentaient 20 % de son produit national, d’où
l’importance de préserver ses acquis. Il vise aussi l’accès plus librement au marché des services
et la protection des investissements étrangers.

Le Mexique vise, à travers l’accord, l’accélération et le redéploiement de son économie


et son intégration dans l’ensemble nord-américain. Il espère assurer et accroître son accès au
marché américain, attirer les capitaux étrangers dont-il a besoin pour répondre à une
croissance rapide des demandes d’emploi et relever le niveau de vie, ce qui constitue un
objectif immédiat pour le Mexique. D’après CORNELIUS : « … le libre commerce et les
investisseurs étrangers et nationaux additionnels qu’il attirera sont aujourd’hui les seuls stimuli
dont on puisse raisonnablement espérer un accroissement significatif de la capacité de
l’économie mexicaine à créer des emplois, sans laisser à nouveau exploser l’inflation causés
par des programmes de dépenses massives du gouvernement fédéral » (1)

Mais malgré les intérêts particuliers de chaque pays, leurs dirigeants partagent la même
conviction s’agissant d’installer une solidarité pour la croissance, ils ont ainsi accepté de faire
des concessions importantes lors de l’accord.

2-3 Les termes de l’Accord

L’accord comporte vingt deux chapitres. Dans le préambule de l’accord il est précisé
qu’il s’agit d’un accord qui permet de créer une zone de libre échange, il ne s’agit ni d’une
union monétaire, ni d’une union douanière, ni d’un marché commun ou d’une union politique.
L’ALENA ainsi, s’insère totalement dans la logique imposée par l’organisation mondiale de
commerce, il intègre un nombre de principes inspirés des règles multilatérales : traitement
national où les produits étrangers ne doivent pas faire l’objet d’un traitement discriminatoire,
garantie de la propriété intellectuelle, un groupe d’experts pour traiter les différends…etc.
L’accord prévoit l’élimination des barrières tarifaires et non tarifaires sur une période de dix à
quinze ans selon les produits. Un programmes et un calendrier ont été établis par les trois pays

1
Cité par GEMDEV, l’intégration régionale dans le monde, éd, KARTHALA, Paris, 1994, P.99.

90
portant sur la libéralisation des échanges et sur l’accès aux différents marchés et secteurs, tels
que le secteur de l’automobile, l’agriculture, les services,…etc.

a. Libéralisation du commerce de marchandises :


L’Accord prévoit un désarmement tarifaire progressif tel que indiqué dans le tableau
N°11.
Tableau N° 11 : « Le programme de libéralisation du commerce de marchandises »
Désarmement
tarifaire
A l’entrée en Dans un délai de Dans un délai Dans un délai
exemption de
vigueur de l’accord cinq ans de dix ans de quinze ans
droits de
douane
En faveur du 7300 produits dont 1200 produits 8 700 et 1700 1 % des
Mexique de la 4200 du système %des exportations produits, soit 7 % exportations
part des Etats- généralisé de hors pétrole 1991 : et 12 % des
Unis et du préférence, 84 %et 29 $, secteur exportations hors
Canada 79 % des automobile et pétrole
exportations hors textile. 1991 : 29 $
pétrole.
1991 : 239 $
2500 produits, 18
En faveur des 5900 produits 43 % % et 19 % des 3300 produits 38 1 % des
Etats-Unis et et 41 % des importations hors % des importations
du Canada importations hors pétrole importations hors
pétrole : biens pétrole
d’équipements et
produits chimiques
(80 % des
importations
dégrevées)

Source : J.REVEL-MOUROZ, l’Accord de Libre Echange de L’Amérique du Nord (ALENA) : vu


du Mexique, in VAN EEUWEN (s.d), la transformation de l’Etat en Amérique latine, éd.
Karthala, Paris, 1994, p.162

b. Le secteur de l’agriculture et l’élevage :


L’Accord prévoit un ensemble de mesures pour libéraliser le marché de l’agriculture et
de l’élevage, celles-ci sont résumées dans le tableau N°12.

91
Tableau N°12 : « Les mesures de libéralisation dans le secteur de l’agriculture et de l’élevage »

Calendrier Mexique Etats-Unis Canada


A l’entrée en Dégrèves 36 % des Eliminent les taxes sur 61 % Dégrève
vigueur de l’accord importations venues des EU de la valeur actuelle des 88% des
et 4% de celles du Canada. exportations mexicaines (dont exportations
Ne donne pas au Canada des fleurs, fruits, légumes, mexicaines
l’accès préférentiel aux bovins sur pieds,…)
produits laitiers /avicoles.
Interdiction de principe des
subventions à l’exportation

Elimine les taxes sur 3%


des importations venues des Dégrèvent 6 % des
Etats-Unis et 4 %de celle exportations Mexicaines (dont
venues du Canada. orange, tomate)
Dans les cinq ans
Dégrève 42 % des
importations venues des Dégrèves 5
E.U, et élimine les taxes sur Dégrèvent 28% de la valeur % des
28% des importations des exportations mexicaines exportations
venant du Canada. mexicaines
Dans les dix ans
Elimine les taxes sur 18% Eliminent les taxes sur les 5%
des importations venues des restant des exportations
E.U. (dont « produits mexicaines Dégrève 7%
sensibles» : Maïs, Haricot, Accès libre et sans limite du des
Dans les quinze lait en poudre) sucre mexicain sur le marché exportations
ans E.U mexicaines

Source : J.REVEL- MOUROZ, Op.cit., pp. 164 -165

c. Le secteur automobile :
Le tableau N° 14 présente les mesures de libéralisation du secteur automobile à l’entrée
en vigueur de l’Accord, puis au bout de 4 à 5 ans, au bout de six à dix ans et à très long terme.

92
Tableau N° 13 : « Les mesures de libéralisation dans le secteur automobile »
Calendrier
Les principales mesures
Dates limites
A l’entrée en Les Etats-Unis élimineront totalement les droits sur les automobiles de
vigueur de tourisme, réduiront ceux sur les camions légers ; des dégrèvements sur les
l’accord pièces autos exportées vers les Etats-Unis seront appliquées.
Les règles d’origine fixent le coût net régional à 50% du coût net de
fabrication.
La compensation de devises par les entreprises demeure au Mexique, fixée à
80% de leurs exportations de pièces et véhicules.
L’industrie « maquiladora » d’exportations pourra être intégrée à l’industrie
automobile mexicaine en tant qu’industrie de production nationale.
La participation des investisseurs de l’ALENA au Mexique dans l’industrie
automobile pourra passer de 40% à 49% pour les entreprises autres que
les « fournisseurs nationaux » de pièces où la participation est ouverte à
100%.
Pendant dix ans l’industrie de pièces automobiles installées au Mexique
disposera d’une part garantie de la valeur ajoutée de la production finale, qui
sera de 34% durant les cinq premières années.
Au bout de 4 à 5 Les règles d’origine fixent le coût net régional à 56% au bout de quatre ans.
ans Au bout de cinq ans, 70% des exportations américaines de pièces autos
seront exonérées de droits par le Mexique.
Le Mexique lèvera ses restrictions sur les importations d’automobiles de
tourisme au bout de cinq ans.
Au bout de 6 à 10 Au bout de six ans, la limite de participation étrangère est supprimée
ans Les règles d’origine fixent le coût net régional à 62,5% au bout de huit ans.
Au bout de dix ans, nouveaux dégrèvements et exonération sur
l’automobile, camions et pièces.
Au bout de dix ans la condition de compensation de devises est fixée à 55%
A très long terme Le Mexique lèvera ses restrictions sur les importations de véhicules usagés
dans une période de 18 à 25 ans.

Source : J.REVEL- MOUROZ, Op.cit., pp. 163 -164

d. Le secteur textile :
Les mesures de libéralisation dans ce domaine sont :

93
 l’abrogation du traité contenant restrictions au commerce de textile entre les Etats-Unis
et le Mexique ;
 l’élimination des quotas pour les exportations mexicaines de textiles et vêtements ;
 la baisse du tarif douanier sur les exportations du Mexique au Etats-Unis jusqu’à
20%,45% de la valeur des exportations du Mexique aux USA et 20% des exportations
américaines au Mexique sont libérés de droits ;
 la suppression progressive des quotas et des droits de douanes à moyen et long terme.

e. Les investissements :
Les mesures prises dans ce domaine se résument en :
 application du traitement national de la nation la plus favorisée, sauf dans le cas de
secteurs réservés par la constitution mexicaine ;
 élimination des restrictions à l’exportation ;
 conversion au taux du marché la monnaie issue des gains des investisseurs, des
revenus d’une vente, d’un paiement de prêt ou d’autres transactions liées à
l’investissement ;
 arrêt de l’imposition de la réexportation de la production des unités délocalisées ;
 prohibition de réduction des normes sur la protection de l’environnement afin
d’attirer les investissements ;
 garantie des compensations financières aux investisseurs de la part des Etats
membres (chapitre 11) en cas d’expropriation directe ou de toute autre action du
même genre. Le chapitre institue également un mécanisme de règlement des
différends qui permet à un investisseur privé de poursuivre un Etat devant un arbitre
international.

f. Le secteur énergétique :
Le traitement de ce secteur est essentiellement une extension des règles du GATT :
 l’accord réserve à l’Etat mexicain l’exploration, l’exploitation, le raffinement, la
transmission du pétrole, du gaz naturel et des produits pétrochimiques de base, ainsi que
le commerce international des produits.
 l’accord permet aux entreprises utilisatrices des produits pétrochimiques et à celles qui
en font la vente au détail de conclure des ententes d’offres de gaz naturel et de produits
pétrochimiques de base. Les contrats pouvant être établis entre les entreprises d’Etats et
les autres pays.

94
g. Les services :
Parmi les mesures prévues :
 l’extension du traitement national et du traitement de la nation la plus favorisée au
commerce transfrontalier de ces services ;
 l’élimination des exigences de nationalité et de résidence pour le prestataire de service
et la reconnaissance mutuelle des certifications et licences professionnelles.

Les activités concernées sont : la construction, les services professionnels, les services
informatiques, le transport terrestre, les télécommunications, les services portuaires, les
services aériens spécialisés, les services de réparation et maintenance, commerce de gros et de
détail et les services touristiques.

Quant aux services financiers, l’ouverture vers un système financier régional se fera
graduellement, le tableau N°14 énonce les mesures prises dans ce domaine.

Tableau N° 14 : « Les mesures au Mexique pour une ouverture graduelle vers un


système financier régional »
Compagnies
Banques, bourses Assurances
financières
Période La limitation de la Les compagnies d’assurance Ouverture aux
de participation étrangère des Etats-Unis et du Canada filiales pour des
transition globale passera de 8% à pourront : services de crédit à
de 1994 à 15% dans le marché - Augmenter leur part dans la consommation
2000 bancaire, de 10% à les investissements : 30%en hypothécaire, cartes
20%dans les 1994,51% en 1998,100% en de crédits. Le total
institutions boursières 2000 (100% en 1996 pour de leurs actifs est
Une banque étrangère les associés existant déjà) ; limité à 3% des
sera limitée à 1,5%du - Créer des filiales avec une actifs bancaires et
marché, une compagnie limite globale de 6% du financiers.
boursière à 4% du marché et une limite
marché individuelle de 1,5%

Source : J.REVEL- MOUROZ, OP.Cit, PP. 167

Des dispositions sont prévues concernant les déplacements des personnes pour faciliter
les déplacements professionnels des prospecteurs de marchés, de certains commerçants, de
certains personnels mutés au sein d’une même entreprise multinationale, de personnel

95
spécialisé. Des mesures ont été également prévues contre des pratiques déloyales et des actions
arbitraires, une instance d’experts de la région a été prévue pour examiner les litiges.

L’ALENA est aussi accompagnée d’accords dans le domaine de l’environnement et du


travail. Enfin, une clause d’adhésion permettra à d’autres pays de devenir membres de la zone
de libre échange.
S’agissant des institutions de l’ALENA, celui-ci n’est pas très institutionnalisé, il est
constitué d’une commission du libre-échange qui a pour tâche de superviser l’application et la
poursuite de l’élaboration de l’accord, de coordonnateurs de l’ALENA composés de trois hauts
fonctionnaires, de comités et groupes de travail et d’un secrétariat.

2-4 Les effets de l’accord sur le développement de la région

Malgré toutes les critiques et les projections négatives affichées par quelques analystes,
les progrès réalisés depuis l’entrée en vigueur de l’accord, en font de lui un exemple
d’intégration économique Nord-Sud pour les autres pays.

2-4-1 Au niveau des échanges commerciaux


La mise en œuvre de l’ALENA donne naissance à une zone de libre-échange regroupant
plus de 400 millions d’habitants et génère presque le quart du PIB mondial. En peu de temps,
l’ALENA a enregistré des progrès importants.

Tableau N°15 : « Canada – commerce des marchandises, par origine et destination-2009 »

Exportations (mds de dollars) Importations a (en mds de dollars)


Destination valeur Part (%) Variation Origine Valeur Part (%) Variation
annuelle annuelle

2009 2000 2009 2008 2009 2009 2000 2009 2008 2009
-Etats-Unis 237 87,3 74,7 7 - 33 Etats-Unis 169 64,4 51,2 4 - 23
-UE (27) 26 4,7 8,3 5 - 24 UE(27) 41 10,6 12,4 11 - 22
-Chine 10 0,9 3,1 11 -1 Chine 36 3,2 10,9 12 -13
-Japon 7 2,2 2,3 22 -30 Mexique 15 3,4 4,5 5 -14
-Mexique 4 0,5 1,3 19 -23 Japon 11 4,7 3,4 0 -24
-Autres 33 4,4 10,3 - - Autres 58 13,8 17,7 - -

Total 317 100 100 - - Total 330 100 100 - -

a : importations f.o.b.
Source : OMC (2010)

96
Selon une étude réalisée par la DREE et qui a abouti aux conclusions suivantes :
 le commerce régional a plus que doublé depuis la mise en œuvre de l’accord, il a atteint
650 milliards de dollars en 2001 ce qui représente plus de 10% du commerce mondial.
La croissance des échanges a été en moyenne de 12% par an, les principaux flux
concernent les relations Etats-Unis / Canada avec un montant de 385 milliards de
dollars en 2000, viennent en deuxième lieu les relations Etats Unis/ Mexique avec 265
milliards de dollars, en troisième position les relations Canada / Mexique avec un
montant de 12,2 milliards de dollars ;
 le commerce entre les Etats-Unis et le Mexique progresse en moyenne de 17 % par an
et de 13% par an entre le Canada et le Mexique ;
 le Mexique apparaît comme le grand bénéficiaire de l’accord, depuis 1994, ses
exportations vers les Etats-Unis ont augmenté de prés de 25% et plus de 114% vers le
Canada, ce qu’il lui a permis de se placer en huitième position dans les exportations
mondiales, le deuxième fournisseur des Etats-Unis et le quatrième du Canada ;
 l’ALENA représente 23% de la production mondiale et le plus grand pôle régional
d’échanges commerciaux au monde.

Tableau N°17 : « Etats-Unis -commerce des marchandises par origine et destination, 2009 »

Exportations (en Mds de dollars) Importations (en mds de dollars)


Destinatio Valeur Part Variation Origine Valeur Part Variation
n annuelle annuelle

2009 2000 2009 2008 2009 2009 2000 2009 2008 2009
UE (27) 221 21,6 20,9 11 -19 Chine 310 8,5 19,3 5 -13
Canada 205 22,6 19,4 5 -22 UE (27) 288 18,7 17,9 4 -24
Mexique 129 14,3 12,2 11 -15 Canada 228 18,5 14,2 7 -33
Chine 69 2,1 6,6 11 0 Mexique 179 10,9 11,1 3 -18
Japon 51 8,4 4,8 7 -22 Japon 99 12,0 6,1 -4 -31
Autres 381 31,1 36,1 - - Autres 503 31,4 31,3 - -

Total 1056 100 100 - - Total 1605 100 100 - -

Source : OMC (2010)

Les Etats-Unis et le Canada sont étroitement liés au plan économique grâce à leur
situation géographique ainsi qu’à la signature de l’ALENA qui a permis l’ouverture des
marchés entre les deux pays, un plus grand marché aux entreprises de la région avec plus
d’opportunités et de meilleures conditions et plus de facilités accordées aux investisseurs. Les
échanges entre les deux pays sont très intenses, ainsi au regard du commerce extérieur et

97
d’après le tableau N°17, le Canada constitue la deuxième destination des exportations des
Etats-Unis avec 19,4 % des exportations totales, soit 205 mds de dollars, et son troisième
fournisseur avec 14,2% de ses importations totales. De son coté, le Canada exporte 74,7% de
ses exportations à destination des Etats-Unis, représentant un montant de 237 milliards de
dollars, elles n’étaient que de 95 milliards de dollars en 1990 soit une augmentation d’environ
149 %, environ 51 % des importations canadiennes ont pour origine les Etats-Unis, ainsi le
Canada est l’un des premiers partenaires commerciaux des USA.

Tableau N°18 : « Les échanges commerciaux entre le Mexique et les autres pays de
L’ALENA en 2009»
Exportations Importations
Destination Valeur Part (%) Origine Valeur Part (%)
USA 185,212 80,5 USA 112,4 48,0
Canada 8,302 3,7 Canada 7,3 3,1
Autres 36,286 15,8 Autres 114,7 48,9
Total 229,8 100,0 Total 234,4 100,0

Source : Ubifrance et les missions économiques - Mars 2010 sur www.ubifrance.fr

Les Etats-Unis sont, et de loin, le partenaire commercial dominant du Mexique, ils


fournissent presque 50% de ses importations, soit 112,4 mds de dollars. Ils achètent plus de
80% de ses exportations, soit 185,2 mds de dollars ainsi le Mexique réalise son plus gros
excédent des échanges avec ce même partenaire.

Le commerce entre le Mexique et le Canada a également connu une hausse remarquable


en vertu de l’ALENA, malgré la distance géographique et les liens restreints dans le passé, les
échanges bilatéraux de marchandises entre ces deux pays ont atteint environ 15 milliards de
dollars en 2009, alors que ces flux étaient insignifiant auparavant (environ un milliards de
dollars en 1990).

Notons que les échanges commerciaux de produits intermédiaires ont augmenté entre
les industries des trois pays notamment les pièces automobiles (plus de 34 % des échanges
entre le Canada et les Etats-Unis s’effectuent entre des organes d’une même société qui mène
des activités des deux cotés de la frontière).

2-4-2 Au niveau des investissements


L’ALENA a également favorisé l’instauration d’un climat de confiance et de stabilité
nécessaire pour attirer les investissements à long terme grâce à un cadre solide, sûr et

98
transparent pour l’investissement. Ainsi la région a attiré des IDE à des niveaux jamais atteints :
en 2000 le montant de ces derniers a atteint 299,2 milliards de dollars, alors qu’ils ne
représentaient que 136,9 milliards de dollars en 1993, soit une augmentation de 118,5%. En
2002, l’Amérique du Nord compte 23,9% des entrants et 25% des IDE sortants à l’échelle
mondiale (1).

L’ALENA a permis de créer une plus grande synergie dans les processus de production
permettant à des entreprises nord-américaines de profiter pleinement des tendances en
constante évolution des chaînes de valeurs mondiales.
L’ALENA a stimulé le flux de capitaux, favorisé la diffusion de la technologie et
contribué à une augmentation de la productivité.

Tableau N°19 : « Evolution des IDE vers l’Amérique du Nord entre 2000-2008
En millions de dollars
En % du
2000 2005 2006 2007 2008
total mondial
L’Amérique
398 821 152 423 316 214 406 868 382 774 22,5
du Nord
USA 313 997 104 809 237 136 271 176 316 112 18,6
Canada 66 795 25 692 59 761 108 414 44 712 2,63
Mexique 18 028 21 922 19 316 27 278 21 950 1,29

Source : CNUED (2009)

L’Amérique du nord reçoit plus de 314 milliards de dollars en moyenne chaque annèe
sur la période 2005- 2008, ce qui représente 20,6% du total mondial. Les Etats-Unis confirment
leur rôle de plus grande puissance économique en attirant à eux seuls plus de 316 milliards de
dollars d’IDE en 2008, vient ensuite loin derrière, le Canada avec le montant de 44,712
milliards de dollars soit 2,63% du total mondial, le Mexique reçoit 21,950 milliards de dollars
représentant 1,29% du total mondial.

L’ALENA a provoqué, après 1994, un afflux d’IDE vers le Mexique en provenance de


pays extérieurs à la région, ces investissements permettaient de s’assurer un accès aux marchés
des partenaires du Nord. Selon la CNUCED, le Mexique est le deuxième pays d’accueil des IDE
en Amérique latine, après le Brésil, et dans les premières places parmi les économies

(1)
http:// www dfait-maeci.ge.ca/nafta

99
émergentes. L’adhésion du Mexique au GATT en 1986 et l’entrée en vigueur du traité de libre-
échange nord américain sont les deux facteurs qui ont permis l’essor des flux d’IDE qui entre
2005 et 2008, se sont situés en moyenne à 22,6 milliards de dollars.

Les USA demeurent, et de loin, la première source et la première destination des IDE
pour le Canada. Ils occupent la première position en termes de stock d’investissements détenu
au Canada avec 293,6 Md USD en 2008. La part des investissements canadiens destinés aux
USA représente 49% du total des investissements directs à l’étranger à la fin 2008.

L’Accord a ainsi engendré un environnement stable et prévisible qui bénéficie aux


entreprises de la région, il a contribué à la multiplication des débouchés des firmes. Il a fait de
l’Amérique du Nord un des marchés les plus dynamiques et les plus prospères au monde.

Section 3 : Intégration régionale en Asie :


Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN)

A partir de la seconde moitié du XXème siècle, l’Asie à connu un développement rapide


et spectaculaire, le Japon émerge comme une puissance industrielle, la Chine pour sa part a
joué un rôle important dans ce continent, mais l’évènement le plus inattendu est l’émergence
d’autres pays asiatiques surnommés, par la suite, les « quatre dragons », il s’agis de Hong -
Kong, de la Corée du Sud, Taiwan et Singapour par leur industrialisation et leur croissance
rapide et des « Bébés tigres » comme l’Indonésie, la Malaisie et la Thaïlande. Ainsi, l’énorme
marché que constitue cette région du monde séduit les occidentaux, elle attire des investisseurs
et les délocalisations s’accélèrent vers ce continent.

Nous procéderons, pour étudier ce groupe, par sa genèse pour comprendre les facteurs à
l’origine de la formation d’un tel regroupement et les motivations de ses membres. Nous
présenterons ses objectifs et ses structures, la constitution de la zone de libre échange au sein
du regroupement à travers la mise en œuvre de l’AFTA, la situation économique et social de la
région à travers quelques indicateurs de base concernant la superficie des pays membres, la
population, le PIB et son taux de croissance ainsi que le revenu par habitant, le commerce intra
et extra-ANASE, les investissements extra et intra-ANASE et leurs parts dans l’ investissement
total de la région. Notre intérêt se portera aussi sur l’ASEAN+3 et la naissance d’un régime
régional monétaire et financier en réponse à la crise qui a frappé la région.

100
3-1 Genèse de regroupement

Il faut souligner, au départ, que l’Asie du sud-est est cette partie de l’Asie qui a été
profondément marquée par les conquêtes européennes, l’influence occidentale était donc
prépondérante. Pendant les années 1960 et 1970, la région était le théâtre de plusieurs conflits :
la première guerre d’Indochine avait mené à la création de deux Vietnam, le Nord était
communiste, le Sud était plutôt proche des occidentaux. Le pays a connu une seconde guerre
«la guerre du Vietnam » qui était mi-guerre civile et mi-règlement de comptes entre Moscou et
Washington par Vietnamiens interposés. Le pays voisin qui est le Laos était aussi
communiste. La crainte de coups d’Etats communistes était grande dans les autres pays de la
région comme la Malaisie, les Philippines et surtout l’Indonésie qui était le théâtre de massacre
de sympathisants communistes.

En 1961, est née une association de l’Asie du Sud- Est entre la Thaïlande, la Malaisie et
les Philippines, mais des conflits au sein des pays membres ont empêché l’association de se
développer. Une autre association créée en 1963 entre la Malaisie, les Philippines et
l’Indonésie, il s’agit de MAPHILINDO, une association dissoute en 1965 pour plusieurs
problèmes, essentiellement, des mauvaises intensions de l’Indonésie accusée de vouloir
dominer la région.

La création de l’association des Nations de l’Asie du Sud- Est (ANASE) remonte donc,
jusqu’au 08 Août 1967 à Bang Kola en Thaïlande après quelques tentatives de regroupement
soldées par un échec. Les cinq Etats membres fondateurs sont : l’Indonésie, la Malaisie, les
Philippines, le Singapour et la Thaïlande. Elle a depuis accueilli le Brunei (1984), le Vietnam
(1995), le Laos, le Myanmar (1997) et le Cambodge (1999). L’Association couvre ainsi toute
l’Asie du Sud- Est.

L’ANASE s’inscrit dans une perspective de sécurité régionale. Lors de sa fondation, les
Etats signataires avaient comme premier objectif l’instauration de la paix dans la région. Le
concept de sécurité tel qu’il est défini par l’ANASE contient des aspects idéologiques,
politiques, économiques, socioculturels et militaires, on parle d’une sécurité globale.

101
3-2 Les objectifs et structures de l’ASEAN

Les objectifs et principes de l’ASEAN tels qu’ils figurent dans la déclaration de


Bangkok sont :

 la promotion de la paix et de la stabilité régionale à travers le respect de la justice et des


règles de droit dans les relations entre les pays de la région et l’adhésion aux principes
de la charte des Nations Unies.
 l’accélération de la croissance économique, le progrès social et le développement
culturel dans la région à travers des projets communs, ainsi qu’un esprit d’égalité et de
participation dans le but de renforcer la fondation d’une communauté du Sud- Est
prospère.

Les principes auxquels se soumettront les membres dans leurs relations sont définis dans
le traité d’amitié et de coopération en Asie du Sud- Est - signé dans le cadre du premier
sommet de l’ANASE en 1976 - et se présentent comme suit :

 le respect de l’indépendance, de la souveraineté, de la l’égalité, de l’intégrité territoriale


et de la sécurité nationale de tous les membres : le souci de préserver la souveraineté est
très important c’est pourquoi toutes les décisions sont prises par consensus ;
 le droit de chaque Etat à vivre sans interférences extérieures, subversion ou coercition ;
 la non interférence dans les affaires internes des autres ;
 le règlement pacifique des conflits ;
 la renonciation à la menace ou à l’usage de la force ;
 la coopération efficace entre les membres.

L’ASEAN est restée longtemps le seul processus institutionnel dans la région, lors de sa
création, deux objectifs lui sont assignés : l’un est d’ordre politique, il s’agit d’instaurer la
stabilité et la paix régionale, l’autre, d’ordre économique, il concerne la promotion de la
croissance et le développement économique par la coopération. Le premier des deux objectifs
étant atteint avec succès puisque l’association a réussi à éviter la propagation du communisme
et de la guerre sur son territoire. Pour le second, il a fallu attendre 1992, pour qu’un accord de
libre-échange soit signé lors du sommet de Singapour. L’accord permet à l’ANASE de
s’affirmer en Asie car, désormais, la priorité est accordée aux questions économiques.

102
3-3 La zone de libre échange de l’ASEAN (AFTA)

Au début de sa création, le commerce intra-régional au sein de l’ANASE était


insignifiant, car les efforts de coopération se sont focalisés sur le champ politique. Mais
plusieurs mesures et conventions ont été élaborées, par la suite, sur le plan économique et qui
ont permis d’accroître les échanges commerciaux entre les membres, nous citons entre autres :
 un arrangement sur les tarifs préférentiels a été signé en 1976 afin d’accorder des tarifs
douaniers préférentiels aux membres ;
 une entente sur l’amélioration de la coopération économique a été adoptée dans le cadre
du quatrième sommet tenu à Singapour en 1992, une entente qui a jeté les bases d’une
zone de libre échange entre les membres de l’ANASE (AFTA : Asia Free Trade Area).
 un agenda pour une plus grande intégration économique adopté dans le cadre du
cinquième sommet de Bangkok en 1995 et qui avait pour but l’accélération de la mise
en œuvre de l’AFTA.

L’AFTA a été lancé au travers de l’accord sur le CEPT (Commun Effective Preferencial
Tariff) qui est l’instrument principal pour la réalisation de l’AFTA. Le CEPT comprend deux
programmes de réduction de tarifs : un programme rapide (Accelerated Tariff Reduction) et un
programme normal. Chaque programme touche des produits bien définis par le CEPT ainsi que
l’ampleur de la diminution tarifaire.

Concernant les produits couverts par l’accord CEPT, en principe la zone de libre
échange couvre tous les produits manufacturés et agricoles, bien que les calendriers de
réduction des tarifs et suppression des restrictions quantitatives et autres barrières non tarifaires
diffèrent, quatre liste établies sont présentée comme suit :

 la liste d’inclusion : les produits figurant dans cette liste subiront une libéralisation
immédiate ;
 la liste d’exclusion temporaire : se sont des produits qui peuvent être protégés de la
libéralisation commerciale pour une période déterminée, ces produits devraient être
transférés par la suit dans la liste d’inclusion et d’entamer un processus de réduction
tarifaire ;
 la liste des produits sensibles : elle contient des produits agricoles non transformés
pour qui le délai d’intégration de la zone de libre échange est plus long ;

103
 la liste d’exception générale : ces produits sont définitivement exclus de la zone de
libre échange pour des raisons de protection de la sécurité nationale, de la moralité
publiques, la protection des personnes et des animaux ou des végétaux, la santé, la
protection des objets de valeur artistique, historique et archéologique. Cette liste
représente 1,61% du total des lignes tarifaires de l’ASEAN.

L’accord CEPT pour l’AFTA a prévu également l’élimination immédiate des restrictions
quantitatives pour les produits inclus dans le régime de la CEPT ainsi que l’élimination des
autres obstacles non tarifaires dans un délai de cinq ans. Plusieurs mesures ont été prises au
sein de l’ASEAN pour éliminer les obstacles inutiles aux échanges par l’harmonisation des
normes de produits et la reconnaissance mutuelle des exigences d’évaluation de la conformité,
la simplification des procédures de dédouanement et l’harmonisation des normes sanitaires et
phytosanitaires. Concernant la règle d’origine, un produit est considéré originaire de l’un des
pays de l’ANASE si 40% de son contenu provient d’un des pays membres.

En Juillet 1997, les pays leader de l’ASEAN ont adopté l’ASEAN vision 2020 en réponse
à la crise économique et pour stimuler leur croissance. Cette étape comprend la réalisation
complète de la zone de libre échange. Les six pays fondateurs vont avancer la mise en place de
la zone d’un an : 2002 à la place de 2003, comme ils sont arrivés à définir un tarif minimum
pour l’année 2000 à 5%.

Une série de plans élaborés pour concrétiser cette vision, ils visent non seulement la
libéralisation du commerce et des investissements mais encore, poursuivre des efforts dans le
sens d’une plus grande intégration physique pour un système trans-ANASE de transport qui
consiste en des autoroutes, des réseaux de chemins de fer, une collaboration entre les ports, des
liens de navigation sur les rivières et des liens aériens plus poussés, la construction du réseau
énergétique trans- ANASE….etc.

Le Cambodge, le Laos, la Birmanie et le Vietnam, intégrés plus tard à l’ASEAN,


bénéficient jusqu’en 2015 d’une clause transitoire destinée à leur permettre de ramener à zéro
leurs droits de douane.

2015 est aussi la date butoir, fixée pour l’entrée en vigueur d’une « communauté
économique de l’ASEAN » se caractérisant par la libre circulation des biens, des services et des
capitaux entre dix pays membres.

104
3-4 Situation économique et sociale des pays membres

Le tableau N°20 présente les indicateurs de base des pays de l’ASEAN : la superficie de
chacun des pays membres, la population totale, le PIB, le PIB par habitant et la croissance du
PIB en 2000, 2006, 2008.
Tableau N°20 : « les indicateurs de base des pays de l’ANASE - 2008 »
Croissance de PIB %(prix
Population PIB à Prix
Pays Superficie PIB/ constant)
totale (en Courant en
membres en Km² Habitant
milliers) million $ 2000 2006 2008

Brunei 5 765 397 14 147 35 623 2.9 5.1 0.4


Cambodge 181 035 14 656 11 082 756 8.4 10.8 6.0
Indonésie 1 860 360 228 523 511 174 2 237 5.4 5.6 6.1
Laos 236 800 5 763 5 289 918 5.8 8.3 8.4
Malaisie 330 252 27 863 222 057 7 970 8.9 5.9 4.6
Myanmar 676 577 58 510 27 182 465 13.7 7.0 4.5
Philippines 300 000 90 457 166 773 1 844 4.4 5.3 3.6
Singapour 710 4 839 182 103 37 629 0.1 7.9 1.1
Thaïlande 513 120 66 482 273 729 4 117 4.8 5.0 2.6
Vietnam 331 212 86 160 90 701 1 053 6.8 8.2 6.3
ANASE 4 435 830 583 651 1 504 236 2 577 6.3 6.0 4.4

Source : ASEAN statistics sur le site officiel de l’Association : http:// www .aseansec.org.

Le tableau N°21 représente l’évolution du commerce de l’ASEAN en 2000, 2003,


2006, 2008, 2009, ainsi que l’évolution du commerce intra-ASEAN et extra-ASEAN.

Tableau N°21 : « Le commerce intra et extra-ASEAN »

Indicateurs Unité/échelle 2000 2003 2006 2008 2009


Commerce Valeur (Mn$) 759,101 824,539 1 404,806 1.710,422 1 536,843
Total Croissance (%) 21.8 15.5 14.7 6.2 - 10.1

Commerce Valeur (Mn$) 166,846 206,732 352,711 458,114 376,207


Intra - Croissance (%) 25.8 29.3 15.7 14.0 - 17.8

ASEAN En % du commerce 22.0 25.1 25.1 26.8 24.5


total

105
Commerce Valeur (Mn$) 592,255 617,807 1 052,034 1 208,867 1 252,308
Extra - Croissance (%) 20.7 11.5 11.4 14.9 3.6

ASEAN En % du commerce 78.0 74.9 74.9 73.2 75.5


total

Source : ASEAN statistics sur : http:// www .aseansec.org.

La mise en œuvre d’une zone de libre-échange en Asie du sud-est a donné naissance à


un marché de plus de 583 millions de consommateurs, elle génère un PIB de 1504 millions de
dollars en 2008. Le revenu par habitant est très différent d’un pays à un autre : il est de 465 $ au
Myanmar, 1053 $ au Vietnam, 7970 $ en Malaisie, le revenu atteint 35623 $ au Brunei, 37629
$ au Singapour. La région réalise un taux d’accroissement du PIB réel élevé (6.3% en 2000, 6.0
% en 2006 et 4.4% en 2008) ce qui a pour effet de relever le niveau de vie. Le taux de
croissance au Vietnam passe de 6.8% en 2000 à 8.2 % en 2006, puis 6.3 % en 2008. Le Laos
réalise un taux de croissance annuel de 5.8 % en 2000, de 8.3 % en 2006 et de 8.4 % en 2008.
Le taux de croissance au Cambodge était de 8.4 % en 2000, 10.8 % en 2006 et 6.0% en 2008.

En matière d’échanges commerciaux, les exportations de la zone progressent d’environ


15% par an. Le commerce intra-régional est en constante évolution sauf en 2009, où il a
enregistré une baisse de 17.8% suite à la crise mondiale, le montant de ces échanges était plus
de 376,207 millions de dollars, ce qui représente environ 24,5% des échanges commerciaux de
la région, 10% seulement des échanges s’effectuaient à l’intérieur de la zone lors de sa création.

Tableau N°22 : « Les investissements directs étrangers en Asie du Sud-Est - 2009 »


En millions de dollars
Part de l’investissement intra et extra
Intra- Extra- ASEAN (%)
Pays Total
ASEAN Intra Extra Total
ASEAN ASEAN
ASEAN
Brunei 0.1 176.7 176.8 0.1 99.9 100.0
Cambodge 170.8 359.3 530.2 32.2 67.8 100.0
Indonésie 1 380.1 3 496.7 4 876.8 28.3 71.7 100.0
Laos 57.3 261.3 318.6 18.0 82.0 100.0
Malaisie (269.7) 1 650.7 1 381.0 - 19.5 119.5 100.0
Myanmar 19.5 559.1 578.6 3.4 96.6 100.0
Philippines 18.7 1 929.3 1 948.0 1.0 99.0 100.0
Singapour 2 037.6 14 218.6 16 256.2 12.5 87.5 100.0

106
Thaïlande 585.8 5 371.1 5 956.9 9.8 90.2 100.0
Vietnam 428.7 7 171.3 7 600.0 5.6 94.4 100.0
ANASE 4 428.9 35 194.1 39 623.0 11.2 88.8 100.0

Source: ASEAN statistics sur: http://www .aseansec.org

L’accord a permis d’attirer les investisseurs étrangers qui bénéficient désormais, de la


baisse des tarifs en s’implantant dans l’un des pays membres. La région reçoit environ 39.623
milliards de dollars en 2009, en baisse de près de 20% par rapport à 2008. Le Singapour vient
en tête des IDE reçus avec 15,25 milliards de dollars en 2009.

Toutefois, les progrès dans l’intégration économique régionale ne sont pas aussi
marqués, la proportion de commerce intra-régional est restée stable depuis plusieurs années.
Les pays de la région sont, aujourd’hui, confrontés à des questions de plus en plus
complexes dans le domaine de sécurité régionale (terrorisme international, différends
territoriaux en mer de Chine…), de la coopération économique (compétitivité de la Chine et de
l’Inde, négociation interminables sur les accords de libre-échange) de la santé (grippe aviaire,
SRAS), de l’environnement (pollution transnationale) d’où la nécessité de donner une nouvelle
dynamique à l’ASEAN pour faire face à la situation complexe.

L’Asie a eu à subir la crise de 1997-1998, parmi les pays les plus touchés, deux sont
membres de l’ANASE : la Thaïlande et l’Indonésie. L’association ne disposait pas de
compétences ni d’instruments pour intervenir, contraindre et préconiser des solutions, elle n’a
aucune influence ni aucun moyen d’influence sur les évolutions politiques internes. L’ANASE
n’était plus d’aucune utilité dans la gestion de la crise, chaque pays a opté pour une politique
économique sans concertation avec les autres membres.

La crise a révélé l’inaction de l’ASEAN et de l’APEC ainsi que les défaillances du


système monétaire et financier international mené par le FMI. L’impact de la crise financière
qui avait frappé la région a fait prendre conscience aux pays de la région de leur vulnérabilité
face aux risques inhérents à l’instabilité du système financier international. Face à cette
situation, les Etats de la zone vont réagir en établissant une amorce de coopération
institutionnelle pour parer à la formation de nouvelles crises, aux défaillances du marché et des
institutions financières internationales par l’établissement de leurs propres mécanismes de

107
sauvegarde, ce qui est considéré comme une volonté de satisfaire à un intérêt commun par la
production d’un bien public régional qui est la stabilité monétaire et financière.

La nouvelle perception de la coopération s’est traduite par l’affirmation de l’ASEAN+ 3


et la mise en place de sommets informels entre treize pays de la région, il s’agit des dix pays
membres de l’ASEAN, la Chine, la Corée du sud et le Japon.

3-5 L’ASEAN + 3 : la crise à l’origine d’un régime régional monétaire et financier

Le processus régional dans cette partie du monde a connu une évolution depuis la crise
financière, avec la mise en place d’une coopération interétatique dans le domaine monétaire et
financier au sein du périmètre ASEAN+3.

La coopération monétaire et financière au sein de l’ASEAN+3 se focalise sur deux


initiatives majeures :

1) la mise en place de mécanismes de surveillance et de liquidité, il s’agit de l’Initiative


Chiang Mai, qui se focalise sur l’offre de liquidités en cas d’éventuelles nouvelles crises
mais aussi sur la prévention des crises avec son mécanisme de surveillance et de
dialogue entre les pays. L’initiative constitue le volet monétaire du régime ;
2) le développement des marchés obligataires asiatiques (ABMI), visant la réduction de la
dépendance des acteurs asiatiques vis-à-vis du système bancaire et à améliorer
l’allocation de l’épargne en rendant les marchés des obligations plus efficaces et plus
liquides et en améliorant leurs structures.

3-5-1 Le volet monétaire du régime : l’Initiative Chiang Mai


L’initiative comporte deux volets : le premier volet porte sur le renforcement des
échanges d’informations et de surveillance, le second sur l’amélioration de l’offre de
ressources.

a) Le renforcement des échanges d’informations et de surveillance : les pays de


l’ASEAN ont établi un processus de surveillance (ASEAN surveillance process) qui vise
à contrôler les taux de change et les agrégats macro économique et surveiller les
politiques sectorielles et sociales ; améliorer la circulation et le partage de l’information

108
entre les pays. La coordination du processus est assurée par un bureau du secrétariat de
l’ASEAN, le processus couvre cinq fonctions principales :
 évaluer les conditions économiques nationales, régionales et globales ;
 contrôler les flux régionaux de capitaux ;
 identifier les risques financiers et macroéconomiques ;
 renforcer les structures des systèmes financiers et bancaires ;
 fournir une voix asiatiques dans la réforme du système financier international.

b) L’amélioration de l’offre des ressources : concerne l’établissement des accords de


swaps étendu à toutes les banques centrales des pays de l’ASEAN. Le montant des
ressources accordées pour les pays en difficulté passe de 200 millions de dollars à un
milliard en novembre 2000 puis à 2 milliards en 2005. Une série d’accords bilatéraux de
swaps est également réalisée entre les banques centrales des pays de l’ASEAN et les
trois autres pays pour fournir des ressources supplémentaires, en complément de celles
versées par le FMI, au pays confronté à une forte instabilité monétaire. Ces accords
peuvent être réciproques ou non, le Japon et la Chine ont signé principalement des
accords non réciproques avec les pays de l’ASEAN, ces accords peuvent être renouvelés
une fois et sont remboursables dans les six mois suivant la transaction. Ainsi, une série
d’accords bilatéraux ont été établis entre les treize pays de 2001 à 2007,
essentiellement, entre les huit membres les plus développés de l’ASEAN et les trois
autres pays. Quant aux derniers pays ayant rejoint l’association (la Birmanie, le
Cambodge, le Laos et le Vietnam), un délai leur a été accordé pour accéder
graduellement à ces accords. Notons que sur seize accords de swaps réalisés, le Japon a
signé sept accords, la Corée du sud et la Chine ont conclu six accords.

3-5-2 Le volet financier du régime : l’initiative pour les marchés obligataires Asiatiques
(ABMI)
L’ABMI (Asian Bond Markets Initiative), une initiative proposée par le gouvernement
japonais en 2002, instaurée en Août 2003, elle vise à rendre les marchés des obligations des
pays membres plus efficaces et plus liquides et réduire les disparités entre devises. Son objectif
consiste à renforcer la stabilité financière de la région en cherchant à améliorer certains points
négatifs à l’origine de la crise de 1997. Ses activités consistent donc à développer les marchés
primaires et secondaires, en favorisant une large variété d’émetteurs et de produits et
d’améliorer les structures de ces marchés. Quatre groupes de travail sont mobilisés à cet effet :

109
 le premier coordonné par la Thaïlande s’intéresse à la création de nouveaux instruments
de dette sécurisée ;
 le deuxième coordonné par la Corée du Sud et la Chine ayant pour tâche l’instauration
des garanties de crédit et de mécanismes d’investissement ;
 le troisième coordonné par la Malaisie et s’intéresse aux transactions de change et de
règlement ;
 le quatrième est coordonné par le Singapour et le Japon ayant pour tâche l’élaboration
d’un système de notification et de diffusion de l’information.

En Juin 2007, la capitalisation des marchés obligataires en monnaie locale s’élevait à


près de 3000 milliards de dollars contre 1202 milliards en 2003 (1)
Un nouveau plan d’action a été mis en place en Mai 2008 pour développer l’ABMI, il
s’agit « the New ABMI Roadmap », celui-ci se focalise sur quatre activités : promouvoir
l’émission d’obligations libellées en monnaies locales ; faciliter la demande d’obligations en
monnaies locales ; améliorer la régulation et améliorer les infrastructures reliées aux marchés
obligataires.

Nous pourrons en conclure que la coopération dans le domaine financier et monétaire


s’est fortement développée au sein de l’ASEAN+3. Les deux initiatives mises en place, à savoir
l’ICM et l’ABMI apportent une certaine stabilité financière et monétaire dans la région. Même
les pays les moins avancés de la région bénéficient de l’ABMI, le Vietnam connaît une émission
croissante des obligations d’Etats et des obligations des entreprises, respectivement plus de
(2)
406% en 2005 et 306% en 2006. Ainsi, une certaine équité règne car se sont les pays
présentant les plus grandes réserves contribuant le plus à l’ICM. De plus, les accords de swaps
sont généralement non réciproques entre les pays de l’ASEAN, la Chine et le Japon. En effet la
prise en compte de l’asymétrie économique entre les pays de l’ASEAN et les deux autres a
permis de favoriser la signature des accords de swaps et l’approfondissement de l’ICM ainsi
que la mise en place de l’ABMI.

Notons que sur le plan des échanges commerciaux, la région constitue la zone de
référence pour la chine, le Japon et la Corée du Sud : la concentration des échanges des flux
commerciaux au sein de l’ASEAN+3 est plus importante que celle de l’ASEAN et représentent

(1)
L.GUILHOT, op.cit, p.107.
(2)
L.GUILHOT, op.cit, p.108

110
en moyenne 45%. Le Japon et la Chine font généralement partie des trois premiers partenaires
des pays de l’Asie de l’est. Celle-ci constitue également la principale destination des firmes
nippones : 40 à 80% des nouvelles firmes japonaises sont implantées en Asie. Ces firmes sont
ainsi à l’origine de près de 46% des échanges commerciaux au sein de la région dont une
grande majorité sont des produits manufacturés (1).

Conclusion :
Le chapitre nous a permis d’avoir une idée assez précise des différents regroupements
régionaux des trois continents : l’ALENA en Amérique, l’UE en Europe et l’ASEAN en Asie.
En résumé, l’Union Européenne reste une intégration régionale exemplaire, l’Europe
s’est construite sur des bases solides et communes. Ce qu’il faut noter c’est que cela ne s’est
pas réalisé sans difficultés et sans hésitations, mais grâce à la forte volonté des gouvernements,
l’Europe a pu dépasser ses difficultés et avancer de plus en plus dans le processus d’intégration
économique.

L’ALENA représente une première expérience d’intégration entre pays inégalement


développés. Malgré les critiques qui lui sont adressées et les difficultés rencontrées au cours de
la mise en œuvre de l’Accord, celui-ci connaît déjà d’importants succès lui permettant de servir
de modèle aux autres tentatives d’intégration de ce genre.

Quant à l’Association des Nations de l’Asie du sud- est, elle a était fondée pour des
raisons liées avant tout à la sécurité politique de la région. Mais au fil du temps les accords
économiques de l’ASEAN sont devenus plus importants que les objectifs politiques qu’elle
s’était assignés au départ, comme l’affirme Jean COUSSY : « l’histoire récente montre que les
intégrations régionales sont, quant elles n’échouent pas, des processus si longs qu’elles peuvent
changer de contenu et même de sens au cours de leur mise en œuvre. Ce changement peut
résulter de faits historiques non prévus lors de lancement des intégrations. Ils peuvent aussi
résulter de la capacité des acteurs économiques et politiques à changer les contenus et le sens
des intégrations régionales dont il n’ont pas été les auteurs »2. La mise en œuvre de l’AFTA est
très importante pour les pays de l’ASEAN, elle permettra à cette dernière de faire face à la
concurrence des autres regroupements régionaux européens et américains.

(1)
BOULANGER cité par L.GUILHOT, op.cit, p.204
(2)
J. COUSSY, économie politique des intégrations régionales : une approche historique, revue monde en
développement, Paris, 2001, Tome 29, 115/116, P.25

111
Conclusion de la première partie :

D’après les arguments présentés dans la section concernant la mondialisation et la


régionalisation de l’économie mondiale, on peut reconnaître que les accords régionaux peuvent
jouer un rôle important pour ce qui est de promouvoir la libéralisation et l’expansion des
échanges et de favoriser le développement. Plus de 60% des échanges mondiaux sont réalisés à
l’intérieur de zones régionales, notamment au sein de l’Union Européenne et de l’Accord de
Libre Echange Nord Américain. Les échanges extérieurs de ces deux regroupements sont aussi
importants que leurs échanges intra-régionaux.

La formation de blocs régionaux semble donc constituer une étape vers la réalisation du
libre échange mondial - même si le débat reste ouvert sur cette question - à condition qu’ils ne
se traduisent pas par un relèvement des droits de douanes vis-à-vis des pays tiers.

Les accords régionaux constituent des facteurs d’insertion des pays du sud dans
l’économie mondiale par le resserrement des liens commerciaux entre les pays membres, ce qui
renforcerait leur capacité à participer au commerce mondial. Ils permettent également de
résoudre le problème d’étroitesse de leurs marchés et de bénéficier des avantages que peut
présenter un grand marché comme la réalisation des économies d’échelle, bénéficier de la mise
en place d’infrastructures au niveau régional, bénéficier de la baisse et de la levée des barrières
tarifaires et non tarifaires, l’harmonisation des incitations à l’investissement...etc. Ces mêmes
accords représentent un cadre favorable pour l’aboutissement des réformes institutionnelles et
structurelles déjà entamées dans certains pays en développement et favorisent la mobilisation
des investisseurs étrangers, c’est le cas de l’ALENA et ses effets positifs sur l’aboutissement
des réformes entamées par le Mexique.

Les expériences d’intégration sont hétérogènes, les processus d’intégration régionale se


différencient par leur degré d’institutionnalisation, par leur rythme, par leur approfondissement
et/ou par leur élargissement.

L’intégration économique revêt une dimension commerciale, économique, politique,


culturelle et sociale. En Europe, l’intégration politique fait suite à l’intégration économique.
Ainsi, dans la pratique l’intégration devait au départ répondre à une logique commerciale, puis
s’élargir pour couvrir les dimensions économiques et monétaires pour revêtir, par la suite, une
dimension politique avec l’apparition de la citoyenneté européenne dans le cadre du traité de

112
Maastricht. La dimension culturelle est intégrée souvent dans les accords d’intégration Nord-
Sud sous forme de conditionnalité, telle que la clause démocratique : la démocratie constitue
une condition nécessaire pour adhérer à un ensemble comme l’UE. Concernant la dimension
sociale, l’intégration économique, contribue au progrès social par l’amélioration des conditions
de vie des populations. Ainsi, des règles sociales sont mises en œuvre dans des cadres
régionaux ou des mécanismes redistributifs tels que les fonds structurels de l’UE. Les
mécanismes de compensation et de redistribution sont nécessaires vis-à-vis des groupes sociaux
perdants du fait des politiques de convergence adoptées dans le cadre des accords régionaux.

L’Union Européenne est devenue une puissance de fait, en raison de son importance
démographique et économique et de l’institution de la monnaie unique. L’Europe des six s’est
affirmée peu à peu comme un attracteur pour les pays européens. Aujourd’hui, la dimension
européenne procure une force vis-à-vis de l’extérieur. Les différents pays européens ne
représentent que des puissances moyennes pour les plus développés parmi-eux, alors que l’UE
est une puissance mondiale bien plus qu’une simple addition des pays membres.

Aujourd’hui, les Etats aspirent de plus en plus à participer au modèle de réussite que
présente l’UE avec ses valeurs, la démocratie, l’Etat de droit, la protection des droits de
l’Homme et des minorités. La réussite de l’intégration européenne s’explique, en premier lieu,
par la volonté des pays membres à s’engager dans ce processus d’intégration, une volonté qui
n’a pas été affaiblie ni par le temps ni par les grandes difficultés rencontrées au cours de la
construction du processus. Sa réussite s’explique aussi par la volonté de chacun des pays
membres de l’UE de transférer une partie de leur pouvoir de décision à des institutions
supranationales qui grâce à leur objectivité et la priorité accordée aux intérêts de la région avant
ceux des pays la composant, ont contribué au succès réalisé.

L’Europe a donc adopté le mode supranational, processus de décision en vertu du quel


les Etats membres acceptent de transférer et de partager une partie de leur souveraineté, ce
mode a donné des résultats positifs du fait qu’il est plus contraignant, les pays membres
s’engagent à respecter les règles communes, les décisions font l’objet d’un vote à la majorité
qualifiée. L’institutionnalisation de l’intégration et la mise à la disposition des institutions, les
instruments et les moyens financiers nécessaires leurs permettant de prendre des mesures
contraignantes dans l’application des dispositions prévues dans les accords et d’avoir de
l’influence dans les décisions concernant l’avenir de la région, est un choix important pour la
réussite du processus d’intégration.

113
Certaines conditions sont nécessaires pour le succès de l’intégration comme
l’implication de l’ensemble des participants dans le processus de consultation préalable, la
transparence du processus de prise de décision supranationale et la responsabilité des
institutions régionales. De plus, ces dernières devraient être fortes, crédibles et surtout
indépendantes pour exercer leur influence sur les pays membres.

Le régionalisme est synonyme de pouvoir : l’intégration permet de bénéficier d’un


certain nombre de pouvoirs au niveau mondial, ces pouvoirs se diffèrent d’un ensemble à un
autre :
 la création d’une puissance dans les domaines politique, économique, technologique, et
militaire, permettra au bloc régional de s’imposer sur le plan international dans tous les
secteurs et ne pas être obligé d’appliquer les choix et règles établis par les autres
puissances. Cette stratégie est utilisée par l’UE afin d’être en mesure de lutter contre
l’hégémonie des Etats-Unis et le développement du Japon ;
 la recherche de la relance de la puissance hégémonique, c’est le cas des Etats-Unis à
travers la création de l’ALENA ;
 la préservation de la sécurité et de la stabilité avec les pays voisins, l’union constitue
un pouvoir ou une force militaire dissuasive contre toute tentative d’agression externe,
c’est le cas de l’ANASE ;
 l’acquisition du pouvoir de négociation à l’échelle mondiale, c’est le cas notamment
des ensembles régionaux des pays en développement.

Toutefois, à travers les expériences d’intégration étudiées, on a constaté que les accords
régionaux ont toujours répondu à des préoccupations qui se situent en dehors du cadre
économique et ce, quelles que soit les motivations qui animent les acteurs étatiques sur le plan
économique, surtout lorsqu’il s’agit de créer de grands ensembles économiques. En d’autres
termes, aucun accord économique régional n’a jamais répondu à des préoccupations
exclusivement d’ordre économique.

Les unions régionales entres pays en développement, si elles n’échouent pas, elles ne
contribuent guère à l’accélération de la croissance que leurs membres en attendaient. Nous
allons essayer de comprendre les raisons de cet échec dans la deuxième partie de ce travail à
travers l’étude de l’intégration régionale au Maghreb.

114
Deuxième partie : Intégration
économique régionale au Maghreb
Introduction à la deuxième partie :

A l’heure où des changements majeurs affectent l’économie mondiale, notamment la


formation d’ensembles régionaux un peu partout dans le monde - des ensembles qui régissent
une bonne partie des échanges mondiaux et attirent une part importante des investissements
étrangers - le triomphe de l’idéologie libérale et la généralisation des politiques d’ajustement
structurel dans les pays du sud, il est légitime de s’interroger sur la place du Maghreb dans ce
bouleversement.

Face à ces défis que sont la montée du régionalisme dans le monde et la libéralisation de
l’économie mondiale, l’intégration économique régionale au Maghreb devient impérative, sans
laquelle ces pays risquent une marginalisation et un sous-développement économique. La
dynamique de globalisation, mondialisation de l’économie peut conduire à un processus
d’exclusion des pays à dotation naturelle avec l’érosion de leurs avantages comparatifs et de
leurs avantages naturels. Les pays du Maghreb font partie de ce groupe de pays puisque leurs
économies sont basées sur la mise en œuvre d’avantages comparatifs pour les activités de main-
d’œuvre ou d’avantages absolus pour les ressources naturelles énergétiques et à un degré
moindre, agricoles.

Depuis leur indépendance, les pays du Maghreb ont cherché à mettre en valeur leurs
avantages comparatifs, afin d’améliorer la position occupée dans la division internationale du
travail. Les modèles de développement adoptés dans les années 1970-1980 n’ont pas créé des
conditions d’un développement durable. Ces pays ont connu de graves déséquilibres macro-
économiques et sectoriels qui ont mis en relief des contradictions d’un projet global de
développement, caractérisé par une dépendance croissante à l’égard des variables économiques
et financières internationales. Les pays du Maghreb ont ainsi entrepris des réformes, en
réduisant l’emprise de l’Etat sur l’économie, par la soumission au programme d’ajustement
structurel en contrepartie de programmes de rééchelonnement de la dette extérieure.

Aujourd’hui, la croissance du produit intérieur brut, dans l’ensemble de la région, est


jugée insuffisante pour faire face aux défis qui s’imposent (défi démographique, défi
alimentaire, défi économique et commercial).

La création d’un environnement propice qui pourra donner un nouveau souffle aux
économies maghrébines est nécessaire, nous pensons que la création d’une zone économique

116
intégrée dans la région pourrait être une composante fondamentale de cet environnement. La
mise en place d’un espace économique intégré pourrait contribuer au désenclavement de ces
pays et leur insertion dans l’économie mondiale.

L’unification de l’espace économique maghrébin constituerait un grand marché de 75


millions de consommateurs potentiels, soit un dixième de la population de l’ensemble du
continent africain. Les proximités socioculturelles, la similitude des modes de vie, de l’histoire
au cours du dernier siècle, la jeunesse remarquable de la population sont autant de facteurs
puissants d’unité.

Au vingtième siècle, le projet de l’union du Maghreb a connu divers degrés d’intensité,


des moments de rapprochement et de convergence ont été suivis par des périodes de résurgence
des particularismes et des tensions politiques entre les pays de la région.

A partir des années 1980, un ensemble de conditions réunies donne un certain souffle à
la coopération et à la relance du processus de construction maghrébine. La normalisation des
relations entre l’Algérie et le Maroc d’un coté, entre la Tunisie et la Libye de l’autre, a ouvert la
voie pour des initiatives de nature multilatérale. Plusieurs rencontres se sont succédé à la fin de
la décennie 1980. Le parcours préparatoire s’acheva avec la signature du traité constitutif de
l’UMA le 17 février 1989 lors du sommet de Marrakech.

Par ailleurs, les pays du Maghreb central se sont engagés dans la construction d’un
espace économique euro-méditerranéen étant donné que l’Europe constitue le principal
partenaire politique et économique du Maghreb. La Tunisie, le Maroc et l’Algérie ont signé des
accords d’association avec l’Union européenne, ces accords comportent des dispositions
quasiment similaires et communes et visent à donner une nouvelle impulsion au processus de
rapprochement et d’intégration des partenaires. Les trois pays s’engagent à créer une zone de
libre-échange avec l’UE sur un horizon temporel de douze ans. En même temps, les cinq pays
du Maghreb font partie d’une zone de libre-échange qui implique la plupart des pays arabes,
c’est la Grande Zone Arabe de Libre Echange.

Ainsi, cette partie sera composée de deux grands chapitres, nous présenterons dans le
premier chapitre, les principales caractéristiques économiques du Maghreb. Dans le deuxième
chapitre, il sera question des expériences d’intégration dans cette partie du monde.

117
C
h
a
p
i
Introduction :

La question du développement économique était devenue la préoccupation principale


des pays maghrébins après leur indépendance, notamment pour le Maroc, l’Algérie, et la
Tunisie. Tous les Etats maghrébins avait opté pour des régimes économiques centralisés et
dirigistes, l’Etat était donc le principal acteur économique et le secteur public était dominant.

L’évolution des économies du Maghreb a connu différentes trajectoires en fonction


des modèles de développement comportant de vastes programmes d’investissement : l’Algérie
opta pour une politique d’industrialisation en jetant les bases d’une industrie lourde pour
aboutir à un système productif autonome. Les modèles marocain et tunisien s’insérèrent dans
le cadre de la division internationale du travail : il s’agit de l’industrialisation par substitution
aux importations pour le Maroc, qui consiste à remplacer les biens importés par des produits
fabriqués localement. Quant à la Tunisie, elle opta pour une stratégie d’industrialisation
orientée vers l’extérieur ou une politique de spécialisation à l’exportation.

Ces différents choix qui ont nécessité beaucoup de capitaux étaient motivés par une
conjoncture internationale favorable : la hausse des prix du pétrole et du phosphate, le
recours à l’endettement extérieur encouragé par le niveau relativement bas des taux d’intérêt
en vigueur.

Les changements survenus au cours de la décennie 1980 dans l’environnement


économique international, eurent des conséquences graves sur les économies maghrébines de
façon générale :
 l’effondrement du cours de pétrole a influé directement sur le revenu des exportations
de l’Algérie, de la Libye et de la Tunisie ;
 la baisse des prix des phosphates a affecté les revenus du Maroc et de la Tunisie ;
 la baisse des prix du minerai de fer qui constituait la seule source de revenu extérieur
pour la Mauritanie.

L’élargissement de l’union européenne a eu pour conséquence le rétrécissement des


importations de certains produits en provenance de la rive sud de la Méditerranée. Cette
nouvelle situation a fortement affecté les exportations des pays du Maghreb. Ces derniers ont
enregistré un déficit des balances commerciales extérieures ; des crises budgétaires et
financières et des déséquilibres dans les balances de paiement, ils se sont ainsi pris dans la

119
spirale d’endettement notamment à partir des années quatre-vingt. Le Maroc, la Tunisie puis
l’Algérie se sont trouvés dans l’incapacité de poursuivre les processus de développement
entamés, ils ont été contraints d’entrer en négociation avec leurs créanciers et se sont engagés
pour l’adoption du programme d’ajustement structurel (PAS).

Nous étudierons, dans ce chapitre, les principales caractéristiques économiques des


pays du Maghreb. Ainsi, le chapitre sera abordé par une définition des potentialités physiques
et humaines de chacun des pays dans la première section. Nous procèderons, dans la
deuxième section, à l’analyse de la situation économique actuelle pour chacun des pays : l’état
des équilibres macroéconomiques, les caractéristiques de la croissance des économies
maghrébines, l’état des investissements directs étrangers dans la région. Nous étudierons
aussi, l’état des échanges commerciaux, par type de spécialisation et les principaux
partenaires de chacun des pays.

Section 1 : Les potentialités physiques et humaines des pays du Maghreb

Les pays du Maghreb sont dotés d’une superficie totale de plus de six millions de
kilomètres carrés avec de fortes disparités d’un pays à l’autre. La région est bordée au nord
par la mer méditerranée, à l’ouest par l’océan atlantique et au sud par le désert du Sahara. Elle
subit un fort déséquilibre démographique et économique entre le littoral et l’intérieur des
pays. La section se portera sur la présentation des principales caractéristiques géographiques
pour chacun des pays, du potentiel physique en termes de superficie, des terres arables et de
l’agriculture pratiquée ainsi que les ressources que recèle leur sol. Nous aurons également à
étudier Le potentiel humain de la région, à travers des statistiques de différents organismes de
statistiques de chacun des pays et du rapport économique arabe unifié, présenté par la
structure économique de la Ligue arabe.

1-1 L’Algérie

Dans ce pays, une distinction peut être établie entre deux grands ensembles opposés :
 l’Algérie du nord : qui est celle du tell, elle s’étend entre la méditerranée et le Sahara
sur une bande large en moyenne de 350 Km, cette partie est composée de deux zones :
 la zone tellienne, elle borde le littoral méditerranéen et représente la partie
agricole du pays.

120
 la zone steppique s’étend au sud du tell jusqu’aux piémonts Sud de l’Atlas
Saharien. Les immenses plateaux steppiques ont constitué des lieux de
transhumance saharienne.
 l’Algérie du sud : représente le Sahara avec deux millions de Km², il est l’un des plus
grands déserts au monde, il comprend de grands ergs, de plaines arides, des dunes de
sable et de montagne dont le massif du Hoggar. L’activité agricole se trouve dispersée
dans quelques vallées et oasis. Le sous-sol y est riche : pétrole, gaz naturel mais aussi
des métaux précieux.

La zone littorale jouit d’un climat méditerranéen, c’est la partie la plus arrosée
(400mm à 1000mm de pluies par an). Les précipitations diminuent sur les hauts plateaux et
dans l’atlas Saharien (200 mm à 400 mm par an). Au sud, le climat est désertique.

1-1-1 Le potentiel physique


L’Algérie compte 2.381.740 kilomètres carrés de superficie totale, elle est ainsi le
deuxième pays le plus vaste en Afrique et le dixième au monde. Elle occupe, en effet, une
étendue considérable, mais la terre arable y est très limitée : 3,3 % seulement des terres sont
arables, ce qui représente environ 8 millions d’hectares de superficie agricole. Environ
78,8 % des terres sont non cultivables (Sahara), les forêts représentent un peu moins de 4
millions d’hectares, soit un taux de 1,8 % de la surface totale et 13,3 % des terres sont des
pâturages (1).

Dans le domaine agricole, on distingue trois systèmes de production en fonction de la


variété des climats et des reliefs : dans les régions littorales est pratiqué un système de
production intensif (maraîchage, agrumes, élevage bovin), un système de production
moyennement intensif (céréaliculture, vigne, arboriculture), un système de production
extensif pratiqué dans les hauts plateaux (céréaliculture, élevage ovin).

Le Sahara recèle d’importantes ressources d’hydrocarbures, celles-ci procurent plus de


96 % des recettes en devises pour le pays. Les capacités de production et d’exportation
supplémentaires sont considérables. Les réserves de gaz sont estimées à 4500 milliards
mètres cubes, se rapprochant de 3% des réserves mondiales. Ces réserves pourraient
connaître une augmentation au fur et à mesure des découvertes. L’Algérie présente des

1
http://www.géographic.org

121
atouts dans ce domaine, elle bénéficie d’un avantage comparatif par rapport à beaucoup
d’autres pays pétroliers : le prix de l’extraction est relativement faible (environ 4 dollars le
baril), ainsi que la proximité du principal client qui est l’Europe.

1-1-2 Le potentiel humain


D’après les données de l’office national des statistiques, en 2010 l’Algérie comptait
environ 35,6 millions d’habitants. La population a plus que doublé depuis les années
soixante : le pays comptait 10,8 millions d’habitants en 1960. Avec un taux de croissance
moyen de 3% dans la période 1970-1980, le nombre d’habitants passe à 16 millions en 1975
puis à 25 millions en 1990. Toutefois, le taux d’accroissement diminue lentement : il était de
(1)
3,13% en 1985, de 1,97 entre 1990 et 2000, puis 1,69 entre 2000 et 2009. La fécondité a
sensiblement baissé : le taux de fécondité était de 7,3 en 1960 et de 2,4 en 2008, soit une
chute de plus de 70% de la fécondité en 47 ans. L’espérance de vie à la naissance était en
moyenne de 75,7 ans en 2008 contre 67,2 en 1990, soit l’un des indices les plus élevés de la
région.

Tableau N°23 : « L’évolution de la population en Algérie »


Taux de Indice de Population
Années Population total
croissance (%) fécondité urbaine (en %)
1960 10 800 000 2,115 7,34 30,44
1965 11 923 000 2,48 7,44 37,63
1970 13 746 000 2,998 7,42 39,5
1975 16 018 000 3,062 7,25 40,33
1980 18 669 000 3,073 6,67 43,54
1985 21 879 000 3,134 5,72 47,97
1990 25 022 000 2,494 4,49 51,4
1995 28 060 000 1,890 3,68 54,29
2000 30 416 000 1,48 3,05 57,15
2005 32 906 000 1,69 2,75 ** 63,3
2010 35 600 000 1,86 2,4* 66,5

* données 2008
** données 2002
Source : Tableau reconstitué à partir des données de l’ONS
(1)
Rapport économique arabe unifié - 2010

122
La population algérienne est dans sa majorité jeune : en 2009, la tranche d’âge de
moins de 15 ans représentait 28,2 % de la population totale, 64,4 % avaient l’âge compris
entre 15 et 64 ans, 7,4 % avaient plus de 65 ans. (1)

En 1970, les algériens étaient prés de 60 % à vivre hors des villes, le rapport s’est
inversé ces vingt dernières années, car, le pays connaît un mouvement d’urbanisation
important : la population urbaine est passée de 30,4 % en 1960 à 66,5% en 2010. 96 % de la
population occupe seulement 17 % du territoire, essentiellement le nord du pays en raison de
la concentration des infrastructures économiques, sociales, des terres agricoles et
l’implantation de la majorité d’unités industrielles.

En 2010, la population active est estimée à 10 812 000 personnes, soit un taux global
(2)
d’activité de 30,37%. La population active occupée a atteint, pour sa part, 9 735 000
personnes. La population active en chômage est de 1 076 000, soit un taux de chômage de
10,2%. Celui-ci était de 25,2% en 2002, puis de 17,7% en 2004 et de 12,3% en 2006.

La structure de l’emploi, selon le secteur d’activité, fait ressortir un secteur tertiaire


(commerce et service) qui absorbe plus de la moitié des emplois (55,2%), suivi par le secteur
des BTP (19,4%), l’industrie (13,7%) et enfin l’agriculture (11,7%). (3)

1-2 La Tunisie

Se situant à l’extrémité nord de l’Afrique, la Tunisie est baignée au nord et à l’est par
la Méditerranée sur 1 250 km. Le pays peut être partagé en trois grandes régions :

 au nord : la partie septentrionale est essentiellement montagneuse et humide. Les


plaines de la Medjerda entre les montagnes de Kroumirie et les collines des Mogods
d’une part et la dorsale tunisienne d’autre part, plus à l’est la péninsule du Cap Bon.
Le seul cours d’eau majeur du pays, la Medjerda, qui traverse la région d’ouest en est
pour déboucher dans le Golf de Tunis ;
 au centre du pays, on trouve les massifs montagneux, plus à l’est, de vastes plaines
couvertes d’oliviers (Sahel et région de Sfax) ;

(1)
Données de l’ONS
(2)
Le taux global d’activité = ( population active/population totale )100
(3)
Données de l’ONS et du Rapport économique arabe unifié

123
 au sud, la grande dépression de chotte Djérid, plus à l’est, les montagnes de Matmata.
Le désert représente prés de 40% de la superficie de la Tunisie.
La Tunisie est un pays de climat semi-aride, caractérisé par la rareté des ressources en
eau et par une forte variabilité du climat dans l’espace et dans le temps. Les précipitations
sont très variables d’une région à une autre : au nord, représentant la région la plus fertile, le
climat est de type méditerranéen, les précipitations varient entre 400 et 1000 mm par an. Au
sud, le climat est désertique, les précipitations n’atteignent pas 200 mm par an.

1-2-1 le potentiel physique


Le territoire tunisien s’étend sur une superficie de 163 610 kilomètres carrés. Le pays
compte 19% de terres arables sur la superficie totale, les forêts occupent 4% et le pâturage
(1)
20% . Au nord du pays, les régions fertiles et bien arrosées se caractérisent par leurs
nombreux vignobles et par leurs forêts denses. On y pratique les maraîchages, la
céréaliculture, l’arboriculture et l’élevage bovin. Au sud, la végétation adaptée aux conditions
climatiques semi-arides est de type steppique avec une dominance de l’alfa, on y pratique
l’élevage ovin. Dans les régions arides de l’extrême sud, les oasis sont plantées de palmiers
dattiers.

Le domaine marin occupe une place importante. L’activité de la pêche représente


environ 57 000 emplois directs, ceci s’explique par la position géographique du pays qui
occupe environ 1300 Km de côtes et sa situation centrale en méditerranée, mais aussi par la
forte pression qui s’exerce sur les côtes du pays. En effet, 75% de la population s’y trouve
concentrée. (2)

Les ressources énergétiques, notamment le pétrole, ont constitué le moteur de


l’économie tunisienne jusqu’en 1981, la situation s’est renversée depuis. La Tunisie est passée
de situation de pays excédentaire en pays importateur net d’énergie. Ceci est dû à la
stagnation, voir au déclin de la production pétrolière et de la croissance soutenue de la
demande énergétique nationale. Des potentialités minimes en pétrole existent, mais elles ne
permettent de satisfaire que partiellement les besoins internes. Les gisements sont concentrés
au sud du pays, un nouveau champ pétrolier était ouvert en 1995. Les réserves, assez
modestes, étaient estimées à 57 millions de tonnes.

(1)
http://www.Géographie.Org.
(2)
Données de la FAO, sur http:// fao.org.

124
La Tunisie possède, en outre, des gisements de phosphates parmi les plus importants
au monde, dans la région de Gafsa, dans le sud ouest du pays. La Tunisie produit environ 8
millions de tonnes en 1999, ce qui représente 5,5% de la production mondial.

1-2-2 Le potentiel humain


La population tunisienne a presque doublé en l’espace de trente ans, elle était de 5,7
millions en 1975, elle passe à plus de 10,4 millions en 2009. Le taux d’accroissement est
continuellement en baisse, il était de 1,61% de 1990 à 2000, il passe à 0,97% de 2000 à 2009,
soit l’un des taux les plus faibles en Afrique. L’indice de fécondité est également en baisse :
3,38 en 1990 ; 2,05 en 2009. Le pays prévoit 12,7 millions d’habitants pour 2034.
L’espérance de vie à la naissance est de 74,5 ans en 2009.

Tableau N°24: « Evolution de la population en Tunisie »


Années Population totale Taux Indice de Population
(en milliers) d’accroissement fécondité urbaine (%)

1990 8 154,4 1,96 3,38 59,6


1995 8 957,5 1,50 2,67 61,3
2000 9 563,5 1,14 2,08 62,6
2005 10 029,0 1,12 2,04 65,2
2006 10 127,9 1,15 2,03 65,4
2007 10 255, 1 1,18 2,04 65,6
2008 10 328,9 1,19 2,06 65,8
2009 10 434,5 1,20 2,05 65,9

Source : Institut national de la statistique – Tunisie

Concernant la structure de La population, la répartition par âge fait ressortir que la


population âgée de moins de 15 ans représentait 23,9% en 2009, alors qu’elle était de 36,7%
en 1990. La tranche d’âge allant de 15 à 59 ans représentait 66,3% alors qu’elle était
de 57,8% en 1990. La population âgée de 60 ans et plus, représentait 9,8 %, alors qu’elle était
de 4,9 % en 1990. (1)

(1)
Institut national des statistiques - Tunisie

125
Le pays a connu une urbanisation rapide : 65,9% de population urbaine en 2009 alors
qu’elle était de 49,8% dans les années soixante-dix.

La population active totale est estimée à 3 769 200 de personnes en 2010, soit un taux
global d’activité de 36,9%. La population active occupée était de 3 277 400. Le taux de
chômage représentait 13,0%, il était de 15,2% dans les années soixante.

En 2010, 17,7% de la population active occupée travaillait dans le secteur agricole et


pêche, elle représentait 45,5% en 1966. 33,3% travaillait dans l’industrie, mines et énergie,
bâtiment et travaux publics (20,3% en 1966) et 9,4% travaillait dans le commerce et
services. (1)

1-3 Le Maroc

Situé à l’extrême Nord Ouest du continent africain, le Maroc est largement tourné vers
la mer méditerranée et d’avantage vers l’océan atlantique.
Le relief du pays est caractérisé par les plaines les plus vastes et les montagnes les plus
hautes de l’Afrique du nord. Il est marqué par quatre grands systèmes : le rif, le Moyen-Atlas,
le Haut-Atlas et l’Anti-Atlas. Ces montagnes constituent une importante composante du
relief, elles couvrent 15% du territoire national et abritent 35% de la population rurale (2):

 les rivages méditerranéens sont dominés par le Rif dont les sommets culminent à prés
de 2440 m;
 le territoire comprend également des chaînes de montagnes atlasiques, qui séparent la
partie orientale aride de celle atlantique humide et constituée de plaines fertiles,
largement ouvertes sur l’Atlantique, et de plateaux, il s’agit du Haut-Atlas au centre
qui culmine à 4165 m dans le Djebel Toubkal. Il succède au Moyen-Atlas au nord,
selon un alignement Nord Est, Sud Ouest et se prolonge jusqu’à l’Atlantique, et se
raccorde à l’Anti-Atlas au sud par le massif d’origine volcanique du Sirwa. Le sud du
pays s’ouvre sur le Sahara ;
 les terres désertiques à l’est et au sud du pays contiennent des Oasis et des palmerais,
c’est le domaine des ergs, regs et autres plaines désertes.

(1)
Institut National des Statistiques-Tunisie
(2 )
Rapport de la direction des ressources naturelles sur l’état de l’environnement au Maroc sur
http://www.matee.gov.ma.

126
Le climat du Maroc varie selon la latitude, l’altitude et la proximité de la mer. Au nord
le climat est de type méditerranéen, tempéré par l’influence de la mer avec des hivers frais en
altitude et les précipitations voisines de 800mm annuelles sur le versant atlantique
septentrional. Les monts Atlas arrêtent les vents humides en provenance de l’Atlantique, d’où
le climat désertique des régions du sud, les précipitations y sont de moins de 150mm. Les
plaines côtières riches et fertiles dans le nord, subissent l’influence du désert dans leur partie
méridionale.
Les précipitations annuelles moyennes varient de 860mm à Tanger à 430mm à
Casablanca, à 280mm à Essaouira et à 130mm dans le Sahara.

1-3-1 Le potentiel physique


Le territoire marocain s’étend sur une superficie de 446,550 kilomètres carrés, les
montagnes couvrent 15% du territoire national. Le sol constitue une ressource stratégique
pour un pays comme le Maroc dont l’agriculture est le secteur pilier de l’économie. Le pays
compte 9,3 millions d’hectares de surface agricole utile, soit 21% de la surface totale. La
surface irriguée couvre 12580 km², soit 13% de la surface agricole utile, le domaine forestier
représente 8,9 millions d’hectares soit 20% du territoire, le Maroc est ainsi le pays le plus
boisé du Maghreb. L’Alfa couvre environ 3 millions d’hectares, 47% de pâturage. (1)

Les oasis s’étendent dans les grandes vallées présahariennes du sud, notamment dans
les provinces d’Ouarzazate et d’Er-Rachidia et occupent une surface d’environ 44000
hectares.

Le Maroc est essentiellement bien arrosé, à l’exception des parties sahariennes et


présahariennes, avec des neiges persistantes sur les plus hauts sommets. L’Atlas donne
naissance à de nombreuses rivières dont l’eau est utilisée pour l’irrigation et l’alimentation de
centrales hydroélectriques. Le Maroc possède ainsi de grandes potentialités hydriques et
dispose d’importants barrages d’eau.

L’agriculture demeure l’un des secteurs déterminants de l’activité économique au


Maroc, l’activité de la population est essentiellement agricole : 40% de la population active
dépend du secteur agricole. L’agriculture marocaine est caractérisée par une certaine dualité :
on y trouve des cultures spéculatives, destinées à l’exportation. Le Maroc est un important

(1 )
http://www.Geographie .org.

127
exportateur de primeurs et d’agrumes. On y trouve aussi des cultures orientées vers la
consommation locale comme les céréales, les oléagineux...etc. Les cultures spéculatives sont
les plus souvent privilégiées.

En matière de ressources minières, le sous sol marocain recèle pas moins de douze
substances minières qui font l’objet d’une production régulière (phosphate, zinc, fer, plomb,
manganèse, cuivre, argent, barytine,…etc.). Concernant les phosphates, le Maroc en possède
les plus importants gisements dans le monde, avec trois quarts des réserves mondiales.
Découverts en 1921, ils sont exploités depuis par l’Office Chérifien des Phosphates (OCP). La
situation géographique des gisements, ainsi que leur qualité marchande et leur diversité
confèrent au Maroc un avantage dans le commerce international.

Depuis des années, le Maroc se place en deuxième ou troisième rang dans la


production mondiale du phosphate, ses exportations touchent les cinq continents et concernent
une quarantaine de pays dans le monde. En exportant 95% des phosphates, transformés ou
non, le Maroc est de loin le premier exportateur de cette ressource puisqu’il fournit plus d’un
tiers des exportations mondiales de phosphate. Il occupe le premier rang mondial concernant
l’acide phosphorique en contrôlant 45% du marché et le deuxième rang dans les exportations
d’engrais phosphatés. En valeur, les exportations marocaines de phosphates représentent une
somme variant entre 1,45 milliards (1999) et 1,23 milliards de dollars (2001), un montant qui
représente environ 15% des exportations totales du Maroc. (1) Les gisements sont situés dans
trois lieux différents : à Khouribga, à Youssoufia et à Ben Guérin.

1-3-2 Le potentiel humain


De 1960 à 2010, la population totale du Maroc a été quasi multipliée par trois, passant
de 11,6 à 31,8 millions d’habitants, avec un taux d’accroissement annuel en diminution
régulière : le taux de croissance moyen de 1960-1990 était de 2,44%, puis de 1,73% en 1990-
2000 et 1,04% en 2000-2009. La raison principale en est la baisse de la fécondité qui se
dessine, orientant le Maroc vers un accroissement moins rapide de la population. En une
quarantaine d’années seulement, du début des années 1960 à 2000, la fécondité est passée
d’un niveau exceptionnellement fort, qui était de 7 enfants par femme, au seuil de
remplacement des générations, qui est de 2 enfants par femme. L’espérance de vie à la
naissance était de 72,2 ans en 2008, contre 64,3 ans en 1990.

(1)
Données de l’office chérifien de phosphates sur http : //www.opc group .ma

128
Tableau N°25 : « Evolution de la population au Maroc »
Années Population croissance Taux de Population
totale annuelle (%) fécondité urbaine (%)
1960 11 626 000 2,747 7,162 29,22
1965 13 323 000 2,878 7,114 31,85
1970 15 310 000 2,661 6,97 34,61
1975 17 305 000 2,356 6,296 37,19
1980 19 382 000 2,238 5,42 41,28
1985 21 648 000 2,186 4,68 44,81
1990 24 043 000 2,042 4,01 48,39
1995 26 386 000 1,759 3,42 52
2000 28 705 000 1,64 2,89 55,46
2010 31 851 000 1,3 2,2 58,3

Source : Tableau reconstitué à partir des statistiques de la direction des statistiques-Maroc


Sur http://www.hcp.ma

La structure de la pyramide des âges en 2010 montre que 27,5 % de la population


totale est âgée de moins de 15 ans. La population âgée de 60 ans et plus représente 8,3 %.
Prés de 64,2% de la population ont l’âge compris entre 15 et 59 ans, ce qui entraîne une
lourde charge pour l’Etat dans un pays où le chômage est élevé.

La population active, âgée de 15 ans et plus, a atteint 11 442 000 en 2010, soit un taux
global d’activité de 35,92%. La population active occupée s’est élevée à 10.405.000 à fin
2010. Le taux de chômage était de 12,1% en 2001, puis de 11,5% en 2005 et de 9,1% en
2010.
Selon les branches d’activité, le secteur agricole, forêts et pêche représentent 45,8%
de la population active occupée. 12,7% travaillent dans le secteur industriel, 6,7% dans les
bâtiments et travaux publics et 12,7% dans le commerce. (1)

Le Maroc connaît une forte urbanisation, environ 58,3 % de la population vit en milieu
urbain en 2010 contre 29% seulement en 1960. La population urbaine a ainsi été multipliée

(1)
Ministère de l’économie et des finances, Direction des études et prévisions financières sur
http/www.finances.gov.ma

129
par 5 en 50 ans. Cette urbanisation se caractérise par un déséquilibre entre les régions et les
provinces, car plus de 50% de la population est concentrée dans les régions côtières.

1-4 La Libye

La Libye est située dans la partie septentrionale du continent africain. Le littorale


s’étend sur deux mille kilomètres environ sur le bord de la mer méditerranée. Le pays
constitue le quatrième pays d’Afrique par sa superficie.

La Libye est un mélange de plusieurs formations géographiques : la cyrénaïque à


l’est ; la Tripolitaine au nord-ouest et le Fezzan au sud-ouest. Au sud et à l’est du pays,
s’étend le désert de Libye qui est un des plus vastes au monde. Il représente neuf-dixième de
la superficie totale, il est constitué par des plaines arides et caillouteuses alternant avec des
mers de sable. Le désert libyque abrite à l’est quelques oasis.

Le long du rivage, s’étire une étroite plaine littorale désertique au centre. Au sud de la
région côtière de la cyrénaïque s’étale le Sari, une immense dépression sableuse et pierreuse.
Au sud ouest de la capitale, culmine à 850m le Djebel Nefousa, en cyrénaïque, le Djebel El-
Akhdar à 950m d’altitude. Les hauts plateaux de la Hamada El Hamra et de Mourzouk
s’élèvent entre 600 et 800m. Au centre du pays, le Djebel El-Haroudj El Aswad (1200m) et à
la frontière Tchadienne se trouve le Tibesti, qui culmine à 3376 m.

La majorité du territoire libyen est caractérisé par une aridité avec une variation
considérable de la température. Les régions du grand désert au sud, et le littorale
méditerranéen au nord, sont les facteurs principaux qui déterminent la nature du climat. Sur
90% du territoire, les précipitations annuelles sont inférieures à 25mm. La côte aride du Golfe
de syrte reçoit à peine 100mm. Seule la frange méditerranéenne et le Djebel El Akhdar
reçoivent plus de 400 mm d’eau.
Les rivières sont à sec sur une plus grande partie de l’année, seules sont utilisables les
nappes phréatiques qui alimentent les puits et la grande rivière artificielle qui est en cours de
réalisation.

1-4-1 le potentiel physique


La Libye est envahie par le désert à plus de 90% de sa superficie totale, seules 5% des
terres sont cultivables. Les zones traditionnellement cultivées se trouvent dans la partie nord

130
du pays, principalement à l’est, dans l’arrière pays de Tripoli et sur le rebord de Djebel
Nefousa ainsi qu’à l’ouest dans le Djebel el Akhdar.

Les zones de pâturage sont très peu nombreuses, cela est dû aux conditions
climatiques prévalant dans le pays. Elles se concentrent essentiellement sur le littoral nord
ouest et en cyrénaïque dans le Djebel el Akhdar, on y pratique l’élevage ovin, l’élevage de
dromadaires dans la région de Syrte, l’élevage bovin est surtout un élevage laitier.

En matière de ressources hydriques, la Libye dépend, à plus de 95%, des eaux


souterraines qui sont en majeure partie non renouvelables, c’est ainsi qu’elle a mis en œuvre
d’importants transferts interbassins en 1983, dans le cadre du programme de la grande rivière
artificielle. Celle-ci doit transporter à terme 6mm3 d’eau par jour. Le projet est à l’origine de
la découverte d’importants gisements d’eau fossile saharienne, d’où l’idée de transférer l’eau
des régions désertes du Sahara vers les régions peuplées du littoral. 2,3% des ressources en
eau proviennent des eaux de surface, 1,4% du dessalement d’eau de mer (20mm3 d’eau
potable par an) et 0,7% du traitement des eaux.

Sur le plan des ressources énergétiques, la Libye dispose d’un important potentiel en
hydrocarbure. Le premier gisement a été découvert en 1956 par la « Libyan American oil »
prés du gisement algérien d’Edjeleh. Avec une production de 161 millions de tonnes par an, la
Libye devient quatrième producteur mondial en 1970. Cette rapide progression de la
production est expliquée par :

 l’importance du potentiel de réserves en pétrole de grande qualité (léger et très peu


soufré)
 l’accessibilité des sites, caractérisés par une profondeur minime, une faible distance
des côtes et la proximité du vaste marché européen.
 le faible coût d’extraction.

Tous ces facteurs font de la Libye un des pays les plus attractifs dans le domaine des
hydrocarbures. Le pays produit environ 1,7 millions de baril/jour, il est ainsi le deuxième
producteur de brut en Afrique après le Nigeria. Ses réserves sont estimées à 39,1 milliards de
barils en 2005, il représente 40% de celles du continent africain. Ces chiffres sont
certainement loin de la réalité, car un tiers du pays est actuellement couvert par des accords de
prospection et de production. Les principaux gisements se localisent dans le bassin de Syrte,

131
bassin de Murzuk, Ghadamès, Koufra et cyrénaïque. La Libye dispose environ 1,2 millions de
baril/jour de pétrole à l’exportation, ayant pour principale destination les pays européens.

1-4-2 Le potentiel humain


La Libye compte environ 6,514 millions d’habitants en 2010 contre 1,3 en 1960, la
population a ainsi été multipliée par cinq en un demi-siècle, cela est due essentiellement à la
baisse du taux de mortalité qui est passé de 18,94 en 1960 à 3,46 en 2008. Le taux de
croissance est passé de 2,92% entre 1990 et 2000 à 1,93% entre 2000 et 2010. L’indice de
fécondité est passé de 7,096 enfants en 1960 à 2,6 enfants par femme en 2010. L’espérance de
vie à la naissance était de 74,3 ans en 2009.

Tableau N° 26 : « L’évolution de la population en Libye »

Années Population totale croissance Indice Population


annuelle (%) synthétique de urbaine en (%)
fécondité
1960 1 349 000 3.62 7.09 22.73
1965 1 623 000 3.89 7.36 25.38
1970 1 986 000 4.11 7.54 45.32
1975 2 446 000 4.26 7.46 60.86
1980 3 043 000 4.57 7.25 69
1985 3 786 000 3.98 6.25 76.16
1990 4 229 000 2.12 4.72 -
1995 4 812 000 2.0 3.9 -
2000 5 115 450 2.03 3.1 77,0
2005 5 765 563 2.02 2.9 77,0
2010 6 514 238 1.83 2.6* 78

* Statistiques de 2008
Source : Tableau reconstitué à partir des données du Rapport économique arabe unifié et l’annuaire
Statistique pour l’Afrique – 2010.

Notons que l’indice de développement humain du pays est le plus élevé au Maghreb, il
est estimé à 0.818, ainsi la Libye est classée au 56éme rang mondial. (1)

(1)
Rapport 2007-2008 du PNUD

132
La structure de la pyramide des âges montre que 30.2% de la population totale a moins
de 15 ans en 2009, 65.8% de la population totale ont l’âge compris entre 15 et 64 ans, cette
tranche d’âge a connu une augmentation puisqu’elle était de 52,7% en 1960. La population
âgée de plus de 65 ans, représente 4,25% de la population totale. (1)

La Libye connaît une forte urbanisation, environ 78% de la population vit au milieu
urbain, alors que ce taux n’était que de 22,73% en 1960. La population rurale a connu une
forte chute en passant de 55% en 1970 à 22% en 2010. Prés de deux tiers de la population vit
en tripolitaine, un tiers en cyrénaïque et une infime fraction dans le Fezzan, où les habitants
vivent en petits groupes nomades.

La Libye contient une vaste proportion d’étrangers européens et arabes qui travaillent
dans l’industrie pétrolière du pays. Selon les estimations, la main d’œuvre étrangère
représente la moitié de la population active. En 2009, celle-ci représentait 37% de la
population totale. 5,3 % de la population occupée travaillait dans l’agriculture, 21,7% dans le
secteur industriel et 73 % dans les services. (2) Le taux de chômage a été estimé à 18,2% en
2007.

1-5 La Mauritanie

La Mauritanie fait la jonction entre le Maghreb arabe et l’Afrique noire. Elle s’ouvre
sur l’Océan Atlantique à l’ouest. Elle s’étend sur les deux tiers de sa superficie dans le Sahara,
c’est donc le désert de sable et de pierre qui domine.

Le relief est constitué de sédiments, de débris rocheux (regs) et de dépôts de sable


(dunes) et des massifs de faible altitude. La haute montagne du pays se trouve dans le nord à
côté de Zouerate, elle culmine à près de 917 m d’altitude, une montagne riche en minerai de
fer. Les principaux massifs rocheux sont l’Adrar et le Tagant dépassant rarement 600m.

La partie nord et est du pays est formée de regs immenses. Au sud se trouve le sahel
où se pratique l’élevage, la frontière politique au sud coïncide avec le fleuve de Sénégal, la
vallée du fleuve connaît un climat humide, c’est une région agricole.

(1)
Annuaire statistiques pour l’Afrique - 2010
(2)
Rapport économique arabe unifié - 2010

133
Le climat est marqué par l’aridité, il est désertique sur la quasi-totalité du territoire.
Les précipitations sont rares et très irrégulières dans le temps et dans l’espace : la
pluviométrie annuelle dans la zone saharienne est inférieure à 100 mm, entre 100 et 400mm
dans la zone sahélienne, plus de 500 mm dans la zone soudano-saharienne en bordure du
fleuve de Sénégal.

1-5-1 Le potentiel physique


La Mauritanie couvre une superficie de 1 025 520 Km². Deux tiers de sa superficie est
désertique, moins de 1% des terres est propice aux cultures (0,48%), la zone forestière
représentait 0,405% en 1990 et 0,309% en 2000. (1) Les terres arables sont situées dans les
zones sahéliennes et surtout soudaniennes qui fournissent l’ensemble de la production
céréalière.

L’élevage est considéré comme la principale activité du secteur rural. Il constitue une
(2)
part importante du PIB, comme il représente une source de revenu pour la population
rurale, sachant que plus d’un tiers de la population appartient à des familles d’éleveurs.

La pêche est aussi une activité importante pour la croissance économique puisqu’elle
constitue la deuxième activité exportatrice. Les ressources halieutiques sont très importantes :
les côtes du pays se classent parmi les plus poissonneuses au monde. La pêche se concentre
surtout à Nouadhibou.

Le sous-sol du pays recèle d’importantes richesses, notamment des gisements de


minerai de fer, situés dans le nord du pays et représentent plus de 50% des recettes
d’exportation. Il existe d’autres ressources exploitées comme le cuivre, le gypse et l’or. Des
gisements de phosphates ont été également repérés.

1-5-2 Le potentiel humain


La population de la Mauritanie a atteint plus de trois millions en 2009, alors qu’elle
était un peu plus d’un millions en 1960, soit une augmentation de près de 200% en 49 ans,
avec un taux de croissance moyen de 2.43% sur la période 2000-2009. Ceci est dû au recul
considérable du taux brut de mortalité par 1000 habitants de 16.4 en 1990 à 10.2 en 2009,

(1)
http://www.Geographie .org.
(2)
La contribution de l’élevage au PIB est supérieure aux contributions de l’agriculture et de l’industrie
manufacturière.

134
l’allongement de l’espérance de vie à la naissance qui était de 49.1 ans en 1990 à 60.3 ans en
2008. (1) Cependant, le taux de fécondité connaît une légère régression à partir de 1995, il était
de 6.5 enfants par femme en 1960, il passe à 4.4 enfants par femme en 2009.

Tableau N° 27 : « Evolution de la population en Mauritanie »


Années Population croissance Indice de Population
total annuelle (%) fécondité urbaine
(%)
1960 1 001 000 2.12 6.5 5.8
1965 1 122 000 2.345 6,5 9.1
1970 1 262 000 2.406 6.5 13.7
1975 1 423 000 2.418 6.5 20.3
1980 1 609 000 2.454 6.38 27.73
1985 1 812 000 2.289 6.24 36
1990 1 980 000 2.292 6.02 -
1995 2 216 490 2.643 5.3 -
2000 2 508 160 2.915 4.72 38.1
2009 3 290 630 2,35 4,39 41.2

Source : Rapport économique arabe unifié 2009, FMI, Banque mondiale.

La structure de la pyramide des âges en 2009, montre que plus de la moitié de la


population est jeune : 57.8% de la population totale ont l’âge compris entre 15 et 65 ans,
39.5% ont moins de 15 ans, 2.6% ont plus de 65 ans. (2)

Il y a 50 ans, plus de 90% de la population était encore nomade, cette situation a très
rapidement changé puisque 41% de la population vit en milieu urbain en 2009. Les
sécheresses successives et l’attraction des grandes villes ont poussé les populations rurales à
quitter leur vie nomade, ainsi la population rurale est passée de 86% en 1970 à 59% en 2009.
En 2008, environ 52% de la population active occupée travaillait dans le secteur
agricole, 5.2% dans le secteur industriel et 42.8% dans les services. Le taux de chômage
avoisinait les 30% de la population. (2)

(1)
Statistiques relevées du rapport économique arabe unifié - 2009
(2)
Données de l’Annuaire statistique pour l’Afrique du nord - 2010.
(2)
Rapport économique arabe unifié

135
En conclusion, la région présente des potentialités importantes en termes de
population, la tranche de la population jeune est la plus importante dans tous les pays,
l’allongement de l’espérance de vie à la naissance et une évolution remarquable dans le taux
d’urbanisation. La région présente également un potentiel important en ressources naturelles,
des ressources énergétiques importantes pour l’Algérie et la Libye en hydrocarbures,
d’importants gisements de minerai de fer et de phosphate au Maroc et en Mauritanie. Les
économies de ces pays présentent des caractéristiques similaires, notamment pour les trois
économies du Maghreb central, ainsi, La situation économique de ces pays fait l’objet de la
deuxième section.

Section 2 : La situation actuelle de l’ensemble des économies maghrébines

Les économies maghrébines affichent, dans l’ensemble, les mêmes caractéristiques


relatives aux pays en développement, à savoir :

 une insertion limitée dans l’économie mondiale : la spécialisation internationale des


pays maghrébins est encore basée sur les dotations naturelles de facteurs
(hydrocarbures, produits miniers…..etc.).
 une forte dépendance à l’égard des variables économiques et financières
internationales : la situation économiques et financières de ces pays dépend fortement
de la conjoncture pétrolière dans le cas de l’Algérie et de la Libye ; de la conjoncture
touristique et des exportations agricoles et du textile dans le cas du Maroc et de la
Tunisie.
 une croissance faible malgré la stabilisation de la situation macro-économique dans
l’ensemble. Les économies maghrébines ne dégagent toujours pas de croissance
suffisante qui leur permettrait de résorber le problème de sous-emploi et de pauvreté.

Nous verrons ces caractéristiques, à travers l’étude de l’état des équilibres


macroéconomiques, en utilisant des statistiques collectées de sources différentes (les
organismes de statistiques nationaux à savoir : l’office national des statistiques pour
l’Algérie ; l’institut national des statistiques pour la Tunisie ; la direction des statistiques et
l’office des changes pour le Maroc ; l’office national de la statistique pour la Mauritanie.
Nous avons utilisé également d’autres documents comme le rapport économique arabe unifié,
le FMI, la Banque mondiale, la CNUCED et les banques centrales de quelques pays), les

136
caractéristiques de la croissance des économies maghrébines, l’état des investissements
directs étrangers dans la région en se référant aux données de la CNUCED sur l’évolution des
flux d’investissements, du stock d’investissements directs étrangers et la part de ces derniers
dans la formation brute du capital fixe pour chacun des pays de la région. Nous analyserons
ensuite, l’état des échanges commerciaux par type de spécialisation, à travers des tableaux
statistiques représentant la répartition sectorielle du commerce extérieur et en conclure sur les
spécialisations et la structure du commerce extérieur. Nous verrons également, les principaux
partenaires commerciaux des pays de la région, à travers des tableaux statistiques classant les
pays partenaires par ordre d’importance de leurs échanges avec les pays du Maghreb.

2-1 Un cadre macro-économique relativement assaini

L’adoption du programme d’ajustement structurel a donné lieu à un cadre macro-


économique relativement assaini. Il faut dire que ces mesures adoptées depuis le milieu des
années quatre-vingt au Maroc et en Tunisie et en 1994 pour l’Algérie, à savoir la réduction
des dépenses de l’Etat, pression sur les salaires, suppression des subventions, dévaluation de
la monnaie...etc. ont été poursuivies malgré de fortes perturbations conjoncturelles.
Actuellement les pays du Maghreb bénéficient, dans l’ensemble, d’un cadre macro-
économique globalement assaini. Nous procèderons à l’étude du cadre macroéconomique a
travers les différents indicateurs présentés dans les tableaux suivants :

137
Tableau N° 28 : « Les principaux indicateurs de l’économie algérienne (prix courant) »

Désignation 2001 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009


PIB en Mds de $ 54.8 65.1 84.8 101,4 116,8 134,3 171,3 137,9

Taux de croissance 2,6 6,9 5.2 5,1 2,0 4,6 2,4 2,1
du PIB réel (%)
Inflation en 4,2 2,6 3.6 1,6 2,3 3,5 4,8 5,7
moyenne annuelle
(%)
Solde de la balance
commerciale
-en Mds $. 9,6 11,2 14.2 26,5 33,75 34,51 40,76 7,44
-% du PIB 17,5 17,2 16.7 26,1 28,9 25,7 23,8 5.4
Solde de la balance
des paiements
6,1 7,16 14,50 16,93 17,05 29,2 37,0 3,86
-en Mds $
-en % du PIB 11,1 11,0 17,1 16,7 14,6 21,8 21,6 2,8
Solde budgétaire
- en Mds $ -0,98 -3,52 -4.25 12,06 15,9 6,31 13,2 - 9,23
- % du PIB 1,78 -5,4 -5 11,9 13,6 4,7 7,7 - 6,7

Solde courant
-Mds $ 7,1 8,46 11,1 21,2 29,0 30,6 34,7 0,42
-%du PIB 12,9 13 13,1 20,9 24,8 22,8 20,24 0.31
Réserves de change:
-Mds $ 18 32,9 43,1 56,18 77,8 110,2 143,10 149,34
- moisd’importation 18,1 24,3 23,7 27,36 36,6 39,7 34,9 36,41

Encours dette
-Mds $ 22,6 23,4 21,8 17,19 5,612 5,123 4,363 3,674
-% du PIB 41,1 34,4 25,7 16,95 4,8 3,81 2,55 2,66
Service de la dette
-Mds $ 4,6 4,7 6 5,2 2,67 1,68 1,34 1,000
-% Exportations 22,8 17,9 17,6 11,7 4,6 2,8 1,7 1,8

Source : 0ffice national des statistiques, Banque d’Algérie, FMI.

138
Tableau N°29 : « l’évolution des principaux indicateurs de l’économie tunisienne au prix
courant du marché »
En millions dollars
Désignation 2003 2005 2006 2007 2008 2009
PIB (en MDT) 32,202 41,871 45,756 49,874 55,297 58,768

PIB (en Mds dollars) 26,214 28 675,0 30 962,2 35 226,7 40 937,3 40 924,8

Taux de croissance réel 5,6% 4,2% 5,5% 6,5% 4,6% 3,1%


Taux d’Inflation (%) 2,7 2,0 4,5 3,2 5,0 3,5
Déficit commercial
- en millions dollars 2 384,2 1 949.9 2 538,9 2 874,4 4 011,8 3 169,0
- en % du PIB 9,1 6,8 8,2 8,16 9,8 7,74
Solde de la balance des
paiements
- en millions dollars - 0,831.5 1,876.3 0,623.5 1,518.7 1,534.6
- en % du PIB 2,9 6,06 1,77 3,71 3,75
Déficit courant
- en millions dollars 0,759.8 0,315.4 0,650.2 0,845.4 1,555.6 1,104.9
- en % du PIB 2,9 1,1 2,1 2,4 3,8 2,7
Déficit budgétaire 3,2 3,2 2,9 2,7 0,8 2,9
(en % du PIB)
Coefficient Service de 13, 3 12,8 16,7 11,7 7,7 10,6
la dette extérieure en %
des recettes courantes
Dette extérieure
- en millions de $ 15,095.1 17,662.1 18,480.2 20,445.2 20,775.9 19,707.0
- en % du PIB 57,61 61,59 59,69 58,04 50,75 48,15
Réserves en Mds de 3,503 4,439.1 6,776.8 7,954.8 8,957.2 10,642.8
dollars
Réserves en mois 3,0 3,7 4,0 3,6 4,6 7,1
d’importation de biens

Source : BCT, institut national des statistiques, FMI et Rapport économique arabe unifié (2010)

139
Tableau N°30 : « L’évolution des principaux indicateurs économiques du Maroc
Au prix courant du marché »
En millions de dollars
Désignation 2001 2005 2006 2007 2008 2009
PIB en Ms $ (prix 37,724 59,524 65,637 75,227 89,072 90,515
courant)
croissance du PIB 6,3 3,0 7,8 2,7 5,6 4,9
en (%)
Taux d’inflation 0,6 1,0 3,3 2,0 3,7 1,0
déficit commercial
- en millions $ 3,017.1 8,214.3 9,714.2 14,067.4 19,506.7 16,111.6
- % du PIB -8,0 -13.8 -14.8 -18.7 -21.9 - 17.8
Solde du compte
courant
- en millions de $ 1,627.2 1,071.4 1,444.0 2,557.7 -4,827.7 -4,552.9
- en % du PIB 4,3 1,8 2,2 3,4 - 5,42 - 5,03

Solde budgétaire
- en millions de $ 1,898.4 3,452.3 1,378.3 225.6 1,336.1 - 1,991.3
- en % du PIB -5,0 -5,8 -2,1 0,3 1,50 - 2,2
Encours de la dette
Extérieure
- en millions de $ 14,448 12,527 13,709 14,894 17,280 19,372
- en % du PIB 38,3 21,04 20,8 19,8 19,4 20,7

Service de la dette 16,5 12,3 9,7 9,3 7,0 6,6


(en % des recettes
d’exportation)
Réserves brutes en 8,669 16,1 20,2 24,0 22,1 22,8
milliards de dollars
Réserves en Mois 8,2 11,2 12,2 10,7 7,1 6,8
d’importation

Source : FMI, Banque mondiale, Haut Commissariat au Plan, Office national des changes et Rapport
économique arabe unifié.

140
Tableau N°31 : « L’évolution des principaux indicateurs économiques de la Libye
Au prix courant du marché »
En millions dollars
Désignation 2003 2005 2006 2007 2008 2009
PIB en Ms $ 26,236 45,452 55,077 69,747 85,253 62,360

Croissance du PIB (%) 5,9 5,9 6,7 7,5 2,7 1,6

Taux d’inflation - 2,1 2,9 1,4 6,2 10,4 2,5


Excédent budgétaire
- en Ms de dollars 3,128 12,051 19,951 18,763 20, 921 6,444
- % PIB 13,0 25,3 35,3 26,2 24,54 10,7%

Solde commercial
- en millions USD 5,779.7 20,180.7 27,318.2 29,223.9 40,836.2 10,738.4
- en % du PIB 24,02 44,4 49,6 41,9 47,9 17,22

Solde du compte courant


- en millions dollars 5,640.7 17,453.5 28,147.1 25,876.1 34,697.9 9,728.1
- en % du PIB 21,5 38,4 49,8 37,1 40,7 15,6

Solde de la Balance des


paiements
- en millions de dollars 3,705.5 16,338.8 20,752.7 18,716.5 34,758.3 5,004.7
- solde en % du PIB 15,4 34,3 36,7 26,1 39,1 8,31

Réserves en MDS USD 21,2 40,839 62,228 83,259 96,334 103,75


- en mois d’importation 21,9 30,2 59,7 54,0 48,2 52,5

Encours de la dette
en % du PIB - 12,3 10,1 8,0 6,5 7,2

Source : FMI, Banque Centrale, Banque Mondiale et Rapport économique arabe unifié.

141
Tableau N°32 : « L’évolution des principaux indicateurs économiques de la Mauritanie
au prix courant du marché »
En millions dollars

Désignation 1999 2005 2006 2007 2008 2009

PIB nominal en 1 194,6 1 862,9 2 699,2 2 821,0 3 539,6 3 029


millions de dollars

Taux de croissance 6,7% 5,4 % 11,4 % 1% 3,7 % -1,07%

Taux d’inflation 3,6% 12,1% 6,2% 7,3% 7,3% 2,2%


Solde commerciale

- en millions de dollars - 23,3 - 803,13 199.6 22.568 24.773 - 115,3


- en % du PIB - 1,95 - 43,1 7,4 0,8 0,7 - 3,8
Solde du cpte courant

- en millions de dollars -29,2 - 876.8 - 46.7 - 299.02 - 557.13 - 387.41


- en % du PIB - 2,4 - 47,06 -1,7 - 10,6 - 15,74 - 12,79

Encours de la dette

- en millions de dollars 2 475,8 2 539,9 2 502,2 1 801,6 1803,6


- en % du PIB 249,8* 132,9 94,1 88,7 50,9 59,5

Solde budgétaire
- en millions dollars - - 128.25 963.25 - 48 - 230 - 154,48
- en % du PIB - 6,88 35,7 - 1,7 - 6,50 - 5,10
Solde de balance globale - 3,6 - 3,9 + 10,4 - 0,6 - 1,3 - 0,32
En % du PIB

Service de la dette

- en millions de dollars 22,1 142.7 91.0 86.0 75,8 60.6


- en % des exportations - 4,3 57,8 0,8 8,8 3,5

Réserves officielles
brutes
- en millions de dollars 38.6 70.2 194.0 209.0 195.0 238.3
- en mois d’importations 0,8 1,1 2,6 1,9 1,7 2,5

*
chiffre 2000
Source : Banque centrale, Office national de la statistique de Mauritanie, Rapport économique arabe
unifié

142
a) Les soldes courants
Les soldes courants se sont améliorés dans l’ensemble : en Algérie, le solde du compte
était de 7,1 milliards de dollars en 2001, il passe à 21,2 milliards de dollars en 2005 et à 34,7
milliards de dollars en 2008, ce qui représente 20,24% du PIB. Le solde courant a pu
enregistrer un surplus en 2009 (0,42 milliards de dollars), malgré l’ampleur du choc externe
inhérent à la grave crise économique qui a eu un impact direct sur la balance commerciale du
pays, celle-ci est passée de 40,6 milliards en 2008 à 7,5 milliards de dollars en 2009,
consécutive à la chute des recettes d’hydrocarbures. Le solde courant devrait atteindre un
montant de 5,4 milliards en 2010, soit 3,4% du PIB. Ce solde est resté, pendant plusieurs
années, positif au Maroc. Mais en 2008, il avait fait apparaître un déficit significatif de 5,42%
du PIB. Ce déficit se répétait en 2009 à hauteur de 5,04% du PIB, ceci est dû à la lourdeur du
déficit commercial et le recul des postes comme les recettes touristiques et les transferts
financiers des marocains résidants à l’étrangers qui, traditionnellement, compensent le déficit
de la balance courante. Le solde courant en Tunisie était déficitaire, mais à un niveau
soutenable grâce aux recettes touristiques et aux revenus des travailleurs, il était de -2,9%
en 2003, de -2,4% en 2007 et -3,8% en 2008 puis à -2,7% en 2009. En Libye, l’augmentation
des recettes pétrolières a mis fin à la tendance déficitaire des budgets des années 1990, le
solde du compte courant représentait 21,5% du PIB en 2003 il passe à 38,4% en 2005 et à
40,7% en 2008, mais l’excédant avait régressé en 2009 pour passer à 15,6% du PIB suite à
la chute du cours de pétrole.

b) La dette extérieure
L’amélioration des soldes courants dans l’ensemble a permis de réduire le poids de la
dette extérieure, notamment pour le Maroc et l’Algérie. Le premier a procédé au
remboursement d’une partie de sa dette extérieure, il a engagé un programme de reconversion
de l’autre partie en investissements, ainsi le montant de la dette extérieure représentait 20,7%
du PIB en 2009 contre 38,3% en 2001. Le service de la dette sur les exportations est en
baisse : il représentait 20,1% des recettes d’exportation en 2000, 12,3% en 2005, 7,0% en
2008 puis 6,6% en 2009. La dette extérieure de l’Algérie a atteint des proportions effarantes
dans les années 1990, elle a été rééchelonnée suite à la signature d’un accord avec le FMI en
1994. Début 2000, des accords ont été conclus avec la France, l’Italie et l’Espagne en vue de
convertir une partie de la dette en titres d’investissements. En 2005, les premières
négociations concernant la nouvelle formule de gestion de la dette commençaient, il
s’agissait de paiement par anticipation, ainsi plusieurs accords ont été signé avec des pays

143
membres du club de paris. L’Algérie a procédé au remboursement anticipé de sa dette
bilatérale à l’égard de la Russie en échange des contrats commerciaux et la reconversion
d’une partie de la dette en investissements, ainsi le montant de la dette est ramené à 17,1
milliards de dollars en 2005, ce qui représente 16,9% du PIB contre 41,1% en 2001, le
montant ne représentait plus que 4,363 milliards de dollars en 2008 soit 2,55% du PIB puis de
2,66% en 2009. Le pays a ainsi accompli des progrès en termes de solvabilité en ramenant le
ratio du service de la dette sur les exportations à 1,8% en 2009. L’Etat tunisien a poursuivi un
effort important de désendettement, la grande partie des recettes issues de la privatisation de
Tunisie Télécom entre 2006 et 2007 a été affectée au désendettement de l’Etat. Le taux
d’endettement extérieur représente toutefois 48,15% en 2009 contre 61,59% en 2005. Le
service de la dette extérieure reste relativement important, mais en baisse, avec 10,6% des
recettes courantes de l’Etat en 2009 contre 13,3% en 2003 et 16,7% en 2006. La Libye n’a pas
connu de situation de surendettement comme il est le cas de ses voisins maghrébins :
l’importance de ses revenus pétroliers, l’importance de ses réserves monétaires ainsi que la
lenteur de son développement économique ont fait que le pays n’a eu que peu recours aux
emprunts extérieurs. Le montant de la dette extérieure était de 7,2 milliards de dollars en
2009 contre 6,07 milliards en 2008. La Mauritanie a été déclarée éligible à l’initiative sur la
dette des pays pauvres très endettés en 2000 par le FMI et la Banque Mondiale. Ainsi, le taux
d’annulation de la dette a été porté à 90%, le pays a conservé ensuite un risque de
surendettement modéré, en d’autres termes, une capacité de remboursement relativement
solide et ce malgré les chocs extérieurs, notamment le ralentissement de l’activité économique
mondiale : l’encours de la dette représentait 59,5% du PIB en 2009. Le service de la dette a
été réduit à un montant limité et représentait 3,5% des recettes d’exportations en 2009 contre
8,8% en 2008.

c) Les réserves de change


Les réserves de change sont partout en progression et se présentent comme suit pour
chacun des pays :
 dans le cas de l’Algérie, la faiblesse du cours de pétrole a provoqué l’interruption de
l’évolution des réserves en 1995 qui représentaient seulement deux mois
d’importation, l’évolution des différentes composantes de la balance des paiements a
permis de soutenir l’effort des autorités algériennes pour reconstituer les réserves de
changes, celles-ci ont atteint 18 mois d’importation en 2001, presque 28 mois en 2005
et 34,9 mois en 2008, soit un montant de 143,10 milliards de dollars, puis 36,4 mois

144
d’importations en 2009 soit un montant de 149,34 milliards de dollars grâce à la
hausse des recettes des hydrocarbures avec l’envolée du cours de pétrole ;
 les réserves de change au Maroc ont poursuivi leur hausse atteignant 22,8 milliards de
dollars en 2009, soit 9,3 mois d’importations, contre 20,2 milliards en 2006 et 8,669
milliards en 2001.
 le niveau des réserves en Libye ne cesse d’augmenter, le montant a atteint un niveau
record de 103,75 milliards de dollars en 2009, soit 52,5 mois d’importations contre
96,33 milliards de dollars en 2008, soit 48,2 mois d’importations, ce qui devrait lui
permettre de surmonter à cour terme un repli dans le marché pétrolier.
 les avoirs nets en devise pour la Tunisie se sont consolidés pour s’élever à 10,642
milliards de dollars en 2009 représentant 7,1 mois d’importations, contre 8,957
milliards en 2008 soit 4,6 mois d’importations.

d) L’inflation
L’inflation est partout en baisse. Grâce à une politique monétaire prudente axée sur
la maîtrise de crédit intérieur et la libéralisation des taux d’intérêt au Maroc, elle passe de
20% au début de la décennie 1990 à 0,6% en 2001 et à 1,0% en 2005, mais qui a connu une
hausse en 2006 à 3,3% pour s’incliner en 2007 à 2,0%. En 2008, les pressions inflationnistes
se sont intensifiées au premier semestre en raison du renchérissement des produits
alimentaires et de l’énergie au niveau mondial, au second semestre, la baisse sensible des
prix des matières premières et le ralentissement économique international ont réduit le taux
d’inflation pour s’établir à 3,7% en moyenne annuelle puis à 1,0% en 2009 et 2010.
L’inflation en Algérie a été maitrisée au cours de ces dix dernières années avec un taux
moyen annuel de 3%. Cependant, en 2009, le taux d’inflation est passé à 5,7% reflétant
essentiellement, la hausse des prix des produits alimentaires sur le marché mondial ainsi que
les produits agricoles frais, produits localement (+20%), ce taux a connu une baisse en 2010
pour s’établir à 3.9%. La même situation est observée en Tunisie. En effet, l’inflation était
relativement modérée avec 2% en 2005, mais elle a connu une hausse en 2006 pour atteindre
4,5% puis 3,1% en 2007 et 5% en 2008, ceci malgré la politique de compensation qui
permet de ne répercuter que partiellement les hausses des prix de certains produits de base
importés, le taux s’est incliné par la suite en 2009 pour se limiter à 3,5% grâce, notamment,
aux politiques monétaires adoptées ainsi qu’à la baisse des prix des produits alimentaires et
énergétiques. Les prix à la consommation en Mauritanie ont connu une baisse même s’ils
demeurent relativement élevés, le taux d’inflation passe de 12,1% en 2005 à 6,2% en 2006,

145
puis à 7,3% en 2007 et en 2008. Mais en 2009, un effort de stabilisation des prix a donné ses
fruits puisque grâce à une politique monétaire prudente, menée par la banque centrale, une
disponibilité permanente des produits de première nécessité, à cela s’ajoute également un
soutien ciblé des prix de certains produits pour atténuer l’effet des chocs économiques sur
les couches les plus vulnérables de la population. Au terme de l’année, le taux d’inflation a
baissé à 2,2%. Mais ceci n’est pas le cas de la Libye, en effet, après une période de déflation
qui s’est prolongée de 1999 à 2005, l’inflation a connu une vive poussée pour atteindre
10,4% en moyenne en 2008, du fait de l’unification du taux de change et des efforts
consentis pour libéraliser le commerce, cette poussée s’est encore accélérée avec l’envolée
des prix des produits alimentaires ; la forte hausse des dépenses publiques et de la masse
salariale ; la réduction du montant des subventions aux carburants et aux produits
alimentaires. Ce taux s’est ensuite fléchi à 2,5% en 2009.

2-2 Le problème de croissance potentielle

Les pays du Maghreb ont accompli des progrès importants au cours de ces dix
dernières années, la stabilité économique et financière a été établie grâce à des réformes
appuyées par le FMI. Mais en dépit de cette stabilité, les ajustements macro-économiques ne
sont pas accompagnés d’un développement du bien-être social, l’indice de développement
humain en 2010 était compris entre 0,433 et 0,755 pour les pays maghrébins contre 0,9 pour
les pays européens. En termes d’indicateurs de pauvreté humaine, les pays maghrébins
demeurent classés dans les tranches inférieures au niveau du développement moyen.

La région reste donc confrontée à plusieurs défis économiques, la croissance


économique reste inférieure à son potentiel, le chômage bien trop élevé et la pauvreté
répandue. Le taux de chômage en Tunisie était de 13.3% en 2009, de 10.2% en Algérie, de
9.1% au Maroc, de 20.74% en Libye en 2008 et de 30% en Mauritanie.

La croissance dans ces pays représente un caractère cyclique. Leur rythme de


croissance est en dessous des performances moyennes de l’ensemble des pays émergent les
plus dynamiques. La volatilité de la croissance s’explique par la vulnérabilité des économies
maghrébines aux chocs internes et externes.

1. les chocs internes : sont essentiellement la sécheresse, celle-ci constitue un énorme


handicap pour l’agriculture maghrébine. Les rendements de l’agriculture sont fortement

146
dépendant des aléas climatiques : l’agriculture constitue un élément moteur dans l’économie
marocaine, la croissance de celle-ci est corrélée aux résultats du secteur agricole, qui
contribue pour 11 à 18% dans la formation du PIB selon les années. Si les bonnes conditions
climatiques de 2006 ont fait progresser la valeur ajoutée du secteur primaire d’environ 20%,
l’année 2007 était une année de sécheresse qui a causée la régression de la valeur ajoutée du
secteur de 19%. Résultat pour l’ensemble de l’année 2007, la croissance a chuté à 2,2% alors
qu’elle était de 7,8% en 2006. Hors agriculture, la croissance du PIB est moins volatile et plus
soutenue, tirée par la bonne performance du BTP, du secteur industriel et du secteur tertiaire
avec les télécommunications et le tourisme. Toutefois, le niveau de croissance reste
insuffisant pour faire face au déficit sociodémographique du pays, en termes d’indice de
développement humain le Maroc est classé au 126ème rang mondial sur 177 pays et le PIB par
habitant est l’un des plus bas de la méditerranée avec 2363 USD.

2. Les chocs externes : ils sont multiples et ils affectent différemment les économies
maghrébines en fonction de leur degré de dépendance, les plus importants sont : les cours des
hydrocarbures ; la fin de l’accord multifibre ; la faiblesse de la croissance en Europe ; le
niveau insuffisant des investissements.

a) Les cours des hydrocarbures : les économies algériennes et libyennes dépendent


presque totalement des cours des hydrocarbures, ces derniers représentent 36% du PIB en
2006 pour l’Algérie et plus de 98% du volume globale des exportations, la fiscalité
pétrolière représente environ 60% des recettes d’Etat. C’est grâce à cette conjoncture
énergétique exceptionnelle que l’Algérie a pu rétablir les équilibres macro-économiques.
La hausse des hydrocarbures depuis 2000 avait généré un important excédent de la
balance des paiements courants (6,1milliards de dollars en 2001, soit 11% du PIB, 17
milliards de dollars en 2005, soit 16,7% du PIB, 37 milliards de dollars en 2008 soit
21,6% du PIB). Le solde a chuté à 3,86 milliards en 2009, soit 2,8% du PIB dû à une
mauvaise conjoncture pétrolière. Le même constat peut être fait à propos de l’économie
libyenne, celle-ci repose presque entièrement sur la bonne santé du secteur pétrolier qui
constitue son principal pôle d’exportation. Il représente plus de 95% de ses exportations
totales et 75% des ressources budgétaires en 2007. La croissance est surtout le fait du
secteur pétrolier qui a induit un fort excédent commercial (5,77 milliards de dollars en
2003, 20,18 milliards de dollars en 2005, 40,8 milliards en 2008), un redressement de la

147
balance des capitaux et un niveau record des réserves de change. En 2009, le solde a chuté
jusqu’à 10,74 milliards.

b) La fin de l’accord multifibre : la fin de ces accords frappe durement l’industrie du


textile en Tunisie et au Maroc : en Tunisie, le secteur de textile est le plus important des
industries manufacturières, bien qu’il soit toujours premier en terme de contribution à la
formation du PIB, sa valeur ajoutée s’est inscrite à la baisse avec une perte de 2,4% entre
2004 et 2005, sa part dans les exportations continue de se contracter à mesure de la
réduction de la production (-5% en 2005). Quant au Maroc, les perspectives de croissance
ont été compromises par la faiblesse de la demande des produits marocains sur les
marchés européens due, en partie, à l’élimination des préférences commerciales en faveur
du textile. Les produits textiles qui constituent plus de 80% des exportations de produits
finis de consommation ont enregistré une baisse de 6,9% dans les exportations en 2005. (1)

c) La faiblesse de la croissance en Europe : considérée comme principale débouché des


pays du Maghreb, l’Union Européenne reste le premier partenaire commercial de ces
pays, environ 80% des échanges de la Tunisie se font avec l’Union européenne, prés de
deux tiers des échanges du Maroc sont réalisés avec les pays de l’Union. Ainsi, la
faiblesse de la croissance en Europe affecte directement la croissance dans les pays du
Maghreb.

d) Le niveau insuffisant d’investissement national et international : La faible croissance


des économies maghrébines est expliquée par la relative faiblesse de l’efficacité du capital
et la croissance insuffisante de la productivité au Maghreb. L’investissement n’a pas
(2)
permis d’élargir et de consolider les bases de décollage économique, ces pays sont
toujours spécialisés dans des activités à faibles valeur ajoutée. Ils présentent des
structures économiques qui ne s’adaptent pas aux conditions nouvelles de compétitivité et
de la nouvelle donne en matière de spécialisation, la structure de leurs exportations fait
apparaître une spécialisation de type pays en voie de développement, car il s’agit

(1)
Données de la mission économique au Maroc.
(2)
Les taux d’investissement se sont établis à environ 3 % du PIB, un niveau insuffisant comparé au taux
d’investissement dans les pays du sud-est asiatique qui dépassait les 30% lors de la phase de forte croissance.
L’investissement public a été fortement contracté pour rétablir les équilibres macro économiques, alors que
l’investissement privé est resté faible.

148
principalement des produits énergétiques et miniers, du textile, de l’habillement et de
quelques produits agricoles.
Pour pouvoir résorber le chômage et augmenter le revenu par tête, les pays du
Maghreb devraient atteindre un rythme de croissance suffisant estimé à 7% par an ;
augmenter le rythme d’accumulation du capital et l’affecter à des emplois plus productifs ;
modifier le régime de croissance en utilisant le progrès technique et en diffusant une
économie fondée sur la connaissance...etc.

2-3 Une attractivité encore insuffisante pour les IDE

Les flux d’investissement directs étrangers vers les pays du Maghreb central ont connu
ces dernières années une certaine progression passant de 717 millions de dollars en 1990 à 4,8
milliards de dollars en 2005 puis à 5,8 milliards en 2007. La part du Maghreb dans les IDE
destinés aux pays du sud de la méditerranée est passée de 15% en 1990 à 47% en 2001.(1)
Cependant, cette région n’attire annuellement qu’une petite part de flux d’investissements
étrangers, elle ne représentait que 0,6% des flux d’investissements au niveau mondial en
2000.

Tableau N°33 : « Evolution des IDE entrant dans les pays maghrébins (au prix courant
et au taux de change courant) »
En millions de dollars

Investissements
1995 - 2005 2005 2006 2007 2008 2009
directs étrangers

Algérie 611 1 081 1 795 1 662 2 646 2 847


Tunisie 566 782 3 308 1 616 2 758 1 688
Maroc 1 109 2 933 2 450 2 803 2 487 1 331
Libye 106 1 038 2 013 4 689 4 111 2 674
Mauritanie 137 814 106 138 338 - 38

Source : CNUCED - Rapport sur l’investissement dans le monde 2010


Sur http: // www.unctad.org

L’année 2005 a connu une forte hausse des IDE à destination de la région, une hausse
qui s’explique par un pic d’investissements étrangers reçus par le Maroc et la hausse de ces
derniers à destination de l’Algérie et de la Tunisie.

(1)
CNUCED

149
Tableau N°34 : « L’évolution du stock d’IDE »
En millions dollars
Stock d’IDE 1995 2000 2007 2008 2009
Algérie 1 671 3 537 11 852 14 498 17 344
Maroc 5 126 8 842 38 613 39 388 40 719
Tunisie 10 967 11 545 26 193 29 083 31 857
Libye 766 451 8 723 12 834 15 508
Mauritanie 95 146 1 842 2 180 2 142

Source : CNUCED - Rapport sur l’investissement dans le monde 2010

Au cours de la période 1995-2005, les investissements directs étrangers à destination


du Maroc étaient relativement importants par rapport aux autres pays de la région, en raison
de l’accélération du processus de privatisation et la conversion de la dette extérieure en
investissements. L’Algérie et la Tunisie ont reçu un volume modéré des flux, ceci s’explique
par le recul des investissements dans le secteur énergétique pour le premier, le retard pris dans
le processus de privatisation pour le second.

Tableau N°35 : « Les investissements étrangers/ formation brute du capital fixe »

Moyenne annuelle
Pays 2007 2008 2009
1995-2005

Algérie 4,6 4,7 5,6 5,90


Maroc 10,4 11,9 9,0 4,50
Tunisie 10,7 19,0 27,0 15,60
Mauritanie 36,3 22,0 49,8 - 5,1
Libye 2,8 76,0 46,7 37,2

Source : CNUCED - Rapport sur l’investissement dans le monde 2010

S’appuyant essentiellement sur le programme national de privatisation, sur la


conversion de la dette extérieure en investissements et sur les opérations de concession des
services publics, les autorités marocaines ont su attirer, au cours de ces dernières années, un
flux relativement important de capitaux étrangers. En 2005, le pays reçoit 2,9 milliards de
dollars d’investissements étrangers, gonflés par l’opération exceptionnelle de cession des
parts du capital de Maroc Télécom. Ces derniers ont connu un léger repli en 2006 avec une

150
valeur de 2,4 Mds de dollars, le montant a atteint 2,8 Mds de dollars en 2007, soit une
augmentation d’environ 14%, 2,48 Mds de dollars en 2008 et 1,33 Mds en 2009.

Toutefois, le niveau des IDE reste modeste, il représente en moyenne 4,2% du PIB sur
la période 2000-2006 et 2,44% sur la période 2007-2008, 4,5% de la FBCF, le stock d’IDE
s’élève à 40,7 milliards de dollars en 2009.

La ventilation sectorielle du stock des IDE, s’est caractérisée par la prééminence de sept
secteurs à savoir : les télécommunications ; l’industrie ; les banques ; le tourisme ;
l’immobilier ; les cimenteries et l’énergie et mines. Leurs parts représentent 84,7% de
l’ensemble des IDE en 2007. Au terme de l’année 2009, la structure de la répartition
géographique des IDE continue à suivre la même tendance des années antérieures. En effet, le
stock des IDE d’origine française et espagnole représente une part importante, soit 67,9% du
stock global des investissements au Maroc. La France détient plus de la moitié du stock global
des IDE (53,5%) à fin 2009, l’Espagne détient 14,4% du total, les Emirats arabes unis (4,2%),
les USA (3,6%), la Grande Bretagne (2,8%), le Koweït (2,6%), l’Allemagne (2,4%) et
l’Arabie Saoudite (2,0%). (1)

La Tunisie enregistre un record en terme d’attraction des IDE en 2006 avec une hausse
de 323% par rapport à 2005 - le montant des IDE est estimé à 3,3 Mds de dollars - celle-ci est
due essentiellement à la privatisation partielle de Tunisie Télécom. Le pays s’est ainsi classé
au premier rang des pays maghrébins pour les flux entrant et au troisième rang des pays
d’Afrique du nord. Le montant des IDE a accusé une baisse de plus de 50% en 2007 pour
reprendre ensuite en 2008 et atteindre le montant de 2,7 Mds de dollars. Le résultat est
l’œuvre de certaines opérations : privatisation et augmentation du capital dans le secteur
financier, réalisation de projet GPL par British Gaz ; concession de l’aéroport d’Enfidha ;
mouvement de cession dans l’industrie et le tourisme. Le flux a reculé d’environ 39% en 2009
puisqu’il n’a représenté que 1,688 milliards de dollars.

L’énergie concentre prés de 57% du total des IDE, il demeure donc le premier secteur
d’accueil des investissements étrangers, de nombreux permis de prospection d’hydrocarbures
ont été délivrés ces dernières années avec la hausse du cours mondial. Le secteur des
industries manufacturières a lui aussi connu une augmentation de plus de 30% grâce à la
dynamique des secteurs mécaniques, électriques et électroniques, de la chimie et du

(1)
Données de l’Office des changes sur http://www.oc.gov.ma

151
caoutchouc, du textile et habillement. Le secteur accapare 18,9% des IDE entrant, il occupe
donc la deuxième place. Par ailleurs, l’importance des opérations observées dans le secteur
financier, place les services en troisième position avec 17,8% du total des IDE, d’après
l’Agence tunisienne de promotion de l’investissement extérieur, le secteur a attiré quelque
308,518 millions de dollars contre 123,481 millions de dollars en 2007. 5,8% des IDE
concernent le tourisme et 0,6% concernent le secteur agricole. (1)

La France, l’Italie, l’Allemagne, la Grande Bretagne, l’Espagne et les Etats-Unis sont


les principaux pays investisseurs. En 2008, La France était classée à la deuxième position des
pays investisseurs en Tunisie après la Grande Bretagne.

En moyenne, les IDE assurent 28% des financements extérieurs de la Tunisie entre
1992 et 2004. En 2009, les IDE à destination du pays se sont établis à 1,688 milliards de
dollars et représentent environ 4% du PIB contre 6,73% en 2008, et 15,6% de la FBCF. Le
stock d’IDE est estimé à 31,857 Mds de dollars.

En 2000 -2001, les flux d’IDE destinés à l’Algérie ont presque triplés, passant de 438 à
1196 millions de dollars et passent de 882 millions de dollars en 2004 à 1.081 milliards de
dollars en 2005, 1.795 Mds de dollars en 2006, 1.662 Mds en 2007, 2.646 Mds en 2008 et
2.847 Mds en 2009. Le stock des IDE est évalué à 17,3 Mds de dollars et représentent 5,9%
de la FBCF en 2009.

Toutefois, les hydrocarbures constituent le secteur principal d’investissement, suivis des


télécommunications, de la pharmacie et des autres services. Les industries manufacturières ne
reçoivent qu’une petite part de l’intérêt des investisseurs étrangers, ceci revient à plusieurs
facteurs notamment la bureaucratie, la complexité du système financier, les difficultés d’accès
à la propriété foncière…, etc. Le climat des affaires dans notre pays demeure contraignant
malgré les réformes économiques et financières et les facilités accordées pour encourager les
investissements étrangers. Le rapport annuel « Doing business » en 2007, (2) place l’Algérie à
la 116ème place sur une liste de 175 pays, devancée par la Tunisie et le Maroc classés
respectivement à la 70eme et 115eme position. Selon le même rapport, l’immatriculation d’une
nouvelle entreprise prend plus de 51 jours et nécessite 16 procédures administratives ; le coût
globale de l’enregistrement est estimé à 9% du capital de l’entreprise ; il faut 15 jours et 9

(1)
Chiffres de l’Agence tunisienne de promotion de l’investissement extérieur sur http://www.investintunisia.tn
(2)
Rapport annuel qui établi un classement où la politique des affaires est plus facile, il est cofinancé par la
banque mondiale et la société financière internationale.

152
documents pour importer un produit en Algérie, plus de 22 jours et 9 documents à
l’exportation.

Hormis les secteurs pétrolier, bancaire et télécommunication, l’économie libyenne


attire encore peu les investisseurs étrangers même si l’ouverture se fait progressivement
depuis la levée des sanctions internationales, à mesure que la législation devient plus
favorable. A l’heure actuelle, les investissements restent encore très concentrés sur le secteur
pétrolier. Le montant des IDE passe de 6 millions de dollars de 1990 à 2000 à 1.038 Mds de
dollars en 2005, puis à 4.1 Mds de dollars en 2008 et 2.674 en 2009 représentant seulement
4,29% du PIB contre 6,72% en 2007. Le stock d’IDE a atteint 15,5 Mds de dollars. Les
investissements les plus significatifs proviennent des Emirats Arabes Unies, de Malte, de
Grande Bretagne, de Suisse, de Panama, de Chypre et d’Italie. Depuis 2007, avec l’ouverture
du pays et le besoin de reconstruction de l’économie libyenne, les IDE des pays du Golfe ont
pris une réelle ampleur et portent sur plus de 10 Mds de dollars d’investissements ou projets
dans les secteurs bancaire, immobilier et pétrolier.

Dans le cas de la Mauritanie, l’investissement étranger constitue un phénomène récent.


Il a fallut attendre les années 2000, avec la politique de privatisation, la libéralisation de
certains secteurs clés et la découverte du pétrole qui ont permis à ce pays d’attirer des flux
relativement importants d’IDE, ces derniers n’ont pas été constants sur les cinq dernières
années. Le pays a enregistré une entrée d’investissements étrangers record de 814 millions de
dollars en 2005 - un pic qui s’explique par une hausse marquée par des investissements dans
le secteur pétrolier, stimulée par les besoins de machinerie et d’équipement afin de lancer la
production du champ Chinguetti - ceux-ci sont tombés à 106 millions l’année suivante, 138
millions en 2007 et 338 millions en 2008. Mais une forte baisse est enregistrée en 2009 (- 38
millions dollars) en raison de la crise économique mondiale et l’instabilité politique de ce
pays, ils constituent -5,1% de la FBCF contre 49,8% en 2008 et représentent un stock de
2,142 Mds de dollars. La quasi-totalité de ces investissements est destinée au secteur
d’exploration et d’exploitation pétrolière, des mines, des télécommunications et au secteur
financier à travers l’installation de banques étrangères dans le pays. Les pays industrialisés
sont les principales sources d’IED en Mauritanie, parmi eux la France qui est l’investisseur le
plus ancien et le plus important, suivie par l’Australie et le Royaume-Uni.

La part de la région dans le stock total d’IDE destiné aux pays en développement (hors
Chine et Hongkong) ne cesse de baisser depuis 15 ans, au profit de certains pays comme les

153
nouveaux Etats membre de l’Union Européenne. Les causes de la faiblesse des
investissements dans cette partie du monde sont multiples, nous les résumons en quatre
points :

 le caractère volatile et insuffisant de la croissance et la faible dynamique de la


demande en raison de l’étroitesse et la fragmentation des marchés, la faible
productivité du travail, le faible soutien à l’investissement, …etc. ;
 le facteur institutionnel représente un obstacle à l’IDE dans cette région, les
insuffisances concernant le régime d’acquisition du foncier, concernant les
administrations et le système judiciaire posent le problème d’insécurité des affaires.
 les IDE s’orientent de plus en plus là où les avantages crées par l’homme sont
disponibles (infrastructures de télécommunication, les réseaux de commercialisation,
une économie fondée sur la connaissance, compétitivité en matière de technologie et
des compétences…etc.). Il se trouve que ces facteurs sont peu développés dans cette
région, l’effort de recherche et développement ne dépasse pas en moyenne 0,7% du
PIB.
 le rendement insuffisant des investissements dû à des coûts de transactions élevés.

Les IDE présentent des enjeux économiques, technologiques, financiers et


commerciaux importants, étant donné la nature et le volume des flux que s’arrachent chaque
année plusieurs pays. Leurs retombées sur la croissance, l’emploi et les exportations sont
considérables. Aujourd’hui, les investissements étrangers portent un intérêt particulier aux
ensembles régionaux, aux opportunités d’investissement ainsi que les avantages qu’ils
peuvent offrir. Les zones économiquement intégrées exercent une forte attraction sur les
investissements étrangers, des flux importants de capitaux leur sont destinés chaque année.

Ainsi, l’attraction des IDE dépasse, aujourd’hui, le cadre nationale. La tâche est plus
difficile pour un pays à lui seul lorsqu’il ne peut pas justifier d’un bonus que lui offrirait la
région qui constitue sa profondeur naturelle et stratégique. Les pays du Maghreb font partie de
cette catégorie de pays qui sont restés en marge du mouvement d’intégration et qui ne
bénéficient pas des avantages qu’offrirai la région en la matière, ils partent ainsi à la quête du
développement avec l’handicap du marché.

154
2-4 L’état des échanges commerciaux

Nous étudierons les échanges commerciaux à travers le type de spécialisation de


chacun des pays du Maghreb et leurs principaux partenaires commerciaux.

2-4-1 Type de spécialisation des pays maghrébins


Nous analyserons dans ce qui suit et à travers des données chiffrées, la structure du
commerce extérieur de chacun des pays maghrébins pour en déduire le type de spécialisation
de ces pays.

1) La Tunisie
Le tableau ci-après représente la situation du commerce extérieur de la Tunisie en 2008
et 2009.

Tableau N°36 : « Balance commerciale (en MDT) »


2008 2009 Variation %
2009/2008
Valeur des exportations 23 637,0 19 469,0 -17,6%

Valeur des importations 30 241,0 25 878,0 -15,0%

Solde -6 604 -6 409


Taux de couverture 78,2% 75,2%

Source : Institut National des Statistiques sur http://www.ins. nat.tn

Les échanges commerciaux de la Tunisie ne cessent d’augmenter, cette dernière a


enregistré une hausse de 14,9% entre 2003 et 2004, de 9,6% en 2005, et de plus de 50% de
2006 à 2008. La couverture des importations par les exportations est passée de 69,6% en 2001
à 78,2% en 2008. Mais une légère baisse marque l’année 2009 puisque les exportations et les
importations ont respectivement chuté de 17,6% et 15,0 %. Le taux de couverture passe de
78,2% en 2008 à 75,2% en 2009. Ceci est dû au recul de la demande extérieure, émanant des
principaux pays partenaires de la Tunisie, d’une part, et par la baisse des prix des produits de
base sur le marché international, d’autre part. Le recul des importations est fortement lié à une
baisse des principales matières premières et demi-produits, c’est le cas du soufre, de
l’ammoniac, des métaux non ferreux, des produits énergétiques aussi bien pour le gaz que
pour le pétrole. Le repli des exportations est aussi dû à la baisse des prix de certains produits

155
comme les produits phosphatés, le recule des ventes du secteur énergétique d’environ 35% et
qui a touché essentiellement le pétrole brut en raison de la baisse des prix, la diminution des
quantités des exportations des produits du secteur de textile, habillement, cuirs et chaussures.

Tableau N°37 : « Evolution du commerce extérieur par secteur d’activité »


Désignation 2008 2009
Valeur Evolution Part Valeur Evolutio Part
en MDT (en %) (%) en MDT n (en %) (%)
Exportations 23.637,0 21,8 100,0 19.469,2 - 17,6 100,0
- Agriculture, pêche§
industries agroalimentaires 2.155,6 14,2 9,1 1.849,5 - 14,2 9,5
. Agriculture et pêche 617,5 13,7 2,6 580,7 - 6,0 3,0
. Industrie agroalimentaire 1.538,1 14,4 6,5 1.268,8 - 17,5 6,5
- Energie 4.079,9 30,0 17,3 2.637,7 - 35,3 13,5
- produits miniers 205,0 126,8 0,9 90,2 - 56,0 0,5
- Industrie manufacturière
non -alimentaire 17.196,5 20,3 72,7 14.891,8 - 13,4 76,5
. Textile, habillement, cuirs
6.098,3 0,4 25,8 5.558,1 - 8,9 28,5
et chaussures
. Industries mécaniques et
Electriques 6.232,8 18,3 26,3 6.001,0 - 3,7 30,8
. Dérivés de phosphate 3.117,8 129,7 13,2 1.570,0 - 49,6 8,1
. Autres produits
manufacturés dont : 1.747,6 9,7 7,4 1.762,7 0,9 9,1
*Matériaux de
construction, céramique et 396,7 20,0 1,7 369,1 - 7,0 1,9
verre
*Produits chimiques 490,1 2,8 2,1 494,3 0,9 2,5
Importations 30.241,2 23,8 100,0 25.877,6 - 14,4 100,0
- Agriculture, pêche§
industries agroalimentaires 3.318,6 26,8 11,0 2.442,3 - 26,4 9,4
. Agriculture et pêche 1.921,4 18,0 6,4 1.304,5 - 32,1 5,0
. Industrie agroalimentaire 1.397,2 41,2 4,6 1.137,8 - 18,6 4,4
- Energie 4.913,8 63,7 16,2 2.789,7 - 43,2 10,8
- produits miniers 54,9 26,8 0,2 33,8 - 38,4 0,1
- Industrie manufacturière
non -alimentaire 21.953,9 16,9 72,6 20.611,8 - 6,1 79,7
. Textile, habillement, cuirs
et chaussures 4.076,3 0,2 13,5 3.774,7 - 7,4 14,6
. Industries mécaniques et
Electriques 11.920,3 14,3 39,4 11.929,6 0,1 46,1
. Dérivés de phosphate 1.679,6 275,6 5,6 493,4 - 70,6 1,9
. Autres produits
manufacturés dont : 4.277,7 11,8 14,1 4.414,1 3,2 17,1
*Matériaux de

156
construction, céramique et 279,6 27,9 0,9 313,6 12,2 1,2
verre
*Produits chimiques 2.519,8 10,6 8,3 2.595,6 3,0 10,0

Source : Institut National de la statistique

Plus de 25% des exportations tunisiennes sont composés de textile, habillement et cuir
(tableau N° 37), viennent les produits de l’industrie mécanique et électrique en deuxième
position avec un taux de 26,3%, les énergies et lubrifiants en troisième position en contribuant
à hauteur de 17,3% des exportations globales. Les produits agricoles et agroalimentaires
présentent une évolution relativement cyclique étant donné la dépendance du secteur des
conditions climatiques, les exportations du secteur en 2004 ont augmenté de 72% par rapport
à l’année qui précède avec une récolte qui avait atteint son record. Le secteur a connu une
baisse de 14,2% en 2009 par rapport à l’année précédente. Le secteur agricole et pêche ne
représentait que 3% des exportations globales en 2009.

L’évolution positive du commerce international, en Tunisie, revient essentiellement


au développement des industries mécaniques et électriques, la production a doublé ces dix
dernières années, les exportations représentent 26,3% en 2008, 30,8% en 2009 contre 18,6%
en 2001.

2) Le Maroc
Le tableau ci-après représente l’évolution du solde commercial du Maroc de 2008 à
2009.

Tableau N °38 : Balance commerciale à prix courant


Millions de dirhams
2008 2009 Evolution (%)
MDH %
Transactions totales 481 782.1 377 001.7 - 104 780.4 - 21,7
Importations (CAF) 326 042,2 263 981,7 - 62 060,5 - 19,0
Exportations (FOB) 155 739,9 113 020,0 - 42 719,9 - 27,4

Solde - 170 302,3 - 150 961,7 + 19 340,6 + 11,4


Taux de couverture 47,8 42,8
(%)

Source : Office des changes sur http://www.oc.gov. Ma

157
Au cours de l’année 2009, les transactions sur marchandises réalisées avec l’extérieur
se sont établies à 377.001,7 MDH contre 481.782,1 MDH en 2008, enregistrant ainsi une
baisse de 21,7% soit 104.780,4 MDH. Cette baisse est imputable aux importations et aux
exportations, ces dernières se sont inscrites en baisse de 27,4% en passant de 155 739,9 MDH
(1)
en 2008 à 113 020,0 MDH en 2009. Ainsi l’effort d’exportation s’est établi à 15,4% en
2009 contre 22,6% en 2008. Quant aux importations, elles ont enregistré un recul de 19% en
passant de 326 042,2 MDH en 2008 à 263 981,7 MDH en 2009.

Le déficit commercial s’est, en conséquence, allégé de 11,4% en passant de -150 961,7


MDH en 2009 à -170 302,3 MDH en 2008. Néanmoins, le taux de couverture des
importations par les exportations a perdu 5 points en passant de 47,8% en 2008 à 42,8% en
2009.

Tableau N°39 : « Les importations par groupement d’utilisation »


Groupement 2008 2009 Evolution 2009/2008
d’utilisation
Valeur Part en Valeur Part en MDH %
MDH % MDH %

Alimentation, boisson 31 863,6 9,8 24 213,0 9,2 - 7 650,6 - 24,0


et tabac
Energie et lubrifiant 72 714,9 22,3 54 136,4 20,5 - 18 578,5 - 25,5
Produits bruts 26 684,6 8,2 13 776,1 5,2 - 12 908,5 - 48,4

- d’origine animale 12 647,2 3,9 10 438,9 3,9 - 2 208,3 - 17,5


- d’origine minérale 14 037,4 4,3 3 337,2 1,3 - 10 700,2 -76,2

Demi-produits 69 488,7 21,3 52 760,6 20,0 - 16 728,1 - 23,1


Produits finis d’eqpt 71 657,3 22,0 66 136,0 25,1 - 5 521,3 - 8,9

- agricole 3 670,3 1,1 3 225,2 1,2 - 445,1 - 12,1


- industriel 67 987,0 20,9 62 910,8 23,9 - 5 076,2 - 8,7

Produits finis de 53 524,5 16,4 52 907,6 20,0 - 616,9 - 1,2


consommation
Or industriel 108,6 - 52,0 0,0 56,6 - 52,1

Total 326 042,2 100,0 263 981,7 100,0 - 62 060,5 - 19

Source : Offices des changes

(1)
L’effort d’exportation est mesuré par le rapport entre les exportations et le PIB

158
La structure des importations reste prédominée par quatre groupes de produits qui
représentent 82% de la valeur totale des importations : les produits énergétiques (20,5%) ; les
biens d’équipement (25,1%) ; les demi-produits (20%) ; les produits finis de consommation
(20%).
En 2009, les importations par groupe d’utilisation se sont établies comme suit :

 les produits alimentaires dont la part dans le total des importations s’est établie à
9,2%, ce groupe est constitué essentiellement de céréales (36,2%), de sucre (14,1%) et
de produits laitiers (6,4%) ;
 l’énergie et lubrifiant s’est établie à 20,5%, le groupe est constitué principalement de
pétrole brut à 31,7%, de gas oïl et fuel oïl à 28,5%, de gaz de pétrole et autres
hydrocarbures à 18,8% ;
 les produits bruts représentent 5,2%, ils sont composés de souffres bruts non raffinés à
41,6%, des fibres textiles synthétiques à 17,4% ;
 les demi-produits représentent 20% des importations totales. Trois produits
représentent, à eux seuls, 38,5% des importations du groupe, il s’agit des matières
plastiques artificielles (13,4%), des produits chimiques (13%), du fer et acier (10,1%) ;
 les biens d’équipement occupent la première position parmi les groupes de produits à
l’importation avec 25,1%, ils sont composés principalement de machines et appareils
divers (16,2%), de voitures industrielles (9,1%), de matériel à broyer et à agglomérer
(6,2%), intrants de fils et câbles pour l’électricité (4,7%);
 les produits finis de consommation représentent 20% des importations totales, ils sont
constitués essentiellement de voitures de tourisme (15,7%), appareils récepteurs radio
et télévision (8,8%), médicaments (7,7%), tissus de fibres synthétiques et artificielles
(6,6%), tissus de coton (5,7%).

La répartition des importations par principaux produits en 2009, fait ressortir la


prédominance de quelques produits qui sont : le pétrole brut qui représente 6,5%, suivi du
gas-oil et fuel-oils (5,8%), des machines et appareils divers avec 3,9%, de gaz de pétrole
et autres hydrocarbures (3,9%), de céréales (3,3%), voitures de tourisme, matières
plastiques artificielles, produits chimiques et voitures industrielles.

La structure des exportations est marquée par la prédominance de trois groupes de


produits, en l’occurrence : les produits finis de consommation occupent la première position

159
avec 29,1%, suivis des demi-produits (23%) et des produits alimentaires (22,3%). Les trois
groupes de produits interviennent pour 74,4% dans le total.

Tableau N°40 : « Les exportations par groupement d’utilisation »


Groupement 2008 2009 Evolution
D’utilisation 2009/2008
Valeur Part en Valeur Part en MDH %
MDH % MDH %
Alimentation, boissons 26 197,7 16,8 25 193,1 22,3 - 1 004,6 - 3,8
et tabacs
Energie et lubrifiants 3 351,5 2,2 2 628,2 2,3 - 723,3 - 21,6
Produits bruts (PB) 23 771,5 15,3 9 758,9 8,6 - 14 012,6 - 58,9
- d’origine animale 2 384,2 1,6 2 382,6 2,1 - 1,6 - 0,1
- d’origine minérale 21 387,3 13,7 7 376,3 6,5 - 14 011 - 65,5
Demi-produits 53 171,6 34,1 25 962,4 23,0 - 27 209,2 - 49,0
Produits finis d’éqpt 15 507,6 9,9 16 326,2 14,4 + 818,6 - 8,3
- agricole 38,0 - 50,6 - + 12,6 + 33,2
- industriel 15 469,6 9,9 16 275,6 14,4 + 806 - 8,4
Produits finis de 33 592,8 21,6 32 828,9 29,1 - 763,9 - 2,3
consommation
Or industriel 147,2 0,1 322,3 0,3 + 175,1 -
Total 155 739,9 100,0 113 020,0 100,0 42 719,9 - 27,4

Source : Office des changes

Les exportations par groupe d’utilisation se sont établies comme suit :

 les produits alimentaires, troisièmes groupe de produits à l’exportation, ils sont


constitués principalement de poissons en conserve (19,2%), des primeurs (18,5%) ,
des crustacés, mollusques et coquillages (17,6%) et les agrumes (10%) ;
 l’énergie et lubrifiants avec une part de 2,3%, le groupe est composé principalement
des huiles de pétrole et lubrifiants ;
 les produits bruts représentent 8,6% du total, ils sont constitués essentiellement de
phosphates bruts, déchets et débris de cuivre, minerai de cuivre pour les produits
d’origine minérale, boyaux frais, secs et salés, pâte à papier et plante et parties de
plante pour les produits d’origine animale et végétale ;

160
 les demi-produits constituent le deuxième groupe à l’exportation avec 23%, le groupe
est constitué essentiellement d’acide phosphorique (31%), d’engrais naturels et
chimiques (21,6%) et de composants électroniques (14,9%)
 les biens d’équipement représentent 14,4% des exportations totales, le groupe est
constitué de fils et câbles pour l’électricité à 55,6% ;
 les produits finis de consommation se présentent au premier rang des groupes à
l’exportation avec 29,1%, le groupe demeure dominé à concurrence de 81% par trois
produits : les vêtements confectionnés (54,2%), les articles de bonneterie (19,7%) et
les chaussures (7,1%).

Les ventes de phosphates et dérivés continuent de porter la croissance des exportations.


La structure de celles-ci est caractérisée par une forte concentration autour de quelques
produits, les dix premiers produits en constituent 68,1% du total, à savoir : les phosphates et
dérivés représentent 16% des exportations totales ; les vêtements confectionnés (15,7%) ; les
produits de la mer (11%) ; les fils et câbles pour l’électricité (8%) ; les articles de bonneterie
(5,7%) ; les composants électroniques (3,4%) ; les agrumes (2,2%) ; tomates fraîches (2,2%) ;
les chaussures (2%), les légumes (1,9%).

Le commerce marocain est donc structurellement déficitaire, il présente une offre à


l’exportation encore peu diversifiée. Quatre catégories seulement des produits sont exportés :
la filière habillement, les produits agroalimentaires, la filière phosphates et les composants
électroniques, représentent deux tiers du total des ventes du pays à l’étranger.

3) L’Algérie

Le tableau suivant représente l’évolution de la situation des échanges commerciaux de


2008 à 2010.

Tableau N°41 : « Balance commerciale - en millions USD »


2008 2009 2010 Evolution
(%)
Importations 39 479 39 103 32 820 - 16,1
Exportations 79 298 43 689 45 818 + 4,87
Balance 39 819 4 586 12 998 + 183,18
commerciale

161
Taux de 201 112 139,6
couverture (%)

Source : Données de la Direction générale des douanes sur http://www.douane.gov.dz

La situation du commerce extérieur est favorable, le pays a enregistré au cours de


l’année 2010 :
 un volume des importations de 32,8 milliards de dollars, soit une baisse de 16,1%
par rapport à 2008 ;
 un volume global des exportations de 45,818 milliards de dollars, soit une
augmentation de 5,35% par rapport à l’année précédente.

La hausse de la valeur des exportations en 2010 et la baisse des importations se sont


répercutées sur l’excédent de la balance commerciale qui est passée de 4,586 milliards de
dollars en 2009 à 12,998 milliards de dollars en 2010, soit une hausse de plus de 183%, ainsi
le taux de couverture passe de 112% à 139,6% en 2009.

Le tableau N°42 fait ressortir une baisse des importations pour la plupart des groupes
de produits et une hausse pour d’autres : les importations concernant les biens d’équipements
industriels sont passées de 15,044 Mds de dollars à 12,725 Mds, soit un recul de 15,41%.
Les importations du groupe alimentation ont baissé de 15,8%, les produits bruts de 4,29%, les
demi-produits de 19,27%, les biens de consommation de 20,27% ; les autres groupes
d’utilisation ont connu une hausse d’environ 37% pour le groupe énergie-lubrifiants et de
17% pour les biens d’équipements agricoles.

Tableau N°42 : « Les échanges extérieurs de l’Algérie par groupe d’utilisation (en
millions USD) »
A l’importation Année 2009 Année 2010 Evolution
en %
Valeur Structure Valeur Structures
% %
Alimentation 5 810 14,86 4 890 14,90 - 15,83
Energie- lubrifiant 488 1,25 667 2,03 + 36,68
Produits bruts 1 188 3,04 1 137 3,46 - 4,29
Demi-produits 10 248 26,21 8 273 25,21 - 19,27
Biens d’équipement 229 0,59 268 0,82 + 17,03

162
agricole
Biens d’équipement 15 044 38,47 12 725 38,77 - 15,41
industriel
Biens de consommation 6 096 15,59 4 860 14,81 - 20,27
TOTAL 39 103 100,0 32 820 100,0 - 16,07

Source : Direction générale des douanes sur www.Douane.gov.dz

La structure des importations est dominée par les biens d’équipements industriels
représentant 38,77% de la valeur totale des importations, ils sont constitués essentiellement
des équipements nécessaires au transport de personnes et de marchandises ; des industries de
turbines et de turboréacteurs ; des pompes et des articles de robinetterie, des appareils et
dispositifs de liquéfaction de l’air.

Le deuxième groupe des importations concerne les biens destinés au fonctionnement


de l’outil de production qui représentent plus de 25% de la valeur totale des importations, le
groupe est constitué essentiellement des tubes et tuyaux, de barres de fer et en acier, de
matériel de construction et de papiers et carton.

Le troisième groupe c’est celui des produits alimentaires et qui est constitué
essentiellement des céréales, de lait en poudre, sucre et sucreries, café et thé, légumes secs et
viandes.
Le groupe des biens de consommation non alimentaire est constitué principalement de
médicaments et produits pharmaceutiques, antennes et leurs similaires, accessoires
automobiles, matériel pour la production du froid.

Tableau N°43 : Les échanges extérieurs de l’Algérie par groupe d’utilisation


(En millions USD)
A l’exportation Année 2009 Année 2010 Evolution
Valeurs Part (%) valeurs Part (%) en %
Alimentation 114 0,26 251 0,55 + 120,17
Energie - lubrifiants 42 642 97,60 44 417 96,94 + 4,16
Produits bruts 178 0,41 139 0,30 - 21,91
Demi-produits 659 1,51 963 2,10 + 46,13
Biens d’équipements - - - -

163
agricoles
Biens d’équipements 47 0,11 20 0,04 - 57,44
industriels
Biens de consommation 49 0,11 28 0,06 - 42,85
TOTAL 43 689 100,00 45 818 100,0 + 3,87

Source : Direction générale des douanes sur : http://www.douane.gov.dz

Le tableau N°43 concerne les exportations par groupe d’utilisation, les hydrocarbures
continuent à représenter l’essentiel des ventes à l’étranger en 2010 avec une part de 96,9% du
volume global des exportations. Toutefois, ce groupe a connu une augmentation de la valeur
de 46,47% par rapport à l’année précédente, ceci est dû essentiellement à la hausse du cours
des hydrocarbures sur le marché mondial. Les exportations hors hydrocarbures demeurent
toujours marginales, avec seulement 3,06% de la valeur globale des exportations, soit
l’équivalent de 1,401 Mds de dollars. Elles sont composées des demi-produits (2,1%), des
biens alimentaires (0,55%), des produits bruts (0,3%) suivis de quelques biens d’équipements
industriels et des biens de consommation non alimentaires avec 0,1% l’ensemble.

Les principaux produits hors hydrocarbure exportés sont (1) :


 huiles et principaux produits provenant de la distillation des goudrons (28,58%) ;
 ammoniac (15,89%) ;
 sucre blanc (13,76%) ;
 phosphates (6,29%) ;
 zinc sous forme brute et alliages de zinc (3,6%) ;
 déchets ferreux (2,82%) ;
 hélium (2,28%) ;
 méthanol (1,77%).

4) La Libye
Le commerce extérieur libyen est structurellement excédentaire. Le solde commercial
enregistre un excédent de 19,26 milliards de dollars en 2009 contre 44,49 milliards de dollars
en 2008, soit un recul de plus de 56%, celui-ci est le fait de la chute des prix du pétrole. Le
taux de couverture était de 345,8% en 2008, puis de 201% en 2009.

(1)
Données de la Direction Générales des Douanes

164
Tableau N°44: « Balance commerciale en milliers USD »
Libellé 2008 2009 Evolution (%)
Exportations 62 592 128 38 299 920 - 38,8%
Importations 18 101 356 19 033 078 + 5,14%
Solde 44 490 772 19 266 842 - 56,7%
Taux de couverture 345,8% 201%

Source : Centre du commerce international CNUCED/OMC sur http:// www.trademap.org

Concernant les importations, 16,01% du volume global des importations sont


constitués de réacteurs nucléaires, chaudières, machines, appareils et engins. 12,8% des
importations sont des voitures automobiles, tracteurs, cycles et autres. 10,64% sont des
machines, et matériels électriques, ouvrages en fonte, fer et acier (5,21%), les céréales
(3,08%). Les importations par groupe d’utilité font ressortir que les produits manufacturés
représentent 80,9% des importations totales, 17,3% pour les produits agricoles et 1,6% pour le
groupe composé de fuels et produits miniers.

Tableau N° 45: « liste des principaux produits importés par la Libye - en milliers
dollars américains »

Importations - 2008 Importations - 2009


Libellé produit
Valeurs Structure Valeurs Structure
% %
Machines, réacteurs nucléaires, 3 044 478 16,81 3 047 455 16,01
chaudières, appareils et engins

Voitures automobiles, tracteurs, 1 699 015 9,38 2 436 648 12,80


cycles et autres véhicules

Machines, appareils et matériels 1 591 844 8,79 2 025 455 10,64


électriques, leurs parties…etc.

Combustibles minéraux, huile 2 095 529 11,58 1 504 710 7,90


minérale, produits de leur
distillation

Ouvrages en fonte, fer ou acier 929 539 5,13 1 221 869 6,42

Navigation aérienne ou spatiale 296 354 1,64 907 543 4,77

Fonte, fer et acier 395 168 2,18 656 704 3,45

165
Céréales 511 392 2,82 486 807 2,56

Matières plastiques et ouvrages 388 903 2,15 465 641 2,45


en ces matières

Instruments et appareils 459 457 2,54 451 611 2,37


d’optique, de photographie…

Transactions spéciales 379 822 2,10 439 806 2,31


commerciales

Meubles, mobilier 340 616 1,88 422 564 2,22


médicochirurgical, articles de
literie…
Autres 5 969 239 25,68 4 966 265 26,09

TOTAL 18 101 356 100,00 19 033 078 100,00

Source : Centre du Commerce International CNUCED/OMC

Quant aux exportations libyennes, le tableau N°46 indique qu’elles sont composées,
essentiellement, des hydrocarbures qui représentaient plus de 60,4 milliards de dollars en
2008, soit un taux de 96,5% du volume total des exportations. Ce poste a reculé de 39,25% en
valeur en 2009, pour atteindre la valeur de 36,698 milliards, ce qui représente 95,82% du
volume total des exportations. Les produits chimiques organiques constituent, généralement,
le deuxième poste d’exportation pour la Libye avec une valeur de 721,686 millions de dollars
en 2008, celui-ci a régressé de 55,9% en 2009. Le troisième poste est la fonte, le fer et l’acier
qui représente 0,70% des exportations totales, soit une valeur de 439,5 millions de dollars en
2009.

Tableau N°46 : « Liste des principaux produits exportés par la Libye – en milliers USD »
Exportations - 2008 Exportations - 2009
Libellé produit
Valeurs % Valeurs %
Combustibles minéraux, huiles 60 405 676 96,50 36 698 672 95,82
minérales, produit de leur
distillation
Perles fines ou de culture, pierres 267 857 0,43 753 072 1,97
gemmes ou similaires
Produits chimiques organiques 721 686 1,15 317 975 0,83
Engrais 200 847 0,32 150 900 0,39

166
Fonte, fer et acier 439 511 0,70 109 815 0,29
Matières plastiques et ouvrages en 145 561 0,23 89 662 0,23
ces matières
Produits chimiques inorganiques 69 436 0,11 61 065 0,16
Transaction spéciale commerciale 88 599 0,14 47 941 0,12
Réacteurs nucléaires, chaudières, 12 301 0,02 14 042 0,04
machines, appareils et engins
Instruments, appareils d’optiques, 5 328 0,01 9 823 0,02
de photographie…etc.
Autres 235 326 0,37 46 953 0,039
Total 62 592 128 100,00 38 299 920 100,00

Source : Centre du commerce international CNUCED/OMC

La présentation des exportations par groupe d’utilité montre que les produits agricoles
représentent 0,1% de l’ensemble, fuel et produits miniers (90,3%), les produits manufacturiers
(2,3%).

5) La Mauritanie

La situation de la balance commerciale 2008-2009, les importations et les exportations


des principaux produits de la Mauritanie sont représentés dans les tableaux suivants.

Tableau N°47 : « Balance commerciale en millions dollars »


Année 2008 Année 2009
Importation (CIF) 1,861.6 1,474.9
Exportations (FOB) 1,627.7 1,359.5
Solde - 0,233.9 - 0,115.4
Taux de couverture 87,43% 92,2%

Source : Données de la Direction générale de douane

La structure des exportations reste stable. Elle demeure toujours peu diversifiée,
dominée par le minerai de fer qui représente 61,6% des exportations mauritaniennes en 2002,
59,8% en 2004. La part est en baisse en 2009 (38,5%) suite à la baisse du cours du fer. La
Mauritanie n’exporte que du fer brut à haute teneur en minerai (65%) mais sans valeur
ajoutée. La pêche est la deuxième activité exportatrice avec 37,7% du total des exportations

167
mauritaniennes en 2002 et environ 25% en 2009, suivie par les produits pétroliers en
troisième position avec environ 15% des exportations totales.

Tableau N°48 : « Exportations de la Mauritanie par produits-2009 »


En milliards Ouguiyas
Total Fer Poisson Pétrole Or Cuivre Autres
Trimestre1 94,65 30,57 20,07 20,96 9,65 13,40 0,00
Trimestre2 82,50 31,58 16,52 17,58 9,81 6,79 0,20
Trimestre3 81,25 37,39 27,85 - 8,94 6,79 0,28

258,4 99,54 64,44 38,54 28,4 26,98 0,48

Source : Bulletin trimestriel de conjoncture de l’ONS, N°22, Octobre 2010


Sur http://www.ons.mr

Pour ce qui est des importations que la Mauritanie, achète à ses partenaires
commerciaux, les produits alimentaires, composés essentiellement de sucre, de produits
laitiers, de farine et de l’huile, représentent 28,33% du volume totale des importations des
trois trimestres. Il est suivi du groupe d’équipements avec 22,05% et des produits pétroliers,
avec 17,33% des importations totales de la période.

Tableau N° 49 : « Importations de la Mauritanie en milliards ouguiya par produits-


2009
Matériaux de

Autres biens de
et

consommation
Equipements
Cosmétiques

construction
alimentaires

chimiques

détachées
pétroliers

Voitures
Produits

Produits

Autres
pièces
Total

T1-09 91,00 22,82 1,83 24,17 5,86 6,92 20,01 2,97 6,41
T2-09 90,51 29,15 3,08 14,94 7,86 6,00 18,37 3,07 8,04
T3-09 67,38 18,55 1,87 4,04 6,45 4,92 16,52 2,47 12,56

248,9 70,52 6,78 43,15 20,17 17,84 54,9 8,51 27,01

Source : Bulletin trimestriel de conjoncture de l’ONS, N°22, Octobre 2010

Le solde global du commerce extérieur en 2009 est déficitaire, il s’élève à 0,115


milliards de dollars.

168
D’après l’analyse ci-dessus, nous pourrons en conclure que la structure des
exportations des pays maghrébins reflète une spécialisation spécifique aux pays en
développement. Il faut dire que ces structures ne s’adaptent pas aux conditions nouvelles de la
compétitivité. Selon TAHI et TELMCANI, la mondialisation et la diffusion de l’économie
fondée sur la connaissance font que les firmes multinationales modifient leurs critères de
localisation, qui désormais, accordent une grande importance à la concentration des activités
intensives en connaissance. Aujourd’hui, le facteur coût passe en seconde position, les
entreprises recherchent un environnement lui permettant de stimuler leurs capacités
d’apprentissage par la disponibilité de main d’œuvre qualifiée, la présence d’instituts de
recherches spécialisées, …etc. (1) Les pays restant en marge de cette nouvelle évolution seront
marginalisés de l’économie mondiale.

2-4-2 Les principaux partenaires commerciaux : forte concentration géographique


des échanges

Les échanges commerciaux des pays maghrébins se caractérisent par une forte
concentration géographique des échanges vers un seul partenaire qui est l’Union Européenne

1- La Tunisie
Les échanges commerciaux de la Tunisie sont présentés dans le tableau N°50 par
principales régions.

L’examen de la répartition des échanges extérieurs de la Tunisie, par pays et par


région, fait ressortir la place prépondérante qu’occupe l’Europe dans le commerce extérieur
tunisien. Elle demeure le principal partenaire commercial de la Tunisie avec 16017 millions
de dinars en 2007, 18035.4 millions de dinars en 2008 et 14821.5 en 2009 soit,
respectivement, un taux de 82,52%, 76,30% et 76,2% de la valeur totale des exportations de la
Tunisie. L’Europe vient également en tête des pays fournisseurs de la Tunisie avec un
montant de 18136.4 millions en 2007, 21608.9 en 2008, 18681.8 en 2009, ce qui représente
respectivement 74,21%, 71,45%, 76,44% des importations totales. De toute évidence, l’Union
européenne constitue le principal client et fournisseur de la Tunisie.

(1)
TAHI B .TELEMCANI, nouvelles dynamiques territoriales et intégration des pays du Maghreb à l’union
européenne, pp13.14, sur http://www.ryerson.ca.

169
Tableau N°50 : « La structure géographique du commerce extérieur de la Tunisie »
Unité : en millions de dinars
Importations Exportations

2007 2008 2009 2007 2008 2009


Afrique dont 1711.8 2755.4 1851.8 1 893.0 2 428.2 2554.0
Algérie 383.5 890.0 674.5 367.3 499.3 608.2
Libye 826.7 1319.2 754.4 892.7 1 065.2 1121.2
Maroc 96.9 109.9 88.8 221.3 286.5 282.2

Amérique dont 1491.9 2017.9 1761.8 435.1 679.9 505.3


Brésil 284.3 371.2 266.1 144.8 232.3 134.3
Etats-Unis d’Amérique 722.8 911.1 1021.0 214.0 395.3 265.3

Asie dont 2580.4 2756.1 3248.1 604.4 1 761.6 972.2


Inde 208.0 268.2 301.4 - - -
Japon 370.5 399.9 320.2 - - -

Europe dont 18 136.4 21 608.9 18681.8 16 017.0 18 035.4 14821.5


Allemagne 1 930.5 2 109.1 2250.9 1 596.7 1 637.1 1711.8
Belgique 611.6 545.4 523.3 465.6 533.0 440.3
France 5 232.6 5 585.7 5334.1 6 239.2 6 735.3 5770.7
Italie 4 710.2 5 213.4 4184.0 4 519.2 4 883.9 4095.1
Pays-Bas 358.2 423.9 383.9 458.9 516.7 313.6
Pologne 57.0 83.9 106.5 46.1 104.6 62.7
Royaume-Uni 459.9 560.1 459.3 835.5 1 099.4 925.5
Suède 185.2 198.7 206.7 28.2 62.1 56.4
Suisse 208.7 195.6 230.1 21.8 557.9 179.7
République Tchèque 57.5 82.4 100.2 6.2 6.4 4.0
Russie 1042.0 2279.5 926.0 31.6 28.2 15.3
Yougoslavie 1.8 2.0 3.3 - 0.1 -

Origines/ destinations 334.1 1102.9 280.0 460.1 956.0 616.2


diverses

TOTAL 24437.3 30241.2 24437.3 19409.6 23637.0 19469.2

Source : Institut National des Statistiques

Parmi les pays de l’UE, la France et l’Italie sont leaders puisqu’elles détiennent
respectivement 38,9% et 27,6% des exportations totales de l’Europe, 28,5% et 22,4% des
importations totales de la Tunisie auprès de l’Europe, l’Allemagne vient en troisième position
en absorbant environ 11,55% des exportations et en fournissant 12% des importations

170
L’Afrique vient en deuxième position après l’Europe, elle représente environ 10% des
échanges de la Tunisie. L’Algérie, la Libye et le Maroc sont les principaux fournisseurs dans
ce continent avec des parts respectives de 36,4%, 40,7%, 4,8%. Ils constituent également les
principaux clients avec des respectives de 23,8%, 44% et 11,5% des ventes globales.
L’Asie intervient pour 13,29% des importations totales de la Tunisie et pour 5% des
ventes globales.
Les transactions avec l’Amérique sont faibles et n’absorbent que 2,6% des exportations
tunisiennes et ne fournissent que 7,2% des achats globaux, le principal partenaire de la
Tunisie dans cette région sont les Etats-Unis.

2- Le Maroc
Les échanges commerciaux du Maroc sont présentés dans le tableau N°51 par
principales régions.

Tableau N°51 : « Les principaux partenaires commerciaux du Maroc en 2009 »

Pays Total des échanges Importations Exportations


Valeur Part % Valeur Part % Valeur Part %
MDH MDH MDH
France 69 201,8 18,4 41 079,6 15,6 28 122,2 24,9
Espagne 55 714,7 14,8 32 140,7 12,2 23 574,0 20,8
Italie 22 575,6 6,0 17 289,8 6,5 5 285,8 4,7
Etats-Unis 21 849,4 5,8 18 289,3 6,9 3 560,1 3,1
Chine 21 817,4 5,8 20 610,3 7,8 1 207,1 1,1
Allemagne 18 221,4 4,8 14 394,3 5,4 3 827,1 3,4
Arabie saoudite 11 784,5 3,1 11 547,4 4,4 237,1 0,2
Pays bas 9 262,5 2,5 6 337,3 2,4 2 925,2 2,6
Russie 9 096,8 2,4 7 574,3 2,9 1 522,5 1,3
Inde 9 050,0 2,4 3 198,0 1,2 5 852,0 5,2
Grande 8 564,6 2,3 4 800,3 1,8 3 764,3 3,3
Bretagne 8 385,3 2,2 6 046,4 2,3 2 338,9 2,1
Brésil 7 183,1 1,9 5 756,3 2,2 1 426,8 1,3
Turquie 6 832,7 1,8 5 771,9 2,2 1 060,8 0,9
Algérie 6 209,9 1,6 4 175,0 1,6 2 034,9 1,8
Belgique 5 374,6 1,4 4 048,6 1,5 1 326,0 1,2
Japon 291 124,3 77,2 203 059,5 76,9 88 064,8 77,9
Sous total
Autres 85 877,4 22,8 60 922,2 23,7 24 955,2 22,1

Total 377 001,7 100,0 263 981,7 100,0 133 020,0 100,0

Source : Office des changes.

171
Les échanges commerciaux du Maroc avec l’extérieur se caractérisent par la
prédominance du continent européen. Celui-ci représente près de deux tiers des transactions
commerciales globales. L’examen de la répartition géographique des échanges marocains fait
ressortir la place prépondérante qu’occupe l’Europe dans le commerce extérieur marocain.
L’UE représente 63,3% des transactions commerciales extérieures, soit 60,1% à l’importation
et 70,9% à l’exportation. L’Asie, quant à elle, arrive à la deuxième position avec 19,4%, soit
21,8% à l’importation et 13,6 à l’exportation, suivie de l’Amérique et de l’Afrique avec
respectivement 10,8% et 5,8%. La part de l’Océanie ne dépasse pas 1%. (1)

Les transactions commerciales du Maroc avec l’extérieur se limitaient à 16 principaux


pays en 2009, et représentaient 77,2% du total des échanges. Parmi ces pays, sept relèvent de
l’UE et représentaient 50,4% des échanges commerciaux.

La France occupe le premier rang parmi les pays partenaires avec 18,4% du total des
échanges ce qui représente 69 201,8 MDH, elle occupe le premier rang en tant que fournisseur
avec une part de 15,6% et en tant que client avec 24,9%. L’Espagne et l’Italie occupent
respectivement le deuxième et troisième rang avec 14,8% et 6% du total des transactions.
Toutefois, le déficit commercial du Maroc à l’égard de l’Europe représente 52% du déficit
commercial global, le taux de couverture s’est situé à 50,1%.

L’Arabie Saoudite, La Chine et l’Inde sont les principaux partenaires du Maroc dans le
continent asiatique avec respectivement 3,1%, 5,8% et 2,4% du total des échanges.
Les Etats-Unis représentent environ 5,8% des transactions commerciales marocaines,
ils fournissent 6,9% des importations marocaines et absorbent 3,1% des exportations.
Les transactions avec l’Afrique demeurent faibles, l’Algérie qui vient au premier rang
au niveau du continent ne représente que 1,8% des transactions totales du Maroc.

3- L’Algérie

A l’examen des statistiques concernant la répartition des échanges extérieurs de


l’Algérie par région et par pays, il en ressort que les pays de l’UE sont toujours les principaux
partenaires de l’Algérie avec une valeur de 62,2 milliards de dollars en 2009, soit 52,41% de
la valeur total du commerce algérien, plus exactement, 52,79% de la valeur globale des
importations et 53,41% de la valeur globale des exportations.

(1)
Publication de l’Office des changes - 2009

172
Tableau N°52 : « Le Commerce extérieur de l’Algérie par régions
économiques au premier semestre 2009 »

Valeur (millions Structure (%)


dollars)
Union Européenne 62 253 52,41
O.C.D.E. (hors U.E) 35 854 30,18
Autres pays d’Europe 669 0,56
Amérique du sud 5 053 4,25
Asie 10 680 8,99
Océanie - -
Pays arabes (hors UMA) 1 498 1,26
Pays de l’UMA 2 010 1,69
Pays d’Afrique 760 0,63
Total 118 777 100

Source: Tableau reconstitué à partir des données du Centre National de


L’Informatique et des statistiques.

Parmi les pays de l’UE, nous pouvons relever que le principal client de l’Algérie est
l’Italie, celle-ci absorbe près de 40%% des ventes à l’étranger, suivie par l’Espagne avec
12,20% et la France avec 10,61%. Quant aux principaux fournisseurs, la France occupe le
premier rang avec plus de 15,71%, suivie par l’Italie et l’Espagne avec des proportions
respectives de 9,42% et 7,52% des importations de l’Algérie au courant du premier semestre
2009.

Tableau N°53 : « Les principaux fournisseurs de l’Algérie en 2009 »

Unité : en millions USD


Pays d’origine Valeurs Structures (%) Evolution 08/09

France 6.144 15,71 - 6,13


Chine 4.698 12,01 14,31
Italie 3.683 9,42 - 15,10
Espagne 2.941 7,52 0,07
Allemagne 2.745 7,02 12,36
Etats-Unis 1.999 5,11 - 9,87

173
Turquie 1.743 4,46 28,35
Japon 1.191 3,05 - 16,36
Corée du sud 1.118 2,86 14,78
Brésil 884 2,26 18,66
Argentine 807 2,06 - 36,10
Inde 805 2,06 6,48
Belgique 774 1,98 - 11,03
Grande-Bretagne 720 1,84 11,28
Egypte 570 1,46 190,82
Suisse 502 1,28 41,41
Canada 419 1,07 - 57,33
Sous total 31 743 81,18
Total général 39 103 100,00

Source : Centre National de l’Informatique et des Statistiques

Par rapport à l’année 2008, les importations en provenance de l’UE ont enregistré une
baisse de l’ordre de 1,62%, passant de 20,98 milliards de dollars en 2008 à 20,64 milliards de
dollars. De même pour les exportations de l’Algérie vers ces pays qui ont baissé de 17,93
milliards de dollars, soit 43,46% (1).

Les pays de l’O.C.D.E (hors UE) viennent en deuxième position. L’essentiel des
échanges commerciaux avec cette région est réalisé avec les USA, suivis de la Turquie avec
des taux respectifs de 21,2% et 4,73% pour les exportations vers ces pays et de 5,11% et
4,46% pour les importations en provenance de ces pays.

Les échanges commerciaux avec l’Asie représentent 8,99% du total. L’essentiel des
échanges est réalisé avec la Chine en tant que fournisseur avec 12,01%, le Japon avec 3,05%,
suivis par la Corée du Sud et l’Inde à des taux faibles.

(1)
Données du Centre National de l’Informatique et des Statistiques

174
Tableau N°54 : « Les principaux clients de l’Algérie en 2009 »
Unité : en millions USD
Pays de destination Valeurs Structures Evolution (%)
08/09
Etats-Unis d’Amérique 9.261 21,20 -51,26
Italie 6.292 14,40 -49,59
Espagne 5.329 12,20 -41,72
France 4.637 10,61 -26,96
Pays-bas 2.628 6,02 -57,50
Turquie 2.066 4,73 -30,20
Canada 2.011 4,60 -62,77
R. de Corée 1.388 3,18 -5,96
Brésil 1.340 3,07 - 48,54
Grande Bretagne 1.181 2,70 - 46,71
Belgique 1.130 2,59 - 44,96
Portugal 1.016 2,33 - 50,66
Chine 666 1,52 32,67
Egypte 525 1,20 -14,36
Maroc 374 0,86 -47,47
Tunisie 362 0,83 -57,71
Inde 265 0,61 -77,27
Sous total 40.471 92,63
Total général 43.689 100,00

Source : Centre National de l’Informatique et des statistiques

Les échanges commerciaux entre l’Algérie et les autres régions restent toujours
marqués par de faibles proportions :

 le volume global des échanges avec les autres pays d’Europe (hors UE et OCDE)
ne représente que 0,56% du total ;
 le volume des échanges avec les pays du Maghreb représente 1,69% de la valeur
totale des échanges ;

175
 le volume global des échanges avec des pays arabes (hors UMA) est évalué à
1498 millions de dollars, soit 1,26% de la valeur totale des échanges.

4- La Libye

Le tableau N°55 présente les dix premiers partenaires commerciaux de la Libye en


2010, les données sont récoltées auprès de ses partenaires.

Tableau N°55 : « Les principaux partenaires commerciaux de la Libye en 2010 (données


Miroirs) Unité : milliers USD
Principaux Valeurs Parts en Principaux Valeurs Part en
%
fournisseurs clients %

Italie 3 586 883 21,27 Italie 15 720 039 34,94


Chine 2 061 586 12,23 France 6 275 465 13,95
Turquie 1 938 456 11,50 Chine 4 512 072 10,03
Corée du sud 1 413 011 8,38 Espagne 4 442 668 9,87
Allemagne 1 312 522 7,78 Allemagne 4 119 741 9,15
France 1 272 690 7,55 Etats-Unis 2 186 740 4,86
Etats-Unis 665 407 3,95 Royaume-Uni 1 939 137 4,31
Royaume-Uni 583 077 3,46 Pays-Bas 1 132 753 2,52
Brésil 456 173 2,70 Autriche 985 924 2,19
Pays Bas 360 222 2,14 Portugal 977 278 2,17
RDM 3 209 795 19,04 RDM 2 703 814 6,01
Total 16 859 822 100,00 Total 44 995 631 100,00

Source : Centre du commerce international CNUCED/OMC – Genève


Site web : www.trademap.org

L’Italie est de loin le premier partenaire commercial de la Libye, elle reste le premier
fournisseur avec près de 3,586 Mrds de dollars, ce qui représente environ 21% du volume
total des importations en 2009. Mais les échanges ont connu une diminution en valeur par
rapport à 2008 (3,87 milliards de dollars). Elle est également le principal client de la Libye
avec 15,72 milliards sur 44,99 milliards de dollars d’exportations réalisées en 2009, soit
34,94% des exportations totales libyennes.

176
La France est le deuxième partenaire de la Libye avec une valeur totale des échanges
de 7,548 Mds de dollars. Elle constitue le deuxième client après l’Italie avec une valeur de
6,27 Mds USD soit 13,95% des exportations totales, elle représente le sixième fournisseur
avec une valeur de 1,272 milliards, soit 7,55% de la valeur des importations.

La Chine vient en troisième position avec 6,573 milliards de dollars d’échanges. Elle
conserve sa place de deuxième fournisseur avec 12,23% des importations libyennes. Elle se
positionne à la troisième place concernant les clients de la Libye avec 4,512 milliards
représentant 10,03% des exportations.

L’Allemagne, le quatrième partenaire de la Libye avec une valeur de 5,432 milliards.


Elle est le cinquième client avec des importations qui se sont élevées à 4,119 milliards, soit
9,15% des exportations libyennes. Elle occupe également la cinquième place des fournisseurs
libyens avec 1,312 milliards, soit 7,78% des importations totales.

La progression des exportations des Etats-Unis en Libye depuis la levée de l’embargo


est remarquable, car les exportations ne représentaient que 1% du marché en 2005 contre
3,4% en 2006, elles passent à 4,86% des exportations totales en 2010 avec une valeur de
2,186 milliards de dollars, ils se placent en septième positon s’agissant des fournisseurs de la
Libye avec une valeur de 665 millions de dollars soit 3,95% des importations totales.

5- La Mauritanie

Le tableau N°56 présente les dix premiers fournisseurs et clients de la Mauritanie en


valeurs et en pourcentage du commerce total en 2009.

L’Europe est le premier partenaire économique de la Mauritanie puisqu’elle absorbe


environ 70% de ses exportations et fournit près de 50% de ses importations de biens. En
2009, la France vient en première position puisqu’elle est à l’origine de plus de 14% des
importations du pays, ce qui représente 265,054 millions dollars et 69,774 millions dollars de
ventes à destination de celle-ci, soit 4,14% de la valeur globale des exportations. L’Italie se
positionne au premier rang des pays européens absorbant les ventes de la Mauritanie d’une
valeur de 183,349 millions, soit 10,9 des ventes globales. L’Espagne vient au deuxième rang
avec 108,150 millions, soit 6,82% des exportations.

177
Tableau N° 56 : « Les principaux partenaires commerciaux de la Mauritanie en 2009 »
Unité : milliers de dollars

Principaux Valeurs Parts en Principaux Valeurs Parts en


fournisseurs % clients %
France 264 054 14,57 Chine 853 928 49,96
Chine 241 781 13,34 Italie 183 349 10,90
Pays-Bas 185 192 10,21 japon 142 270 7,46
Brésil 104 667 5,77 Côte d’Ivoire 117 244 7,22
Belgique 90 020 6,01 Espagne 108 150 6,82
Emirats arabes 77 808 4,97 Allemagne 97 685 5,10
unis
Espagne 74 849 4,13 France 69 774 4,14
Allemagne 74 503 4,11 Etats-Unis 36 667 3,2
Sénégal 71 588 3,95 Russie 30 660 2,83
Malaisie 70 527 3,89 Belgique 22 202 1,86
Reste du monde 707 199 39,02 Reste du monde 22 202
Total 1 812 490 100,0 Total 1 684 131 100,0

Source : Direction générale des douanes

La présence de l’Asie dans les échanges extérieurs de la Mauritanie est de plus en


plus importante, elle constitue le deuxième partenaire du pays puisqu’elle reçoit prés de 17%
des produits Mauritaniens exportés et qui sont constituées essentiellement des produits de la
pêche. La Chine, à elle seule, absorbe 58,5% des produits destinés à ce continent, ce dernier
fournit plus de 15% des importations de la Mauritanie (1). D’après le tableau N°56, la chine est
le deuxième fournisseur, après la France, avec 13,34% des importations de la Mauritanie. Elle
absorbe 49,96% des exportations totales.

Après cette présentation des principales caractéristiques du commerce extérieur de


l’ensemble des pays maghrébins, nous constatons que l’Union Européenne constitue le
principal partenaire commercial de tous ces pays. Cependant, cette région subit un double
déséquilibre dans ses échanges avec l’Europe : le premier déséquilibre est dû au fait que
l’Europe soit le principal partenaire commercial du Maghreb, alors que celui-ci ne représente

(1)
D’après la publication de la Direction Générale des Douanes/ SYDONIA-2008

178
qu’une infime partie des échanges de l’Union Européenne, ces derniers ont même reculé avec
la puissante montée des pays de l’Asie. Le deuxième déséquilibre, concerne le volume de plus
en plus important des exportations de l’Europe à destination du Maghreb, alors que les
exportations de ce dernier sont très limitées. Plus de 50% des importations du Maghreb, ont
pour origine le marché européen, alors que les importations de ce dernier ayant pour origine le
Maghreb ne représentent que 2% du total. Cette situation fait que l’Europe enregistre un
excédent commercial croissant dans ses échanges avec les pays maghrébins alors que les
échanges de ces derniers avec la zone euro constituent leur premier déficit. (1)

Conclusion :

Il ressort de cette présentation que la situation des économies maghrébines -


notamment de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie après leur soumission aux thérapies
d’ajustement structurel - est globalement assainie. Ces économies présentent dans l’ensemble
les mêmes caractéristiques. La situation macro-économique est relativement rétablie avec
l’amélioration des soldes courants, la maîtrise relative du poids de la dette par
remboursement et/ou par reconversion de la dette extérieure en investissement (c’est le cas de
l’Algérie et du Maroc), la progression des réserves de change et l’assainissement relatif des
finances publiques grâce à la politique d’austérité appliquée et la maîtrise de l’inflation.

Cependant, des difficultés persistent toujours dans ces économies, celles-ci peuvent
être résumées en cinq éléments :
 le processus de stabilisation macro-économique ne s’est pas traduit par une
amélioration de la croissance. Cette dernière reste fragile, d’un caractère
cyclique, insuffisante pour faire face au défi démographique, aux problèmes de
pauvreté et de sous emploi ;
 L’attractivité, encore insuffisante des IDE : malgré certains atouts comme la
disponibilité et le coût bas de la main d’œuvre, l’engagement dans des
reformes structurelles comme la réduction des barrières douanières, la
libéralisation des prix, la réforme fiscale, la libéralisation du commerce
extérieur, la proximité des marchés européens…etc., ces pays éprouvent
encore, beaucoup de difficultés à relancer l’investissement productif. Les
mesures prises par les pouvoirs publics sont toujours jugées peu incitatives et

(1)
M.B. TLEMCANI et S. TAHI, op.cit. p

179
le climat peu attractif pour les firmes étrangères, étant donné que ces pays
représentent un caractère volatile et insuffisant de la croissance, une
productivité faible du travail, des marchés intérieurs étroits, des insuffisances
au sein même du régime d’acquisition du foncier, des insuffisances relatives
aux rapports avec les administrations et le système judiciaire, une insuffisance
des infrastructures de télécommunication, un faible effort de recherche et de
développement…etc. ;
 la forte dépendance vis-à-vis de l’extérieur : la situation économique et
financière de l’Algérie et de la Libye évolue en fonction de la conjoncture
pétrolière, l’essentiel de leurs revenus est assuré par les exportations de gaz
naturel et de pétrole (représentant en moyenne 90٪ de recettes en devises).
Quant au Maroc et la Tunisie, ils dépendent des exploitations agricoles et de la
conjoncture touristique ;
 le profil de spécialisation internationale reste basé sur les dotations naturelles
des facteurs de production (hydrocarbures, produits miniers, produits
agricoles) ;
 les pays du Maghreb présentent des marchés exigus et fragmentés, ce qui
pousse les investisseurs à opérer en Europe pour bénéficier des économies
d’échelle et exporter vers les pays du Maghreb en profitant des accords signés
par chacun des trois pays du Maghreb central séparément avec l’Europe.

La région reste ainsi confrontée à plusieurs défis économiques, notamment celui


d’atteindre un certain niveau de croissance compatible avec la diminution du chômage et de la
pauvreté. Tous les observateurs, notamment le FMI, pensent que la mise en place d’un espace
économique commun donnerait à l’attractivité de la région, une très forte impulsion et
(1)
engendrerait, selon des études , un supplément de croissance minimum de 1% à 2% par an
du PIB régional. Autre l’accroissement des échanges, l’intégration permettrait de relancer les
investissements intra-régionaux, de réaliser des économies d’échelle dans certains secteurs
comme l’agro-alimentaires et l’énergie. Les pays de la région sont confrontés aux mêmes
problèmes structurels et pourraient ainsi faire de l’intégration un catalyseur de croissance et
de développement. Ceci nous amène à s’interroger sur la situation du Maghreb dans le

1
Etude du FMI, de la Banque Mondiale, de l’Union maghrébine des employeurs et de la chambre de commerce
du Maroc.

180
contexte actuel d’interdépendance complexe et de régionalisation des économies et où les
gains d’intégration sont plus importants que jamais et les coûts liés à son absence sont patents.

181
Chapitre II : Le Maghreb
entre intégration régionale sud-sud
et intégration régionale nord-sud
Introduction :
La colonisation du Maghreb a unifié les peuples de la région dans la résistance armée et
a rapproché les mouvements nationalistes dans un combat politique et un objectif commun.
Ainsi, L’identité maghrébine s’est consolidée en réaction à la colonisation française.

L’idée de l’union maghrébine s’est donc appuyée sur des bases historiques, mais aussi
civilisationnelles, culturelles, linguistiques et religieuses communes.

L’indépendance des pays de la région a suscité beaucoup d’espoir pour une unification,
cette fois, pour le développement et la construction d’une région économiquement prospère.
Mais une fois l’objectif commun fut atteint, des divergences et des conflits, jusque-là mis en
écart, ont été remis sur le tapis, bien que les dirigeants maghrébins n’aient pas cessé leurs
appels à l’union à travers leurs discours politiques. La création du Comité permanent
consultatif maghrébin en 1964 n’a pas pu concrétiser le projet d’unité et cela principalement à
cause des conflits territoriaux.

A la fin des années 1980, une prise de conscience des dirigeants maghrébins que l’union
pouvait être une solution à la récession économique et aux problèmes socio-politiques que
vivaient la région, et que l’intégration régionale était un moyen pour faire face aux pressions
externes, s’est traduit par la création de l’Union du Maghreb Arabe en 1989. Parallèlement à ce
processus, tous les pays du Maghreb sont actuellement membres de la Grande Zone Arabe de
Libre Echange mise en place en 2005 et dont l’Algérie est le dernier pays qui a rejoint le
groupe en 2009.

Avec l’autre côté de la rive méditerranéenne, trois pays du Maghreb central se sont
engagés dans la construction d’un espace économique euro-méditerranéen en participant au
processus de Barcelone et la signature d’accords d’association avec les pays de la rive nord de
la méditerranée.

Nous tenterons, dans ce chapitre, d’apporter des éléments de réponses concernant les
apports de l’intégration régionale aux économies maghrébines en analysant les bienfaits et les
risques de l’intégration euro-maghrébine et la nécessité de l’intégration Sud-Sud. Nous
apporterons également une réponse à la question concernant le blocage du processus
d’intégration maghrébine, des facteurs de blocage qui font du projet maghrébin une équation
difficile à résoudre.

183
Le chapitre sera scindé en trois sections. Nous présenterons, dans la première section,
l’intégration économique régionale au Maghreb, la genèse de regroupement et les opportunités
à l’intégration maghrébine. Dans un deuxième point, nous présenterons l’Union du Maghreb
arabe, le Traité de Marrakech, les objectifs définis dans le trait, les institutions de l’UMA et les
conventions signées.

Dans la deuxième section, il sera question du bilan de l’intégration magrébine et les


raisons du blocage.
Dans la troisième section, nous traiterons de deux autres accords auxquels les pays du
Maghreb ont pris part : les accords d’association avec l’Union européenne et la Grande Zone
Arabe de Libre Echange.

Section 1 : Les expériences d’intégration régionale au Maghreb :


Le CPCM et L’UMA

L’idée de l’unité maghrébine, d’après J.C-SANTUCCI, s’inscrit dans le cadre de la lutte


anticoloniale, cette dernière était le lien qui cimentait l’union des peuples. Le premier
mouvement politique nationaliste algérien est appelé l’Etoile Nord Africaine de MESSALI
HADJ, l’unité maghrébine était inscrite au premier plan de son programme.

La colonisation du Maghreb a unifié les peuples de la région dans le combat politique


mené par des mouvements nationalistes et la lutte armée qui a abouti à l’indépendance de tous
les pays du Maghreb. L’insurrection de novembre 1954 en Algérie avait précipité
l’indépendance du Maroc et de la Tunisie, ces derniers à leurs tours ont constitué des bases
(1)
arrières pour la lutte armée en Algérie . Mais après l’indépendance, l’unité a pris un autre
sens, c’est celui de la création d’un nouvel espace géographique et le développement
économique et social. Ainsi, nous présenterons, dans cette section, l’intégration économique
régionale au Maghreb, en commençant par les atouts de la construction maghrébine, puis la
genèse de regroupement avec la première expérience que la région a connue, il s’agit du
Comité Permanent Consultatif Maghrébin et les raisons qui ont fait que le Comité a échoué
dans sa mission. Nous relaterons les différents facteurs qui ont contribué à la réapparition de
l’engouement pour l’intégration, et qui ont abouti à la naissance d’une nouvelle union, c’est
celle de l’Union du Maghreb Arabe. Dans un deuxième point, nous présenterons l’Union, le
(1)
J.C SANIUCCI, l’unification maghrébine : réalités institutionnelles et obstacles politiques, in CRESM,
L’unité maghrébine : dimensions et perspectives, éd. CRNS, Paris, 1972, P. 136.

184
Traité de Marrakech, les objectifs définis dans le traité et les institutions de l’UMA. Dans un
troisième point, nous aborderons, les principales conventions qui ont été signées dans le cadre
de cette union.

1-1 Les opportunités à l’édification maghrébine

La région présente d’importantes opportunités à l’édification maghrébine, celles-ci peuvent


être résumées en cinq éléments :
 l’immensité de l’espace : comptant une superficie de 5.785.591 Kilomètres carrés, le
Maghreb couvre 19% des terres du continent africain et 40% de celles du monde arabe.
Plus les espaces sont grands et bien exploités, plus les chances de disposer de ressources
variées augmentent ;
 l’importance des ressources naturelles que recèle le sous-sol maghrébin : les
potentialités avérées dans le domaine minier sont nombreuses et importantes et la
prospection de l’ensemble des territoires nationaux n’en est pas à sa fin. Parmi ces
ressources, celles fiables et déjà énumérées : 5% des réserves mondiales de pétrole
prouvées ; 4% des réserves mondiales de gaz naturel ; 34% des réserves mondiales de
phosphate ; 16.6% des réserves mondiales de charbon ; 100% des réserves mondiale de
cobalt ; 2% des réserves mondiales de zinc ;
 l’unicité historique, physique, culturelle, religieuse et linguistique : il s’agit d’un fonds
ethnique arabo-berbère commun, une seule religion, l’usage de la langue arabe quasi-
généralisé, l’appartenance à une même civilisation et une expérience historique
largement partagée avec la lutte simultanée, parfois commune contre une colonisation ;
 l’important potentiel humain : la population totale de la région est estimée à plus de 87
millions en 2010. La répartition de la population, par tranche d’âge, indique que plus
de 60 % de la population ont l’âge compris entre 15 et 64 ans
 La proximité géographique : elle est considérée comme facteur essentiel dans tout
processus d’intégration. L’existence de frontières communes, facilite les échanges
commerciaux et la promotion de la coopération car les pays du Maghreb constituent une
véritable unité géographique.

En plus de ces facteurs, le destin de ces pays est le même car leurs systèmes socio-
économiques et politiques doivent affronter les mêmes défis et contraintes (défis
démographique, défis écologique et défis sécuritaire).

185
Au plan économique, il est vrai que les économies de ces pays sont concurrentes sur les
marchés internationaux, mais cela n’exclue pas une certaine complémentarité qu’il faudrait
exploiter. Une étude menée par le bureau de l’Afrique du nord de la Commission Economique
pour l’Afrique (CEA) a démontré, par la simulation du commerce bilatéral potentiel pour les
(1)
pays de l’Afrique du nord et sur la base d’un modèle de gravité , que les exportations
simulées seraient dix fois plus élevées par rapport à leur niveau actuel. L’indice de performance
du commerce (2) - qui évalue la performance des exportations des pays arabes vers les marchés
mondiaux - classe le Maroc comme deuxième Etat arabe exportateur de produits agricoles et le
42ème au niveau mondial. La Tunisie est le troisième exportateur de produits agroalimentaires
parmi les pays arabes et vient en 58ème position au niveau mondial. Dans le secteur du textile, la
Tunisie et le Maroc sont respectivement à la troisième et cinquième place des Etats arabes, et
respectivement à la 69ème et 77ème place au monde. Pour les produits en cuir, l’industrie de
l’électronique ainsi que l’habillement, la Tunisie est en tête des pays arabes exportateurs de ces
produits et occupe respectivement la 24ème, la 29ème et la 13ème place dans le classement
mondial de l’indice de performance commercial. Le Maroc vient en deuxième place pour les
produits électroniques et l’habillement, à la troisième place pour les produits en cuir parmi les
pays arabe, il est respectivement à la 47ème, 18ème et 36ème position au niveau mondial.

Les ingrédients de l’intégration économique maghrébine ne manquent pas dans


plusieurs domaines : le Maroc et la Tunisie peuvent assurer l’approvisionnement de l’Algérie,
de la Libye et de la Mauritanie en certains produits agricoles, en mains d’œuvres qualifiées et
un savoir faire notamment dans le domaine agricole. Par ailleurs, le facteur énergétique
constitue un des axes majeurs de la coopération et da la promotion de l’intégration dans la
région. Malgré le facteur de voisinage, la production énergétique algérienne ne représente en
moyenne que 5% des importations du Maroc, les exportations algériennes à destination du
Maroc ne représentent que 0,5% de ses exportations énergétiques totales. Le Maroc n’exporte
que 0,6% de ses produits agroalimentaires vendus vers l’Algérie, ces produits ne représentent
que 0,3% du volume total des importations en produits agroalimentaires de l’Algérie qui
importe 40% de ses besoins des marchés européens. Les exportations marocaines en produits

(1)
Le model de gravité : est une relation empirique reliant le volume du commerce entre deux pays à la taille des
deux pays et à la distance les séparant. Cette relation permet d’expliquer le volume de commerce international
entre deux pays à partir de variables facilement disponibles.
(2)
L’indice de performance du commerce selon la base de données de la carte du commerce international, du
centre du commerce international et l’UNCTAD repris dans le Rapport économique arabe unifié. L’indice est
constitué d’un classement des pays arabes exportateurs parmi les 184 Etats exportateurs des plus importants
produits échangés au niveau mondial (les produits agricoles, le textile, l’habillement, les produits minéraux, les
produits électroniques et les produits en cuir).

186
de la pêche sont destinées aux marchés européens, alors que la Tunisie importe l’essentiel de
ses besoins en ces mêmes produits d’Italie. L’essentiel des achats algériens de textile s’effectue
auprès de la Chine et de la Turquie, alors que le Maroc et la Tunisie ne sont que faiblement
présents sur le marché algérien, leurs parts de marché ne représentent qu’environ 1% des
importations de textile de l’Algérie, soit 0,1% à 0,3% des exportations totales marocaines et
tunisiennes de textile. En dépit de l’importance des exportations marocaines en produits
chimiques vers l’Algérie, celles-ci ne représentent que 0,8% des ventes globales marocaines et
2,8% des importations de l’Algérie en produits chimiques.

De plus, l’importance du commerce informel entre les Etats de la région prouve qu’il
existe des opportunités d’échanges régionales réelles à promouvoir. Notons que ce type de
commerce était très important notamment à la frontière algéro-marocaine avant sa fermeture.

Il existe donc un potentielle d’échanges inexploités, qui est de nature à donner un


nouveau coup de pousse à la dynamique d’investissements et d’échanges intra-maghrébins et à
ouvrir des débouchés permettant aux pays du Maghreb d’écouler leurs produits, avec ce que
cela suppose comme amélioration du rapport qualité-prix et soutien aux secteurs exportateurs.
Il est évident qu’un marché de 80 millions de personnes, et qui peut atteindre, selon des
estimations, 107 millions en 2025, offre plus de possibilités qu’un marché national pris
individuellement. Un tel espace, ouvert géographiquement, constituerait un facteur important
pour attirer des investissements directs étrangers ainsi que l’investissement intra-maghrébin.

1-2 Genèse de regroupement des pays maghrébins

Le 27 Avril 1958, s’est tenu la conférence de Tanger qui a réuni les représentants des
trois pays : le Néo-Déstour Tunisien, L’Istiqlal marocain et le FLN algérien et jettent les bases
de la nécessaire unité. La conférence a mis au point une assemblée consultative qui n’a pas
vraiment fonctionné, elle était loin d’atteindre ses objectifs mais elle envoyait un message en
faveur d’un processus d’union entre les trois pays du Maghreb central, de son contenu est née
« l’esprit de Tanger » (1)

Après l’accès de l’Algérie à l’indépendance, la construction maghrébine devient le


centre des négociations entre les trois pays en plaçant au premier rang des préoccupations
unitaires les considérations économiques. Le projet de construction maghrébine prend ainsi un

(1)
A. MAHIOU, l’union du Maghreb arabe : Des Etats en quête de coopération, Revue IDARA, N° 1, 1999. P.3

187
nouvel essor en mettant l’idée de l’unité maghrébine au service du développement économique
des quatre pays.

Lors des réunions des ministres de l’économie qui se sont tenues à Tunis puis à Tanger,
respectivement, le 29 Septembre au 1er Octobre 1964, le 26 et le 27 Novembre 1964, la
conférence a arrêté un certain nombre de décisions dont, la création du Comité Permanent
Consultatif Maghrébin (CPCM), celui-ci est chargé d’étudier les problèmes concernant la
coopération économique au Maghreb et d’apporter des solutions et mesures appropriées. Le
siège du Comité est fixé à Tunis.

Le comité n’avait ni charte, ni règlement intérieur, son rôle étant purement consultatif,
ses recommandations n’étaient pas contraignantes. Il était composé d’un président, de quatre
délégués permanents représentant chacun des quatre pays, d’un secrétaire chargé de la fonction
administrative et financière du CPCM et la présidence revenait à chacun des pays pendant une
année.

Le CPCM avait opté pour une solution dans la perspective d’intégration qui était fondée
sur l’interaction entre la libéralisation commerciale et l’harmonisation industrielle. Un accord
quinquennal a été annoncé, au cours duquel les pays maghrébins s’engageraient à des
réductions linéaires des droits de douane et des restrictions quantitatives, frappant les produits
étrangers, à l’établissement d’une liste d’industries à agréer et dont les produits seraient assurés
de la libre-circulation et de la franchise sur le marché maghrébin, à la création d’une banque
maghrébine d’intégration pour financer les projets d’intérêts communs, à l’institution
éventuelle d’une union des paiements et enfin à l’harmonisation de leurs politiques
commerciales à l’égard des pays tiers.

Cependant, cet accord ne connaîtra pas de concrétisations, les seuls accords signés
étaient des accords bilatéraux. Quelques accords multilatéraux ont été signés mais ils
concernent seulement les domaines de transport, postes et télécommunications. Les autres
domaines n’ont pas connu de progrès notamment l’industrie et le commerce : les échanges
intermaghrébins sont restés faibles (environ 2%), l’harmonisation des politiques n’a pas connu
d’application sur le terrain. Sur le plan de la politique extérieure, le comité n’avait pas pu
coordonner les positions des différents pays à l’égard de la communauté européenne puisqu’à
partir de 1973, les trois pays du Maghreb central avaient négocié séparément les accords avec

188
la CEE. Les principales raisons de l’échec du Comité, peuvent être résumées en quatre
éléments :

 Le désaccord sur les textes que comporte l’accord maghrébin de coopération


économique élaboré par le CPCM notamment en ce qui concerne la définition du
produit maghrébin pouvant bénéficier d’une réduction douanière, sur le statut du capital
étranger au Maghreb étant donné que seuls les produits des entreprises de la région et
dont le control est détenu par des capitaux nationaux ou maghrébins bénéficient de la
libre circulation, alors que la Tunisie et le Maroc menaient une politique favorable aux
investissements étrangers contrairement à l’Algérie ;
 la fragilité juridique de l’édifice institutionnel mis en place, ce qui rendait difficile
l’exécution de certaines décisions ainsi que le respect des accords conclus dans ce
cadre, les organes de la conférence des ministres n’étaient pas habilités à approuver les
accords importants (1) ;
 le retrait de la Libye du CPCM et l’évolution grave du conflit du Sahara occidental qui a
contribué à donner une tournure plus dramatique aux relations intermaghrébines avec le
divorce algérien-marocain. Ainsi, la montée des revendications territoriales, l’apparition
de divergences de perspectives et l’importance accordée aux intérêts immédiats
constituent des facteurs qui ont empoisonnés les relations intermaghrébines ;
 l’évolution divergente des stratégies de développement dans les trois principaux pays.
L’Algérie s’était inscrite dans la perspective d’un développement économique
indépendant et anti-impérialiste, elle avait opté pour un programme de construction
d’industries de base, l’Etat était le principal acteur économique par la constitution
d’entreprises publiques. Alors que la Tunisie et le Maroc optaient pour un nouveau
mode d’accumulation basé sur une insertion à l’économie mondiale, il consiste à
délocaliser les industries intensives en travail vers le sud. Les pays ont mis en place un
certains nombres de mesures qui encourageaient la délocalisation de ces industries,
l’implantation du capital transnational et le désengagement de l’Etat au profit du secteur
privé. Ces divergences dans les stratégies du développement étaient à l’origine de
l’abandon des efforts d’intégration régionale.

Au début des années 1980, un certain dégel des relations entre l’Algérie et le Maroc a
été constaté après une rencontre des chefs des deux pays en Février 1983. A l’issue d’une

(1)
J-C. SANTUCCI, op. Cit, p. 149

189
rencontre entre les parties politiques de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie en Avril 1986 pour
commémorer la conférence de Tanger, une commission consultative permanente a été créée,
elle était chargée des relations maghrébines. (1)

1-3 La réactivation du projet maghrébin et la fondation de l’UMA

La période 1980-1987 est marquée par la réhabilitation de l’idée de l’union maghrébine.


Ce revirement de situation est venu suite à la crise économique et l’isolement politique que
vivaient les trois pays, une situation qui va pousser les dirigeants maghrébins à revoir leur
position par rapport à la construction maghrébine et vont chercher à réactiver l’idée maghrébine
dès le milieu des années 1980.

1-3-1 Les facteurs ayant contribué à la relance de la construction maghrébine


Plusieurs facteurs ont contribué à la relance de la construction maghrébine dans les
années quatre-vingt, et qui sont classés en facteurs internes et externes au pays maghrébins.

1-3-1-1 Les facteurs externes


Ces facteurs concernent la conjoncture économique internationale et l’accélération de la
construction européenne.
a) La conjoncture économique internationale :
Les économies des pays industrialisés ont connu une récession entre 1980 et 1988, ce
qui les a obligées à réduire les importations des matières premières. Les pays maghrébins
dépendant des revenus des exportations de matières premières étaient directement atteints par
cette situation. De plus, la chute du dollar, monnaie internationale de paiement et le contre choc
pétrolier en 1986 (le prix du baril tombant de 43 dollars en 1979 à 10 dollars en 1986) ont eu
des incidences néfastes sur chacune des économies maghrébines : la baisse des exportations,
l’effondrement des investissements directs, problème des paiements externes et accroissement
des déficits budgétaires.

Cette situation a lourdement pesé sur les dynamiques productives. La baisse des
capacités d’importation a entraîné l’essoufflement de ces dynamiques, qui dépendaient des
importations des biens d’équipement et des biens intermédiaires pour maintenir un certain

(1)
A. MAHIOU, op. Cit. p. 14

190
niveau de croissance et de productivité. Ceci a poussé les dirigeants à revoir et parfois même à
l’abondant des projets d’investissement, le recul de la production, la montée du chômage…etc.
La soumission aux thérapies d’ajustement structurel a accentué le malaise social, la
situation a éclaté avec « des révoltes du pain » en Tunisie, « des émeutes contre la vie chère »
au Maroc et les événements d’Octobre 1988 en Algérie (1).

C’est dans ce conteste de grave crise économique et sociale que les pays maghrébins ont
cherché à réactiver l’idée maghrébine pour trouver une solution dans un cadre régional. De
plus, « l’environnement international caractérisé par la mondialisation de l’économie et la
libéralisation des échanges, obligeant les pays à trouver la voie qui leur permettrait de s’insérer
dans l’économie mondiale dont l’intégration régionale constituerait peut-être la passerelle.»(2)
L’intégration maghrébine pourrait donc constituer une voie pour l’insertion dans l’économie
mondiale.
b) L’accélération de la construction européenne :
La construction européenne a constitué un facteur déterminant notamment après
l’adhésion de l’Espagne et du Portugal à la CEE en janvier 1986. Ces deux pays sont
concurrents des principaux produits maghrébins exportés vers l’Europe. Ainsi, l’élargissement
de l’Europe a entraîné le rétrécissement du marché européen pour les produits maghrébins,
notamment pour les produits agricoles. La crainte des pays maghrébins s’est accrue avec la
signature de l’Acte unique pour constituer un marché unique intérieur à partir de 1993. Les
dirigeants maghrébins réalisent ainsi que s’ils poursuivent leur développement en solitaire, ils
risquent d’être marginalisés.

1-3-1-2 les facteurs internes


Les facteurs internes concernent la situation économique et sociale difficile des pays
maghrébins ainsi que le facteur de l’apaisement à partir des années 1980.

a) la situation économique et sociale des pays maghrébins :


La baisse des ressources en devise, l’échec des modèles de développement, le
désinvestissement aussi bien du capital national que étranger, la crise d’endettement, le déficit
budgétaire, le chômage et l’intensification des tensions sociales ont poussé les dirigeants à

(1)
P.BALTA, le grand Maghreb : des indépendances à l’an 2000, éd. Laphonic, Alger, 1990, p. 238.
(2)
D.E. GUECHI, mondialisation, ajustement structurel et intégration régionale au Maghreb, les cahiers du
CREAD, N°50, 1999 ? P150

191
remettre en question « le développement solitaire » (1) et à chercher des solutions pour sortir de
la crise dans un cadre communautaire. De plus, les trois pays enregistraient une croissance
accélérée de la population avec un des plus élevé taux de natalité au monde (5% dans les
années soixante-dix), un taux d’accroissement démographique de 3,5% et plus de 70% de la
population âgée de moins de 30 ans. Ainsi, confrontés aux mêmes difficultés et défis, les
dirigeants maghrébins se sont rendus compte de la nécessité de dépasser leurs différends afin
d’unir leurs ressources et faire face aux contraintes internes et externes dans un cadre régionale.

b) la tendance à l’apaisement dans la région :


A partir des années 1980, une tendance à l’apaisement dans la région se constate sur le
plan des conflits régionaux. Conscients et inquiets des difficultés internes et externes, les chefs
d’Etat n’ont d’autres solutions que de surmonter leur division, ainsi les dirigeants ont pris des
initiatives allant dans le sens de l’apaisement, les plus importantes sont :

 Nouakchott et Rabat rétablissent leurs relations diplomatiques le 13 avril 1985 ;


 l’Algérie et la Tunisie mettent en œuvre d’importants projets en commun et créent des
sociétés mixtes ;
 marocains et sahraouis entament des négociations à l’ONU ;
 Les chefs d’Etats multiplient les visites entre pays maghrébins et signent plusieurs
accords de coopération notamment des accords bilatéraux ;
 l’Algérie et le Maroc tentent de trouver une solution à la question du Sahara occidentale
par la médiation du Roi FAHD de l’Arabie Saoudite, qui en sa compagnie, les deux
chefs d’Etats se sont rencontrés le 04 Mai 1987. Ils décident de poursuivre les
rencontres afin de trouver une solution au problème. Le 25 Mai, les deux pays
échangent des militaires prisonniers depuis 1975 ;
 la Tunisie et la Libye renouent avec le dialogue. le 07 Novembre 1987, ZINE ABIDINE
BEN ALI succède à BOURGUIBA et facilite la réconciliation avec la Libye, la
réouverture des frontières et le rétablissement des relations diplomatiques.

1-3-2 La naissance de l’Union du Maghreb Arabe (UMA)


Le 10 juin 1988, les chefs d’Etat se rencontrent à Zeralda et mettent en place la
commission unitaire, celle-ci est chargée de définir les voies et les moyens permettant la
réalisation de l’union entre les cinq Etats du Maghreb Arabe. À cette fin, la commission

(1)
P.BALTA, op.cit, p.239.

192
unitaire réunie le 13 Juillet à Alger, constitua cinq commissions spécialisées et chacune d’elle a
siégé dans une capital différente : la commission financière et douanière, la commission
économique, la commission des questions organiques et structurelles, la commission de la
culture, de l’éducation, de l’enseignement et de l’information ainsi que la commission des
affaires sociale, humaine et de sécurité.

Les travaux des cinq commissions sont présentés à la commission unitaire, ces travaux
ont servi comme point de repère aux chefs d’Etat. C’est dans une réunion de la commission
unitaire, le 24 Janvier 1989, et c’est après un début subtil qu’une appellation a été retenue et
c’est celle de «l’Union du Maghreb Arabe ». C’est ainsi que les cinq chefs d’Etats : le roi
HASSAN II, le président ZINE EL ABIDINE BEN ALI ; le président CHADLI BEN JEDID, le
colonel MOUAMAR EL KADHAFI et le colonel MOUAOUIA OULD SIDI AHMED TAYA se
sont réunis à Marrakech le 16 et 17 Février 1989 pour proclamer la naissance de l’Union du
Maghreb Arabe, une déclaration commune proclamant la naissance de l’union est adoptée. La
déclaration marque la volonté des chefs d’Etats de réaliser le rêve maghrébin et de constituer
une union viable.

1-3-3 Le Traité de Marrakech


Le traité constitutif de l’UMA est signé le 17 Février 1989 à Marrakech par les cinq
chefs d’Etats, il est entré en vigueur le 01 Juillet 1989.

Les rédacteurs du traité ont souligné les liens solidaires qui unissent les peuples
maghrébins, des liens fondés sur la communauté de l’histoire, de la religion et de la langue. En
plus du renforcement des liens entre les Etats membres, ils ont tracé la marche à suivre pour
réaliser une intégration complète qui permettra à l’UMA de s’imposer au niveau mondial.

Le traité comporte 19 articles : les trois premiers articles du traité constitutif définissent
les objectifs économiques, socio-politiques et culturels de l’Union, les articles 9 à 13
concernent les institutions maghrébines, les articles 14 à 19 se portent sur les obligations des
pays membres.

1-3-3-1 Les objectifs de l’UMA


Selon H. MAHIOU « …il s’agit de faire fructifier tout ce que les pays de la région ont
partagé ou partagent encore en commun : l’histoire, la religion et la langue. Ce sont autant
d’acquis qu’il faut conforter et utiliser de manière adéquate pour non seulement entretenir une

193
dynamique de l’unité mais aussi pour les mettre au service d’une opération de construction de
l’ensemble maghrébin »(1) le traité constitutif de l’UMA, dans ses articles 2, 3 et 4, définit les
objectifs de l’UMA comme suit :

 l’adoption d’une politique commune dans tous les domaines (art.2), pour assurer le
développement industriel, agricole, commercial et social des Etats par la mise en œuvre
des projets régionaux et des programmes importants et spécifiques (art.3).
 la préservation de l’indépendance et de la sécurité de chacun des pays sur le plan de la
défense, toute agression contre l’un des Etats est considérée comme agression contre
les autres (art.14). L’article oblige les pays de l’UMA à être solidaire avec le pays
agressé. Il est aussi interdit aux membres d’autoriser des activités portant atteinte à la
sécurité, à l’intégration ou au système politique de l’un d’entre eux sur leurs territoires
(art.15).
 la réalisation progressive de la libre-circulation des personnes, des services, des
marchandises et des capitaux entre les Etats membres.

Sur le plan de la politique extérieure, le traité évoque :


 la contribution à l’équilibre mondial et au raffermissement des relations internationales ;
 la participation à la sauvegarde de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans le
monde ;
 pour l’unité régionale, une union plus vaste ouverte à d’autres pays arabes et africains.

Dans la perspective d’instituer à terme une union économique entre les cinq membres, les
étapes suivantes ont été fixées :

 l’institution d’une zone de libre-échange avec la levée de tous les obstacles tarifaires et
non tarifaires au commerce entre pays membres ;
 l’institution d’un espace douanier unifié en fixant un tarif extérieur commun ;
 la mise en place d’un marché commun qui permet l’intégration des économies
maghrébines avec la levée des restrictions à la circulation des facteurs de production
entre pays membres.

H. MAHIOU souligne l’aspect vague des objectifs présentés dans le traité, notamment au
plan économique où les objectifs sont présentés de façon sommaire sans déterminer la méthode.

(1)
A. MAHIOU, op. cit, P.17

194
1-3-3-2 Les organes de l’Union du Maghreb Arabe
Pour mener à bien la mission et assurer l’aboutissement des objectifs assignés à l’union,
les signataires du traité ont pris une série de décisions en tenant compte du rapport élaboré par
la commission chargée des questions organiques et structurelles. Ainsi, un ensemble
d’institutions et organes structurels communs ont été prévus par le traité, ces institutions ont été
mises en place en espace de trois années consécutives de1989 à 1991 (figure N° 7).

195
Figure N° 7 : L’organigramme de l’union du Maghreb Arabe

Conseil de la présidence

Conseil des premiers


ministres.

Conseil consultatif Conseil des Ministres des affaires Instance judiciaire


étrangères.

Commissions
ministérielles spécialisées.
Secrétariat général Comité de suivi

Conseil des Commission Commission Commission Commission


ministres de ministérielle ministérielle ministérielle ministérielle
l’intérieur. spécialisée des spécialisée de spécialisée de spécialisée de la
ressources l’infrastructure l’économie et des sécurité
humaines finances. alimentaire

-C.M des ministres del’intérieur -CM chargée du -CM chargée des affaires -Instance maghrébine
-C.M chargé des affaires transport. financières et monétaires. des céréales et des
Juridiques et judiciaires -CM chargée de -CM chargée du légumineuses
-C.M de la jeunesse et du sport l’équipement et des commerce. -Instance maghrébine de
-C.M chargée de la culture et de travaux publics - CM chargée de la recherche, de la
l’information. -CM chargée de l’habitat L’industrie. formation et de la
-C.M chargé de l’emploi, de la et de l’aménagement -CM chargée de l’énergie vulgarisation agricole
formation et des affaires urbain. et des mines. -Comité vétérinaire
sociales. -CM chargée des postes -CM chargée du tourisme maghrébin permanent
-C.M chargée de l’éducation et des communications. et de l’artisanat -Comité maghrébin
de l’enseignement supérieur et -CM chargée de l’eau et -CM des gouverneurs des permanent de lutte contre
de la recherche scientifique. de l’irrigation banques centrales la désertification et de
-CM chargée de la santé. l’environnement et de
développement durable

Source : Site officiel du Maghreb arabe : http://www.maghrebarabe.org

196
A. MAHIOU présente les organes de l’UMA en fonction des attributions reconnues à
chaque organe, il distingue les organes de décision, les organes de préparation, les organes
ayant un service consultatif et le secrétariat général.

1) Les organes de décision


Les organes de décision de l’UMA sont constitués du conseil présidentiel et de l’organe
judiciaire.
a- Le conseil présidentiel :
Il représente l’instance suprême de l’union, seul organe habilité à prendre les décisions
concernant la politique générale de l’union. Il regroupe les cinq chefs d’Etats membres, il était
prévu de se réunir tous les six mois en session ordinaire et la possibilité de tenir des réunions
extraordinaires, mais après l’amendement du traité en 1992, une seule session est tenue tout les
ans. Sa présidence est assurée par l’un des chefs d’Etat. Il est considéré comme organe
important car la mise en œuvre du traité cadre lui revient.

Le conseil se charge de déterminer le type d’intégration économique et d’unité politique


au cours de ses réunions. La centralisation des décisions au sein de cet organe reflète
l’organisation du pouvoir dans chaque Etat. Le conseil présidentiel détient ainsi le rôle le plus
actif tout au long du processus d’intégration, ceci engendre l’encombrement du conseil. Ce
dernier trouve des difficultés à se réunir à chaque fois avec les cinq chefs d’Etat, plusieurs
cessions ont eu lieu en l’absence d’un chef d’Etat au moins. A plusieurs reprises et pour
diverses raisons il y a eu report des sessions prévues, ce qui a entraîné le non respect du
calendrier, parfois une prolongation indue du manda présidentiel et un disfonctionnement du
conseil, ce qui affecte la dynamique de l’union ainsi que les résultats. (1)

Chaque Etat dispose d’un pouvoir de veto pour s’opposer à toutes mesures au sein du
conseil. Selon H. MAHIOU, « A ce premier stade de construction Maghrébine, chaque Etat tient
au respect stricte de sa souveraineté, il est donc prématuré d’introduire une procédure de
décision majoritaire tant que les Etats du Maghreb n’auront pas progressé suffisamment dans
la voie de l’intégration …certes, la règle de l’unanimité rend plus difficile l’accord sur une
décision, ce qui est un inconvénient incontestable ; mais une fois celle-ci acquise elle peut

(1)
A. MAHIOU, op.cit, p.21

197
s’appliquer effectivement et sans réticence, ce qui est un avantage pour conforter l’action
commune et asseoir les fondations de l’union à un moment où ils sont fragiles » (1)

Six sessions ont été tenues respectivement à : Tunis (21-23 Janvier 1990) ; Alger (21-23
Juillet 1990) ; Ras Lanouf (10-11 Mars 1991) ; Casablanca (15-16 Septembre 1991) ;
Nouakchott (10-11 Novembre 1992) ; Tunis (2-3 Avril 1994).

b- l’organe judiciaire :
L’organe est composé de deux magistrats par pays membres, ces derniers sont nommés
pour une durée de six ans renouvelables par moitié tous les trois ans. L’organe est chargé de
mettre en place une juridiction commune et compléter les vides juridiques intra-membres. Son
siège se trouve à Nouakchott.

Il est compétent pour statuer sur les différends relatifs à l’interprétation et l’application
du traité ainsi que les conventions conclues dans le cadre de l’Union. L’instance judiciaire est
donc considérée comme un tribunal international classique, chargé de régler des différends
interétatiques. Les décisions rendues sont des arrêts obligatoires qui s’imposent aux organes de
l’union et aux Etats, ils sont définitifs et ne peuvent donc être l’objet d’aucun recours. (2)

2) Les organes de préparation des décisions


Les organes préparant les décisions sont le conseil des ministres des affaires étrangères,
le comité de suivi, les commissions ministérielles spécialisées ainsi que le conseil des premiers
ministres.

a- Le conseil des ministres des affaires étrangères :


Second organe important de l’union, il est composé des ministres des affaires étrangères
de chaque Etat membre de l’union, il est chargé de :
 préparer les sessions du conseil de la présidence ;
 recevoir les résultats des travaux du comité de suivi ou des commissions
spécialisées et se prononcer sur l’opportunité de les transmettre au conseil
présidentiel ;
 coordonner et étudier toutes les missions que lui attribue le conseil de la
présidence ;

(1)
A MAHIOU, op.cit, p.22
(2)
A. MAHIOU. OP. Cit. P.23

198
 élaborer une position commune vis-à-vis des questions internes et externes.
Sa dernière session (27ème) a été tenue à Rabat le 30-11-2007

b- Le comité de suivi :
Organe strictement intergouvernemental aussi bien organiquement (mode de
désignation) que fonctionnellement (chaque membre représente son Etat dont il reçoit les
directives pour agir). Le traité de Marrakech était très bref dans ses dispositions, laissant ainsi
tout le travail aux organes chargés de l’élaboration des décisions nécessaires. Le comité est
donc composé d’un membre de chaque gouvernement, il se réuni cinq fois par an, il a tenu sa
44ème session le 29-11-2007. Il est chargé de :

 suivi des affaires de l’Union avec les autres institutions et la soumission de ses
conclusions au conseil des ministres.
 suivi de l’application des décisions de l’Union ;
 présentation régulière de son travail devant le conseil des ministres des affaires
étrangères, et s’intéresse plus aux affaires internes de l’Union et au bon
fonctionnement des institutions.

c- Les commissions ministérielles spécialisées :


Composées des représentants de chaque ministère et des secteurs concernés, il s’agit de
la commission d’économie et des finances, de la commission de sécurité alimentaire, de la
commission d’infrastructures et de la commission des ressources humaines. Certains dossiers
techniques ou spécifiques, ne pouvant être étudiés par le comité de suivi, sont confiés aux
ministres concernés qui sont plus aptes à proposer les solutions appropriées, et qui seront
ensuite chargés de leurs mises en œuvre. Les travaux des commissions sont soumis au conseil
des ministres qui décideront de leur présentation devant le conseil présidentiel.

d- Le conseil des premiers ministres :


Les premiers ministres se réunissent en cas de nécessité. Le rôle principal de la
conférence est lié au pouvoir exécutif regroupant les premiers ministres des pays membres. Les
premiers ministres représentent parfois les chefs d’Etats au conseil présidentiel, lorsque ceux-ci
ne peuvent pas ou ne veulent pas siéger.

199
3) Les organes consultatifs
Les organes consultatifs sont le conseil consultatif, l’organe judiciaire et le secrétariat
général.
a- Le conseil consultatif :
Le siège du conseil a été fixé à Alger par une décision du conseil présidentiel de
septembre 1991. Composé initialement de 50 représentants, ce chiffre a été élevé à 100
parlementaires lors de la rencontre de Tunis du 21 Juillet 1990, puis à 150 à raison de 30
représentants par pays, suite à la décision du conseil de la présidence réuni dans sa sixième
session ordinaire à Tunis. Le traité, dans son article 12, laisse aux Etats le soin de fixer le mode
de désignation de ses représentants. Le conseil n’a pas d’autonomie de fonctionnement, son
règlement intérieur est soumis à l’approbation du conseil présidentiel.

Le conseil tient une cession ordinaire annuelle, mais se réuni en cession extraordinaire
à la demande du conseil de la présidence. Etant un organe consultatif, son rôle consiste à
émettre des avis sur tout projet de décision à la demande du conseil présidentiel, ou à faire
parvenir des recommandations à celui-ci en vue de renforcer l’action de l’Union et à réaliser
ses objectifs.

b- l’organe judiciaire :
Organe jugé utile car la construction de l’Union implique beaucoup de problèmes
juridiques. En plus du pouvoir de statuer sur les litiges concernant l’interprétation et
l’application du traité, cet organe détient un pouvoir consultatif : il émet des avis consultatifs
sur les questions judiciaires qui lui sont soumises par le conseil de la présidence ; une
procédure jugée nécessaire car « …la construction de l’union est une tâche complexe qui
soulève beaucoup de problèmes juridiques pour la solution desquels un avis sérieux et autorisé
serait utile en vue d’éclairer les chefs d’Etats préalablement à la décision » (1)

c- le secrétariat général :
Le traité, dans son article 11, a prévu la création d’un secrétariat général, son siège n’a
pas été fixé. Il dispose d’un statut itinérant, il suit la présidence de l’UMA et chaque Etat sera
ainsi le siège provisoire du secrétariat et assume aussi les dépenses du fonctionnement. Mais,
dès 1990, l’article 11 a été révisé pour adopter une organisation plus classique du secrétariat. A
partir de là, l’Union est dotée d’un secrétariat général permanent, composé d’un secrétaire

(1)
A. MAHIOU, op. cit. p. 27

200
général nommé par le conseil de la présidence pour une durée de trois ans renouvelables une
fois, de 25 membres à raison de cinq par pays. Son siège est fixé à Casablanca. Il est chargé
de :

 exécuter les décisions du conseil de la présidence ;


 participer à l’élaboration du plan d’exécution des programmes d’action de
l’Union en coopération avec le comité de suivi ;
 préparer des études et recherches et fournir des informations et documents avec
l’aide des compétences maghrébines ;
 élaborer les rapports périodiques sur l’évolution de la construction maghrébine ;
 assurer le secrétariat du conseil de la présidence, du conseil des ministres des
affaires étrangères, du comité de suivi et des commissions ministérielles
spécialisées ;
 archiver les documents des institutions ainsi que les documents officiels de
l’Union ;
 établir des relations de coopération avec les autres groupements et les
organisations non gouvernementales.

Dernière née de cette constellation, la banque maghrébine d’investissement et de


commerce extérieur. En effet le conseil des ministres maghrébins des affaires étrangères, tenu
en janvier 2006 à Tripoli, a recommandé le parachèvement des modalités de constitution de la
banque. Rappelant que l’accord relatif à la création de cette institution a été signé en 1991, son
siège est prévu à Tunis. La banque est de nature à contribuer au développement de la
coopération entre les pays de la région.

On trouve également l’Académie maghrébine créée par le conseil de la présidence au


cours de sa deuxième session à Alger le 23-07-1990, son siège est à Tripoli ainsi que
l’Université maghrébine créée également au cours de la même session.

1-3-4 Les conventions signées dans le cadre de l’UMA

L’UMA a procédé à la signature d’un certain nombre de conventions ayant pour but, la
facilitation des échanges, l’organisation et le développement de la coopération entre les pays du
Maghreb.

201
Tableau N°57 : « Les conventions signées par l’UMA »
Conventions Date de
signature
Convention de coopération inter administrative pour lutter contre les 04-02-1994
contraventions douanières et de sa répression entre les pays de l’UMA
Protocole relatif aux règles d’origine entre les pays de l’UMA 04-02-1994

Protocole relatif à l’application du droit de compensation unique d’un taux de 04-02-1994


17.5% entre les pays de l’UMA
Convention relative au comité maghrébin d’assurance et de réassurance 04-02-1994

Convention d’échanges de formateurs entre les administrations postales et de 04-02-1994


communications des pays de l’UMA
Accord concernant l’échange d’experts et de spécialistes entre les 04-02-1994
administrations postales et de communications des pays de l’UMA
Accord concernant la création d’un conseil maghrébin du livre national 04-02-1994

Déclaration relative à la création d’une zone de libre échange maghrébine 04-02-1994


entre les pays de l’UMA
Réglementation des deux prix de l’union du Maghreb arabe dans le domaine 04-02-1994
de l’architecture et de l’habitat et ses composants
Protocole №8 instituant les conditions sanitaires et vétérinaires de l’échange 04-02-1994
des volailles et ses composants entre les pays de l’UMA
Charte maghrébine pour la protection de l’environnement 11-11-1992

Protocole №6 instituant les conditions de production, d’importation et d’offre 11-11-1992


en gros de médicaments des animaux entre les pays de l’UMA
Convention relative à l’organisation judiciaire commune entre les pays de 11-11-1992
l’UMA
Convention de coopération culturelle entre les pays de l’UMA 11-11-1992

Convention relative à la reconnaissance mutuelle de permis de conduire entre 11-11-1992


les pays de l’UMA
La réglementation commune pour l’accès aux institutions judiciaires dans les 11-11-1992
pays de l’UMA
Convention de l’organisation des marchés publics dans le domaine de 11-11-1992
l’équipement et les travaux publics entre les pays de l’UMA
Protocole №7 traçant les conditions sanitaires vétérinaires d’importation des 11-11-1992
bovins vivants et de la viande bovine des pays non membres de l’UMA
Prix du Maghreb arabe de la création culturelle 11-11-1992

Convention commerciale et tarifaire entre les pays de l’UMA 03-10-1991

Convention de coopération dans le domaine maritime entre les pays de 03-10-1991


l’UMA

Accord postal entre les pays de l’UMA 03-10-1991

Accord de poste rapide entre les pays de l’UMA 03-10-1991

202
Accord de piles postales entre les pays de l’UMA 03-10-1991
Convention de coopération juridique et de justice entre les pays de l’UMA 03-10-1991

Convention de la sécurité sociale entre les pays de l’UMA 03-10-1991

Convention relative à la médecine vétérinaire et la coopération dans le 03-10-1991


domaine de la santé animale entre les pays de l’UMA
Propriété intellectuelle 01-01-1991

Source : Site officiel de l’UMA sur http:// www. maghrebarabe.org.

Les commissions ministérielles spécialisées sont à l’origine de plusieurs conventions et


accords maghrébins conclus jusqu’à nos jours dans le cadre de l’UMA, nous présenterons ci-
après celles qui nous intéresse le plus, à savoir la convention commerciale et tarifaire, la
convention relative à l’échange de produits agricoles, la convention relative au transport, la
convention relative à la création de la banque maghrébine pour l’investissement et le
commerce.

1-3-4-1 La convention commerciale et tarifaire


La convention prévoit un ensemble de mesures destinées à faciliter le commerce entre
les pays de la région.

a- Les règles relatives au mouvement des marchandises :


1. chacun des membres exonère les produits d’origine maghrébine, échangés
directement entre-eux, des droits de douane, des impôts et taxes d’effet équivalent
imposés à l’importation. Une liste de produits qui seront exonérés a été établie, elle
sera élargie progressivement pour renforcer l’efficacité à l’exonération douanière.
Les produits d’origine locale sont :

 les produits fabriqués entièrement dans chacun des pays membres, y compris les
produits d’origine agricole, animale, de pêche, animaux vivants et les ressources
naturelles qui n’ont subi aucune transformation industrielle.
 le produit industriel dont le pourcentage de la valeur ajoutée, dans le pays exportateur,
n’est pas inférieur à 40% de sa valeur globale ou le produit dont la valeur des matières
premières locales n’est pas inférieur à 60% de la valeur globale des matières premières.

203
 les autres produits industriels seront inclus dans des listes qui fixent les critères de
transformation imposés sur chaque produit à condition que cette transformation soit
suffisante, les listes seront arrêtées d’un commun accord entre les Etats membres.
2. les produits d’origine locale exportés vers l’un des pays membres seront
accompagnés d’un certificat d’origine délivré par le pays exportateur.
3. il est permis de réexporter les produits d’origine locale échangés entre les Etats
membres vers un autre pays qui ne fait pas partie de l’Union sous réserve d’avoir un
accord écrit préalable de la part du pays exportateur.
4. les produits d’origine et de provenance maghrébine destinés à l’un des marchés des
parties contractantes et pour lesquels sont utilisés dans leur production, des matières
premières ou semi-finies importées en dehors de la région dans le cadre des régimes
économiques douaniers, seront soumis à une taxe compensatoire de 17,5% qui sera
prélevée dans le dernier pays importateur sur la base de la valeur de la marchandise,
plus les frais de transport et d’assurance (C.I.F). Cette taxe s’applique dans le cas où
la même production existe dans le pays importateur.

b- La coordination commerciale et la participation aux foires :


 les pays membres participent aux foires et expositions internationales organisées dans
l’un des pays de la région et chacun autorise l’autre à organiser des foires dans son
pays avec les facilités nécessaires. Les pays membres encouragent les contacts directs
entre les entreprises concernées et l’échange des délégations et des informations
économiques et commerciales.
 les pays membres œuvrent à coordonner les achats extérieurs et les ventes de produits
maghrébins sur les marchés internationaux. Ils identifient aussi les formes de
coopération et notamment la création de groupements et sociétés mixtes de production
et de commercialisation des produits maghrébins sur les marchés internationaux.

c- Le règlement des transactions :


Le règlement des transactions financières relatives aux échanges commerciaux entre les
pays de la région se fait conformément aux règlementations de change en vigueur dans chacun
de ces pays ainsi qu’aux dispositions des conventions bilatérales ou multilatérales signées entre
eux
Il est permis aux pays de la région d’appliquer le système de troc pour augmenter le
volume des échanges commerciaux.

204
d- Les mesures de protection :
Il est permis à chaque pays membre, dans le cas où ils rencontrent des difficultés dans
l’un des secteurs économiques avec l’application de l’accord ou dans le but de protéger une
industrie naissante, de prendre des mesures de protection nécessaires afin de protéger son
économie, en informant préalablement la commission ministérielle spécialisée et en présentant
un rapport contenant l’ensemble des justificatifs sur les mesures en question.

Les pays membres s’engagent à interdire toutes les pratiques de dumping et de s’abstenir
de soutenir les marchandises exportées ainsi que les activités qui faussent les règles de
concurrence loyale. Dans le cas contraire, il est permis au pays ayant subi de préjudices de
soumettre le différend à la commission de suivi, si le différend n’est toujours pas solutionné, le
pays concerné pourrait imposer provisoirement des taxes exceptionnelles contre le dumping ou
des taxes compensatoires au soutien des marchandises.

Il est permis à chaque Etat membre qui subit des dommages résultant des exonérations
prévues, de remettre l’application totale ou partielle des droits de douane à une date ultérieure,
en fonction des conditions prévues dans la présente convention, ceci en attendant des mesures
compensatoires.

Le manque substantiel dans les recettes financières provenant des droits de douane,
impôts et taxes d’effet équivalent, sera évalué par la commission de suivi sur la base des
recettes d’une période de référence constituée des trois années qui précèdent l’année durant
laquelle le préjudice a été causé, et ce à la lumière d’un rapport qui sera présenté par le pays qui
a subi préjudice. La commission de suivi soumet un rapport à la commission ministérielle
spécialisée pour prendre la décision adéquate.

Une commission de suivi, composée de deux représentants permanents pour chacun des
Etats, a été créée. Elle est chargée de superviser la bonne exécution des dispositions de la
convention, notamment l’établissement des listes de produits à exonérer ; de présenter des
propositions et recommandations sur l’ensemble des domaines relatifs aux échanges
commerciaux entre les Etats de l’Union ; d’étudier les différends susceptibles de naître de
l’application de la convention. La commission présentera ses rapports à la commission
ministérielle spécialisée pour la prise de décision, dans le cas où celle-ci ne trouve pas de
solution, les différends seront soumis à l’instance judiciaire.
La présente convention a été signée par les cinq pays à Ras lanouf le 09 et 10 mars 1991.

205
1-3-4-2 La convention relative à l’échange des produits agricoles
Les pays membres s’engagent à édifier progressivement entre eux une union douanière
en vue de réaliser un marché agricole maghrébin commun, c’est ainsi que :

(1)
 les parties contractantes s’engagent à exonérer les produits agricoles d’origine et de
provenance locales (2) des droits de douane à l’importation, à l’exception des impôts et
taxes qui frappent la production locale dans chacun des pays de l’Union ;
 les pays de la région s’engagent également à exonérer les produits agricoles, d’origine et
de provenance locales échangés entre eux et définis dans des listes, de toutes mesures
non tarifaires. La commission de la sécurité alimentaire est chargée d’élaborer ces
listes ;
 les pays membres œuvrent pour la réalisation d’un système commun pour la protection
des produits agricoles du Maghreb contre la concurrence des produits importés de
l’extérieur à des prix subventionnés, et contre les perturbations du marché, comme ils
s’engagent à œuvrer progressivement pour l’unification des législations du contrôle
sanitaire, des normes et des politiques des prix
La convention est approuvée par tous les Etats membres, et signé par les cinq pays le 23
Juillet 1990 à Alger.

1-3-4-3 La convention relative au transport routier des personnes et des biens et au


transit entre les pays de l’UMA
Les dispositions générales de la convention sont :

(3)
 les conducteurs des véhicules doivent être munis des documents nécessaires
lors de la conduite de ces véhicules dans un pays autre que celui dans lequel ils
sont immatriculés ;
 les véhicules doivent être conformes, pour ce qui est du poids et des mesures,
aux normes d’usage du pays dans lequel ils entrent, dans le cas contraires ils
doivent être munis d’une autorisation spéciale ;

(1)
Les produits agricoles comprennent les produits végétaux, la production animale y compris les produits
halieutiques
(2)
Les produits d’origine locale : concernent les produits agricoles entièrement produits dans l’un des pays de
l’Union
(3)
Tout véhicule routier automobile y compris les remorques et les semi-remorques conçus spécialement pour
transporter :
- des voyageurs dont le nombre dépasse huit individus, chauffeur exclu ;
- des marchandises dont le poids net dépasse 2,5 tonnes.

206
 chaque pays membre accorde à un autre le droit de transférer les recettes
provenant du transport public des voyageurs ou des marchandises, en
conformité avec les législations du transfert de devise en vigueur dans chaque
pays ;
 les véhicules concernés sont exonérés de tout impôt et taxe ;
 les autocars de transport provenant d’un pays maghrébin et transitant par un
autre pays de la région à destination d’un tiers pays de l’Union, sont exonérés
des taxes et impôts ;
 les camions de marchandises provenant d’un pays membre et transitant par un
autre pays maghrébin à destination d’un pays tiers de l’Union, sont assujettis
aux taxes en vigueur dans le pays de transit ;
 les quantités de carburants et huiles qui se trouvent dans les réservoirs
ordinaires des véhicules entrant ou transitant, sont exonérées des impôts et taxes
douanières, il en est de même pour les bagages de l’équipage des véhicules.

La convention ne prévoit aucun contingentement en véhicules ou en tonnage de


marchandises. Les transporteurs des pays de l’UMA peuvent réaliser des opérations de
transport en aller-retour en charge sans conditions particulières, de plus les véhicules ne sont
soumis à aucun paiement de redevances ou de taxes entre deux pays de l’UMA. La convention
n’impose aucune restriction concernant le transfert financier résultant des activités des
transporteurs.

La convention a été approuvée par tous les pays membres, le cadre juridique est
effectivement en application sur le terrain mais étant donnée la fermeture de la frontière algéro-
marocaine seuls l’Algérie, la Tunisie et la Libye bénéficient de ces dispositions.

1-3-4-4 La convention relative à la création de la banque maghrébine pour


l’investissement et le commerce extérieur entre les Etats de l’UMA
La banque est un organisme financier international autonome jouissant de patrimoine
financier, de la personnalité morale et de la pleine capacité juridique pour entreprendre tout
acte concernant la réalisation de ses objectifs. L’accord relatif à la création de cette banque,
dont le siège est prévu à Tunis, à été signé le 09-10 Mars 1991 à Ras Lanouf et ratifié par tous
les pays.

207
La création de la Banque maghrébine d’investissement et de commerce extérieur
(BMICE) est de nature à contribuer au développement de la coopération entre les pays de la
région. L’objectif étant de contribuer à l’édification d’une économie maghrébine compétitive et
intégrée, à réaliser des projets mixtes, à promouvoir les échanges commerciaux
intermaghrébins et à renforcer les investissements et la circulation des biens et des capitaux
entre ces pays. Elle oriente par conséquent ses opérations, essentiellement, au profit des projets
productifs des Etats de l’Union et qui ont pour but la complémentarité économique maghrébine.

a) La nature des opérations :


La banque entreprend les opérations suivantes :

 financer des projets productifs d’intérêt commun en tenant compte de leur


rentabilité financière et de leur fiabilité économique ;
 étudier les opportunités pour intensifier les échanges commerciaux entre les
Etats de l’Union ;
 financer le commerce entre les Etats de l’Union ;
 contribuer à la création de sociétés qui ont pour but de développer les échanges
entre les Etats et la réalisation de la complémentarité économique ;
 apporter de l’aide et l’assistance technique ;
 susciter les contributions étrangères dans le but de financer des projets mixtes.

b) Les ressources financières :


1) Le capital : le capital déclaré est fixé à cinq cent millions de dollars, et le capital souscrit
lors de la création à cent cinquante millions de dollars, répartis en 150 000 actions
nominales à 1000 dollars l’action. La souscription s’effectue à parts égales entre
actionnaires des Etats de l’Union. Un quart du capital est libéré lors de la constitution
de la banque.
2) L’emprunt : la banque peut recourir à l’emprunt en monnaies librement convertible sur
les marchés financiers internationaux. Comme elle peut recourir à l’emprunt sur les
marchés financiers des Etats de l’Union, par voie d’émission d’obligations, et ce après
le paiement de la valeur totale des actions souscrites.
3) Les dépôts : la banque peut accepter des dépôts en monnaies librement convertibles,
elle ne peut accepter les dépôts en monnaies locales.

208
c) Les relations avec les Etats de l’Union
Les Etats de l’Union coopèrent pour aider la Banque à se procurer des ressources
financières, à des conditions avantageuses, auprès des organismes et Etats étrangers.

La Banque est exonérée d’impôts et taxes douanières sur ses actifs, ses biens, ses revenus,
la répartition des bénéfices, ses opérations et ses activités. Sont également exonérés d’impôts et
charges, les dépôts et intérêts y afférents effectués auprès de la banque en monnaies librement
convertibles.

La Banque est aussi exonérée de toute charge sur les documents relatifs à sa constitution,
sur les augmentations dans son capital et les amendements relatifs aux statuts, aux
incorporations et aux parts versées. Elle est également exonérée de toute charge sur les
documents relatifs à la réalisation de ses opérations, l’émission des actions exonérées d’impôts
et taxes.

Les Etats membres garantissent le libre transfert et sans délai de tout ce qui a trait aux
opérations relatives à ses activités et les opérations relatives à la participation à son capital.

d) Les organes de la Banque : la banque est constituée :

 d’une assemblée générale de la Banque : composée de tous les actionnaires ;


 d’un conseil d’administration : composé de dix membres, il est présidé par un président
non permanent de nationalité de l’un des Etats membres, désigné pour une durée de
trois années ;
 d’un bureau d’audit externe désigné par l’assemblée générale de la banque parmi les
bureaux existants dans les Etats de l’Union et reconnus compétents, il entreprend
notamment la révision des comptes de la Banque ;
 des agents de la banque : ils sont de nationalité des Etats de l’Union avec certains
avantages accordés aux agents de la Banque de nationalité outre que celle du pays
abritant le siège (exonération d’impôts sur les traitements et salaires…etc.).

Après plus de vingt ans de son existence, l’UMA est aujourd’hui un échec, aucune des
étapes prévues n’a été franchie. Nous nous interrogerons sur les blocages à la concrétisation de
cette Union dans la deuxième section du chapitre.

209
Section 2 : L’intégration de l’espace maghrébin : Un bilan mitigé, pourquoi ?

Il faut dire que les résultats, après plusieurs années d’existence, sont loin des objectifs
fixés dans le traité. Plusieurs réunions sont tenues par les commissions, les comités et les
groupes de travail, des projets sont prévus et plusieurs conventions sont signées et ratifiées
mais sans qu’elles soient mises en application pour la plupart. Selon H. MAHIOU : « aucune
décision substantielle de nature économique n’est venue concrétiser la construction maghrébine
pour lui donner un aspect irréversible ». (1)

Dans cette section, il sera question du bilan de l’intégration magrébine et les raisons du
blocage de l’Union, qui n’a pas pu franchir la première étape du processus d’intégration depuis
sa fondation. Les causes de cet échec sont nombreuses, elles sont d’ordre économique,
politique et institutionnel. Nous présenterons aussi les différentes tentatives ayant pour but de
redonner un nouveau souffle à la construction à travers des accords bilatéraux et la création de
structures ayant pour but le développement de la coopération et du commerce dans la région.

2-1 Bilan de la coopération maghrébine

Plusieurs accords ont été signés, mais ils sont pour la plupart, soit de nature technique
soit de portée limitée, c’est le cas de la convention relative au transport routier, la convention
de coopération dans le domaine maritime, la convention relative à l’échange de produits
agricoles, la convention commerciale et tarifaire, la convention relative à la promotion et la
garantie des investissements, la convention concernant la protection phytosanitaire, la médecine
vétérinaire, la sécurité sociale, la coopération juridique et les doubles impositions,...etc.

Lors du sommet d’Alger en Juillet 1990, le conseil présidentiel avait proposé l’idée d’un
marché commun agricole et la définition d’une politique de sécurité alimentaire. Cinq groupes
de travail ont été crées, ils ont été chargés du développement agricole, les eaux, le marché
commun maghrébin, la richesse piscicole et les industries alimentaires. Mais les choses se sont
arrêtées là, car l’idée n’a pas été suivie par des initiatives concrètes.

Le même constat d’échec peut être fait au niveau du secteur industriel et ce malgré
l’annonce de plusieurs projets et la création de commissions, notamment dans le domaine des
ressources pétrolières et gazières où les complémentarités sont réelles.

(1)
A. MAHIOU, op. Cit, P.29

210
Les accords signés, comme le note H.MAHIOU, ne correspondent pas au calendrier
normal d’un processus d’intégration progressive. Seules les conventions concernant la levée
des obstacles tarifaires et non tarifaires pour libérer les échanges commerciaux sont les plus
importantes, car elles ouvrent la voie vers une zone de libre-échange. De plus, le traité est
présenté comme accord cadre, il présente les lignes générales et le cadre institutionnel de
l’union, il reste donc vague par rapport à l’importance de l’engagement. (1)

Il importe de mentionner certains projets à caractère régional qui ont vu des débuts de
réalisation, pour certains, et qui sont en phase de parachèvement, pour d’autres. On en citera le
cas de l’autoroute maghrébine, l’extension des réseaux de télécommunication en fibre optiques,
l’interconnexion électrique, l’amélioration de liaisons ferroviaires, les programmes de lutte
contre la désertification, la coopération ininterrompue en matière de santé et d’achats groupés
de médicaments.

Le démantèlement tarifaire n’a toujours pas eu lieu et les échanges sont davantage régis
par des accords commerciaux bilatéraux entre les pays membres ou entre ces derniers et l’UE.
De plus, l’absence de complémentarités des structures productives et exportatrices a contribué à
limiter les échanges commerciaux intra-maghrébins à environ 2,7% du volume global des
échanges extérieurs des pays. Ceux-ci appliquent des taux de protection assez élevés entre eux
notamment dans les industries textiles vêtements, les industries de technologie et dans une
moindre mesure l’agro-industrie. Ces questions interpellent régulièrement les opérateurs
économiques.

L’UMA a donc signé plusieurs conventions et a tenu six sommets. Mais ses activités
seront totalement gelées en 1995, après une nouvelle crise entre l’Algérie et le Maroc, et depuis
elle n’a pu réunir son conseil.

La création de l’UMA a été porteuse d’espoir pour les peuples de la région. A partir de
1989, une certaine dynamique caractérisait la scène maghrébine avec la mise en place des
commissions autour des principales questions, la priorité était accordée aux dossiers
économiques. Mais rapidement, les travaux de l’UMA sont suspendus, des clivages
idéologiques se manifestent, ainsi la coopération économique intra-maghrébine n’a jamais
décollée.

(1)
A. MAHIOU, op. Cit, PP.15.16

211
Plus de vingt ans après la signature du traité de Marrakech, la construction maghrébine
est toujours dans l’impasse, aucun progrès significatif n’a été accompli dans la mise en œuvre
des objectifs de l’UMA. Plusieurs explications ont été avancées pour comprendre les raisons du
blocage du processus d’intégration du Maghreb, ces raisons sont attribuées à des facteurs tant
économiques que politiques.

2-2 Les raisons du blocage du processus maghrébin

Plusieurs raisons contribuent au blocage de l’intégration maghrébine et qui sont d’ordre


économique, politique et institutionnel.

2-2-1 Au plan économique


Il existe quatre principales raisons au plan économique, et qui constituent des
contraintes à la réalisation du projet maghrébin, il s’agit de la faiblesse des échanges à
l’intérieur de la zone, le haut niveau de concentration des produits, le faible commerce intra-
branche et la faiblesse des pratiques multilatérales.

2-2-1-1 La faiblesse des échanges intra - maghrébins


Nous considérons ce facteur comme le plus important au plan économique car le niveau
des échanges intra-régionaux est généralement utilisé pour mesurer la réussite d’une expérience
d’intégration, la faiblesse des échanges commerciaux dans une région ne contribue pas à la
réussite de l’intégration économique.

Il convient de rappeler que la structure des échanges des pays du Maghreb, en général,
ne s’adapte pas aux conditions nouvelles de la compétitivité, une structure qui correspond à
celle des pays sous-développés : produits énergétiques et miniers, textile habillement et
produits agricoles. L’Algérie et la Libye exportent essentiellement des hydrocarbures, la
Mauritanie exporte des produits miniers et produits de mer, la Tunisie et le Maroc exportent des
produits primaires et quelques biens manufacturés.

Rappelons également que le commerce extérieur de la région est géographiquement


polarisé. Les pays maghrébins réalisent une plus grande partie de leurs échanges avec l’Europe,
la part de celle-ci dans les échanges commerciaux représentant plus de 60%. De plus, un double
déséquilibre caractérise les échanges Maghreb-Europe, les échanges entre les deux parties ne
sont pas équilibrés, ils sont plutôt structurellement déficitaires pour le Maghreb, car celui-ci

212
réalise plus de la moitié de ses importations sur le marché européen, alors que ses exportations
ne représentent que 2% des importations de l’union, à l’inverse celle-ci enregistre un excédent
croissant dans ses échanges avec le Maghreb, mais ils ne représentent qu’une faible part dans le
commerce de la zone, même si une certaine progression est constatée à partir de 1998.

Tableau N° 58 : Les échanges commerciaux intra- Maghrébins en 2008 (en millions de


Dollars)
Algérie Maroc Tunisie Libye Mauritanie
Algérie - 758.8 516.76 51.64 2.5
Maroc 86.39 - 84.623 63.783 50.776
Tunisie 291.9 220.6 - 820.2 22.14
Libye 0.747 88.90 1015.78 - nd.
Mauritanie 13.217 6.05 3.08 nd. -

Note : ce tableau décrit les flux entre les pays de la sous- région, où le pays en ligne représente le pays
d’origine du flux et le pays en colonne représente celui de destination du flux.
* statistiques de 2009
Source : Institut national des statistiques (Tunisie), Office national des statistiques (Algérie),
Direction générale des douanes (Mauritanie), Office des changes (Maroc).

La matrice des échanges entre les pays du Maghreb, présentée au Tableau N°58 montre
clairement le rôle marginal dans le quel le commerce intra-régional se trouve confiné : les
exportations algériennes vers les autres pays du Maghreb ne représentent que 1.33 milliards de
dollars en 2008 et environ 392.75 millions de dollars d’importations, ce qui correspond à un
taux respectivement de 1,69% et de 1,23% des exportations et des importations totales.

Le Maroc exporte environ 285,57 millions de dollars en 2008, et 1.067 milliards de


dollars d’importations, ce qui représente en moyenne 1,49% de ses exportations totales et
2.68% de ses importations totales. La Tunisie exporte environ 1354,84 millions de dollars et
importe 1620,24 millions de dollars, ce qui représente 5,52% de ses exportations et
importations totales.

Au vue de la répartition des flux commerciaux régionaux, nous retrouvons une plus
forte intensité des échanges entre l’Algérie et la Tunisie, entre l’Algérie et le Maroc ainsi
qu’entre la Tunisie et la Libye. Les échanges commerciaux les plus importants dans la région
sont ceux qui s’opèrent entre la Libye et la Tunisie avec un montant de 1835.98 millions de
dollars en 2008. Ils sont constitués essentiellement de biens alimentaires et produits
213
manufacturés tunisiens et de combustible libyen. La Mauritanie effectue l’essentiel de ses
échanges avec l’Algérie puis avec le Maroc. Ses échanges sont très faibles avec les autres pays
de la région. La Libye est, quant à elle, le principal partenaire commercial de la Tunisie et du
Maroc.

De façon générale, les exportations intra-maghrébines n’excédent pas 3% des


exportations globales. Ces pays exportent 68 fois plus vers l’UE que vers le Maghreb.

Graphe N° 5 : Comparaison du niveau des exportations intra-régionales dans les


différentes régions du monde (2004).

Exportation (%)
67,6
70

60
55,9

50

40 31
30 23,1 20 18,4
20
9,5
10 2,7

0
EU25 SADC CEDEAO COMESA

Source : L. ACHY, le commerce en Afrique du Nord : Evaluation du potentiel d’intégration


régionale en Afrique du Nord, CEA-AN, 2006.

De cette façon, les Etats maghrébins constituent un cas des plus extrêmes sur le plan de
la faiblesse du commerce intra-zone. Ils réalisent un niveau d’intégration commercial très en
deçà des performances réalisées par les autres communautés régionales, y compris sur le
continent africain. En effet, le graphique N°2 montre que la communauté de développement de
l’Afrique australe (SADC) réalise un taux de 31 % des exportations destinées au marché
communautaire, une forte performance compte tenu de la mise en œuvre récente du protocole
relatif aux échanges (septembre 2000). Alors que les échanges intra-communautaires ne
représentaient que 10,7 % des échanges totaux en 2001, la communauté économique des Etats
de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) réalise un taux de 20 % des exportations intra
communautaires en 2004, un niveau d’intégration comparable à celui de l’association des

214
Nations d’Asie du Sud-Est ou encore du marché commun d’Amérique du Sud. Les exportations
intra-régionales en Afrique du nord ne représentent que 2,7% des exportations totales en 2004.
La faiblesse du commerce de la communauté est imputée essentiellement au caractère similaire
des économies maghrébines ainsi que la persistance des barrières tarifaires et non tarifaires.

a) le caractère similaire des économies maghrébines :


Il semblerait que la similarité de la structure de production notamment entre le Maroc et
la Tunisie a eu comme conséquence la faiblesse des échanges maghrébins. Une étude de la
Direction de la Politique Economique Général (DPEG) montre que le degré de similarité des
exportations de la Tunisie par rapport aux exportations du Maroc sur le marché Européen est de
(1)
79% entre 1996- 2000 ; une similarité expliquée par le développement du secteur
manufacturier dans ces pays notamment le textile. Voulant profiter des préférences douanières
accordées par l’UE qui représente le partenaire essentiel des pays du Maghreb, les deux pays
ont favorisé le développement des mêmes structures productives et par conséquent une forte
concurrence entre les deux pays. L’industrie de l’agroalimentaire, l’industrie des matériaux de
construction ainsi que l’industrie électrique et mécanique qui se développent peu à peu
constituent aussi des secteurs d’exportation pour les deux pays.

Soulignons aussi la persistance des formes traditionnelle de la division du travail qui


consiste à ce que les pays du Nord échangent leurs produits manufacturiers contre des matières
premières et produits de base des pays du Sud. Les cinq pays du Maghreb, quoique à des degrés
différents, exploitent tous des ressources naturelles, l’Algérie et la Libye ont d’énormes
réserves de gaz naturel et de pétrole et constituent les principaux fournisseurs de l’UE. La
Tunisie aussi a un secteur pétrolier mais son importance a diminué au fil des années. Le Maroc
est le principal exportateur mondial de phosphates et ce dernier constitue aussi le principal
poste d’exportation pour la Mauritanie. Cette spécialisation a limitée la gamme de produits et la
croissance des échanges intra- maghrébins.

Ce handicap pourrait être contrecarré par des spécialisations plus fines permettant des
rendements croissants et le développement d’échanges de produits différenciés.

(1)
Calcul de la DPEG (direction de la politique Economique Générale) relevant du ministère des finances au
Maroc, en utilisant l’indice Finger- Kreinin qui reflète le degré de similitude des exportations de deux pays sur le
marché d’un même partenaire.

215
(1)
Une étude réalisée par YEATS, en utilisant un teste de complémentarité, consistant à
savoir si le type de produits exportés par certains pays du Maghreb, coïncide avec les
importations des autres. Lorsque la structure des exportations correspond à celle des
importations, le commerce régional sera alors favorisé, auquel cas la structure du commerce ira
à l’encontre des échanges intra-régionaux et limitera les perspectives pour une intégration
commerciale régionale. Les indices de complémentarité pour les pays du Maghreb sont faibles,
ce qui indique qu’il y a peu de correspondance entre les exportations de certains et les
importations des autres contrairement aux autres regroupements tels que l’ALENA, l’UE et le
MERCOSUR qui avaient déjà des indices de complémentarité élevés au moment de leur entrée
en vigueur.

b) Des obstacles non tarifaires limitant les échanges commerciaux intra-zone :


D’importantes barrières non tarifaires entre les pays maghrébins empêchent l’évolution
du commerce dans cette région : les autorisations d’importation reposant sur la nécessaire
application de normes de sécurité et de santé ; les procédures douanières et administratives liées
à l’importation, notamment en termes de respect des normes de produit ; procédures de
certification ; la multiplication des régimes fiscaux ; les listes des produits agricoles et
industriels dressées pour la protection du tissus productif national...etc.

c) La faiblesse des infrastructures de transport :


Le transport est considéré comme secteur clé pour une meilleure intégration régionale, il
contribue à la réduction des disparités économiques et sociales, et renforce l’attractivité des
investissements directs étrangers. Le développement des infrastructures a joué un rôle crucial
dans le développement des échanges au niveau mondial car ce facteur joue énormément sur les
coûts et donc sur la compétitivité prix des produits échangés. Le manque d’infrastructures
génère des coûts en plus à payer, ce qui limite la compétitivité des produits échangés au niveau
de leur prix.

Le manque d’infrastructures de transport et la mauvaise qualité de celles existantes au


Maghreb ne peuvent être que défavorables à la réalisation d’opportunités commerciales entre
les partenaires maghrébins, car les prix des produits échangés ne peuvent être compétitifs si
l’on devait payer des coûts en plus.

1
Yeats cité par le GDES, une nouvelle vision pour l’intégration économique du Maghreb, volume1, document de
la Banque mondiale, novembre 2006, P.26

216
Ce facteur qui est un moyen de développement des échanges ailleurs, est considéré
comme une barrière non tarifaire dans les pays du Maghreb. Ainsi les coûts de transport sont
plus élevés dans les pays d’Afrique comparés à ceux des pays développés, ils représentent 14%
de la valeur exportée dans le premier groupe de pays contre 8,6% dans le second. (1) Le coût du
fret, en pourcentage de la valeur importée, était de 11% pour les pays de l’Afrique du nord, soit
111% de plus que dans les pays industrialisés et 25% de plus par rapport à la moyenne des pays
en développement. (2)

La mise à niveau et le développement des infrastructures de transport sont essentiels


pour l’intégration des pays de l’UMA et constituent un prélude à la mise en place d’un espace
économique intégré et une coopération plus intense avec les pays européens et africains.

d) l’importance du commerce informel :


Plusieurs études ont montré que le commerce informel est très développé dans la région
et il constitue une menace pour ces pays. Les flux des produits de première nécessité,
subventionnés dans des pays comme l’Algérie et la Libye, pénètrent les marchés des autres
pays de la région, et c’est le cas de la Tunisie et du Maroc. Les flux des produits d’appareils
électroniques vont dans l’autre sens et pénètrent les marchés algériens et libyens là où ceux-ci
sont surtaxés.

Tableau N°59 : Les principaux produits du commerce informel entre l’Algérie et les
autres pays de l’UMA

Pays de Produits exportés clandestinement Pays de destination


provenance
Algérie - moutons, œufs, sucre, café, dérivés de Maroc
céréales
- produits pétroliers (essence)
- matériel agricole
- moteurs à eau
- téléviseurs et climatiseurs
Maroc -fruits et légumes Algérie
- pièces détachées

(1)
Selon une étude réalisée par la CEA. AN (2004) relative à l’état de l’intégration régionale en Afrique.
(2)
Selon un rapport de la CNUCED publié en 2002

217
- or et bijoux
- drogues et armes
Algérie -textiles Tunisie
- fruits et légumes
- produits ménagers
Tunisie - biens de consommation Algérie

Source : A. MEBTOUL : Enjeux et défi du second mandat du président BOUTEFLIKA, éd.


Casbah, Alger, 2005, p.80

Les produits exportés clandestinement de l’Algérie vers le Maroc sont constitués


essentiellement des produits pétroliers, du matériel agricole, des moteurs à eau, des téléviseurs
et climatiseurs, des moutons, des œufs, du sucre, du café et des dérivés de céréales. Dans
l’autre sens, nous trouvons des fruits et légumes, des pièces détachés, de l’or et des drogues et
armes.

2-2-1-2 Haut niveau de concentration dans les produits


D’après la littérature commerciale, le succès ou l’échec des accords régionaux est
relié, en partie, au niveau de concentration dans les produits. Celui-ci peut être calculé par
l’indice de variété des produits « l’hypothèse sous-jacente est que plus le niveau de
diversification des exportations est élevé, meilleures seront les perspectives de voir un
accord commercial régional couronné de succès. Plus les exportations d’un pays sont
diversifiées, plus vaste est la gamme de produits potentiels qui peuvent être échangés avec
les partenaires régionaux. Si ces produits ne sont disponibles qu’en nombre limité, les
membres potentiels d’un ACR risquent de devoir fortement dépendre de pays tiers pour
accroître la part des importations essentielles et en tant que destination pour leurs
principales exportations, ce qui vraisemblablement minimisera leur engagement vis-à-vis de
l’ACR » (1). Ainsi, une part importante des exportations des pays du Maghreb est le résultat
d’un petit nombre de produits exportés, la région exporte donc une gamme limitée de
produits par rapport aux autres accords régionaux. La gamme moyenne des produits
exportés en 2004 était de 100 alors qu’elle représentait le double au sein de l’ASEAN et

(1)
Yeats cité par le GDES, op.cit, p.19

218
plus de 220 articles dans l’UE-15 et dans l’ALENA (1). La concentration pourrait être aussi
(2)
calculée par un indice de concentration des produits qui représentait 0,35% en 2004
contre 0,1% pour les pays de l’UE-15. Les exportations de la Tunisie, le Maroc et l’Algérie
se concentrent principalement sur les textiles et l’habillement pour les deux premiers, les
combustibles pour le troisième. Ainsi, la forte concentration pourrait être «…une source de
vulnérabilité pour les exportations du Maghreb et elle va à l’encontre des perspectives
futures d’intégration régionale du commerce de marchandises » (3)

2-2-1-3 Faible commerce intra-branche


« Le commerce intra-branche, le segment à croissance la plus rapide du commerce
mondial, permet aux pays de se spécialiser dans les chaînes de production et de rechercher un
avantage comparatif dans des branches spécifiques de ces chaînes. Il permet aussi d’exploiter
des rendements d’échelle avec une productivité plus élevée et des coûts plus bas. On peut donc
considérer que son niveau indique la capacité d’un pays à exploiter plus pleinement les
opportunités d’intégration commerciale » (3)

La proportion du commerce intra-branche peut être calculée par un indice du commerce


(4)
intra-branche . Ce dernier est faible dans le cas des pays du Maghreb, il ne représentait que
20% en 2004, alors que la part du commerce intra-branche au sein de l’ASEAN était de 69% et
de 70% pour les pays de l’ALENA dans la même période. Cependant, la part la plus faible est
enregistrée en Algérie. Le Maroc et la Tunisie présentent des indices supérieurs
comparativement aux autres pays - quoique nettement inférieurs au autres groupement
régionaux - ces dernier ont toujours, mais lentement, relevé leur niveau de commerce intra-
branche.

2-2-1-4 La faiblesse des pratiques multilatérales


Les relations intermaghrébines se caractérisent par une grande faiblesse de la pratique
multilatérale. Le nombre d’accords multilatéraux sont insignifiants notamment dans les

(1)
L’indice de variété des produits représente le calcul du nombre de produits exportés de la CTCI (Classification
type pour le commerce international) à trois chiffres. Plus la valeur est grande, plus les produits exportés sont
diversifiés.
(2)
L’indice est calculé sur la base des parts de tous les produits à trois chiffres dans les exportations d’un pays, les
valeurs les plus élevées indiquent une forte concentration.
(3)
GDES, op.cit. p.28
(4)
Dénommé aussi l’indice de Grubel et Lloyd, il mesure l’ampleur des flux intra-branche dans les échanges
totaux de produits manufacturés, il varie de 0 (absence de commerce intra-branche) à 100 (les échanges
manufacturés totalement intégrés)

219
secteurs productifs. Selon D-E. GUECHI : « La logique des conférences et des réunions ainsi
que la pratique des Etats en matière d’accords soulignent en effet, la prédominance de
(1)
l’approche bilatérale ». Ainsi, et d’après toujours le même auteur, le choix du bilatéralisme
caractérise les relations entre pays de la région, mais cette dernière n’a pas eu d’effets
escomptés sur la coopération bilatérale et n’a pas servi de support pour asseoir la coopération
multilatérale.

2-2-2 Au plan politique


La principale conclusion que nous pourrons tirer concernant l’intégration au niveau de
cette région, est que les tensions politiques ont largement contribué à la lenteur puis au blocage
du processus d’intégration. Un certain nombre de conflits réels ont constitué un obstacle
important à tout rapprochement et à toute coopération économique entre pays du Maghreb. Il
s’agit principalement du conflit concernant le Sahara occidental qui empêche toute tentative de
rapprochement politique entre l’Algérie et le Maroc, les dissensions politiques à l’intérieur de
certains pays.

a) Le conflit territorial :
Le Sahara occidental est un territoire de 267 000 Km2, dénommé la république Arabe
sahraouie démocratique (RASD) par le front pour la libération et l’indépendance de Saguiet El
Hamra et du Rio de Oro (POLISARIO). Le Sahara occidental dispose d’un potentiel important
en phosphate, son exploitation a démarré en 1972. Les réserves de phosphate sont estimées à 10
milliards de tonnes, on y trouve également des réserves en minerai de fer. L’autre ressource
principale du Sahara est la pêche, les eaux bordant le Sahara sont parmi les plus poissonneuses
au monde.

Le 06 Novembre 1975, le Maroc organise la Marche verte au cours de laquelle 350 000
marocains envahissent pacifiquement le Sahara pour marquer la volonté d’une souveraineté
marocaine sur ce territoire. Le 27 Février 1976, le Front Polisario s’est proclamé officiellement
gouvernement en exil de la république Arabe démocratique sahraoui (RASD), notamment en
réaction à l’accord de Madrid entre l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie pour le partage du
Sahara entre ces derniers.

(1)
D-D GUECHI, L’union du Maghreb arabe : intégration régionale et développement économique, éd., Casbah,
2002, p.52.

220
En 1979, le Maroc annexa le reste du territoire avec l’abondons de la Mauritanie de sa
portion et une confrontation armée entre le Front Polisario et les forces marocaines a eu lieu,
elle a pris fin en 1991 suite à un cessez-le-feu par intervention de l’ONU.

Une mission des Nation unies pour le référendum au Sahara occidental (MINURSO) a
été instituée par la résolution 690 du conseil de sécurité en 1991. Un référendum devait
permettre à la population du Sahara occidental de choisir entre l’indépendance et l’intégration
du Maroc. Le référendum est prévu selon le plan de la mission, en Janvier 1992, mais il est
reporté sans cesse à cause des divergences entre les deux parties sur les modalités
d’organisation pratique du référendum, notamment sur la question qui concerne l’identification
(1)
du corps électoral. Le royaume a bâti, en grande partie, son identité sur l’intégrité de son
territoire, la cause est donc trop sacrée pour que le pays prend le risque de s’engager dans un
référendum d’auto détermination sans être sûr de l’emporter.

Les premiers indices du conflit qui oppose le Maroc à l’Algérie autour du Sahara
occidental apparaissent au milieu des années soixante-dix. L’Algérie soutient le Front Polisario
au nom du droit des peuples à l’auto détermination, elle est le refuge de plusieurs milliers de
sahraouis à Tindouf. Le Maroc pense que cet argument cache des ambitions et des enjeux
géoéconomique : avoir un Etat sahraoui indépendant lui permettrait un accès facile vers les
ports de l’Atlantique et exporter les richesses de son sous-sol à moindre coûts. Certains
analystes pensent que le différend au sujet du Sahara est la conséquence et non la cause d’une
rivalité de deux nationalismes hégémoniques au Maghreb, chacun perçoit l’autre comme une
menace. Cette situation a provoqué le refroidissement des rapports algéro-marocains.

Rappelons que la première tentative d’intégration a connu un blocage de manière


brutale à partir de 1975, dû à l’éclatement de la situation au Sahara entre le front Polisario et les
troupes de l’armée marocaine et les rivalités régionales entre le Maroc et l’Algérie qui apporte
son soutien au front Polisario.

En 1989, le conflit du Sahara n’a pas constitué un obstacle pour la création de l’UMA
car les dirigeants, à ce moment là, pensaient pouvoir résoudre le conflit au sein de cette Union.
Mais au vue de la réalité, le contraire s’est produit malgré la réconciliation qui avait permis la
création de l’UMA. La tension s’est de nouveau accrue entre les deux pays dans la première

(1)
Le Front Polisario estime que le corps électoral devrait être basé sur le référendum effectué par les autorités
espagnoles en 1974, les autorités marocaines voudraient l’élargir pour intégrer des personnes vivant au Maroc et
qu’elles considèrent originaires du Sahara.

221
moitié des années 1990 et qui a conduit l’Algérie à fermer ses frontières avec le Maroc en
1994, le conflit a totalement bloqué la construction maghrébine à son stade initial. Aujourd’hui
on pense que la résolution du conflit d’abord aurait facilité la construction.

b) Les dissensions politiques à l’intérieur de quelques pays :


Outre le problème du Sahara occidental, qui constitue un véritable facteur de blocage,
certains pays du Maghreb ont connu des difficultés qui ont entravé la dynamique unitaire dans
la région : les difficultés conjoncturelles connues par l’Algérie et la Libye ont eu pour
conséquence la marginalisation de l’idée maghrébine pendant plusieurs années au profit des
questions internes, il s’agit des conditions sécuritaires en Algérie et de l’affaire Lockerbie en
Libye.

L’instabilité politique et les conditions sécuritaires en Algérie, à partir de 1990, ont


conduit le pays à une grave crise politique. La fragilité de l’Etat et de ses institutions a conduit
au trouble de fonctionnement du pluralisme instauré par constitution référendaire en 1989.
Cette situation va plonger le pays dans une violence fondamentaliste et aggraver la situation
sécuritaire. La crise a contribué à l’isolement du pays au sein du Maghreb, il s’est donc
longtemps concentré sur ses affaires internes notamment sur sa situation sécuritaire.

(1)
Quant à la Libye et suite à l’affaire Lockerbie elle a été suspectée d’être le
commanditaire de l’attentat aérien, elle s’est vue imposée des sanctions et l’isolement
international. Cette affaire a perturbé l’UMA, car les sanctions imposées par le conseil devaient
être respectées par les pays de l’UMA. Dans ce contexte, l’article1 du traité qui considère toute
agression contre l’un des Etats comme agression contre les autres a crée un embarras pour les
Etats de l’UMA, notamment dans le cas de la Libye qui a reproché aux autres membres de
n’avoir pas fait preuve de solidarité face aux agressions américaines et aux sanctions imposées
par le conseil de sécurité.

Ainsi, l’absence de stabilité politique, de démocratie et d’une véritable représentativité


des institutions a contribué à rendre problématique toute perspective d’intégration maghrébine.

2-2-3 Les difficultés d’ordre institutionnel


L’intégration implique un changement de nature dans les relations entre les Etats
membres d’un ensemble régional en passant de la coopération volontaire à la formation d’un

1
Il s’agit de la compagnie « PAN. AM » qui a explosé en plein vol entraînant la mort de plusieurs civils

222
ensemble communautaire avec des institutions communes et un droit commun, car
l’harmonisation de leurs droits est comme un impératif contrairement à la mise en place d’une
coopération. Le problème posé dans ce cas est de trouver une solution d’équilibre qui pourrait
être acceptée par les Etats jaloux de leur souveraineté et qui garanti l’efficacité des institutions
communautaires.

Les règles de fonctionnement des institutions de l’UMA, notamment la règle de


l’unanimité au conseil de la présidence a constitué un véritable blocage à toute prise de
décision. Le secrétaire générale de l’UMA, HABIB BOULARES, a déclaré que le principe de
l’unanimité, au double niveau de la ratification et de l’application, a empêché jusque là
l’organisation de réaliser une union à géométrie variable, permettant de commencer le
processus d’intégration avec les pays déjà prêts et laissant le temps aux autres d’arriver pour
répondre aux critères de convergence. (1)

D.E GUECHI pense que la question de la « supranationale » a constitué la cause


principale de l’échec des projets de l’intégration notamment dans le cas des pays du Maghreb.
Ayant été colonisés, ces derniers n’acceptent pas de concessions en matière de souveraineté,
l’accent a été mis sur la prédominance exclusive du politique avec la concentration du pouvoir
de décision entre les mains d’organes politiques. Ainsi, les institutions mises en place sont
dépourvues d’autorité réelle et de pouvoir de décision, elles sont donc incapables d’imposer les
décisions d’intérêt communautaire. Selon D.E GUECHI : « …La solution la plus vraie semble
être l’obtention d’un équilibre institutionnel viable susceptible de calmer les appréhensions des
Etats et de donner en même temps aux instances communautaires l’efficacité nécessaire pour
assurer la concrétisation des objectifs communs » (2)

Ces dernières années, la région assiste à une certaine redynamisation de la coopération


notamment au niveau bilatéral, plusieurs accords de partenariat ont été signés et plusieurs
structures ont été crées ayant pour but l’intensification de la coopération, la création d’intérêts
communs et la relance du processus d’intégration.

(1)
Article paru dans la Tribune, sous le titre « offensive diplomatique a l’algérienne pour relancer l’UMA par
Aomar BAGHZOUZ, le 04 Janvier 2002.
(2)
D.E GHECHI. OP. Cit, p.144.

223
2-3 Les tentatives de Redynamisation du processus maghrébin

Un ensemble d’actions et d’accords de coopération ont été adoptés dans le but de


redynamiser l’Union, nous présenterons le contenu de l’accord de partenariat privilégié entre
l’Algérie et la Tunisie, la zone de libre échange entre la Tunisie et la Libye, l’accord de
coopération entre la Mauritanie et la Libye, la redynamisation de l’Union maghrébine pour
l’agriculture et la pêche, la création de l’union maghrébine des employeurs, la création de
l’union des foires des pays de l’UMA et l’avancée des travaux concernant la banque
maghrébine pour l’ investissement et le commerce extérieur.

2-3-1 Accord de partenariat privilégié entre l’Algérie et la Tunisie


L’accord a été signé à l’issue de la dix-septième réunion du Haut Comité Conjoint
Algéro-Tunisien, le 04 Décembre 2008 à Tunis. L’accord envisage l’exonération de deux mille
produits des droits de douane. Il s’agit d’une exonération douanière partielle et progressive sur
cinq et dix ans. Le document signé lors de cette session est le premier du genre entre les deux
pays. Il englobe des listes de produits sur lesquels les deux parties se sont accordées pour les
faire bénéficier, à leur entrée sur les marchés algériens et tunisiens, des mêmes avantages
tarifaires accordés par les deux pays au partenaire européen dans le cadre de leurs accords
d’association respectifs.

L’objectif attendu de l’accord, est d’ouvrir la voie à des relations économiques et


commerciales fluides, devant évoluer vers la mise en place future d’un accord économique
susceptible de permettre la création de projets économiques entre opérateurs des deux pays.
L’accord prévoit également un certain nombre d’avantages à l’échange des produits industriels
d’origine tunisienne ou algérienne. Des exonérations totales sont instituées, dans le cadre de
quotas tarifaires annuels, au profit de deux listes de produits agricoles. Cependant, les
discutions concernant la libéralisation des produits agricoles et des produits agricoles
manufacturés ont été reportées pour 2014, soit cinq ans après l’entrée en vigueur de l’accord.
Le document en question, prévoit aussi la création d’une commission mixte algéro-
tunisienne de partenariat commercial. Cette dernière veillera à la concrétisation des
engagements des deux parties et à l’élargissement du champ de coopération.

Le commerce entre les deux pays est le plus important dans la région. Pour rappel, les
deux pays ont signés en Janvier 2008 un accord sur l’approvisionnement du marché tunisien en
gaz liquéfié algérien. L’accord constitue un pas supplémentaire dans la consécration du

224
partenariat bilatéral et permet d’élever le volume des échanges commerciaux entre les deux
pays.
La Tunisie exporte actuellement vers l’Algérie essentiellement des phosphates, du ciment et
des matériaux de construction. L’Algérie exporte, quant à elle, des carburants, du cuir et des
produits sidérurgiques vers la Tunisie.

Bien que le commerce entre les deux pays ait connu une forte augmentation en 2008,
(augmentation de 50% par rapport à l’année précédente), les deux pays pourraient enregistrer
de meilleurs résultats.

A côté de cet accord, les deux pays ont signé sept autres accords, mémorandums
d’entente et programmes exécutifs. Un programme exécutif et un mémorandum d’entente de
coopération dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, un
accord dans le domaine des travaux publics, un protocole d’accord de coopération dans le
domaine des affaires religieuses, une convention, un protocole et un programme exécutif dans
le domaine de l’emploi, le travail et la sécurité sociale.

2-3-2 La zone de libre-échange entre la Tunisie et la Libye


La convention pour la création d’une zone de libre-échange a été signée le 14/06/2001
entrée en vigueur le 19/02/2002.
L’article 5 de la convention exonère des droits de douane et taxes à effet équivalent
toutes les marchandises et produits entièrement obtenus dans l’un des deux pays et échangés
directement entre les deux pays.

Selon l’article3 de la convention, les produits bénéficient des privilèges suscités et


considérés comme produit d’origine sont :

 les produits agricoles, animaux et les animaux vivants, les matières premières ;
 les produits industriels fabriqués dans l’un des deux pays, dont la valeur ajoutée
représente au moins 40% de la valeur globale du produit.

En plus des exonérations totales des droits de douanes et taxes à effet équivalent, les
produits entièrement obtenus dans l’un des deux pays sont exonérés des restrictions non
douanières notamment celles concernant les licences d’importation et les restrictions
quantitatives, monétaires et administratives lors d’importation.

225
Tous les produits échangés entre les deux pays seront soumis aux législations nationales
en matière de contrôle sanitaire et vétérinaire, de sécurité et de santé, de respect de la bonne vie
et mœurs, de sauvegarde du patrimoine nationale et archéologique et de sauvegarde de
l’environnement.

Les produits échangés doivent être accompagnés d’un certificat d’origine et qui est
contrôlé par les autorités douanières de chacune des deux pays. Nous notons dans ce cadre, que
la reconnaissance mutuelle des certificats de conformité aux normes techniques des
marchandises échangés entre la Libye et la Tunisie est entrée en vigueur le 01/01/2008. La
procédure vise à faciliter les opérations commerciales entre les deux pays dans le cadre d’une
zone de libre-échange tuniso-libyenne et à renforcer la croissance des échanges commerciaux
entre les deux pays. La reconnaissance mutuelle des certificats de conformité aux normes
techniques concerne tous les produits industriels agroalimentaires, les produits artisanals et
l’industrie de ciment, l’industrie de cuir, les industries chimiques et pétrolières, les industries de
textiles et d’habillement, les industries mécaniques et électriques, le packaging et les industries
d’ameublement.

L’accord va permettre d’alléger l’encombrement des marchandises aux niveaux des


points de passage frontaliers car, suite à cette convention, les produits exportés ne seront plus
testés dans les points frontaliers mais plutôt accompagnés par des certificats de conformité
agrées par les deux pays.

Les échanges commerciaux entre les deux pays limitrophes, ont connu une croissance
considérable ces dernières années, notamment après l’entrée en vigueur de l’accord de libre
échange en 2002. Le volume des échanges entre les deux pays est passé de 960 millions de
dollars en 2004 à 1270 millions en 2005, 1790 millions de dollars en 2006 et plus de deux
milliards de dollars en 2007. La Libye est ainsi le premier partenaire arabe pour la Tunisie et la
cinquième au niveau mondiale après la France, l’Italie, l’Allemagne et l’Espagne. La Libye
absorbe 7% des exportations tunisiennes et exporte environ 7% du total de ses exportations
vers la Tunisie.

Pour booster les échanges, les deux pays ont signé un accord financier important. Celui-
ci énonce l’échange des deux monnaies locales auprès des banques accréditées par les deux
pays conformément au taux de change annoncé quotidiennement. L’accord est entré en vigueur
le 20 Mars 2007.

226
Les investissements tunisiens en Libye dépassent les 2 milliards de Dinars tunisiens,
notamment dans les secteurs de l’industrie et des services. De l’autre côté, 39 entreprises
libyennes ont investi en Tunisie dont 31 dans le secteur industriel, 05 dans le tourisme et 03
dans le domaine des services. Elles permettent de créer environ 3060 postes d’emploi, faisant
de la Libye le quatrième investisseur parmi les payes arabes.

Plusieurs autres conventions et accords de coopération ont été signés entre la Tunisie et
Libye, parmi lesquels nous citons :

 une convention dans le domaine de transport maritime et des ports, signée le 16


Février 2000, entrée en vigueur le 19 Février 2002 ;
 une convention relative à l’établissement d’un passage douanier commun à la
zone frontalière de Ras-Ejdir, singée le 18 Février 2000, elle est entrée en
vigueur le 02 Novembre 2001 ;
 une convention cadre concernant l’approvisionnement du marché tunisien en
gaz naturel de provenance libyenne et de ses annexes, signée le 19 Février
2002, entrée en vigueur le 22 Septembre 2003 ;
 un accord relatif à la coopération dans le domaine de la protection de
l’environnement, signé le 19 Février 2002, entrée en vigueur le 22 Septembre
2003 ;
 un accord sur les règles d’origine annexé à la convention de zone de libre
échange du 14 Juin 2001, signé le 18 Février 2003, entré en vigueur le 25
Décembre 2006 ;
 un accord relatif à l’emploi et à l’investissement industriel mixte, signé et entré
en vigueur le 18 Février 2003 ;
 un accord cadre de coopération dans le domaine de la pêche, du grossissement
et de l’élevage du thon rouge, signé le 27 Janvier 2004, notifié le 04 Juin 2004 ;
 une convention de coopération dans le domaine du tourisme, signé le 25 Juin
2005, entrée en vigueur en Février 2006 ;
 un accord financier relatif au remboursement d’un prêt sans intérêts le 06 Mars
2006 ;
 un accord de coopération dans le domaine de la reconnaissance mutuelle des
certificats de conformité, signé le 19 Février 2005, entré en vigueur le 19
Septembre 2006 ;

227
 une convention relative à l’encouragement et à la protection de l’investissement
signé le 19 Février 2005, entée en vigueur le 22 Mai 2006 ;
 un accord de coopération dans le domaine de la recherche scientifique et de la
technologie, signé le 14 Juillet 2006, entré en vigueur le 30 Avril 2007 ;
 un accord de coopération industrielle, signé en Février 2007, entré en vigueur le
30 Mai 2007 ;
 un accord entre les deux banques centrales des deux pays le 18 Février 2007,
entré en vigueur le 30 Mai 2007 ;
 une convention de transport aérien signée le 26 Avril 2008, par l’ouverture de
l’espace aérien entre les deux pays et qui s’est traduite par la levée des
restrictions sur des vols en partance et en provenance des deux pays de manière
à renforcer la liaison aérienne.

Enfin, les relations entre les deux pays sont appelées à se développer dans l’avenir, les
deux pays veillent à concrétiser un certain nombre de projets dont notamment la création d’une
station de transformation de l’électricité et à mettre en place un gazoduc, un projet de zone
touristique frontalière et des zones industrielles communes, outre la construction d’une
autoroute Sfax-Tripoli et faire profiter la Tunisie de la manne pétrolière libyenne.

2-3-3 L’accord de coopération Mauritano-Libyen


Lors des travaux de la dernière grande commission mixte mauritano-libyenne qui s’est
tenue le 11 et 12 Juin 2008 à Tripoli, un nouvel accord cadre de coopération a été signé entre
les deux pays. L’accord englobe des domaines de partenariat aussi variés que la concertation
politique, le commerce, l’enseignement supérieur et la recherche scientifique, la culture et la
communication, la normalisation industrielle, la santé et la promotion de la femme, de
l’enfance et de la famille.

Au cours de la même session, les deux pays se sont engagés à mettre en place les
conditions nécessaires à la mise en place d’investissements libyens en Mauritanie à hauteur de
500 millions de dollars dans les domaines de la production animale (transformation et
exportation des viandes rouges, des produits laitiers, peaux…etc.), du tourisme, des banques ,
de la pêche, de l’électricité, de l’agriculture, des mines et du pétrole (prospection et production)
ainsi que dans la commercialisation et le stockage des hydrocarbures.

228
La Mauritanie s’engage à identifier des projets prioritaires pour le pays et à accorder les
facilités nécessaires pour leur réussite. De son côté, la Libye a décidé d’annuler les intérêts de
la dette de la Mauritanie et reconvertir les fonds initiaux de celle-ci pour financer des projets de
développement.

Au cours des travaux de la même commission, la Libye a accordé à la Mauritanie, dans


le cadre de l’aide bilatérale, la prise en charge par l’Etat libyen des coûts de l’enseignement
pour les enfants de citoyens mauritaniens résidants en Libye et l’accord pour leur accès
prioritaire à l’emploi.

La Libye s’est également engagée à réaliser plusieurs autres volets : la viabilisation et le


forage de puits pour un seuil de financement de 250 millions de dollars, la construction de
centres pré-scolaires pour un financement globale d’un millions de dollars, l’octroi d’un
montant de 2 millions de dollars comme participation initiale dans le financement de la
construction de la faculté des sciences humaines à Nouakchott, la construction de dix unités
sanitaires pour un financement global d’un millions de dollars, la mise à disposition de dix
tracteurs entièrement pris en charge par la Libye, pour appuyer l’effort de la Mauritanie en
matière d’agriculture, la mise à disposition d’une aide alimentaire d’urgence.

Un comité de suivi a été crée, il doit se réunir tous les six mois par alternance dans l’une
ou l’autre des deux capitales, il a pour mission de concevoir et suivre les différents aspects et
domaines de coopération entre les deux pays.

2-3-4 La redynamisation de l’Union Maghrébine pour l’Agriculture et la Pêche

Réunis dans le cadre d’une rencontre consacrée à la dynamisation du rôle de l’Union


maghrébine des agriculteurs, les représentants des organisations agricoles des cinq pays de
l’UMA ont appelé à œuvrer de sorte à promouvoir le secteur agricole, à travers une
coordination des positions et une dynamique de complémentarité des politiques agricoles, à
assurer la sécurité alimentaire de la région et à se positionner en partenaire important.

Les participants ont convenu de mettre en place, sous la tutelle de l’Union, une
commission de suivi chargée d’assurer la coordination entre les organisations agricoles des
pays maghrébins dans l’exécution du plan d’action de l’Union, ainsi que l’élaboration d’un
budget pour le financement de ce plan.

229
Les membres de l’Union maghrébine des agriculteurs se sont mis d’accord pour lancer
des programmes de coopération efficients basés sur l’échange d’expériences, d’études et de
travaux de recherches revêtant un intérêt commun (la maîtrise des ressources hydriques,
l’assurance de la sécurité alimentaire, la lutte contre la désertification, l’adaptation aux
changements climatiques, et la lutte contre les maladies animales et végétales).

Le siège de l’Union maghrébine des agriculteurs a été inauguré en Mai 2008 à Tunis.
L’inauguration d’un nouveau siège, constitue un pas pour la consolidation du rôle de cette
structure dans la réalisation de la complémentarité entre les professionnels du secteur agricole
des cinq pays. Les efforts de cette structure seront axés sur la consolidation de l’encadrement
des agriculteurs dans les pays maghrébins et la promotion de la recherche scientifique, l’ultime
objectif étant de renforcer la productivité du secteur et de réaliser la sécurité alimentaire dans la
région.

2-3-5 La création de l’Union Maghrébine des Employeurs

Les responsables économiques des cinq pays du Maghreb, se sont rassemblés le 17


Février 2007 à Marrakech, pour annoncer la création de l’Union Maghrébine des Employeurs.
Cette nouvelle organisation aura son siège à Alger, elle rassemble la Confédération générale
des entreprises du Maroc, le Conseil des entrepreneurs libyens, l’Union tunisienne de
l’industrie, du commerce et de l’artisanat, la Confédération mauritanienne des employeurs et la
Confédération algérienne des patrons.

L’objectif essentiel de l’Union est de :

 défendre la liberté du commerce et de l’investissement dans la région du Maghreb ;


 œuvrer pour la levée des obstacles à la circulation des marchandises, des services et des
investissements entre les pays du Maghreb ainsi qu’à attirer plus d’investissements
étrangers vers ces pays pour leur permettre de réaliser leurs objectifs de développement
et de répondre aux défis économiques qui les attendent.

Une étude détaillée a été réalisée en vue de dégager un programme d’action lors de la
conférence organisée par le FMI à Tunis du 26 au 29 Novembre 2007, avec la présence des
ministres des finances, les gouverneurs des cinq banques centrales, le secrétaire général de
l’UMA et les présidents des cinq confédérations patronales. Les points contenus dans le plan
d’action sont :

230
 l’interconnexion des sites web existant au niveau de chaque pays, relatifs aux
procédures administratives et aux documents demandés pour la création d’entreprises.
Il est question d’encourager l’utilisation des TIC pour toutes les formalités
administratives dans tous les domaines qui concernent l’entreprise ;
 la promotion et facilitation de la création de projets communs en commençant par
identifier et étudier des projets maghrébins fédérateurs dans des filières porteuses et
ambitieuses et qui peuvent être confiées à des consortiums de sociétés privées, c’est à
l’UME qu’échoit la responsabilité de réaliser les études de faisabilité ;
 l’accélération de la réalisation de l’autoroute maghrébine pour faciliter les échanges et
la circulation des biens et des personnes en s’appuyant sur le partenariat public/privé ;
 le développement du transport maritime et aérien, l’augmentation des fréquences des
vols intermaghrébins et l’extension des open sky à toutes les compagnies maghrébines.

D’autres recommandations insistent sur l’organisation d’actions de formation communes


pour les cadres et les responsables afin d’accroître et de renforcer la capacité managériale des
PME.

2-3-6 La création de l’Union des foires des pays de l’UMA


Les responsables des foires des pays membres de l’UMA ont décidé de créer l’Union
des foires des pays de l’UMA en Janvier 2008, son siège se trouve à Tripoli. Elle est présidée
par le secrétaire du comité de direction de l’office général libyen des foires. L’Union des foires
visent à créer une certaine complémentarité entre les pays de l’UMA dans différents secteurs,
de même cette Union permettra de créer une ère propice à la naissance des relations de
partenariats et à communiquer les opportunités d’investissement et d’échange au Maghreb, et
ce, à travers l’organisation de foires spécialisées.

La commission préparatoire de la réunion constitutive de l’Union des foires des pays de


l’UMA a convenu d’organiser la première édition annuelle de la foire en Algérie, et a adopté un
calendrier pour fixer les endroits et dates des autres sessions annuelles similaires dans le reste
des autres pays. Ces manifestations sont multisectorielles et ouvertes à tout produit et service
fabriqué ou développé dans la région. Les principaux objectifs sont :

 le renforcement des relations économiques et commerciales entre pays


maghrébins ;
 l’identification des opportunités d’investissement et de partenariat économique ;

231
 l’organisation des forums d’échange d’idées et d’expériences.

2-3-7 La banque maghrébine pour l’investissement et le commerce extérieur


Il y a aussi lieu de citer la constitution de la Banque maghrébine d’investissement et de
Commerce extérieur (BMICE) qui devra opérer à l’échelle de toute l’Union du Maghreb arabe.
Adopté le 29 Mars 2006 à Tunis, par le conseil des ministres maghrébins des finances, le statut
de cette institution, dans sa forme, définit la mission impartie à cette banque régionale, celle-ci
consiste à contribuer à la mise en place d’un environnement favorisant une meilleure
intégration régionale, l’investissement mixte, l’intensification des échanges commerciaux et
une meilleure circulation des marchandises et des capitaux.

Un plan d’action a été adopté le 18 Novembre 2008 à Tripoli, à l’issue d’une


« conférence sur les progrès de l’intégration régionale et la promotion des projets communs au
Maghreb » organisée sous l’égide du FMI avec la participation des ministres des finances et des
gouverneurs des banques centrales des cinq pays. Le document recommande d’œuvrer à rendre
opérationnelle la Banque maghrébine au cours de l’an 2009. Mais jusqu’à ce jour, la banque
n’est toujours pas opérationnelle.

Ainsi, toutes ces actions et ces accords témoignent de la volonté des pays du Maghreb à
redynamiser l’UMA, mais elles restent insuffisantes tant que le véritable problème n’est pas
résolu. En revanche, ces pays se sont engagés dans d’autres accords régionaux que sont les
accords d’association avec l’Union Européenne et la Grande Zone Arabe de Libre Echange,
mais pourrons t-ils avoir des effets attendus sans l’intégration de la sous- région ? Ces deux
accords font l’objet de la troisième section.

Section3 : Les accords d’association avec l’UE et la fondation de la Grande Zone Arabe
De Libre Echange

Le Maghreb fait partie de grands groupes régionaux que sont la zone euro-
méditerranéenne - étant donné que les trois pays du Maghreb central ont signé des accords
d’association avec l’Union européenne - et la Grande Zone Arabe de Libre Echange (GZALE).
Nous présenterons le contenu des accords d’association avec l’UE, en étudiant son cadre
juridico-politique, son cadre économique à travers les mesures de libéralisation prévues pour la
circulation des marchandises, des capitaux et le droit d’établissement et des services, le cadre

232
financier et le cadre socioculturel. Nous analyserons les réalisations de ces accords depuis leur
mise en œuvre. Notre intérêt se portera ensuite sur les risques et biens faits de la zone euro-
maghrébine. Comme nous l’avons signalé auparavant, Les pays du Maghreb se sont engagés
dans une autre expérience d’intégration qui est celle de la constitution d’une Grande Zone
Arabe de Libre Echange (ZALE), nous verrons ses principales dispositions en matière de
libéralisation des échanges et son impact sur le développement des échanges et des
investissements depuis son entrée en vigueur.

3-1 Les accords d’association avec l’Union Européenne

L’Europe constitue le partenaire politique et économique principal du Maghreb par la


géographie, l’histoire, la géopolitique, la densité des relations humaines et commerciales. Les
relations avec l’Europe se sont étoffées, densifiées et institutionnalisées au fil du temps.

L’Europe a cherché un rôle plus dynamique dans le développement des pays du Sud et
de l’Est de la méditerranée, car le bassin méditerranéen constitue un espace stratégique pour
cette dernière. L’année 1995 a été marquée par un véritable engagement de la communauté
dans cette région avec l’élaboration d’un projet ambitieux lors de la conférence de Barcelone.

Depuis 1972, la coopération économique dans la zone euro méditerranéenne adoptait un


système de préférences commerciales asymétriques : le système garantissait l’accès au marché
européen des produits des pays de la rive Sud, une règle qui n’était pas réciproque puisqu’elle
autorisait cette dernière à maintenir ses barrières élevées à l’égard des produits européens.
L’incompatibilité du système avec les règles de l’OMC et ses effets limités sur le
développement de la région ont poussé l’UE à proposer la création d’un partenariat euro-
méditerranéen associant 27 partenaires dans un cadre multilatéral. Ce dernier a été officialisé
lors du sommet de Barcelone en Novembre 1995(1) qui a réuni Quinze ministres des affaires
étrangères des Etats membres de la communauté européenne et douze pays de la rive sud de la
Méditerranée, il s’agit de l’Algérie, Chypre, Egypte, Israël, Jordanie, Liban, Malte, Syrie,
Maroc, Tunisie, Turquie et les autorités palestiniennes.

(1)
R.LEVEAU, le partenariat euro-méditerranéen : la dynamique de l’intégration régionale, La documentation
française, 2000, p.34.

233
La conférence a posé les fondements d’un processus devant conduire à l’édification
d’un cadre multilatéral de dialogue et de coopération entre l’UE et les pays tiers
Méditerranéens. Au plan des relations commerciales, l’objectif du processus de Barcelone est
d’établir une zone de libre-échange en 2010 en s’appuyant sur une libéralisation du commerce
entre l’UE et les pays de la rive sud, d’une part, et entre les pays du Sud de la Méditerranée,
d’autre part. La première étape vers la création de la zone a été la conclusion d’un ensemble
d’accords d’association euro-méditerranéens entre l’UE et ses partenaires.

3-1-1 Le contenu des accords d’association

Les accords d’association négociés entre la communauté et chaque pays tiers


méditerranéen, constituent la colonne vertébrale du dispositif de Barcelone et organisent, sur
une base contractuelle, les relations entre les deux entités.
Trois pays de l’UMA ont signé des accords d’association, il s’agit de :

1- la Tunisie : l’accord est signé en Juillet 1995, il est entré en vigueur en Mars 1998.
2- le Maroc : accord signé en Février 1996, il est entré en vigueur en Mars 2000.
3- l’Algérie : l’accord a été signé en Avril 2002, il est entré en vigueur le 01 septembre
2005.

Les accords d’association signés entre la communauté et chacun des pays du Maghreb
fixent les objectifs suivants :
 fournir le cadre approprié au dialogue politique entre les deux parties afin de permettre
le renforcement de leurs relations de coopération ;
 développer les échanges de biens et services ;
 favoriser les échanges humains, notamment dans le cadre de procédures
administratives ;
 encourager l’intégration maghrébine en favorisant les échanges et la coopération dans
les différents secteurs d’activité.

La réalisation de ces objectifs, rentre dans le cadre de la mise en œuvre d’un ensemble
de dispositions qui devront permettre de se rapprocher du niveau de développement
économique et social de la communauté. Les dispositions relèvent du cadre juridico-politique,
économique, financier et socioculturel.

234
3-1-1-1 Le cadre juridico-politique

La coopération dans ce domaine vise à établir des liens durables de solidarité entre les
partenaires, qui contribueront à la prospérité, à la stabilité et à la sécurité de la région
méditerranéenne à travers un dialogue politique régulier.
Le dialogue et la coopération politique ont pour objectifs de :

 faciliter le rapprochement des deux partenaires, par le développement d’une meilleure


compréhension et par une concertation régulière sur les questions internationales dans
l’intérêt mutuel ;
 consolider la sécurité et la stabilité régionale et sous régionale ;
 prendre en considération la position et les intérêts de l’autre et de s’abstenir, en
conformité avec les normes du droit international, de toute intervention directe ou
indirecte dans les affaires internes de chaque partenaire ;
 respecter certains principes comme les droits de l’homme, l’intégrité territoriale et
développer la démocratie dans le système politique.

Le programme tracé dans le cadre de l’Accord, prévoit des réunions périodiques des
hauts fonctionnaires, pour susciter un dialogue permanent entre la communauté et chacune des
parties en vue de contribuer à l’instauration progressive d’une zone de paix, de stabilité et de
sécurité dans le bassin méditerranéen.

3-1-1-2 Le cadre économique


Chacune des parties s’engagent à renforcer leur coopération dans l’esprit du partenariat.
Celle-ci s’appliquera de façon privilégiée aux domaines d’activités subissant des difficultés
liées au processus d’ouverture de leurs économies. Elle portera également sur les secteurs
favorisant le rapprochement des économies en œuvrant à la diversification des exportations. Le
cadre économique concerne la libre circulation des marchandises, la libre circulation des
capitaux et autres dispositions économiques.

1- La libre circulation des marchandises


Un ensemble de mesures et un calendrier de démantèlement sont prévus par l’accord et
visent la libéralisation progressive des marchandises.

235
A. Les produits industriels :
Les accords d’association entre la communauté d’une part, et chacun des pays du
Maghreb central d’autre part, sont basés sur le principe général de l’admission pour chacune
des deux parties des exportations de l’autre en exemption des droits de douane et taxes ayant un
effet équivalent. Ainsi, les exportations industrielles du Maghreb vers l’UE bénéficient du
même traitement que celui appliqué aux échanges intra-européens, de l’autre côté les produits
industriels exportés par l’UE vers le Maghreb seront exonérés de droit et taxes à effet
équivalent.

L’UE et les trois pays du Maghreb établissent une zone de libre-échange et prévoient
une libéralisation totale pendant une période de transition de douze années au maximum. Celle-
ci permettra aux entreprises des pays du Maghreb de se restructurer et de se mettre à niveau
pour faire face aux défis d’une zone de libre-échange.

En pratique, les pays du Maghreb abandonnent les restrictions quantitatives appliquées


aux produits originaires de l’UE dès l’entrée en vigueur de l’Accord. En parallèle, le
démantèlement des barrières s’effectue à des rythmes différents et décroissants selon le degré
de sensibilité des produits. Le démantèlement devra s’effectuer au cours de la période de
transition sur la base de trois listes de produits :

1- un démantèlement total dès l’entrée en vigueur de l’accord pour les biens


d’équipements, il s’agit de biens non fabriqués dans les trois pays et dont les droits de
douane et taxes étaient déjà très faibles.
2- la deuxième liste est composée essentiellement de matières premières industrielles non
produites localement et les pièces de rechange. Les droits et taxes douaniers devraient
disparaître sur quatre ans, à raison de 25% par an, à partir de l’entrée en vigueur de
l’Accord. Pour l’Algérie, le démantèlement est prévu sur six ans, deux ans après
l’entrée en vigueur de l’Accord, à raison de 20%, 10%, 10%, 20%, 20% 20%.
3- la troisième liste est composée de produits fabriqués localement considérés comme étant
sensibles. Le démantèlement est lent, les droits et taxes d’effets équivalents sont
supprimés progressivement après trois ans de délai de grâce pour le Maroc et la Tunisie,
et deux ans pour l’Algérie. Il est prévu une réduction linéaire des droits et taxes à raison
de 10% par an après la période de grâce jusqu’à l’élimination totale.

236
Notons que les accords prévoient des mesures protectionnistes de sauvegarde, sous
certaines conditions, pour protéger des industries naissantes ou celles qui sont confrontées à des
difficultés sociales.
Les accords d’association devraient faire passer les industries maghrébines, d’industries
protégées à des industries totalement ouvertes à la concurrence européenne et internationale.

B. Les produits agricoles :


L’agriculture a toujours été considérée comme secteur sensible dans les accords euro-
méditerranéens, et jusqu’en 2003, une logique d’exception agricole a prévalue dans les accords
d’association. Ainsi, le volet agricole fait l’objet d’une clause de revue qui permet
d’approfondir, par étape, la libéralisation des produits agricoles, des produits agricoles
transformés et de la pêche. Les accords ont prévu une modulation du libre-échange pour les
produits transformés et les produits agricoles et de la pêche.

a- Les produits agricoles transformés :


Ces produits comportent un élément industriel et un élément agricole :
 en ce qui concerne l’importation de produits agricoles du sud de la méditerranée dans la
Communauté, celle-ci maintient l’élément agricole de protection ;
 en ce qui concerne l’importation de produits agricoles transformés communautaires dans
les pays du sud de la méditerranée, ces derniers peuvent adopter le régime
communautaire, en séparant l’élément agricole dans les droits qu’ils appliquent aux
produits d’origine communautaire. Cet élément peut prendre la forme d’un montant fixe ou
d’un droit ad valorem ;
 en ce qui concerne l’élément industriel du droit, il est éliminé selon la périodicité et les
rythmes prévus par l’accord pour les produits industriels ;
 en ce qui concerne l’élément agricole, sa fixation fait l’objet de négociation entre les
parties.
b- Les produits agricoles et de pêche
Il est prévu que la libéralisation des échanges agricoles sera progressive et qu’une
clause de rendez-vous pour une libéralisation ultérieure sera fixée. Cependant, des concessions
réciproques ont été échangées dès l’entrée en vigueur des accords :

 la communauté a réduit ou éliminé les droits de douane à l’importation pour un certain


nombre de produits ;

237
 les pays de la rive Sud de la Méditerranée ont accordé des concessions tarifaires, celles-ci
ne sont pas figées puisqu’il est convenu que dans un délai de cinq ans, les parties
examineraient la situation en vue de fixer de nouvelles mesures de libéralisation. De
nouvelles mesures ont été négociées avec la Tunisie et le Maroc.

2- La libre circulation des capitaux


La communauté ainsi que chacun des pays de la méditerranée du sud assurent, à partir
de l’entrée en vigueur du présent accord, la libre circulation des capitaux relatifs aux
investissements directs, effectués par les sociétés constituées conformément à la législation en
vigueur, ainsi qu’à la liquidation du produit de ces investissements et de tous les bénéfices en
découlant. Chacune des parties coopère pour la mise en place des conditions nécessaires à la
facilitation de cette circulation qui a vocation à aboutir à sa libéralisation complète.

3- Droit d’établissement et de services


Les parties ont convenu d’élargir le champ d’application de l’accord pour inclure le droit
d’établissement des sociétés d’une partie sur le territoire de l’autre partie et la libéralisation de
la fourniture des services.

Le conseil d’association est chargé des recommandations nécessaires, concernant le droit


d’établissement et la libéralisation de la fourniture des services, en prenant en compte
l’expérience acquise par l’application de l’octroi réciproque du traitement de la nation la plus
favorisée et les obligations respectives des parties conformément à l’Accord général sur le
commerce des services.

Les parties s’engagent également à renforcer la coopération économique dans d’autres


domaines parmi lesquels nous citons : la favorisation des actions à impact régional, portant
notamment sur le commerce intra-régional à l’échelle du Maghreb, sur l’environnement, sur le
développement des infrastructures économiques, sur la recherche scientifique et technologique,
sur le domaine culturel, sur les questions douanières, sur les institutions régionales et la mise en
œuvre de programmes et de politiques communes ; la coopération industrielle en soutenant des
actions permettant l’investissement direct et le partenariat industriel, accompagner les
restructurations des secteurs et le programme de mise à niveau ; la promotion et la protection de
l’investissement ; la coopération dans le domaine de télécommunication et des technologies de

238
l’information, dans le domaine de transport, de l’agriculture et de pêche, des services
financiers, d’énergie, de tourisme, d’éducation et de la formation…etc.

La coopération économique se réalise à travers notamment un dialogue économique


régulier, des échanges d’informations et des actions de communication, des actions de conseil,
d’expertise et de formation, l’assistance technique, administrative et réglementaire.

3-1-1-3 le cadre financier

Une coopération financière est prévue dans le but de contribuer pleinement à la


réalisation des objectifs du présent accord. Elle sera mise en œuvre en faveur des trois pays,
selon les modalités et avec les moyens financiers appropriés. Ces modalités sont arrêtées en
commun accord entre chacune des parties. Les domaines d’application de cette coopération
sont principalement :
 la facilitation des réformes visant la modernisation de l’économie, y compris le
développement rural ;
 la mise à niveau des infrastructures économiques ;
 la promotion des investissements privés et des activités créatrices d’emploi ;
 la prise en compte des conséquences de la mise en place progressive d’une zone de libre
échange sur l’économie, notamment sous l’angle de la mise à niveau de l’industrie ;
 l’accompagnement des politiques mises en œuvre dans les secteurs sociaux ;

3-1-1-4 Le cadre socio- culturel

L’objectif visé étant la promotion de la compréhension mutuelle entre chacune des


parties, par l’accroissement des efforts de coopération avec la société civile. Il est donc prévu
des dispositions relatives aux travailleurs, un dialogue dans le domaine social, des actions de
coopération en matière sociale, la coopération en matière culturelle.

1- La coopération en matière sociale

a) Des dispositions relatives aux travailleurs : chacune des parties accorde aux travailleurs
de l’autre partie, et qui se trouvent sur son territoire, un régime caractérisé par l’absence
de toute discrimination en ce qui concerne la rémunération. Ils bénéficient, avec leurs

239
familles, d’une sécurité sociale, de prestations sociales et d’un libre transfert pécuniaire
vers leurs pays d’origine.
b) Un dialogue dans le domaine social : il est instauré entre les parties, un dialogue
régulier portant sur tout sujet relevant du domaine social qui présente un intérêt pour
elles. Il est l’instrument de la recherche des voies et conditions de progrès à réaliser pour
la circulation des personnes. Le dialogue porte sur les conditions de vie et de travail des
communautés, sur l’intégration aux actions et programmes favorisant l’égalité entre
citoyens de chacune des parties, sur l’immigration clandestine...etc.
c) Des actions de coopération en matière sociale : les parties reconnaissent l’importance
du développement social, qui doit aller de paire avec le développement économique.
Chacune des parties accordent une priorité au respect des droits sociaux fondamentaux.
Afin de consolider la coopération dans ce domaine, des actions et programmes seront mis
en place pour :

 la favorisation de l’amélioration des conditions de vie, la création d’emplois et le


développement de la formation ;
 la réinsertion des personnes rapatriées en raison du caractère illégal de leurs situations
au regard de la législation de l’Etat considéré ;
 la promotion du rôle de la femme dans le processus du développement économique et
social ;
 l’amélioration du système de protection sociale et du secteur de la santé ;
 l’amélioration des conditions de vie dans les zones défavorisées ;
 la formation du dialogue socio-professionnel ;
 la contribution au développement du secteur de l’habitat ;
 l’atténuation des conséquences négatives résultant d’un ajustement des structures
économiques et sociales ;
 la mise en œuvre et le financement de programmes d’échanges et de loisirs.

Un comité de travail est créé par le conseil d’association, il est chargé de l’évaluation
permanente et régulière de la mise en œuvre des dispositions prévues.

2- La coopération en matière culturelle : l’accord a pour objectif de promouvoir


l’échange d’informations, et la coopération culturelle sur la base du principe de la
recherche d’une réciprocité des cultures respectives. La coopération pourrait couvrir
les domaines suivants : la traduction littéraire ; la conservation et la restauration des

240
sites et monuments historiques et culturels ; l’organisation de manifestations
culturelles ; l’encouragement de la coopération dans le domaine audiovisuel par la
formation et la coproduction ; la diffusion de produits culturels ; l’établissement de
liens durables entre les organismes spécialisés des parties destinés à la mise en
commun et à l’échange d’expériences et de moyens.

3-1-1-5 Dispositions institutionnelles générales et finales

Un conseil d’association est institué, il examine les problèmes importants se posant dans
le cadre de l’Accord ainsi que toutes autres questions bilatérales ou internationales d’intérêt
commun. Le conseil se réuni au niveau ministériel autant que possible. Il se réuni une fois par
an à l’initiative de son président, dans les conditions prévues par le règlement. Il est composé
d’une part, de membres du conseil de l’UE et d’autre part, de membres du gouvernement de
l’autre partie. Sa présidence est exercée à tour de rôle, selon les modalités prévues dans le
règlement intérieur. Pour réaliser les objectifs qui leur sont assignés, le conseil d’association
dispose d’un pouvoir de décision. Les décisions prises seront obligatoires pour les parties.
Un comité d’association est également institué, il est chargé de la gestion de l’Accord, il
se réuni au niveau des fonctionnaires.

3-1-2 Bilan de la coopération

Le bilan de la coopération est mitigé, s’il y a eu quelques réalisations positives, il reste


beaucoup à faire pour réaliser pleinement le potentiel de la déclaration de Barcelone.

Au niveau du volet politique et institutionnel, un certain progrès est accompli ; tous les
accords d’association ont été négociés et la plupart d’entre-eux sont entrés en vigueur. Les
conseils et les comités d’association se réunissent régulièrement et une série de sous-comités
techniques assure la mise en œuvre. Sur le plan multilatéral, les ministres, les hauts
fonctionnaires et les experts se réunissent régulièrement pour se mettre d’accord sur les
principaux domaines de coopération.

Une assemblée parlementaire euro-méditerranéenne a été créée au cours de la


conférence ministérielle de Naples (décembre 2003). Une instance consultative composée de
240 membres, issus des parlements nationaux (120 pour l’EU, 120 pour les partenaires).

241
L’assemblée permet de décentraliser les débats euro-méditerranéens et une proximité avec tous
les acteurs du partenariat.

En matière de sécurité, la coopération dans ce domaine n’est pas avancée au rythme


espéré vus les conflits non résolus dans la région : situation au Proche-Orient, la non résolution
du conflit du Sahara occidental. Cependant, une attention particulière est accordée à la
coopération dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée. Plusieurs réunions ont
lieu entre ministres concernés afin d’unifier leurs politiques et leurs actions contre les réseaux
de criminalité organisée.

Le volet culturel, social et humain se développe peu à peu. La conférence de Naples a


lancé le projet de fondation euro-méditerranéenne Anna Lindh pour le dialogue des cultures.
Inaugurée en Avril 2005, elle a pour tâche essentielle de développer les échanges entre les
sociétés civiles et favoriser le dialogue des cultures et civilisations. Les contacts Nord-Sud et
Sud-Sud entre les sociétés civiles ont été renforcés. La coopération s’est développée entre les
organisations non gouvernementales concernant les droits de l’homme, l’environnement, le
patrimoine culturel ainsi qu’entre les syndicats, les organisations professionnelles...etc.

Sur le plan économique et financier, la première évaluation des accords signés par la
Tunisie et le Maroc, fait ressortir que l’effort financier de l’UE n’est pas en mesure de répondre
aux attentes de l’économie, en plus du retard dans le processus de déboursement des fonds. Il a
été constaté que l’effort de l’UE reste faible comparé à celui fourni aux pays de l’Europe
orientale : l’Europe a consentis de lourds investissements à ces pays, évalués à 40 milliards
d’écus contre seulement 4,6 milliards d’écus pour les douze pays au Sud. Ainsi, les faibles
engagements financiers de l’UE n’ont pas suffisamment contribué à relancer la croissance
économique de ces pays.

L’expérience montre que les accords de l’UE n’ont pas augmenté les parts de commerce
des pays Sud méditerranéens dans les échanges européens. Les parts de commerce des pays du
Maghreb dans les marchés de l’UE sont nettement plus petites et stagnantes que celles des pays
de l’Europe centrale et de l’Est, ce qui traduit le peu d’efficacité des accords d’association avec
l’UE. Celle-ci continue de prendre des mesures protectionnistes concernant l’accès des produits
industriels maghrébins au marché communautaire (les accords d’autolimitation pour les
produits textiles). De plus, les dossiers des produits agricoles et de la pêche n’ont pas fait
l’objet d’une véritable négociation en vue de la libéralisation des échanges les concernant.

242
Selon un rapport réalisé par la Banque mondiale, le peu d’impact de ces accords est
imputé aux faiblesses au niveau de leur conception et de leur mise en œuvre. Les accords sont
limités au niveau de leur couverture, car ils ne couvrent pas la main-d’œuvre et l’agriculture,
quant aux services, ils sont reportés à d’autres négociations. De plus, la plupart des produits
agricoles en provenance de la zone méditerranéenne, lorsqu’ils sont moins chers que les
produits de l’Union européenne, sont sujets aux restrictions de la PAC, les barrières tarifaires
varient selon les produits et les saisons, avec un prix plus élevé imposé durant les périodes où
les importations communautaires sont susceptibles d’entrer en compétition avec les produits
locaux.

(1)
Les accords comportent des règles d’origine restrictives pour certains biens
manufacturés notamment pour les vêtements et textiles, les partenaires sud-méditerranéen se
plaignent de la complexité des règles d’origine et des coûts de leur mise en œuvre.

Peu de progrès ont été réalisés pour harmoniser les normes entre partenaires. Les
normes appliquées aux importations sont justifiées en raison de préoccupations de santé, de
sécurité et d’environnement, mais ces dernières s’avèrent discriminatoires et deviennent des
barrières non tarifaires et réduisent ainsi les perspectives de commerce, alors que les accords
d’accession à l’UE avec les pays d’’Europe centrale et de l’Est ont inclus une assistance
technique et financière afin d’adopter progressivement les règlementations techniques de l’UE.
Les accords d’association ont été moins ambitieux et n’ont pas spécifié comment harmoniser
les normes.

L’autre faiblesse constatée concerne les flux d’investissements directs étrangers à


destination du Maghreb qui ne constituent qu’une part réduite des investissements européens
dans le monde, bien qu’ils représentent pour les pays maghrébins l’essentiel des flux qu’ils
reçoivent.

En résumé, le processus de Barcelone a permis d’aborder de nombreuses questions


régionales stratégiques, beaucoup a été accompli, mais plusieurs défis communs demeurent,
notamment la sécurité, la protection de l’environnement, la pérennité des approvisionnements
énergétiques pour l’Europe, la maîtrise des flux migratoires, l’attractivité des IDE pour les pays
(1)
Les règles d’origine définissent les conditions auxquelles un produit doit répondre pour être jugé originaire du
pays dont l’accès préférentiel est recherché. Elles sont généralement classées des moins restrictives aux plus
restrictives de la manière suivante : celles qui impliquent un changement dans la classification tarifaire, celles qui
stipulent une valeur ajoutée minimum et celles qui exigent des procédés de production spécifiques (Banque
mondiale 2003)

243
de la rive sud, la libre circulation des personnes…..etc. La persistance des conflits au sud de la
Méditerranée ainsi que le manque de coopération entre les Etats partenaires ont eu un impact
négatif sur l’avancée du processus.

3-1-3 Zone de libre-échange euro-maghrébine : risques et bienfaits

Les trois pays du Maghreb central s’engagent donc à créer une zone de libre-échange
avec l’UE sur une période de transition de 12 ans. Parmi les divers avantages que cette
association offre pour les trois pays maghrébins, nous pouvons citer entre autres :

 l’arrimage des économies maghrébines à un ensemble économique puissant, l’enjeu


pour les pays européens consiste à renforcer la dynamique économique des pays voisins
pour susciter de nouvelles opportunités de développement d’autant que la région
permet de bénéficier de mains d’œuvre moins coûteuse, des frais de transport plus faible
et d’un marché important qui servira de débouché pour l’Europe.
 la garantie d’une réelle intégration des économies dans les échanges internationaux, en
effet la suppression des droits de douane auxquels sont soumis les produits européens
va engendrer une augmentation des importations, mais peut également favoriser les
exportations grâce à une reconnaissance mutuelle des régulations concernant : la santé
et la sécurité de consommation ; les régimes de certification ; les normes
environnementales ; les procédures douanières ; les lois sur la concurrence. Ces règles
sont généralement utilisées comme barrières non tarifaires. L’accord d’association
offre un cadre de discussion intergouvernementale et qui peut se révéler plus efficace
pour harmoniser ces règles que dans un cadre multilatéral :
 le transfert des technologies et du savoir faire : les trois pays du Maghreb peuvent
bénéficier d’un transfert de technologie et de savoir-faire européen à travers notamment
l’assistance technique européenne dans la mise à niveau des différents secteurs
économiques ; le partenariat entre les entreprises maghrébines et européennes (fusion,
sous-traitance, acquisition et prise de participation).

Cependant, Le processus d’intégration à l’UE est générateur de défis à relever et de


contraintes à dépasser notamment, dans le domaine industriel. Car ces accords devraient faire
passer les industries protégées du Maghreb à des industries totalement ouvertes à la
concurrence européenne. Le processus présente d’énormes défis notamment aux entreprises de
la région, qui devraient être en mesure d’affronter une concurrence de plus en plus forte sur le

244
marché national, mais aussi sur le marché européen. Ainsi une mise à niveau des entreprises
industrielles de la région s’impose afin d’affronter leur concurrentes européennes plus
structurées et mieux organisées.

L’insertion des entreprises industrielles de la région dans la nouvelle dynamique


compétitive dépend, de leurs possibilités à résister au choc de l’ouverture, pour pouvoir
défendre leurs positions sur leurs marchés et appuyer leur présence sur le marché européen.
Dans ce contexte, les pays du Maghreb devraient s’engager dans le reprofilage de la politique
industrielle pour l’adapter au nouveau contexte, de consolider leurs bases industrielles et de
garantir la durabilité de leur compétitivité. Ceci exige le développement des facteurs nationaux
de compétitivité, la création d’un environnement favorable, comme la réduction des impôts sur
le commerce, une souplesse au niveau des structures réglementaires et organisationnelles, la
promotion de l’innovation technologique, le développement de l’infrastructure de base…etc. Le
cas le plus délicat est celui de l’Algérie, sachant que l’industrie de celle-ci est plus tournée vers
l’industrie lourde et le marché local que vers l’industrie légère et l’exportation, ce qui ne
favorise pas le pays, car la dernière structure manifeste plus de flexibilité en matière
d’adaptation à l’ouverture de l’économie, sans oublier l’état archaïque des entreprises
algériennes.

La perspective d’une zone de libre-échange implique aussi une redéfinition globale de la


politique budgétaire et des outils à mettre en œuvre. Pour les pays du Maghreb, l’UE représente
un partenaire privilégié : elle détient plus de 50% du commerce extérieur de l’ensemble des
pays. La libéralisation des échanges entre les deux rives induit donc une forte réduction des
recettes nationales dans les trois pays du Maghreb liée à la perte des droits de douanes dans la
zone.

Aujourd’hui, les effets de dimension militent, plus qu’hier, en faveur d’une union
(1)
régionale . Les dirigeants des pays du Maghreb doivent prendre conscience qu’un marché
intégré de plus de 70 millions de consommateurs offre plus de débouchés qu’un marché isolé et
présente une forte capacité d’attirer les investissements étrangers.

(1)
La taille du marché vient en tête d’un ensemble de critères d’un pays attractif selon une enquête réalisée par le
FIAS, viennent ensuite les autres critères : la stabilité politique et économique, une main d’œuvre disponible et
qualifiée, la présence de firmes performantes, la nature et l’efficacité des infrastructures en place localement et
régionalement de télécommunication et transport et en dernier les incitations fiscales, tarifaires et financières

245
La perspective de constitution d’une zone de libre-échange euromaghrébine, devrait
représenter un fort argument pour les pays du sud afin de promouvoir une intégration Sud- Sud.
Plusieurs spécialistes de la question ont souligné la nécessité du libre-échange Nord-Sud
accompagné par la réalisation du libre-échange Sud-Sud. Un tel espace économique aura pour
effet d’attirer les investisseurs dans le territoire de la rive sud, car un marché sans barrières
douanières, d’une plus grande taille permet d’obtenir des coûts de production plus bas, ce qui
favorise une localisation des entreprises au Sud. En revanche, si les pays du Sud maintiennent
des barrières aux échanges entre eux et instaurent le libre-échange avec l’UE, les entreprises
choisiront certainement de s’établir sur le territoire européen, car elles disposeraient alors d’un
accès sans tarifs tant sur le marché européen que sur celui de tous les pays maghrébins. D’autre
part, le développement du libre-échange maghrébin contribuerait à éviter la fragmentation du
marché et faciliterait la spécialisation et la diversification économique de ces pays. (1)

Une intégration Sud-Sud pourrait atténuer les effets négatifs d’une intégration à
l’Europe : les accords de libre-échange passés avec l’Europe peuvent avoir comme effet la
prospérité de quelques branches d’activités dans lesquelles les économies maghrébines
devraient se spécialiser. Ceci implique un fort déséquilibre de leur système productif au
détriment des industries manufacturières qui s’inclinent devant la forte concurrence des
produits européens. Dans ce cas, l’attractivité des investissements étrangers pour produire sur
leurs territoires permet d’alimenter le marché régional de l’intérieur et par la même développer
le potentiel productif de la région ainsi que le niveau de l’emploi et les revenus. L’arrivée des
investissements permet de créer des conditions favorables à la mise en place d’un système
productif intégré par la mise en valeur des complémentarités régionales.

Parallèlement aux défis que génère la création de la zone de libre-échange euro


maghrébine, cette dernière offre également des opportunités qu’il faudrait saisir, comme les
possibilités de partenariat, marché important et solvable, un effet dynamisant...etc.

Le processus de Barcelone, qui a inclut trois pays de l’UMA, était censé avoir des
répercussions sur le projet d’intégration maghrébine car le rapprochement entre les deux rives
de la méditerranée reposait tout d’abord sur une intégration de type sud-sud. Les cinq pays du
Maghreb ce sont également engagés dans un autre regroupement, cette-fois, Sud-Sud, il s’agit
de la Grande Zone Arabe de Libre-Echange.

(1)
C.BERTHOMIEN, la prospérité des pays du Maghreb passe-t-elle par l’intégration économique régionale ?
Revue algérienne, N° 4, 2000, pp. 179-206.

246
3-2 La Grande Zone Arabe de Libre Echange

La GZALE est opérationnelle depuis le 01 Janvier 2005 avec la suppression totale des
droits de douane. La zone est constituée de 17 membres qui concentrent 94% du commerce
arabe, il s’agit du Maroc, Tunisie, Libye, Egypte, Liban, Syrie, Palestine, Jordanie, Irak,
Koweït, Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis, Oman, Qatar, Bahreïn et Yémen. La mise en
place de cet espace, vise à dynamiser les échanges commerciaux interarabes et au renforcement
du pouvoir de négociation des pays membres avec des blocs puissants comme l’UE ou
l’ALENA.

3-2-1 Le monde arabe : potentialités physiques et humaines

La superficie du monde arabe est de 14,2 millions de kilomètres carrés, soit 10,2% de la
superficie mondiale. Le monde arabe se divise en pays du Macherek et pays du Maghreb.
L’ensemble constitue un point de croisement dans les communications internationales et jouit
ainsi d’une importante position stratégique, il possède de grandes potentialités humaines,
économiques et surtout énergétiques.

Le monde arabe recèle des ressources énergétiques énormes : les estimations des
réserves prouvées de pétrole ont atteint 672,1 Mds de barils en 2008, l’ensemble des réserves
prouvées arabes représentent 57,7% des réserves mondiales. Tandis que les réserves prouvées
de gaz naturel sont estimées à 53,716 Mds de mètres cubes à la fin de l’année 2008, ce qui
représente 30,3% du total mondial.

La production des pays arabes en pétrole brute a atteint environ 23,7 millions de
barils/jours en 2008 et contribuent donc à 27,5% de la production mondiale. Quant aux
quantités de gaz naturel exportés, elles représentent 13,4% du total des Quantités
commercialisées au niveau mondial, celles-ci ont atteint environ 392,6 Mds de mètres cubes en
2007.
Les pays arabes disposent aussi d’autres ressources naturelles importantes comme le fer
brut avec des réserves estimées à 12,4 Mds de tonne en 2008, le phosphate…etc.

La population totale du monde arabe en 2009 est estimée à 340 millions d’habitants,
soit une augmentation d’environ 8 millions d’habitants par rapport à l’année précédente avec
un taux de croissance de 2,4%. La hausse des taux de croissance démographiques dans les pays

247
arabes est due essentiellement à la hausse du taux de fertilité dans certains Etats - bien qu’il soit
en baisse dans d’autres comme en Algérie (1,59%), en Tunisie ( 1,0%), en Liban (0,64%), au
Maroc (1,59%) - en plus du progrès réalisé dans les services de santé et l’évolution du niveau
de vie.
Le monde arabe est caractérisé par de grandes disparités, tant au niveau des structures
démographiques que dans la répartition géographique des populations. La densité
démographique, tout comme les superficies des pays arabes sont fortement contrastées. Elle
tombe à moins de cinq habitants par kilomètres carrés en Libye et en Mauritanie, mais elle atteint
1589 habitants par kilomètres carrés au Bahreïn en 2008. Les déséquilibres s’agissant de la
population sont frappant : alors que les pays pétroliers, financièrement riches, sont peu peuplés,
c’est le cas du Qatar qui compte 1,448 millions d’habitants en 2008 avec un revenu moyen de
70 651 dollars, d’autres sont financièrement pauvres et relativement peuplés, c’est le cas du
Soudan avec 38,193 millions d’habitants et un revenu moyen de 1,599 dollars.

Le choix du libre-échange a été fait par le monde arabe dès le début des années 1950
avec la signature de l’Accord interarabe sur le commerce et le transit le 07 Septembre 1953.
D’autres accords d’intégration régionale avaient suivi et répondaient à la nécessité, de plus en
plus, partagée des pays arabes, de se constituer autour d’un ensemble régional de taille critique
pour mieux s’insérer dans l’économie mondiale, c’est le cas du Marché Commun Arabe crée en
1964, celui-ci a prévu un programme de libéralisation commerciale en diminuant
progressivement les droits de douane et taxes équivalents.

3-2-2 Les dispositions de la Grande Zone Arabe de Libre Echange

En 1981, un Accord de facilitation et du développement des échanges commerciaux


entre les Etats arabes a été signé, celui-ci a servi de plate forme pour la relance en 1997 de la
Grande Zone Arabe de Libre Echange (GZALE). Celle-ci a été mise en œuvre progressivement
sur une période de sept ans à compter de l’année 1998 prévoyant un démantèlement tarifaire
progressif. En 2005, les produits éligibles sont échangés entre les pays membres de la GZALE en
exonération totale des droits de douanes et droits et taxes d’effet équivalent.

Les deux documents de référence juridique adoptés par le Conseil Economique et


Social de la Ligue Arabe le 19 Février 1997 au Caire sont les suivants :
1- la déclaration de la Grande Zone Arabe de Libre Echange (annexe N°1)

248
2- le programme exécutif de l’Accord de facilitation et de développement des échanges
commerciaux pour l’instauration de la GZALE.

La déclaration définit une série d’objectifs :

 l’instauration de la GZALE sur une période de deux années à partir du 01 Janvier 1998 ;
 l’approbation du programme exécutif institué en vue de la mise en œuvre de la GZALE ;
 la création au sein du Conseil Economique et Social de la Ligue Arabe des commissions
spécialisées chargées de suivi de l’exécution du calendrier prévu à cet effet ;
 la promotion des relations économiques et commerciales entre les pays arabes.

Les objectifs de la convention de facilitation et de développement des échanges


commerciaux sont :

1- La libéralisation des échanges commerciaux entre les Etats membres, des différentes
taxes et restrictions qui leur sont imposées selon les critères suivants :

a) l’exonération totale, pour certaines marchandises et produits arabes échangés entre


les Etats membres, des droits et taxes imposés aux produits échangés ;
b) la diminution progressive des différents droits et taxes imposés aux autres
marchandises et produits arabes échangés ;
c) la protection progressive des marchandises et produits arabes, pour faire face à la
concurrence des produits non arabes similaires ou de remplacement ;
d) l’établissement de la liste des produits et des marchandises mentionnés dans les
paragraphes (a, b, c) en des paramètres bien précis.

2- La facilitation du financement des échanges commerciaux entre les Etats membres et le


Règlement des dépenses découlant de ces échanges.
3- l’octroi de facilités aux services liés aux échanges commerciaux entre les Etats
membres.
4- Le choix du principe des échanges directs dans le commerce entre les Etats membres.
5- La prise en compte du niveau de développement de chacun des Etats membres et surtout
de la situation des moins avancés d’entre-eux.
6- La répartition équitable des coûts et des bénéfices découlant de l’application de la
présente convention.

249
La convention de facilitation et de développement des échanges commerciaux entre les
Etats arabes établi trois annexes :

- annexe 1 : liste des sous positions tarifaires des produits exclus du bénéfice des préférences
Tarifaires accordées dans le cadre de la zone arabe de libre échange ;
- annexe 2 : les dispositions générales et les règles d’origine détaillées applicables dans
Le cadre de la zone arabe de libre échange ;
- annexe 3 : modèle du certificat d’origine

3-2-3 Champ d’application


La convention stipule que tous les produits originaires peuvent être échangés sous un
régime tarifaire préférentiel entre les Etats membres, à l’exception des produits figurant sur la
liste visée à l’annexe1, la liste comportant 384 sous positions tarifaires et concerne les produits
exclus de l’avantage préférentiel accordé dans le cadre de la zone arabe pour des raisons
religieuses, sanitaires, sécuritaires et environnementales.

Les pays membres de la zone arabe de libre-échange, ci-après dénommés « Etats de la


Zone » sont les suivants : l’Algérie ; l’Egypte ; les Emirats Arabes Unis ; le Bahreïn ; la
Tunisie ; l’Arabie Saoudite ; le Soudan ; la Syrie ; l’Irak ; Oman ; la Palestine ; le Qatar ; le
Koweït ; le Liban ; la Libye ; le Maroc ; la Mauritanie et le Yémen.

Selon l’article 6 du chapitre 2 relatif aux dispositions spécifiques, seront exonérés des
droits de douane, des taxes à effets similaires et des restrictions non douanières imposées à
l’importation, les produits arabes suivants :

1) les produits agricoles et animaliers à l’état brut, ou transformés dans le but d’en
faire des produits consommables ;
2) les produits bruts miniers ou non miniers sous leur forme primaire ou sous une
forme adéquate pour leur industrialisation ;
3) les produits semi-finis figurant dans les listes adoptées par le conseil, et qui
interviennent dans la production des produits industriels ;
4) les produits issus des projets arabes communs crées dans la ligue des Etats arabes ou
dans le cadre des organisations arabes œuvrant sous son égide ;
5) les produits industriels retenus d’un commun accord conformément aux listes
adoptées par le conseil.

250
Ainsi, tous produits non exclus de la Zone arabe de libre échange, originaire des Etats
arabes membres bénéficient, à leur échange entre ces Etats, de l’exonération totale des droits de
douanes et de droits et taxes d’effet équivalent à partir de la date de la signature de la
convention.

3-2-4 Définition des règles d’origine et les méthodes de coopération administratives


Applicables dans le cadre de la GZALE

Les préférences tarifaires et commerciales accordées entre les Etats arabes, dans le cadre
de la Zone de libre échange, se limitent aux seules marchandises originaires de ces mêmes
Etats. Ainsi, et afin d’éviter les pratiques frauduleuses et préserver les intérêts du trésor public,
la détermination et les contrôles de l’origine sont indispensables.

3-2-4-1 Les critères de détermination de l’origine


Les critères de détermination de l’origine concernent des produits entièrement obtenus,
des produits non entièrement transformés et les règles de cumul.

A. Les produits entièrement obtenus :


L’article 4 de l’annexe 2 concernant les dispositions générales et règles détaillées pour
les chapitres et les positions tarifaires des produits adoptés par le Conseil, stipule que sont
considérés comme entièrement obtenus dans les Etats de la Zone :

a. les produits minéraux extraits de leurs sols ou de leur fonds de mers ou d’océans
(pétrole, gaz, produits miniers…)
b. les produits du règne végétal qui y sont récoltés (fruits et légumes…) ;
c. les animaux vivants qui y sont nés ou élevés ;
d. les produits provenant d’animaux vivants qui y font l’objet d’un élevage (les œufs,
laits…) ;
e. les produits de la chasse et de la pêche qui y sont pratiquées ;
f. les produits de la pêche maritime et autres produits tirés de la mer en dehors des eaux
territoriales des Etats de la Zone par leurs navires ;
g. les produits fabriqués à bord de leurs navires usines, à partir de produits visés au point
f;
h. les articles usagés ne pouvant servir qu’à la récupération des matières premières ;

251
i. les déchets provenant d’opérations manufacturières qui y sont effectuées ;
j. les produits extraits du sol ou du sous-sol marin situé hors de leurs eaux territoriales
pour autant qu’elles aient des droits exclusifs d’exploitation sur ce sol ou sous-sol ;
k. les marchandises qui y sont fabriquées exclusivement à partir de produits visées aux
points a à j.

B. Les produits non entièrement obtenus ou transformés :

1) Les transformations suffisantes :


Les produits non entièrement obtenus, doivent subir des ouvraisons ou transformations
suffisantes pour acquérir le caractère originaire. La convention présente une liste des opérations
suffisantes pour conférer le caractère originaire dans l’annexe2 de la convention. Pour les
produits ne figurant pas sur cette liste, la règle leur conférant le caractère originaire est la
suivante :
« La valeur ajoutée dans l’Etat membre de la Zone équivaudrait à au moins 40% de la valeur
finale du produit au moment de sa production ».

2) Les transformations insuffisantes :


Certaines opérations d’ouvraison ou de transformation sont considérées comme
insuffisantes pour conférer le caractère originaire, elles consistent en :

a. la manipulation destinées à assurer la conservation en l’état des produits pendant leur


transport et leur stockage (aération, étendage, séchage, réfrigération, mise dans l’eau
salée, soufrée ou additionnée d’autres substances, extraction de parties avariées et
opérations similaires) ;
b. les opérations simples de dépoussiérage, de criblage, de triage, d’assortiments (y
compris la composition de jeux de marchandises), de lavage, de peinture, de
découpage ;
c. les changements d’emballages et les divisions et réunions de colis ;
d. la simple mise en bouteilles, en flacons, en sacs, en étuis, en boîtes, sur
planchettes,…etc. ainsi que toutes autres opérations simples de conditionnement ;
e. l’apposition sur les produits eux-mêmes ou sur leurs emballages de marques,
d’étiquettes ou d’autres signes distinctifs similaires ;
f. le simple mélange de produits, même d’espèces différentes, dès lors qu’un ou plusieurs
composants du mélange ne répondent pas aux conditions d’acquisition d’origine

252
établies par la convention et son programme exécutif pour pouvoir être considérés
originaires d’un des Etats de la Zone ;
g. la simple réunion de parties en vue de constituer un produit complet ;
h. le cumul de deux ou plusieurs opérations visées sous a à g ;
i. l’abattage des animaux.

Pour déterminer si une ouvraison ou une transformation est insuffisante, il est tenu
compte de l’ensemble des opérations effectuées sur le produit dans un Etat de la Zone ou dans
l’ensemble des Etats de la Zone.

C. Les règles de cumul :


Les matières qui sont originaires par exemple de l’Algérie, sont considérées comme des
matières originaires d’un autre Etat membre lorsqu’elles sont incorporées dans la production
d’un produit, sans qu’il soit exigé que ces matières y aient fait l’objet d’une transformation
suffisante, à condition qu’elles aient fait l’objet d’ouvraison ou de transformation allant au-delà
de celles citées au point B.
Lorsque les transformations effectuées dans un Etat membre ne vont pas au-delà des opérations
visées au point B, le produit obtenu est considéré comme originaire de cette Etat uniquement si
la valeur ajoutée y apportée est supérieure à la valeur des matières utilisées originaires de l’un
des autres pays de la Zone, auquel cas le produit obtenu est considéré comme originaire du
pays arabe qui a fourni la plus forte valeur en matières utilisées dans la fabrication.

D. Le transport direct :
Le régime préférentiel prévu par la convention et son programme exécutif, est
applicable uniquement aux produits qui sont transportés directement entre les Etats de la zone.
Toutefois, le transport de produit constituant un seul envoi, peut s’effectuer en empruntant
d’autres territoires, le cas échéant, transbordement ou entreposage temporaire à condition que
ces produits restent sous la surveillance des autorités douanières du pays de transit ou
d’entreposage et sans subir d’autres opérations hormis le déchargement et le rechargement ou
toute autre opération destinée à assurer leur conservation en l’état.
E. l’interdiction des ristournes ou exonération des droits de douane :
Les matières non originaires rentrant dans la fabrication d’un produit originaire d’un
des Etats membres ne bénéficient pas de ristourne ou d’une exonération des droits de douane.
L’interdiction s’applique à tout arrangement en vue du remboursement, de la remise ou du non

253
paiement partiel ou total des droits de douanes applicables dans un Etats membres aux matières
mises en œuvre dans la fabrication si ce remboursement, cette remise ou ce non paiement
s’applique expressément ou en fait, lorsque les produits obtenus à partir de ces matières sont
exportés et non destinés à la consommation nationale.

3-2-4-2 La preuve de l’origine


La preuve de l’origine doit être justifiée par un certificat d’origine qui constitue le
document justificatif du caractère originaire des produits éligibles au bénéfice des préférences
tarifaires accordées dans le cadre de la Zone arabe. Toutefois, les petits envois dépourvus de
caractère commercial adressés à des particuliers ou contenus dans les bagages des voyageurs,
sont dispensés de la production de la preuve de l’origine si la valeur globale des produits
n’excède pas 500 dollars, pour les petits envois, ou la valeur de 1200 dollars concernant les
bagages personnels des voyageurs.

En Algérie, le certificat d’origine est délivré par la chambre algérienne de commerce et


d’industrie, visé par les services des douanes du bureau des douanes à partir duquel
l’exportation est effectuée. La durée de vie du certificat est fixée à six mois.

Toutefois, ce programme de démantèlement tarifaire n’est pas global, puisque chaque


membre a la possibilité de dresser une liste de produits manufacturés et semi manufacturés qui
ne seront pas soumis au démantèlement douanier pendant les trois premières années de
l’accord, et ce afin de permettre à l’industrie locale d’entamer un processus préalable de
restructuration nécessaire à l’amélioration de sa compétitivité. Notons que la liste négative
établie par l’Algérie comporte 1577 produits, 436 nouveaux produits ont été ajoutés à la
première liste constituée de 1141 produits, celle-ci a été révisée suite à l’enregistrement des
réclamations des opérateurs économiques. Il s’agit notamment de filières de production qui
doivent être protégées pour une durée déterminée tels que les produits de l’industrie
agroalimentaire, le textile, papier et carton, l’électroménager et certains produits agricoles. Des
mesures similaires ont été prises par d’autres pays membres dans le but de protéger leur
production nationale, c’est le cas du Maroc (804 produits), de l’Egypte (709 produits), la Syrie
(255 produits), de la Tunisie (161 produits), du Liban (41produits) et de la Jordanie (35
produits).

La libéralisation des produits agricoles est limitée par l’adoption d’un régime de
calendrier.

254
L’Algérie a adhéré à la ZALE en Janvier 2009, mais il subsiste des problèmes relatifs
aux règles d’origine des produits échangés dans le cadre de la ZALE. La définition des règles
d’origine bute notamment sur certains groupes de produits tels que les textiles, les produits de
la minoterie, les préparations de viandes, les combustibles minéraux, les produits
pharmaceutiques, les huiles essentielles, les détergents et les matières plastiques. L’Algérie
revendique pour ces catégories de produits un critère de transformation substantiel se
rapprochant au minimum de 70% de la valeur ajoutée, afin de protéger certaines industries
nationales susceptibles d’être menacées par cet accord, ce taux est également défendu par les
autres pays du Maghreb comme l’Egypte et le Soudan, alors que les pays du Golfe militent
pour le maintient du taux à 40%.

3-2-5 Les organes de suivi, d’application et de règlement des différends


Des mécanismes institutionnels ont été prévus en vue d’application de programme
exécutif, ils sont composés de :

1) L’instance de supervision et d’application : elle est représentée par le Conseil


Economique et Social de la Ligue arabe, il est créé dans les années cinquante. C’est
une structure intergouvernementale permanente, elle comprend les représentants des
Etats membres de la Ligue arabe au niveau ministériel. Le conseil se réunit deux fois
par an. Les tâches du conseil sont les suivantes :

a) effectuer un contrôle semestriel sur l’état d’avancement dans l’application du


programme exécutif ;
b) prendre les décisions adéquates pour faire face à toutes les difficultés pouvant entraîner
son application ;
c) résoudre les différends résultant de l’application du programme exécutif

Le Conseil sera assisté dans l’exercice de ses fonctions par les instances et les comités
suivants :
2) Le comité d’exécution et de suivi : le comité aura à étudier les rapports trimestriels
sur l’état d’avancement du programme, les difficultés et les litiges entravant
l’application, et les solutions proposées ; convoquer quatre réunions annuelles pour
étudier les rapports ; présenter des rapports périodiques sur l’état d’avancement dans

255
l’application du programme ; trancher les différends surgissant de l’application du
programme.
3) Le comité des négociations commerciales : chargé d’éradiquer les restrictions non
douanières imposées aux marchandises arabes.
4) Le comité des règles d’origine : chargé de définir les règles d’origine des
marchandises arabes inhérentes à l’application de l’Accord de facilitation et de
développement du commerce et à l’application de son programme exécutif.
5) Le secrétariat technique : il est assuré par la Direction générale des affaires
économiques dont le rôle serait de : établir les projets d’ordre du jour des réunions des
comités ; élaborer un rapport annuel sur les répercutions du programme ; coopérer
avec les institutions et les organismes financiers arabes ; œuvrer pour optimiser les
échanges de données et d’informations entre les Etats arabes.

3-2-6 L’impact de la GZALE sur le niveau des échanges commerciaux et des


investissements interarabes

Nous nous intéresserons, dans ce point, à l’impact de la zone arabe sur l’évolution des
échanges commerciaux et les flux d’investissement depuis son entrée en vigueur.

3-2-6-1 Au niveau des échanges commerciaux


Les tableaux ci-après représentent la part du commerce de la zone arabe dans le
commerce mondial, en valeur et en pourcentage, pour le premier, et la part du commerce intra-
arabe dans le commerce total de la région pour le deuxième.

256
Tableau N°60 : Les échanges extérieurs des pays arabes 2004-2008

Valeurs en milliards de dollars Taux de variation annuel (%) Taux de


*
2004 2005 2006 2007 2008 2004 2005 2006 2007 2008* variation
annuel
2004-2008
-Exportations arabes 403.3 559.6 681.0 792.3 1,049.8 31.9 38.7 21.7 16.3 32.5 27.0
-Importations arabes 288.5 348.9 400.6 530.7 701.6 34.2 20.9 14.8 32.5 32.2 24.9
-Exportations mondiales 9,133.2 10,370.5 12,005.2 13,808.9 15,735.4 16.8 13.5 15.8 15.0 14.0 14.6
-Importations mondiales 9,477.0 10,747.9 12,448.9 14,092.5 16,169.1 16.9 13.4 15.8 13.2 14.7 14.3
-Exportations arabes/
Exportations mondiales 4.4% 5.4% 5.7% 5.7% 6.7%
-Importations arabes/
importations mondiales 3.0% 3.2% 3.2% 3.8% 4.3%

Source : Rapport économique arabe unifié (2009)

Tableau N°61 : Evolution du commerce interarabe


Valeurs en milliards de dollars Commerce intra-arabe/commerce total (%)
2005 2006 2007 2008 2009 2005 2006 2007 2008 2009
-commerce 919.1 1093.3 1342.7 1772.8 1329.4 10.02 10.26 10.06 9.97 10.69
extérieur total

-Exportations 48.1 58.6 70.9 92.9 74.7 8.5 8.5 8.8 8.7 10.3
intra-arabes-FOB
-importations 44.0 53.6 64.2 83.8 67.4 12.6 13.4 12.0 11.9 11.2
intra-arabes-CIF
(1)
exportations + importations / 2
Source : Tableau reconstitué à partir des données du Rapport Economique Arabe Unifié (2009)

257
La valeur du commerce extérieur de la zone en 2008 a augmenté. Les exportations
ont connu une hausse de 32,5% pour atteindre 1,050 milliards de dollars contre environ 792
milliards de dollars en 2007. Le taux des exportations arabes sur les exportations mondiales
a connu une évolution passant de 5,7% en 2007 à 6,7% en 2008. De l’autre côté, les
importations du groupes ont enregistré une hausse de 32,2% en 2008, la valeur de celles-ci
était de 702 milliards de dollars contre 531 milliards en 2007. Ainsi, le poids des
importations arabes dans les importations mondiales a augmenté pour atteindre 4,3% contre
3,8% en 2007.

La hausse des exportations arabes est attribuée essentiellement à l’envolée du cours


de pétrole de janvier à juillet 2008 (88,4 à 131,2 dollars le baril). Quant à la hausse des
importations, celle-ci revient à la hausse des besoins de l’activité économique pour soutenir
la croissance dans la plus part des pays arabes, en plus de la hausse des prix du pétrole pour
les pays l’important ainsi que les prix des produits alimentaires dont la plupart des pays
arabes sont des importateurs nets.

La valeur du commerce interarabe a enregistré, en 2008, une hausse de 22,5%. La


valeur des exportations a connu une hausse de 22,9% soit 86,8 milliards de dollars à la fin
de l’année 2008, alors que la valeur des importations a augmenté de 22,2% soit 78,2
milliards de dollars

Tableau N°62 : La structure des exportations et des importations intra-arabes (2007


-2008 )
Exportations (%) Importations(%)
2007 * 2007 2008
2008

-Matières brutes et fuels minéral 58.9 59.6 52.7 57.2


-Alimentations et boissons 13.0 13.3 11.8 12.4
-Produits chimiques 9.5 10.1 10.4 9.9
- papiers, bois… 13 12.5 16.4 13.1
-Machines et équipements de transport 4.5 4.2 6.9 7.4
-Produits non classés 1.2 0.3 1.7 0.3
Total 100.0 100.0 100.0 100.0

Source : Rapport économique arabe unifié -2010

258
La part des exportations intra-arabes dans les exportations totales représente un taux
de 8,3% en 2008 contre 8,9% en 2007. Quant à la part des importations intra-arabes dans les
importations totales de la région elle représente 11,1% contre 12,1% en 2007. Le recul de
ces taux est expliqué par le fait que le taux de hausse dans la valeur des exportations et
importations totales dépasse le taux de hausse de la valeur des exportations et importations
intra-arabes.

Notons que la contribution des exportations intra-arabes dans les exportations totales
de certains pays est plus importante que le taux moyen de contribution qui était de 8,3% en
2008. Le taux varie de 9,7% en Tunisie jusqu’à 75% en Somalie. Le marché arabe
représente une grande importance pour les exportations du Liban et de la Jordanie, la part de
leurs exportations vers les pays arabes est respectivement de 47% et 41,7%. La part des
exportations de la Syrie vers les pays arabes a augmenté sur la période 2005-2008 pour
atteindre 40,1% de ses exportations totales en 2008. Les exportations de la Mauritanie, de la
Libye, de l’Algérie et du Maroc vers les pays arabes contribuent à des taux modestes allant
de 2,1% pour la Libye et la Mauritanie à 3,7% pour le Maroc.

Quant aux importations intra-arabes, elles contribuent à des taux allant de 40,8% à
46,9% des importations totales de la Somalie, de Bahreïn et du Yémen. Les importations
intra-arabes de neuf pays arabes contribuent à des parts allant de 12,8% (Maroc) à 33,8%
(Jordanie). Ainsi, l’Algérie, le Liban et les Emirats sont considérés comme les pays
comptant le moins sur les importations d’origine arabes puisque leurs parts sont
respectivement de 3,2%, 4,2%, et de 4,9% de leurs importations totales en 2008.

Les échanges intra-arabes sont faibles en comparant à d’autres régions à revenus


élevés ou intermédiaires comme l’Amérique latine, l’Asie du Sud-Est ou l’Union
Européenne.

La faiblesse des échanges est expliquée par le fait que les échanges des pays arabes
sont fortement concentrés dans certains produits de base qui ne sont écoulés que dans de
faibles quantités au niveau de la région. L’essentiel des exportations des pays comme
l’Algérie, la Libye, les pays du Golfe ne sont rien d’autres que les hydrocarbures qui sont
destinés principalement à des pays industrialisés, c’est le cas des autres produits comme le
phosphate, les engrais chimiques du Maroc et de la Tunisie. Le tableau N° 62 montre
l’importance du poste fuels minéral et matières brutes, celui-ci représente une part de 58,9%

259
des exportations totales en 2007 et 59,6% en 2008, il est suivi par le poste alimentations et
boissons à 13,3%. En troisième position, viennent les industries du papier, du bois…avec
12,5%.
Certains produits agro-alimentaires, comme les produits maraîchères et fruitiers
(tomates, agrumes, huiles d’olives…) sont exportés vers les marchés extérieurs, notamment
les marchés européens.

3-2-6-2 Au niveau des investissements


La crise des « subprimes » a poussé les pays du Golfe à redéfinir la répartition
internationale de leurs investissements au profit de la région méditerranéenne, où les gains
restent supérieurs aux pertes potentiels avec un risque réel estimé à seulement 2%.

Tableau N°63 : Les investissements directs interarabes selon le pays d’accueil (2008-
2009)
En millions de dollars
Etats/années 2008 2009
Valeurs Taux Valeurs Taux
A. Saoudite 12,758.0 35.5 11,623.0 60.4
EAU 3,559.7 9.9 3,651.6 19.0
Egypte 2,422.0 6.7 1,711.7 8.9
Jordanie 473.2 1.3 756.3 3.9
Yémen 492.8 1.1 652.2 3.4
Maroc 841.1 2.3 641.6 3.3
Tunisie 213.2 0.6 163.7 0.9
Libye 31.6 0.1 47.5 0.2
∑ des Etats dont 20,691.6 57.6 19,247.6 100.0
les statistiques
2009 sont
disponibles
Djibouti 5.1 0.0 _ _
Syrie 1,539.7 4.3 _ _
Liban 2,661.1 7.4 _ _
Soudan 4,806.5 13.4 _ _
Algérie 6,236.3 17.4 _ _

∑ des Etats 35,940.3 100.0 19,247.6 100.0


arabes

Source : Rapport économique arabe unifié-2010

260
Depuis 2007, le Maghreb bénéficie à nouveau d’un essor des investissements
provenant du Golfe : un important projet d’aménagement du lac de Tunis a été mis en
chantier. Les fonds mis à disposition, par les pays du Golfe, ont permis la modernisation de
la pêche marocaine et l’impulsion de quelques projets de développement en Libye et en
Mauritanie.

Le rapport économique arabe unifié a montré que les flux de capitaux entrant dans la
région en 2008 ont augmenté de prés de 64%, ce qui ramène la part des pays arabes dans
l’IDE total de la région de 0,4% en 2000, à 3,9% en 2007 et à 5,3% en 2008. La hausse des
investissements interarabes a constitué le principal facteur de la croissance des IDE dans la
région, évalués à 34 milliards en 2008 contre 21 milliards en 2007. Les pays du golf
constituent la principale source d’investissements interarabes, mais de nouveaux pays ont
fait leur apparition ces dernières années, il s’agit notamment de l’Egypte et du Liban.

D’après les statistiques disponibles en 2009, le total des flux d’investissements


interarabes a atteint 19,2 milliards de dollars, contre 20,7 milliards pour le même groupe de
pays en 2008, soit une baisse de 7%.

La répartition des flux d’investissements directs interarabes selon les secteurs


d’activité, en se rapportant à quatre pays, indique que la plus grande part des investissements
est concentrée dans les secteurs d’industrie et des services à 95% : 52.04% des
investissements reviennent au secteur industriel, 43.03% pour les services, 0.23% pour
l’agriculture.

Globalement, la Grande Zone Arabe de Libre Echange reste un groupement régional


modeste, par comparaison aux autres blocs économiques dans le monde comme l’Union
Européenne, ALENA ou l’APEC, même par rapport aux ensembles régionaux de taille
moyenne à l’instar du MERCOSUR ou de l’ASEAN. La zone arabe possède des indicateurs
de base les plus faibles en termes de PIB, de performances productives, de compétitivités
économique ou de commerce intra-régional. Ce dernier ne dépasse guère 9% à 10% du
commerce total de la région. Le pétrole y occupe une place primordiale puisqu’il représente
plus de la moitié du volume des échanges. Les flux de capitaux ont pour principale
destination les pays industrialisés, ceci illustre le manque d’intégration économique entre les
pays arabes. La faible productivité de ces pays et la similarité de leurs structures productives
risquent de les priver des bienfaits de la complémentarité économique.

261
Pour pouvoir aller de l’avant et constituer un espace économique intégré, les pays de
la ZALE devraient procéder :

a) au renforcement du Conseil Economique et Social de la Ligue Arabe et mettre à sa


disposition des moyens lui permettant l’efficacité dans la mise en place de la zone de
libre échange et le suivi des mesures d’application des recommandations aux pays
membres ;
b) à l’harmonisation des mécanismes de paiements dans le sens de la convertibilité des
monnaies arabes ;
c) à l’accroissement des échanges commerciaux interarabes par la prise de mesures
nécessaires dans ce sens ;
d) à l’harmonisation des stratégies d’investissement ;
e) à la mise à niveau des infrastructures de base dans le domaine des communications
modernes et du transport et dans le sens horizontal au niveau de la région ;
f) à l’intensification de la coopération sous-régionale qui pourrait être une étape vers
l’intégration de la GZALE.
g) à la promotion de la coopération trilatérale euro-arabo-méditerranéenne sur la base de
grands projets économiques et industriels qui pourraient contribuer au rapprochement
des deux espaces de la méditerranée ce qui sera bénéfique pour toute la zone euro
méditerranéenne ;
h) à la contribution de l’Europe à la construction d’une intégration viable dans la région
notamment en ce qui concerne la mise à niveau en consacrant davantage de soutien
technique et financier.

3-3 Perspectives et recommandations

En Europe, mais aussi partout ailleurs dans le monde, des processus d’intégration ont
facilité les relations et stimulé un environnement plus favorable pour le développement ainsi
qu’un retour de la confiance entre les pays membres.

Il est nécessaire, aujourd’hui, de dépasser le simple constat et de passer à une étape


plus constructive, où tous les acteurs concernés s’engageront à trouver et à mettre en œuvre
les solutions qui permettront à la région de développer son commerce intra-régional, en
abolissant toutes formes de frontières économiques au plan régional.

262
L’idée est de repenser l’intégration maghrébine à trouver le codéveloppement. Les
entreprises et les organisations patronales sont en première ligne : L’union maghrébine des
employeurs (UME), créée en février 2007 à Marrakech, s’inscrit dans cette direction , le
secteur privé pourrait contribuer à la création des liens développant des intérêts communs ;
La création d’une banque maghrébine pour l’investissement et le commerce extérieur est
considérée comme un instrument financier, qui pourrait assurer la promotion et la facilité du
financement du commerce extérieur et des projets productifs d’intérêts commun. D’autres
domaines devraient être exploités en commun en vue de renforcer l’idée d’intégration dans
la région.

Les Etats maghrébins devraient aller de l’avant, plus résolument dans la voie de
l’intégration régionale et mettre en place toutes les conditions nécessaires à sa réussite. Le
décloisonnement des marchés sud/sud, doit constituer une priorité pour renforcer
l’attractivité de leurs marchés et harmoniser des processus d’ouverture peu cohérents entre
eux.
La constitution d’un grand marché maghrébin donnerait un arrimage plus solide aux
marchés les plus proches, que ce soit le marché européen, arabe ou africain. Il est évident
qu’un marché de plus de 80 millions de personnes, offre plus de possibilités qu’un marché
national pris individuellement. Un tel espace ouvert géographiquement, serait un facteur
important de drainage des investissements directs étrangers.
Le succès du processus d’intégration dépend d’un certains nombres de mesures
essentielles, qui engagent les pays membres de l’UMA et l’UE, entre autres :

 les Etats de la région devraient s’engager plus fermement dans les réformes
internes, dont la crédibilité est essentielle pour les investisseurs. Ils
devraient améliorer l’efficacité de leur gestion économique, laisser émerger
un secteur privé concurrentiel et procéder au lancement de la banque
maghrébine pour les investissements et le commerce, qui pourra contribuer
au développement de la coopération entre les pays de la région ;
 les pays membres de l’UMA devraient entreprendre des réformes
institutionnelles au sein de celle-ci. Elles consistent à décentraliser le pouvoir
de décision qui est jusqu’ici du ressort exclusif du conseil de la présidence ;
à l’élargissement des compétences du conseil des ministres des affaires
étrangères et des commissions ministérielles spécialisées ; à l’élection au

263
suffrage universel direct des membres du conseil consultatif, avec
l’élargissement de ses prérogatives en matière de législation maghrébine et
de ratification des conventions de l’UMA ;
 l’UE devrait assumer un rôle plus décisif dans la promotion de la
coopération maghrébine, en fournissant son assistance technique dans
différents domaines, en promouvant des projets de nature transnationale,
telle que la constitution du gaz trans-maghrébin qui peut jouer un rôle
important dans la création d’interconnexion et dans l’organisation des
rapports économiques ; encourager des activités et favoriser des projets
permettant de créer des occasions de débat et de concertation ; l’appui à des
projets de coopération dans le domaine civil qui pourraient développer des
pratiques de coopération dans d’autres domaines comme la création de
prévention et de gestion de catastrophes d’origines naturelle et humaine ;
 l’UE devrait s’impliquer activement dans la controverse du Sahara
occidental. Le rapprochement régional au Maghreb passe par le règlement de
la controverse du Sahara occidental, une question très sensible qui nécessite
à notre avis, l’implication des Etats membres de l’UE qui devraient
commencer par élaborer une position commune fondée sur des principes
(1)
consensuels. Il est clair que les deux solutions extrêmes doivent être
écartée car elles ne feront que persister le conflit. Une solution intermédiaire,
dans ce cas, s’impose, en prenant en compte des paramètres essentiels
comme une solution pacifique du conflit.

Cependant, la formation d’un espace économique maghrébin, à lui seul, ne suffit pas
pour son insertion dans l’économie mondiale. A ce jour, le mode d’insertion internationale
des économies maghrébines est largement traditionnel. De plus, le développement de
l’économie de la connaissance et le nouveau model cognitif accentue les écarts de
développement et les déficits des économies maghrébines par rapport à ses voisins
immédiats ainsi qu’à tous les pays industrialisées.

C’est ainsi que nous pensons que le projet d’intégration du Maghreb à l’UE, en
adoptant les réformes nécessaires, pourraient être une voie d’insertion internationale à

(1)
Soit accepter la stabilité du Maroc, donc la possession du territoire comme la seule priorité, soit, insister
sur la libre détermination du peuple sahraoui comme uniques formules possible.

264
l’économie mondiale étant donné que les relations entre les deux rives sont déjà importantes.
Selon B. Tlemçani et Tahi, la conjonction d’un certain nombre de facteurs est nécessaire
pour créer un environnement propice qui permettrait la réussite de l’intégration. Il s’agit de
facteurs économiques (l’ouverture et la compétitivité des économies), sociaux
(l’accumulation du capital humain ou le niveau d’éducation et de la formation) et
institutionnels (les législations sur la propriété technologique et les politiques en matière de
recherche et développement) (1)

1- L’ouverture et la compétitivité des économies maghrébines : les Etats maghrébins


devraient se doter des moyens d’accélérer leur croissance dans un contexte, de plus en plus,
difficile. L’enjeu réside dans l’amélioration des conditions d’affectation des ressources, la
diversification de l’appareil de production et la révolution des points d’entrée dans les
trajectoires industrielles mondiales.

Notons que le pari de l’ouverture repose sur le développement des investissements


locaux et étrangers, qui permettront de créer de nouvelles spécialisations, d’accroître les
transferts de technologies, d’offrir de nouvelles perspectives d’emploi. Des progrès sont
nécessaires dans les techniques de télécommunication, les infrastructures de transport, les
réseaux de distribution…etc. Les pays du Maghreb devraient aussi améliorer l’attrait de leur
marché de travail en se dotant d’une structure de qualification de même niveau que celle de
leurs partenaires européens.

L’encrage des monnaies maghrébines à l’euro pourrait être un moyen de bénéficier


de retombées positives de la formation de la monnaie unique. Le rattachement des monnaies
maghrébines à l’Euro permettrait une plus grande stabilité des recettes d’exportation et des
coûts d’approvisionnement, sachant que l’UE est le principal partenaire commercial du
Maghreb.

2- Le rôle crucial de l’éducation et de la formation : il y a une forte corrélation entre la


croissance économique et les niveaux de formation. Les pays du Maghreb ont fourni
d’importants efforts pour valoriser les filières d’enseignement scientifique. Mais le grand
problème réside, dans l’absence d’articulation entre l’éducation et la production, ce qui fait

(1)
B.TLEMCANI et TAHI, Nouvelles dynamiques territoriales et intégration des pays du Maghreb à l’UE,
GRECOS, Université de Perpignan, 2002 sur www.univ-perp.fr

265
que les cadres formés sont incapables de nourrir le processus d’innovation et de progrès
technique permettant un changement structurel. Les pays du Maghreb devraient procéder à
une meilleure articulation entre la sphère de formation scientifique et technique, la sphère
productive et industrielle, la sphère de recherche et développement avec une valorisation de
différentes interdépendances entre les trois sphères.

Dans ce domaine, l’accord d’association avec l’UE peut apporter un plus pour cette
région, par le transfert de connaissances et d’expériences permettant au Maghreb d’aller
plus vite et l’établissement des liens indispensables entre les trois pôles. Les carences dans
la formation ne favorisent pas les productions à forte valeur ajoutée, qui utilisent des
technologies complexes et condamnent le pays à se cantonner dans des produits bas de
gamme. Il faut que les firmes trouvent un environnement susceptible de favoriser le
développement d’activités plus intenses en valeur ajoutée. Cet environnement doit leur
permettre de trouver le travail qualifié dont elles ont besoin et aussi des entreprises locales
performantes, capables de répondre à des spécifications techniques et de livrer des produits
(1)
dans des délais stricts et à des prix compétitifs

3- La recherche / développement et les législations sur la propriété technologique :


les législations sur les propriétés intellectuelles, industrielles et technologiques (les marques
et brevets, les normes de qualité, la veille technologique…) et les incitations financières,
jouent un rôle important dans la détermination de l’incitation à l’innovation et les
mécanismes de transfert de technologies. Les institutions, les pouvoirs publics, les lois et les
politiques gouvernementales constituent un des facteurs clés dans la croissance économique
d’un pays en mettant en œuvre des politiques appropriées. Les pouvoirs publics peuvent
jouer le rôle de locomotive en mettant en place un environnement accueillant, par la
participation à l’amélioration de la compétitivité du tissu industriel et en portant de l’aide
aux laboratoires et aux entreprises pour leur permettre l’accès aux nouvelles technologies.
Un tel environnement devient propice au développement des implantations productives
étrangères par : les prises de participation des firmes multinationales ; les accords d’alliances
et de joint venture.

(1)
C.A. MICHALET, la séduction des nations ou comment attirer les investissements, éd. Economica, 1999,
p. 98.

266
L’UE devrait axer son aide financière sur la coopération institutionnelle, l’éducation,
les infrastructures régionales Nord/Sud et Sud/ Sud et la promotion d’instruments de
financements privés.

La formation d’une zone de libre échange Maghreb-Europe est un moyen d’élargir et


de consolider la coopération entre les deux espaces pour réduire les disparités sociales et
économiques. C’est aussi un moyen d’atteindre plus rapidement un développement durable
pour les pays maghrébin et de s’insérer dans l’économie mondiale pour éviter de rester en
marge d’une nouvelle économie fondée sur la connaissance et du système d’échanges
multilatéraux.

Pour renforcer l’intégration au sein de la zone euro-méditerranéenne, certaines


mesures sont nécessaires, entre autres :
 l’UE doit s’ouvrir davantage aux échanges agricoles des pays du Sud et
développer des dispositifs permettant à ces pays de satisfaire aux normes
européennes pour accéder à son marché ;
 une plus grande libéralisation des services (banque, assurance, transport) est
nécessaire ;
 la question de cumul total en matière de règle d’origine doit être adoptée ;
 Une progression de l’intégration horizontale entre les pays du Sud est nécessaire

Conclusion :

L’intégration Sud-Sud est une condition nécessaire à la réussite de l’intégration


Nord-Sud, car ceci permettrait de constituer un ensemble correspondant au modèle de
localisation que les grandes firmes recherchent dans la logique d’une stratégie globale.
L’attractivité de la région serait considérablement renforcée puisqu’elle offrirait un marché
local d’une assez grande taille, en corrigeant bien sûre, certaines faiblesses dont souffre la
région et qui constituent des entraves pour le développement des effets positifs de
l’intégration euro méditerranéenne.

Cependant, les perspectives d’intégration sud-sud reste incertaines. Le projet de la


création d’une union maghrébine n’arrive pas à voir le jour depuis 1957. En effet, le
processus a été totalement bloqué à partir de 1975 du fait de la question du Sahara
occidental et la montée de tension entre les forces indépendantistes sahraouis du front

267
Polisario soutenues par l’Algérie et l’armée marocaine, à côté d’autres difficultés qui ont
entravé l’avancée du processus tels que le désaccord sur les textes que comptent l’accord
maghrébin de coopération économique établi par le CPCM et l’importance accordée aux
intérêts immédiats pour chacun des pays.

La deuxième tentative d’intégration a connu le même sort que la première malgré les
espérances suscitées. Plusieurs entraves sont venues perturber et interrompre le processus
d’intégration : la crise économique et l’application du PAS, la faiblesse des échanges intra-
maghrébins et la persistance de pratiques administratives très lourdes. Ces entraves ont
entraîné des difficultés pour mettre en application les décisions de l’union. Mais se sont
surtout les entraves de nature politique, qui sont directement responsables du blocage du
processus d’intégration maghrébine, notamment les tensions entre l’Algérie et le Maroc à
propos de la question du Sahara occidental, et ce malgré la réconciliation qui avait permis la
création de l’UMA. Ces deux pays ont connu de fortes tensions au début des années 90 et
l’Algérie a procédé à la fermeture de ses frontières avec le Maroc en 1994. Suite à ces
événements, la réalisation des objectifs annoncés dans le traité de Marrakech est encore loin,
malgré les atouts dont dispose la région en matière d’intégration, comme le partage d’une
même langue, d’une religion, d’épisodes historiques et d’un même environnement
géographique.

A la fin de la décennie 1990, et suite à une série d’événements qui ont changé la
donne, des espoirs nouveaux ont apparu, il s’agissait de la levée des sanctions imposées à la
Libye suite à la résolution de l’affaire Lockerbie, l’adoption de la loi sur la concorde
national en Algérie en vu de rétablir la sécurité et la fin du conflit intérieur, l’arrivée d’un
nouveau roi au Maroc et l’arrivée d’un nouveau président en Algérie qui ont déclaré leur
volonté d’améliorer les relations entre les deux pays. Mais, la situation reste inchangée car
les conditions politiques de certains pays de la région ne se sont pas améliorées.

Soulignons tout de même, que les différents Etats maghrébins continuent d’afficher
leur volonté de promouvoir la dynamique de construction maghrébine, et ce en dépit des
entraves signalées précédemment.

Le problème central reste donc celui de la question du Sahara occidental. Cette


question a constitué une barrière à toute tentative allant dans le sens de l’édification d’un

268
ensemble maghrébin cohérent, il apparaît ainsi que l’avenir de l’intégration maghrébine
dépend de la résolution du conflit du Sahara et le rapprochement algéro-marocain.

269
Conclusion de la deuxième partie :

Depuis le début des années 1980, chacun des pays du Maghreb central a été soumis
tour à tour, au programme d’ajustement structurel du FMI et de la Banque Mondiale.
L’ampleur de la crise économique (baisse des recettes d’exportation suite à la baisse des
cours mondiaux des matières premières, endettement extérieur important, déséquilibre de la
balance des paiements, inflation, chômage…etc.) a obligé les pays à opter pour une telle
solution.

Depuis la décennie 1990, la politique macro-économique à mis l’accent sur la


stabilité, mais aussi, sur toutes les réformes structurelles nécessaires à la libéralisation de
l’économie. La plus part des acteurs de l’économie ont été déréglementés. L’ensemble des
prix a été libéralisé, à l’exception de quelques produits de première nécessite qui font l’objet
de subventions, et le commerce extérieur a été libéralisé. Parallèlement, une politique de
privatisation consacrant le désengagement de l’Etat de certaines activités économiques et la
promotion de l’initiative privée, a été mise en œuvre. Par ailleurs, de nombreuses mesures
ont été prises pour impulser le développement des exportations et l’encouragement du
secteur privé. Le secteur bancaire et financier a lui aussi, fait l’objet de réformes pour le
rendre plus compétitif. Ces reformes ont donné des résultats satisfaisants au niveau du
rétablissement des équilibre macro-économiques et financiers. Les résultats en matière de
croissance demeurent cependant, très insuffisants.

En effet, en dépit des réformes adoptées et de la soumission au programme


d’ajustement structurel pour certains, les pays du Maghreb peignent à relancer
l’investissement productif et à réaliser une croissance durable qui puisse atténuer le
chômage et la pauvreté. Ces pays souffrent toujours d’une attractivité insuffisante des
investissements directs étrangers susceptibles d’apporter des capitaux, du savoir faire et de
nouvelles technologies permettant la création d’emplois. Ils souffrent également d’une
dépendance accrue à l’égard du marché extérieur.

Il convient, dans ce contexte, de repenser le projet de l’union, car l’intégration est


indispensable pour assurer l’arrivée et la pérennité des investissements étrangers, et surtout
pour construire un système productif régional intégré plus cohérent. Ainsi, l’intégration
économique régionale apparaît nécessaire pour faire contre poids aux dangers inhérents à la
seule intégration verticale, du fait des effets mécaniques des accords de libre échange avec

270
l’UE. En effet, le gel du Maghreb économique a laissé place à un espace de dépendance
multiforme avec le renforcement de la verticalité, celle-ci a aggravé le degré de vulnérabilité
des économies qui reste commandée par la dynamique externe. La situation est d’autant plus
critique quant on sait que le Maghreb subit des formes de spécialisation régressive, car il
occupe les créneaux les moins créateurs de valeurs ajoutées (la pétrochimie, la chimie des
plastiques, le textile et l’habillement).

Parallèlement à la nécessite d’une construction économique maghrébine, le


partenariat euro-méditerranéen lancé à Barcelone est d’une importance majeure pour ces
pays et pourrait aussi, favoriser l’intégration régionale sud-sud. La perspective d’établir une
zone de libre échange euro-méditerranéenne devrait en effet, constituer un fort argument
pour les pays maghrébins à fin de promouvoir l’intégration.

L’union du Maghreb Arabe créée en 1989, avait espéré qu’une convergence


renouvelée entre les pays du Maghreb puisse les emmener vers des formes d’intégration sur
le modèle du MERCOSUR ou de l’ASEAN. Mais après peu de temps, ces espoirs se sont
éteints à cause de l’apparition d’une série de problèmes essentiellement politique et
économique. Même le lancement du partenariat euro-méditerranéen, qui était censé
promouvoir des relations plus profondes tant entre l’UE et ses partenaires méditerranéens
qu’entre les pays du Sud eux-mêmes, n’a pas réussi à relancer le processus d’intégration du
Maghreb.

Plus de vingt ans après Marrakech, aucun progrès significatif n’a été accompli dans
la mise en œuvre des objectifs de l’UMA qui est bel et bien dans l’impasse. En effet, les
relations entre les Etats maghrébins ne progressent guère et les échanges économiques et
politiques sont figés à leur niveau le plus bas : à peine 3% du volume total du commerce
extérieur contre plus de 60% avec l’UE, un taux insignifiant comparé avec les autres
groupements régionaux comme l’ASEAN (21,6%) et le MECOSUR (14,8%). La faiblesse des
échanges dans la région est attribuée à des facteurs allant de la faible complémentarité des
structures de production, du manque de spécialisation des produits, de l’insuffisance
d’infrastructures, de la faiblesse de la circulation des informations économiques, des
barrières tarifaires élevées jusqu’à la sous-exploitation des échanges potentiels
(l’agroalimentaire, l’énergie, les produits de la mer, l’industrie pharmaceutique…etc.).

271
Malgré le juste fondement de ses objectifs, l’UMA aujourd’hui, n’est guère plus
qu’un sigle après plusieurs années d’existence en raison de sa structure institutionnelle
rigide, de sa soumission à la volonté politique, à l’humeur des dirigeants et à la
prédisposition à la coopération des Etats membres.

La région souffre de plusieurs limites sur le plan économique, mais le principal


problème reste celui de non résolution de la question du Sahara occidental et de son impact
négatif et déstabilisant qui ont parasité toute tentative sérieuse de progrès sur la voie de
l’édification d’un ensemble maghrébin cohérent.

272
Conclusion générale

Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, la mondialisation de l’économie a


constitué une réalité incontournable, la croissance des échanges commerciaux a tellement
été importante qu’elle a dépassé celle de la production mondiale, et les mouvements de
capitaux ont été importants et rapides. Pour autant, le monde n’est pas devenue une vaste
zone d’échanges au sein de laquelle les biens, les services et les capitaux circuleraient
librement et où les liens de proximité ne joueraient plus aucun rôle. Car parallèlement au
mouvement de mondialisation, l’intégration régionale n’a cessé de progresser, que se soit
dans sa dimension institutionnelle, comme la montre la multiplication des accords
commerciaux régionaux, mais aussi, à travers l’émergence de structures d’indépendance
plus étroites dans certaines régions (l’Europe occidentale, Amérique du Nord et l’Asie de
l’Est).

L’intégration économique régionale est un processus multidimensionnel qui conduit


à des interdépendances entre des espaces économiques nationaux. Ces interdépendances
constituent principalement des flux de marchandises, des flux de capitaux et des relations
d’informations. L’intégration régionale, dans son sens le plus fort, est un processus qui
conduit à un plus grand degré de concertation entre les acteurs, d’interconnexion entre les
unités et de diversification des activités, conduisant à une relative irréversibilité. Elle
suppose un transfert de souveraineté et une mise en place de structures institutionnelles. Les
transferts de souveraineté et la production de biens publics à des niveaux régionaux,
constituent une réponse au débordement des Etats dans un contexte de mondialisation.

La régionalisation est multiforme, elle est généralement portée par des institutions et
par des accords commerciaux régionaux, il s’agit dans ce cas, de régionalisme de jure. Elle
peut résulter, au contraire, de pratiques d’acteurs constituant des réseaux commerciaux,
financiers, culturels et technologiques dans des espaces régionaux, il s’agit dans ce cas, de
régionalisme de facto. Elle peut également résulter d’une fragmentation de l’espace mondial
tenant à des stratégies de segmentation de la part des acteurs transnationaux.

Les processus d’intégration régionale se différencient par leur degré


d’institutionnalisation, par leur contenu, par leur approfondissement et/ ou par leur
élargissement. Ils sont à la fois économiques, politiques et culturels et traduisent, à des
degrés divers, une volonté politique.

273
La mesure statique de l’effet des accords régionaux sur les mouvements de biens est
basée traditionnellement, sur les concepts de création et de détournement des flux
d’échanges. Elle aboutit généralement à un bilan négatif en termes d’efficacité globale et de
bien-être des pays tiers. La mesure dynamique de l’effet de ces accords infléchit
favorablement la croissance et conduit dans la plupart des cas, à un résultat net positif.
Celui-ci n’est visible qu’à moyen ou à long terme. La primauté accordée aux effets
dynamiques est justifiée par le fait que les ensembles régionaux cherchent désormais à
améliorer la compétitivité relative de leurs entreprises en mettant à leur disposition, les
conditions d’une plus grande efficacité et en dressant des barrières à l’encontre des firmes
des pays tiers.

Notons, que le renouveau de l’intégration régionale est indissociable du processus de


globalisation même s’il y’a débat quand aux liens entre les deux processus. La
régionalisation pour les uns, constitue une réaction à la tendance unificatrice ainsi, qu’un
repli à plusieurs, dans une structure fermée, elle représente donc un obstacle pour l’avancée
du multilatéralisme. Pour d’autres, elle constitue une condition nécessaire à l’intégration
dans l’économie mondiale, un moyen pour harmoniser les normes et conduire à une
libéralisation multilatérale et une garantie contre les risques de marginalisation, les deux
mouvements sont ainsi complémentaires.

Une intégration réussie ouvre la porte à des marchés plus vastes, elle permet une
répartition plus efficace des ressources disponibles, elle accroît la concurrence et assainit le
climat des investissements. Elle constitue également un cadre propice à la consolidation de
politiques économiques viables du seul fait de la pression et du contrôle exercés par les
partenaires. L’élargissement du marché permet aux entreprises de la région de se libérer, des
entraves qui pourraient limiter son expansion, car une entreprise ayant des ambitions
légitimes d’expansion, ne peut le faire dans le cadre d’une aire géographique rétrécie, toute
possibilité d’innovation technologique, d’élargissement de la gamme de production,
d’élévation de la productivité se trouvent freinées. Un marché étroit ne peut donc servir ses
objectifs.

Le processus d’intégration a connu une évolution dans le contexte de la


mondialisation, les relations Sud/ Sud ont tendance à céder la place à des accords Nord/ Sud
considérés plus avantageux pour les pays en développement, la construction régionale
volontariste visant à une déconnexion vis-à-vis du marché mondial, comme il était le cas de

274
certains accords régionaux de la première vague d’intégration, fait place à des accords de
libre-échange.

Deux raisons à notre avis, expliquent la réussite de l’Europe : la volonté politique de


construire l’union malgré les difficultés rencontrées et l’action des euros sceptiques. Cette
volonté se traduit également par l’esprit de consensus qui implique d’accepter des
concessions dans l’intérêt général de l’Union. La réussite s’explique également par la
méthodologie adoptée et l’efficacité des institutions mises en place. La méthodologie
consistait à avancer par étape, à fixer à chaque fois une date butoire, qui ne doit pas être
dépassée. La commission de Bruxelles constitue un véritable moteur de l’union, qui place
l’intérêt de celle-ci au dessus de celui des pays membres.

La construction d’un ensemble régional s’inscrit dans la durée, le rythme de


construction est un élément déterminant, car selon MAHIOU « … l’essentiel n’est pas
seulement d’avoir un objectif final, mais aussi et surtout des objectifs intermédiaires. Il
s’agit de parcourir des étapes successives, il faut être persévérant tout en faisant taire les
impatiences de ceux qui veulent toujours aller plus vite au nom de sentiments ou de
convictions légitimes mais peu réalistes » (1)

Compte tenu de l’environnement actuel caractérisé par une mondialisation rampante,


une conjoncture internationale exacerbée par les doutes et les incertitudes face à la
dynamique que connaissent les blocs régionaux, l’Union du Maghreb Arabe constitue la
meilleure réponse pour les peuples de la région afin de constituer un espace de liberté, de
prospérité et de stabilité, mais aussi, un groupement régional capable de négocier et de peser
de tout son poids face aux autres blocs tant proches que lointains. L’édifice maghrébin est
un excellent pont vers d’autres espaces européens, africains, asiatiques, américains et autres
groupements régionaux, car désormais ce sont les blocs régionaux qui présentent plus de
poids, qui s’affirment, négocient et s’imposent sur la scène mondiale.

La situation de « non Maghreb » a un coût élevé, elle a contribué à l’aggravation de


la situation de la région vis-à-vis de ses partenaires dans le monde. L’absence de
l’intégration des économies maghrébines rend terriblement fragile chacun des pays du
Maghreb. Selon le rapport du FMI en 2006, sur un total de 137,1 milliards de dollars

(1)
A.MAHIOU, le Maghreb, l’Europe et la France. P37

275
d’échanges commerciaux, seulement 2% de ce montant est échangé entre les pays du
Maghreb, alors que les échanges avec l’Union Européenne représentent plus de la moitié du
commerce extérieur de chaque pays du Maghreb. Cette situation est d’autant plus
préoccupante qu’elle est à sens unique, car le Maghreb ne représente que 3% des échanges
extérieurs de l’Union Européenne. Celle-ci pourrait se passer de ce marché sans que cela
puisse avoir d’effets sensibles. De plus, La dimension du marché constitue un facteur
important dans le choix de l’implantation des investissements étrangers. Le volume de ces
investissements dans la région reste limité, celle-ci ne reçoit qu’une infirme partie des
investissements mondiaux.

Le gel du Maghreb économique a fait de celui-ci un espace de dépendance


multiforme, qui génère une faible valeur ajoutée. Il a tendance à produire ce qu’il ne
consomme pas, des produits non compétitifs sur le marché mondial, il devient déficitaire là
où il était excédentaire notamment dans les cultures vivrières. Il occupe ainsi, les créneaux
les moins compétitifs par rapport aux nouvelles formes que revêt la division internationale
du travail, des activités classiques à technologies banalisées comme la pétrochimie, le
textile, l’habillement, les engrais…etc. L’absence d’un espace économique intégré s’est
accompagnée d’une forte dépendance, aggravant par là, le degré de vulnérabilité des
économies qui sont désormais fortement commandées par la dynamique externe.

Dans un contexte de globalisation et de régionalisation, l’argument selon lequel la


prospérité des pays du Maghreb passe par l’intégration régionale, trouve toute sa pertinence.
Celle-ci permettrait d’accroître la disponibilité des ressources pour la production.
L’avantage réside aussi, dans l’acquisition de nouvelles connaissances et de nouvelles idées.
En effet, la construction d’un espace économique intégré contribuerait à l’augmentation des
échanges dans la région en exploitant les complémentarités déjà existantes : l’Algérie et la
Libye sont deux pays dotés de produits énergétiques, gros exportateurs de pétrole et de gaz
naturel et qui sont, en même temps, des pays consommateurs et importateurs de produits
agroalimentaires et qui ont besoin de gros ouvrages d’infrastructure moderne. Alors que le
Maroc et la Tunisie sont plutôt, des pays à économie relativement diversifiée : des services
développés, notamment le tourisme, des industries manufacturières, des ressources
humaines compétentes et nombreuses sont leurs principaux atouts, des cultures intenses et
des produits agroalimentaires exportables. En revanche, ces deux pays restent pauvres en
ressources énergétiques. En Mauritanie, la pêche et les mines sont les principales ressources.

276
L’intégration régionale pourrait contribuer à la croissance du PIB de la région pour
deux raisons : premièrement, il y a des impacts en termes d’économie d’échelle. La levée
des barrières au commerce implique un élargissement du marché, ce qui permet aux
entreprises de bénéficier d’une plus grande échelle de production et de stimuler les
investissements qui ont besoin d’un grand marché pour être rentables ; deuxièmement, La
suppression des barrières implique une forte concurrence entre les entreprises de la région,
ce qui permet d’améliorer leur compétitivité.

En plus des effets en matière de dynamisation des relations économiques entre pays
maghrébins, la constitution d’un espace économique intégré et le renforcement des relations
économiques devraient conférer plus de crédibilité au choix de l’ouverture adopté par ces
pays, présentant un niveau de développement quasi similaire. La formation d’un espace
économique commun permettrait une réallocation plus efficiente des facteurs de production
à l’intérieur de l’espace maghrébin, un élargissement des débouchés, un renforcement de la
spécialisation, et une augmentation de la production réelle par suite d’une meilleure
exploitation des économies d’échelle et d’une amélioration de la productivité des facteurs.

Sachant que l’UE constitue le plus important des partenaires économiques du


Maghreb, son élargissement vers l’Est ne constitue pas un choix favorable pour les
économies maghrébines, car il implique la destruction des flux commerciaux au profit de
nouveaux membres, le niveau de développement économique et institutionnel de ces
derniers a accentué l’orientation des flux d’IDE vers ces pays au détriment du Maghreb.
Ainsi, l’intégration des économies maghrébines est plus que nécessaire pour renfoncer le
pouvoir de négociation avec l’UE et atténuer les effets de détournement des flux d’échanges
et d’investissement.

Ainsi, de part son rôle de croissance et d’intensification des échanges commerciaux


entre les pays de la région, l’intégration maghrébine pourrait constituer un facteur d’appui
pour une insertion plus efficace de la région à l’économie mondiale.

Soulignons que l’union existe de fait, s’agissant d’intérêts communs et immédiats.


Les différentes commissions ont toujours fonctionnées en matière de lutte contre la
désertification, contre les criquets pèlerins, en matière de santé publique, d’hydraulique, de
réseaux routiers trans-maghrébins, de télécommunication, de réseaux électriques et de santé
animale, mais cela reste insuffisant pour relancer l’Union.

277
Jusqu’à l’heure actuelle, tous les chefs d’Etats maghrébins affirment que l’UMA
demeure un objectif stratégique pour les pays et pour la région, mais plus de vingt ans après
Marrakech, le projet n’a toujours pas vu le jour. Outre le problème du Sahara occidental qui
constitue un facteur de blocage, il y a d’autres difficultés qui entravent la construction
maghrébine. Dés le départ, l’UMA a souffert d’un déficit démocratique et le fonctionnement
de ses institutions est bloqué par les souverainetés étatiques. En clair, et jusqu’à présent, les
décisions ne peuvent être prises qu’à l’unanimité du conseil de la présidence de l’UMA.

La question de la « supranationale » a était à l’origine de l’échec ou du blocage de


nombreux projets d’intégration, du fait qu’au sein de leurs institutions, l’accent est mis sur la
prédominance du politique à travers la concentration du pouvoir de décision entre les mains
d’organes politiques au détriment des institutions communautaires qui se trouvent
incapables de représenter l’intérêt communautaire face aux intérêts propres à chaque Etat. Il
est donc nécessaire de trouver une solution d’équilibre acceptable par les Etats jaloux de leur
souveraineté, mais qui garantie, en même temps, l’efficacité des institutions
communautaires.

Il ne fait pas de doute que si l’UMA avait pu réaliser ses propres objectifs en
constituant un ensemble intégré et plus efficient, le partenariat euro-méditerranéen aurait
enregistré de meilleurs résultats. Cependant, plusieurs pas ont été franchis dans ce cadre et
qui concernent les trois chapitres du partenariat euro-méditerranéen :(1) le politique et le
sécuritaire ; (2) l’économique et le financier et (3) le social, le culturel et l’humain,
notamment la coopération étroite entre l’union Européenne et les pays du Maghreb en
matière de lutte contre le terrorisme et en matière de flux migratoires concernant le premier
chapitre ; l’instauration d’une zone de libre échange et le développement de flux financiers
à travers le programme MEDA et les prêts de la BEI sous le deuxième chapitre ; la fondation
pour le dialogue des cultures concernant le troisième chapitre. On peut également citer
d’autres activités comme le développement du marché de l’énergie, la connexion des
réseaux électriques, l’inauguration des activités de la nouvelle assemblée parlementaire
méditerranéenne, la coopération en matière de l’environnement, la conclusion d’une charte
de l’eau…etc.

La constitution d’une zone de libre échange est un moyen d’élargir et de consolider


la coopération entre les deux rives de la méditerranée afin de réduire les disparités sociale et
économique, de parvenir plus rapidement à un développement durable et d’intégrer les pays

278
du Maghreb dans l’économie mondiale pour éviter qu’ils ne restent en marge d’une nouvelle
économie fondée sur la connaissance et d’un nouveau système d’échanges multilatéraux.

D’autre part, et face à la perspective de la zone de libre échange euro-


méditerranéenne, les pays de l’UMA seront confrontés à une rude concurrence et une plus
grande compétitivité de 30 pays du pourtour méditerranéen. Face à cette situation, les pays
du Maghreb n’ont d’autres alternatives que de s’engager dans la construction d’un marché
économique maghrébin afin de pouvoir se forger un ancrage prometteur dans l’espace euro-
méditerranéen. Les accords d’association avec l’Europe insistent sur une intégration
horizontale, un tel espace économique aura pour effet d’attirer les investisseurs avec la
création d’un grand marché sans barrières et ses retombées positives en termes d’effet de
dimension.

En terme de perspectives et tenant en compte le coût du non Maghreb qui reste très
élevé en matière d’échanges commerciaux et d’investissements, nous ne pouvons que
souscrire aux thèses affirmant que l’intégration maghrébine donnerait naissance à un marché
régional qui pourrait atteindre 100 millions de consommateurs d’ici peu, suffisamment vaste
pour créer des économies d’échelle, un marché qui ne pourrait que permettre aux entreprises
maghrébines d’être plus compétitives dans un environnement globalisé, de réaliser leur plein
potentiel, de favoriser l’émergence de producteurs puissants, de rendre la région plus
attrayante aux investissements intermaghrébins et étrangers et l’augmentation des flux
commerciaux intermaghrébins. La création d’un espace économique aussi large, caractérisé
par une libre circulation des biens, des services et des capitaux ne pourrait qu’accélérer le
développement socio-économique et contribuer à l’amélioration des conditions de vie des
populations maghrébines. La création d’un espace économique en mesure de se positionner
dans le sillage d’un cadre international en mutation, en commençant d’abord par renforcer
les relations sud-sud et créer une zone de libre échange maghrébine, qui rejoindra l’espace
euro- méditerranéen dans de meilleures conditions.

La construction d’un espace économique commun au sein du Maghreb nécessitera


peut être des générations, les acteurs économiques devraient commencer par la création de
nouvelles dynamiques et construire un Maghreb économique autour de projets concrets. La
création de structures de financement communes telle que la banque maghrébine pour
l’investissement et le commerce extérieur et la naissance de groupes financiers trans-
maghrébins qui pourraient booster les investissements intermaghrébins et favoriser le

279
développement des échanges commerciaux en adoptant les mesures concernant
l’harmonisation des réglementations régissant ces derniers, ainsi que les investissements,
permettra de dépasser les lenteurs et les distorsions de part et d’autre. La complémentarité
économique potentielle des économies magrébines que se soit, dans les hydrocarbures, les
phosphates, le fer, les produits agricoles et agroalimentaires, l’industrie lourde, la main
d’œuvre qualifiée et non qualifiée est appelée à jouer un rôle moteur dans le projet
d’édification de l’ensemble régional intégré, et dans cette optique, les véritables questions
qui pourraient contribuer à l’édification maghrébine seraient pour chacun des pays de la
région les suivantes :
- qu’est-ce qui serait préférable de produire pour soi-même ?
- que pourrions-nous produire avec notre ou nos voisins ? Et comment le faire ?
- que serait-il possible d’acheter chez notre ou nos voisins ?

280
Annexes
Annexe 1 : Groupement d’intégration régionale en Afrique et appartenance à
des entités multiples

Note : les Comores sont également membre de la zone franc de la Communauté Financière Africaine (CFA) ; la CAE est
l’organisation intergouvernementale régionale réunissant le Burundi, Le Kenya, l’Ouganda, la République Unie de
Tanzanie et le Rwanda. Le Burundi et le Rwanda ont adhéré au Traité de la CAE le 18 Juin 2007 et sont devenus membres
à part entière de la CAE le 01 Juillet 2007.

Source : CNUCED, « Renforcer l’intégration économique régionale pour le développement


de l’Afrique », rapport 2009

282
Annexe 2 : Déclaration de la Grande Zone Arabe de Libre Echange

Décision du CES n° 1317 SO59 du 19-02-1997

Le CES, réuni pour sa 59ème session, au siège du SG de la LEA au Caire, a adopté la Décision 1317
qui stipule la Déclaration d’une Grande Zone Arabe de Libre Echange, et l’approbation de son
Programme Exécutif ; Le texte de la Décision étant comme suit :
L’objet de l’ordre du jour de la session :
« Le Programme Exécutif de l’Accord de Facilitation et de Développement des Echanges
Commerciaux entre les Etats Arabes en vue de l’Instauration de la Grande Arabe de Libre Echange »;
Ayant pris connaissance du rapport de la Commission ministérielle des Six, chargée de
l’étude du Programme Exécutif pour l’instauration de la GZALE, le Conseil a exprimé son
appréciation pour les efforts fournis par la Commission lors de l’exécution de la mission de rédaction
d’un Programme Exécutif concrétisant l’AFDEC / EA et aboutissant à l’instauration d’une GZALE,
adaptée à la situation et aux besoins de tous les EA, conforme aux dispositions de l’OMC, préservant
les intérêts économiques des EA, développant les relations économiques et commerciales interarabes
ainsi qu’avec le monde extérieur, et représentant le premier pas – concret - vers la construction d’un
bloc économique arabe qui devrait avoir son poids sur la place économique mondiale ;
Et après discussions,

Le Conseil décide

1- La Déclaration de l’Instauration de la GZALE sur une période de dix années à dater du 1-01-1998 ;
2- L’Approbation du Programme Exécutif institué pour l’instauration de la GZALE sous sa forme ci-
jointe ;
3- De charger le SG de prendre les mesures adéquates et de développer la mission et les activités de la
DGAE, conformément à la concrétisation de la GZALE ;
4- D’inviter les Comités constitués par le Programme à prendre fonction et à établir leurs programmes
exécutifs et leurs calendriers de travail, en vue de l’instauration de la GZALE dans les délais fixés ;
5- De charger les Organismes Arabes spécialisés, les Institutions Monétaires Communes Arabes et
les Unions Arabes, chacun dans le cadre de sa spécialité, de superviser l’application de cette
Décision, et d’œuvrer pour adapter leurs règlements et leurs activités conformément à la
concrétisation de l’instauration de la GZALE ;
6- De charger le SG d’élaborer une étude détaillée sur les zones « hors taxes » établies dans les EA, et
de la présenter au CES avant la fin de l’année 1998, afin de lui permettre de prendre une décision
quant au traitement des marchandises produites par ces zones dans le cadre du Programme Exécutif ;
7- D’inviter la Commission ministérielle à poursuivre sa mission durant les premières étapes de la
réalisation du Programme Exécutif afin de pallier à toute difficulté pouvant l’entraver ; Sachant que
la République Tunisienne se rallie à la Commission ;
8- La mise en vigueur de la GZALE constituera , dorénavant, le point essentiel de l’ordre du
jour des prochaines sessions du Conseil et ce jusqu’à l’achèvement de son instauration ;
D 1317 – SO .59 – 27ME S2ANCE DU 19-2-1997.

Source : Secrétariat de la Ligue Arabe, documents traduits de l’Arabe -1998

283
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4- BEKOLO-EBE (B.), « L’intégration régionale, caractéristiques, contraintes, et
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9- BOUNOUA (C.), « Le marché maghrébin et développement de l’entreprise nationale
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10- BOUNOUA (C.), « Les défis d’aujourd’hui et de demain de la coopération Maghreb
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11- BOUZIDI : « l’intégration économique maghrébine : réalités et perspectives, in
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12- CHANTEAU (J-P) et TUBIANA (L.), « Les blocs régionaux hors Europe », Revue
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14- DISDIER (A-C), « les mutations de l’économie mondiale : les frontières comptent-
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III. Communications
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2- AYOUB (H.), « la zone de libre-échange euro-méditerranéenne contribuera-t-elle à
améliorer l’attractivité du Proche-Orient et de l’Afrique du nord ? », Première
université de printemps des économies méditerranéennes et du monde arabe, Tanger,
Avril 2002.
3- Commissions européenne, « Europe report 2005 », Septième conférence euro
méditerranéenne des ministres des affaires étrangères.
4- Conférence internationale sur le commerce, la concurrence, les unions et intégrations
économiques, « Nouvelles dynamiques territoriales et intégrations des pays du
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5- FEMISE, « L’espace euro-méditerranéen et coût de non intégration sud-sud : le cas
de Maroc, Algérie et Tunisie », conférence du FEMISE, 2003.

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6- GDRI.EMMA, « L’harmonisation fiscale comme instrument de l’intégration
économique maghrébine », séminaire doctoral, 2004.

IV. Thèses
1- GUENDOUZI (B.), « les politiques de gestion du service de la dette extérieure de
pays du Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie) : analyse comparative », thèse de
doctorat d’Etat, université M.MAMMERI de T.O, 2004.
2- GUILHOT (L.), « l’intégration économique régionale de l’ASEAN +3 : la crise de
1997 à l’origine d’un régime régional », thèse de doctorat en sciences économiques,
Université PIERRE MENDES FRANCE de Grenoble, 2008.
3- OPARA OPIMBA (L.), « L’impact de la dynamique de l’intégration régionale sur
les pays de la SADC : une analyse théorique et empirique », thèse de doctorat en
sciences économiques, Université Montesquieu, Bordeaux IV, 2009.

V. Documents divers
1- BOUSSETTA (M.), « intégration régionale sud-sud, libéralisation commerciale et
zone de libre échange quadripartite : fondements et enjeux », CNRS, 2007.
2- Commission économique pour l’Afrique BAN, intégration en Afrique du nord : quel
point d’ancrage dans l’économie mondiale? », 2007.
3- Centre d’études et de recherches internationales, « l’Algérie, l’Union du Maghreb
Arabe et l’intégration régionale », EuroMesco, Octobre 2006.
4- CERED/FORUM, « analyse comparative des processus d’intégration économique
régionale », Paris, 2001.
5- CNUCED, « renforcer l’intégration économique régionale pour le développement de
l’Afrique, rapport sur le développement économique en Afrique », 2009.
6- Direction de la politique économique générale, « les enjeux de l’intégration
maghrébine », document de travail n°90, 2003, ministère des finances, Maroc.
7- Direction générale des politiques externes de l’Union européenne, « bilan des
relations commerciales entre l’Union européenne et les pays méditerranéens »,
Septembre 2009.
8- DREE, « Les accords commerciaux », 2003.
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11- FREUDENBERG (M), GAULIER (G), UNAL-KESENCI (D), « la régionalisation
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16- SACHWALD (F.), « interpréter le mouvement d’intégration régional », lettre de
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http://www.mincommerce.gov.dz
http://www.dree.org
http://www.hcp.ma
http://www.ins.ant.tn
http://www.ons.mr
http://www.hcp.ma
http://www.oc.gov.ma

290
 Liste des tableaux
Tableau 1 Le contenu préférentiel de certains accords de libre- échange............... 47
Tableau 2 Les accords notifiés au GATT//OMC et en vigueur en Octobre 2010.... 48
Tableau 3 Le commerce des marchandises dans le cadre de divers accords 53
régionaux 2000-2008...............................................................................
Tableau 4 Les investissements étrangers directs : flux entrants et sortants des 55
groupes commerciaux..............................................................................
Tableau 5 Evolution de l’Europe des 15 à 25.......................................................... 73
Tableau 6 Les dépenses liées à la pré-adhésion et à l’adhésion............................... 75
Tableau 7 Les flux sortant d’IDE de l’UE-15 à destination des nouveaux Etats 76
membres ..................................................................................................
Tableau 8 Les indicateurs de base par régions.......................................................... 77
Tableau 9 Le commerce intra-UE de biens en %...................................................... 78
Tableau10 Le stock d’investissements directs étrangers dans l’UE.......................... 80
Tableau11 Le programme de libéralisation du commerce de marchandises ALENA 85
Tableau12 Les mesures de libéralisation dans le secteur de l’agriculture et l’élevage 86
dans l’ALENA..........................................................................
Tableau13 Les mesures de libéralisation dans le secteur automobile-ALENA........... 87
Tableau14 Les mesures au Mexique pour une ouverture graduelle vers un système 89
financier régional.....................................................................................
Tableau15 Canada- commerce des marchandises, par origine et destination............ 90
Tableau16 Etats-Unis-commerce des marchandises par origine et destination......... 91
Tableau17 Les échanges commerciaux entre le Mexique et les autres pays de 92
l’ALENA..................................................................................................
Tableau18 Evolution des IDE en Amérique du Nord entre 2000-2008................... 93
Tableau19 Les indicateurs de base des pays de l’ANASE........................................ 99
Tableau20 Le commerce intra et extra-ASEAN........................................................ 99
Tableau21 Les investissements directs étrangers en Asie du sud-est........................ 100
Tableau22 L’évolution de la population en Algérie.................................................. 116
Tableau23 Evolution de la population en Tunisie..................................................... 119
Tableau24 Evolution de la population au Maroc 122
Tableau25 Evolution de la population en Libye........................................................ 126
Tableau26 Evolution de la population en Mauritanie................................................ 129
Tableau27 Les principaux indicateurs de l’économie algérienne.............................. 132
Tableau28 L’évolution des principaux indicateurs de l’économie tunisienne........... 133
Tableau29 L’évolution des principaux indicateurs économique du Maroc............... 134

291
Tableau30 L’évolution des principaux indicateurs économiques de la Libye........... 135
Tableau31 L’évolution des principaux indicateurs économiques de la Mauritanie... 136
Tableau32 Evolution des IDE entrant dans les pays maghrébins.............................. 143
Tableau33 Evolution du stock d’IDE........................................................................ 144
Tableau34 Les investissements étrangers/formation brute du capital fixe ............... 144
Tableau35 Balance commerciale de la Tunisie.......................................................... 149
Tableau36 Evolution du commerce extérieur par secteur d’activité.......................... 150
Tableau37 Balance commerciale du Maroc............................................................... 151
Tableau38 Les importations marocaines par groupes d’utilisation........................... 152
Tableau39 Les exportations du Maroc par groupe d’utilisation................................ 154
Tableau40 Balance commerciale de l’Algérie........................................................... 156
Tableau41 Les échanges extérieurs de l’Algérie par groupement d’utilisation......... 156
Tableau42 Les échanges extérieurs de l’Algérie par groupement d’utilisation......... 157
Tableau43 Balance commerciale de la Libye............................................................ 159
Tableau44 Liste des principaux produits importés par la Libye................................ 159
Tableau45 Liste des principaux produits exportés par la Libye................................ 160
Tableau46 Balance commerciale de la Mauritanie.................................................... 161
Tableau47 Exportations de la Mauritanie par produits.............................................. 162
Tableau48 Importations de la Mauritanie par produits.............................................. 162
Tableau49 La structure géographique du commerce extérieur de la Tunisie............ 164
Tableau50 Les principaux partenaires commerciaux du Maroc................................ 165
Tableau51 Le commerce extérieur de l’Algérie par régions économiques............... 167
Tableau52 Les principaux fournisseurs de l’Algérie................................................. 167
Tableau53 Les principaux clients de l’Algérie.......................................................... 169
Tableau54 Les principaux partenaires commerciaux de la Libye.............................. 170
Tableau55 Les principaux partenaires commerciaux de la Mauritanie..................... 171
Tableau56 Les conventions signées par l’UMA........................................................ 193
Tableau57 Les échanges commerciaux intra-maghrébins......................................... 204
Tableau58 Les principaux produits du commerce informel entre l’Algérie et les 208
pays de l’UMA.........................................................................................
Tableau60 Les échanges extérieurs des pays arabes 2004-2008............................... 246
Tableau61 Evolution du commerce interarabe.......................................................... 246
Tableau62 La structure des exportations et des importations intra-arabes................ 247

292
Tableau63 Les investissements directs interarabes selon le pays d’accueil.............. 249

 Liste des figures


Figure 1 Création et détournement de commerce dans une union douanière......... 34
Figure 2 Création et détournement de commerce - coûts croissants...................... 36
Figure 3 Le théorême KEMP et WAN................................................................... 37
Figure 4 Les effets sur les termes de l’échange...................................................... 39
Figure 5 Les effets attendus de l’achèvement d’un marché commun.................... 44
Figure 6 Les institutions de l’UE............................................................................ 73
Figure 7 L’organigramme de l’Union du Maghreb Arabe 188

 Liste des graphiques


Graphique1 Part des principaux accords commerciaux régionaux dans le commerce 55
mondiale ..................................................................................................
Graphique2 Comparaison du niveau des exportations intra-régionales dans les 205
différentes régions du monde -2004.........................................................

293
TABLE DES MATIERES
Sommaire........................................................................................................................... 1
Liste des abréviations et des acronymes 2
Introduction générale……………………………………………………………………. 3

Première partie : Intégration économique régionale : de la conception à la mise .... 15


en pratique
Introduction à la partie…………………………………………………………………….. 16

Premier chapitre : Intégration économique régionale : Essai de clarification du concept... 18


Introduction………………………………………………………………………………... 19

Section 1 : Genèse et évolution de l’intégration économique régionale………………........ 20


1-1 Définition du concept, ses caractéristiques et ses objectifs……………….... 21
1-1-1 Le pilier économique…………………………………………………...... 21
1-1-2 La coordination institutionnelle………………………………………….. 22
1-1-3 Définition de l’intégration économique régionale……………………….. 23
1-2 Typologie conceptuelle de l’intégration......................................................... 26
1-3 Les formes de l’intégration régionale……………………………………… 28
1-2-1 Intégration des marchés…………………………………………………... 28
1-2-2 Intégration de la production……………………………………………….. 31
Section 2 : Les effets de l’intégration économique régionale…………………………........ 34
2-1 Les effets statiques des accords régionaux………………………………….. 34
2-1-1 Création et détournement de commerce sous l’approche traditionnelle…... 35
2-1-2 Les effets sur les termes de l’échange……………...................................... 40
2-2 L’aspect dynamique de l’intégration régionale……………………………. 42
2-2-1 Les effets de concurrence et d’économies d’échelle...……........................ 43
2-2-2 Les investissements directs étrangers………………………... 44
Section 3 : Mondialisation et régionalisation : deux dynamique contradictoires ………… 47
Ou faussement contradictoires
3-1 Les caractéristiques de la deuxième vague d’intégration…………………... 48
3-2 La résurgence des accords régionaux………………………………………. 50
3-2-1 La régionalisation comme réponse aux carences du multilatéralisme…… 51
3-2-2 La régionalisation comme réponse à la mondialisation…………………. 54
3-3 Régionalisation et mondialisation : confrontation ou complémentarité ? .. 55
Conclusion………………………………………………………………………………… 61

Deuxième chapitre : Quelques expériences d’intégration régionale à travers le monde… 63


Introduction………………………………………………………………………………... 64

Section 1 : Intégration régionale en Europe : l’Union Européenne………………………... 64


1-1 Genèse du processus de la construction européenne……………………….... 65
1-1-1 Les débuts de l’intégration économique en Europe de l’ouest................... 65
(1945-1957)
1-1-2 La communauté économique européenne……………………………….. 66
1-1-3 La poursuite de la construction européenne…………………………….. 67
1-2 L’Union Européenne, économique et monétaire………………………… 68
1-2-1 Les fondements de l’Union Européenne………………………............... 68
1-2-2 La mise en œuvre d’une monnaie unique……………………………….. 70

294
1-3 L’Union Européenne et l’élargissement vers l’Est………………………. 72
1-3-1 L’Union Européenne et ses institutions……………………………….... 73
1-3-2 Elargissement de l’Union Européenne………………………………... 76
1-4 Les effets de l’intégration sur le développement de la région…………… 80
Section 2 : Intégration régionale en Amérique : Accord de libre échange nord…………... 84
américain
2-1 Genèse de l’Accord……………………………………………………......... 84
2-2 Les objectifs de l’Accord…………………………………………………… 85
2-3 Les termes de l’Accord……………………………………………………... 87
2-4 Les effets de l’Accord sur le développement de la région………………….. 93
2-4-1 Au niveau des échanges commerciaux…………………………………… 93
2-4-2 Au niveau des investissements…………………………………………… 95
Section3 : Intégration régionale en Asie : Association des Nations de l’Asie du Sud Es... 97
3-1 Genèse du regroupement……………………………………………………. 98
3-2 Objectifs et structures de l’ASEAN………………………………………… 99
3-3 La zone de libre échange de l’ASEAN(AFTA).......………………………... 100
3-4 Situation économique et sociale des pays membre…………………………. 102
3-5 ASEAN+3 : la crise à l’origine d’un régime monétaire et financier……….. 105
3-5-1 Le volet monétaire du régime : l’initiative Chiang Mai………………….. 105
3-5-2 Le volet financier du régime : l’initiative pour les marchés obligataires… 106
Conclusion ……………………………………………………………………… 108
Conclusion de la première partie………………………………………………………… 109

Deuxième partie : Intégration économique régionale au Maghreb…………………… 112


Introduction à la partie…………………………………………………………………….... 113

Premier chapitre : Les principales caractéristiques des économies maghrébines……...... 115


Introduction …...…………………………………………………………………………... 116

Section 1 : Les potentialités physiques et humaines des pays du Maghreb……………....... 117


1-1 Algérie……………………………………………………………………….. 117
1-1-1 Le potentiel physique……………………………………………………… 118
1-1-2 Le potentiel humain……………………………………………………….. 119
1-2 Tunisie……………………………………………………………………….. 120
1-2-1 Le potentiel physique……………………………………………………… 121
1-2-2 Le potentiel humain……………………………………………………….. 122
1-3 Maroc………………………………………………………………………. 123
1-3-1 Le potentiel physique……………………………………………………… 124
1-3-2 Le potentiel humain……………………………………………………….. 125
1-4 Libye ………………………………………………………………………... 127
1-4-1 Le potentiel physique……………………………………………………… 127
1-4-2 Le potentiel humain………………………………………………………. 129
1-5 Mauritanie …………………………………………………………………... 130
1-5-1 Le potentiel physique……………………………………………………… 131
1-5-2 Le potentiel humain ………………………………………………………. 131
Section 2 : Situation actuelle de l’ensemble des économies maghrébines…………………. 133
2-1 Un cadre macroéconomique relativement assaini............................................ 134
2-2 Problème de croissance potentielle………………………………………….. 143
2-3 Une attractivité insuffisante pour les IDE………………………………….... 146

295
2-4 L’Etat des échanges extérieurs……………………………………………..... 152
2-4-1 Type de spécialisation des pays maghrébins…………………………….... 152
2-4-2 Les principaux partenaires commerciaux : forte concentration………….... 166
Géographique des échanges
Conclusion………………………………………………………………………………… 176

Deuxième chapitre : Le Maghreb entre intégration régionale Sud-Sud et intégration……. 179


régionale Nord-Sud
Introduction……………………………………………………………………………....... 180

Section 1 : Les expériences d’intégration régionale au Maghreb : le CPCM et l’UMA….. 181


1-1 Les opportunités à l’édification maghrébine 182
1-2 Genèse de regroupement des pays du Maghreb……………………………. 184
1-3 Réactivation du projet Maghrébin et la fondation de l’UMA………………. 187
1-3-1 Les facteurs ayant contribué à la relance de la construction maghrébine... 187
1-3-2 La naissance de l’Union du Maghreb Arabe……………………………… 189
1-3-3 Le traité de Marrakech…………………………………………………….. 190
1-3-4 Les conventions signées dans le cadre de l’UMA……………………….... 198
Section 2 : L’intégration de l’espace maghrébin : un bilan mitigé, pourquoi ?..................... 207
2-1 Bilan de la coopération maghrébine………………………………………..... 207
2-2 Les raisons du blocage du processus maghrébin…………………………… 209
2-2-1 Au plan économique……………………………………………………… 209
2-2-2 Au plan politique…………………………………………………………. 217
2-2-3 Les difficultés d’ordre institutionnel…………………………………….. 219
2-3 Les tentatives de redynamisation du processus……………………………. 221
2-3-1 Accord de partenariat privilégié entre l’Algérie et la Tunisie……………. 221
2-3-2 Zone de libre échange entre la Tunisie et la Libye……………………….. 222
2-3-3 Les relations mauritano-libyenne…………………………………………. 225
2-3-4 Redynamisation de l’Union maghrébine pour l’agriculture et la pêche….. 226
2-3-5 La création de l’Union maghrébine des employeurs ……………………. 227
2-3-6 La création de l’Union des foires des pays de l’UMA…………………… 228
2-3-7 La banque maghrébine pour l’investissement et le commerce extérieur…. 229
Section 3 : Les accords d’association avec l’UE et la GZALE…………………………… 229
3-1 Les accords d’association avec l’UE……………………………………….. 230
3-1-1 le contenu des accords d’association…………………………………….. 231
3-1-2 Bilan de la coopération…………………………………………………… 238
3-1-3 Zone de Libre-échange euromaghrébine : risques et bienfaits…………… 241
3-2 La Grande Zone Arabe de libre Echange…………………………………… 244
3-2-1 Le monde arabes : potentialités physiques et humaines………………….. 244
3-2-2 Les dispositions de la GZALE……………………………………………. 245
3-2-3 Champ d’application…………………………………………………….... 247
3-2-4 Définition des règles d’origine et les méthodes de coopération…………... 248
Administratives applicables dans le cadre de la GZALE
3-2-5 Les organes de suivi, d’application et de règlement des différends……… 252
3-2-6 Le degré d’impact de la GZALE sur le niveau des échanges et des…........ 253
investissements interarabes
3-3 Perspectives et recommandations…………………………………………... 259
Conclusion………………………………………………………………………………… 264
Conclusion de la deuxième partie……………………………………………………….. 267
Conclusion générale……………………………………………………………………… 270

296
Annexes…………………………………………………………………………………….. 278
Bibliographie………………………………………………………………………………. 281
Liste des tableaux................................................................................................................. 288
Liste des figures.................................................................................................................... 290
Liste des graphiques............................................................................................................ 290
Table des matières................................................................................................................ 291

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