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Les consommations d’énergie

en bâtiment d’élevage laitier


Repères de consommations et pistes d’économies

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col l e
Cet ouvrage a été rédigé par Jean-Baptiste Dollé et Benoît Delattre (Institut de l’Elevage), Jacques Charlery (Chambre
Régionale d’Agriculture de Bretagne) et Emmanuelle Souday (Chambre Régionale d’Agriculture des Pays de la Loire)
et a bénéficié des avis de Jean-Yves Blanchin, Aude Brachet, Vincent Corbet, Philippe Dumonthier, André Le Gall,
Jacques Lucbert, Jean-Luc Ménard, Stéphane Mille (Institut de l’Elevage), Olivier Rosat (GIE Lait Viande Bretagne),
Cédric Garnier et Sandrine Lacombe (ADEME).
Ce document entre dans le cadre d’un travail conduit avec le soutien financier de l’ADEME. ll bénéficie aussi de
travaux conduit avec l’appui du Ministère de l’Agriculture et de la Pêche (CASDAR) et du CNIEL.

Collection : Synthèse

Conception graphique :
Bêta Pictoris

Mise en page, illustrations :


Frédéric Croix

Crédits photos :
Institut de l’Elevage, DR

Dépot légal :
1er trimestre 2009
© Tous droits réservés à l’Institut de l’élevage
149, rue de Bercy
75595 Paris cedex 12
www.inst-elevage.asso.fr

Edité par :
Institut de l’élevage
Janvier 2009
réf. 05 09 33 001
isbn 978-2-84148-555-0
Sommaire
Les consommations d’énergie en bâtiment
d’élevage laitier
Repères de consommations et pistes d’économies

INTRODUCTION 2

1/ RepèRes De CONsOmmaTIONs D’éNeRgIe eN bâTImeNT 3


Les consommations d’électricité 3

Les consommations de fioul 7

Les consommations totales : approche technique et économique 11

2/ Les pIsTes pOUR RéDUIRe La faCTURe éNeRgéTIqUe 13


Le pré-refroidisseur de lait : 40 à 50 % d’économie sur la consommation du tank 13

Le récupérateur de chaleur sur le tank à lait : 70 à 80 % d’économie sur le chauffage de l’eau 15

Une laiterie bien conçue réduit la consommation du tank 17

Adapter le temps de traite ? Peu de différences 18

Le fonctionnement du tracteur d’élevage 20

Privilégier le raclage automatisé des déjections 21

Pour l’eau de nettoyage de l’installation de traite : le chauffe-eau solaire 22

Intérêt comparé des pistes d’économie 24

3/ aUTO-DIagNOsTIC paR L’éLeveUR Des CONsOmmaTIONs D’éNeRgIe eN bâTImeNT LaITIeR 25


Les consommations de fioul 25

Les consommations d’électricité 27

Les consommations totales 29

bIbLIOgRapHIe 30

CONTaCTs 31

Institut de l’élevage 1
Introduction

Dans un contexte de raréfaction des ressources en énergie fossile et d’accentuation du phénomène de


réchauffement climatique, une loi de programme fixant les orientations de la politique énergétique
a été votée le 13 juillet 2005. elle vise notamment à réduire les émissions de gaz à effet de serre
de 3 % par an, à baisser l’intensité énergétique de 2 % par an d’ici 2015 et à diversifier le bouquet
énergétique en produisant plus de 10 % de l’énergie à partir d’énergies renouvelables d’ici 2010.

L’activité agricole représente une faible part de la consommation nationale d’énergie directe
(2 à 3 %). Néanmoins, les éleveurs, consommateurs d’énergie sous différentes formes, sont concernés
par les objectifs de réduction des consommations.

au-delà des enjeux précédents, nous enregistrons en 2008 de nettes répercussions économiques :
+ 70 % pour le prix du fioul depuis 2003, + 40 % pour celui des engrais azotés. L’envolée des prix
a des conséquences économiques sur les exploitations. en élevage bovin, la hausse de l’énergie
depuis 2003 a entraîné une érosion de 5 à 10 % du revenu.

Ce document fait suite à un travail commandé par l’aDeme et conduit par l’Institut de l’elevage et les
Chambres Régionales d’agriculture de bretagne et pays de la Loire, portant sur l’utilisation rationnelle
de l’énergie en bâtiment laitier, allaitant et veaux de boucherie (aDeme, 2007). Ce document apporte
plus particulièrement des éléments de réponse aux questions d’énergie en bâtiment d’élevage
laitier. Il présente dans un premier temps les consommations d’électricité et de fioul observées sur
un échantillon de soixante exploitations. Dans un deuxième temps, une description des principaux
leviers d’action est faite de manière à éclairer les techniciens et les éleveurs sur les pistes de réduction
possibles. Enfin une démarche d’évaluation des consommations est présentée pour permettre de
situer le degré de dépendance énergétique des bâtiments d’un élevage laitier.

2 Institut de l’élevage
Première partie/
Repères de consommation
d’énergie en bâtiment

Cette partie détaille les niveaux de consommations d’énergie directe en bâtiments d’élevage laitier,
c’est-à-dire pour la production laitière et l’élevage des génisses de renouvellement. par énergie
directe, on entend les énergies directement consommées sur l’exploitation, soit l’électricité et le
fioul achetés par l’éleveur.

Les consommations
d’électricité
De nombreux équipements
électriques
Les équipements électriques en élevage laitier
sont multiples. L’essentiel de ces équipements
est lié au bloc traite :
• le tank à lait qui permet le refroidissement
du lait de 35°C à 4°C et son stockage pendant
1 à 3 jours ;
• le chauffe-eau pour l’approvisionnement en
eau chaude sanitaire nécessaire au lavage
de l’installation ;
Photo 1 : Le tank à lait consomme en moyenne 200 kWh par vache / an
• l’éclairage du bloc traite mais également
de la stabulation des vaches laitières, des
génisses et de la nurserie ;
• les équipements de nettoyage tels que le
La méthodologie : 60 enquêtes en exploitation
nettoyeur haute-pression ou le surpresseur;
• et les autres postes tels que la pompe à lait, Les résultats présentés dans cette première partie sont issus
l’allaitement des veaux, les portillons de la d’enquêtes conduites sur un échantillon de 60 exploitations
salle de traite et les équipements de l’atelier réparties sur le territoire national, de sorte à appréhender
les consommations d’électricité pour le fonctionnement
(compresseur, poste à souder).
du bâtiment (traite, réfrigération du lait, éclairage, …) et
D’autres appareils électriques peuvent être de fioul pour la mise en œuvre des pratiques d’élevage
(distribution de fourrages, paillage, …).
rencontrés sur une exploitation laitière,
Cette étude a été commandée par l’ADEME à l’Institut de
notamment les équipements utilisés pour l’Elevage et aux Chambres Régionales d’Agriculture de
la distribution des fourrages ou la gestion Bretagne et Pays de la Loire afin de répondre aux objectifs
des déjections (racleur, pompe, etc.). Ces de réduction des consommations d’énergie fossile et
d’émission de gaz à effet de serre.
équipements ne sont pas en lien direct avec le
bloc traite et sont comptabilisés séparément.

Institut de l’élevage 3
Les consommations d’énergie en bâtiment d’élevage laitier

Le bloc traite, premier poste de Au-delà des consommations totales électriques du bloc traite, il
consommation est intéressant d’évaluer et de hiérarchiser la part des différents
équipements sur les exploitations possédant une salle de traite
Le relevé précis des puissances et du temps de
comparable, de type épi ou traite par l’arrière (TPA). Le tank, poste
fonctionnement de chacun des équipements
prédominant, consomme en moyenne 27 Wh/l de lait (Tableau 2)
permet d’évaluer la consommation pour
contre 18 Wh/l de lait pour le chauffe-eau et 10 Wh/l de lait pour
l’ensemble des postes à l’exception du
la pompe à vide.
tank. En effet, la consommation du tank est
liée à la température du lait, aux conditions Tableau 2 : Consommations électriques moyennes du bloc traite
par poste (hors exploitations équipées d’un robot de traite)
climatiques, à l’aménagement de la laiterie,
et ne peut être connue avec précision qu’au kWh/vL Wh/l de lait
moyen d’enregistrements spécifiques. La Tank 190 27
consommation du tank est donc calculée par Chauffe-eau 120 18
différence entre la consommation totale et celle
Pompe à vide 68 10
des autres postes.
Eclairage 10 1
La consommation électrique moyenne
Nettoyage du
annuelle de l’ensemble des postes représente 8 1
sol et parois
420 kWh/vache laitière en production
Puits ou
(Tableau 1), soit 61 Wh/l de lait livré. Cette 14 2
forage 67 10
moyenne cache de nombreuses disparités liées Pompe à lait 3 0
au type d’équipement et à la conception du bloc
Autres
traite. 11 2
équipements
Divers 21 4
Tableau 1 : Consommations électriques
Les autres postes tels que l’éclairage, le nettoyage des sols, la
kWh/vache Wh/l de lait
Laitière pompe à lait ont une faible incidence sur les consommations
de l’atelier, le cumul de l’ensemble de ces postes représentant
Minimum 160 27
10 Wh/l de lait.
Moyenne 420 61
Concernant le bloc traite seul, le tank, le chauffe-eau et la pompe
Maximum 920 120
à vide ont une consommation significative et représentent
respectivement 43, 27 et 15 % des consommations (Graphique 1).
Pour réduire les consommations, on s’intéressera donc en priorité
15 %
43 %

Tank

15 %
Chauffe-eau

Pompe à vide

Autre

27 %
Photo 2 : Le bloc traite représente une
consommation de 400 kWh/VL/an Graphique 1 : Ventilation de la consommation électrique du bloc traite

4 Institut de l’élevage
1/ Repères de consommation d’énergie en bâtiment

à ces trois postes. Le cumul des autres postes


secondaires (éclairage, nettoyage, pompe à
eau, pompe à lait, …) ne représente que 15 % du
total.

Les consommations électriques


pour la gestion des déjections et la
distribution des fourrages
Dans notre échantillon, 36 élevages sont
équipés d’appareils électriques pour la
gestion des déjections (raclage, pompage et
homogénéisation des lisiers) et la distribution
des fourrages (griffe à foin). Le Tableau 3 fait
apparaître les niveaux de consommations
pour les exploitations ayant recours à ce type
Photo 3 : Le robot de traite consomme deux fois plus qu’une salle de
d’équipements. La mécanisation de ces tâches
traite classique
se traduit par des niveaux de consommation
faibles comparativement au fonctionnement du à un fonctionnement quasi continu de la pompe à vide, sont à
bloc traite. l’origine d’une consommation (780 kWh/VL) presque deux fois
supérieure aux salles de traite classiques. Ces résultats, basés sur
Tableau 3 : Consommation électrique moyenne seulement trois exploitations équipées de robot de traite, méritent
des pratiques d’élevage
d’être validés sur un nombre plus important d’exploitations mais
Wh/l de
kWh/vL/an montrent déjà l’incidence d’un tel équipement.
lait
Raclage 22 3,4 Le temps de traite

Pompage, La consommation électrique de la pompe à vide est proportionnelle


12 1,7
homogénéisation à son temps de fonctionnement. L’organisation de l’éleveur au
Distribution de
18 2,9
moment de la traite, l’acheminement des vaches en aire d’attente,
fourrages (griffe) les pratiques d’hygiène des trayons avant et après la traite, la
rapidité avec laquelle les vaches sortent de la salle de traite sont
Les facteurs de variation des autant d’éléments qui conditionnent la durée de fonctionnement
consommations d’électricité de la pompe à vide, et par conséquent la consommation électrique.
Sur l’échantillon observé, les consommations varient du simple
L’équipement de traite : des consommations
au double selon les exploitations et montrent ainsi les marges de
du simple au double
progrès possibles sur ce poste.
Le Tableau 4 met en évidence les différences de
Tableau 4 : Consommation électrique du bloc traite selon
consommations selon l’équipement de traite l’équipement de traite
(robot, salle de traite épi, salle de traite par
l’arrière). salle de traite salle de traite
Robot
en épi par l'arrière
Pour les salles de traite classiques (épi
ou TPA), les niveaux de consommations sont kWh/ Wh/l kWh/ Wh/l kWh/ Wh/l
VL de lait VL de lait VL de lait
du même ordre de grandeur. Aucune différence
significative n’est observée entre les deux Minimum 620 77 160 27 270 38
équipements.
Moyenne 780 100 390 57 440 66
La situation est différente pour les exploitations
équipées de robot. Ces installations, associées Maximum 920 120 700 97 610 100

Institut de l’élevage
5
Les consommations d’énergie en bâtiment d’élevage laitier

Le refroidissement du lait : ventiler la laiterie

La conception de la laiterie et le positionnement


du tank influent fortement sur les
consommations du tank. Le graphique 2
représente la température à l’intérieur de la
laiterie et la consommation du tank, dans une
laiterie non ventilée et une laiterie correctement
ventilée, les deux étant situées dans une même
région climatique.

Dans une laiterie dépourvue d’entrées et de


sorties d’air efficaces (Graphique 2a), les phases
de fonctionnement du tank engendre une
augmentation de la température comprise entre
2 et 10 °C selon la durée de refroidissement.

A l’inverse dans la laiterie ventilée


Photo 4 : La ventilation de la laiterie est essentielle pour limiter les
(Graphique 2b), le fonctionnement du tank n’a consommations du tank
aucune incidence sur la température intérieure
de la laiterie. Le positionnement du condenseur
Le pré-refroidisseur de lait est un second élément à l’origine des
face à une grille de sortie d’air permet une
différences de consommation électrique observées sur le tank.
évacuation complète de l’air chaud généré par
Parmi les 60 exploitations de l’échantillon, 12 d’entre elles sont
le tank. Au final, la consommation d’électricité
équipées d’un pré-refroidisseur de lait. Sur ces exploitations, les
est moindre.
consommations électriques pour le tank sont inférieures.

2a : Laiterie non ventilée 2b : Laiterie ventilée


°C T° intérieure (C°) T° intérieure (C°)
A A
Consommation du Tank (A) °C Consommation du Tank (A)
32,00 9,00
 32,00 9,00
   
30,00   
  8,00 30,00  8,00
28,00    28,00
 7,00 7,00
26,00 26,00
6,00 6,00
24,00 24,00
5,00 5,00
22,00 22,00
4,00 4,00
20,00 20,00
3,00 3,00
18,00 18,00

2,00 2,00
16,00 16,00

14,00 1,00 14,00 1,00

12,00 0,00 12,00 0,00
7h 12h 18h 0h 6h 12h 18h 22h 7h 12h 18h 0h 6h 12h 18h 22h

 Refroidissement du lait après chaque traite


 Refroidissement du lait entre les traites
 Brassage du lait

Graphique 2 : Evolution de la température de la laiterie et de la consommation du tank, dans une laiterie non ventilée (2a) ou ventilée (2b)
Dans une laiterie ventilée, la température est plus stable et plus fraîche, donc le tank consomme moins.

6 Institut de l’élevage
1/ Repères de consommation d’énergie en bâtiment

Enfin, la fréquence de ramassage du lait


est également un élément qui influe sur la
consommation du tank. On observe ainsi des
différences fortes entre les exploitations selon
cette fréquence de ramassage. Elle est de 2
traites en zone de transformation fromagère
et de 4 ou 6 traites pour d’autres zones de
production (Tableau 5).

Tableau 5 : Effet de la fréquence de ramassage


du lait sur la consommation du tank
fréquence de Consommation du tank
ramassage (Wh/l de lait)

2 traites 13

4 traites 27

6 traites 29

Si la fréquence de ramassage relève du choix de


l’industriel qui assure la collecte, il convient de
garder à l’esprit l’incidence de ce facteur pour
effectuer les calculs de rentabilité lors de la mise
en place d’un équipement de prérefroidissement Photo 5 : Un chauffe-eau âgé de 10 ans peut consommer 30 %
d’électricité en plus
ou de récupération de chaleur.
La production d’eau chaude : des économies
d’échelle sont possibles
L’eau chaude utilisée pour le nettoyage de
l’équipement de traite (lactoduc, griffes, …) Les consommations de fioul
représente en moyenne 50 % du volume global
d’eau de lavage. Les consommations d’électricité
Des consommations liées aux pratiques d’élevage
pour le chauffage de l’eau sont fonction du
différentiel de température entre l’eau froide Les consommations de fioul en bâtiment sont liées à l’utilisation
et l’eau chaude souhaitée, du volume d’eau de des tracteurs pour la mise en œuvre des pratiques d’élevage :
lavage lié à la taille de l’installation de traite et • l’alimentation qui correspond à la distribution des fourrages
de l’âge du chauffe-eau. aux animaux ;
• le paillage qui est l’apport de litière aux animaux ;
Sur l’échantillon, la consommation du chauffe-
• le raclage, c’est-à-dire le transfert des déjections du bâtiment
eau représente en moyenne 18 Wh/l de lait.
vers les ouvrages de stockage ;
Du fait des économies d’échelle sur le volume
• le curage des litières accumulées à l’extérieur du bâtiment ;
d’eau de nettoyage, la consommation électrique
• le transfert des déjections liquides par pompage et
par litre de lait est plus faible dans les grandes
l’homogénéisation à l’aide d’un mixer sur tracteur.
exploitations que dans les petites.

Institut de l’élevage 7
Les consommations d’énergie en bâtiment d’élevage laitier

L’alimentation, premier poste de dans le bâtiment. A cet égard, le temps de présence hivernal
consommation de fioul est un indicateur intéressant mais insuffisant pour expliquer les
consommations de fioul. Selon les régions, il arrive en effet que
Sur l’échantillon enquêté, la consommation
les éleveurs poursuivent la distribution d’aliments en complément
moyenne de fioul pour l’ensemble des
du pâturage lorsque les animaux sont à l’extérieur. Le nombre
pratiques est de 45 l/VL/an (Tableau 6). Cette
de mois de distribution étant un facteur déterminant, celui-ci
consommation de fioul varie considérablement
a été retenu dans le tableau 7 pour exprimer les résultats des
d’une exploitation à l’autre. Le minimum
consommations.
est observé dans une exploitation où le
pâturage est très développé, avec donc Pour un même poste, on relève des écarts importants selon
peu de pratiques d’élevage en bâtiment. les conditions d’élevage. Ces écarts mettant en évidence les
différences liées au système d’élevage et aux pratiques, montrent
que des économies sont possibles en modifiant le fonctionnement
Tableau 6 : Consommation totale de fioul en de l’exploitation.
bâtiment par exploitation
Même si le cumul des postes peut donner une indication sur les
Toutes exploitations consommations de la ferme moyenne de l’échantillon, celui-ci
exploitations sans séchage
(L de fioul/ en grange (L de ne correspond à aucune situation d’exploitation réelle. Chaque
vL/an) fioul/VL/an) exploitation correspond en effet à une combinaison de ces
Minimum 2 22

Moyenne 45 52

Maximum 110 110

La consommation maximale est au contraire


relevée dans un élevage où les animaux sont
en stabulation permanente et avec utilisation
d’engins de forte puissance pour la réalisation
des pratiques. Dans les exploitations sans
séchage en grange, la consommation de fioul est
supérieure. Elle atteint 52 l/VL/an en moyenne
du fait de la distribution de l’alimentation à
l’aide d’un tracteur.
Le Tableau 7 détaille les consommations de
fioul sur les exploitations sans équipement de Photo 6 : En moyenne, une exploitation consomme 45 l/VL/an
séchage en grange. Les consommations de fioul de fioul pour les pratiques d’élevage
dépendent du temps de présence des animaux

Tableau 7 : Consommation de fioul par poste (exploitations sans séchage en grange)

L de fioul/mois de distribution de fourrages/VL

alimentation paillage Raclage Curage Transfert homogénéisation

Minimum 0,22 0,05 0,06 0,02 0,01

Moyenne 2,9 1,0 0,9 0,4 0,2

Maximum 6,4 3,4 3,04 3,0 0,53

8 Institut de l’élevage
1/ Repères de consommation d’énergie en bâtiment

pratiques et non à la juxtaposition de l’ensemble.


Néanmoins en moyenne, le poste alimentation
est responsable de 54 % de la consommation
énergétique totale liée aux pratiques
(Graphique 3). Les postes paillage, raclage
et curage représentent respectivement
19, 16 et 8 %.

3%
8%
54 %

Alimentation

16 % Paillage

Raclage

Curage

Photo 7 : Le paillage, 19% de la consommation de fioul


Transfert
homogénéisation
19 %
Litres de
Graphique 3 : Ventilation des consommations fioul/VL/an
moyennes liées aux pratiques d’élevage 60

Les facteurs de variation des


50
consommations de fioul
Le système fourrager : l’herbe plus économe
40
Le système fourrager, caractérisé ici par
le pourcentage de maïs sur la SFP (surface
fourragère principale), influe sur la distribution 30
des aliments, mais également sur l’ensemble
des pratiques, dès lors que les animaux sont
20
présents dans le bâtiment. Le Graphique 4
montre les différences observées sur les
consommations annuelles de fioul pour 10
l’ensemble des pratiques d’élevage, en fonction
de la part de maïs sur la surface fourragère
0 % de maïs
principale. Les systèmes herbagers sont 0-10 10-30 >30 dans SFP
plus économes en fioul : ils comprennent les
exploitations pour lesquelles les animaux Graphique 4 : Consommation de fioul/VL/an en fonction du système
fourrager
séjournent peu de temps en bâtiment, ainsi que
les exploitations avec séchage en grange et ne
Le type de déjections : le lisier, faible consommateur d’énergie
consommant pas de fioul pour la distribution
des fourrages. Dans ces systèmes herbagers, on Des pratiques d’élevage consommatrices de fioul comme le
consomme en moyenne 15 litres de fioul/VL/an raclage, le paillage et le curage sont liées au type de déjections
de moins que dans les systèmes avec plus de produit dans le bâtiment. Sur l’échantillon enquêté, les systèmes
30 % de maïs dans la surface fourragère lisier apparaissent nettement plus économes en fioul que
principale.

Institut de l’élevage 9
Les consommations d’énergie en bâtiment d’élevage laitier

les systèmes mixtes ou fumier (Graphique 5).


La consommation moyenne de ces systèmes
lisier est de 37 l/VL/an, contre 54 l/VL/an pour
les systèmes fumier.
Cette consommation annuelle correspond à
5,2 l de fioul/mois de distribution/VL en système
lisier contre 6,7 l pour les systèmes fumier.

Litres de
fioul / VL / An
60

50

40

30 Photo 8 : Dans les systèmes fumier, on consomme 30% de fioul en


plus

20 doit également être en adéquation avec l’équipement. Dans


certains cas, l’utilisation de tracteur de forte puissance n’est pas
10 justifiée et se traduit par des consommations importantes de
fioul.

0 Enfin, l’organisation des circuits, la circulation des engins,


lisier mixte fumier et l’enchaînement des tâches influent fortement sur le
temps d’utilisation des tracteurs. Dans certains élevages, les
Graphique 5 : Consommation de fioul/VL/an en
fonction du type de déjection «temps morts» qui représentent 20 à 40 % du temps total de
fonctionnement, sont liés à une mauvaise organisation du site ou
une mauvaise organisation du travail.
Le fonctionnement du tracteur d’élevage
Les consommations de fioul sont liées au
fonctionnement du tracteur, c’est-à-dire au
temps de fonctionnement et à la puissance
mise en oeuvre. D’importantes différences
ont été observées entre les exploitations de
l’échantillon. Il ressort en effet que le choix
d’équipement et la puissance de traction ne sont
pas toujours optimisés. Certains exploitants
utilisent des équipements de distribution
parfois inadaptés à la taille du troupeau, par
exemple pour l’alimentation. Plusieurs options
sont envisageables (godet désileur de 1 à 3 m³,
désileuse de 3 à 6 m³, mélangeuse) et doivent
être raisonnées en lien avec les volumes de
fourrages à distribuer. La puissance de traction Photo 9 : Les éleveurs s’équipent souvent d’une puissance de traction
supérieure à leurs besoins réels

10 Institut de l’élevage
1/ Repères de consommation d’énergie en bâtiment

Les consommations 8%
29 %
totales : approche
13 %
technique et Alimentation

économique Tank

Paillage-raclage
au total près de 900 kWh/vL/an
14 %
Chauffe-eau
Pour analyser les consommations totales,
les quantités de fioul consommées ont été Pompe à vide
converties en kWh sur la base du PCI (Pouvoir
Calorifique Inférieur) : 1 litre de fioul équivaut à Divers
21 %
9,85 kWh. 15 %
En moyenne sur l’échantillon, la consommation
Graphique 6 : Répartition des consommations d’énergies globales
totale d’énergie est de 884 kWh/VL/an, soit
128 Wh/l de lait. Les deux grands postes
de consommation, bloc traite – bâtiment et Energie finale et énergie primaire
pratiques d’élevage, c’est-à-dire électricité et
fioul, représentent chacun 442 kWh/VL/an, soit L’énergie finale (ef)
64 Wh/l de lait (Tableau 8).
La consommation de fioul et d’électricité correspond à l’énergie
Tableau 8 : Consommation d’énergie totale en directe nécessaire au fonctionnement de l’exploitation : c’est
bâtiment celle qui est facturée à l’éleveur. Cette consommation ici
L de kWh/ Wh/l de exprimée en litre de fioul et en kWh électrique représente
fioul/ vL/an lait l’énergie finale ; c’est-à-dire l’énergie dégradée dans un
vL/an équipement comme une ampoule ou un moteur. Ces unités
Consommation 442 64 sont employées pour le choix des leviers d’action à mettre
électrique
en place sur une exploitation ainsi que pour le calcul de
Consommation 45 442 64 rentabilité. On peut additionner des consommations de fioul
de fioul
et d’électricité en convertissant les litres fioul en kWh sur la
TOTAL 884 128 base du PCI du fioul (1 litre de fioul = 9,85 kWh).
Les trois postes principaux, expliquant 66 % des
consommations (Graphique 6), se répartissent L’énergie primaire (ep)
entre l’alimentation (29 %), le tank (21 %) et
Lorsque l’on souhaite apprécier le taux de dépendance
le paillage-raclage (15 %). La pompe à vide et
énergétique d’une activité, ou alors cumuler les énergies
le chauffe-eau représentent respectivement
directes (électricité, fioul) aux énergies indirectes (engrais,
8 et 14 % des consommations et le poste divers
aliment), il convient de parler en «énergie primaire». Il s’agit
(nettoyage, pompe à lait, éclairage, curage et
d’ajouter à l’énergie finale consommée, l’énergie nécessaire
transfert) 13 %.
à la production et au transport de cette source énergétique,
Comparativement aux consommations globales ainsi que les pertes. L’ «énergie primaire» ici exprimée en MJ
d’une exploitation d’élevage (énergies directes (Mégajoule) est obtenue grâce aux équivalences suivantes :
et indirectes), les consommations de fioul
1 kWh = 9,3 MJ ep
et d’électricité en bâtiment représentent en
moyenne 0,9 mégajoules d’énergie primaire/l 1 litre de fioul = 41,7 MJ ep
de lait, soit 20 à 30 % du total (cf. encadré).

Institut de l’élevage 11
Les consommations d’énergie en bâtiment d’élevage laitier

De nombreux facteurs de variation Tableau 9 : Consommations moyennes observées selon le type


d’énergie employée
Robot de traite, système fourrager et type de
pompage,
déjections alimentation Raclage
Type homogénéisation
Les facteurs de variation des consommations d’énergie Wh/l Wh/l Wh/l
employée kWh/ kWh/ kWh/
globales sont multiples. Le type d’installation de de de
VL VL VL
de traite (robot / salle de traite classique) influe lait lait lait

fortement sur le niveau de consommation


Fioul* 304 43 91 13 22 3,5
électrique. Les exploitations avec robot
atteignent ainsi les 170 Wh consommés par
litre de lait livré contre 125 Wh/l de lait dans Electrique 18 3,4 28 3,8 23 3,2
les élevages avec salle de traite classique. Le
système fourrager (% de maïs/SFP) et le type de * Les litres de fioul ont été convertis en kWh (1 l de fioul = 9,85 kWh).

déjections (lisier / mixte et fumier) font quant à


eux varier les consommations de fioul.
sous forme d’électricité pour l’entraînement des ventilateurs
ou sous forme de chaleur pour le chauffage de l’air ventilé. Ainsi,
moins d’énergie consommée avec l’électricité le cumul des consommations pour le séchage et la distribution se
Le type d’énergie utilisée pour la mise en traduit généralement par une consommation très supérieure aux
œuvre d’une pratique pèse lourdement sur systèmes conventionnels basés sur les ensilages.
la consommation énergétique totale, et Le raclage automatisé est beaucoup moins énergivore que le
globalement l’usage de l’électricité s’avère plus raclage tracteur, car il met en jeu des puissances inférieures.
économe.
Pour le transfert et l’homogénéisation, on n’observe aucune
Les pratiques pouvant indifféremment être différence selon le type d’énergie utilisée : l’influence du bâtiment,
mises en œuvre avec de l’électricité ou du fioul du type de déjection et l’effet éleveur sont autant d’éléments
sont les suivantes : faisant varier les niveaux de consommation de ce poste.
• la distribution des fourrages à l’aide d’une
griffe à foin ou d’un tracteur ;
Le coût annuel : 57 €/vL en 2008
• le raclage des déjections à l’aide d’un racleur
mécanisé ou d’un tracteur ; Le coût énergétique moyen associé au fonctionnement d’un
• l’homogénéisation et le transfert des bâtiment laitier est de 57 €/VL/an, soit 8,4 €/1000 l de lait.
déjections liquides à l’aide d’appareils La part du coût énergétique relatif à l’électricité est de 62 %, celle
électriques ou à entraînement tracteur. du fioul de 38 %.

La consommation observée pour la mise en Ce coût est établi sur la base d’un tarif de l’électricité de
œuvre de ces pratiques selon le type d’énergie 0,08 €/kWh en heure pleine et de 0,05 €/kWh en heure creuse
employée figure dans le Tableau 9. (tarif moyen 2007 sur notre échantillon d’enquête). Le prix moyen
du fioul en 2007 est de 0,4877 €/litre (source : ministère de
A l’exception du pompage et de
l’Economie, des Finances et de l’Industrie).
l’homogénéisation des déjections, les pratiques
avec entraînement électrique total ou partiel Ce coût énergétique moyen est un élément à intégrer pour l’analyse
sont plus économes sur le plan énergétique. économique des leviers d’actions. Il convient néanmoins de rester
très prudent sur ces valeurs compte tenu des évolutions rapides
Pour l’alimentation, l’utilisation d’une griffe à
et importantes du prix de l’énergie.
foin pour la distribution en vrac est plus économe.
Néanmoins, à ce système de distribution est
associée une infrastructure de séchage en
grange fortement consommatrice d’énergie

12 Institut de l’élevage

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