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© MASSON Rev Neurol (Paris) 2005 ; 161 : 12, 1205-1212 1205

Mémoire

Le test des 5 mots : validité dans la détection


de la maladie d’Alzheimer dans la population générale
P. Cowppli-Bony1, C. Fabrigoule1, L. Letenneur1, K. Ritchie2,
A. Alpérovitch3, J.F. Dartigues1, B. Dubois4
1
Unité INSERM U593, université de Bordeaux II, Bordeaux.
2
Unité INSERM U361, Montpellier.
3
Unité INSERM U360, Hôpital de la Salpêtrière, Paris.
4
Équipe INSERM U610, Hôpital de la Salpêtrière, Paris.
Reçu le : 23/09/2004 ; Reçu en dernière révision le : 08/02/2005 ; Accepté le : 30/03/2005.

RÉSUMÉ
Introduction. En médecine générale, le manque de temps est un frein à la détection de la maladie d’Alzheimer. Le test des 5 mots (5M)
explore rapidement la mémoire verbale épisodique. Il repose sur le principe d’une aide sémantique à l’encodage qui, en permettant de contrôler
l’enregistrement des mots et de faciliter si besoin leur récupération, fournit le moyen d’identifier un trouble spécifique du stockage des mots.
Objectif. Évaluer le score total du 5M (rappels libres + rappels indicés), le score total pondéré (STP) qui donne un poids plus élevé aux rappels
libres qu’aux rappels indicés et présenter les performances de ces deux tests pour la détection de la maladie d’Alzheimer. Méthode. Évaluation
réalisée sur 4 116 sujets recrutés en population générale à Bordeaux et à Montpellier pour l’étude des 3 Cités. Résultats. Le score total avait
une sensibilité (Se) maximale de 63 p. 100 pour une spécificité (Sp) de 91,1 p. 100. Le STP améliorait la Se (83,6 p. 100) en maîtrisant la Sp
(84,9 p. 100) et la valeur prédictive positive (9,1 p. 100). Conclusion. Le 5M permet un dépistage rapide des patients chez qui une évaluation
neuropsychologique complémentaire est souhaitable pour poser le diagnostic de la maladie d’Alzheimer. Les performances de détection de
la maladie d’Alzheimer par ce test sont améliorées par une pondération à l’aide du STP.
Mots-clés : Test des 5 mots • Neuropsychologie • Mémoire • Alzheimer • Détection

SUMMARY
Validity of the five-word screening test for Alzheimer’s disease in a population based study.
P. Cowppli-Bony, C. Fabrigoule, L. Letenneur, K. Ritchie, A. Alpérovitch, J.F. Dartigues, B. Dubois, Rev Neurol (Paris) 2005; 161: 12, 1205-1212.
Introduction. In general medicine lack of time impairs screening for Alzheimer’s disease (AD). The five word test (FWT) enables rapid
assessment of verbal episodic memory in accordance with Grober and Buschke neuropsychological concept. The main steps of the FWT
are: induce specific semantic processing, control of encoding to avoid attention deficits, free and cued recall. Cued recall helps to distinguish
a recall impairment from storage impairment which is evocative of AD. Objective. Evaluate FWT total score (sum of free and cued recalls),
FWT total weighed score which give a higher coefficient for free recalls than cued recalls and present the ability of these two scores for
AD screening. Method. Evaluation performed with 4116 subjects (of whom 73 MA) aged from 65 years and more, randomly selected in
two French towns for the “Three Cities” Study, a population-based cohort. Results. The total score was more specific than sensitive with
a maximal sensitivity (Se) at 63 percent with specificity (Sp) at 91.1 percent. The total weighed score significantly increased Se (83.6 per-
cent) with control of specificity (84.9 percent) and positive predictive value (9.1 percent). Conclusion. The FWT allows quick screening of
patients for whom further neuropsychological evaluation is needed to diagnose AD. The ability of is simple test to screen for AD is improved
by a simple weighting procedure: the total weighted score.
Keywords: Five word test • Neuropsychology • Memory • Alzheimer’s disease • Screening

INTRODUCTION sur trois de démence (Boss et al., 2000). Deux caractéris-


tiques de la MA sont quasi universellement admises : une fré-
La prévalence mondiale des démences est estimée à 37 mil- quence élevée et un nombre non négligeable de cas non
lions d’individus (Word Health Organisation, 2003). La mala- diagnostiqués. En France, sa prévalence serait de 390 000 à
die d’Alzheimer (MA) est l’étiologie la plus fréquente chez 610 000 cas chez les sujets âgés de plus de 75 ans, selon les
les personnes âgées de plus de 65 ans, représentant deux cas estimations, avec une incidence annuelle de plus de

Tirés à part : P. COWPPLI-BONY, Université Bordeaux II, INSERM U593, ISPED, équipe PAQUID, 146, rue Léo-Saignat, 33076 Bordeaux.
E-mail : pascale.cowpplibony@isped.u-bordeaux2.fr

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100 000 cas (Ramaroson et al., 2003). Cette incidence double Cependant, les troubles de la mémoire sont le point clé de
tous les 5 ans et progresse de 1,2 ‰ chez les sujets âgés de la classification « National Institue of Neurological Disor-
65-69 ans à 53 ‰ après 90 ans (Dartigues et al., 2002). Seul ders and Stroke Alzheimer Disease and Related Disorders
un cas sur deux est diagnostiqué comme tel (Dartigues et al., Association » (NINCDS-ADRDA) dont les critères sont les
1991) et la détection est pratiquée chez 53 p. 100 des patients plus appliqués pour le diagnostic de la MA (McKhann et al.,
examinés en milieu hospitalier (Taillandier et al., 2002). La 1984). Le test des 5 mots (Dubois et al., 2002) explore la
méconnaissance de la MA se retrouve aux États-Unis (Evans mémoire verbale épisodique, permet de distinguer les per-
et al., 1989) et en Angleterre où on estime que seuls 58 p. 100 turbations du stockage des informations de celles de l’enco-
des praticiens de ville pratiquent un dépistage et que moins dage et de la récupération de celles-ci. Le test des cinq mots
d’un quart des démences légères sont repérées (O’Connor et (5M) est fondé sur l’hypothèse que la MA entraîne un
al., 1988). Les raisons du sous-diagnostic de la démence ont trouble du stockage des informations (Ergis et al., 1994 ;
été analysées au Canada (Bush et al., 1997). La principale rai- Pasquier et al., 2001 ; Tounsi et al., 2000). Les points clés
son évoquée par le médecin est le manque de temps, la de ce test sont : (i) une aide à l’encodage par l’utilisation de
deuxième est la peur de choquer le patient ou sa famille, et la la catégorie sémantique des mots ; (ii) un contrôle de cet
troisième la peur d’un effet néfaste sur l’évolution de la mala- encodage et une aide au rappel en fournissant les mêmes
die. Ce sous-diagnostic est d’autant plus préoccupant que la indices sémantiques qui ont servi à l’enregistrement des
prise en charge thérapeutique de la MA et des autres démen- mots pour éliminer un trouble attentionnel ou une difficulté
ces est actuellement possible, pour les symptômes associés de récupération et isoler ainsi un éventuel trouble du stoc-
(dépression, troubles du sommeil, troubles du comporte- kage des mots. Le 5M repose sur le même principe que le
ment…) et les fonctions cognitives. La nouvelle génération test de Grober et Buschke qui comporte 16 mots (Buschke,
d’inhibiteurs de l’acétylcholinestérase présente des effets 1984 ; Grober et al., 1987 ; Grober et al., 1988). Il a été
indésirables mineurs et ces médicaments ont fait la preuve de validé sur un échantillon de patients consultants des Centres
leur efficacité (Auriacombe et al., 2002 ; Grossberg et al., experts de Mémoire de Recherche et de Ressources
2003 ; Palmer et al., 2002). Il ne s’agit certes pas d’une gué- (CMRR) (Dubois et al., 2002). Cette étude a montré qu’un
rison avec retour à l’état cognitif antérieur, mais d’une amé- score total inférieur à 10 avait une sensibilité de 91 p. 100 et
lioration globale, faisant passer le sujet à un état de gravité une spécificité de 87 p. 100 pour le diagnostic de la maladie
moindre de la MA (Moreno et al., 2003) avec une améliora- d’Alzheimer. Le 5M, test rapide et facile de passation qui,
tion significative des activités de la vie courante (Potkin et al., contrairement à d’autres outils possibles de détection de la
2002) dont la perturbation fait tout le poids socio-économique démence, évalue de façon objective un trouble de la
de cette affection. Bien que la durée du « gain cognitif » soit mémoire fortement évocateur de MA, pourrait être un outil
jugée temporaire, estimée à six mois par certains auteurs intéressant pour la détection potentielle de cette affection en
(Wolfson et al., 2002), il est admis que ces traitements stabi- consultation de médecine générale. Cependant, la validité
lisent au moins la maladie et améliorent l’attitude du médecin du score total du 5M pour le diagnostic de MA doit être étu-
face à cette pathologie (Dartigues et al., 2002). Par ailleurs, diée dans des conditions très éloignées de celles des consul-
des études pharmacologiques, basées sur des hypothèses phy- tations de mémoire spécialisées.
siopathologiques bien identifiées, sont prometteuses et pour- L’objectif de cette étude était d’évaluer la validité du
raient déboucher sur de nouvelles thérapeutiques (Palmer et score total du test 5M et du score total pondéré (qui donne
al., 2002 ; Scarpini et al., 2003). Il est important de proposer un poids plus élevé à certains rappels du test 5M) pour le
au médecin généraliste un outil efficace, pouvant s’intégrer dépistage de la MA, dans la population générale.
dans sa pratique quotidienne, pour sélectionner les patients
chez qui le diagnostic de MA pourra être évoqué. Pour cette
sélection de patients chez qui un traitement adapté pourrait MÉTHODES
être mis en place après un bilan cognitif complémentaire pour
poser le diagnostic de MA, différents types d’outils pourraient Population
être utilisés. Il pourrait s’agir d’évaluer les incapacités dans
les activités de la vie courante (Barberger-Gateau et al., L’étude des « trois cités » (E3C) est un programme coor-
1992 ; Israel, 1996 ; Lawton et al., 1969), la plainte cognitive donné de recherche épidémiologique sur le vieillissement en
par des échelles de plaintes cognitives (Israel, 1996 ; Mc Nair France, conduit dans trois régions (Aquitaine, Bourgogne,
et al., 1984 ; Poitrenaud et al., 1996) ou des questionnaires Languedoc-Roussillon). Au total, 9 294 personnes âgées d’au
(Israel, 1996 ; Mc Nair et al., 1984 ; Schmand et al., 1996) moins 65 ans ont été recrutées sur les listes électorales de la
dont certains sont spécifiques de troubles de la mémoire (Van communauté urbaine de Bordeaux, de la ville de Dijon et du
Der Linden et al., 1989 ; Zaritt, 1982). Un test neuropsycho- district de Montpellier. Ces personnes constituent une cohorte
logique tel que le Mini Mental State Examination (Folstein et prospective dont l’objectif principal est d’estimer le risque de
al., 1975) qui évalue globalement les fonctions cognitives démence et de maladies neurodégénératives attribuable aux
pourrait également être utilisé. facteurs de risques vasculaires. Chaque participant a été suivi
Les profils d’altérations neuropsychologiques de la MA pendant quatre ans et examiné trois fois : à l’entrée dans
sont variés (Ska et al., 1998 ; Taillandier et al., 2002). l’étude (en 1999-2000), puis deux ans et quatre ans plus tard.

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La méthodologie générale de E3C a été décrite (Alpérovitch tie, on effectue une tâche cognitive intercurrente (empan des
et al., 2002 ; The 3C study group., 2003). La procédure de chiffres dans l’ordre) avant d’effectuer la 2e partie du test qui
diagnostic de démence étant particulière à Dijon (les sujets est l’étude de la mémorisation proprement dite par le rappel
n’ayant pas été tous examinés par un neurologue), nous avons différé des cinq mots. Ce rappel est d’abord libre puis indicé
restreint notre analyse aux sujets de E3C recrutés à Bordeaux pour les mots non rappelés spontanément selon la même pro-
et à Montpellier. Les données de E3C avaient été recueillies cédure que lors du rappel immédiat. Le score de rappel différé
comme suit. Chaque sujet a été contacté par courrier, puis par est égal à la somme des rappels libre et indicé. Ce score varie
téléphone pour donner son consentement à l’étude. Un de 0 à 5. Le score total au 5M est égal à la somme du rappel
rendez-vous a été pris soit à domicile, soit dans un centre, et immédiat et du rappel différé. Ce score total varie de 0 à 10.
un dossier standardisé constitué d’un questionnaire général Pour notre analyse, différents sous-scores du 5M ont été
(aspects socio-démographiques, conditions de vie, état de considérés. Nous avons défini six variables quantitatives
santé et autonomie) et de tests neuropsychologiques a été variant de 0 à 5 : le rappel libre immédiat (RLI), le rappel
rempli par une psychologue spécifiquement formée à la pas- indicé immédiat (RII), le rappel libre différé (RLD), le rap-
sation de tests neuropsychologiques. pel indicé différé (RID), le rappel immédiat (RI) = RLI
+ RII et le rappel différé (RD) = RLD + RID. Deux varia-
bles quantitatives variant de 0 à 10, le score total (RI + RD)
Évaluation cognitive et le total rappel libre (RLI + RLD). En dehors du score
total proposé par Dubois et al. (2002), nous avons étudié un
Avant l’évaluation cognitive, un questionnaire de plaintes score total pondéré qui pourrait être plus performant. Pour
subjectives a été rempli par le sujet. Elle consistait en une l’établissement de ce score pondéré, nous nous sommes
appréciation du sujet sur l’existence de troubles cognitifs inspirés du Memory Impairment Screen (MIS) (Buschke et
(mémoire à court terme et à long terme, troubles du langage, al., 1999) dans le score final duquel le rappel libre a un
troubles de l’orientation spatiale). L’évaluation cognitive poids plus important que le rappel indicé (coefficient 2
comprenait le MMSE (Folstein et al., 1975), un test de pour le rappel libre et coefficient 1 pour le rappel indicé).
mémoire verbale, le 5M, un test de mémoire visuelle, le test Le 5M comportant un rappel immédiat et un rappel différé,
de rétention visuelle de Benton (Benton, 1965), un test de le score total pondéré a donc été calculé selon la formule :
fluidité verbale, le set test d’Isaacs (Isaacs et al., 1973), un score total pondéré (STP) = 2RLI + RII + 2RLD + RID.
test de flexibilité mentale, le trail-making test (Reitan, 1965). C’est une variable quantitative discrète qui varie de 0 à 20.
Le test de l’empan direct qui fait partie de l’échelle de
mémoire de Weschler (Weschler, 1975) était utilisé comme
test interférent entre le rappel immédiat et le rappel différé Diagnostic de la maladie d’Alzheimer
du 5M.
Suite à l’interview du psychologue, tous les sujets ont été
Le MMSE, avec ses 30 items regroupés en différentes
examinés par un neurologue selon un examen standardisé
rubriques (orientation temporo-spatiale, mémoire immé-
pour assurer la comparabilité du diagnostic entre les diffé-
diate et différée, calcul mental, langage, capacités visuo-
rents sites de recrutement des 3C. La démence était dia-
constructives) a été utilisé pour apprécier globalement les
gnostiquée selon les critères du DSM-IV (Diagnostic and
fonctions cognitives. Le score total varie de 0 à 30.
Statistical Manual of Mental Disorders, 4e édition) et la MA
Le test 5M comprend deux parties séparées d’une tâche selon ceux du NINCDS-ADRDA. C’est le diagnostic de
cognitive intercurrente. La 1re partie correspond à l’apprentis- MA et non celui de démence qui représente la variable prin-
sage de la liste. Elle est réalisée en trois étapes successives cipale de notre analyse car ce diagnostic est actuellement le
que sont la présentation d’une liste de mots (musée, limonade, seul officiellement reconnu comme indication d’une théra-
sauterelle, passoire, camion), l’encodage sémantique et le rap- peutique spécifique par les inhibiteurs de l’acétylcholines-
pel immédiat (libre et indicé) qui vise à contrôler que les mots térase ou la mémantine. La variable était le statut du sujet
ont bien été enregistrés. Les mots disposés verticalement sur (MA ou sujet sain). La validation du diagnostic de démence
une feuille sont présentés au sujet, en lui demandant de s’en par le comité d’experts externe à l’étude n’a pas été prise
souvenir de façon explicite : « lisez cette liste de mots à voix en compte ici car cette validation tenait compte des résul-
haute et essayer de les retenir car je vous les redemanderai tats aux tests neuropsychologiques et notamment au 5M.
tout à l’heure ». Puis l’on procède à l’encodage sémantique
des mots en demandant au sujet : « pouvez-vous, tout en
regardant la feuille, me dire quel est le nom de : l’ustensile de Analyse statistique
cuisine, du moyen de transport, de la boisson, du bâtiment, de
l’insecte… ». Le contrôle de l’enregistrement se fait par le L’analyse statistique réalisée à l’aide du logiciel SAS ver-
rappel libre immédiat. Pour les mots qui ne sont pas rappelés sion 8.1 (SAS Institute Inc., Cary, North Carolina, États-
en rappel libre, un rappel indicé est effectué et ne porte que Unis) a porté sur les données transversales recueillies initia-
sur les mots non rappelés : « quel était le nom de… ? ». Le lement à l’entrée des sujets dans E3C. L’analyse descriptive
score de rappel immédiat est égal à la somme des rappels libre des échantillons a été restreinte à certaines variables dont
et indicé. Il varie de 0 à 5. Immédiatement après cette 1re par- l’influence sur les résultats aux tests neuropsychologiques est

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clairement établie et à d’autres qui permettent d’analyser (prévalence de 6,2 p. 100 contre 1,7 p. 100), plus âgés
l’hétérogénéité des échantillons. Ont été retenus l’âge, le (moyenne de 76,2 ± 5,6 contre 73,8 ± 5,3 avec plus de sujets
sexe, la langue maternelle autre que le français, le niveau âgés de 75 ans et plus, 57,6 p. 100 contre 37,9 p. 100). Une
d’étude sous forme d’une variable dichotomique (certificat proportion plus élevée d’entre eux n’avait pas validé le certi-
d’étude primaire validé ou non) jugée adaptée pour les études ficat d’étude primaire (24,6 p. 100 contre 9,2 p. 100), avait
épidémiologiques portant sur la démence (Letenneur et al., refusé d’effectuer les autres tests neuropsychologiques
1999), la présence de plaintes cognitives concernant la (17 p. 100 contre 0 p. 100 pour le MMSE ; 36 p. 100 contre
mémoire et le langage. La symptomatologie dépressive a été 1,2 p. 100 pour le test d’Isaac ; 36 p. 100 contre 0,007 p. 100
évaluée en utilisant l’échelle (CESD) « Center for Epidemio- pour le Benton ; 76,4 p. 100 contre 6,5 p. 100 pour le trail
logy Studies Depression Scale » (Radoloff et al., 1977 ; making). Les troubles subjectifs de mémoire étaient plus fré-
Furher et al., 1989). L’existence d’incapacités dans les acti- quents chez ces 191 sujets (39,8 p. 100 contre 26,6 p. 100 ;
vités de la vie courante a été appréciée par l’échelle de Law- p < 0,001) avec un score au MMSE plus bas (25 ± 3 contre
ton (Lawton et al., 1969). Pour cette échelle, nous n’avons 27 ± 2 ; p < 0,0001). Parmi les sujets qui ont effectué le 5M,
retenu que les quatre items jugés pertinents pour la détection ceux qui n’ont pas effectué le MMSE ont également été
de la démence (Barberger-Gateau et al., 1992). Ces items exclus de l’analyse en raison de l’étape d’appréciation globale
sont l’utilisation du téléphone, l’utilisation des transports, la des performances cognitives que comportait notre analyse.
prise des médicaments et la gestion du budget. L’échantillon final comportait 4 116 sujets à prédo-
Dans l’échantillon ont été comparés les sujets qui ont minance féminine (61,1 p. 100), âgés en moyenne de
refusé de faire le test 5M et ceux qui l’ont effectué, ainsi 74,5 ± 5 ans, avec des extrêmes de 65 et 96 ans. Les 1er, 2e
que les patients atteints de MA et les sujets sains. Pour les et 3e quartiles étaient respectivement de 69, 73 et 77 ans. La
variables quantitatives, ces comparaisons ont été faites par grande majorité des sujets avaient au moins le certificat
le test de Student et pour les variables qualitatives par le d’étude primaire (90,8 p. 100) et seuls 4,19 p. 100
test de χ2 de Pearson. Le seuil de significativité du risque n’avaient pas le français comme langue maternelle. Quatre
de première espèce a été fixé à 5 p. 100 (p < 0,05). cent cinquante sujets (10,9 p. 100) présentaient au moins
Les capacités du 5M pour la détection de la MA ont été une incapacité dans les quatre activités instrumentales de la
évaluées par le calcul de la sensibilité (probabilité d’avoir un vie quotidienne (IADL). Parmi ces 4 116, la prévalence de
test positif lorsque le sujet est atteint de MA), la spécificité la MA était de 1,77 p. 100 (73/4116). Ces 73 sujets étaient,
(probabilité d’avoir un test négatif lorsque le sujet est non en moyenne, plus âgés de six ans que les sujets sains (avec
dément), la valeur prédictive positive (probabilité d’avoir la 18 p. 100 qui ont au moins 85 ans contre 2 p. 100). Plus
MA lorsque le tests est positif) et la valeur prédictive négative souvent déprimés, les patients atteints de MA signalaient
(probabilité d’être non dément lorsque le test est négatif). Le plus des troubles cognitifs subjectifs concernant aussi bien
calcul direct des valeurs prédictives est pertinent dans cet la mémoire (65,7 p. 100 contre 3 p. 100 pour la mémoire à
échantillon, car il s’agit de sujets issus de la population géné- court terme et 25,9 p. 100 contre 6,1 p. 100 pour la
rale vivants à domicile. La prévalence de la démence dans cet mémoire à long terme) avec des oublis dans la vie courante
échantillon est très proche de celle observée en consultation (55,5 p. 100 contre 24,2 p. 100) que le langage (60,5 p. 100
ambulatoire de médecine générale (Letenneur et al., 1993). contre 32,7 p. 100). Au MMSE, le score moyen des patients
Après la description de l’échantillon, nous avons appré- atteints de MA était inférieur de six points à celui des sujets
cié les moyennes des résultats au 5M de façon comparative sains (21,3 ± 4 contre 27,3 ± 2 ; p < 0,0001). Les caracté-
chez les patients atteints de MA et les sujets sains. Un ristiques de l’échantillon sont présentées dans le Tableau I.
modèle de régression logistique uni varié dans lequel la La prévalence de la MA (1,77 p. 100) est très proche de
variable dépendante était la présence d’une MA a permis celle rapportée dans la population générale vivant à domi-
d’apprécier selon le plus petit critère d’Akaike (AIC), la cile et de la même tranche d’âge (Letenneur et al., 1993),
capacité de prédiction de la MA des scores total (RLI + RII le calcul direct des valeurs prédictives positive et négative
+ RLD + RLD) et total pondéré (2RLI + RII + 2RLD est donc acceptable.
+ RLD). Les performances des scores total et total pondéré
(STP) ont été évaluées en faisant varier le seuil qui permet-
tait de classer le patient comme atteint de MA ou non. Évaluation du test des cinq mots
Toutes les moyennes aux différents sous-scores du
RÉSULTATS 5M sont significativement (p < 0,0001), plus élevées chez
les sujets sains que chez les patients atteints de MA
Échantillon (Tableau II). Concernant le score total, le seuil de 10 est
celui qui permettait une sensibilité maximale (63 p. 100)
Cent quatre-vingt-onze des sujets recrutés (4,6 p. 100) avec une spécificité de 91,1 p. 100 tout en permettant le
n’ont pas effectué le 5M. Comparativement aux sujets qui ont minimum d’erreurs (faux-positifs et faux-négatifs). Tous
effectué le 5M, ces sujets étaient différents pour plusieurs les patients atteints de MA qui avaient un score total égal à
variables (p < 0,0001) : ils étaient plus souvent atteints de MA 10 ont bénéficié de l’indicage (récupération de 2 à 6 mots

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en rappel indicé sur les rappels immédiat et différé) et le sains sont résumées sur le tableau III. Le STP a permis une
score moyen de MMSE de ces sujets était de 22,3. Le score nette amélioration de la sensibilité maximale par rapport au
total pondéré (STP) était plus prédictif de MA (AIC score total, plus spécifique que sensible. Pour chacun des
= 517,7) que le score total (AIC = 582,6). Les perfor- seuils discriminant, le STP offrait un meilleur compromis
mances des scores total et total pondéré, variables selon le entre Se et Valeur Prédictive Positive (Nombre de patients
seuil discriminant les patients atteints de MA des sujets atteints de MA parmi ceux qui ont un test anormal) que le
score total. Avec le STP, si l’on souhaite favoriser la sen-
sibilité, le seuil de 20 offre une Se de 95,6 p. 100 (70/73) et
Tableau I. – Caractéristiques de la population étudiée (n = 4116).
Tableau I. – Study population characteristics.
une Sp de 26,1 p. 100 (1057/4043). Seulement, 3 patients
sur 73 atteints de MA échappent à la détection avec néan-
Variables Échantillon moins une valeur prédictive positive (nombre de patients
Maladie d’Alzheimer : 73 atteints de MA parmi ceux qui ont un test anormal) très
basse (2,3 p. 100). Une autre possibilité est de favoriser la
Âge :
spécificité et le seuil de 16 offre une Sp de 96,1 p. 100
– moyenne ± ET 73,8 ± 5,4 (3886/4043) et une Se de 67,1 p. 100 (49/73). Seulement
– 65 à 74 ans 2 561 (62,2) 157 sur 4 043 des sujets sains ont été suspectés à tort
– 75 à 84 ans 1 410 (34,3) d’avoir une MA avec cependant 32,9 p. 100 (24/73) des
– 85 ans et plus 145 (3,5)
patients atteints de MA qui ne sont détectés.
Sexe n (p. 100) : Enfin, on peut souhaiter le meilleur équilibre entre Se et
– féminin 2 442 (59,5) Sp et le seuil de 17 a une Se de 75,3 p. 100 (55/73) et une
– masculin 1 672 (40,7) Sp de 92,8 p. 100 (3753/4043) avec des erreurs de détection
Niveau d’étude n (p. 100) :
chez 308 sur 4 116 des sujets qui ont passé le test, mais la
VPP de 15,9 p. 100 est acceptable.
– primaire 669 (35)
– collège 517 (27)
– lycée 395 (21)
– supérieur 330 (17)
DISCUSSION
Diplôme n (p. 100) : L’évaluation dans une étude sur la population générale,
– certificat d’études primaires non validé 379 (9,2) de la validité du test des 5M pour la détection de la MA
Langue maternelle autre que le français n 172 (4,2) montre que le score total du 5M avec un seuil à 10 pour
(p. 100) discriminer les patients atteints de MA des sujets sains est
Troubles cognitifs subjectifs n (p. 100) :
plus spécifique que sensible (Se maximale de 63 p. 100
avec une Sp de 91,1 p. 100) et la Sp croît avec la baisse du
– mémoire 1 298 (31,5) seuil qui s’accompagne d’une baisse de la Se. Ainsi dans la
– langage 1 450 (33,8) population étudiée, les patients atteints de MA bénéficient
Dépression n (p. 100) 549 (12,9)
MMSE : Moyenne ± ET 27,1 ± 2,2 Tableau III. – Validité du score total et du score total pondéré.
Tableau III. – Validity of the total and total weighted scores.
ET : Écart-type.
Se*
p. 100 Sp† VPP± VPN$
[IC 95 p. 100]
Tableau II. – Comparaison des sous-scores, du score total et du score Score total :
total pondéré du 5M chez les sujets avec ou sans MA.
Tableau II. – Comparison of the mean subscores, total score and – seuil < 10 63,0 [50,9 – 73,8] 91,1 11,3 99,3
total weighted score of the FWT. – seuil <9 50,7 [38,8 – 62,5] 97,7 28,9 99,1
– seuil <8 35,6 [25 – 47,8] 98,7 33,3 98,8
Sujets MA Sujets sains – seuil <7 28,8 [19,1 – 40,7] 99,0 35,0 98,7
M ± ET M ± ET – seuil <6 20,5 [12,3 – 31,9] 99,2 31,3 98,6
Rappel libre immédiat (RLI) 2,7 ± 1,0 4,3 ± 0,7 – seuil <5 12,3 [6,1 – 22,6] 99,7 45,0 98,4
Rappel libre différé (RLD) 1,7 ± 1,5 4,3 ± 0,9 Score total pondéré :
Score de rappel immédiat (RLI + RII) 4,1 ± 1,3 4,9 ± 0,2 – seuil < 20 95,6 [87,7 – 98,9] 26,1 2,3 99,7
Score de rappel différé (RLD + RID) 3,1 ± 1,9 4,8 ± 0,5 – seuil < 19 90,4 [80,7 – 95,7] 64,4 4,4 99,7
Total rappel libre (RLI + RLD) 4,4 ± 2,1 8,6 ± 1,3 – seuil < 18 83,6 [72,7 – 90,9] 84,9 9,1 99,7
– seuil < 17 75,3 [63,6 – 84,4] 92,8 15,9 99,5
Score total 7,2 ± 2,8 9,8 ± 0,6
– seuil < 16 67,1 [55,1 – 77,4] 96,1 23,3 99,4
Score total pondéré 12,8 ± 1,6 18,5 ± 4,7
* : sensibilité ; ** : intervalle de confiance de la Se ; † : spécificité ; ± : valeur
MA = Maladie d’Alzheimer ; M = Moyenne ET = écart type. prédictive positive ; $ : valeur prédictive négative.

P. COWPPLI-BONY et coll.
1210 Rev Neurol (Paris) 2005 ; 161 : 12, 1205-1212

de l’indicage, puisqu’ils ont un score total à 10. Cela ne psychologique rapide et globale avec l’exemple du MMSE
veut pas nécessairement dire que ces sujets n’ont pas de ou d’une évaluation de la mémoire qui demeure la clef du
troubles de stockage de l’information, mais sans doute ce diagnostic de démence.
test reste-il facile pour eux parce que leur maladie est rela- Le MMSE, test composite, comporte aussi une épreuve de
tivement débutante (MMS moyen de 22,3) ou parce que la mémorisation verbale de trois mots, mais qui ne repose pas
qualité de leur mémoire sémantique leur a permis de profi- sur le principe encodage/stockage/récupération qui permet au
ter pleinement de l’encodage sémantique et du rappel 5M de mettre en évidence un trouble de stockage très évoca-
indicé. En effet, tous ces sujets ont bénéficié de la procé- teur de la MA. Cependant aussi bien pour le score total que
dure de rappel indicé pour arriver à ce score de 10. le STP du 5M, une des limites notables est de ne prendre en
Nous avons évalué un autre score, le score total pondéré compte ni les répétitions ni les erreurs intrusions pour les-
(STP) en nous inspirant du Memory Impairment Screen quelles on pouvait faire l’hypothèse d’une amélioration des
(Buschke et al., 1999). Dans le score final de ce test, le rap- performances de ce test pour la détection de la MA. En effet,
pel libre a un poids plus important que le rappel indicé les intrusions sont différentes lors du rappel libre et du rappel
(coefficient 2 pour le rappel libre et coefficient 1 pour le indicé (Desgranges et al., 2002). De plus, l’analyse cogni-
rappel indicé). Le score total pondéré au 5M (2 X rappels tivo-métabolique dans cette même étude a montré que les
libres + rappels indicés), privilégiant les rappels libres, intrusions en rappel libre sont associées à un dysfonctionne-
mais prenant en compte également l’information contenue ment frontal alors que celles produites lors du rappel indicé,
dans les rappels indicés, a une capacité de prédiction de la sont associées à un dysfonctionnement hippocampique.
présence d’une MA plus importante que le score total. Ce Chez les sujets faux-positifs de notre échantillon, la
STP permet une nette amélioration de la sensibilité et présence effective de troubles isolés de la mémoire ne
confère au 5M une qualité importante pour un outil dia- répondant pas aux critères diagnostiques de démence est
gnostique : la possibilité de choix d’un seuil qui correspond possible. Cependant, en situation de dépistage et non de
à une stratégie de détection. Avec le STP, on peut favoriser diagnostic, les sujets faux-positifs au 5M bénéficieront
soit la sensibilité (être sûr de détecter le maximum de d’une consultation spécialisée qui permettra de confirmer
patients atteints de MA avec le risque important de détec- ou non le diagnostic.
tion de faux positifs), soit la spécificité (être sûr que chez Pour être effective, l’évaluation des performances d’un
les patients non déments, le test est négatif et donc minimi- outil diagnostique requiert un schéma d’étude acceptable
ser le nombre de faux-positifs en prenant le risque d’avoir basé sur des procédures adéquates de sélection des popu-
des faux-négatifs, c’est-à-dire des sujets malades non lations étudiées et d’application de l’outil évalué. Ces
détectés). Pour ces différentes stratégies, le choix est lié aux procédures sont d’autant meilleures qu’elles génèrent un
réponses à certaines interrogations qui portent essentielle- échantillon et une application de l’outil les plus représenta-
ment sur les erreurs : les erreurs par excès (faux-positifs) tifs du contexte auquel cet outil est destiné. Cette étude pré-
sont-elles moins graves que les erreurs par défaut (faux- sente, de ces points de vue, quelques limites. La population
négatifs) ? Le STP par une pondération simple offre au pra- étudiée n’est pas idéalement représentative de la population
ticien le choix du seuil qu’il estimera le plus adapté à son consultant en médecine générale, car il s’agit de sujets
contexte sanitaire d’exercice. Le praticien a également la volontaires de E3C avec les possibles limites liées à ce
possibilité de souhaiter simplement le meilleur équilibre « volontariat » (niveau socio-économique plus élevé, sujets
entre Se et Sp qui permet donc de faire le moins d’erreurs plus attentifs à leurs problèmes de santé). Dans notre
possible sans se soucier du fait que ces erreurs soient par échantillon, 191 des sujets (4,6 p. 100) ayant pourtant
défaut ou par excès. Pour cette dernière option, le seuil du donné leur consentement à la participation de E3C ont
STP de 17 paraît acceptable. Pour sélectionner les sujets refusé d’effectuer le 5M. Aucune raison donnée à ces refus
chez lesquels le diagnostic de démence en général peut être n’est suffisante pour écarter l’hypothèse d’une anticipation
évoqué, d’autres évaluations cognitives sont possibles mais d’échec par le sujet, d’autant plus que comparativement à
une approche différente de la détection de la démence. ceux qui ont fait le 5M, on relève chez ces sujets une pro-
Cette approche peut concerner l’existence de plaintes mné- portion significativement plus élevée de refus d’effectuer
siques qui sont bien l’expression d’un risque plus élevé de les autres tests neuropsychologiques. Quelle qu’en soit la
détérioration intellectuelle (Dartigues et al., 1997) ou le raison, l’exclusion de ces refus, dont l’indépendance avec
retentissement de troubles cognitifs par l’évaluation des la présence d’une MA n’est pas certaine, a diminué la puis-
incapacités dans les activités de la vie courante (Barberger- sance et donc la précision de cette étude. Cependant, le
Gateau et al., 1992). Ces approches sont faciles à appliquer médecin généraliste peut lui aussi dans sa pratique être
en médecine générale. Cependant, les limites sont la sub- confronté à des refus de passation de tests. Enfin, le mode
jectivité ou le manque de fiabilité lorsque le sujet vit seul. de recrutement des participants de E3C (tirage au sort sur
La minimisation des troubles, une indifférence vis-à-vis de les listes électorales), peut faire penser qu’ils représentent
leurs conséquences et l’agnosie (Derouesné, 1997) peut de façon acceptable la population des personnes âgées de
également être un obstacle lors de la recherche de plaintes 65 ans et plus.
mnésiques et cognitives en général. Toujours dans cette Les circonstances de passation du test ne sont pas réel-
étape de détection, Il peut s’agir d’une évaluation neuro- lement semblables à celles de l’application souhaitée en

P. COWPPLI-BONY et coll.
© MASSON Mémoire • Le test des 5 mots : validité dans la détection de la maladie d’Alzheimer dans la population générale 1211

consultation de Médecine générale. Le 5M a été effectué gnostic de la maladie d’Alzheimer : recommandations pour la
par une psychologue spécifiquement formée, pour optimi- pratique clinique. Accésible sur internet : <URL/http://
www.anaes.fr/publications/neurologie
ser la comparabilité alors qu’il est destiné au médecin géné- AURIACOMBE S, PERE JJ, LORIA-KANZA Y, VELLAS B. (2002). Efficacy
raliste. Cependant, une étude récente en France a montré and safety of rivastigmine in patients with Alzheimer’s disease
que les médecins généralistes, après une session de for- who failed to benefit from treatment with donopezil. Curr Med
mation spécifique pouvaient faire passer des tests neuro- Res Opin, 18: 129-138.
psychologiques (Fabrigoule et al., 2003) avec des résultats BARBERGER-GATEAU P, COMMENGES D, GAGNON M, LETENNEUR L,
SAUVEL C, DARTIGUES JF. (1992). Instrumental activities of daily
équivalents à ceux de neuropsychologues. Néanmoins, living as a screening tool for cognitive impairment and dementia
concernant aussi bien l’échantillon que, la qualification de in elderly community dwellers. JAGS, 40: 1129-1134.
l’intervenant faisant passer le test, le contexte de cette étude BENTON A. (1965). Manuel pour l’application du test de rétention
est beaucoup plus proche de celui d’une détection en méde- visuelle. Applications cliniques et expérimentales. 2e édition
française. Paris : Centre de Psychologie Appliquée.
cine générale que lorsque le test est effectué en centre
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expert tel qu’il avait été évalué lors d’une 1re étude (Dubois Biochim Biophys Acta, 1502: 188-200.
et al., 2002). Ce contexte particulier de consultation spécia- BUSCH C, KOZAK J, ELMSLIE T. (1997). Screening for cognitive
lisée générant un échantillon différent du nôtre justifie en impairment in the elderly. Can Fam Physician, 43: 1763-1768.
grande partie les différences de performances qui sont obte- BUSCHKE H. (1984). Cued recall in amnesia. J Clin Neuropsychol,
nues pour le score total avec le seuil de 10 (Se de 91 p. 100 6: 433-440.
BUSCHKE H, SLIWINSKI MJ, LIPTON RB. (1997). Diagnosis of early by
contre 63 p. 100 dans cette étude ; Sp de 87 p. 100 contre the double memory test: encoding specificty improves diagnos-
91 p. 100 dans cette étude). Le diagnostic de la MA est une tic sensitivity and specificity. Neurology, 48: 989-997.
autre limite de notre étude. En effet, quelle que soit la stan- BUSCHKE H, KULANSKY G, KATZ M, STEWART WF, SLIVINSKI MJ,
dardisation de la procédure diagnostique qui assure une ECKHOLDT HM, LIPTON RB. (1999). Screening for dementia with
comparabilité entre les différents sites de recrutement des the memory impairment screen. Neurology, 52: 231-238.
DARTIGUES JF, FABRIGOULE C, LEUTENNEUR L, AMIÉVA H, THIESSARD F,
sujets, le diagnostic n’a été que clinique, donc probable et ORGOGOZO JM. (1997). Épidémiologie de la plainte mnésique. In :
non certain. Néanmoins, l’application de ces critères est Michel BF, Derouesné C, Gely-Nargeot MC. EDS. De la plainte
recommandé pour le diagnostic de la démence et en parti- mnésique à la maladie d’Alzheimer. Paris : Solal, pp. 41-46.
culier celui de la MA en France (ANAES, 2000). DARTIGUES JF, GAGNON M, MICHEL P et al. (1991). Le programme
de recherche Paquid sur l’épidémiologie de la démence. Métho-
Enfin, nous avons considéré les performances du test par des et résultats initiaux. Rev Neurol (Paris), 147: 225-230.
rapport au diagnostic de maladie d’Alzheimer et non au DARTIGUES JF, HELMER C, DUBOIS B, DUCKAERTS C, LAURENT B, PAS-
diagnostic de démence qui a priori se pose avant. Cepen- QUIER F, TOUCHON J. (2002). La maladie d’Alzheimer, un pro-
dant, le test 5M est un test de mémoire épisodique verbale, blème de santé publique : oui. une priorité ? Rev Neurol (Paris),
et il évalue spécifiquement le syndrome hippocampique 158: 311-315.
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considéré par beaucoup comme spécifique de la maladie In : Michel BF, Derouesné C, Gely-Nargeot MC. EdS. De la
d’Alzheimer et non de la démence en général. Pour la plainte mnésique à la maladie d’Alzheimer. Paris : Solal, pp. 57-
détection de la démence en général, d’autres tests simples, 66.
explorant par exemple les fonctions exécutives, devraient DESGRANGES B, BARON JC, GIFFARD B, LALEVÉE C, VIADER F, DE LA
être évalués. Pour la maladie d’Alzheimer, le test 5M est un SAYETTE V, EUSTACHE F. (2002). The neural basis of intrusions
in free recall and cued recall: A PET study in Alzheimer’s
instrument qui pourrait être également évalué en associa- disease. Neuroimage, 17: 1658-1664.
tion avec d’autres tests cognitifs simples si l’on souhaite, DUBOIS B, TOUCHON J, PORTET F, OUSSET PJ, VELLAS B, MICHEL B.
dans une démarche de détection et non de diagnostic, iden- (2002). Les 5 mots : une épreuve simple et sensible pour le dia-
tifier des troubles cognitifs autres que ceux de la mémoire. gnostic de la maladie d’Alzheimer. Presse Med, 31: 1696-1699.
Le 5M est un outil valide qui permet une détection ERGIS AM, VAN DER LINDEN M, DEWEER B. (1994). L’exploration des
troubles de la mémoire épisodique dans la maladie d’Alzheimer
rapide, en moins de trois minutes, de sujets chez lesquels débutante au moyen d’une épreuve de rappel indicé. Rev Neu-
une évaluation neuropsychologique complémentaire est ropsychol, 4: 47-68.
souhaitable pour pouvoir poser le diagnostic de MA. La EVANS DA, FUNKENSTEIN HH, ALBERT MS et al. (1989). Prevalence
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