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ELEMENTS BIOGRAPHIQUES SUR STENDHAL

Le jeune Henri, issu d’une famille bourgeoise de


Grenoble, souffre d’une enfance malheureuse. Il perd
très tôt sa mère qu’il adorait, et il méprise son père,
avocat siégeant au parlement de la ville, hypocrite et
obsédé par l’argent. Il a pour précepteur un abbé
qu’il déteste tout autant. Seul son grand-père
maternel lui est d’un certain réconfort. C’est lui qui
l’initie à la littérature.
Il assiste aux journées révolutionnaires de 1789
et en dira qu’elles ont fait de lui un « républicain
enragé » alors que sa famille est royaliste. Sa
scolarité est un soulagement car grâce à la
Révolution, il échappe à une école religieuse. Il se
passionne alors pour les mathématiques et pour la
musique. Un prix de mathématique lui permet de partir à Paris en 1799 pour y
présenter le concours de l’école Polytechnique : il se sent enfin libre.
Napoléon vient d’effectuer son coup d’état : Henri Beyle est d’abord hostile au
général, mais il finira par se rallier à ses idées. Il attend beaucoup de la vie
parisienne : mais il a moins d’ambitions pour ses études scientifiques que pour
l’écriture de comédies et la séduction des femmes. Il déchante rapidement… il a du
mal à s’adapter aux mondanités, n’a pas de travail, abandonne l’idée d’intégrer
Polytechnique, et finit par devenir secrétaire au Ministère de la Guerre. Son
orthographe est très mauvaise, ce qui lui fera écrire plus tard : « L’orthographe,
divinité des sots ».
En 1800, il devient soldat de la Grande Armée napoléonienne, et c’est une
délivrance. La campagne militaire l’emmène en Italie, et il y vit de son propre aveu
les heures les plus heureuses de sa vie, même s’il est un très piètre soldat (mauvais
cavalier, maladroit avec les armes, naïf…). Ébloui par l’architecture, l’opéra, les
femmes, les cafés italiens, il tombe amoureux de Milan et ne cessera de revenir en
Italie tout au long de sa vie. De retour à Grenoble, il sort beaucoup et développe une
vie très mondaine, entre théâtres, salons et bals, et ce en dépit de sa timidité et de ses
maladresses. Il s’essaie aussi à l’écriture de comédies. Il noue quelques amours. Il
démissionne de l’armée en 1802 et se retrouve alors sans le sou.
En 1806, il réintègre donc le Ministère de la Guerre et participe aux campagnes
allemandes de l’Empereur. Il s’enthousiasme pour Mozart, noue quelques amours, va
au théâtre, à l’opéra… mais il déteste la culture allemande. En 1810, sa syphilis,
probablement contractée en Italie, l’oblige à revenir en France, à Paris. Il ignore les
ordres qui lui demandent de se rendre à Lyon, tente quelques projets littéraires, et
finit par décrocher un poste de fonctionnaire qui lui permet de gagner
confortablement sa vie. Mais il s’ennuie. Là encore il fréquente les salons, les
théâtres, l’opéra, il tombe amoureux (plusieurs fois) et… finit par retourner en Italie :
il retrouve les émotions qu’il a connues à Milan, visite Bologne, et surtout Florence
où, face à une œuvre qui le bouleverse, il éprouve ce que l’on appellera plus tard « le
syndrome de Stendhal » (émotion si forte face à la beauté qu’elle peut produire une
syncope). Il développe également le concept de « Beylisme », la recherche énergique
du bonheur individuel. Il s’attelle également à la rédaction d’une Histoire de la
peinture italienne qui paraîtra en 1817, après en avoir perdu un premier manuscrit en
Russie.
Mais la guerre de Russie, en 1812, le rappelle dans les rangs de la Grande
Armée napoléonienne. Il vit mal cette expérience violente, avec des mises à sac, des
incendies, des exactions, et à la fin de laquelle la Grande Armée finira en miettes,
rongée par la famine. Il survit à cette campagne, mais il est vieilli et amer : il a perdu
toutes ses illusions. Il ne veut plus participer à la guerre mais sera encore mobilisé
jusqu’en 1814, où il pourra revenir à Paris, et à nouveau reprendre ses voyages en
Italie. Quand Napoléon 1er tombe en 1815, Henri Beyle est soulagé. Il s’est alors
remis à l’écriture.
Il publie pour la première fois sous le pseudonyme « Stendhal » en 1817 : il a
choisi ce nom qui est celui d’une petite ville allemande, où il est passé pendant la
bataille de Wagram en 1809 et y a vécu une grande passion amoureuse. Il a
simplement ajouté un « h » car le toponyme s’écrit « Stendal ».
De façon générale, de son vivant, toutes ses œuvres seront quasi ignorées, ou
bien éreintées par la critique. Il n’aura jamais de succès. Il faudra le redécouvrir au
début du XXème siècle pour qu’on reconnaisse en lui un grand nom de la littérature.
Mais le manque de succès ne l’empêche pas d’écrire, et il publie beaucoup
entre 1817 et 1830 :
• 1817 : Histoire de la peinture italienne et Racine et Shakespeare (qu’on
considère comme un manifeste du Romantisme : c’est Stendhal qui y invente le
mot « Romanticisme », qui va devenir « Romantisme »).
• 1822 : De l’amour, un essai où Stendhal décortique le sentiment amoureux, et
invente le concept de « cristallisation amoureuse », qui deviendra célèbre : il
s’agit du phénomène d’idéalisation de l’autre au début d’une relation
amoureuse.
• 1823 : Vie de Rossini (il écrira sur de nombreux musiciens italiens et
allemands)
• 1827 : un premier roman, Armance, éreinté par la critique, publié à seulement
40 exemplaires.
• 1830 : son premier chef d’œuvre, Le rouge et le noir, chronique de 1830, qui
sera là encore brisé par la critique et par l’échec commercial.
Il a cependant acquis une petite notoriété dans les milieux romantiques, mais il
ne se reconnaît pas en Victor Hugo qui le déteste par ailleurs. Seuls quelques rares
Romantiques, comme le critique littéraire Sainte-Beuve, voient en lui un auteur
intéressant. Il repart donc en Italie, où il est nommé Consul en 1830. Mais ses
positions libérales lui nuisent et ses postes sont de moins en moins intéressants. Il
s’invente alors une devise « SFCDT » (« Se Foutre Carrément De Tout ») qui en dit
long sur son état d’esprit.

Il poursuit ses activités littéraires, toujours sans grand succès, et il laissera


d’ailleurs plusieurs œuvres inachevées : son autobiographie romancée Vie de Henri
Brulard, son roman Lucien Leuwen. Ses liaisons amoureuses sont par ailleurs
toujours aussi chaotiques.
En 1836, cependant, il commence la rédaction d’un roman qu’il achèvera : La
chartreuse de Parme, autre chef d’œuvre de Stendhal, paraît en 1839. Le grand
Balzac en fait l’éloge, et le roman est un relatif succès… mais tardif ! A partir de
1840, il fait plusieurs attaques d’apoplexie qui l’obligent à revenir à Paris : il meurt
d’une hémorragie cérébrale en 1842.

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