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Corrigé du Commentaire « 

Les Effarés », Rimbaud, devoir du 14 octobre 2021

(Introduction)
(auteur, contexte) Poète précoce et rebelle Rimbaud (1854-1891) se révolte contre tout ce qui
représente l'ordre (religion, question sociale, famille, le 2d empire , la guerre de 70 contre la Prusse,
etc.). IL est même le seul des écrivains, poètes, artistes, à s'enthousiasmer pour l'insurrection
révolutionnaire de la Commune, au printemps 1870. (œuvre) Rimbaud recopie vingt-deux de ses
poèmes dans deux cahiers de classe au cours de son année de rhétorique (l'équivalent de la classe de
première aujourd'hui), à Douai en 1870, c'est ce que l'on appelle Les Cahiers de Douai (Poésies).
Oeuvre d'un poète de seize ans, son écriture reste encore marquée par une certaine tradition
poétique, parfois scolaire, inspirée de Baudelaire, Hugo.(Texte)Les « Effarés »,l'un de ces
poèmes.se compose de douze tercets chacun de deux octosyllabes suivi d'un tétrasyllabe et décrit
cinq enfants pauvres et affamés observant un boulanger faisant son pain, à travers un soupirail.
(Problématiques possibles) Comment R décrit-il cette scène ? Qu'est-ce qui fait l'originalité de
cette scène ?(Plan) Dans une première partie, nous étudierons la structure et la forme poétique,
originale et liée au sens, puis en deuxième partie, nous verrons comment R décrit une scène de
genre, celle de l'enfant pauvre de la rue , enfin dans une troisième partie, nous montrerons la vision
originale car complexe de R, à la fois pathétique et moqueuse

(Développement) 

I Rimbaud crée une forme poétique impeccable, comme un bel objet poétique, et qui tient le
lecteur en haleine
- D'abord, il invente une structure métrique originale.
- douze tercets hétérométriques (= de longueurs différentes) , deux vers longs octosyllabes riment
ensemble, le court tétrasyllabe rime avec le court du tercet suivant donc comme la forme d'un
sizain scindé en deux tercets séparés aab/ccb. Lecteur en attente du vers 6 avant d'obtenir une unité
strophique achevée. Mais R choisit de présenter sous la forme de 12 tercets plutôt que 6 sizains,
pour des raisons particulières de syntaxe (avec la présentation en sizain, le 3e sizain se serait
terminé par une virgule) et peut-être aussi pour signifier les douze coups de minuit.
- rythme marqué longueur réduite des vers 8-8-4 et rimes masculines des vers courts et souvent
rejet dans le vers court d'un groupe nominal complément de nom V.33 , COD séparé de son verbe
V6, sujet scindé en deux V 21 : effet de déséquilibre
Ainsi, l'ensemble produit un rythme, un balancement, et une forme solidement et habilement
construite
- Ensuite, la structure métrique est en accord avec la structure syntaxique composée de deux
mouvements du texte :
- cinq tercets qui constituent quatre phrases autonomes
- et sept tercets qui forment une seule phrase complexe, enchaînant trois propositions subordonnées
conjonctives circonstancielles de temps introduite par « quand » puis une proposition principale v.
25-26, suivie d'une subordonnée conjonctive circonstancielle de conséquence « qu'ils sont là
tous... » v.27. Les strophes 10 et 11 sont composées de groupes apposés au sujet de la principale ::
« (ils sont tous là), collant […], tout bêtes, faisant […] ». Enfin, la dernière strophes est composée
de deux sub conjonctive circonstancielles de conséquence coordonnées complétant le participe
« collant » v28 « (collant leurs petits museaux roses[...] si fort qu'ils crèvent leur culotte (et) que
leur chemise tremblotte au vent d'hiver ».
Ainsi, l'ensemble est complexe et permet de différer et mettre en valeur la péripétie finale
(l'éclatement des culottes) qui constitue la chute du poème
- Enfin, on a de cette manière la structure narrative d'une fable
- le poème peut être lu comme un apologue : le narrateur regarde cinq enfants pauvres qui regardent
le boulanger, immobilité de la scène, enfants statiques à genoux, le cul en rond, blottis, pas un ne
bouge . La première partie du poème évoque le physique et les éléments du décor et la seconde
partie évoque le cheminement de leur rêverie,la longueur de la phrase dilate le rêve dans le temps,
décrochage avec la réalité, dimension mystique d'une prière v31 mais les enfants sont exclus par
leur pauvreté du ciel v33 que leur rêve leur fait entrevoir. C'est la morale de l'histoire : ils
n'entreront pas dans le paradis entrevu mais ils seront dans une pire situation qu'au début puisque
leur culotte se déchire au vent d'hiver v36
- R boucle son poème avec une image rappelant celle du début, image de la nuit, il n'y a plus de trou
lumineux, les enfants sont vus de dos (la culotte rappelle les « culs » de la strophe 1. structure
circulaire résume la morale désenchantée de la fable
Ainsi, R écrit ce poème avec une mécanique de précision, une maîtrise de l'art de la versification,
sans être gratuit, mais pour mettre en valeur l'exclusion de la pauvreté.

II – R fait une description colorée, il peint un « tableau de genre » (= peinture de genre désigne
l'illustration de scènes de la vie quotidienne, dont les personnages sont des types humains anonymes. ... Le
tableau de genre camoufle ainsi souvent des significations allégoriques, morales ou religieuses )
- D'abord, l'opposition du noir et du blanc rappelle le clair-obscur expressionniste des
gravures et peintures à sujets sociaux. Blanc de la neige/noir de la nuit et des enfants sales, même
opposition à la fin du poème pour le spectacle de la rue givre v26. Autre clair-obscur tout au long du
poème : la lumière émanant du soupirail et du four, opposition dans les rimes, brume/allume, les
expansions du nom soupirai : au v2 qui s 'allume et au v. 14 rouge . La gueule du four trou clair .
Toutes les qualifications sont porteuses de lumière bras blanc, pain blond ,museaux roses, lumières
du ciel rouvert.
- Ensuite, il y a des sensations autres que visuelles : odorat poutres enfumées, croûtes
parfumées, le toucher avec impression de chaleur le souffle du four, souffle du soupirail, chaud
comme un sein, trou chaud souffle la vie. L'ouie enfin, v 10, v12, v20-21, v29
Ainsi, R fait une peinture sensuelle et colorée et montre qu'il maîtrise parfaitement la reprise d'un
genre traditionnel
Mais ce tableau est l'expression d'une sensibilité, d'une vision personnelle et originale sur le monde
qui entoure le poète

III – le ton employé dans le texte


D'abord, le premier registre est pathétique v.4, v26, v24, v34 13, v1, v28, 29,.formulations
compassionnelles explicites, , enfants présentés comme des affamés (sonorité proche de effarés),
pauvreté de l'habillement, comparaison implicite avec des petits animaux sans défense et sans mère,
l'hostilité du décor hivernal.
Cliché en arrière plan de l'enfance malheureuse, du thème de l'orphelin, , la chaleur du four comparé
à un sein maternel, abandon, carence d'ordre affectif aussi. Certains critiques interprètent aussi dans
un sens psychanalytique et voient une image sexuelle féminine de la description du four. Désir
inconscient de regagner le ventre maternel, de régresser vers cette existence foetale où l'enfant ne
manque de rien.
Mais le registre ironique et raillerie s'expriment en même temps que la bonté et la compassion de
R.se moque assez ouvrtement de ses petits pauvres , courbés dans une attitude soumise v. 4, v. 32,
leur naiveté qui mérite son sarcasme « les pauvres Jésus pleins de givre » se moque de leur
humilité comparable à celle de l'orant (=personne représenté en prière les bras étendus).selon R les
enfants sont bêtes parce qu'ils s'agenouillent devant le boulanger comme s'il était un prêtre et devant
le pain comme s'il était un dieu. Parce qu'ils se croient rassasiés en imagination, et à a fin du poème
ils vont apprendre à leur dépends que ce ciel rouvert n'est pas pour eux., plus transis et affamés
qu'au début,. Critique moqueuse (= satire)de la religion que fait miroiter les nourritures spirituelles
en échanges des satisfactions toutes simples que les enfants réclament et que la société leur refuse.
Ainsi, R ajoute de la dérision à la compassion et c'est son originalité par rapport au thème
conventionnel du poème. R ne peut manifester son élan sympathique (= qui souffre avec) envers les
pauvres qu'en essayant de se prémunir, par l'ironie, contre l'hypocrisie des bons sentiments.
(Conclusion)
(Bilan) La composition du poème, que ce soit la structure métrique, la structure syntaxique, ou la
structure narrative, n'est pas qu'un bel objet poétique gratuit, la forme est adaptée au sens en
installant une tension, jusqu'à la chute qui donne la morale de l'histoire, comme dans une fable.
R reprend un poncif (= Thème, expression littéraire ou artistique dénuée d'originalité) de la
deuxième moitié du 19e siècle, le « tableau de genre » qui représente des scènes de la vie
quotidienne. Dans ce poème, il fait appel aux notations visuelles mais aussi à tous les sens.
Aussi brillant et réussi que soit le tableau, c'est le support à l'expression d'une sensibilité d'une
vision sur la pauvreté, pleine de compassion mais aussi, à la Rimbaud, de révolte,qui s'exprime par
l'ironie, la raillerie. Il dérange le lecteur conformiste par la mise en accusation implicite de la
société bourgeoise et de l'église, il court-circuite l'effet trop facile de bonne conscience qu 'entretient
chez le lecteur un certain misérabilisme bourgeois ou chrétien. (Ouverture) Son ami Verlaine
reproduira ce poème dans son ouvrage « Poètes maudits » en 1883, en l'accompagnant d'un éloge
emphatique «  Nous ne connaissons, pour notre part, dans aucune littérature, quelque chose, et de
si bon, et d'un jet franc, sonore, magistral, comme les Effarés ».

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ce qu'il faut faire/pas faire :
l'introduction :
soulignez les titres d'oeuvre, et pas les poèmes, à mettre entre guillemets,
ne mentionnez pas objet d'étude au programme du bac « la poésie du 19e au 21e siècle »,
mentionnez le contexte historique et le mouvement que lorsque vous le maîtrisez bien, plutôt rien
qu'une erreur
quand vous présentez le texte n'oubliez pas de présenter d'abord le thème du texte (qui quoi où ?)
« ce poème décrit une scène de rue où cinq petits enfants assistent de dehors à la fabrication du
pain par le boulanger » et ne partez pas dans une interprétation ou dans de l'analyse avec procédés
d'écriture
; problématique trop vague

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