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ECO 112 : LES FONDAMENTAUX DE LA MACROECONOMIE

Enseignants responsables de l’UE :


OKEY Mawussé Komlagan Nézan
Maître de Conférences Agrégé en Sciences économiques
E-mail: mokey@univ-lome.tg
mawusseo2000@gmail.com

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SEANCE N° 8
Chapitre 5 : L’équilibre macroéconomique dans un modèle simplifié.
L’Etat et le rôle de la politique budgétaire

théorème de Haavelmo

Objectif : analyser les effets de la politique économique sur le PIB dans le cadre d’une économie
fermée où l’impôt est exogène.

5.3 L’Etat et la politique économique


La politique économique est l’ensemble des mesures prises par les pouvoirs publics dans le
but d’orienter l’économie dans un sens jugé souhaitable. La politique économique mise en
œuvre par l’Etat peut revêtir plusieurs formes. Deux types de politiques économiques sont
étudiés dans le cadre de ce modèle keynésien simple, la politique budgétaire et la politique de
transferts (qui est un volet de la politique de redistribution de revenus).

La politique budgétaire est définie comme l'ensemble des mesures prises par les pouvoirs
publics en matière de dépenses publiques (dans ce cas, on parle de politique de dépenses
publiques) et des impôts (il s'agit là de la politique fiscale).

La politique budgétaire prend trois formes principales : acyclique, procyclique et


contracyclique. Une politique budgétaire contracyclique revient à réduire les dépenses
publiques et augmenter les impôts en période de haute conjoncture et à augmenter les dépenses
et réduire les impôts en période de récession. La politique budgétaire procyclique désigne
l’inverse : l’augmentation des dépenses publiques et la réduction des impôts en période de haute
conjoncture et la réduction des dépenses et l’augmentation des impôts en période de récession.
Une politique budgétaire acyclique ne tient pas compte du cycle économique.

La politique budgétaire est un instrument qui exerce une forte influence sur l’économie. En
ajustant les niveaux de dépenses et des impôts, les gouvernements peuvent réaliser des objectifs

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divers : augmentation de la croissance et de l’emploi, stabilité macroéconomique, répartition
des revenus, allocation efficace des ressources et efficacité opérationnelle.

La politique des dépenses publiques se manifeste par l'utilisation des dépenses publiques. Ces
dernières sont constituées des salaires des fonctionnaires, des achats de biens et services et des
dépenses d’investissement. Les dépenses publiques affectent l'économie dans son ensemble par
l’intermédiaire de la demande globale (DG) et du revenu national (Y). En effet, toute
augmentation ou diminution des dépenses publiques (G) accroît ou diminue la demande globale
et le revenu national.

La politique fiscale se traduit par le recours aux impôts (T). Ceux-ci désignent ici l'ensemble
des prélèvements obligatoires effectués par les administrations publiques pour financer les
dépenses publiques. La politique fiscale affecte l'économie de deux manières. D'une part, toute
hausse ou baisse des impôts réduit ou augmente le revenu national. Par ailleurs, les impôts
affectent les prix des marchés, les incitations et les comportements des agents économiques, et
la redistribution de revenus.

La politique de transferts désigne les opérations de redistribution de revenu dans le but de

corriger les inégalités de revenus et de fournir une assurance sociale contre des risques dans
l'optique d'une solidarité nationale et d'une meilleure distribution de la richesse nationale. Cette
politique se manifeste ici par des transferts monétaires directs : allocations et pensions diverses.
Comme les dépenses publiques et les impôts, les transferts (F) influencent aussi l'économie.
Toute augmentation ou baisse des transferts accroît ou diminue le revenu national et la demande
globale. Les trois mesures de politique économique considérées dans le cadre de ce modèle
affectent l'économie au niveau de la demande globale et du revenu. En conséquence :

- la demande globale incorpore les dépenses publiques (G) ;


- le revenu déterminant la consommation des ménages est le revenu national
disponible (Yd), c'est à dire, le revenu national (Y) duquel il faut déduire le montant des impôts
et auquel il faut ajouter le montant des transferts (F).

En guise d’illustration, considérons le modèle suivant:

DG = C(Yd) + I + G avec I = I0 et G = G0

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Yd = Y - T + F avec T =T0 et F = Fo

Du fait de ces modifications, la fonction de consommation est définie comme suit:

C(Yd) = c(Y – T + F) + C avec 0<c<l et c >0

Sachant qu'à l'équilibre OG = DG, le revenu d'équilibre (Ye) est ainsi calculé :

C  cT 0  cF 0  I 0  G 0
Ye 
1 c

NB : Pour obtenir le résultat ci-dessus, il faut remplacer DG de la première équation par Y ;


ensuite il faut remplacer C, Yd, I et G par leurs expressions. Enfin il faut écrire Y comme une
expression de toutes les variables exogènes du modèle (envoyer tous les termes en Y à gauche
de l’égalité).

En supposant que ce revenu d’équilibre est un revenu d’équilibre de sous-emploi, l’Etat pourrait
soit :

- augmenter G : il s’agit dans ce cas de la politique des dépenses publiques;


- diminuer T : dans ce cas on parle de la politique fiscale ;
- augmenter F : dans ce cas il s’agit de la politique des transferts.

Le calcul des multiplicateurs de chacune de ces politiques suit la même procédure sue celle du
multiplicateur des investissements autonomes que nous avons décrite plus à la séance
précédente.

Politique des dépenses publiques

Quand les dépenses publiques varient d'un montant quelconque G (le symbole  signifie
«variation »), la variation du PIB ou Y est égale à :

 1 
Y    G
 (1  c ) 
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L’effet initial sur le PIB est égal à G (montant de la production supplémentaire de services
publics ou d'investissements publics). Mais l'effet total sur le PIB ( Y ) est égal à l'effet initial
multiplié par le coefficient entre crochet ; ce coefficient est appelé le multiplicateur keynésien
des dépenses publiques et est souvent noté k.

1
kG  .
(1  c )

Politique des transferts

Soit une augmentation des transfert de F . L'effet initial sur le PIB est : cF . L'effet
multiplicateur total est donc:

 1   c 
Y    cF   (1  c)  F .
 (1  c )   

 c 
kF    , multiplicateur de transferts publics.
 (1  c) 

c
On note alors kF 
s
Illustration numérique et comparaison avec le multiplicateur des dépenses publiques

Dans le cas où c= 0.,8 et (1 - c) = 0,2, le multiplicateur des transferts est c/(1-c)) est égal à 4, au
lieu 5 pour une variation d'un montant équivalent de dépenses publiques.

Le multiplicateur des impôts ou multiplicateur fiscal


Les impôts comme les transferts modifient le revenu disponible: augmenter les prestations sociales
de 100 Mds a les mêmes effets sur le revenu qu'une baisse d'impôt de 100 Mds; une réduction des
subventions publiques a le même effet qu'une hausse équivalente des impôts. Le multiplicateur

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des impôts a donc la même valeur absolue que celui des transferts mais un signe inverse : l'effet
initial d'une hausse des impôts est une baisse du PIB égale à :  cT

L’effet multiplicateur est donc :  PIB =[- c/(1 - c)]  T.

L'effet multiplicateur total des impôts est donc:

 c 
Y    T .
 (1  c) 

  c  , multiplicateur des impôts.


kT   
 (1  c) 

c
On note alors kT 
s

On peut constater que le multiplicateur fiscal (kT) et le multiplicateur des transferts (kF) ont la
même valeur mais de signe opposé : le multiplicateur des transferts est positif tandis que celui
de la politique fiscale est négatif. Il faut bien noter que le signe négatif du multiplicateur fiscal
signifie que la variation de l’impôt et la variation du revenu évoluent en sens opposé. En d’autres
termes, pour augmenter le revenu d’équilibre il faut réduire l’impôt et inversement. Le
multiplicateur des dépenses publiques présente la valeur la plus élevée. Ainsi, la réduction des
impôts (ou l’augmentation des transferts) a un effet multiplicateur moins important sur le revenu
qu'une augmentation des dépenses publiques. Il en est ainsi parce que le multiplicateur fiscal
(ou le multiplicateur des transferts) agit indirectement sur la production par l’intermédiaire du
revenu disponible alors que le multiplicateur des dépenses publiques agit directement sur la
production par la demande globale.

5.4. Le théorème de Haavelmo

Dans la plupart des cas, l’Etat augmente ses dépenses qu’il finance avec un montant équivalent
d’impôt, question d’équilibre budgétaire. On se demande si une telle politique de budget
équilibré a un effet sur le revenu d’équilibre. La réponse est affirmative. Pour s’en convaincre,
évaluons l’impact d’une telle politique sur le revenu d’équilibre.

Partons du même modèle que celui de la section précédente. Le revenu d’équilibre initial est
donné par :

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C  c T 0  c F0  I 0  G 0 . Supposons que l’Etat augmente ses dépenses qu’il finance
Ye 1 
1 c
entièrement par des impôts supplémentaires (ΔG = ΔT). On a donc :

C  c(T0  T )  cF0  I0  G 0 G


Ye Ye 2 Ye 1 
1 c

cT  G
Ye 
1 c

Puisque ΔG = ΔT, on a :

cG  G 1  c  G Ye
Ye    Ye  G et 1
1 c 1 c G

Ce résultat indique que le multiplicateur est égal à 1. Cela signifie que lorsque l’Etat augmente
les dépenses publiques et les impôts d’un même montant, le revenu d’équilibre augmente du
même montant : c’est le théorème de Haavelmo.

ACTIVITES : 8
1. Définir la politique budgétaire
2. Qu’appelle-t-on politique budgétaire contra cyclique ?
3. Qu’appelle-t-on politique budgétaire pro cyclique ? Acyclique ?

Problème 1
Soit C = 40 + 0,80Yd, Yd = Y – Tx, I = 60, G = 20 et Tx = 20. Calculer (a) revenu d’équilibre,
(b) le nouveau revenu d’équilibre si l’investissement diminue de 10 et si les allocations de
chômage augmentent de 5 par suite de la baisse de production. (c) Etant donné le revenu atteint
en (b), comment le gouvernement doit-il modifier ses dépenses pour ramener le revenu à son
niveau initial (a) ?

Problème 2

Soit l'économie d'un pays dont le fonctionnement peut être exprimé par le modèle suivant:

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Y=C+I+G , C=cYd+Co , Yd=Y-T+TR

I = Io, G = Go , TR = TRo et T = To

avec: Y revenu national, C consommation, T impôts, Co consommation incompressible, Yd revenu


disponible, TR transferts, I investissement, G dépenses publiques et c propension marginale à
consommer.

- c est un paramètre avec 0<c<1.

- Io, Co, Go To et TRo sont des variables exogènes.

1. En admettant que le pays se trouve dans une situation de sous-emploi, déterminer le revenu national
d'équilibre avec c=0,75 et en supposant les valeurs suivantes (en unités monétaires) pour les variables
exogènes: Co = 20000, I = 24000, G = 30000, T=24000 et TR=20000.

2. Les pouvoirs publics décident de diminuer les impôts d'un montant égal à 1000. Quelle est la valeur
du multiplicateur fiscal et quel est l'impact de cette mesure sur le revenu national d'équilibre et le solde
budgétaire?

3. Au lieu de diminuer les impôts, les pouvoirs publics décident plutôt d'augmenter les dépenses
publiques de 1000, quel serait l'impact de cette décision sur le revenu national et le solde
budgétaire?

4. Même question, si, les impôts et les dépenses publiques restant constants, les pouvoirs publics
décident d'augmenter les transferts de 1000 (on supposera dans ce cas que les cotisations sociales
n'augmentent pas et que le budget de l'Etat devra couvrir cette augmentation des transferts).

5. Comparez et commentez les résultats obtenus en 2, 3 et 4.

6. Si l'Etat décidait de maintenir constant le montant du solde budgétaire en augmentant dépenses


publiques et impôts du même montant, 1000, quel serait l'impact d'une telle politique sur le revenu
national d'équilibre? Pourquoi.

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