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SEANCE N° 8
Chapitre 5 : L’équilibre macroéconomique dans un modèle simplifié.
L’Etat et le rôle de la politique budgétaire
théorème de Haavelmo
Objectif : analyser les effets de la politique économique sur le PIB dans le cadre d’une économie
fermée où l’impôt est exogène.
La politique budgétaire est définie comme l'ensemble des mesures prises par les pouvoirs
publics en matière de dépenses publiques (dans ce cas, on parle de politique de dépenses
publiques) et des impôts (il s'agit là de la politique fiscale).
La politique budgétaire est un instrument qui exerce une forte influence sur l’économie. En
ajustant les niveaux de dépenses et des impôts, les gouvernements peuvent réaliser des objectifs
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divers : augmentation de la croissance et de l’emploi, stabilité macroéconomique, répartition
des revenus, allocation efficace des ressources et efficacité opérationnelle.
La politique des dépenses publiques se manifeste par l'utilisation des dépenses publiques. Ces
dernières sont constituées des salaires des fonctionnaires, des achats de biens et services et des
dépenses d’investissement. Les dépenses publiques affectent l'économie dans son ensemble par
l’intermédiaire de la demande globale (DG) et du revenu national (Y). En effet, toute
augmentation ou diminution des dépenses publiques (G) accroît ou diminue la demande globale
et le revenu national.
La politique fiscale se traduit par le recours aux impôts (T). Ceux-ci désignent ici l'ensemble
des prélèvements obligatoires effectués par les administrations publiques pour financer les
dépenses publiques. La politique fiscale affecte l'économie de deux manières. D'une part, toute
hausse ou baisse des impôts réduit ou augmente le revenu national. Par ailleurs, les impôts
affectent les prix des marchés, les incitations et les comportements des agents économiques, et
la redistribution de revenus.
corriger les inégalités de revenus et de fournir une assurance sociale contre des risques dans
l'optique d'une solidarité nationale et d'une meilleure distribution de la richesse nationale. Cette
politique se manifeste ici par des transferts monétaires directs : allocations et pensions diverses.
Comme les dépenses publiques et les impôts, les transferts (F) influencent aussi l'économie.
Toute augmentation ou baisse des transferts accroît ou diminue le revenu national et la demande
globale. Les trois mesures de politique économique considérées dans le cadre de ce modèle
affectent l'économie au niveau de la demande globale et du revenu. En conséquence :
DG = C(Yd) + I + G avec I = I0 et G = G0
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Yd = Y - T + F avec T =T0 et F = Fo
Sachant qu'à l'équilibre OG = DG, le revenu d'équilibre (Ye) est ainsi calculé :
C cT 0 cF 0 I 0 G 0
Ye
1 c
En supposant que ce revenu d’équilibre est un revenu d’équilibre de sous-emploi, l’Etat pourrait
soit :
Le calcul des multiplicateurs de chacune de ces politiques suit la même procédure sue celle du
multiplicateur des investissements autonomes que nous avons décrite plus à la séance
précédente.
Quand les dépenses publiques varient d'un montant quelconque G (le symbole signifie
«variation »), la variation du PIB ou Y est égale à :
1
Y G
(1 c )
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L’effet initial sur le PIB est égal à G (montant de la production supplémentaire de services
publics ou d'investissements publics). Mais l'effet total sur le PIB ( Y ) est égal à l'effet initial
multiplié par le coefficient entre crochet ; ce coefficient est appelé le multiplicateur keynésien
des dépenses publiques et est souvent noté k.
1
kG .
(1 c )
Soit une augmentation des transfert de F . L'effet initial sur le PIB est : cF . L'effet
multiplicateur total est donc:
1 c
Y cF (1 c) F .
(1 c )
c
kF , multiplicateur de transferts publics.
(1 c)
c
On note alors kF
s
Illustration numérique et comparaison avec le multiplicateur des dépenses publiques
Dans le cas où c= 0.,8 et (1 - c) = 0,2, le multiplicateur des transferts est c/(1-c)) est égal à 4, au
lieu 5 pour une variation d'un montant équivalent de dépenses publiques.
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des impôts a donc la même valeur absolue que celui des transferts mais un signe inverse : l'effet
initial d'une hausse des impôts est une baisse du PIB égale à : cT
c
Y T .
(1 c)
c
On note alors kT
s
On peut constater que le multiplicateur fiscal (kT) et le multiplicateur des transferts (kF) ont la
même valeur mais de signe opposé : le multiplicateur des transferts est positif tandis que celui
de la politique fiscale est négatif. Il faut bien noter que le signe négatif du multiplicateur fiscal
signifie que la variation de l’impôt et la variation du revenu évoluent en sens opposé. En d’autres
termes, pour augmenter le revenu d’équilibre il faut réduire l’impôt et inversement. Le
multiplicateur des dépenses publiques présente la valeur la plus élevée. Ainsi, la réduction des
impôts (ou l’augmentation des transferts) a un effet multiplicateur moins important sur le revenu
qu'une augmentation des dépenses publiques. Il en est ainsi parce que le multiplicateur fiscal
(ou le multiplicateur des transferts) agit indirectement sur la production par l’intermédiaire du
revenu disponible alors que le multiplicateur des dépenses publiques agit directement sur la
production par la demande globale.
Dans la plupart des cas, l’Etat augmente ses dépenses qu’il finance avec un montant équivalent
d’impôt, question d’équilibre budgétaire. On se demande si une telle politique de budget
équilibré a un effet sur le revenu d’équilibre. La réponse est affirmative. Pour s’en convaincre,
évaluons l’impact d’une telle politique sur le revenu d’équilibre.
Partons du même modèle que celui de la section précédente. Le revenu d’équilibre initial est
donné par :
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C c T 0 c F0 I 0 G 0 . Supposons que l’Etat augmente ses dépenses qu’il finance
Ye 1
1 c
entièrement par des impôts supplémentaires (ΔG = ΔT). On a donc :
cT G
Ye
1 c
Puisque ΔG = ΔT, on a :
cG G 1 c G Ye
Ye Ye G et 1
1 c 1 c G
Ce résultat indique que le multiplicateur est égal à 1. Cela signifie que lorsque l’Etat augmente
les dépenses publiques et les impôts d’un même montant, le revenu d’équilibre augmente du
même montant : c’est le théorème de Haavelmo.
ACTIVITES : 8
1. Définir la politique budgétaire
2. Qu’appelle-t-on politique budgétaire contra cyclique ?
3. Qu’appelle-t-on politique budgétaire pro cyclique ? Acyclique ?
Problème 1
Soit C = 40 + 0,80Yd, Yd = Y – Tx, I = 60, G = 20 et Tx = 20. Calculer (a) revenu d’équilibre,
(b) le nouveau revenu d’équilibre si l’investissement diminue de 10 et si les allocations de
chômage augmentent de 5 par suite de la baisse de production. (c) Etant donné le revenu atteint
en (b), comment le gouvernement doit-il modifier ses dépenses pour ramener le revenu à son
niveau initial (a) ?
Problème 2
Soit l'économie d'un pays dont le fonctionnement peut être exprimé par le modèle suivant:
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Y=C+I+G , C=cYd+Co , Yd=Y-T+TR
I = Io, G = Go , TR = TRo et T = To
1. En admettant que le pays se trouve dans une situation de sous-emploi, déterminer le revenu national
d'équilibre avec c=0,75 et en supposant les valeurs suivantes (en unités monétaires) pour les variables
exogènes: Co = 20000, I = 24000, G = 30000, T=24000 et TR=20000.
2. Les pouvoirs publics décident de diminuer les impôts d'un montant égal à 1000. Quelle est la valeur
du multiplicateur fiscal et quel est l'impact de cette mesure sur le revenu national d'équilibre et le solde
budgétaire?
3. Au lieu de diminuer les impôts, les pouvoirs publics décident plutôt d'augmenter les dépenses
publiques de 1000, quel serait l'impact de cette décision sur le revenu national et le solde
budgétaire?
4. Même question, si, les impôts et les dépenses publiques restant constants, les pouvoirs publics
décident d'augmenter les transferts de 1000 (on supposera dans ce cas que les cotisations sociales
n'augmentent pas et que le budget de l'Etat devra couvrir cette augmentation des transferts).