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Il s'agit d'un poème en prose; effet, la première et la dernière phrase nous donnent la clé
de lecture et ce ne sont que deux vers d'un poème. Le texte fait partie des Illuminations,
publiées en 1886, où Rimbaud cherche à renouveler la poésie.
Dans ce poème, Rimbaud évoque les sensations éprouvées en présence de l'aube d'été, en
nous racontant une promenade faite au milieu de la nature entre l'aube et l'été.
Le texte se présente sous la forme d'un récit fait à la première personne, sauf pour la
dernière phrase. L'aube est personifiée: c'est une femme, une sorte de déesse comme on
avait l'habitude de la représenter dans l'Antiquité.
Le verbe "embrasser" signifie "prendre dans ses bras", ce qui est repris par le mot "
entourée". L'aube est habillée de voiles, elle a un corps, elle, à la fin du texte, elle se laisse
séduire. Elle; on y remarquera donc une nature féminine mais, en même temps, elle est
mère, car le poète, à la fin, est appelé "enfant".
La première phrase "J'ai embrassé l'aube d'été" est un vers de huit syllabes, avec une
coupe après la quatrième syllabe. On remarque l'allitération en "b" et l'assonance en "é".
L'aube est personnifiée parce qu'elle est prise dans les bras du poète. Avant l'aube, le
monde est mort: rien ne bouge - morte - ombres - ne sont de l'imparfait contribue à nous
donner l'impression d'immobilité absolue.
Le poète commence à marcher mais prend du mouvement par des actions successives:
marcher, réveiller, regarder, se lever. Dans sa marche, le poète réveille les oiseaux
(utilisation de la métonymie), mais aussi le monde minéral et végétal.
La marche est confirmée par le mot sentier et l'action par le mot entreprise qui représente
le projet du poète. Une fleur s'ouvre devant le poète, à la lumière du jour: c'est peut-être
une métaphore amoureuse dans laquelle la fleur représente une femme qui donne son
corps au poète. La promenade continue dans la forêt et jusqu'au sommet.
La cascade est personnifiée en femme et les gouttes d'eau ressemblent à sa chevelure.
A la fin l'aube (= la déesse) paraît couvertes de voiles, peut être la brume caractérisant les
matins chauds de l'été. Alors voilà que la chasse à l'aube commence.
Les phrases deviennent plus courtes et certaines commencent par un complément de lieu.
Les noms des lieux se multiplient: dans l'allée, par la plaine, à la grande-ville, parmi les
clochers, sur les quais de marbre.
Et puis on a toute une série de verbes qui évoquent le mouvement et la course.
A la fin, il semble que le poète arrive à dénuder la déesse: en effet, l'aube se dissipe au fur
et à mesure que le jour lève, moment indiqué par le chant du coq.
Enfin, le poète atteint son but: celui d'embrasser l'aube et quand il se réveille il est
désormais midi et l'aube a disparu. L'aventure est donc terminée.
La phrase finale compte huit pieds comme la première.
Émile Zola
Né à Paris en 1840 dans une famille avec difficultés économiques, Zola passe son enfance
et son adolescence à Aix-en-Provence, où il a pour compagnon de jeu Paul Cézanne.
Après la mort de son père, Émile monte à Paris et il devient commis dans une grande
maison d'édition, Hachette. Il se lance dans le journalisme, écrit des récits et des romans
romantiques, puis il s'évolue vers un réalisme influencé du positivisme.
Dans Le Roman expérimental, il formule sa doctrine naturaliste et en même temps il
continue à se dédier à un cycle gigantesque, déjà entrepris douze ans auparavant, son
œuvre la plus célèbre, "Les Rougon-Macquart. Histoire naturelle et sociale d'une famille
sous le Second Empire." Son succès vient avec L'Assommoir.
Pendant son activité de journalisme, Zola s'occupe des batailles publiques et il défende des
peintres impressionnistes de la critique virulente des traditionalistes et il prend position en
faveur de Dreyfus. Le 13 janvier 1898, il rédige une lettre ouverte au président, « J'accuse
», un article vibrant publié dans le quotidien L'Aurore. À cause de cette lettre il est
condamné à un an de prison mais il échappe en Angleterre.
En 1902, Zola meurt. Il est enterré au cimetière de Montmartre et après une bataille
politique, les cendres sont transférées au Panthéon.
La science littéraire
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l'art et la littérature réalistes sont influencés par le
progrès. La recherche de l'objectivité est concentrée dans la philosophie dominante du
positivisme, qui valorise l'expérimentation, modèle pour atteindre le statut scientifique
dont elle rêve.
Dans son ouvrage théorique, Zola décrit la fonction de l'écrivain selon lui : il doit être
observateur, car l'observation des faits constitue le point de départ sur lequel construire
personnages et phénomènes ; et il est expérimentateur parce qu'il institue l'expérience,
déplace les personnages d'une histoire particulière, pour montrer que la succession des
faits sera telle que l'exige le déterminisme des phénomènes étudiés.
Les Rougon-Macquart
Il est un cycle de 20 volumes, que Zola a planifié avant de commencer l'écriture. Chaque
livre possède une propre unité et peut être lu indépendamment des autres, mais tous sont
liés par une intrigue commune.
Zola veut expliquer comment dans une société, une famille donne naissance à des
individus qui paraissent dissemblables, mais qui sont intimement liés les uns aux autres.
Zola étudiera mathématiquement l'évolution d'une tare héréditaire qui frappe les deux
branches d'une même famille, alors que ses membres s'irradient dans la société, des
quartiers populaires du Ventre de Paris et de L'Assommoir à la bonne société de Nana, des
mineurs de Germinal aux cheminots de La Bête humaine, en passant par les grands
magasins d'Au Bonheur des Dames.
La branche légitime des Rougon et la branche naturelle des Macquart descendent d'une
paysanne, Adélaïde Fouque - la tante Dide - qui est morte folle. Sa « fêlure » détermine
chez chacun des individus de cette race toutes les manifestations humaines, naturelles et
instinctives dont les produits sont vertus et vices.
Le cycle est inauguré par La Fortune des Rougon qui raconte la vie de notables corrompus
dans la petite ville de Plassans, au moment du coup d'État. Il s'achève vingt-deux ans plus
tard avec Le Docteur Pascal, où le dernier des Rougon mène, des recherches sur l'hérédité;
ce savant est le double de l'auteur et correspond à l'idéal d'une « science » unie à la
«conscience ».
L'époque de la réalité
L'Assommoir, Nana, Germinal, La Terre ont fait scandale avant d'être bien accueillis par le
public, bourgeois et populaire. Zola a été critiqué, d'abord accusé d'obscénité puis de
grossièreté idéologique et de style.
Zola est obsédé par le contenu de romans, mais il est loin u culte de la forme des
parnassiens : son style est bâclé et son français n'est pas un modèle d'élégance.
Ses ouvrages se rachètent par la force d'imagination dont il fait preuve, et par leur veine
épique : les tableaux d'ensemble ont une puissance évocatoire qui va au-delà d'une simple
représentation de la réalité.
Il y a une composante visionnaire : la précision des descriptions anime les objets, en fait de
véritables personnages capables de modifier les comportements humains.
La langue de Zola est variée et modulée sur plusieurs registres lexicaux : les descriptions
minutieuses se fondent sur un parler populaire, sur l'argot parisien, sur un vocabulaire
technique approprié. Il utilise la focalisation interne et le discours indirect libre, qui
renforcent l'illusion du réel en faisant disparaître derrière les personnages les traits
envahissants du narrateur.
L’Assommoir
L'Assommoir est le septième roman du cycle et tire son titre du cabaret où les personnages
allaient boire un verre. Lorsqu'il paraît, le scandale fait sensation : l'auteur a écrit un roman
sur le peuple, qui ne ment pas et qui sent le peuple.
En effet, il raconte la « déchéance fatale » d'une lavandière « dans le milieu pestilentiel de
nos faubourgs » et il aurait préféré intituler son livre Simple Life de Gervaise Macquart.
Le lecteur appréciera l'impression de vérité qui se dégage de ce roman, de cette «histoire
de nudité magistrale » qui décrit le grave problème de Paris sous le Second Empire:
l'alcoolisme.
Zola dénonce les ravages sociaux de l'alcoolisme et démontre que les efforts individuels ne
peuvent rien contre l'hérédité, contre l'influence néfaste de l'environnement. Ce n'est pas
un hasard s'il a placé ce roman dans le quartier populaire comme la Goutte-d ‘Or.
L’histoire de Gervaise n’est qu’un maillon dans une chaîne fortement marquée par le
déterminisme. Mais ce n’est pas seulement la province qui décompose les différentes
générations d’une famille, mais aussi le Paris en pleine expansion, qui devient l’un des
personnages principaux de son cycle.
L'action
En mai 1850, Gervaise a vingt-six ans; elle est seule et pauvre dans la chambre sordide d'un
hôtel où le père de ses trois enfants Claude, Jacques et Étienne Lantier l'a abandonnée.
Après s'être mariée avec un ouvrier zingueur, Coupeau, et avoir mis au monde Anna, elle
connaît une certaine aisance et parvient à louer une blanchisserie.
Coupeau se casse la jambe et se laisse aller à la paresse et au vin.
Ici commence une lente descente aux enfers commence. Gervaise subit humiliations
jusqu'à la misère la plus noire et la prostitution.
Un an après la mort de Coupeau, en 1869, elle est désormais une clocharde; on retrouve
son cadavre sous l'escalier de l'immeuble où elle avait été heureuse.
Charles Baudelaire (1821-1867)
Son activité littéraire est intense: il rédige les premiers Petits poèmes en prose, des essais
sur des peintres, des écrivains, sur Richard Wagner ; Les Paradis artificiels sont des
réflexions sur l'inutilité de rechercher l'infini en faisant usage de drogues ; il publie une
nouvelle édition, élargie, des Fleurs du mal. Sa santé décline, les difficultés financières
augmentent mais il enregistre, avec lucidité, des observations sur son existence, sur
l'époque cruelle où il vit pour l’œuvre Mon cœur mis à nu.
La mélancolie, la modernité
Baudelaire a une vision de la modernité à la fois pessimiste et grandiose.
Le monde moderne, impitoyablement dominé par la recherche de l'utile, du progrès
technique, de l'argent, tend à rejeter la beauté, à la considérer comme inutile.
Toutefois, l'artiste incompris découvre des formes singulières de beauté, dont la
mélancolie est la principale composante.
Donc, la beauté moderne est marquée par la souffrance, que les artistes doivent
contempler dans le « miroir ensorcelé » de leur imagination.
Les Fleurs du mal
On a eu trois éditions de ce recueil:
La première de 1857 comprend un poème liminaire, qui créent un scandale : Baudelaire
est condamné pour immoralité, puis réhabilité en 1949.
La deuxième est réorganisés en six sections.
La troisième, posthume, est publiée en 1868.
Le titre provocateur suggère qu'il existe une fascination du mal que la beauté puisse en
émaner, comme les fleurs qui poussent miraculeusement de la terre.
Le poète, comme les alchimistes de l'Antiquité, transforme une réalité impure et
douloureuse en une matière précieuse et éternelle, la poésie.
En fait, il dit « Tu m'as donné de la boue et j'en ai fait de l'or ».
Pour Baudelaire le mal est une notion complexe qui recoupe la détresse, la déchéance
sociale, le vice, la maladie physique et le tourment métaphysique d'une âme qui ne croit
pas en Dieu.
La structure
Les six sections, aux dimensions très différentes, créent un chemin à partir des conflits
intérieurs du poète qui veut échapper à la réalité, et jusqu'à conclure que le seul voyage
possible mène à la mort.
Au lecteur, la preface, relate la condition tragique de l'être humain, soumis au mal et à
l'ennui, le Spleen.
Spleen et idéal expose la situation du poète, écartelé entre l'aspiration à la pureté et le
poids du spleen. 4 cycles de 42 poèmes sur l'amour, qui se soldent par un échec : l'amour
sensuel de Jeanne Duval, l'amour spiritualisé de Madame Sabatier, l'amour tendre de
Marie Daubrun et figures féminines moins précises.
Tableaux parisiens présente un Paris livide et halluciné, un lieu de corruption, où le poète
poursuit les fantasmes de sa propre imagination et tente de trouver l'oubli, mais trouve
seulement solitude.
Le vin est un éloge ambigu de l'exaltation et des songes qui naissent de l'alcool, remède
illusoire des désespérés et des artistes.
Fleurs du mal se concentre sur la débauche et le crime, deux échappatoires, séduisantes et
illusoires, à l'emprise du spleen.
Révolte place la recherche du salut sous le signe de Satan « prince des exilés » et
protecteur des opprimés, contre un Dieu « menteur ».
La Mort ne conçoit qu'un seul espoir au-delà de la réalité : la mort accueille tous et elle est
la seule expérience nouvelle possible.
La déchirure existentielle
Le recueil avec l'oxymore du titre a un signe de la contradiction, un thème cher à la vie et à
l'œuvre du poète. En fait, le poète ne réussit pas à séparer ce qui ne semble exister que
par rapport à son contraire
(Horreur/extase, fleur/mal, spleen/idéal...).
Par cette vision commence le dualisme d'un monde qui combat entre deux forces
opposées et complémentaires : l'artiste est un génie et un parasite, la femme est un ange
consolateur et un démon tentateur, la ville attire autant qu'elle repousse, la mort est le
suprême espoir mais aussi la défaite suprême...
La Beauté et le Temps
Il partage la position des parnassiens, selon laquelle La Poésie n'a pas d'autre but qu'Elle-
même.
Même s'il rejette leurs intransigeances des principes esthétiques et leur attachement à
l'impassibilité, Baudelaire pense que la Beauté éternelle, aspiration douloureuse et refuge
du poète, et l'art qui en est le reflet sont les seules armes contre la réalité et le temps.
Le temps n'est pas une entité abstraite, il est un monstre qui détruit la force vitale : le
passé est plein de remords, le présent est insupportable et l'avenir de la poésie est
menacé. La section « Spleen et Idéal » se termine sur le constat de la défaite de l'Homme
face au Temps.
L’ALBATROS
La poésie fait partie de la section Spleen et Idéal ; il était absent de la première édition de
la collection et en fait partie dans l'édition de 1861.
Dans ce poème, le poète réfléchit sur le rôle de l'artiste dans la société de masse.
Le vol de l'albatros est une allégorie du statut de prestige des poètes : l'oiseau est capturé,
tourmenté et moqué par les marins, alors que le poète n’a plus sa position de prestige
dans la société : l'art est une marchandise et le poète n'est pas un individu exceptionnel et
supérieur, mais fait partie de la masse anonyme.
Baudelaire connaissait probablement le Rime du vieux marin de Coleridge (1798) dans
lequel la mise à mort d'un albatros par un marin représente le geste qui déclenche une
série d'événements fatals et malheureux pour l'homme.
Le texte est composé de quatre quatrains de vers alexandrins en rimes alternées.
Le poème peut être divisé en deux parties : les trois premiers quatrains décrivent le groupe
de marins qui se moquent de l'albatros tandis que dans le dernier le poète réfléchit sur la
signification symbolique de l'événement.
L'albatros a plusieurs connotations positives : vaste oiseau des mers (v 2), rois de l'azur (v
6), grandes ailes blanches (v 7), beau (v 10), prince des nuées (v 13), ailes de géant (v 16).
Mais aussi négatives : il devient maladroit et honteux (v 6), piteus (v 7), veule (v 9),
comique et couché (v 10), infirme (v 12).
L’oiseau et le poète sont comparés : l'albatros est le « prince des nuées » (v. 13), c'est-à-
dire une partie privilégiée d'un monde supérieur, loin de la terre, où il est incompris,
moqué, tourmenté, un peu comme le poète, qui devient majestueux quand il écrit, mais
quand il ne le fait pas il est maladroit.
Lorsque qu’ils s'éloignent de l'espace céleste (pour l'albatros est l'habitat idéal, en fait c'est
le "rois de l'azur" ; pour le poète c'est le monde de l'imagination et de l'inspiration) ils
doivent composer avec leurs limites et leurs incapacité de vivre mieux sur terre parce
qu'on les tourne en dérision : l'albatros devient « maladroits et honteux » (v. 6,) « comique
et couché » (v. 10), à tel point que les marins l'imitent comme s'il était un infirme ; de la
même manière, le poète est seul, moqué et ses capacités ("ailes de géant", v. 16), sur
terre, deviennent inutiles.
SPLEEN
Spleen fait partie de la première section. Le terme anglais « spleen » indique une humeur
mélancolique et dérive du grec « splén », qui signifie « bile » : dans l'Antiquité, la
mélancolie était causée par un excès de bile.
Avec des images, Baudelaire présente le sentiment d'angoisse, d'ennui existentielle,
d'inconfort, du poète et du monde entière, qui caractérise le « spleen » : un jour de pluie,
le poète se retrouve emprisonné dans sa propre existence. Le texte est composé de cinq
quatrains de vers alexandrins en rimes alternées.
Dans le poème, l'espace intérieur et extérieur du poète sont comparés, représentés
comme des prisons d'où toute tentative d'évasion est vaine.
Dans le premier quatrain le ciel est comparé à un "couvercle" qui écrase l'âme du poète,
déjà oppressée par la douleur et les soucis, et qui apporte ténèbres et tristesse à la terre.
Dans le second, la terre devient une "prison", dans laquelle il n'y a pas de place pour
l'Espoir, comparée à une chauve-souris qui bat partout parce qu'elle ne trouve pas d'issue.
Dans le troisième quatrain les barreaux sont idéalement formés par les « bandes d'eau »
de la pluie qui tombe, tandis que les araignées tissent la toile dans le cerveau des hommes,
représentant un esprit opprimé par les cauchemars et l'angoisse.
Dans le quatrième couplet, les cloches émettent un "cri hideux", un gémissement
d'"esprits errants et sans abri", une image de perplexité et de désorientation.
Le dernier quatrain présente l'image de l'âme comme un lieu où tout espoir est surmonté
par l'angoisse qui, en despote violent, habite et caractérise l'existence du poète.
Baudelaire veut faire comprendre à ses lecteurs le sens du spleen, il essaie de les impliquer
en utilisant le pluriel « nos cerveaux » au v. 12, et de nombreuses comparaisons (v 5, v 6)
et métaphores (v 1, v 9-10, v 12, v 17-18, v 19-20).
À la fin, le poète précise que son existence est dominée par l'angoisse, « atroce,
despotique », qui entre dans le poète en plantant sur son « crâne » une « bannière noire »
(v. 20) et qui surmonte toute forme d'Espérance.
Les trois premières strophes sont ouvertes par l'anaphore de la conjonction temporelle «
quand », qui prépare le poète à la fin tragique, où se déroule la lutte entre l'Espérance et
l'Angoisse, comme si l'âme humaine était un théâtre où l'atroce spectacle est mis en scène
de l'existence.
L’INVITATION AU VOYAGE
Ce poème fait partie de la section Spleen et Idéal et a été écrite en 1855. Il appartient au
cycle de Marie Daubrun, une actrice à la mode et son amour à l'époque de l'écriture de ce
texte : l'amour est ici spirituel et non sensuel. Il ne s'agit pas d'un voyage mais d'une
promesse de voyage épanouissant le rêve. La forme du poème n’est pas classique : les
strophes sont composées de 12 vers alternant 2 pentasyllabes et 1 heptasyllabe ; le poète
ajoute une sorte de refrain de deux heptasyllabes.
Première strophe : Formule l'invitation au voyage en posant l'analogie femme/paysage
extérieur.
Seconde strophe : Evoque un décor intérieur hollandais où les sens permettent d'accéder à
l'âme du poète.
Troisième strophe : Paysage extérieur : la ville au soleil couchant.
D’abord, le poème apparaît comme une invitation offerte à la femme aimée, qui est
apostrophée dès le premier vers : « Mon enfant, ma sœur », deux substantifs
contradictoires (Baudelaire n'est pas le père et le frère d'une même femme) qu'il s'agit
d'un lien affectif fort qui l'unit à elle. « Mon enfant » évoque un amour protecteur et « ma
soeur » est à lire comme une âme sœur.
Le voyage duquel parle Baudelaire est une métaphore d’un voyage vers l’inconnue, l’infini,
vers un pays de l’évasion, du rêve. Le pays duquel il parle pourrait être la Hollande,
souvent associé à la richesse et au luxe oriental pour ses commerces avec les Indes.
En Fait dans la deuxième strophe on dit « la splendeur oriental » (v23) même si on parle de
la Hollande.
Le poète décrit beaucoup le pays, en l’associant aussi à la femme dans la première
strophe : « au pays qui te ressemble », « les charmes mystérieux de tes traîtres yeux ».
Dans la troisième strophe les canaux hollandais sont nommés deux fois et on parle aussi du
soleil : dans la première strophe les soleils son mouillés dans des ciels brouillés, donc on a
la description du matin, tandis que dans la troisième on décrit le soir avec les soleils
couchants.
Dans la deuxième strophe on a la description de la chambre et des odeurs et de la langue
du lieu où le poète veut vivre son amour.
Le thème du voyage se retrouve tout au long du texte, en commençant par la première
strophe : « aller là-bas », « au pays qui te ressemble ». Dans la deuxième strophe, c'est
l'exotisme qui prend le relai : « les plus rares fleurs », « senteurs de l'ambre » ainsi que
l'Orient : « splendeur orientale ». Enfin dans la troisième strophe, le champ lexical du
voyage est clairement utilisé : « vaisseaux », « vagabonde », « bout du monde ».
Le voyage s’effectue sans déplacement, sans mouvement : absence de verbe de
mouvement dans le poème à part « aller »(v.3) et « viennent »(v.34 pour les bateaux).
Dans le refrain, l’adverbe de lieu ” là ” fait référence à un ailleurs rêvé mais indéfini.
L'ordre et la beauté renvoient au paysage et ne mettent pas en avant l’aventure, alors que
le triptyque ” luxe, calme et volupté ” évoque un lieu où tout est possible, et où les
sensations ont une place centrale. Baudelaire n’invite pas vraiment à un voyage réel, mais
plus à le suivre dans son état d’âme amoureux.
Arthur Rimbaud (1854-1891)
Rebelle dès l'âge de seize, il commençait à fuguer, dédier des poèmes aux communards,
rédiger un projet de constitution communiste, écrire « Merde à Dieu » sur les bancs du
jardin public. Il a traversé l'Europe pendant cinq ans. Rapatrié à Marseille en 1891, sa
jambe est amputée à cause d'une tumeur et décède quelques mois plus tard. Sa
personnalité est marquée par la révolte, absolue et violente, contre la société et la culture
de son temps.
Au fil du temps, cependant, il s'est rendu compte que personne, pas même lui-même, ne
pouvait changer les choses dans le monde et qu'il devait l'accepter tel qu'il était.
C'est ce qui explique le silence qui s'est installé après The Illuminations.
Illuminations
Le titre de ce recueil énigmatique, choisi après la composition des poèmes, pourrait
dériver de l'anglais et signifier « enluminures ».
Les compositions sont écrites entre fin 1873 et début 1874 : quarante poèmes en prose et
deux en vers libres (Marine, Mouvement), publiés en 1886, grâce à Verlaine. L'ensemble
est hermétique et hétérogène, dans la forme et dans le fond : les descriptions, des
paysages londoniens (The Bridges, Cities), sont flanquées d'évocations fantastiques.
Rimbaud traite de la création linguistique. En vers et en prose, les œuvres bouleversent en
effet la tradition. Le verbe poétique abandonne la logique, conserve une forme classique,
et se met au service d'un imaginaire halluciné.
Le résultat est un texte parfois incohérent, fragmentaire, mais envoûtant.
Rimbaud, initiateur du mouvement symboliste, pense que les mots avec leur force
deviennent magiques dans les images disloquées.
Dans la lignée du mythe romantique, celui qui a volé le feu au titan Prométhée entend
créer un nouveau langage capable d'exprimer aussi bien les mystères du monde visible que
ceux du rêve et des sensations immatérielles : « ce langage sera celui de l'âme pour l'âme".