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N° 237
NOVEMBRE
2021
Associé Unique : Humensis, SA
dont le siège social est sis
170 bis, boulevard
du Montparnasse, 75014 Paris
www.humensis.com
Adresse de la rédaction :
Premières Loges / Classica,
6, villa de Lourcine, 75014 Paris
Directeur de la publication
Un peu de Tennessee
Frédéric Mériot
Directeur de la rédaction
Jérémie Rousseau
jeremie.rousseau@editions-
premieresloges.com
Chef de rubrique disques et hi-fi
Philippe Venturini
trange résonance. d’une musique qui jamais ne
É
philippe.venturini@editions-
premieresloges.com À l’heure où nous ou- laisse l’auditeur en chemin, mé-
Éditorialistes
Christophe Capacci, Alain Duault, vrons nos colonnes lodieuse sans être complaisante,
Benoît Duteurtre, Stéphane Grant, au compositeur new- pimentée et personnelle en dé-
Jean-Charles Hoffelé, Alain Lompech,
Éric-Emmanuel Schmitt
yorkais John Coriglia- pit de ses emprunts à Puccini
Grand reporter no, et où, main dans la main, et Barber, et surtout authenti-
Olivier Bellamy Jean Echenoz et Philippe Her- quement américaine, avec son
Directrice artistique
Isabelle Gelbwachs sant emmènent les héros de patois du Tennessee, son folklore
isabelle.gelbwachs@editions- leur nouvel opéra sur les terres entêtant et ses hymnes religieux.
premieresloges.com
Secrétaires de rédaction américaines, vient de s’éteindre, Sans doute est-ce cette filiation
Camille Loiseau, Sébastien Cordin en Floride, un créateur dont le trouble qui tint Susannah loin de
Service photo
Cyrille Derouineau rayonnement aux États-Unis est nos scènes hexagonales – même
cyrille.derouineau@editions- à peu près proportionnel à l’oubli dans lequel il si Nantes l’accueillit dans les années 1990,
premieresloges.com
fut maintenu de notre côté de l’Atlantique. Car quand Kent Nagano l’enregistrait au même mo-
Ont collaboré à ce numéro qui connaît vraiment Carlisle Floyd ? Décédé ment à Lyon. Ne serait-ce pas aussi qu’un opéra
Jérémie Bigorie, Louis Bilodeau,
Nicolas Boiffin, Jacques Bonnaure,
le 30 septembre à l’âge de 95 ans, l’homme à succès entrecoupé d’airs a toujours paru sus-
Vincent Borel, Fabienne Bouvet, Olivier détient pourtant un record : avec près de pect ? Certes, l’époque où Paul Dukas se pinçait
Brunel, Jérémie Cahen, Cécile Chéraqui, 1 000 représentations et 200 productions, sa le nez devant Tosca – une « musique de café
Marina Chiche, Damien Colas, Laure
Dautriche, Thomas Deschamps, Pierre Susannah, créée par des étudiants en 1955, est que n’importe qui aurait pu écrire » – est loin-
Flinois, Éric Garault, Séverine Garnier, devenue l’opéra américain le plus joué après taine. Celle de La Mort de Klinghoffer de John
Romaric Gergorin, Aude Giger, Pascal
Gresset, Jean-Pierre Jackson, Melissa Porgy and Bess de Gershwin ; la sublime Renée Adams l’est moins, où l’on fustigeait encore en
Khong, Stéphanie Lacombe, Michel Fleming le porta jusque sur la scène du Metro- 1992 le « degré zéro de la musique, une sorte
Le Naour, Sarah Léon, Baptiste Liger,
Franck Mallet, Jules Matton, Jérôme politan Opera et Samuel Ramey fit son cheval de produit typiquement américain, comme le
Medelli, Yannick Millon, Coline Oddon, de bataille du révérend Olin Blitch. C’est que, Coca-Cola, Disneyland et le nouvel ordre inter-
Philippe Ramin, Dominique Simonnet,
Natacha Valla, Marc Vignal
d’emblée, Susannah eut l’art de ne pas fâcher national ». Alors qui sait si, au moment où le
le public américain avec l’opéra de son temps, nouveau directeur musical de l’Opéra de Paris,
Publicité et développement
commercial à une époque où, en Europe, la longue idylle Gustavo Dudamel, fait jouer pour la première
Isabelle Marnier : 01 55 42 84 15 tendait à s’assombrir. Achevé en quelques mois fois de son histoire la musique de John Adams
isabelle.marnier@editions-
premieresloges.com
par un musicien de 28 ans, fils de pasteur, ce à sa phalange (mieux vaut tard que jamais), ces
Marketing et diffusion drame puissant tiré du Livre de Daniel brosse opéras décomplexés venus des États-Unis ne
Armelle Behelo : 01 55 42 84 00 une histoire de péché que Floyd fit résonner viendraient pas salutairement rafraîchir notre
armelle.behelo@editions-
premieresloges.com avec le maccarthysme ambiant, en l’habillant bon vieux répertoire ? X Jérémie Rousseau
Service abonnements
45, avenue du Général-Leclerc
60643 Chantilly Cedex
Tél. : 01 55 56 70 78
Courriel : abonnements@classica.fr
Tarif d’abonnement
1 an, 10 numéros : 49,90 u
Vente au numéro
Tél. : 04 88 15 12 41
Diffusion : MLP
Prépresse et impression
Maury Imprimeur - S.A. Malesherbes
Imprimé en France
Dépôt légal à parution
N° de commission paritaire :
1125 K 78228 Retrouvez votre magazine Classica sur tablettes et smartphones. L’application Classica est disponible sur App Store
N° ISSN : 1966-7892 Photos de couverture : Jean-Baptiste Millot, Universal Music, Marco Borelli, François Berthier, William Beaucardet, Veikko Kähkönen,
Astrid di Crollalanza. Illustrations des portraits de Jérémie Rousseau et des éditorialistes : Dominic Bugatto
Ce numéro comporte un encart de deux pages recto/verso LES BLEUES/G. Henle Verlag posé en 4e de couverture
sur la totalité des abonnés de France Métropolitaine et de la distribution en kiosques.
34
10
40 84
62 80
QL’ACTUALITÉ QLE MAGAZINE
03 Éditorial 40 En couverture : Les CHOCS de l’année
07 Arrêt sur image 50 Le questionnaire Bellamy : Carole Bouquet
Pluie noire 52 Compositeur : Josquin Desprez
09 La petite musique 58 Reportage : Le Quatuor Hanson en plein enregistrement
d’Éric-Emmanuel Schmitt 62 Entretien : John Corigliano face à ses Fantômes
L’univers des voix 68 L’écoute en aveugle : La Symphonie n° 2 de Brahms
10 Planète musique 72 Dossier : Les femmes violonistes au début du XXe siècle
Rencontre avec Philippe Hersant et Jean 78 Le coup de gueule d’Alain Lompech
Echenoz, Haïm et Spinosi ont 20 et 30 ans… J’adore « La Tribune des critiques de disques »
24 Les Introuvables de Classica 80 L’univers d’un musicien : Sol Gabetta
Magda László, une voix troublante et
27
singulière, chante Vivaldi, Caldara, Mozart…
L’humeur d’Alain Duault QLE GUIDE
Le danger radical 84 Les CHOCS du mois
28 Sortir 94 Les disques du mois
Alcina au palais Garnier à Paris, Maria João 118 Les DVD du mois
Pires à Lyon, Wozzeck à Toulouse… 120 Le jazz
33 À voix haute 122 Hi-fi
La chronique de Benoît Duteurtre 130 Jeux
34 On a vu
La Reine des neiges d’Abrahamsen
à Strasbourg, Œdipe d’Enesco à Bastille…
RÉALISATEUR COMPOSITEUR
SHÔHEI IMAMURA TÔRU TAKEMITSU
O Remarqué grâce à son singulier O À n’en pas douter le plus célèbre
La Femme insecte, en 1963, l’ancien des compositeurs japonais,
assistant d’Ozu, Imamura (1926- Takemitsu (1930-1996) n’aura
2006), tranche avec un style violent et composé – en parallèle à une œuvre
sans concessions – qui le rattache à destinée au concert –, sauf erreur,
un renouveau du cinéma japonais, qu’une seule partition pour le
confirmé par les non moins provocants cinéma d’Imamura, celle de
films qui suivent : Désir meurtrier, Le Pluie noire, en regard de celles,
Pornographe… Six ans après sa Ballade nombreuses, destinées entre autres
de Narayama, Palme d’or à Cannes en à Ôshima, Nakamura, Shinoda, Onchi
1983, Pluie noire, d’après le roman de et surtout ses fidèles Kobayashi,
SDP
SDP
POUR SES 10 ANS, LA DOLCE VOLTA VOUS PROPOSE DE REMPORTER DE SOMPTUEUX CADEAUX
RENDEZ-VOUS SUR NOS RÉSEAUX SOCIAUX ET SUR NOTRE BOUTIQUE
LA PETITE MUSIQUE
D’ÉRIC-EMMANUEL SCHMITT
omment est né le été : « Comment a-t-il pu faire transposition radicale. C’est un deuxième opéra : un génie ina-
C projet de ce nouvel
opéra baptisé
Les Éclairs ?
Jean Echenoz : Oli-
vier Mantei m’avait demandé
d’écrire pour l’opéra. L’idée
d’un sujet original ne venant
un livret à partir de Des
Éclairs ? »
Que vous connaissiez ?
P. H. : Que je connaissais. Car je
connais bien l’œuvre de Jean.
J’avais remarqué qu’il n’y avait
quasiment pas de dialogues. Je
long livret, multipliant les péri-
péties sous une forme trépi-
dante. On ne sait combien de
temps dure l’action, des années,
des décennies, tout s’enchaîne
très vite. Si le sujet me changeait
de mes deux opéras précédents,
dapté qui sème le malheur.
Pensiez-vous à une musique
en rédigeant le livret ?
J. E. : Je pensais à une musique
imaginaire. Je pensais efficacité
des mots, spectacle, show, repré-
sentation. Le livret compte des
pas spontanément, j’ai pensé pense à Envoyée spéciale. plutôt contemplatifs et dénués alexandrins, des décasyllabes.
aux livres que j’avais écrits, et il J. E. : Ils sont noyés dans la nar- d’action, le personnage de Tho- J’avais quelques scrupules à uti-
m’a semblé que Des Éclairs ration. mas Edison se rapproche du liser le système du vers blanc,
pouvait être un moteur pour ce P. H. : Voilà. Et il y a ce style de Baron dans le Château des Car- mais j’aimais l’idée de pouvoir
cadre. L’idée lui a plu. Alors il a description particulier et cet pathes et Gregor, le héros, res- les casser dans le même temps :
fallu s’y mettre. Construire une humour que j’adore. Aussi le semble à Andreï dans Le Moine faire une suite de vers réguliers,
forme complètement inconnue livret Les Éclairs opère-t-il une noir inspiré de Tchékhov, mon puis la déséquilibrer pour ne
pour moi était très intimidant.
Je pensais utiliser des passages
du roman, et finalement, dans
le livret, il n’y en a pratiquement
pas une phrase. Je devais
reconstituer l’intrigue globale-
ment, en ayant toujours à l’es-
prit que cela devait être chanté,
proféré, articulé. Un terrain
neuf. Le dialogue théâtral n’a
rien à avoir avec le dialogue
romanesque.
Comment êtes-vous entré
dans l’aventure de votre côté,
Philippe Hersant ?
Philippe Hersant : Bien plus
PHOTOS STÉPHANIE LACOMBE POUR CLASSICA
KARAN ARMSTRONG
La soprano américaine indéfectiblement
attachée à Berlin s’est éteinte à 79 ans.
A
u printemps 1890,
positeurs primés. Il étudiant l’aspect découvrir de la musique fran- alors que Paris
manquait cepen- humain du séjour à çaise du XIXe siècle. Beau vivier s’apprête à découvrir
dant une somme la Villa Médicis, la pour les musiciens du futur ! X Ascanio, le dernier opéra
mu s i co l o g i q u e vie quotidienne des Jacques Bonnaure de Camille Saint-Saëns,
approfondie sur musiciens, leurs celui-ci a disparu de la
cette institution activités, leur £Bons baisers de Rome. Les capitale sans laisser de
controversée fon- champ de vision compositeurs à la Villa Médicis trace ni d’indice derrière lui.
dée sous le Consu- culturel, mais aussi (1804-1914), Alexandre Dratwicki, La presse et les cercles
lat, et dont les heu- l’aspect musicolo- Actes Sud/Palazzetto Bru Zane, mondains s’affolent – les
reux lauréats nous gique avec une 636 p., 45 €. gros titres font la part belle
à celui qui a décidé de
s’échapper quelque temps
pour rejoindre les Canaries
À LA RECHERCHE DU TEMPO PERDU incognito, sous le nom
de Charles Sanois. Vincent
élomane obstiné, Proust rencontre en 1894, aura égale- cale ? Comment Debussy lui Borel s’est appuyé sur cet
GÉANTS D’ESPAGNE
nitialement publié en 1926, cet ouvrage raconte, à a la sagesse de taire le nom) s’offusque de voir un livre
SDP
Atomic… interprétés avec ferveur sur scène par
Sabine Devieilhe, Matthew Polenzani, Gerald
Prise de bec Finley… Une rentrée brillante qui s’est achevée en
apothéose sur la Marseillaise nationale dont le faste
Archets de Noé
L
e Grand Canal de
ans « Bouillon de culture » – souvenez-vous, n’a manifestement pas réussi à égaler celui de cette Venise s’est paré en
« Résurrection » et Jugement
nexistant, simple, juvénile, certain, conséquent, extrême… voici les nuances
minutes de fortississimo ! X
EN L’ÉCO DU CLASSIQUE
BREF PAR NATACHA VALLA
CRÉMAILLÈRE
ZAprès trois ans de
travaux de restauration,
Redistribution des rôles
la maison Dutilleux à Dans la perspective d’un étiolement des soutiens publics, il est
Candes-Saint-Martin temps de repenser un financement privé bienveillant.
dans l’Indre-et-Loire
a été inaugurée pour
accueillir de nouveaux uelles conclusions tirer Ciblage : l’OCDE ne dit pas tion et la « consommation » de
résidents d’ici la fin
de l’année. Un festival
marquera l’événement
Q du premier trilogue
économique « Créati-
vité entre public et
autre chose, pour qui les meil-
leurs investissements dans
l’éducation se font dès le plus
musique. Si 66 % des écoutes
sont motivées par un algo-
rithme – mise à mort de la
du 29 au 31 octobre. S’y privé » tenu à Sciences Po ? Sur jeune âge. diversité et voie assurée vers la
retrouveront l’Orchestre le financement de la musique, standardisation ultime selon
de chambre Nouvelle- l e b u d g e t c u l t u re 2 0 2 2 LIBERTÉ DE CRÉER Patino –, réintroduisons du
Aquitaine, l’Orchestre de (+ 7,4 %, inédit !) pourrait bien Enfin, quid de la protection de hasard dans l’intelligence arti-
la Garde républicaine ou être un chant du cygne car les la création dans un mix public- ficielle, de la « sérendipité dans
encore la violoncelliste finances publiques n’ont jamais privé ? Non, industrie et culture l’algorithme » !
Sonia Wieder-Atherton. autant été sous tension. Voilà ne font pas oxymore. Peter Soyons rassurés : nul besoin de
une opportunité pour repenser Tschmuck, musicologue autri- choisir entre les tocquevil-
DERNIÈRE un financement privé multiple chien, illustre bien comment la liennes monarchie-ornement
RÉVÉRENCE et bienveillant. Il ne s’agit pas créativité musicale a fleuri grâce et démocratie-divertissement.
ZÀ 74 ans, le ténor d’émanciper le secteur musical à l’industrie depuis l’invention La fin de la subvention publique
José Carreras a fait ses de la puissance publique, mais du phonographe. Cela perdu- n’est pas inéluctable mais son
adieux à la scène à l’issue de pallier ses déficits écono- rera avec les technologies exclusivité n’est pas souhaitable.
d’un dernier concert au miques, incitatifs et démocra- contemporaines si la platefor- Enfin, à l’instar du trio Karmitz-
Staatsoper de Vienne. tiques, de stimuler la créativité misation respecte des règles Mantei-Patino, rappelons que
et, finalement, l’esprit d’entre- éthico-technologiques protec- dans « service public », il y a
NOMINATION prise des artistes. En témoigne trices de la liberté dans la créa- d’abord « service ». X
ZLa cheffe Nathalie le succès de l’abonnement au
Stutzmann vient d’être don, cher à Bruno Patino,
nommée à la direction recette d’un International
musicale de l’Orchestre Music Score Library Project.
symphonique d’Atlanta. Autre question autour du rôle
Elle prendra ses de la musique dans le dévelop-
fonctions à partir de la pement socio-économique : les
saison 2022/2023 pour établissements publics doivent
succéder à Robert Spano. résoudre une « injonction
contradictoire ». Selon Olivier
DISTINCTIONS Mantei, leurs nouvelles feuilles
VOCALES de route marient des objectifs
ZPrésidé par Andreas sociétaux ambitieux et louables
Scholl et organisé par à l’impératif d’augmenter leurs
Le Poème Harmonique, recettes. Pour résoudre cette
le Concours Corneille quadrature, fi des schémas
à Rouen a remis un alambiqués. Ciblons des objec-
premier prix à la soprano tifs éducatifs simples sans
israélienne Shira renoncer à l’élitisme et à l’excel-
Patchornik. Le prix du lence. La maîtrise populaire de
public et le prix Jeunes l’Opéra Comique obtient bien
Talents ont été décernés 100 % de réussite au bac avec
au contre-ténor français une ambition artistique soute-
William Shelton. nue à 80 % par le secteur privé.
« Amazone »
d’ouvrir ses portes après plus de
trois ans de conception. Le bud-
perts et d’artistes pour dévelop-
per un parcours accessible aux
répond à un objectif d’éveil
sensoriel réalisé avec beaucoup
4 Lea Desandre
(ERATO)
get de 10 millions d’euros a enfants de 4 à 10 ans. Imaginée d’intelligence : empressez-vous
permis de mettre à profit par la scénographe Constance de trouver un enfant dans votre « Baritenor »
1 000 mètres carrés d’espaces Guisset, la mise en espace entourage pour aller découvrir 5 Michael Spyres
(ERATO)
jusqu’alors inexploités. La ménage des atmosphères ce lieu réjouissant !X Aude Giger
LES COUPS DE Q
CLASSICA Sophie Christian Francis Drésel Lionel Esparza Marie-Aude Jean-Yves Sophie
Bourdais Merlin (Radio (France Roux Grandin Bussière (Fnac
no 236 (Télérama) (Le Figaro) Classique) Musique) (Le Monde) (Melomania) Montparnasse)
« Baritenor »
Michael Spyres
Erato
RRR RR RRR RR RRR RRR RRR RRR
« Amazone »
Lea Desandre
Erato
RR RRR RR RRR RRR RR RR RRR
Senaillé, Leclair / W. Christie,
T. Langlois de Swarte
HM
RRR RRR RRR RR RR RR R RRR
« Passion » / V. Gens,
L.-N. Bestion de Camboulas
Alpha
RRR RRR RR RR RR RRR RR RR
Ysaÿe, Sonates pour violon seul
David Grimal
La Dolce Volta
RRR RR RR RR RRR RR RR RRR
Lully, Ballet royal
Les Talens Lyriques, C. Rousset
Aparté
RR RR RR RR R RR RR RR
Rameau, Dardanus
C. Dubois, J. van Wanroij,
G. Vashegyi / Glossa
R RR RR R RRR RR R RR
Chopin, Nocturnes
Jan Lisiecki
DG
R RR RR RRR RR — R RRR
Nous aimons… R Un peu RR Beaucoup RRR Passionnément X Pas du tout — N’a pas écouté
P
Requiem æternam 4’33
en tout cas un constat Il multiplie alors des projets fluette face aux cordes et aux BRAHMS
qui semble perdurer, au inattendus afin de capter le cuivres, Dave déballe sa colère par George Szell et
l’Orch. de Cleveland
fil des ans, provoquant bien public. C’est ainsi qu’en 1998, au sujet des horreurs esthé- 2 • Symphonie n° 2 : Allegretto
des récriminations de la part Dave sort un album, « Clas- tiques qui gangrènent la capitale grazioso 5’43
des contribuables, guère sique », reprenant en chansons, – Jean Tiberi se trouvait à ce TCHAÏKOVSKI
par Erica Morini, le Royal Phil. Orch.
convaincus par certains choix avec formation orchestrale tra- moment aux commandes : et Artur Rodzinski
d’urbanisme. Voilà pourquoi ditionnelle, quelques grands « Lutèce a beau lutter / Paris est 3 • Concerto pour violon : Finale.
Mme Hidalgo ne mettra sans thèmes de la musique classique. perdu / Les temps modernes ont Allegro vivacissimo 8’16
doute jamais à l’honneur les L’Hymne à la joie de Beethoven frappé / Elle ne se reconnaît LES CHOCS
LISZT
œuvres d’Anton Dvorák. devient Quel que soit le coin de plus. » Les chœurs, vigoureux, par Nathalia Milstein
Pourtant, le grand composi- la terre, l’Aria de la Suite n° 3 reprennent ces mots, avant que 4 • Valse oubliée n° 3 4’56
teur tchèque n’y est absolu- de Bach se transforme en l’interprète de Vanina précise MASSENET
par Marianne Crebassa, le Chœur
ment pour rien, non, tout ça, L’Amant d’un seul soir. son propos : « Des architectes et l’Orch. du Capitole de Toulouse
c’est la faute d’un ancien chan- fous / Font des plans démen- et Ben Glassberg
teur à midinettes : Dave. PARI(S) PERDU tiels / Pour des princes aux dents 5 • Don Quichotte : « Alza ! Quand
la femme a vingt ans » (Acte I) 3’32
De son vrai nom Wouter Otto Mais le plus gros morceau de de loups / Dont l’ego touche au BRAHMS
Levenbach, le fameux trou- bravoure est cette version, ciel » – il sera, un peu plus loin, par Adam Laloum
badour batave a connu le succès emphatique à souhait (et très question entre autres de la tour 6 • Fantaisie op. 116 n° 4 :
Intermezzo. Adagio 4’34
dans les années 1970 avec addictive, au second degré), du Montparnasse… Avant d’arri-
VERDI
quelques tubes très sucrés, dont fameux quatrième mouvement ver à cette conclusion explici- par Michael Spyres, l’Orch. phil.
le célèbre Du côté de chez (Allegro con fuoco) de la Sym- tant le choix de ce thème tout de Strasbourg et Marko Letonja
7 • Le Trouvère : « Tutto è deserto.
Swann qui faisait entrer Marcel phonie « Du Nouveau en puissance : « Mais le nouveau Il balen del suo sorriso »
Proust au hit-parade (même si, monde est là / Limitons les (Acte II, scène 3) 4’38
en réalité, c’était surtout une dégâts / Un mégalomane pour- SCHUBERT
par le Quatuor Hermès
référence au personnage diabo- rait bien / Nous reconstruire 8 • Quatuor n° 13 « Rosamunde » :
lique de Phantom of the Para- Manhattan / Autour des tours Menuetto. Allegretto 7’12
dise de Brian De Palma). La de Notre-Dame » – des mots BEETHOVEN
variété la plus populaire mon- qui prennent aujourd’hui une par Wilhelm Furtwängler et l’Orch.
phil. de Vienne
trait ainsi qu’elle pouvait rendre dimension bien particulière. 9 • Symphonie n° 3 « Héroïque » :
PHILIPPE LEDRU / AKG-IMAGES
hommage à la « haute » culture N’empêche : imaginez un ins- Finale. Allegro molto 12’17
littéraire, le parolier Patrick Loi- tant une manifestation devant HAYDN
par Giovanni Antonini
seau (devenu mari de Dave) se la mairie de Paris avec une foule et Il Giardino Armonico
permettant un très gros clin mettant à fond Dvorák, ça 10 • Symphonie n° 15 : Andante 5’39
d’œil à la Recherche. Mais le aurait un certain panache, non ? VIVALDI
par Andrés Gabetta et l’Orch.
temps, c’est bien connu, a ses Tous ensemble : « Lutèce a beau de l’Opéra royal
règles et le Hollandais voit son lutter… » X Baptiste Liger 11 • Les Quatre Saisons
(version de Dresde) :
L’Été : Allegro non molto allegro 5’20
MONTEVERDI
par Valerio Contaldo, Mariana
Florès, le Chœur de chambre de
LA TRIBUNE DES CRITIQUES DE DISQUES Namur, Cappella Mediterranea et
Leonardo García Alarcón
TOUS LES DIMANCHES, SUR FRANCE MUSIQUE, DE 16 H À 18 H, L’Orfeo (Acte IV)
12 • « Ahi, vista troppo dolce et
JÉRÉMIE ROUSSEAU PRÉSENTE « LA TRIBUNE DES CRITIQUES DE DISQUES ». troppo amara » 1’46
LE 7 NOVEMBRE : Concerto pour piano n° 3 de Rachmaninov ; LE 14 NOVEMBRE : Trio n° 5 13 • « Dove te’n vai, mia vita ? » 0’42
14 • Sinfonia a 7 0’35
« Les Esprits » de Beethoven ; LE 21 NOVEMBRE : Cantate « Actus Tragicus », BWV 106, 15 • « È la virtute un raggio » 1’36
de Bach ; LE 28 NOVEMBRE : Polonaises de Chopin 16 • Sinfonia a 7 0’43
Renseignements : www.francemusique.fr
MAXPPP
pourtant il survit La Marca. Les confinements
toujours ! » Directeur de La passés se sont accompagnés
Dolce Volta, Michaël Adda fête d’une « hausse stratosphérique
les dix ans d’un label « en des commandes de disques phy- un objet élégant et luxueux. Les Vanessa Wagner dans son pro-
bonne santé » dont il continue siques sur la boutique en ligne nouvelles parutions seront gramme « This is America! »
de développer une ligne artis- de La Dolce Volta ». Si elle ne désormais présentées en livre- (Bernstein, Glass, Adams),
tique stable : 60 % de piano, compense pas la chute conco- disque » (un format digipack, Dana Ciocarlie qui partagera
30 % de musique de chambre mitante des ventes due à la qui intègre tous les codes du la scène avec Philippe Katerine
et 10 % d’orgue. « Nous avons fermeture de la Fnac et des livre et de l’édition papier avec (photo), Julie Depardieu,
à cœur de fidéliser les artistes disquaires durant la période, une couverture lourde). Le Astrig Siranossian et Juliette
phares de notre catalogue : cette envolée a permis une Festival La Dolce Volta qui se Armanet, ou encore Olivier
Jean-Philippe Collard, Gary diversification importante de tiendra salle Gaveau à Paris les Latry dans un programme
Hoffman, Olivier Latry… tout la clientèle du label qui s’en 4 et 5 décembre 2021 offrira Bach, Liszt et Dupré – un
en restant à l’écoute des jeunes félicite. Celui-ci défend encore aux mélomanes des rencontres moment exceptionnel pour la
talents », souligne Michaël ardemment le support phy- avec les artistes présents. On salle Gaveau qui n’a pas fait
Adda qui élargit progressive- sique : « Nous souhaitons conti- entendra notamment le duo résonner d’orgue depuis
ment son panel d’interprètes : nuer de prôner le disque comme Wi l h e m L a tch o u m i a e t 1957 ! X Aude Giger
POST SCRIPTUM
Chaque mois,
STÉPHANE GRANT
feuillette le dernier numéro
de Classica.
L
’opéra est un genre – et un arracher un morceau de son vêtement. » artiste. De sacrés modèles ». Ainsi donc,
répertoire – qui (sur)vit Pareilles transes sont désormais – et aux interprètes et aux ouvrages qu’ils
aujourd’hui par le talent et par exclusivement – réservées aux perpétuent, la patrie musicale
la renommée de ses chanteurs : à cet égard, chérissons-les ! reconnaissante : « Carmen au
interprètes. Les compositeurs Dans son extraordinaire et explosif Panthéon ! »… Et pourquoi pas ?
qui s’y attellent ont choisi une autre récital, consacré le mois dernier par un À l’heure où y entre Joséphine Baker,
voie, et de fait un lien infiniment plus CHOC de Classica, Michael Spyres se c’est Alain Duault qui militait dans ces
ténu avec leur public : loin de nous ce joue des tessitures et paie son tribut à colonnes pour que soit ainsi honorés
temps où l’on portait en triomphe un l’histoire : ténor et baryton à la fois, oui, – ensemble – le personnage le plus
Verdi dans les rues de Milan, au sortir car souvenons-nous « que les ambitus célèbre de l’opéra (sa « tour Eiffel », dixit
de la création d’Otello, l’avant-dernier vocaux d’autrefois étaient autrement Duault), Bizet, son génie créateur, et
chef-d’œuvre du maître. Relisons Pierre plus vastes que les catégorisations au-delà d’eux, enfin, tout simplement
Milza ! Dans la salle, « applaudissements modernes dans lesquelles on nous force la musique. « L’image de cette femme
à n’en plus finir, cris, mouchoirs agités, à rentrer aujourd’hui ». Un nom parmi ardente et libre qui, depuis sa création
bouquets et gerbes de fleurs, plusieurs d’autres ? Celui de Manuel García, star en 1875, lève haut son drapeau serait un
dizaines de rappels pour le maestro »… de son époque, le créateur d’Almaviva symbole à maints égards ». On a osé
Et dehors, plus tard, les mêmes scènes pour Le Barbier de Rossini, mais qui fut Joséphine, osons Carmen ! X
de délire : « La foule entoura le carrosse aussi – c’est Spyres qui nous le
du musicien. On détela les chevaux […]. rappelle – « un Don Giovanni réputé ! Retrouvez les grands concerts
On voulait le toucher, lui parler, lui Il n’était ni ténor ni baryton, c’était un du mois sur francemusique.fr
PASTELMAGE
nouvelle salle qui ouvrira
ses portes en juin
prochain. La création
d’un label maison
accompagnera ce
OPÉRA DU FUTUR
ZRoselyne Bachelot
Révélé par un premier enregistrement en 2019 des Variations Goldberg a présenté début
qui a enthousiasmé la critique, le jeune pianiste français manifeste une octobre les cinq « axes
de travail prioritaires »
étonnante maturité par son approche exigeante du clavier. qui permettront de
définir « l’opéra du
XXIe siècle ». Soutien à
À
La Ciotat où il est tions Goldberg dont les réper- la création, lutte contre
né, Gabriel Stern GABRIEL cussions auront un effet les discriminations et
fait ses premiers STERN déclencheur sur une carrière accompagnement des
pas pianis- débutante qui prend désor- artistes reçoivent une
tiques auprès de Nelly Tas- Nationalité : française / Âge : 28 ans
mais son envol. René Mar- attention particulière
madjian avant de Parcours : CRR de Marseille, tin l’invite à deux reprises dans les lignes de ce
rejoindre la classe d’Anne- CRR de Rueil-Malmaison, Haute École au Festival de La manifeste.
Marie Ghirardelli au CRR de musique de Genève Roque-d’Anthéron et il se
de Marseille puis en 2011 Répertoire de prédilection : J.-S. Bach, produit au Festival de RELAIS OUTRE-
le cycle de perfectionne- Beethoven, Liszt, musique russe, Radio France à Montpellier. MANCHE
ment de Pascal Amoyel à Ligeti et répertoire Nelson Goerner, auprès ZLe chef japonais Kazuki
Rueil-Malmaison avec un prix contemporain. duquel il se perfectionne Yamada vient d’être
de virtuosité en poche. En depuis 2019 à la Haute École nommé à la direction
Suisse où il vit actuellement, il intègre de musique de Genève, ne tarit pas artistique de l’Orchestre
la Haute École de musique de Genève et se d’éloges sur l’attitude et la curiosité d’un de Birmingham. Il
forme auprès de Cédric Pescia qui lui inculque disciple dont il apprécie tout particulièrement reprendra la baguette
la connaissance de la musique pour clavier du l’ouverture d’esprit, l’humilité et l’appétit. Pour de Mirga Gražinyte-Tyla
Cantor de Leipzig, l’incite à travailler la Sonate l’heure, Gabriel Stern ne cherche pas à brûler les à partir d’avril 2023.
« Hammerklavier » ou l’opus 111 de Beethoven étapes mais approfondit un art à la fois sensible
et élargit son horizon aux compositeurs du et intellectuel sans volonté de se spécialiser tout CONSULTANTE
XXe siècle, en particulier György Ligeti. En Italie, en se ressourçant au contact de la lecture, du DE LUXE
à Fiesole, il suit les cours de la grande Elisso cinéma, du sport ou de la méditation. L’enregis- ZLa soprano Renée
Virsaladze et bénéficie également des conseils de trement en mai dernier pour Mirare des Douze Fleming vient d’obtenir
Bernard d’Ascoli au sein de l’Association Piano Études d’exécution transcendante de Liszt consti- la charge de conseillère
Cantabile. Le passage obligé des concours ne tue pour lui un viatique : dans ce cycle redoutable, pour les projets
constitue pas pour lui une fin en soi, bien qu’il le jeune soliste peut faire valoir l’étendue de ses spéciaux à l’Opéra
remporte en 2012 le Concours international de moyens pianistiques mais aussi dégager un sens de Los Angeles. Elle
Montrond-les-Bains et en 2016 le prix de vir- poétique et une large palette de couleurs, des conservera dans le
e
tuosité du X Concours international de piano qualités qui sont l’apanage d’un interprète à la même temps ses
Adilia-Alieva à Annemasse. Grâce au soutien du maîtrise impressionnante.X fonctions homologues
label discographique Lyrinx, il grave les Varia- Michel Le Naour à l’Opéra de Chicago.
J.F ROBERT
26/11 À 18 H
www.arte.tv/fr
R. Reinhardt. En direct de la Variations Goldberg de Bach, ZRodelinda de Haendel,
Maison de la Radio. par L. Lang. En direct de la par O. Willetts, J. van
05/11 À 20 H Maison de la Radio. Mellaerts, F. Gottwald,
Tambourin en ut de Leclair, 02/12 À 20 H 03/12 À 20 H T. Cooley, C. Lowrey,
A. Dennis, Orch.
Rizoma de Coll, Sonates en sol Car naval, Ouver ture de Alborada del gracioso, Tzigane Festpiele Göttingen,
majeur et en si mineur de Scar- Dvorák, Concerto pour violon- et Boléro de Ravel, La Joie de la dir. L. Cummings. Enreg.
latti, Sonate pour violon et vio- celle de Schumann, Quatuor souffrance (concerto pour vio- à Göttingen en 2021.
loncelle de Ravel, Én-kör III de avec piano de Brahms/Schoen- lon) de Chen, par M. Venge- ZFidelio de Beethoven,
par M. Spyres, S. Stagg,
Illès, Le Clavier bien tempéré, berg, par E. Moreau, Orch. rov, L. Yiwen, Orch. philhar- M. Eriksmoen,
1er livre : Fugue en mi mineur de national de France, dir. monique de Radio France, dir. A. Dohmen, G. Bretz,
Bach, Duo, op. 7, de Kodály, L. Viotti. En direct de la Mai- Y. Long. En direct de la Mai- C. Immler, L. Vrielink,
par P. Kopatchinskaja et son de la Radio. son de la Radio. X Pygmalion, dir. R. Pichon.
Enreg. à l’Opéra
Comique en 2021.
www.operavision.eu
ZTosca de Puccini par
S. Radvanovsky (photo),
J. Calleja, C. Alvarez,
À LA TÉLÉVISION du Théâtre royal de Madrid, G. Bullón, V. Lanchas,
dir. I. Bolton. Enreg. à Madrid M. Atxalandabaso,
ARTE en 2021. D. Lagares, Orch.
07/11 À 01 H 20 15/11 À 20 H 30 symphonique de Madrid,
dir. N. Luisotti. Enreg. à
Symphonie n° 6 de Sibelius et Selva morale e spirituale, Ado- Madrid en 2021.
Symphonie n° 6 de Tchaï- ramus te Christe, Letanie della ZLe Nain de Zemlinsky,
kovski, par Orch. philhar- Beata Vergine, Christe, ado- par L. Ruiten, A. Dasch,
monique de Radio France, dir. ramus te de Monteverdi, par D. Welton, C. Hilley,
M. BORGGREVE
Orch. philharmonique
S.-M. Rouvali (photo). Enreg. Vox Luminis, dir. L. Meunier. des Pays-Bas, dir.
à la Maison de la Radio en Enreg. à Grenade en 2019. L. Viotti. Enreg. à
2020. 22/11 À 20 H 30 Amsterdam en 2021.
14/11 À 00 H 55 Sonates en trio, Duetto da
Messes mariales et motets de 28/11 À 16 H 45 Camera « No, di voi non vo’
Desprez, par W. Lattke, Le Barbier de Séville de Rossini, fidarmi », Aminta e Filide de
R . Po h l e r s , F. O z i m e k , par J. D. Flórez, Haendel, par J. Niles, S. Bar, Les
D. Knauft, H. Krause, T. Pöche V. Berzhanskaya, E. Dupuis, Arts Florissants, dir. W. Chris-
avec l’ensemble vocal Amar- P. Bordogna, I. Abdrazakov, tie. Enreg. à Peralada en 2021.
cord. Enreg. à Leipzig en 2021. Orch. de l’Opéra de Vienne, 22/11 À 22 H
21/11 À 00 H 55 dir. M. Mariotti. Enreg. à Récital Teresa Berganza,
Macbeth Underworld de Dusa- Vienne en 2021. œuvres de Mozart, Rossini,
pin, par D. Kaiser, P. Schöne, Montsalvatge, Obradors,
M. C. Pino Cury, V. Wilson, MEZZO Guridi, Falla, par T. Berganza,
C. Seibel, M. Smolka, 02/11 À 16 H F. Lavilla, G. Moore, Orch. de
H. Matsui, A. Drevinskas, Rusalka de Dvorák, par A. Gri- l’ORTF, dir. S. Baudo et
M. COOPER
Orch. de la Sarre, dir. J. Thorau. gorian, E. Cutler, K. Mattila, E. Jochum. Enreg. à Paris et
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out en elle est singulier : la créera Troilus and Cressida de Walton à Rosbaud en 1955 (Forgotten Records), et
T
silhouette, fière et fine, le Covent Garden en 1954 : le live existe, chez les tardives Parole di San Paolo dirigées par
répertoire, extrême et sé- Pristine Classical. Zoltán Peskó (Italia). Busoni, Ghedini,
vère, la discographie, passa- Voix pour l’Italie, une certaine Italie, mo- Malipiero, Lualdi sont pour elle un pain
blement dispersée, et la re- derne et intellectuelle, un pays de cœur et quotidien, plus que quelques Verdi ou la
nommée, totalement d’adoption (elle vivra près de Rome, et y Madame Sans-Gêne vraiment trop débrail-
évaporée. L’instrument plus encore, d’une mourra, en 2002), elle n’est pas, à la Scala, lée de Giordano.
souplesse toute relative et sans séduction des grandes soirées vocales de l’époque, des Voix pour Vienne enfin, non pas à la Staats-
immédiate, qui la tiendra éloignée des productions romantiques et verdiennes, oper qui ne la reconnaît pas plus que les
grandes héroïnes lyriques pour lesquelles mais de Noces de Stravinsky avec Giulini en autres grandes scènes, mais dans les studios
elle aurait eu une prestance, une autorité, 1954, d’un Prigioniero de Dallapiccola en locaux de Westminster avec, ironiquement,
une intelligence sans doute décalées. Cette 1962 et, la saison suivante, d’une création l’orchestre de l’institution même. Une fois
singularité même, et une exigence de mu- presque sans lendemain, le bref et halluciné avec le très routinier Argeo Quadri – nous
sicienne plus que de chanteuse, feront d’elle Era proibito de Luciano Chailly et Dino ne sauvons ici qu’un seul des airs de concert
l’inlassable créatrice d’œuvres sans conces- Buzzati. De l’opéra de Dallapiccola, c’est mozartiens de 1953, un « Bella mia fiam-
sions au goût du public, une soliste hors elle la Mère originelle, avec Scherchen à la ma » douloureux et hautain –, dix fois avec
norme pour Stravinsky, Reiner, Sargent et, RAI de Turin en 1949 et sur la scène du son mentor Scherchen dont elle est la so-
avant tout autre, Hermann Scherchen. So- Comunale de Florence l’année suivante, prano attitrée, celle des cantates de Bach et
prano hongroise, née dans l’actuelle Rou- puis à Gênes, à Bologne, et aussi tard qu’en de la Saint Matthieu qu’on écoute toujours
manie en 1912, Magda László n’a chanté les 1967 à la Fenice de Venise. Du musicien avec ferveur, celle du Requiem de Mozart et
rôles traditionnels, Verdi et Wagner, que istrien, le disque préserve encore une can- de l’Egmont de Beethoven. Si l’on se sou-
trois saisons de guerre à l’Opéra de Buda- tate, An Mathilde, composée à ses mesures vient de Magda László (mais s’en sou-
pest. Car, très vite, au tournant des années et créée à Donaueschingen avec Hans vient-on vraiment ?), c’est par son compa-
1950, un axe européen, classique, contem- gnonnage avec le chef allemand dont elle
porain et absolument pas romantique, se est la juste incarnation vocale, classique et
dessine tout aussi singulièrement, qui lui moderne. De Bach à Berg, Schoenberg et
donnera peu à peu ce profil dont on fait les jusqu’à Henze, tout ce prestige a quand
interprètes cultes. même fait un peu d’ombre à la récitaliste
Voix pour l’Angleterre, elle incarne au « baroque » que Westminster flanque sur
Festival de Glyndebourne une rare Alceste nos « Introuvables » du pianiste maison
de Gluck, dirigée par Vittorio Gui deux Franz Holetschek, soliste, chambriste et
étés de suite, 1953 et 1954, mais aussi une accompagnateur de Jurinac et de Cuénod.
Dorabella soprano face à la Fiordiligi my- Deux volumes d’airs antiques, comme on
thique de Sena Jurinac, et enfin la Poppée qualifiait à l’époque mélodies et airs italiens
de Monteverdi en 1962 et 1963 avec Prit- au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles : en
chard, et dont EMI préserve la trace pion- voici le second, plus abouti que le premier,
nière. Alors que le rôle a été écrit pour grâce à un Carissimi et des Pergolesi d’une
Elisabeth Schwarzkopf (elle en enregistra éloquence troublante, un Caldara, un Scar-
d’ailleurs des extraits), c’est bien László qui latti à l’allégresse distanciée. X
Magda László
UNE VOIX TROUBLANTE
ET SINGULIÈRE
Des airs baroques italiens accompagnés au piano, et chantés par une soprano
hongroise férue de contemporain : la chose semble hasardeuse.
Écoutons-y pourtant la partenaire en Bach et en Schoenberg de Hermann Scherchen.
PAR CHRISTOPHE CAPACCI
Le danger radical
n biologie médicale, on se méfie des radicaux une couleur de peau à une couleur sonore – du racisme à
E
libres : ce sont de micro-éléments qui s’ins- l’envers en somme ! Souvenons-nous de la belle réponse de
tallent dans notre corps, le perturbent en pro- Wieland Wagner à ceux qui l’accusaient de « dénaturer » la
fondeur et provoquent l’irrésistible vieillisse- musique de son illustre aïeul quand il avait engagé la mezzo
ment qui nous conduit à la mort… Il semble noire Grace Bumbry pour chanter la Vénus de Tannhäuser à
bien que notre société soit ces temps-ci un Bayreuth : « Mon grand-père a écrit pour des couleurs de voix,
corps malade, du fait de quelques éléments qui affirment haut non pour des couleurs de peau. » C’est l’honneur d’une violo-
et fort leur radicalité. Ainsi, le mois dernier, à l’université de niste chinoise, Zhang Zhang, brillante soliste de l’Orchestre
l’Arizona, deux étudiantes noires ont demandé à deux étudiants philharmonique de Monte-Carlo, de s’être élevée contre ce
blancs de quitter la bibliothèque parce que leur présence était conformisme racialiste, pointant bien plutôt le fait que la
pour elles « offensante » ! Il y a cin- musique classique étant d’origine
quante ans, en Chine, les Gardes occidentale, elle touche prioritaire-
rouges balayaient tout ce qui n’était
pas rouge et brisaient à coups de barres L’intolérance ment les populations européennes au
sein desquelles de jeunes gens
de fer les bras des pianistes pour qu’ils découvrent l’envie de la pratiquer.
ne jouent plus de « musique bour-
geoise » parce que celle-ci offensait la
agressive D’ailleurs, note-t-elle, « dans d’autres
régions du monde, il existe des orchestres
conscience révolutionnaire du peuple.
Depuis trente ans, en Iran, les Gardiens
de la révolution, tout comme, à nou-
progresse entièrement composés de musiciens
asiatiques, africains ou hispaniques.
Leur reproche-t-on de ne pas inclure
veau, les talibans en Afghanistan, inter-
disent la musique. La culture au sens
chaque jour suffisamment les minorités ? » Il n’y a
aucune raison de refuser l’accès à un
large, et la musique en particulier, orchestre symphonique, une troupe
semble focaliser la haine de ceux qui affirment leur sectarisme d’opéra ou un corps de ballet, à un artiste d’où qu’il vienne, de
sous le nom de radicalité. Ainsi, quatorze musiciens, blancs, de quelque groupe, race, sexe, qu’il soit issu – mais il n’y a non
la compagnie britannique English Touring Opera ont reçu une plus aucune raison d’imposer à un orchestre symphonique,
lettre les informant qu’ils étaient écartés « afin d’accroître la une troupe d’opéra ou un corps de ballet, un quota de noirs,
diversité au sein de l’orchestre » ! L’intolérance agressive pro- arabes, asiatiques, femmes, homosexuels, trans, blonds, grands,
gresse chaque jour dangereusement et l’idée que la « diversité » petits, gros, maigres, borgnes, etc. Zhang Zhang pointe d’ail-
devrait s’imposer dans les orchestres, les corps de ballet ou chez leurs justement le fait qu’« il ne viendrait à l’idée de personne
les solistes vocaux, si elle triomphait, tendrait bientôt à qu’un club de football sélectionne ses athlètes en fonction de critères
asphyxier le recrutement des artistes en remplaçant l’exigence ethniques et non sur leurs seules performances. Alors pourquoi
et l’excellence par les quotas ! Après avoir combattu le népo- devrait-on l’accepter pour les arts musicaux ? » D’où l’impérieuse
tisme et autres favoritismes en imposant les audi- nécessité de l’anonymat des recrutements derrière
tions derrière paravent, ce serait une formidable paravent : c’est l’excellence qui doit primer, car c’est
ALAIN DUAULT
régression ! Alors que cette méthode radicale a est poète,
l’excellence qu’on recherche dans l’interprétation
permis d’éliminer les préjugés machistes qui ont musicologue et des œuvres. Les orchestres et autres formations
longtemps éloigné les femmes des grandes forma- directeur artistique de musicales n’ont pas à devenir un service social
tions, on voudrait revenir à un autre type de pré- « Viva l’Opéra ! » dans pour telle ou telle catégorie, ils ont à faire partager
jugé, tout aussi dommageable, celui de préférer les cinémas UGC. à tous un peu de cette beauté qui est universelle.X
LES ESSENTIELS
Notre sélection du 1er au 30 novembre 2021
MATHIASBOTHOR 2017
première à luxuriant et espace et de son Balthasar
Garnier (1999), immaculé : Neumann Ensemble,
l’opéra Alcina de la magicienne ainsi qu’un plateau
Haendel revient dans Alcina déambule vocal qui peut
la mise en scène dans un vaste surprendre… et
semble-t-il inusable appartement même enchanter,
de Robert Carsen, en compagnie entre l’Alcina de PARIS
pour la cinquième d’éphèbes, tandis Jeanine de Bique,
THÉÂTRE DES CHAMPS-ÉLYSÉES
fois ! Costumes que sa sœur le chevalier Ruggiero
contemporains Morgana a endossé de Gaëlle Arquez
associés à la nudité la tenue de soubrette et Sabine Devieilhe Les 10, 13, 15, 17 et 19 novembre
des corps – réservée en talons aiguilles. en alternance avec Eugène Onéguine de Tchaïkovski
Travestissement et Elsa Benoit dans le
£ operadeparis.fr.. quiproquos, nous rôle de Morgana. X téphane Tchekhov. » Dans
S Braunschweig
revient à la mise
en scène d’opéra avec
cette suite de
« scènes lyriques »
à caractère intimiste
cet ouvrage phare sur la désillusion,
du répertoire « qui Tchaïkovski tresse
nous invite à nous ses mélodies les plus
interroger sur ce que élégantes avec des
l’on fait de nos rêves », protagonistes qui
comme il remarque chantent comme
dans un entretien on parle. Distribution
à paraître en salle. franco-russe, avec
« Eugène Onéguine d’un côté Gelena
est une réflexion sur Gaskarova (Tatiana)
le temps qui passe, la et Alisa Kolosova
nostalgie, les regrets, (Olga) et de l’autre
et même les remords Jean-François Borras
[…] Le fait de renoncer (Lenski) et Jean-
à la vie rêvée produit Sébastien Bou
un inévitable sentiment (Onéguine), tandis
JM. LISSE / ONP
T incontournables :
Ivo Pogorelich
revient à Gaveau avec
Be Classical de
Mathieu Herzog à la
tête de son Ensemble
ténors Bryan Hymel
et Jesse Mimeran
(11/01), Nadine
un récital Chopin des Appassionato, qui Sierra chantera la
dernières années, débute avec Ludovic nature et ses bienfaits
des si tourmentées Tézier (photo) et (18/02) tandis
Sonate n° 3 et Cassandre Berthon en qu’Olga Peretyatko
Polonaise-Fantaisie au PARIS duo dans la mélodie et Valentino Nafornita
chant murmuré de la et l’opéra français honoreront les
LES INVALIDES
Berceuse (8/11). Une (23/11). Roberto héroïnes, passées et
semaine plus tard, Alagna prend le relais présentes (8/03).
Jean-Marc Luisada Les 8, 23 et 29 novembre avec un programme Enfin, Thomas Enhco
voyage « de l’aube au 300e anniversaire d’Antoine Watteau concocté pour la célébrera la danse
crépuscule du circonstance : « Du et la liberté (5/04). X
romantisme » en atteau La Rêveuse associé théâtre à l’opéra »
compagnie de
Schubert, Gershwin
et Mahler/Tharaud
W (1684-1721),
peintre des
fêtes galantes où
au comédien
Benjamin Lazar
(8/11), ainsi que
(10/12). Après un £sallegaveau.com.
G. HOHENBERG / SONY
Liszt, les Années de Couperin, Dandrieu et de Mónica Pustilnik
Pèlerinage, Suisse et Caix d’Hervelois dans des œuvres de
Italie (16/11). X grâce à l’ensemble Couperin, Pignolet
de Montéclair et
£sallegaveau.com. £musee-armee.fr.. Rameau (29/11). X
E avec le
répertoire
baroque depuis son
Charpentier avec un
autre chef-d’œuvre de
la littérature sacrée
concert donné deux
fois en vue d’un
enregistrement à
Fidelio parisien, française, le Requiem paraître chez Château
Raphaël Pichon et de Campra, avec les de Versailles
SDP
Du 8 novembre au 4 décembre
C. DOUTRE
D du festival
bordelais auquel
la ville prête son
jours plus tard dans
Brahms et Liszt
(4/12). On n’oublie
BISCHWILLER chœur – Verdi et pas pour autant les
MAC ROBERT paraphrases de Liszt récitals d’Elisabeth
avec Jean-Baptiste Leonskaja (photo ;
LIEB
Fonlupt le 24/11 – ainsi Schubert et Prokofiev,
que son orchestre le 8/11), d’Ivo
Le 20 novembre sous la direction de Pogorelich (Chopin,
François-Frédéric Paul Daniel : Concerto le 10/11) d’Arcadi
B. PICHENE
Guy pour piano n° 2 de Volodos (Schubert
Liszt, avec en soliste et Debussy, le 25/11)
Alexandre Kantorow et de Florian Noack
B
eethoven et
Chopin seront (2/12), qui revient seul (Chopin et Lyapunov, CAEN
réunis par pour clore la le 29/11). X THÉÂTRE
François-Frédéric
Guy au cours d’une £opera-bordeaux.com.
unique soirée. Si le Les 10, 12 et 13 novembre
pianiste a consacré Cupid & Death de Shirley,
de nombreux Locke et Gibbons
enregistrements
au premier, dont ébastien Daucé, de James Shirley
une intégrale des
sonates et deux
des concertos – « Il
S à la tête de son
Ensemble
Correspondances, et
à la musique de
Matthew Locke et
Christopher Gibbons.
incarne la révolution le tandem de Oria Puppo recrée
des sentiments et metteurs en scène pour l’occasion une
des sensations » –, Jos Houben/Emily chorégraphie pour ce
le second arrive plus Wilson ont la bonne divertissement inspiré
tardivement dans idée de ressusciter ce d’une fable d’Ésope
son palmarès – masque anglais, qu’on nous promet
raison de plus pour « joyau baroque rare et somptueux…
le suivre. Également inclassable » qui, au Également à Paris du
à Ézy-sur-Eure, XVIIe siècle, mêlait le 18 au 27/11 (Athénée,
M. BORGGREVE
U
ne nouvelle
JB. MILLO
national de semaine plus tard, version du
Lyon, Maria João Pires sérénité apollinienne spectacle initié
y retrouve au moins et orage brucknérien par la metteuse en
trois de ses avec la Sonate n° 13 TOULOUSE achevé de Berg en scène Claire
compositeurs de de Schubert, puis THÉÂTRE DU 1925 d’après la pièce Dancoisne du Théâtre
prédilection. Son fêtes galantes avec de Büchner, écrite un la Licorne en 2018 est
CAPITOLE
Mozart, si vivant et le Debussy de la Suite siècle plus tôt. Après portée cette fois-ci
sensuel, s’incarne bergamasque, avant Ariane à Naxos et par Damien Guillon
dans la grâce juvénile les éclairs tranchants Les 19, 21, 23 Elektra de Strauss, à la tête de son
du Concerto n° 9 de l’opus 111 de et 25 novembre Michel Fau revient sur Banquet Céleste, avec
« Jeunehomme », que Beethoven. X Wozzeck de Berg la scène du Capitole toujours Paul-Antoine
pour sonder la psyché Bénos-Djian dans le
ouble prise de humaine et animer rôle-titre, entouré
RT
S LET
X-A CENERENTOLA NA
VA LES CHEVALIERS TREEMONISHA
U
À MONTPELLIER DE LA TABLE RONDE À TOURCOING
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S/MUSÉE
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Montpellier l’occasion d’un d’Hervé (photo) investissent signé par Scott Joplin, pose
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IS dirigé par Magnus Fryklund. direction de Christophe Talmon. par Mandisi Dyantyis (photo).
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À VOIX HAUTE
PAR BENOÎT DUTEURTRE
Le centenaire de Garner
uand j’étudiais la musique, certains dogmes sionnistes, desquelles jaillit soudain le flux musical. L’inlassable
Q
modernes inspiraient notre vision de l’histoire formule du trio piano/basse/batterie permet à Erroll de partir
selon laquelle Webern comptait forcément en ballade au-delà du temps, que ce soit dans de lentes impro-
beaucoup plus que Chostakovitch. Des cli- visations poétiques ou dans des swings fulgurants. J’y songeais,
vages identiques s’imposaient dans le septième ces derniers jours, en réécoutant quelques joyaux extraits du
art où, selon la sainte parole de la Nouvelle fameux « Concert By The Sea » (1956), mais aussi du « One
Vague, il fallait mépriser Carné, Duvivier, World Concert » (1961) avec sa version enivrante de Mack
Clouzot ou Autant-Lara. Idem en littérature the Knife, suivie d’un jubilatoire Lover Come Back. Après quoi
quand le Nouveau Roman proclamait ses maîtres (Proust, j’ai réécouté ces pièces de jeunesse où il met à nu sa technique
Joyce, Kafka, Faulkner), mais renvoyait (Play Piano Play, Frantonality), et pour
dans les poubelles tout héritage balza- finir ce sublime développement en neuf
cien. De même, en matière de jazz, j’étais
frappé de voir les cercles de passionnés,
souvent fort cultivés, faire commencer
L’inclassable, minutes de The Man I Love dans l’ex-
cellent album « Encores In Hi Fi ». Je
recommande ces morceaux et d’autres
l’histoire à Charlie Parker, tout en regar-
dant avec un sympathique dédain les
l’incarnation à tous les mélomanes, incluant mes amis
pianistes classiques parfois eux-mêmes
grands orchestres swing. Ce même goût
faisait – et fait encore – autorité à propos
des pianistes, parmi lesquels un Thelo-
même du bluffés par le jazz savant et qui n’osent
pas trop se pâmer devant Erroll Garner
– tout comme il était mal vu d’admirer
nious Monk régnait comme une figure
sacrée dominant toutes les autres… et
bonheur Cziffra, le tapageur.
Un autre point me frappe dans ces sché-
notamment le génial Erroll Garner
qu’on regardait de loin comme un
simple amuseur poussant des râles,
en musique mas qui nous influencent sans qu’on y
prête attention : car, en somme, le jazz
« de bon goût » paraît souvent plutôt
jouant à toute vitesse et déployant des sombre, volontiers poétique mais rare-
improvisations trop joyeuses pour être honnêtes. ment très joyeux. C’est même là ce qui sépare les deux rives de
Les oreilles savantes s’y connaissent pour identifier les accords l’histoire du jazz où, d’un côté, les grands orchestres avaient
complexes, les tendances atonales et les subtiles combinaisons un incontestable pouvoir de jubilation, tandis que l’ère ou-
de structures mélodiques. Elles gagneraient beaucoup à écouter verte par le grand Miles et les autres restera dominée par la
plus attentivement le style merveilleusement personnel de ce mélancolie – malgré quelques belles exceptions comme Dizzy
géant d’un mètre cinquante-sept (encore moins que Ravel), né Gillespie. Quant à Erroll Garner, l’inclassable, il sera dans les
à Pittsburgh voici un siècle et mort à Los Angeles en 1977. Sur années cinquante et soixante l’incarnation même du bonheur
sa main gauche qui bat et accentue les temps sans en musique. Suivant ses propres voies, inventant
jamais se lasser, la main droite se balade, déplace la sa technique (il ignorait le solfège mais adorait
mesure, joue en avance ou en retard avec une irré- BENOÎT Debussy), jouant les mains à plat, éructant, dé-
DUTEURTRE
sistible efficacité – qui me rappelle parfois la ryth- est écrivain.
multipliant ses formules favorites, il enchantait
mique stravinskienne. Mais il sait aussi magnifier Son nouveau roman, son public comme nul autre et continue à me
les accords dans des broderies extatiques, ou nous Ma vie extraordinaire, guider par son art solaire, quelque peu rossinien,
surprendre par ces introductions chaotiques aux est paru illuminant un temps où la musique succombait à
thèmes déstructurés teintés d’harmonies impres- chez Gallimard. l’esprit de sérieux. X
Le sacre de la Reine
ecture fidèle du
L
chef-d’œuvre
d’Andersen
donnée en créa-
tion française,
La Reine des
neiges (photo) est un scintillant
opéra de Hans Abrahamsen (né
en 1952) célébrant les puis-
sances de l’amour face à un mal
subreptice annihilant toute sen-
sibilité. Le petit Kay – intense et
lumineuse Rachael Wilson – est
blessé par un reflet du mal qui
le touche à l’œil, le privant de
son humanité en le réfrigérant
de l’intérieur, à l’image de ces
démoniaques flocons de neige
de la Reine des neiges – l’impé-
rieuse basse David Leigh, incar-
nant aussi un Renne bienveil-
lant – qui le retient prisonnier.
Aidée par des créatures merveil-
K. BEC
leuses, son amie Gerda – Lauren
Snouffer s’acquittant avec vir-
tuosité des défis rythmiques de phoses réagissent à la roman- amplifiés dans les sept histoires entièrement rédigé en écriture
son rôle – va parcourir forêts et tique dramaturgie musicale qui constituent l’arc narratif de inclusive, et Caroline Shaw a dû
rivières pour le délivrer. Un effi- d’Abrahamsen. Encore relative- l’opéra, créant une séduisante modifier sa Partita for 8 Voices
cace dispositif est mis en scène ment méconnu en France, ce synesthésie sonore d’une face à des accusations d’appro-
par James Bonas, qui recouvre subtil compositeur danois richesse expressive rarement priation culturelle d’une
la fosse d’un sobre plateau tenant du courant de la « nou- atteinte dans la création technique de chant inuit.
étendu, et Grégoire Pont, qui velle simplicité » hybride dans contemporaine. Le lendemain, Qu’importe cette immixtion de
projette sur un rideau son oni- son écriture ciselée ses maîtres Strasbourg inaugure la nouvelle la cancel culture et du woke, cette
rique création vidéo. À l’ar- Nielsen et Nørgård avec la plas- édition d’un Festival Musica pièce solaire ainsi que The Isle
rière-scène, l’Orchestre philhar- ticité mélodique de Ligeti, en y entièrement renouvelé, qui révèlent toute la puissance
monique de Strasbourg est ajoutant aussi une touche de regarde vers la performance en rhapsodique de cette jeune
dirigé avec finesse par Robert minimalisme américain. Ici, s’attachant à effacer l’identité compositrice chantant elle-
Houssart. Très réussies, les ani- quelques thèmes concis suf- des précédentes éditions. Signes même dans l’ensemble Room-
mations visuelles en anamor- fisent, répétés, développés et des temps, le programme est ful of Teeth, qui interprète éga-
lement Beneath, autre bel
LA REINE DES NEIGES D’ABRAHAMSEN, PARTITA FOR 8 VOICES DE SHAW a cappella minimaliste de Caleb
Strasbourg, Opéra national du Rhin et Les Halles Citadelle, les 15 et 16 septembre
Burhans. X Romaric Gergorin
E. HABERER / ONP
Strauss (les Quatre Lieder
de l’opus 27) en majesté,
HEUREUSE par la voix immense et
PROGRAMMATION souple de Lise Davidsen,
et une « Titan » de Mahler
hef-d’œuvre de notre enfin, et comment, façon inscrivant dans un rituel visuel traitée par Klaus Mäkelä
C répertoire, Œdipe,
porté à l’Opéra en
1936, honteusement
négligé depuis, est d’une
époque de création nationale
Achim Freyer – si personnelle –
avec ce même Ingo Metzma-
cher, chef si souvent majuscule,
et Christopher Maltman aussi,
fils de Laïos aux multiples ver-
en osmose avec l’œuvre, pour
finir, à Colone, en éblouisse-
ment. Le reste (la Sphinge de
Margaine, Beuron, Naouri,
toute la troupe, les chœurs, l’or-
en un concerto pour
orchestre aussi brillant
que captivant. Mémorable.
(Paris, Philharmonie,
15/09)
appauvrie, point faible de l’ère tus vocales et à la présence sai- chestre, tous magnifiques) n’est
Rouché, le parangon qu’on sissante. Paris s’honore donc à que détail. Importe d’abord THOMAS LEFORT
salue pour son classicisme fré- lui rendre son rang dans une cette révélation au public. Le programme « Folk »
missant de modernité, comme vraie production de répertoire, Symptôme heureux que cette proposé par le violoniste
pont entre Ravel et Poulenc. apaisée, un hors du temps qui première production voulue ouvrait la saison musicale
Reflet de notre ascendance évacue tant de transpositions par Alexander Neef qui fera de La Scala consacrée aux
grecque, de notre psyché uni- usées. Wajdi Mouawad et date dans l’histoire de notre nouveaux talents. Dans
verselle, comme de son époque Emmanuel Clolus renvoient, à Opéra. X Pierre Flinois des pièces de Bartók,
néoclassique, il reste trop rare contre-mode, aux années trente Kreisler, Saint-Saëns,
encore, malgré un enregistre- et à la décantation d’au- ŒDIPE D’ENESCO Sarasate…, son archet
ment (Plasson, van Dam) révé- jourd’hui, disant les choses (le Paris, Opéra Bastille, subtil et une imagination
lateur. Salzbourg l’avalisait hier, viol commis par Laïos) et les le 26 septembre rhapsodique héritée du
Gitlis des jeunes années
s’élevaient sur les cimes
avec le soutien pianistique
DANSEZ,
MAINTENANT PAR DOMINIQUE..
SIMONNET..
ALAIN MARTY ET AGNÈS LETESTU, POÉTIQUE ET cédait parfois – ou pas – sans écrits et chantés par lui. Sur
pour autant remettre en ques- scène, l’étonnant Albertin Ven-
SENSUELLE, TAILLÉE POUR ALIÉNOR, NOUS
tion sa condition aristocra- tadour et sa viole de gambe
ENTRAÎNENT À LA POINTE DE L’AMOUR COURTOIS. tique. Dans cette pièce hybride interagit avec des extraits de
qui mêle danse (souvent sur Beethoven (Septième Sympho-
pointes), théâtre et chant, Alain nie), Richard Strauss (Salomé),
Marty met en scène le triangle Bach, Ravel… Tous ces genres,
njôleuse, mutine, amant potentiel, se devait de amoureux – la reine, son mari parfaitement maîtrisés, se
E majestueuse, elle
ondule son corps
de liane avec une
sensualité diabo-
lique, minaude, aimante son
partenaire d’un ondoiement
irrésistible, le repousse d’un
déployer des trésors d’éloges et
de poésie pour tenter de
conquérir la dame, idéalisée,
inaccessible car mariée, qui,
elle, jouait de lui comme un
chat avec une souris et lui
(le roi d’Angleterre Henri II) et
le troubadour. Ce dernier, l’ex-
cellent comédien et auteur
Harold Crouzet, déclame sa
flamme dans des poèmes ori-
ginaux en occitan et des récits
fondent avec harmonie et flui-
dité. Sur le plateau, il n’y a
qu’un lit : le corps du délit, le
lieu interdit mais convoité
autour duquel la passion va
bouillonner. Pas de deux lan-
goureux, jeux subtils avec les
sourire conquérant, l’attire à draps et les voilages, sauts et
nouveau, puis recommence pirouettes virtuoses du roi
son jeu infernal qui rend le (Vincent Chaillet, ancien pre-
mâle fou de désir, conquis, mier danseur de l’Opéra),
vaincu, pris dans cette toile scènes de combats entre
implacable… Et dans la salle, mâles… Tantôt dans des des-
la température monte de plu- sous vaporeux, tantôt dans une
sieurs degrés… Pouvait-on cape écarlate et sa splendide
imaginer interprète plus flam- robe royale conçues par elle-
boyante que l’étoile Agnès même, Agnès/Aliénor mène la
Letestu pour incarner la figure danse. Elle règne avec majesté,
légendaire d’Aliénor d’Aqui- concédant parfois un morceau
taine ? Avant de poursuivre une de peau à son prétendant,
carrière indépendante, la plus dévoilant ses pieds nus ou ses
élégante des ballerines a joué à jambes interminables, laissant
l’Opéra de Paris de beaux per- le jeune homme grésiller
sonnages : Giselle, Juliette, Cen- jusqu’à l’insupportable, sans
drillon, la Bayadère, Odette/ aller jusqu’à le consommer (ou
Odile du Lac des cygnes, la peut-être que si ?). Le trou-
Dame aux camélias… Dans badour devient le thérapeute
Aliénor, œuvre singulière du couple royal, celui qui vient
conçue par le talentueux Alain r animer la flamme du
Marty et présentée au Théâtre monarque en le rendant
du Gymnase à Paris, Agnès jaloux… Tout est luxe et
Letestu explose dans ce rôle volupté : gai, frais, charmant,
taillé pour elle. L’amour cour- pervers en diable, terriblement
tois était une tentative de séduisant. Ce ballet que l’on
magnifier la femme à l’inverse nommerait désir est une
de la brutalité des rituels conju- magnifique ode aux femmes, à
P. FISHER
DJAMILEH DE BIZET
Tours, Grand Théâtre, le 5 octobre
O populaires du
XIXe siècle, qui influença
Wagner malgré ses dénéga-
ski cingle les forces de l’Or-
chestre national Bordeaux
Aquitaine qui exalte l’extraor-
leurs rôles quand Nicolas Cour- Bertram. X Romaric Gergorin
PIANO
Festivals de talents
LES LISZTOMANIAS ET PIANO AUX JACOBINS NOUS ONT OFFERT LA STATURE
HORS NORME DU JEUNE KANTOROW ET L’IRRÉVOCABLE CHARME LEONSKAJA.
i, au mois d’août, arrangement jazzy (en diable) Paul-Arnaud Péjouan, n’a pas jours eu la ligne directe du
S
vous étiez encore à de la Danse macabre. Autre baissé d’un iota. Elisabeth Grand Syphilitique. Richter,
No h a n t , n o u s piano-orchestre, celui d’Auré- Leonskaja (24/09) entre dans Volodos… Peut-être parce que
« pourrions réaliser lien Pontier dans un superbe le cloître des Jacobins avec son l’immensité de l’espace russe
notre ancien pro- récital consacré aux paraphrases mystérieux et chaleureux sou- s’accorde avec l’infini du
jet de festival à (domaine d’élection du jeune rire aux lèvres. Ses bras dégrin- temps schubertien. Enfin, la
Châteauroux », écrivait Liszt à Liszt), où la matière opulente se golent sur le clavier avec fra- Troisième Sonate de Brahms.
George Sand le 30 mai 1844. voit éclairée de l’intérieur par cas, et les nôtres nous en Encore des cloches. Elles
On doit à la pugnacité de Jean- un toucher lumineux ; du grand tombent, mais nulle dureté sonnent à toute volée, de façon
Yves Clément d’avoir donné art. À tes 20 ans, cher Franz ! dans la discrète et salzbour- libre et aléatoire. On ne sait
réalité à ce qui aurait pu demeu- (Châteauroux, 16 et 17/10). geoise Sonate n° 6, K. 284. Ce quelles couleurs vont s’affron-
rer au stade du vœu pieux à Mozart-là n’est pas venu au ter et quels accents vont s’en-
travers les « rencontres interna- LEONSKAJA AUX JACOBINS monde pour rassurer, mais trechoquer ou miraculeuse-
tionales » des Lisztomanias. Si la quarante-deuxième édi- pour le tirer de sa torpeur. Lisa ment se rencontrer. Un
Point d’orgue des festivités de tion de Piano aux Jacobins a Leonskaja possède une sono- Debussy qui a l’air retouché
cette vingtième édition « dédiée encore rassemblé un large rité à nulle autre pareille. Ce par Scriabine et c’est la fin du
à la jeune génération », le public malgré les restrictions son vient des cloches. Puis concert. Mais pas de la
concert d’Alexandre Kantorow sanitaires, c’est que la passion Schubert arrive sans se faire musique, car elle continue de
(photo) confirme la stature hors qui anime ses deux parents, annoncer avec ses trois Kla- résonner longtemps après. X
norme du pianiste français, Catherine d’Argoubet et vierstücke. Les Russes ont tou- Jérémie Bigorie et Olivier Bellamy
avec un Deuxième Concerto de
Liszt tour à tour décanté et ful-
gurant, d’une parfaite intégrité
collective (se mettant aussitôt
en retrait pour accompagner le
beau solo de violoncelle) grâce
à la direction de haute enver-
gure d’Aziz Shokhakimov.
Implacable maître des forges, le
lauréat du Concours Tchaï-
kovski 2019 livre une Dante
Sonate solidement charpentée
et pourtant si personnelle dans
l’articulation du matériel thé-
matique. Le public est à genoux
B. STEIMES / CHÂTEAUROUX MÉTROPOLE
© Nathalie Guyon/FTV
en partenariat avec
EN COUVERTURE
relève autant du don (« c’est ma
voix naturelle ») que de vingt
ans de travail. « Dix ans de frus-
tration avant de trouver ma voix
de ténor », confiait-il à Gabrielle
Oliveira Guyon dans la mati-
nale de France Musique. Il
chantait Verdi et Puccini mais
voulait aussi approcher Boiel-
dieu, Auber et Rossini, ne
sachant plus où se situer dans
2021
le classement des genres. Privé
de professeur, celui-ci étant
parti à New York, le voilà seul
« au fin fond de [son] Mid-
west », mais, né dans une
famille de chanteurs, écoutant
Nos spécialistes parcourent chaque mois la riche tout ce que l’enregistrement lui
offrait, dévorant les traités
production discographique pour y distinguer anciens et découvrant l’élasti-
les enregistrements phares, ceux qu’ils ont aimés cité de certaines vedettes d’an-
tan comme Manuel García et
beaucoup, passionnément ou à la folie. Dans ces ses quelque cent cinquante
pages, ils prélèvent la crème de la crème, les disques rôles. Dans « Amici e Rivali »,
Michael Spyres suit les traces
incontournables qui leur ont donné le vertige. d’Andrea Nozzari (1776-1832)
à qui Rossini confia de nom-
breux rôles et, en compagnie de
Lawrence Brownlee, signe un
n disque appelé à d’un dessin animé. Un exercice récital « jubilatoire », d’après
U
faire date », consi- qu’on imagine naturel pour un Louis Bilodeau, qui rappelle la
L’ARTISTE
« dérait à raison artiste américain. Michael participation régulière du
Louis Bilodeau au Spyres confiait d’ailleurs chanteur américain au Festival
DE
terme de son le mois dernier à Jérémie Rossini de Pesaro.
compte rendu de Rousseau avoir, enfant, « décou- Mais il ne faudrait pas limiter
L’ANNÉE
« Baritenor ». Il y a bien sûr la vert Looney Tunes et Mel Blanc, le talent de l’artiste à sa seule
performance vocale, l’habileté cet acteur spécialisé dans les dou- capacité à réussir le grand écart,
singulière à enjamber les fron- blages, qui faisait à lui seul toutes à additionner les personnages
tières, « la démonstration bril- les voix dans les aventures de (plus de quatre-vingts !) ou à
lantissime que, loin de l’obliger Bugs Bunny ou Porky Pig » et faire le pitre, en l’assimilant à
à se cantonner dans les rôles de
ténor, sa voix possède aussi
l’étoffe, la solidité du grave et le
Michael avoir ensuite « passé [son]
temps à l’imiter ». Dans le
chœur de l’église que son père
un Jim Carrey de l’art lyrique,
même s’il affiche la décontrac-
tion naturelle des Américains.
timbre d’airain d’un authen-
tique baryton », comme l’écri-
Spyres dirigeait, le jeune garçon cal-
quait les voix de basse, ténor,
Il aura suffi d’un mot, « Gott ! »,
lancé comme un cri de douleur,
vait notre collaborateur. Le alto, soprano, et passait de l’une pour saisir jusqu’à la moelle le
caméléon fait ainsi montre de Muni d’aigus insolents à l’autre naturellement. public de l’Opéra Comique
son inépuisable palette dans un dans la récente production de
« Largo al factotum » du Bar- auxquels répondent TROUVER SA VOIX Fidelio. Outre dans ce rôle de
bier de Séville « regorgeant des graves d’airain, Sa capacité à couvrir trois Florestan qu’il incarnait pour la
d’idées hilarantes, [où] il est tout octaves, à évoluer du baryton première fois en scène, on a pu
simplement irrésistible, réussis- le chanteur se balade au ténor « maîtrisant les l’applaudir en cette même salle
sant à colorer sa voix de multi- hors catégories. techniques propres aux deux dans Chapelou du Postillon de
ples façons afin d’imiter les nom- voix, dont les tessitures se che- Lonjumeau d’Adam en 2019,
breux personnages qui se Il atteint des contrées vauchent sur certaines zones, et Rodolphe de La Nonne san-
bousculent autour de lui. » On inconnues et, en en contrôlant rigoureusement les glante de Gounod en 2018,
se figurerait un acteur s’amu- fameuses notes de passage si Mergy du Pré aux clercs de
sant à contorsionner sa voix
artiste généreux, importantes dans l’émission Hérold en 2015 et Masaniello
pour assurer la postproduction nous y reçoit. vocale et la conduite du son » de La Muette de Portici d’Auber
« BARITENOR »
en 2012. À chaque fois, on était avec l’Orchestre Philharmonia, repèrent puis le suivent dans la Airs de Mozart,
impressionné, bien sûr par son La Damnation de Faust cette troupe du Deutsche Oper de Méhul, Spontini,
aisance, mais aussi par son même année et Les Troyens en Berlin, à son Ottavio au Festival Rossini, Adam, Donizetti,
intelligence dramatique et la 2017 avec l’Orchestre philhar- de Salzbourg l’été dernier dans Verdi, Thomas, Offenbach,
clarté de sa diction qui pourrait monique de Strasbourg, sans la production de Teodor Cur- Wagner, Leoncavallo,
donner des complexes à bien oublier un Benvenuto Cellini, rentzis et Romeo Castellucci, Lehár, Ravel,
des chanteurs francophones. capté à Versailles en 2019 sous Michael Spyres a su conquérir Orff, Korngold
Qualités également percep- la direction de John Eliot Gar- les plus grandes salles interna- Michael Spyres (bariténor),
tibles au disque, dans la superbe diner (DVD Château de Ver- tionales. Mais plus qu’un phé- Sangbae Choï (ténor),
série de son « cher Berlioz » sailles Spectacles). nomène à double voix, on Nicolas Kuhn (ténor),
pour Erato à laquelle il a parti- Depuis son Otello au Festival retient avant tout un immense Fabien Gaschy (baryton),
cipé, sous la houlette de John Rossini de Bad Wildbad en artiste, généreux et entier. Qui Mario Montalbano (ténor),
Nelson : le Requiem en 2019 2008, où les spécialistes le fera date. X Philippe Venturini Chœur d’hommes de l’Opéra
national du Rhin, Orchestre
philharmonique de Strasbourg,
RETROUVEZ LES CHOCS DE L’ANNÉE 2021 DANS LES MAGASINS FNAC ET SUR FNAC.COM dir. Marko Letonja
Erato 0190295156664. 2020. 1 h 24
Comment aimez-
vous Brahms ?
Geoffroy Couteau l’aime passionnément,
intégralement même. Son geste pur et
éloquent, son tact, sa profondeur font sa force.
ntre Geoffroy Couteau ma non troppo. Choix judi-
E et l’œuvre de Brahms,
c’est un amour qui
dure ! Depuis 2015, le
pianiste a ainsi enregistré l’in-
tégrale de la musique pour
cieux qui fait s’envoler les
lignes de ces œuvres aux larges
dimensions, apportant à l’en-
semble style dégraissé et cohé-
sion. Bien sûr, ils parcourent
piano seul (La Dolce Volta, quelques chemins tumul-
Classica n° 187), le Quintette tueux : on trouve, ici, un peu de
pour piano et cordes (La Dolce l’émotion frémissante de Schu-
Volta, Classica n° 212), les Trios mann (Poco adagio), là, un peu
WILLIAM BEAUCARDET
pour piano et cordes et le Trio de l’allégresse dansante de
pour clarinette, violoncelle et Schubert (Allegro alla breve).
piano (La Dolce Volta, Classica Tout n’est que fluidité, tact et
n° 218), tous accueillis par des modestie. Geoffroy Couteau et
CHOCS. On retrouve dans ces le Quatuor Hermès, enrobés de
trois nouveaux albums le couleurs automnales, tournent
même geste artistique, le leurs regards vers cette Vienne
même jeu pur et droit qui aux tentations progressistes, expressives flottent au-dessus un partenaire au naturel
renouvelle l’écoute d’un réper- bientôt en pleine mutation. des barres de mesure. Voici confondant qui sait dénicher
toire dans lequel le caractère Ces éclairages crépusculaires Brahms en ses eaux troubles, dans l’harmonie parfois pro-
monumental fut longtemps la nimbent également la Sonate oscillant entre vitalité et mélan- fuse de Brahms les climats les
norme. pour violoncelle et piano n° 1, colie, créant une véritable pro- plus divers, expression d’une
Dans les Quatuors avec piano, que l’archet de Raphaël Perraud fondeur du discours. riche invention mélodique,
Geoffroy Couteau et le Qua- introduit avec tendresse, fondu Premier violon du Quatuor d’une éloquence généreuse ou
tuor Hermès prennent le parti dans le timbre feutré du clavier : Modigliani, Amaury Coey- d’une tendresse rêveuse et
de tempos plutôt allants, voilà que ces grandes lignes taux, chambriste épanoui, est poétique non dénuée d’élans
vigoureux. La Sonate n° 1 voit
ainsi s’exprimer un lyrisme
JOHANNES BRAHMS (1833-1897) sans contrainte, la Sonate n° 2
affiche insouciance et joie de
vivre, mais aussi méditation et
tendresse loin de toute senti-
mentalité. La Sonate n° 3 bai-
gnée de lumière mordorée
mêle la sonorité dosée mais
fer me de Coe y taux aux
contrastes parfois vigoureux
du piano altier et souverain de
son partenaire. Cette nouvelle
version à la fois pudique et
épanouie porte le témoignage
Les 3 Quatuors Les 2 Sonates Les 3 Sonates pour violon d’un bonheur musical partagé
pour piano et cordes pour violoncelle et piano et piano. Sonate « F.A.E » et se hausse par sa justesse de
Geoffroy Couteau (piano), Raphaël Perraud (violoncelle), (extrait) ton au niveau des Perlman et
Quatuor Hermès Geoffroy Couteau (piano) Amaury Coeytaux (violon), Barenboim ou des Kyung-Wha
La Dolce Volta LDV62.3 (2 CD). La Dolce Volta LDV66. Geoffroy Couteau (piano) Chung et Frankl. X
2018. 2 h 02 2017. 51’ La Dolce Volta LDV67. 2019. 1 h 16 Fabienne Bouvet et Michel Le Naour
VEIKKO KÄHKÖNEN
un cadre dramatique précis et
sans baisse de tension.
L a d i s t r i b u t i o n vo c a l e
convoque la fine fleur du
chant français. L’ensemble des
ténors apporte un beau
JEAN-BAPTISTE
camaïeu de timbres aux rôles
secondaires dont l’ouvrage
Magnus le magnifique
LULLY fourmille. Le Cadmus de Tho- a décennie 1990-2000 le minimalisme, le jazz, voire
(1632-1687)
Cadmus et Hermione
Thomas Dolié (Cadmus),
Adèle Charvet (Hermione),
Eva Zaïcik (Charite, Mélisse),
mas Dolié, à la diction parfaite
et à l’expressivité souvent tou-
chante, propose une large
palette de nuances. Adèle
Charvet éblouit par sa diction,
L s’impose comme la plus
mémorable du foison-
nant catalogue de
Magnus Lindberg. Cette paru-
tion nous le rappelle avec Aura
les musiques non occidentales.
Les objets sonores injectés par
l’informatique sont directe-
ment déclenchés par des pia-
nistes au jeu percussif. Nos
Lisandro Abadie (Arbas, Pan), sa technique sans faille, sa cou- (1994). Propulsée par une quatre musiciens y rivalisent de
Nicholas Scott (la Nourrice, leur lyrique parfaitement énergie peu commune, cette virtuosité rythmique avant que
Dieu champêtre), Ensemble dosée et sa présence magné- vaste pièce symphonique Marea ne renoue avec une écri-
Aedes, Le Poème Harmonique, tique. Le reste du plateau fémi- découpée en quatre mouve- ture plus coulante. Lindberg y
dir. Vincent Dumestre nin se montre également de ments enchaînés marque un livre ses propres Océanides en
Château de Versailles Spectacles très haut niveau, notamment nouveau départ pour le com- même temps qu’une des
CVS 037 (2 CD). 2019. 2 h 11 la mezzo Eva Zaïcik et son positeur, lequel s’emploie à marines musicales les plus
timbre capiteux. Le chœur combiner « patterns ryth- mémorables du répertoire, tra-
Aedes s’affirme aussi à l’aise miques » et « agrégats de versée de flux et reflux, avec ces
ous la direction de dans la ferveur martiale que gammes ». Le résultat tient miroitements versicolores pro-
S Vincent Dumestre
(photo), l’enchaîne-
ment des caractères
paraît étonnamment fluide, la
souplesse agogique éclaire
dans l’effusion tendre. Le tra-
vail remarquablement abouti
sur la prononciation restituée
n’est pas étranger à la réussite
du fameux récitatif lulliste.
l’auditeur en haleine durant
quarante minutes, tant s’y
jumelle un art consommé de
l’orchestration avec une forme
donnant l’impression de s’au-
duits par la partie de piano.
Coda des plus enchanteresse,
« imbibée de couleur tonale »,
que la baguette de Lintu resti-
tue magnifiquement. X
maints détails de la partition. Ce premier enregistrement togénérer. Ostinatos, mini Jérémie Bigorie
L’équilibre du plan orchestral discographique apporte un cadences, fanfares exubérantes
permet une conversation très éclairage ensorcelant sur la et choral brucknérien tran-
naturelle entre continuo et naissance de la tragédie sitent au sein d’une matière en
tutti, et aucune ritournelle ne lyrique. X Philippe Ramin fusion. On peut lire en exergue
de la partition : « In memo-
riam Witold Lutosławski ».
L’interprétation, en concert,
de Hannu Lintu et son
Orchestre symphonique de la
Radio finlandaise, d’une vaste
coulée organique, annexe
l’idée structurelle bipartite
chère au Polonais avec une
première partie « hésitante », MAGNUS LINDBERG
qui fait naître un sentiment (né en 1958)
d’expectative, et une seconde Aura. Related Rocks. Marea
partie « directe », qui résout les Emil Holmström, Joonas Ahonen
conflits accumulés. Related
FRANÇOIS BERTHIER
T Gesualdo à Berio, de la
voix au piano, il y a treize
raisons de dire bravo.
Bravo pour la diversité du réper-
toire et les artistes choisis pour en
77 ans accompagnait le dévelope-
ment, soutient en toute logique
Marc Mauillon dans son entreprise
en faveur d’Henriette de Coligny
(1623-1673), comtesse de la Suze,
rêveur » de Cédric Tiberghien.
Le romantisme revisité par les ins-
truments de son temps, voilà éga-
lement ce qui a guidé Alain Planès,
en choisissant, pour les Nocturnes
III dont certaines sections « chan-
tées de manière particulièrement
douloureuse avivent le souvenir du
lamento » et des Folk Songs dont la
lecture « renforce la finesse, l’agré-
assurer la visite. Il y a bien sûr des dont les vers ont été mis en de Chopin, un piano Pleyel de 1836. gation entre la voix et l’ensemble »,
rencontres attendues et fécondes musique par Bacilly, Du Mont, « Tout chante divinement avec une estime Jérémie Bigorie.
comme celle des Arts Florissants, Lambert et Le Camus. Baroque à vocalité dont la sinuosité, les éclai- Autant de réussite de Gesualdo à
conduits par Paul Agnew, avec les nouveau, mais pas inconnu rages et articulations sont d’une Berio, est-ce là l’harmonie du
madrigaux de Gesualdo où Jorge puisque l’éditeur présente un troi- variété infinie », précise Alain Lom- monde ? X Philippe Venturini
Morales perçoit « un travail poussé sième enregistrement de la
sur la déclamation du texte et sur fameuse cantate Membra Jesu
la restitution [de ses] effets drama- nostri de Buxtehude. Sébastien
tiques ». Loin de ses musiciens, Daucé et l’Ensemble Correspon-
William Christie a retrouvé son dances s’y distinguent par une
clavecin, le temps d’un riche dia- beauté musicale saisissante et un
logue avec le violon éloquent de rare talent à restituer l’ambiguïté
Théotime Langlois de Swarte de cette musique qui oscille entre
autour de sonates de Senaillé et douceur et douleur.
Leclair. Autres sonates pour violon
et clavier et même évidence dans VOYAGE DANS LE TEMPS
ce troisième volume de l’intégrale La musique ancienne ou mécon-
Mozart entreprise par le duo nue n’exclut pas la romantique.
Isabelle Faust et Alexander Melni- Celle, par exemple, des Sonates
kov qui, selon Michel Le Naour, pour piano nos 30 à 32 de Beetho-
« rivalise d’équilibre, de pureté et ven par Nikolaï Lugansky, « de ceux
de vitalité rythmique ». qui lisent précisément la lettre des
Orienté vers la découverte de la partitions et en décryptent le sens
musique baroque, Harmonia pour nous le transmettre dans l’ins-
Mundi, créé en 1958 par Bernard tant sans effets », considère Alain
Coutaz et dont Eva Coutaz, décé- Lompech. Mais le lien avec l’his-
UNIVERSAL MUSIC
une tonalité souvent très élar-
gie mais elles suscitent l’intérêt
par leur langage visionnaire et
inquiétant. Les Types de
Pierre-Octave Ferroud appar-
tiennent à la génération sui-
vante et se révèlent d’une dif-
ficulté diabolique, dans un
Trifonov, l’icône russe
ALINE PIBOULE
(piano) style curieusement équidistant aniil Trifonov est de son habitude. En fait, Trifonov
Samazeuilh : Le Chant de
la mer (extraits). Decaux :
Clairs de lune. Ferroud : Types.
Aubert : Sillages
Printemps des arts de Monte-Carlo
du grand piano impression-
niste et de l’écriture plus mor-
dante de l’après-guerre.
Ce nouvel enregistrement
confirme l’immense talent
D ces rares talents nés