Charles SCEMAMA Avant d'aborder une pareille étude, il faut rendre grâce aux Hiérarchies créatrices qui, æuvrant avec une patience et un amour inimaginables, nous permettent de mieux comprendre comment est tissée la trame merveilleuse et complexe de notre destinée. Déterminisme ou libre-arbitre ? Cette question peut sembler un dilemme insoluble car, si nous admettons que nous sommes déterminés, notre développement se ferait suivant le déroulement d'une sorte de scénario minutieusement réglé à I'avance et l'homme serait comme un exécutant, entièrement sous le contrôle et la conduite du chef d'orchestre. Par contre, si I'existence dépendait de notre libre-arbitre, nos erreurs risqueraient de provoquer des discordances dans la symphonie grandiose de la vie humaine et universelle. « N'étant qu'une partie infime de l'humanité, elle-même infime partie de I'univers, notre volonté personnelle a une incidence insignifiante ou nulle. Nous sommes donc sous la lsi du déterminisme puisque nous ne pCIuvons rien changer à notre destin d'homme ? » Heureusement, mais l'homme dispose, à I'intérieur même du déterminisme, d'un certain libre-arbitre sans quoi il ne pourrait y avoir de développement de la conscience. « Comment concilier libre-arbitre et déterminisme ? ll y a une telle contradiction entre ces deux lois ? » Cette contradiction n'est qu'apparente. Si l'on veut aller au fond des choses, il faut une souplesse, une élasticité d'esprit qui étende notre compréhension au delà des trois.o. dimensions de notre monde. C'est une aBproche du divin, sù l'on avance avec une déférence, une joie sereine, à la rencontre de I'Ego qui prend alors le relais de notre quête. Le déterminisme et le libre-arhitre ssnt deux aspects de la vie en mouvement, de I'inconscience à la soi-conscience. Pour bien saisir cela, rappelons-nous qu'il est écrit dans la Bible que Dieu créa I'homme à son image et à sa ressemblance. Cela signifie que, par cette création, aussitôt achevée que conçue, Dieu nousfit aussi parfaits que Lui-même. « Nous sommes pourtant bien loin d'être comparables à Dieux ! » Même les meilleurs parmi les hommes sont encore très, très loin de ressembler à Dieu. Cependant, créés ainsi, dans une instantanéité telle que la plus in{initésimale portion de temps ne saurait la mesurer, nous avons acquis immédiatement la perfection absolue. En cela, nous sommes déterminés ; mais au sein rnême de cette instantanéité, il nous a fallu des millénaires de millénaires avant d'atteindre notre état actuel, et il nous reste encore des millénaires et des millénaires avant de revenir à ce que nous sommes, depuis toute origine. « Comment concevoir que tout ce qui est la Vie en manifestation, depuis toujours et à jamais, soit enclos dans l'instant du Fiat créateur; l'infiniment petit ne peut eontenir l'infiniment grand ? ll en est pourtant ainsi, mais cela n'est pas appréhendable par la slmple logique ; il faut la dépasser en s'ouvrant le plus possible à l'intuition, à l'inspiration qui ne manquent jamais de visiter le chercheur sincère qui tend toutes ses facultés vers ce qu'il y a de plus élevé en lui, Cette csnfiance en notre divine étincelle, dans l'attente dynamique que donne la vraie foi, est la manière « la plus courte, la plus sûre et la plus joyeuse » d'agrandir le champ de notre conscience et d'être à même d'étendre et de mieux utiliser la part de libre-arbitre dont nous pouvons disposer, part toujours proportionnelle au développement de notre état de conscience. Alors, nos déclenchons, par la loi des conséquences, des déterminismes plus positifs. -4-
« Le déterminisme peut donc être négatif ? »
Hélas, oui, et bien trop souvent lCe que les ûrientaux nomment karma correspond à peu près au déterminisme. Nous pensons en général, que le karma eoncernc les épreuves pénibles découlant d'un nrauvais usage du libre-arbitre. Ces épreuves sont l'aspect négatif du déterminisme et tout ce qui nous arrive d'heureux cn eSt l'aspect positif' r< Mais si, par le jeu du libre-arbitre, chacun de nsus modifie son déterminisme, que devient l'action de Dieu et des Aides spirituelies qui veillent sur nous ? » L'aide reçue des Hiérarehies - ces différenciations s'échelonnant de Dieu à nous, était totale à l'origine, mais elle diminue à nresr-rre que notre conscience augmente et, comme il est dit dans notre Service du Temple, les Anges de Justice, qui sont au-dessus de l'erreur, « donnent à fous et ù chocur'r exü€tement ce dont ils ont besoin pour leur développement »' Dans son vaste panorama du pèlerinage de notre va gue de vie, la Cosmogonie nous apprend quand, comment et de qui nous recevons l'aide spirituelle, et quand et comment l'homme peut intervenir dans le déterminisnie' Nous savons que lorsque Dieu nous créa, comme sa propre réflexion, nous étions complètement fondus, pour ainsi dire, en Lui dans le plr;s spiritualisé des Sept Mondes de la Manifestation. Notre pèlerinage commença lorsque nous fûmes émanés hors du Monde de Dieu, en tant qu'Esprits Vierges encore absolument inconscients. Ce fut le début de i'involution, cette descente progressive dans des Mondes de plus en plus denses pour en arriver au nadir de la matérialité sur notre terre actuelle. Le libre-arbitre nous fut donné à partir de l'éveil de la conscience individLrelle, dans le Monde Physique où nous sommes à l'aube de l'évolution, Cette lente remontée vers le Monde de Dieu' « Nous étions, auparavant, sous la seule loi du déterminisme ? » Oui, Toutefois, ii n'y aurait pas eu de possibilite d'éveil de la conscience sans une sorte d'embryon de libre-arbitre sous forme d'adaptabilité' Dàs que nous avûns conrmencé à nous différencier, au sein même de la Vie divine, dès la prenrière des sept révolutions de notre vague de vie, dans le Monde des esprits Vierges, il a fallu que nous nous adaptions à ce nouvel état, puissamment assistés, en cela, par les régions de plus en Grands Etres qui nous prenarent en charge. Ensuite, et à chacune des sept plus denses du Moncle de l'Esprit Divin, du Monde de l'Esprit Vital, du Monde de la Pensée, du Monde du Désir et enfin du Monde Physique, notre vague de vie a dû s'efforcer de palier, dans s,adapter sans cesse aux noLrvelles conditions qui se sünt succédées' Chaque cette descente vers le plan physique, a été un champ d'expérience pour l'Esprit Vierge, afin qu'il s'y adapte et devienne apte à passer au stade suivant' Durant toute l'involution, le principal facteur de notre développenrent, indépendamnrent des Aides supérieures, a été l'adaptabilité. ehacun des êtres de notre vôguc de vie a plus ou moins progressé, suivant ses capacités d'adaptation' « C'eSt donc parce que ceitains êtres se sont plus ou moins adaptés aux nombreux ehangements de eonditions, depuis la Période de Saturne jusqu'à celle de la Terre, qu'il existe tous ces pionniers et retardataires dont il est fait mention dans notre enseignement ? » En effet, les diverses capacités d'adaptation sont la cause principale de cette séparation en ciasses et sous-classes dans une même vâgue de vie. Mais depr'ris que notre Ego peut eontrôler de l,intérieur l'ensemble de ses vÉhier:les, depr-iis que nous avôns atteint l'état de -5-
cûnscience de veille qui caractérise l'homme, le libre-arbitre s'est ajouté à l'adaptâbilité
comme moteur de notre évolution. Les ârts divinatoires qui permettent d'avoir des aperçus sur notre passé, notre avenir et notre présent, pourraient laisser croire que nous sommes prédestinés. Mais en Astrologie, par exemple, dans toute étude sérieuse, il est souligné que « les astres incitent mais ne contraignent pas », indiquant par là qu'il existe un certain libre-arbitre pouvant modifier ce qui est écrit dans un thème natal, Nous avons vu que l'adaptabilité est le moyen d'avancer pas à pas en s'efforçant de s'harmoniser avec les conditions déterminées particulières à chaque étape à franchir et que le libre-arbitre est l'intervention de la conscience pour exercer un choix entre deux ou plusieurs possibilités qui se présentent, donnant, par la loi des conséquences, telle ou telle orientation au déterminisme. « Mais que deviennent les autres possibilités qui n'ont pas été choisies ? » Rien ne se perd dans ce qu'on pourait appeler l'économie divine. Lorsque nôus âvons l'opportunité d'user de notre libre-arbitre, au cours de I'existence, les options déterminées possibles, sont considérées d'un plan supérieur au nôtre; mais à notre niveau de conscience, nous avons la liberté de choisir et notre choix, lui, n'est pas déterminé, bien qu'il soit conditlonné par tout ce qui, de près ou de loin, fait partie de notre être. Chaque voie suivle permet des expériences bien définies. Les autres voies délaissées sont, tôt ou tard, utilisées d'une manière parfois différente, souvent ntême, par d'autres individus. Toutes les possibilités proposées à la conscience humaine servcnt à l'ensemble de notre '' vague de vie et I'humanité entière s'enrichit ainsi des expériences vécues par chacun de nous. Voici que notre pèlerinage va se poursuivre en abordant la remontée à travers les Mondes de plus en plus subtils, vers la spiritualisation totale, pour réaliser ce quifut créé par Dieu, Nous arrlvons maintenant aux temps où, après I'adaptabilité, après le libre-arbitre, nous pouvons disposer d'une faculté nouvelle qui préfigure déjà le Dieu créateur que nous sommes en devenir. Cette faculté, précieuse entre toutes, c'est l'épigénèse. Contrairement à l'adaptabilité devant l'inéluctable déterminé et au libre-arbitre qui ne peut jouer que dans les limites d'un déterminisme plus ou moins élargi, l'épigénèse permet de générer quelque chose d'original, quelque chose qui, sans notre volonté consciente, n'aurait pas existé, quelque chose qui, cependant, s'intègre toujours parfaitement dans le plan d'évolution conçu par la Sagesse Sublime. « En somme, le déterminisme est cCImme un vaste et puissant cours d'eau aux remous innombrables, emportant l'ensemble d'une vague de vie où chaque goutte représente un individu, et le libre-arbitre la possibilité, pour chacun, de choisir, devant tclle ou telle opportunité, d'aller à droite, à gauche, au-dessus ou au-dessous, avec les conséquences qui en découlent. Mais le choix de chaque gouttelette, en modifiant son rythme, ne change absolument rien au courant du fleuve qui continue à I'emporter vers l'océan. Lorsque, par sa volonté consciente, I'individu crée une sorte de contre*courant qul, sans cela, n'aurait pas existé, c'est l'épigénèse ». L'épigénèse, qui ouvre la voie ascendante vers I'accomplissement du pouvoir divin en nous, est étroitement liée au développement des qualités supérieures de l'âme. « Ces qualités de l'âme que notre philosophie appelle la robe d'or, laborieusement tissée par les bonnes actions, les bons sentiments et les bonnes pensées... » Oui, c'est par unc vie de service et d'amour - à l'imitation de Jésus-Christ - que nous pouvons revêtir notre âme d'une lumière sonore qui attirera vers nous I Epoux céleste, Pour être dignes de ce don inestimable qu'est l'épigénèse, noLrs devons continuer, sans relâche, à mieux nous adapter a toutes les circonstances, à toutes les conditions de i'existence. Nous devons exercer notre libre-arbitre en agissant âvec un discernement attentif, afin d'être plus aptes à générer une destinée meilleure pour nos frères défavorisés. « Et pour créer, à notre tour, comme Dier,; nous créa », La moitié du chemin vers la Vérité, la Vie, est parcouru. Le temps immensément lointain approche où nous rejoindrons, hors des temps et en toute conscience, notre Père, notre Père qui est aux cieux,