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Hyperliprotéinémies

Module d’externat
Année 2020-2021
Dr L. Kedad
Plan du cours
I- Introduction
II- Définitions-généralités
III- Composition et structure des lipoprotéines (Lp)
IV- Métabolisme des lipides
V- Diagnostic des hyperlipoproteinémies (HLP)
VI- Classification des HLP
VII- Caractéristiques des HLP
VII- Traitement
IX- Conclusion
I-Introduction (1)
Les lipides peuvent être divisés en plusieurs catégories :
A- Les acides gras AG (saturés ou insaturés), ils représentent:
– Une source d’énergie importante pour la cellule,
– Un précurseurs pour d’autres lipides,
– Ils sont stockés dans le tissu adipeux, sous forme de triglycérides
(TG ou glycérolipide qui résulte de l’estérification du glycérol par 3
AG)
AG :
Triglycérides :
I-Introduction (2)
B- Le cholestérol (CL) :
• Il existe sous 2 formes :
– Le CL Libre dit amphipathique qui comporte une partie
hydrophile et une partie hydrophobe
– Le CL estérifié (CE) : hydrophobe

• C’est un constituant obligatoire des membranes, il assure la fluidité


des membranes.

• Le CL est un précurseur des acides biliaires, de la vitamine D3 et des


hormones stéroïdes.
I-Introduction (3)
C- Les lipides complexes sont représentés par :
– Les phospholipides (PL) : constituants de base de la
membrane plasmique, ils possédent un groupement
phosphaté sur 1 des 3 C et jouent un rôle majeur dans les
voies de signalisation cellulaires (exemple: l’Inositol-tri-
Phosphate : IP3).
II-Définitions-Généralités (1)
• Les lipides sont insolubles en phase aqueuse, ils sont donc véhiculés
dans le plasma par des lipoprotéines (Lp) qui sont constituées de
lipides et d’une (ou plusieurs) partie protéique spécifique appelée
apoprotéine.
• Les Lp sont des édifices moléculaires en remaniement permanent
alliant synthèse, dégradation, et retrait du plasma. L’enveloppe de la
Lp comporte des lipides amphipathiques : CL libre et PL et le centre
renferme des lipides non polaires : CL estérifié et TG.

Structure des lipoprotéines


II-Définitions-Généralités (2)

• Les hyperlipoprotéinémies (HLP) regroupent un


ensemble hétérogène d’anomalies lipidiques
caractérisées par une augmentation du taux de CL
et/ou du taux de TG.

• Les HLP s'accompagnent le plus souvent d'une


modification qualitative des Lp, c'est pourquoi on
parle également de dyslipoprotéinémies
III-Composition et structure des Lp (1)
• Les Lp sont classées selon leur densité et selon leur mobilité (charge e⁻).
• Selon leur densité, on distingue :

• Selon leur mobilité, on distingue à l’électrophorèse [E(-)] : les Chylomicrons (CM) :


pas de migration, les LDL : migration en position β, les VLDL : position préβ, les IDL
: position intermédiaire et les HDL : position α.

• Ces 5 grands types de Lp différent par leur taille et leur contenu en lipides et en
protéines (plus les Lp sont de grande taille, plus elles sont riches en lipides et
pauvres en protéines)
III-Composition et structure des Lp (2)
Lp Origine Composition Apo Mobilité Taille (nm) Densité
(%) e⁻ (g/ml)
CM Intestin Prot :1 Chol : 4 A I-II-IV Pas de 75-1200 0,93
TG : 90 PL: 5 B 48 migration
C, E
VLDL Foie Prot : 8 Chol : 25 B 100 Pré-β 30-80 0,93-
TG : 55 PL : 12 C 1,006
E
IDL CM via VLDL TG : 50 Chol : 50 E Pré-β lent 27-35 1,006-
B 100 (Broadβ) 1,019
LDL VLDL via IDL Prot : 20 Chol : 55- B 100 β 18-27 1,019-
70 TG : 5 1,063
PL : 20
HDL Intestin Prot : 50 Chol : 20 A I-II α 9-12 1,063-
Foie TG : 5 PL: 25 C 1,210
E
D
Lp (a)* Foie B 100 Pré-β 25-30 1,040-
(a) ou β 1,115

Lp (a)* : elle est composée d’une molécule d’apo(a) reliée par un pont disulfure à l’apoB-100.
L'apo(a) est un homologue du plasminogène.
III-Composition et structure des Lp (3)
 Les CM : trés riches en TG et contiennent peu d’apoprotéines.
 Les VLDL : riches en TG, plus riches en PL, en CL et en apoprotéines.
 Les IDL : 50% de TG et 50% de CL.
 Les LDL : riches CL et en apoB100
 Les HDL : 20% de CL mais sont riches en apoprotéines.

Composition des différentes lipoprotéines


IV-Métabolisme des lipides (1)
A- Les acteurs importants du métabolisme des Lp sont :
Les apoprotéines, les récepteurs, les enzymes et les protéines de transfert sont
impliqués dans le métabolisme lipidique :

1/ Les apoprotéines :
Elles possèdent plusieurs rôles :
→ Rôle structural : cohésion et solubilité des Lp (surtout apoB et A).
→ Reconnaissance des Lp / des Rec cellulaires spécifiques.
→ Régulation de certaines activités enzymatiques.
→ Certaines apoprotéines peuvent être transférées d’une Lp à une
autre (A,C,E)

Les apo B participent à la création de la coque de la Lp (rôle structural ++).


Les apo C : CM, VLDL.
La apo E : dans toutes les Lp.
Les apo A-I : HDL, apo A-II et A-IV surtout : CM (rôle structural ++).
IV-Métabolisme des lipides (2)
A- Les acteurs importants du métabolisme
2/ les récepteurs :
 LDLR : Rec des LDL ou Rec B/E : Ils lient l’apoB et l’apoE
 LRP : LDL-Receptor Related Protein ou Rec E : Ils lient l’apoE des remnants de CM et
de VLDL.
 « Scavenger Receptor » : Rec éboueurs :
 Rec des LDL oxydés → impliqués dans l’athérosclérose
 Rec SR-BI « Scavenger Receptor class B type I » : Rec des HDL (ramènent le CL
vers le foie pour son élimination).

3/ Enzymes et protéines de transport


 Enzymes :
– LPL : Lipoprotéine Lipase, présente à la surface de la paroi vasculaire.
– LH : Lipase Hépatique
– LCAT : Lécithine-cholestérol acyltransférase, présente à la surface des HDL
 Protéines de transfert :
– CETP : Cholesterol Ester Transfer Protein : protéine d’échange du CL
– PLTP : Phospho Lipid Transfer Protein : protéine d’échange des PL
IV-Métabolisme des lipides (3)
B-Les 3 grandes voies du métabolisme des Lp sont :

1-La voie exogène assure le transport des lipides de


l’intestin vers le foie et correspond aux apports de
l’alimentation : Synthèse des CM.

2-La voie endogène assure le transport des Lp du foie vers


les tissus extrahépatiques : Synthèse des VLDL.

3-La voie inverse assure le retour du CL des tissus


périphériques vers le foie grâce aux HDL.
IV-Métabolisme des lipides (4)
B-Les 3 grandes voies :
1-La voie exogène : elle assure le transport des lipides de l’intestin vers le
foie, elle correspond aux apports de l’alimentation.

- Lorsque l’on mange, on absorbe


surtout des TG, des PL (mb des
cellules ingérées) et peu de CL.

-Les lipides subissent l’action de la


lipase gastrique puis ils sont
émulsionnés par les acides
biliaires et les lipases pancréa-
tiques.

- Au final, l’entérocyte absorbe


des AG, des monoglycérides, des
lysoPL et du CL.
IV-Métabolisme des lipides (5)
1-La voie exogène :
• Les lipides (TG++) sont transportés dans le sang via les CM qui sont
synthétisés dans l’enterocyte par l’assemblage des TG, CL, CE et
des apoprotéines : apoB-48 (nécessaire à la synthèse des CM), A,
C, E.

• La synthèse des apoprotéines débute dans le RER, l’appareil de


Golgi ou elles sont glycosylées et associées aux lipides, puis
libérées dans le plasma par exocytose. Elles constituent les CM
natifs ou naissants

• Ces CM naissants (ne contiennent que l’apo B-48), ils subissent


une maturation avec adjonction d’autres apoprotéines dés leur
arrivée dans le plasma en recevant les apoE et C, puis ils sont
transportés dans la circulation vers les tissus périphériques : Tissu
adipeux (TA), muscles striés etc.
IV-Métabolisme des lipides (6)

1-La voie exogène :


 Sous l’action de la LPL vasculaire
(activée/ l’apo C-II) : formation des
«remnants de CM» : appauvris en
TG et leur contenu en apo C est
récupéré par les HDL

 Les remnants de CM sont captés


par le foie grâce aux Rec B/E (via le
couple ApoB-48 et ApoE), puis ils
sont hydrolysés et libèrent les apo,
le CL libre et le CE.

 Le CL va avoir un effet régulateur


sur la synthèse du CL endogène via
l’inhibition de la 3-HMG-COA
réductase.
IV-Métabolisme des lipides (7)

La voie exogène (synthèse)


1- Elle met en jeu les lipides issus de l’alimentation,
transportés par les CM composés essentiellement de TG,
d’apoB-48, E, C-II et A-I.

2- Les CM transportent les TG exogènes et permettent la


distribution des lipides aux tissus périphériques grâce à
l’action de la LPL.

3-Cette voie permet le retour au foie sous forme de remnants


de CM avec formation de HDL naissants.
IV-Métabolisme des lipides (8)
2-La voie endogène assure le transport des Lp du foie vers les
tissus extrahépatiques

• Les VLDL d’origine hépatique (obtenus par assemblage du


CL libre, CE, TG, apo B-100 et A-I), se combinent à l’apo E et
à l’apo C-II (fournies par les HDL).

• Dans la circulation, les VLDL perdent au contact des tissus


une partie de leurs TG et les apo C et E retournent aux HDL.

• Les HDL récupèrent de façon concomitante les TG et les PL


des VLDL alors que ces dernières s’enrichissent en CE
provenant des HDL grâce à la CETP.
IV-Métabolisme des lipides (9)
2-La voie endogène :
• Sous l’action de la LPL, les VLDL forment les IDL qui seront soit recyclés au niveau
hépatique via les récepteurs LRP soit subissent l’action de la LH pour former le LDL qui
libère le CL aux cellules périphériques puis il est recyclé au niveau hépatique

• En cas d’excès de CL dans les cellules périphériques : le recepteur des LDL : LDLR va être
beaucoup moins exposé. Le LDL s’oxyde et sera reconnu par les Rec éboueurs des
macrophages qui se chargent en CL et se déposent au niveau des parois artérielles
formant des plaques d’athérome à l’origine de l’athérosclerose.
IV-Métabolisme des lipides (10)

La voie endogène (synthèse)


1- Les lipides synthétisés et recyclés par le foie sont transportés
par les VLDL
2- Les VLDL sont composés essentiellement de TG, d’Apo B100,
E et CII
3- Cette voie permet la distribution des lipides aux tissus
périphériques grâce à l’action de la LPL.
4- La voie endogène permet la production d’IDL (distribution de
TG par la LH, puis transformation en LDL ou retour au foie)
5- Les LDL formés assurent la distribution du CL aux cellules puis
retournent au foie
6- Cette voie contribue à la formation des HDL naissantes
IV-Métabolisme des lipides (11)
3- la voie inverse assure le retour du CL des tissus périphériques vers le
foie grâce aux HDL
• Les HDL sont synthétisées par le foie et libérées dans la circulation, elles
sont constituées d’apoprotéines et de PL provenant des autres Lp.

• Dès que le CL est prélevé des cellules périphériques par les HDL, il est
estérifié par la LCAT. Le CE hydrophobe est piégé dans les HDL, ce qui
permet le retrait de la circulation et des cellules du CL en excés.

• La CETP assure le transfert équimolaire du CE des HDL contre les TG des


LDL et des VLDL conduisant à la formation des HDL riches en TG (HDL2).

• Les HDL (réservoir en apo E, A et C) transfèrent l’apoCII aux CM et aux


VLDL et récupèrent l’apoC-II et E. Les HDL sont retirées de la circulation
via les récepteurs hépatiques SR-B1. Le CE est hydrolysé, le CL peut être
recyclé dans d’autres Lp et être utilisé pour la synthèse hormonale ou
éliminé sous forme de sels biliaires.
IV-Métabolisme des lipides (12)
La voie inverse (synthèse)
1- Cette voie assure l’efflux du CL des tissus périphériques vers le foie
2-Les HDL naissants contiennent : des PL, du CL, de l’apoE et A-I et captent
l’apoC à partir des autres Lp.
3- Les HDL récupèrent le CL des tissus périphériques et le stockent sous
forme de CE (HDL3).
4- Le HDL (HDL2) échange le CE contre des TG avec les VLDL et les LDL
V-Diagnostic des HLP (1)
A- Anamnèse :
Rechercher des antécédents familiaux de maladies cardiovasculaires
(CV) ou de dyslipidémie familiale : préciser le type de dyslipidémie, ses
complications et rechercher l’existence d’un diabète, d’une HTA et
d’une obésité familiale ainsi que les antécédents personnels de
maladies CV, de dyslipidémie et de facteur de risque cardiovasculaires
(FRCV).
B- Examen clinique :
 Signes révélant un dépôt extravasculaire de CL :

Xanthomes tendineux Xanthélasma palpébral Gérontoxon : arc cornéen


(sous-periostés) ou cutanés (couleur jaune) blanc grisâtre autour de l’iris
(pathologique < 50 ans)
V-Diagnostic des HLP (2)
B- Examen clinique : Signes révélant un dépôt extravasculaire de TG :

Xanthomes éruptifs au niveau des genoux Lipémie rétinienne au fond d’œil


Rechercher des complications pancréatiques au cours des hyperTG majeures
 Rechercher des dépôts lipidiques intravasculaires : Athérosclérose (Artères
coronaires, cérébrales, membres inférieurs et artères mésentériques)

Plaque d’athérome
V-Diagnostic des HLP (3)
C-Biologie :
L’Exploration d’une Anomalie Lipidique (EAL) comporte :
– Un bilan lipidique réalisé > 12 h de jeûne, à distance d’une affection aigue,
sans modification des habitudes alimentaires les jours précédents le
prélèvement et en dehors d’une grossesse.

– L’EAL comprend :
• L’aspect du sérum
• Le dosage du CL Total (CT), des TG, du HDLc et du LDLc

– Le LDL-C peu être calculé par la formule de «Friedewald» si le taux de TG


est ≤ 3,4 g/L. Si le taux de TG est > 3,4 g/L; le LDLc doit être dosé (HAS
2017). Formule de «Friedewald» :
V-Diagnostic des HLP (4)
C-Biologie :
– Lors d’une EAL, les valeurs normales : sérum limpide, CT < 2g/l, TG < 1,50
g/l, HDLc < 0,40 g/l : homme et < 0,50 g/l : femme
– Le LDLc est à indexer en fonction du nombre de FRCV et du risque
cardiovasculaire.
V-Diagnostic des HLP (5)

C-Biologie :
En cas de valeurs anormales, une confirmation par la
réalisation d’un 2éme bilan est indispensable. Tous les
adultes doivent être dépistés des lors qu’ils ont un facteur
de risque mais il n’est pas justifié de répéter ce bilan
lorsqu’il est normal, sauf si : événement CV, ↑ du poids ou
présence d’un autre FRCV

D- Exploration cardiovasculaire :
ECG - Echocardiographie - Echo doppler artériel des troncs
supra-aortiques et des membres inférieurs (voir
scintigraphie myocardique, coronarographie)
VI-Classification des HLP (1)
A- Classification de Fredrickson :
– L’OMS a proposé en 1970, une classification des HLP primaires d’après DS
Fredrickson qui comporte 6 phénotypes :
Phénotype Lp CT TG Athéro- Electrophorése Aspect du sérum
génicité

Type I : CM N ou ↑ ↑↑↑ Rare Pas de migration Lactescent (à jeun)


Hyperchylo-
micronémie ou
hyperTG exogène
Type IIa : LDLc ↑↑ N +++ Bande β Clair
Hypercholestérol
émie familiale
Type IIb : HLP LDLc et ↑↑↑ ↑↑ ++ Pré β et β opalescent (trouble)
mixte VLDL
Type III : Dysbéta- IDL ↑↑ ↑↑ ++ Broad β opalescent
lipoprotéinémie
Type IV : VLDL ↑ ↑↑ + Pré β lactescent
Hypertriglycéridé
mie endogène
V : Hypertrigly- VLDL et Nà↑ ↑↑↑↑ + Pas de migration lactescent avec anneau
céridémie mixte CM (γ) et préβ crémeux
(endogène et (VLDL)
exogène)
VI-Classification des HLP (2)
A- Classification de Fredrickson : l’électrophorèse des Lp sur gel d'agarose
ou acétate de cellulose permet de distinguer :
 Type I : Hyperchylomicronémie ou hyperTG exogène : CM (pas de migration)
 Type IIa : Hypercholestérolémie familiale : LDL (migration : β)
 Type IIb : : HLP mixte : LDL et VLDL (migration : β et Pré β)
 Type III : Dysbétalipoprotéinémie : IDL (migration : Broad β : large bande β)
 Type IV : Hypertriglycéridémie endogène : VLDL (migration : Pré β)
 Type V : Hypertriglycéridémie mixte : CM et VLDL (pas de migration (γ) et préβ)

Normal à jeun : N(J): (HDL, VLDL et LDL); Normal post prandial : N(PP) : (HDL, VLDL, LDL, CM)
VI-Classification des HLP (3)
• En pratique cette classification est simplifiée en 3 groupes selon la
classification de « De Gennes » :

Classification Classification
internationale française
(Fredrickson) (De Gennes)
IIa Hypercholestérolémie
IV Hypertriglycéridémies
I
V
IIb Hyperlipidémies mixtes
III

• La grande majorité des HLP correspondent aux types IIa, IIb et IV.
VI-Classification des HLP (4)
→ Avant de poser le diagnostic d’une HLP primaire, il est important de
rechercher et d’éliminer une HLP secondaire :

HLP secondaire avec hypercholestérolémie prépondérante


 Hypothyroïdie
 Syndrome néphrotique
 Cholestase hépatique, cirrhose
 Anorexie mentale / boulimie
 Immunosuppresseurs : Ciclosporine, tacrolimus

HLP secondaire avec HTG prépondérante


 DT2
 Obésité
 Maladie rénale chronique
 Alcool
 Médicaments : ββ(-), diurétiques thiazidiques, estrogènes, corticoïdes,
neuroleptiques, antirétroviraux
 Lupus érythémateux disséminé
 Glycogénoses
VII-Caractéristiques des HLP (5)
A-1-HLP de type 1 : Hyperchylomicronémie :
hyperTG exogéne :
 Très rare, de transmission autosomique récessive
par mutation de la LPL ou de l’apoC-II → Les CM
synthétisés par l’intestin entravent la
microcirculation pancréatique et entrainent une
pancréatite aigue.
Sérum lactescent: anneau
 Elle se manifeste des l’enfance par des douleurs crémeux
abdominales, des xanthomes éruptifs (thorax,
abdomen, coudes, fesses), une lipémie rétinienne
et une hépatosplénomégalie.

 Biologie : Sérum à jeun lactescent, TG ≥ 10g/l,


Chol et VLDL normaux, E(-) → pas de migration

Xanthomes éruptifs
VII-Caractéristiques des HLP (6)
A-2- HLP type IIa ou Hypercholestérolémie pure
 Transmission autosomique dominante, le plus souvent :
mutation du récepteur du LDL → ↑ CT et du LDLc.
Sérum clair
 Deux formes :
1- Forme monogénique : HLP très athérogéne
→ Homozygote : sévère, rare, apparait durant l’enfance
/Xanthomes cutanés et tendineux, des xanthélasma et un arc
cornéen. Mortalité : 2ème-3ème décennie par IDM++. LDLc ↑↑
(> 6g/l), TG NL.

→ Hétérozygote : apparait à l’âge adulte avec dépôts Xanthome tubéreux du


vasculaires et extravasculaires avant l’âge de 30 ans chez coude et du genoux
50% des sujets. ↑ CT et du LDLc ↑ (3-5g/l), TG NL.

2- Forme polygénique : Plus fréquente, LDL modérément ↑ (≤ 3,5


g/l), due à une association de facteurs génétiques
environnementaux (alimentation riche AGS et en CL).

 Biologie : Sérum clair, CT↑, LDL↑, HDL et TG Nx,


E(-)→ migration β.

Xanthome tendineux
des pieds IP-tendon d’Achille
VII-Caractéristiques des HLP (7)

A-3- HLP type IIb ou HLP combinée familiale


 Elle est Fréquente, de transmision autosomique
dominante, athérogéne, due à une production
hépatique accrue d’apoB (VLDL, LDL).

 Se manifeste rarement avant l’âge de 20 ans par


des dépôts extravasculaires (moins fréquents que
dans le type IIa). Pas de xanthomes en règle
générale.

 Biologie : Sérum opalescent (trouble), CT↑,


LDL↑, ApoB↑, TG↑ et HDL↓. E(-): β (LDL) et
préβ (VLDL)
VII-Caractéristiques des HLP (8)

A-4- HLP type III ou Dysbétalipoprotéinémie


 HLP athérogéne due à une augmentation des IDL en
rapport avec une mutation de l’apo E à l’origine d’une
↓ de l'affinité des remnants de VLDL ou des CM pour
les Rec apo E et d’une ↓ de leur catabolisme
hépatique.

 Dépôts extravasculaires de CL moins fréquents que


dans l’HLP de type IIa.

 Les xanthomes plans des plis palmaires sont


pathognomoniques. Le risque cardiovasculaires est
élevé chez ces patients.

 Biologie : Sérum opalescent. CT ↑, TG↑. E(-): Lp


anormale : caractéristique du type III: large bande β
(Broad beta) qui correspond aux IDL, à
l’ultracentrifugation : βVLDL anormales riches en CL
VII-Caractéristiques des HLP (9)
A-5- HLP type IV ou hyperTG endogène
 Elle est due à une production hépatique accrue de VLDL ou une ↓ de
leur catabolisme. Les VLDL sont riches en TG et sont de grande taille.

 Forme familiale de transmission autosomique dominante, monogénique


ou polygénique acquise fréquente dans l’obésité androïde, le diabète de
type 2, l’éthylisme, la consommation de glucides en excès (fructose,
saccharose), certaines prises médicamenteuses (corticoïdes, βbloquants
ou œstrogènes)

 Rare chez l’enfant. Le + souvent asymptomatique, de découverte fortuite


à l’âge adulte. Si hyperTG majeure (TG > 1O g/l) : Risque de pancréatite
aigue. Le passage en phénotype V possible.

 Biologie : sérum lactescent (trouble). TG↑ (3-15g/l), HDLc↓, CT


normal. E(-): préβ (VLDL)
VII-Caractéristiques des HLP (10)
A-6- HLP type V : hyperTG mixte exogène et endogène (CM et VLDL)
 Rare, polygénique due à une ↑ des CM et des VLDL en rapport avec une
anomalie de la LPL. L’↑ des VLDL est due à une ↑ leur synthèse et/ou à une ↓
de leur clairance.

 Elle est caractérisée par une double dépendance lipidique et glucidique. Elle
serait due à l’association de facteurs environnementaux (obésité, alcool,
alimentation riche en glucides et DT2) et génétiques.

 Certains facteurs favorisants (obésité androïde, alcool, DT2…) expliquent le


passage possible d’un phénotype IIb ou IV à un phénotype V.

 Elle se manifeste après l’âge de 20 ans par une xanthomatose éruptive et une
lipémie rétinienne. Le risque de pancréatite aigue et d’accident
cardiovasculaires est élevé .

 Biologie : sérum lactescent avec anneau crémeux. CM↑, VLDL↑. TG ↑↑↑,


HDL↓. E(-): Pas de migration (γ) (CM) et préβ (VLDL).
VIII-Traitement (1)
A- Objectifs du traitement :
 Améliorer voir normaliser le bilan lipidique
 Corriger les FRCV modifiables associés à la dyslipidémie (tabagisme, HTA,
diabète, obésité…) afin de réduire le RCV.
 Traiter si possible l’étiologie des HLP secondaires ou iatrogènes.

B- Moyens thérapeutiques :
B-1-Mesures hygiéno-diététiques
 Régime de type méditerranéen (+++) :
 la consommation de poisson 2 à 3 fois /semaine (dont 1 fois au moins
de poisson gras).
 Fruits, légumes : 5 fois / jour = 400 g/j; source de vitamines et
d’antioxydants (huile végétale : huile d’olive).
 Les apports en cholestérol (abats, foie, œuf, etc.) doivent être modérés
car ils ↑ modérément le CT et le LDL-C.
 Réduire les AG Saturés d’origine animale (fromages, beurres, viandes..)
ou végétale (huile de palme..) et ↓AG trans obtenu par hydrogénation
(viennoiseries, pâtisseries..)
VIII-Traitement (2)
B-1-Mesures hygiéno-diététiques
 Privilégier les AG insaturés d’origine végétale ω-9 (huile d’olive), ω-6 et 3
(huile de colza, soja, noix..) (AG Monoinsaturé : huile d’olive, colza,
arachide, AG Polyinsaturés : Tournesol, soja, maïs)
 ↑ la consommation de fibres alimentaires (céréales complètes, pain
complet, légumineuses, fruits et légumes).
 ↓ l’apport en sel.
 Corriger les autres facteurs de risques : Sevrage tabagique, ↓le poids si
surpoids ou obésité, ↓ ou éviction de l’alcool, ↓la consommation de
sucres.
 Activité physique régulière (30 min/j d’activité d'intensité modérée).

B-2-Traitement médical
Les principales classes thérapeutiques utilisées sont :
1) les statines
2) les fibrates
3) les inhibiteurs de l’absorption intestinale du CL
4) les résines
5) Les ω-3
6) l’acide nicotinique
VIII-Traitement (3)
B-2-Traitement médical
1) Les statines
 Mécanisme d’action des statines :

 Effets secondaires : toxicité musculaire et hépatique d’où surveillance par un


bilan hépatique et par le dosage des CPK
 Contre-indications : Hepathopathie, Grossesse, toxicité musculaire.
 Précautions : Interactions médicamenteuses
VIII-Traitement (4)

B-2-Traitement médical
1) Les statines
 Elles entrainent une ↓ dose dépendante du CT et du LDLc

 Le choix de la statine (faible à forte intensité) dépend de l’objectif LDL à


atteindre, des FRCV associés et du profil patient!
VIII-Traitement (5)
B-2-Traitement médical :
2) Les fibrates
 Ils ↓ le taux de TG de 40 a 60 % par un effet combiné sur la production
et le catabolisme des VLDL.
 Ils ↑ l’expression de la LPL et ↑ l’apoAI et AII; ce qui ↓ le taux de TG et
↑ le taux de HDLc.
 Fénofibrate (Lipanthyl: 160, 200mg) et Ciprofibrate (Lipanor: 100mg,
200mg)
 Même effets secondaires que les statines
 Contre-indications : Hépathopathie, insuffisance rénale chronique.

3) Les inhibiteurs de l’absorption intestinale du CL


 Ils ↓ le CT et le LDLc par interaction avec une protéine membranaire au
niveau des enterocytes de la bordure en brosse de l’intestin grêle
 Ezétimibe (Ezrtrol).
 Effets secondaires : troubles digestifs, toxicité musculaire etc
VIII-Traitement (6)

B-2-Traitement médical :
4) Résines (cholestyramine ou questran)
Elles ↓ le CT via une chélation des acides biliaires au niveau intestinal et ↓ leur
cycle enterohépatique. Elles ↑ la captation hépatique du CL pour la synthèse de
sels biliaires et ↓ le CT. Effets secondaires : troubles digestifs (++) :
constipation, météorisme.

5) Acide nicotinique
Elle ↓ le taux de TG via la ↓ de la production hépatique des VLDL et possédent
une action antilipolytique au niveau du tissu adipeux, ce qui ↓ les AG Libres et
le LDLc et ↑ le HDLc, mais mauvaise tolérance (cutanés : flush, prurit, digestifs
etc). Elle est très peu utilisée.

6) Huiles de poisson
Source importante d’AG ω-3 à longue chaine (EPA : acide eicosapentaénoïque
et DHA : acide docosahexaénoïque). Ces huiles entrainent une ↓ du taux de
TG.
VIII-Traitement (7)
C-Indications :
– Les mesures hygiéno-diététiques doivent être individualisées en
fonction de chaque patient
– Une diététique adaptée associée à la pratique d’une activité
physique régulière, renforce un traitement médicamenteux s’il est
indiqué.
– Corriger les FRCV associés à l’HLP (sevrage tabagique, ↓ poids si
obésité ou surpoids…)

C-1-Hypercholestérolémie isolée :
 1ère intention : mesures hygiéno-diététiques
 Statines : choix et dose en fonction du niveau initial du LDLc, du
RCV et de l’objectif visé.
 Si l’objectif n’est pas atteint avec une dose maximale tolérée de
statine, une association médicamenteuse est possible avec
l’ézétimibe, avec une surveillance des effets secondaires du
traitement.
VIII-Traitement (8)
C-2-Hypertriglycéridémie isolée
 Si le taux de TG est ≥ 5 g/L : l’objectif du TRT est de ↓ le taux
de TG < 5 g/L pour ↓ le risque de pancréatite par :
Des mesures hygiéno-diététiques : Diminuer l’apport en
glucides (glucose, fructose, saccharose, pain, pomme de
terre, etc) avec éviction de l’alcool et consommer des
poissons gras (sardine, maquereau, hareng, etc.) riches en
ω-3 (EPA et DHA)
Fibrate ± ω-3

C-3- Dyslipidémie mixte


 Mesures hygiéno-diététiques (diététique adaptée + activité
physique régulière).
 Dans la dyslipidémie mixte, l’objectif sur le LDLc reste
primordial lorsque les TG sont < à 5 g/L.
 En fonction de la fraction prédominante (TG ou CL) et du RCV
du patient : Statine ou fibrate.
IX-Conclusion
• Les autres FRCV modifiables associés à l’HLP doivent être traités
(tabagisme, HTA, diabète, obésité, etc).

• Chez les sujets avec un LDLc ↑ (≥ 1,9 g/L), il est recommandé de


rechercher une hypercholestérolémie familiale.

• La mise en route d’un traitement se fait après au moins 2 bilans


lipidiques, avec persistance des anomalies lipidiques malgré les
mesures hygiéno-diététiques et après avoir éliminer une HLP
secondaire.

• Choisir le traitement selon le niveau de risque du patient et les


cibles fixées pour le LDLc+++ et surveiller régulièrement la tolérance
médicamenteuse par un bilan hépatique et par les enzymes
musculaires (CPK++)

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