: LA DYNAMIQUE DE LA STRUCTURE INDUSTRIELLE GABONAISE
Chapitre 1 : Contexte Général Le Gabon a décidé comme tout autre pays en voie de développement à aller vers l’émergence économique et à l’insertion dans le commerce international, et ceci passe par plusieurs mécanismes dont les plus importants sont la transformation structurelle et la production de biens manufacturières. L’industrie manufacturière et la transformation structurelle sont donc les principaux déterminants majeurs de l’émergence, pour ne pas dire les seuls. Ce qui nous amène donc à étudier la dynamique de la structure industrielle gabonaise. L'analyse de la dynamique des structures industrielles, c'est à dire du changement qui les affecte, doit constituer une préoccupation centrale de l'économiste, parce que ces structures constituent l'un des noyaux durs de la science économique, et singulièrement de la méso-économie, voire de la micro-économie. L'analyse structurelle a précisément pour objet de mettre en lumière la structure des relations entre les variables qualitatives, quantifiables ou non, qui caractérisent le système étudié. Concrètement, l'analyse structurelle offre la possibilité de décrire un système à l'aide d'une matrice mettant en relation tous les éléments constitutifs du système. De ce fait, comprendre la dynamique industrielle gabonaise constituerait un moyen pour nous de mieux comprendre sa situation économique actuelle, situation que nous précisons de « dynamique de la structure industrielle encore très embryonnaire » d’après le rapport de l’UNUDI publié en 2013 et demeure peu développée depuis l’accession à l’indépendance en 1960. Il convient donc de préciser que les statistiques actuelles sur le secteur industriel, domaine qui dans les économies modernes génère le plus de valeur ajoutée et de richesse, ne représente que 8,2% du PIB au Gabon. L’essentiel de la richesse créée provient des matières premières (le pétrole, les mines, l’agriculture et le bois), du secteur tertiaire (27,5%), et des services non marchands (principalement l’administration), ces derniers avec 8,4% contribuant plus que le secteur secondaire. La base industrielle du Gabon a peu changé depuis 20 ans ; en effet, d’après les données de l’ONUDI, la part de la Valeur ajoutée manufacturière (VAM) dans le PIB est passée de 3,48% en 1990 à 4,38% en 2010. Ainsi, l’ambition du Président de la République et du Gouvernement est de multiplier par 3 ou 4 cette contribution de la VAM au PIB d’ici à 2025 en s’appuyant sur 4 secteurs prioritaires : Mines et Métallurgie, Forêt-Bois, Pêche et Aquaculture et Agriculture et Agro-industrie. Le secteur des mines et de la métallurgie représente 4,6% du PIB, 11% des exportations, 1,3% des recettes budgétaires hors pétrole et 1700 emplois (2012). Le secteur de la Foret et du Bois représente 8,5 % du territoire, 22 millions d’ha, 1,8% du PIB hors pétrole, 1,3% des recettes budgétaires, hors pétrole, 20 000 emplois et 1er employeur du secteur privé. Le troisième secteur celui de la Pêche et Aquaculture représente quant à lui près de 800 kms de côtes, 800.000 tonnes (en 2006) de biomasse, halieutique, 20% d’exploitation seulement, 160.000 tonnes de production, estimée actuellement 1,2% du PIB. Enfin le dernier secteur celui de l’Agriculture et Agro-Industrie est de 5,6 millions d’hectares de terres cultivables, 3,8% du PIB, 1,7% des exportations, et 250 milliards de francs Cfa de dépenses annuelles d’importation des besoins alimentaires. L’Industrie gabonaise est restée tournée vers le marché domestique et protégé par une batterie de mesures institutionnelles visant à faire face à la concurrence extérieure : barrières tarifaires ou mesures limitées, octroi sélectif des privilèges fiscaux relevant des codes d’investissements ; fixation des prix par l’administration. Cet arsenal de mesures protectionnistes, en créant des situations de rentes et de monopoles a contribué à la destruction des aptitudes à la compétition économique et à différents abus : prix élevés, baisse de la qualité et faible innovation. L’Industrie gabonaise est aussi marquée par son caractère extraverti pour ses approvisionnements en différents intrants, ce qui représente une part importante des coûts de production et pèse négativement sur la balance de paiements du pays. De ce fait, un rapport élaboré en 1987 par Jean François NTOUTOUME EMANE, ancien Ministre du Commerce, du Transfert des Technologies et de la Rationalisation, intitulé « la problématique de la protection des Industries locales au Gabon et la nécessité d’une nouvelle stratégie commerciale » fait un diagnostic du système industriel gabonais. Dans cette étude, il ressort que le problème fondamental se pose au niveau de l’initiation et de la réalisation de nos projets, phases au cours desquelles une plus grande importance devrait être accordée à la dimension de notre marché, aux coûts de facteurs de production et à l’état de la concurrence au sein de la sous-région. Il est aussi à noter qu’au cours de cette période, ces unités industrielles ne disposaient pas d’assez de cadres gabonais. Au regard de cette situation, le Gouvernement a marqué une rupture avec le passé depuis 2009 et entrepris des réformes structurelles ambitieuses visant à développer le secteur industriel. Sans être exhaustif, l’on peut citer : l’interdiction d’exportation des grumes afin de favoriser la transformation locale du bois et d’en augmenter la valeur ajoutée ; l’interdiction de torchage du gaz dans l’industrie pétrolière ; la création des zones économiques spéciales, etc. C’est dans cette dynamique que s’inscrit le Forum National de l’Industrie. Mais malgré la volonté des pouvoirs publics à élaborer des politiques industrielles et plans de relance économique : Plan Stratégique Gabon Emergent (PSGE) afin de se hisser au rang de pays émergent, les résultats sont bien clairement différents ceux attendus au regard de cette dynamique industrielle qui est toujours peu développée. Les produits et les entreprises locaux toujours peu compétitifs avec ceux de l’extérieur, on note plusieurs manquements notamment, au niveau des infrastructures de bases servant à un système d’industrialisation moderne et répondant aux exigences internationales, un accès aux besoins indispensables tels que : l’électricité et l’eau limitée ou inégalement réparti, la qualité du réseau téléphonique dispensable au fonctionnement de la société moderne qui rencontre encore des difficultés et ne couvre pas l’ensemble du territoire national. Il est à noté la qualité du secteur de transport qui est lui aussi encore très embryonnaire. Tout ceci nous emmène à nous posés la question de savoir qu’est-ce qui fait que depuis 60 ans le Gabon n’arrive pas à atteindre niveau d’industrialisation considérable ? Et quelles variables peuvent expliquées sa dynamique industrielle actuelle ? David Ricardo (1772-1823) considérait, comme les auteurs économistes classiques que l’investissement était essentiel à la l’industrialisation et à la croissance économique. Les capitalistes utilisent leurs épargnes pour investir. La croissance dépend donc de la répartition des revenus : plus les capitalistes reçoivent une part importante du profit plus ils investissent, plus la croissance sera importante. Or selon Ricardo, la répartition des revenus risque d’être de moins en moins favorable à l’investissement en raison des rendements décroissants de la terre. Thomas Robert Malthus (1766-1834) se montre très pessimiste en ce qui concerne la soutenabilité de la croissance et de l’industrialisation à long-terme. Comme Ricardo il considère que la croissance économique tend à ralentir et que l’économie converge vers un état stationnaire. Malthus explique alors que cet état stationnaire à travers la « loi de la population » selon celle-ci la population augmente selon une suite géométrique alors que les ressources de subsistance progressent selon une suite arithmétique. Puis les ressources tendent à être insuffisantes, il propose alors une loi de la morale basée sur « l’abstinence ». Alfred Marshall (1919) c’est « l’atmosphère industrielle » provenant du rassemblement du capital humain qui fait que « les secrets de l’industrie cessent d’être des secrets, ils sont pour aussi dire dans l’air » , il précise aussi que les avantages des économies externes « celles-ci naissent lorsqu’une firme spécialisée dans une étape spécifique d’un processus de production arrive à collaborer avec plusieurs industries similaires dans le cadre d’une bonne stratégie de réseautage, ce qui justifie son investissement dans les moyens de production performants et efficaces qui permettent d’assurer sa rentabilité. Pour Baro (1990), il tient à préciser le rôle que joue les infrastructures, le transport et le commerce dans le processus d’industrialisation et de croissance d’une économie. « Le rôle des infrastructures n’est plus à démontrer, un faible niveau des infrastructures aussi que des services de transport et de commerce limités renchérissent les couts de transaction et de logistique, rendent les produits non compétitifs, limitent la production rurale et l’accès des populations aux marchés avec des incidences négatives économique ». Par ailleurs, selon Dani Rodrick (2004) les deux moteurs de l’émergences sont : « les capacités fondamentales et la transformation structurelle. La politique industrielle, à savoir la priorité donnée aux secteurs à fort potentiel d croissance et à fort valeur ajoutée, est décisive pour la transformation structurelle et industrielle. Vue dans ce sens un pays à donc trois objectifs principaux pour l’industrialisation : Moderniser et diversifier son économie, transformer sur places les matières premières, et créer de nouveaux Emplois pour les jeunes. Ce qui nous emmène d’une part à étudier les obstacles à l’industrialisation du Gabon et d’autre part les variables favorables à cette industrialisation.