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Titre 1 : Les règles communes à toutes les entreprises

sociales
La particularité de ces entreprises est qu’elles sont toutes
commerciales. Cette commercialité est déterminée par la forme
qu’elles adoptent (article 6 AUDSCG), soit alors par l’objet qu’elles
exercent. En partant du droit commun, il nous est possible de classer
les entreprises en deux catégories : les entreprises à risque limité
telle que les SA, SARL, SAS, et ensuite les entreprises à risque illimité
qui sont plus hétéroclites. Dans la catégorie des entreprises à risques
illimités on trouve des entreprises dotées de la personnalité morale
(qui ont donc fait l’objet d’une immatriculation) c’est le cas pour les
sociétés en nom collectif (SNC) et les sociétés en commandite simple
(SCS) ; mais, on y trouve aussi des entreprises qui n’ont pas de
personnalité morale (qui n’ont donc pas fait l’objet d’une
immatriculation) c’est le cas de :
- la société en participation(SEP), qu’on peut définir comme celle
dont les associés ont convenu librement qu’elle ne sera pas
immatriculée au Registre du commerce et du crédit mobilier. De ce
fait, elle est dissimulée au tiers, c’est donc une «  entreprise
occulte ». Dans une telle société, seul le gérant est connu des tiers. Il
agit en son nom et pour son compte, sans révéler le contrat qui l’unit
avec l’ensemble des participants.
Toutefois, il arrive que les associés révèlent aux tiers l’existence de la
société en participation et, dans cette hypothèse, elle devient
ostensible. Les associés agissent alors au vu et au su des tiers. La SEP
présente l’avantage de permettre aux parties de bénéficier des règles
du droit des sociétés sans devoir subir le lourd formalisme imposé.
De par sa flexibilité, elle peut s’avérer très utile, lorsque les associés
souhaitent former un consortium secret ou une joint-venture
- la société de fait, elle était au départ une société immatriculée,
mais, par suite a été annulée ; elle relève de la théorie des nullités. Il
y a également société de fait lorsque deux ou plusieurs personnes
physiques ou morales ont constituées entre elles l’une des sociétés
reconnues par l’acte uniforme mais qui comporte un vice de
formation non régularisé ou ont constitué entre elles une société non
reconnue par le même acte uniforme (art 864 et 865 AUDSCGIE)
- la société créée de fait est profondément différente. Là on est
en présence de partenaires économiques qui n’ont pas constitué de
société mais qui se comporte comme de véritables associés sans en
avoir toujours conscience
Ces entreprises lorsqu’elles apparaissent au grand jour se verront
appliquer les dispositions relatives à la SNC qui est par essence la
principale société à risques illimités.
Nous envisagerons dans ce titre : la constitution de l’entreprise
sociale, les droits attachés à la qualité d’associé, la vocation au
résultat la transformation et enfin le contrôle, le règlement des
conflits et la disparition de l’entreprise sociale.


Chapitre 1 : La constitution de l’entreprise sociale : le
contrat de société (statuts)

L’entreprise sociale est créée par une ou plusieurs personnes qui


conviennent par un contrat d’affecter à une activité des biens en
numéraire (argent), en nature ou en industrie dans le but de partager
le bénéfice ou de profiter de l’économie qui pourra en résulter. Elle
s’engage à contribuer aux pertes (article 4 AUDSCG). Elle peut
également être créée par une seule personne appelée associé
unique, par un acte écrit.
Une personne physique ou morale ne peut être associée dans une
entreprise commerciale lorsqu’elle fait l’objet d’une interdiction,
incapacité ou incompatibilité. Ce sont les empêchements à l’exercice
du commerce. Dès lors leur profession ou une condamnation
judiciaire, constitue un obstacle pour l’acquisition de la qualité
d’associé
Les professions suivantes : fonctionnaires, personnels des
collectivités publiques et des entreprises à participation publique,
auxiliaires de justice, expert-comptable agréé, comptable agréé,
administrateur et liquidateur judiciaire, commissaire aux comptes et
aux apports, conseil juridique, courtier maritime, sont incompatibles
avec la qualité d’associé
Quant à l’interdiction, elle résulte d’une condamnation pénale
définitive prononcée, à titre de peine principale ou complémentaire,
à une peine privative de liberté pour crime de droit commun, ou à
une peine d’au moins trois mois d’emprisonnement non assorti de
sursis pour un délit contre les biens ou une infraction en matière
économique ou financière. Elle peut être prononcée par une
juridiction professionnelle, et sera définitive ou temporaire ; elle peut
prendre fin par la réhabilitation.
-LES STATUTS
Ils sont établis par acte notarié ou par acte sous seing privé déposé
avec reconnaissance d’écritures et de signatures par toutes les
parties au rang des minutes d’un notaire. Ils comportent des
mentions obligatoire, telles que :
- La forme sociale
1°) Sa dénomination sociale
2°) Son objet social
3°) Son siège social
4°) Sa durée
5°) L'identité des apporteurs en numéraire avec pour chacun le
montant des apports, le nombre des titres sociaux et la valeur des
titres sociaux remis en contrepartie
6°) L'identité des apporteurs en nature, la nature et l'évaluation de
l'apport effectué par chacun d'eux, le nombre et la valeur des titres
sociaux remis en contrepartie.
7°) Le nombre et la valeur des titres sociaux émis en distinguant le
cas échéant les différentes catégories de titres sociaux (titre au
porteur, titre nominal, …)
8°)L’identité des apporteurs en industrie, la nature et la durée des
prestations fournies par chacun d’eux, le nombre et la valeur des
titres sociaux
9°) Le montant du capital social
11°) L’identité des bénéficiaires d’avantages particuliers et la nature
de ceux-ci
12°) Les clauses relatives à la répartition du résultat, à la constitution
des réserves et à la répartition du boni de liquidation
13°) les modalités de son fonctionnement
Les fondateurs et les premiers membres des organes de gestion,
d’administration et de direction doivent déposer au registre du
commerce et du crédit mobilier une déclaration dans laquelle ils
indiquent toutes les opérations effectuées en vue de la constitution,
de la société, ils doivent attester que la constitution a été réalisée en
conformité avec les dispositions l’acte uniforme(AUDSCGIE)
Cette déclaration dénommée « déclaration de régularité et de
conformité », doit être accompagnée d’une autre intitulée
déclaration de souscription et de versement, remis par le notaire qui
a reçu les souscriptions. Elles doivent être déposées au RCCM aux fins
immatriculations de l’entité sociale nouvellement créée.
L'acte d'immatriculation remis par l'autorité administrative sera
présenté à la banque pour le déblocage du compte ouvert au nom de
l'entreprise en constitution.
Le contrat de société doit se conformer à deux séries de conditions, il
s’agit : des conditions de droits communs et des conditions
spécifiques.

Section première : les conditions de droit communs


Il s'agit du consentement, de la capacité et de l'objet social.

A. Le consentement :
On le défini comme l'acceptation de l'offre de contracter. Il se réalise
par la rencontre de volontés particulières qui va donner naissance à
une volonté unique, celle de réaliser le contrat.
Le consentement doit exister et être extérioriser par écrit, par la
parole ou par un geste ou comportement, à l'exclusion du silence ; en
effet qui ne dit pas mot ne consent pas en droit. Le consentement ne
doit pas être vicié. Il doit être donné en toute liberté et en
connaissance de cause. Enfin il ne doit pas être simulé. Par la
simulation l'individu fait semblant de s'associer alors que son acte
cache une réalité différente. La simulation peut porter sur l'existence
du contrat dans ce cas les prétendus associés n'ont aucune intention
de créer une entreprise, celle-ci étant purement fictive (donations
déguisées, apports simulés pour échapper à une saisie). Elle peut
également porter sur la personne de l'associé, dans ce cas celui qui se
prétend comme tel n'est, en réalité, que le prête nom du véritable
associé qui préfère agir en coulisse (personne en situation
d'incompatibilité ou frappée de faillite personnelle)

B. La capacité :
Il s’agit de la capacité d'exercice et non la capacité de jouissance.
L'acquisition de la qualité d'associé peut avoir de lourdes
conséquences dans certains cas. C'est pourquoi le législateur dans un
souci de protection a posé des limites à l'endroit de certaines
catégories de personne. Ainsi un mineur et un majeur incapable ne
peuvent avoir la qualité d'associé d'une entreprise dans laquelle ils
seraient tenus des dettes sociales au-delà de leur apport. Cette
interdiction ne s'applique pas au mineur émancipé. De même deux
époux ne peuvent être ensemble associés dans une société dans
laquelle ils seraient tenus solidairement et indéfiniment du passif
social (il y a là un souci de protéger le patrimoine familial). Cela
signifie, concrètement, qu’ils ne peuvent être tous deux associés
d’une Société en Nom Collectif, ils ne peuvent, tous deux être
commandités dans une société en commandite simple.

C. L'objet social :
La notion d'objet recouvre en droit de l'entreprise deux situations
distinctes mais complémentaires. En effet on distingue entre l'objet
statutaire, qui consiste en une déclinaison de programmes d'activités
dont l'exécution est conditionnée par l'évolution du patrimoine de
l’entreprise ; il y a ensuite l'objet réel qui correspond à l'activité
concrètement exercée par l'entreprise et qui fixe le cadre du pouvoir
des dirigeants.

Section deuxième : les conditions spécifiques du


contrat de société
Seront envisager l'exigence d'apports et les types d'apports

I) L'exigence d'apports
Sans apports il n'y a pas d'entreprise. L'apport est défini comme le
contrat par lequel un individu affecte un bien ou un droit à une
entreprise en constitution en contrepartie de la remise des titres
sociaux. Le total des apports représente le capital social.

II. Les types d'apports


L'AUDSCGIE prévoit trois types d'apports : l'apport en numéraire,
l'apport en nature et l'apport en industrie.

A. L'apport en numéraire
C'est une somme d'argent que l'apporteur met à la disposition des
fondateurs l'entreprise en constitution. A ce propos on distingue
entre la souscription et la libération. La souscription est l'engagement
pris par un individu d’effectuer un apport, la qualité d’associé
s’acquiert au moment de la souscription (CCJA,3° ch., n° 268, 27-12-
2018) ; par contre la réalisation des apports en numéraire s’effectue
par le transfert à la société de la propriété des sommes d’argent que
l’associé s’est engagé à lui apporter. C’est-à-dire par le versement de
la somme d’argent promise par l’associé, soit en une seule fois lors
de la constitution de la société, soit en plusieurs fois selon les vœux
des associés. Sauf disposition contraire du présent Acte uniforme, les
apports en numéraires sont libérés intégralement lors de la
constitution de la société. Ne sont considérés comme libérées que les
apports en numéraires correspondant à des sommes dont la société
est devenue propriétaire et qu’elle a intégralement et définitivement
encaissées.
En cas de retard dans la libération, les sommes dues portent de plein
droit intérêt au taux légal à compter du jour ou le versement aurait
dû être effectué, sans préjudice de dommages-intérêts, s’il y a lieu.

B. L'apport en nature
Par l'apport en nature l'apporteur met à la disposition de l'entreprise
un bien matériel (meuble, immeuble) ou immatériel (clientèle
commerciale, brevet d'exploitation ou d'invention).
Les apports en nature sont réalisés par le transfert des droits réels ou
personnels correspondant aux biens apportés et par la mise à
disposition effective de la société des biens sur lesquels portent ces
droits
La mise à disposition de l’apport en nature s’effectue suivant deux
procédés : ainsi, l’apport en nature est soit un apport en propriété,
dans ce cas les droits que l’apporteur avait sur le bien sont transférés
à la l’entreprise et, dès lors est tenu, à l’égard de l’entreprise, d’une
obligation de garantie contre les vices cachés (c’est à dire contre les
défauts qui rendent le bien impropre à l’usage auquel il est destiné
ou qui diminue tellement la valeur que l’acquéreur ne l’aurait pas
acheté ou l’aurait acheté à moindre prix s’il en avait eu
connaissance) ;il doit également à la société, une garantie contre
l’éviction (qui a pour objet d’assurer à l’acquéreur la possession
paisible de la chose vendue après délivrance de celle-ci) ; l’apport en
nature peut également être un apport en jouissance dans ce cas
l’apporteur conserve la propriété du bien apporté, l’entreprise aura
elle un droit d’usage sur le bien mis à sa disposition..
La particularité de l’apport en nature en jouissance c’est qu’en cas
de dissolution non justifiée par des difficultés financières, l’apporteur,
non seulement reprend son bien mais il a également droit à la remise
d’une somme correspondant à la valeur de son apport.
C. L’apport en industrie
Un individu ne disposant pas de fortune personnelle ou de biens de
valeur, mais qui a un talent technique, une spécialité professionnelle
ou un crédit, peut les mettre à la disposition des fondateurs de
l’entreprise constitution, à titre d’apport en industrie.
Ce type d’apport n’est pas autorisé dans les sociétés anonymes (SA).
Ensuite, un tel apport ne concourt pas à la formation du capital social
car sa libération est successive. Toutefois, le fait de ne pas être pris
en compte dans la formation du capital ne constitue, nullement un
obstacle à l’acquisition de la qualité d’associé de l’apporteur ni à

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