Vous êtes sur la page 1sur 23

LA COMPTABILITE

TECHNIQUE DES
COMPAGNIES D’ASSURANCES

1
On dit que les compagnies d'assurances pratiquent l’assurance directe, celle
qui met en relation une personne physique ou morale, l’assuré, et une
société qui se charge de garantir contre des risques, de l’indemniser en cas
de survenance d’un sinistre, l’assureur.

L’assureur acquiert ainsi les risques proposés par les assurés, on parle
d’assurance directe.

Nous aborderons les thèmes suivants :

 La comptabilité de l’assurance directe ;

 La comptabilité de la coassurance ;

2
CHAPITRE 1 : LA COMPTABILITE DE L’ASSURANCE DIRECTE

Au premier degré, cette partie de la comptabilité a pour objet d’enregistrer


les produits que sont les primes et les charges que sont les sinistres.

Des considérations particulières, liées à l’affectation des uns et des autres à


des périodes spécifiques, comme des nécessités de constituer des sortes de
« provisions techniques » dont on peut dire qu’elles font l’essentiel de la
difficulté de la matière.

Enfin, des écritures proviennent des possibilités ouvertes à l’assureur, dans


certains cas, de se retourner contre l’assureur du responsable d’un sinistre :
« les recours ». D’autres sont attachés à des mouvements de sortie de
risques : « les rachats ».

Avant d’entrer dans le détail des écritures, il convient de faire une remarque
importante qui explique et justifie le plan adopté ici.

Dans une activité classique industrielle ou commerciale, l’entreprise connaît


ou peut connaître en premier les coûts de revient des articles qu’elle
distribue sur le marché. Compte tenu de la concurrence et de la marge
bénéficiaire qu’elle veut espérer, il lui sera possible de fixer le prix de vente.
En d’autres termes, elle connaît d’abord ses charges et ensuite ses produits.

L’assureur se trouve dans une situation très différente. Il propose d’abord


ses prix de vente, ses primes, qu’il aura tarifées en utilisant les outils
mathématiques que sont les statistiques et les probabilités.

Ce n’est qu’après et éventuellement qu’il connaît ses charges : les sinistres. Il


va de l’incertain au certain alors que l’industriel ou le commerçant va du
certain à l’incertain.

On parle « d’inversion du cycle de production ».

L’assureur qui ne connaît ses marges qu’à posteriori, doit donc faire en sorte
d’étaler dans le temps et de plafonner ses pertes éventuelles. C’est l’une des
raisons qui expliquent le jeu des provisions.

A. Les primes

On a vu que pour bénéficier de la protection offerte par l’assureur sur une


période déterminée, l’assuré devrait souscrire une police et payer sa
cotisation qui porte le nom de « prime ».

C’est d’ailleurs ce paiement qui manifeste l’instant à partir duquel la


survenance d’un sinistre doit donner lieu à indemnisation. C’est ce que l’on

3
appelle « l’entrée en risque » de l’assureur. C’est évidemment un moment
très important de la vie du contrat.

La pièce comptable qui sert de base à l’écriture est le « bordereau de


prime », le document que l’on reçoit régulièrement quand on est assuré et
que l’on est invité à payer dans un délai bref.

Outre la prime, ce bordereau met à la charge de l’assuré un certain nombre


de taxes et de prélèvements divers (taxes sur les conventions d’assurances,
contribution au fonds de garantie attentats, au fonds de prévention des
risques naturels majeurs), dont l’assureur n’est que le collecteur, On
constatera le tout en une seule écriture.

Les assureurs présentent leur bordereau de prime sous des formes plus ou
moins « attrayantes », mais on peut les présenter par le modèle général
suivant :

La Funeste le 2 janvier 2000


SA au capitalde…
1,rue Achille Talon
Paris
Période de couverture: du 2/1 au 31/12/2000

Risques Primes

Automobile 100 000


Tous risques habitation 20 000

Total 120 000

Taxes 12 000

A payer 132 000

Dans cet exemple deux risques de natures distinctes sont couverts. Pour
d’évidentes raisons (analyse, traitement statistique, placement en
réassurance, etc.), les primes correspondantes sont imputées à des comptes
différents et on aura le schéma d’écriture suivant :

4100 Assurés 132 000


7020 Primes auto 100 000
Primes tout risque habitation 20 000
4350 Etat 12 000

Ainsi comptabilisées au fil des jours, les primes apparaissent comme les
produits techniques réels de l’exercice social. Des décalages entre ce dernier
et la période de couverture nécessitent d’ajuster les primes par un jeu de
provisions de primes- que l’on décrira ultérieurement pour ne conserver au
bilan annuel que les primes acquises à l’exercice.

4
B. Les sinistres payés

Pour faire vite, on parle des sinistres, mais la dénomination exacte devrait
être : les indemnités versées en réparation des sinistres survenus. C’est un
peu long ! Dans le plan comptable des assurances, les comptes concernés
sont : les prestations et frais payés, les sinistres et capitaux échus et les
versements périodiques de rente. Ils sont d’ailleurs évidemment distingués,
dans la nomenclature comptable, en sinistres payés vie et non vie.

L’écriture qui mouvemente les « sinistres payés » n’est pas celle qui prend en
compte le sinistre au moment de sa déclaration, mais celle qui éteint ou
diminue la dette de l’assureur vis-à-vis de l’assuré. La pièce comptable qui la
justifie est le chèque de règlement.

Pour faire très simple, dans un cas où, par exemple, un sinistre serait payé
instantanément, on passerait :

6020 Sinistres 10 000

5400 Banque 10 000

Où, pour le versement d’une rente :

6020 Versements périodiques de rentes 10 000

4100 Assurés 10 000

Les choses ne sont pas simples, car il se peut qu’un sinistre déclaré par un
assuré soit indemnisé rapidement à tout le moins au cours du même
exercice (c’est le cas de beaucoup de petits sinistres concernant des
particuliers), il arrive aussi qu’un sinistre soit déclaré au cours d’une année
N et ne soit réglé qu’au cours d’un exercice N+1, N+2, N+3, etc.

Certains gros sinistres et en particulier des sinistres de responsabilité, ne


sont réglés que dix ou vingt ans après leur survenance, voire plus.

Ce n’est pas le modèle d’écriture donné ici qui interviendra, car il faudra
constituer des provisions pour sinistres à payer et les mouvements tout
au long de la vie du sinistre.

C. Les recours et rachats

Ce ne sont pas à proprement parler, les opérations les plus importantes de


l’assurance, et on aurait pu ne traiter ces éléments techniques que
subsidiairement, à la fin de ce chapitre.

5
1. Les recours

La publicité souvent agressive des compagnies d’assurances nous rabat les


oreilles avec un argument qui semble particulièrement attrayant : les
sinistres sont réglés très rapidement.

Pour les assurés que nous sommes ceci est une bonne chose, mais cela a
comme conséquence de faire payer nos sinistres par notre assureur alors
que nous n’avons peut être aucune responsabilité dans l’affaire.

Lorsque ceci se produit, notre assureur se retournera vers le véritable


responsable du sinistre (ou son assureur) pour ce faire rembourser ce qu’il
a déboursé à tort. On dit qu’il exerce un « recours », et ce qu’il en obtient est
comptabilisé en diminution de charges de sinistres selon le modèle d’écriture
suivant :

40800 Autres assureurs 10 000

6029 Recours et sauvetages encaissés 10 000

2. Les rachats

Le rachat est l’opération par laquelle, à la demande de l’assuré souscripteur,


l’assureur « rachète » la dette conditionnelle ou à terme qu’il a contractée au
terme d’un contrat par un remboursement qui met fin à ce dernier. On est là
évidemment dans le cas de l’assurance de personnes et plus précisément
dans celui de l’assurance vie, car il ne peut y avoir rachat que dans la
mesure où existe une provision mathématique.

On verra plus loin ce qu’est cette provision et ce que cela signifie.

Le montant payé par l’assureur à l’occasion d’un rachat est comptabilisé au


poste « rachats » en charges techniques suivant le modèle d’écriture :

6044 Rachats 10 000

4100 Assurés 10 000

D. Autres charges diverses

Les compagnies d’assurances distribuent souvent leurs produits par le canal


d’intermédiaires. La rémunération de l’industrie de ses derniers se fait par
des versements de commissions correspondant aux frais d’acquisition des
contrats et à leur gestion.

Elles constituent des charges qui, à l’évidence, appartiennent au cycle des


opérations de protection.

6
E. Les provisions techniques de primes et de sinistres

Toute personne qui un jour a arrêté des comptes d’un bilan connaît le mode
de fonctionnement des provisions et leur raison d’être : la constatation de la
dépréciation d’un poste d’actif ou l’anticipation d’une perte probable, ou
encore le rattachement d’une charge ou d’un produit à l’exercice qui l’a vu
naître afin de respecter le principe fondamental de « spécificité de
l’exercice ».

Les provisions techniques ne manifestent pas des diminutions de valeurs,


mais elles s’apparentent aux deux autres types de provisions « classiques »
d’une façon toutefois plus subtile.

Elles ont en fait deux objets :

 Préserver la solvabilité à terme de l’assureur vis-à-vis des assurés


sinistrés qui ont sur lui une véritable créance, provisoirement ni
liquide, ni exigible ;
 Imputer à l’exercice ou ils sont nés les charges et les produits
d’assurance.

On comprend bien leur utilité. Sans doute respecter d’une part la spécificité
de l’exercice, mais d’autre part, et ceci est propre à l’assurance et
essentiellement à l’assurance non vie, prendre en compte le principe même
de la gestion par répartition : le paiement des charges de sinistres avec les
encaissements de primes de la même période.

On notera que si, pour la plupart des branches, la période considérée est
l’année où se produit le sinistre, « l’exercice de survenance » ; c’est l’année
de création d’un contrat, « l’exercice de souscription » qui sera retenu pour
les branches transport-aviation, construction (dommage et responsabilité
civile) et crédit-caution.

Remarque :

La période annuelle pendant laquelle un assureur est « en risque » s’appelle


« l’exercice de compétence ».

1. Les provisions de primes

Il arrive d’acheter un bien à un moment quelconque de l’année et l’assurer


immédiatement. On souscrit alors une police et on paye une prime qui
couvre la période des douze mois qui suivent et qui ne correspond
généralement pas à l’année civile. L’assureur devra donc affecter une partie
de la prime à l’exercice en cours, et l’autre partie à l’exercice suivant par le
jeu d’une « provision pour risque en cours » (PREC).

7
Note : A partir de maintenant, nous considérons que l’exercice social de
n’importe quelle société d’assurances se confond avec l’année civile.

Le calcul du montant de la provision peut être forfaitaire, mais en principe et


en toute rigueur, il devrait être fait prorata temporis en utilisant la méthode
suivante.

Supposons qu’une entrée en risque se fasse le 1er novembre de l’année N


pour couvrir une période de 1 an, moyennant le paiement d’une prime de
1 200 000 F CFA.

Cette prime couvre deux mois de l’année N et dix mois de l’année N+1. On
applique donc un ratio prorata temporis de 2/12 à la prime et on dit que :

 1 200 000 x 2/12 = 200 000 F CFA est une primes acquise à l’exercice
(comptabilisée au compte « primes » en année N) ;

 1 200 000 x 10/12 = 1 000 000 F CFA est une provision de primes
non acquise destinée à couvrir le risque entre le 1er janvier N+1 et le
31 octobre N+1.

Même si les contrats sont nombreux, l’informatique permet aujourd’hui de


faire ce calcul police par police et d’obtenir un montant exact de provisions.

On retiendra que cette provision supplémentaire est affectée au poste


comptable autres provisions techniques, en classe 3.

En comptabilité, le traitement des provisions de primes se fait en fin


d’année, dans le cadre des opérations d’inventaire. Depuis 1995, on ne
prend en compte que la variation nette de ces provisions.

Ainsi, la société avait à son bilan de l’exercice (N-1) une provision pour
primes non-acquises de 100 000 F CFA et que le calcul montre qu’elle doit
être, au bilan de l’exercice (N), de 110 000 F CFA, elle passera au 31
décembre l’écriture d’inventaire:

8
32000 prov pour prime non -acquise 100 000

800000 variation de provision 100 000

Annulation de la provision au 31/12/N-1

800000 variation de la provision 110 000

32000 provision pour primes non acquises 110 000

Constitution de la provision au 31/12/N

Le schéma est évidemment le même pour la provision pour REC :

32001 autres provisions techniques (REC) 100 000

800101 variation de provision 100 000

Annulation de la provision au 31/12/N-1

800101 variation de la provision 110 000

32001 autres provisions techniques (REC) 110 000

Constitution de la provision au 31/12/N

Le fait de constituer des provisions pour primes non acquises et pour


risques en cours a pour effet de diminuer les profits d’un exercice pour les
reporter sur l’exercice suivant. Il existe d’autres provisions de primes qui
augmentent les produits. C’est le cas, en particulier des risques de montant
élevé dont la protection fait l’objet d’un contrat négocié et non d’un contrat
d’adhésion.

Il peut arriver, que parce l’assuré souhaite être tout de suite protégé, l’entrée
en risque se fasse longtemps avant que ne soit créée la police et que ne soit
édité le « bordereau de prime », seule pièce comptable justifiant l’écriture. La
garantie de l’assureur s’exerce pourtant dés l’édition de la lettre de
couverture.

Si dans ce cas, la lettre de couverture est éditée au cours de l’année (N) et le


bordereau de primes est émis au cours de l’année (N+1), il n’en reste pas
moins que les primes versées en (N+1) sont acquises à l’exercice au cours
duquel l’accord des parties au contrat s’est manifesté, soit (N).

On constituera donc une provision de même nature que les « produits à


recevoir » en comptabilité « classique », qui portera le nom sans doute un peu
plus long de : provisions pour primes acquise non émises ou PANE.

9
L’écriture correspondante sera bien sûr, le symétrique de celle passée pour
les PNA :

800000 variation de provision 100 000

32000 provision pour PANE 100 000

Annulation de la provision au 31/12/N-1

32000 provision pour PANE 110 000

800000 variation de provision 110 000

Constitution de la provision au 31/12/N

Note :

On trouve chez certains assureurs l’utilisation directe du compte primes


acquises à la place du compte « variation de provision ».

Les provisions de primes que l’on vient d’étudier sont de simples


ajustements temporels. Elles ne comportent rien par leur nature,
d’aléatoire ou d’incertain. Il en va autrement pour les provisions de sinistres
et singulièrement des plus importantes : les provisions pour sinistres à
payer.

2. Les provisions pour sinistres à payer

On touche ici le cœur même du problème ce qui fait la plus grande difficulté
et peut être le charme de la comptabilité technique.

De nombreux sinistres souvent de faibles montants sont vite évalués, vite


réglés par le versement d’une indemnité compensant exactement et
définitivement le dommage subi par l’assuré, et disparaissent donc vite des
comptes de l’assureur.

La provision pour sinistre à payer (SAP), d’autres parlent de sinistres en


suspens (SES) : c’est « la valeur estimative des dépenses en principal et en
frais tant internes qu’externes, nécessaires au règlement de tous les sinistres
survenus et non payés, y compris les capitaux constitutifs de rentes non
encore mises à la charge de l’entreprise ».

Elle inclut :

 Les sinistres déclarés tardivement et les sinistres survenus mais non


encore connus (ce que l’on trouve souvent le nom de « incurred but not
reported losses » ou IBNR ;
 Les frais futurs pour la gestion des sinistres en suspens.

10
Remarque :

Dans le langage de l’assurance, les mots « payé » et « réglé » ne sont pas


synonymes ; un sinistre est réglé lorsque son coût définitif est connu, et
il reste en suspens jusqu’à ce qu’il soit payé, c'est-à-dire jusqu’au moment
où l’indemnité compensatrice est intégralement versée.

Les principales méthodes techniques d’évaluation des sinistres sont :

a) La méthode dossier par dossier

Considérée comme la méthode de base, elle consiste à reprendre, au moment


de l’inventaire, l’ensemble des sinistres en suspens et à estimer pour chacun
d’eux, le coût probable du sinistre réglé au moment où il sera connu.

On remarquera que cette notion de date définitive de règlement a son


importance : le calcul des provisions pour SAP devra tenir compte de
l’inflation ou plus exactement de la dépréciation monétaire et un coefficient
ad hoc devra être appliqué. En effet, les tribunaux qui déterminent les
indemnités à verser le font généralement à la date de leur décision et non à
la date de survenance du sinistre. Parallèlement, les frais médicaux
nécessités par l’évolution de l’état de santé d’une victime sont payés à une
date postérieure à la date du sinistre, parfois longtemps après.

L’évaluation doit intégrer en plus des frais externes à venir entraînés par le
sinistre (expertises, honoraires d’avocats, etc.), les chargements de gestion
d’un montant forfaitaire de 5% représentant les charges internes engagées
pour administrer les dossiers de sinistres.

Les provisions pour SAP doivent être évaluées brutes.

Note :

Du montant des sinistres à payer, on déduit évidemment les paiements déjà


intervenus sous forme de provisions versées aux assurés sinistrés.

Elles doivent également tenir compte des sinistres déclarés tardivement et


des sinistres survenus et non connus. Pour ces derniers, la commission de
contrôle des assurances autorise l’utilisation de méthodes statistiques
assises sur les sinistres des deux derniers exercices.

Afin de simplifier la comptabilisation et pour mettre une affectation correcte,


les provisions individuelles pour SAP dossier par dossier, sont ensuite
regroupées :

 Par exercice d’assurance (de compétence) ;


 Par branche.

11
Il se peut que le montant de provision calculé comme on vient de le voir
puisse sembler insuffisant au regard du code des assurances qui exige que
les provisions constituées, aussi bien pour les primes que pour les sinistres,
soient suffisantes pour payer les indemnités dues aux assurés.

b) La méthode des coûts moyens

La provision pour SAP sera le produit du nombre de sinistres en suspens à


la date de clôture du bilan par le coût moyen, compte tenu des règlements
déjà effectués et du coefficient de dépréciation monétaire évoqué plus haut.

Pour les sinistres déclarés :

325001 provisions de sinistres 10 000

800121 variation de provisions pour SAP 10 000

Annulation des provisions au 31/12/N-1

Puis :

800121 variation de provisions pour SAP 11 000

325001 provisions de sinistres 11 000

Constitution des provisions au 31/12/N

Pour les sinistres tardifs :

325101 provisions de sinistres (sinistres tardifs) 10 000

800131 variation de provisions pour SAP 10 000

Annulation des provisions au 31/12/N-1

Puis :

325101 variation de provisions pour SAP 11 000

800131 provisions de sinistres(sinistres tardifs) 11 000

Constitution des provisions au 31/12/N

En effet, et comme pour les provisions de primes, les besoins d’analyse


statistique exigent que de telles écritures soient passées branche par
branche (ou sous –branche par sous branche).

12
L’autre difficulté, majeure tient au fait que l’évolution des sinistres, et donc
les provisions pour SAP, doivent être systématiquement rattachées aux
exercices de survenance.

C’est la seule méthode pour pouvoir dégager la sinistralité (le rapport


Sinistres/Primes) de chaque exercice, c'est-à-dire le résultat des opérations
techniques.

A l’inventaire de l’année N et pour une branche donnée, on passera donc :

325001 provisions de sinistres 10 000

800121 variation de provisions pour SAP 10 000

Annulation des provisions au 31/12/N-1

Puis :

800121 variation de provisions pour SAP 11 000

325001 provisions de sinistres 11 000

Constitution des provisions au 31/12/N

Ce mode de comptabilisation permet de disposer du détail des provisions


techniques constituées année après année et donc d’un compte de résultat
par branche sous forme :

Bilan N
Branche B Résultat technique de l'exercice N

Primes acquises à l'exercice 10 000

Sinistres payés 1 000

provisions pour SAP 8 500

Résultat bénéficiaire 500

3. Les provisions pour recours

On a vu que le recours exercé avait pour objet de rapporter un sinistre à


l’assureur de la personne qui en est le responsable. Ils conduisent à un
remboursement des frais exposés et viennent en diminution de la charge de
sinistres. Ce sont donc des produits latents.

On sait que le principe de prudence écarte la prise en compte de tels


produits. Aussi les compagnies d’assurance ne sont-elles pas tenues de
constituer à l’actif de leur bilan des provisions pour ces produits à recevoir.

13
Toutefois, certaines le font pour deux raisons :

 La première est la nécessité de couvrir les engagements techniques par


des éléments d’actif, et la commission des assurances admet
l’utilisation pour ce faire, des provisions pour recours à exercer ;
 La seconde est purement fiscale : les contrôleurs ont tendance à
réintégrer dans les résultats les produits latents mais certains, nés
dans les exercices contrôlés.

Les provisions pour recours à exercer, calculées en amputant les recours


d’un montant forfaitaire de 5% pour frais de gestion, sont comptabilisées
comme suit :

3256 provisions de sinistres 10 000

6029 Recours et sauvetages encaissés 10 000

L’ensemble des provisions techniques que l’on vient d’étudier se pratique


systématiquement dans les assurances non-vie. L’assurance vie présente des
particularités que l’on retrouve naturellement au stade des écritures
comptables.

F. Les provisions techniques de l’assurance vie

Les principales provisions d’assurance vie sont les suivantes :

 La provision mathématique ;
 La provision pour frais de gestion.

S’y ajoute naturellement les provisions pour REC et pour SAP que l’on a
vues plus haut, mais on a tenu d’en parler ici pour tenir des spécificités
propres à la matière.

1. La provision mathématique

On l’a dit, l’assurance vie est une assurance de capitalisation et son aspect
financier d’épargne la distingue nettement de l’assurance non-vie.

Les provisions mathématiques des sociétés d’assurances vie constituent la


différence entre les valeurs actuelles des engagements respectifs pris par
l’assureur et les assurés.

Autrement dit, c’est la différence entre la valeur actuelle du capital souscrit


(ou la rente à payer, elle-même actualisée) et les primes restant à réglé par
l’assuré. Il s’agit là de calculs mettant en œuvre les techniques
traditionnelles des mathématiques financières.

14
La comptabilisation des provisions mathématiques suit le même modèle que
les autres provisions techniques, en faisant toutefois intervenir des comptes
particuliers :

3104 provisions de sinistres 10 000

8000 variation des autres provisions 10 000

Annulation des provisions au 31/12/N-1

Puis :

8000 variation des autres provisions 11 000

3104 provisions mathématiques 11 000

Constitution des provisions au 31/12/N

2. La provision pour frais de gestion

Cette provision est constituée pour faire face à une éventuelle augmentation
des frais de gestion pour les contrats futurs, pour lesquels les chargements
de gestion tarifés seraient insuffisants.

Elle fait intervenir les mêmes comptes et le même modèle d’écriture.

15
Chapitre 2 : LA COMPTABILITE DE LA COASSURANCE

Lorsqu’il s’agit de garantir un risque très important (la flotte ou la


responsabilité civile d’air France, par exemple), et que l’assuré souhaite
garder la possibilité de se retourner par exemple en garantie contre son ou
ses assureurs :

On fera alors intervenir la coassurance, que l’on pourrait assimiler à une


protection « horizontale ».

A. Description de la coassurance

En coassurance, le risque est réparti et placé auprès d’un groupe


d’assureurs, on dit aussi un « pool », qui mettra en place une répartition
entre eux du risque global. Chaque coassureur est individuellement et
personnellement engagé, en droit, envers l’assuré.

Exemple :

Un risque de 1 000 F CFA sera : 10% à la compagnie A, 30% à la compagnie


B, 40% à la compagnie C et 20% à la compagnie D. Chaque compagnie
assure un risque de 100 F CFA pour A, de 300 F CFA pour B, de 400 F CFA
pour C et de 200 F CFA pour D.

La coassurance se pratique sous deux formes :

 La coassurance à quittance séparée ;


 La coassurance à quittance unique ou coassurance en « compte
courant ».

1. La coassurance à quittances séparées

C’est la plus simple. Chaque membre du pool se comporte exactement


comme un assureur vis-à-vis de son assuré. Il émet des bordereaux de
primes et gère les sinistres comme pour ses affaires directes.

2. La coassurance à quittance unique

Dans ce cas, l’un des assureurs concernés est l’interlocuteur auprès de


l’assuré. On dit qu’il est « le chef de file » ou « l’apériteur ». Il souscrit une
police unique avec l’assuré et édite un bordereau de primes unique. Il
encaisse ce dernier et reverse au trésor public la totalité des taxes
d’assurance.

Pour compenser les charges correspondantes à la gestion de l’affaire, il reçoit


une commission d’apérition entre 1,4 et 5% de la prime commerciale.

16
La société apéritrice instruit et administre le sinistre frappant la police
coassurée. Il verse la totalité de l’indemnité et les autres assureurs lui
remboursent leurs parts respectives.

Dans la coassurance, en compte courant, il arrive que les membres du pool


se réunissent en un « groupement de coassurance », on dit aussi un
« consortium » afin d’organiser les modalités de gestion des affaires.

B. La comptabilité des opérations de coassurance

La comptabilisation des opérations de coassurance à quittances séparées ne


présente pas de nouveautés particulières par rapport à ce qui a été vu
jusqu’ici puisque chaque coassureur émet une police et la gère ensuite
comme ses autres affaires directes.

On retrouve donc les mêmes écritures que celles qu’on a examinées plus
haut. En revanche la coassurance en compte courant mérite quelques
développements.

Sans doute sa comptabilité s’apparente-t-elle à celle d’une société en


participation, mais les obligations liées à l’activité d’assurance lui donnent
un tout singulier, qu’il convient d’exposer.

Par souci de clarté, on traitera séparément la coassurance sans intervention


d’un groupement, puis la coassurance avec groupement.

1. La coassurance en compte courant sans groupement

C’est ici à la société apéritrice de gérer la police unique et de renvoyer aux


autres coassureurs les montants qui leur reviennent. C’est donc elle qui
tiendra les comptes de la participation et qui enregistrera :

 Les primes

La totalité des primes est émise par l’apériteur, qui règle à l'État l’intégralité
des impôts d’assurances qui les encaisse. Il y a deux façons de comptabiliser
les primes :

a) Au 100 %

41000 Assurés 1 100

70200 Primes émises 1 000


43500 Etat (impôts d'assurance) 100

17
Puis, dans un second temps il répartira le produit entre les coassureurs
(avec, par exemple une répartition de 10% pour lui, 30% à la compagnie B,
40% à la compagnie C, et 20% à la comptabilité D ;

70200 Primes coassurances 900

40800 Coassurance cédée B 300


40801 Coassurance cédée C 400
40802 Coassurance cédée D 200

b) A la part

L’apériteur ne comptabilise que ce qui lui revient :

41000 Assurés 1 100

70200 Primes émises (1000 x 10%) 100


40800 Coassurance cédée B 300
40801 Coassurance cédée C 400
40802 Coassurance cédée D 200
43500 Etat (impôts d'assurances) 100

Note :

Les coassureurs enregistreront les primes qui leur reviennent par une
écriture de la forme suivante (pour B, par exemple) :

40800 Coassurance acceptée 300

70200 Primes émises 300

 Les commissions d’apérition

40800 Coassurance cédée B 60


40801 Coassurance cédée C 80
40802 Coassurance cédée D 40

61260 Honoraires et commissions 180

 Les sinistres payés :

On aura évidement des écritures « symétriques » (par exemple à la part, et


pour un sinistre de 1 000 F CFA.

18
40800 Coassurance cédée B 300
40801 Coassurance cédée C 400
40802 Coassurance cédée D 200
60200 Sinistres payés 100

41000 Assurés 1000

 Les autres éléments techniques :

On se retrouve ici dans un domaine familier puisqu’ils suivent les modèles


déjà rencontrés.

Il en est ainsi des provisions techniques qui doivent être appréciées et


comptabilisées comme en assurance directe. On verra ci-dessous qu’elles
connaissent, malgré tout, un traitement particulier quand intervient un
groupement de coassureurs.

2. La coassurance en compte courant avec intervention d’un


groupement

Le groupement apparaît comme un organisme de répartition et de


compensation qui assure la liaison entre la société apéritrice et les autres
membres du pool.

L’apériteur comptabilise ses opérations à part, et fait jouer le compte courant


du groupement, y compris pour les provisions techniques.

On aura ainsi par exemple, pour les primes :

41000 Assurés 1 100

70200 Primes émises (100 x 10%) 100


40805 Coassurance cédée (C/c groupement) 900
43500 Etat (impôts d'assurances) 100

Et pour les provisions pour SAP :

40805 C/c du groupement X

40800 Part des coassureurs dans les SAP X

Comme on l’a dit plus haut, l’information fournie par le groupement quant
aux provisions techniques suffit à justifier l’écriture chez les coassureurs.

19
CHAPITRE 3 : AUDIT DES ETATS REGLEMENTAIRES C4 ET C5
COMPTABLES DES SOCIETES D’ASSURANCE

Avant d’aborder le contrôle des états comptables réglementaires des sociétés


d’assurances, il convient de revoir les notions relatives à la confection de
certains états essentiels du dossier annuel de clôture d’une société
d’assurance. En effet comme pour l’audit et le contrôle de gestion des
sociétés commerciales et industrielles où il est nécessaire, pour comprendre
d’avoir appris la comptabilité générale, il importe pour comprendre les
notions évoquées dans ce cours, de maîtriser les particularités de la
comptabilité des entreprises d’assurances.

1. Audit de la couverture des engagements réglementés

La cohérence de l’état C4 avec L’état C5 avec le bilan doit toujours être


vérifiée. Il s’agit de vérifier que la société satisfait aux règles du code CIMA
portant sur la couverture des engagements réglementés. Il s’agit de vérifier
que :

 Les règles d’évaluation sont respectées (335-12). Ce contrôle est


effectué au niveau du contrôle de cohérence. Pour la suite on
retiendra les actifs pour les valeurs inscrites à l’état C5,
éventuellement rectifiées pour tenir compte des règles d’évaluation.

 Les règles de dispersion sont respectées (335-1 à 4). Pour


l’appréciation du total des actifs représentatifs, il faut donc considérer
que les actifs définis aux alinéas 1 à 6 de l’article 335-1 sont admis en
représentation des engagements réglementés à hauteur des maxima
fixés à l’article 335-4.

20
On remplira le tableau ci-dessus :

Catégorie Valeur de couverture des valeur maximale admise Valeur retenue en


actifs représentatifs en couverture par actif couverture

Actifs 1
Actifs 2

Total

 Les règles de limitation globale (article 335-1) sont respectées. Pour


l’appréciation du total des actifs représentatifs, il faut donc considérer
que les actifs définis aux alinéas 1 à 6 de l’article 335-1 sont admis en
représentation des engagements réglementés à hauteur des maxima
fixés par ces mêmes alinéas. On remplira donc le tableau ci-dessous :

Catégorie Valeur totale des Montant maximum admis Valeur retenue en


actifs de la catégorie en couverture couverture

35-1-1°
35-1-2°
35-1-3°
35-1-4°
35-1-5°
35-1-6°

Total

Le montant total des actifs admis en représentation (éventuellement rectifié


pour tenir compte des règles de dispersion et de limitation) est supérieur au
montant total des engagements réglementés (éventuellement corrigé). Pour
ce faire, on renseignera le tableau suivant :

N-2 N-1 N

Actifs représentatifs (1)


Engagements réglementés (2)
Ratio de couverture (1)/(2)

21
Dans un cas plus général, on examinera la couverture des engagements
réglementés, sans tenir compte des règles de dispersion et de nature, et dans
un second temps, on procédera à l’analyse en application des règles de
dispersion et de nature. Ces analyses se feront à travers les états
statistiques C4 et C5.

1.1 Intérêt des états C4 et C5

Leur intérêt n’est pas toujours bien perçu par les dirigeants des sociétés
d’assurance qui n’y voient qu’une exigence légale. Pourtant, il s’agit sans nul
doute d’un instrument de mesure de la couverture des engagements de la
société.

1.1.1 L’état C4

Il indique de quelle manière, les engagements de l’entreprise sont couverts.

 Sa première partie est une ventilation des engagements que la société


se doit de couvrir. Cette partie est parfois renseignée de façon
incomplète par l’entreprise qui n’y portent que les provisions
techniques et parfois les taxes dues à l'État.
 Cette négligence, qui se traduit par une minoration des engagements
bénéficiant d’un privilège supérieur à celui des assurés et bénéficiaires
de contrats, peut être lourde de conséquence ; la société ayant, à tort,
l’impression qu’elle couvre correctement ses engagements

 Sa seconde partie recense, par grandes masses, les placements de


l’entreprise.

 Dans sa troisième partie, une estimation des valeurs réalisables


susceptibles de se transformer en actifs vient compléter le catalogue
de placement.

Pour une meilleure lisibilité, l’état C4 doit être complété par l’état C5.

1.1.2 L’état C5

Son intérêt réside dans le fait qu’il donne un inventaire exhaustif de tous les
actifs de l’entreprise et permet, par comparaison des trois valeurs prévues
pour chacun d’eux, d’évaluer les plus-values latentes de l’entreprise.

Au-delà d’une sous couverture brute de ses engagements, l’appréciation des


ressources additionnelles, sous forme de plus-values latentes que pourrait
générer la réalisation de certains actifs permet d’atténuer le besoin de
financement de la société.

L’autre grand indicateur de la situation financière d’une compagnie


d’assurance est la marge de solvabilité. Son estimation revêt une importance

22
de tout premier ordre car une marge déficitaire est souvent le signe d’une
insuffisance de fonds propres qui peut résulter soit d’une exploitation
déséquilibrée soit d’une faiblesse du capital social.

2. Modèle des Etats C4 et C5

Voir tableau Excel

23

Vous aimerez peut-être aussi