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VAN-LANDUYT Bryan

NIP : 11835424

LICENCE PROFESSIONNELLE

ASSURANCE BANQUE FINANCE

PROJET TUTEURÉ:

LES POLITIQUES MONÉTAIRES DE LA BANQUE CENTRALE EUROPÉENNE :


POUR QUELLES EFFICACITÉS?

Session 2020.

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SOMMAIRE.

Introduction …………………………………………………………………………………..
1

I La BCE : Les enjeux……………………………………………………………………….


2
A - Les objectifs de la BCE. ………………………………………………………………
2
a) La BCE comme institution. ………………………………………………………………
2
b) Le triple mandat de la BCE ………………………………………………………………
4
B - Les différentes politiques de la BCE. ……………………………………………….
7
a) Les politiques conjoncturelles de la BCE. ………………………………………………
7
b) Les politiques structurelles de la BCE. ………………………………………………….
10
c) Les mesures non conventionnelles de la BCE. …………………………………………
12

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INTRODUCTION

C'est durant la seconde partie du XXéme que naît la CEE, Communauté Economique
Européenne, par la signature du traité de Rome, le 25 mars 1957. Dans un premier temps,
il est seulement question de faciliter les échanges commerciaux entre pays signataires.
Puis, la conclusion du système Breton Woods, accords financiers permettant la
reconstruction de l'Europe après la seconde guerre mondiale, permet à ces mêmes états
signataires de construire les prémices d'une coopération monétaire. Ces discussions
aboutissent au traité de Maastricht en 1992. Ce traité va structurer l'Union Européenne
(U.E.) autour de trois piliers que sont, les communautés européennes, la politique
étrangère et de sécurité commune ainsi que la coopération policière et judiciaire pénale.
Maastricht permet également la mise en place de la citoyenneté européenne, le
renforcement des pouvoirs du Parlement Européen et institue l'Union Economique et
monétaire. Depuis le 1er janvier 1999, la monnaie unique est instaurée. "Le premier pas"
permettant la création de la Banque Centrale Européenne (BCE) est constitué par la
décision en 1998 de la mise en place de l'Union Economique et Monétaire. En effet,
l'Union Economique et Monétaire permet notamment la liberté de circulation des capitaux
en Europe nécessitant une autorité commune pour les pays de la zone Euros. La Banque
Centrale Européenne sera donc créée afin de gérer la monnaie unique, qu'est l'Euros,
mais également pour élaborer et mettre en oeuvre la politique économique et monétaire
de l'U.E. Ainsi, la BCE conduira des politiques monétaires afin d'atteindre l'objectif du
mandat, à savoir, la stabilité des prix. Ces politiques sont dites "conventionnelles" comme
les interventions sur les taux directeurs et "non conventionnelles" telles que les
Quantitative Easing (Q.E.).

Ainsi, on peut s'interroger sur l'efficience des différentes politiques monétaires menées
par la BCE.

Afin de répondre à cette interrogation, nous étudierons tout d'abord les enjeux, les
objectifs ainsi que les politiques de la BCE. Pour ensuite, analyser l'efficacité de la mise
en oeuvre des politiques monétaires.

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LA BCE : LES ENJEUX.

A - Les objectifs de la BCE.

a) La BCE comme institution.

La Banque Centrale Européenne siège à Francfort. Elle est présidée aujourd’hui par
Christine Lagarde qui représente la banque lors des réunions européennes.

Il existe trois instances de décision au sein de la BCE :

- Le conseil des gouverneurs. 



Ce conseil est l’organe principal de décision de la BCE. Il est composé : des six
membres du directoire, et des gouverneurs des banques centrales nationales de la
zone euro.

Les membres du conseil ont plusieurs missions. D’abord, Il accomplit les missions
confiées à la BCE en orientant leurs décisions dans ce but. Ensuite, il élabore les
politiques monétaires en intervenant sur les taux directeurs et également sur le niveau
des réserves de change. Et enfin, il exerce le contrôle bancaire dans le cadre de la
surveillance prudentielle sur les banques systémiques.

Le conseil des gouverneurs a pour habitude de se réunir deux fois par mois. Au cours
de ces réunions, il prends des décisions de politique monétaire pour les six semaines à
venir. Il examine également les questions qui sont en rapport avec les autres missions
et responsabilités de la BCE. Après, ces réunions, une conférence est donnée par la
présidente de la BCE, afin de rendre public les décisions concernant la politique
monétaire de l’UE. 

Comme l’explique E.Favarque : « Il est important de comprendre pourquoi la délégation
de la politique monétaire implique le recours à des comités de politique monétaire et
non à un banquier unique  ». En effet, «  sur les 101 banques centrales étudiées par
Lybek et Morris, 95 avaient dans leurs statuts des règles de composition d’un comité
décisionnel, dont la taille médiane était comprise entre sept et neuf »(1)



(1) Etienne Farvaque, La Banque Centrale Européenne, Repères, La découverte, pages 5




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C’est pourquoi «  Le FMI inclut désormais la présence d’un comité de politique
monétaire. Les justifications théoriques à la création d’un tel comité s’accordent avec
l’argument avancé par Blinder, selon lequel la seule présence d’un comité va rendre
plus difficile la domination de points de vue extrêmes ».(2)

- Le directoire. 

Celui-ci se compose de la présidente de la BCE, du vice-président et de quatre autres
membres. Ces derniers sont « nommés par le Conseil Européen, statuant à la majorité
qualifiée ».(3) 

Comme pour le conseil des gouverneurs, le directoire a plusieurs missions dont la
préparation des réunions du Conseil des gouverneurs. Il met également « en oeuvre la
politique monétaire de la zone euro conformément aux orientations et aux décisions
arrêtées par le conseil des gouverneurs. Dans ce cadre, le directoire donne les
instructions nécessaires aux BCN (banque centrale nationale) de la zone euro  ».(4) Et
pour finir, il exerce un pouvoir réglementaire qui lui est délégué par le conseil des
gouverneurs. 


Les membres actuels du directoire sont : Christine Lagarde, Luis de Guindos, Fabio
Panetta, Yves Mersch, Isabel Schnabel et Philip R. Lane. Ces derniers sont affectés
pour un mandat d’une durée de huit ans qui n’est pas renouvelable. 


- Le conseil général. 

La composition de ce conseil est beaucoup plus vaste. En effet, il est composé de la
présidente de la BCE, du vice-président, ainsi que de tous les gouverneurs des
banques centrales nationales des vingt-sept États membres de l’UE. 

Le conseil général a plus une mission consultative et analytique. Toutes les banques
centrales nationales de l’Union Européenne sont représentées dont celles des huit pays
qui n’ont pas adhéré à la monnaie unique. Ainsi, les banques centrales hors zone euro
seront présentes au conseil général. 



(2) Etienne Farvaque, La Banque Centrale Européenne, Repères, La découverte, pages 5

(3) https://www.ecb.europa.eu/ecb/orga/decisions/eb/html/index.fr.html

(4) https://www.ecb.europa.eu/ecb/orga/decisions/eb/html/index.fr.html


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Ainsi, il contribue notamment : 

-> aux fonctions consultatives.

-> à collecter les information statistiques. 

-> à établir les rapports annuels de la BCE. 

-> à définir les conditions d’emploi du personnel de la BCE. 


La Banque Centrale Européenne gère les politiques économiques et monétaires de
l’Union Européenne et la monnaie unique qui est l’euro. Ces dernières ont pour objectif
principal la stabilité des prix afin de veiller à la croissance économique des pays membres

ainsi qu’à la création d’emplois.

Ainsi la BCE remplit plusieurs missions :

- Autorisation de la production de billets.

- Surveillance de l’évolution des prix.

- Gère les réserves de devises étrangères et l’achat/vente de ces dernières afin


d’équilibrer les taux de change.

- Fixation des taux d’intérêts.

- Assurance de la sécurité des banques du système européen.

b) Le triple mandat de la BCE.

La BCE poursuit trois objectifs que l’on appelle « mandats » :

- La stabilité des prix. En effet, celle ci est dictée par l’article 127 du traité de l’Union
Européenne, et en fait l’objectif principal de cette institution : «  l’objectif principal du
Système européen de banques centrales, ci-après dénommé SEBC, est de maintenir la
stabilité des prix.  »(5) Cet objectif de stabilité des prix est représenté par un taux
d’inflation qui doit tourner autour de 2%. En effet, depuis 1983 les salaires ne sont plus
indexés, donc si l’objectif était de 4% ou 8% par exemple, les ménages auraient vu
leurs salaires fondre. Egalement, si on avait mis 0%, cela aurait été la  «  mort  » du
rentier. Ainsi, l’objectif de la stabilité des prix est de protéger les capitaux. 

De plus, une inflation élevée peut-être néfaste pour la croissance économique de la
zone euro. 

(5) Journal officiel des Communautés européennes (JOCE). 29.07.1992, n° C 191. [s.l.]. ISSN 0378- 7052.
"Traité sur l'Union européenne »

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En effet, si les prix venait à augmenter de manière généralisée alors les salariées
verraient leur pouvoir d’achat fortement baissé, ce qui les conduiraient à demander une
augmentation de salaire à l’entreprise qui les emploie. Ainsi, si chaque salarié demande
cela à leurs employeurs respectifs, cela conduirait à ce que ces derniers augmentent
également le prix des biens qu’ils produisent, ce qui alimentera donc cette spirale
inflationniste. La conséquence à cela est que la confiance en la monnaie se détériore
rapidement et donc que les agents n’aient plus la possibilité de planifier des
investissements futurs. 


- La croissance économique. Celle-ci est reléguée au second rang des objectifs de la


BCE comme l’énonce l’article 127 du traité de l’Union Européenne : « Sans préjudice à
l’objectif de stabilité des prix, le SEBC apporte son soutien aux politiques
économiques générales dans l’Union, en vue de contribuer à la réalisation des objectifs
de l’Union, tels que définis à l’article 3 du traité sur l’Union européenne ... »(6). En effet,
la BCE maintient son engagement envers la croissance économique des pays
membres de l’UE. Par ailleurs, une série de mesure ont récemment été prises afin que
de soutenir celle-ci. Les taux directeurs sont au plus bas depuis 3 ans, et seront encore
baissés, et en particulier l’un d’entre eux, qui est la réserve excédentaire que les
banques de second rang détiennent au sein de la BCE. Effectivement, le taux de cette
dernière était de -0,40% et sera de -0,50%, ce qui incitera encore plus les banques à
investir leurs liquidités dans l’économie réelle pour soutenir l’investissement et la
croissance. Lors de son premier discours au Parlement européen, la nouvelle
Présidente de la BCE explique que la croissance en zone euro reste faible mais que la
politique très accommodante de la BCE a permis à la consommation de ne pas
s’essouffler.


- Régulation de la monnaie en circulation. Depuis la décision du conseil de l’Union


Européenne du 15 octobre 2013, la BCE a un rôle en matière de régulation financière,
en travaillant bien évidemment avec les organismes et les institutions internationales.
En effet, cette décision intervient suite aux récentes crises économiques que l’Europe a
connu : « la crise a montré qu’une simple coordination ne suffisait pas, notamment
dans le cadre d’une monnaie unique. 


(6)Journal officiel des Communautés européennes (JOCE). 29.07.1992, n° C 191. [s.l.]. ISSN 0378- 7052.


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«  Traité sur l'Union européenne  » Par conséquent, afin de préserver la stabilité
financière dans l’Union et d’accroître les effets positifs de l’intégration du marché sur la
croissance et la prospérité économique, il convient d’intégrer davantage les
compétences en matière de surveillance.  »(7) Dans son rôle de superviseur, la BCE
utilise deux outils : le premier est le mécanisme de résolution unique (MRU), par lequel,
elle peut gérer la défaillance d’une banque. Le second est le mécanise de supervision
« micro-prudentielle » (MSU) qui lui permet de superviser les grands groupes bancaires.

Comme l’explique le traité de l’Union Européenne, l’atteinte de ces trois objectifs est
hiérarchisée. En effet, comme dit précédemment, la stabilité des prix est l’objectif
principal alors que la croissance économique est reléguée au second rang. Cependant,
alors que la BCE n’a pas de double mandat à proprement parlé, Friedman «  considère
que les banque centrales jouent un rôle tout aussi important pour assurer la stabilité des
prix que pour assurer la croissance de la production.  »(8) Puisque la définition de la
stabilité des prix ou du niveau optimal d’inflation n’est pas clairement établie, la BCE
dispose d’ores et déjà de marges de manœuvre suffisantes pour articuler son action de
façon adaptée en fonction des objectifs d’emploi et d’inflation.

C’est pourquoi, pour la BCE, la théorie veut qu’elle est un unique mandat qui est la
stabilité des prix, mais implicitement, elle exerce un double mandat.

En effet, en pratique comme l’a expliqué Castro : «  la BCE a réagit de manière


significative à l’écart du taux d’inflation d’une cible ainsi qu’à l’écart de production.  »(ç)
Enfin, depuis 2014, La BCE supervise le système bancaire des grands groupes bancaires
Européens, et peut gérer la défaillance d’une banque. Ainsi, on peut, aujourd’hui affirmer
qu’implicitement, la BCE poursuit un triple mandat : stabilité des prix, croissance
économique, et régulation financière.

(7)Journal Officiel de l’Union Européenne. 15.07.2013. Règlement UE n°1024/2013 du conseil.

(8)Friedman B. M., 2008, « Why a Dual Mandate is Right for Monetary Policy », International Finance, vol. 11,
n° 2, pp. 153-165.

(9)Castro V., 2011, « Can Central Banks’ Monetary Policy be Described by a Linear Augmented Taylor Rule
or by a Non-linear Rule? », Journal of Financial Stability, vol. 7, n° 4, pp. 228-246

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B - Les différentes politiques de la BCE.

a) Les politiques conjoncturelles de la BCE

Une politique conjoncturelle est une politique à court terme qui touche un domaine en
particulier : l’économie. Limitée dans le temps, son principal objectif est de favoriser la
stabilité de l’économie, en cas de conjecture considérée à risque.

Les politiques conjoncturelles de la BCE impliquent différentes choses. En effet, il faut


que les pays membres mènent leur politique conjointement, c’est à dire, qu’ils n’ont pas
la main sur les politiques monétaires qui sont menées indépendamment par la BCE. 

Il existe deux types de politique conjoncturelle menée par cette dernière :

- Les politiques budgétaires : «  Considérant que l’union monétaire implique déjà le


transfert de l’initiative de la politique monétaire à la BCE, les pays ne souhaitent pas
renoncer à leur autonomie en matière de politique budgétaire »(10). Mais malgré tout, il
faut savoir qu’un pays qui veut adopter l’euro comme monnaie officielle, doit respecter
un certain nombre de critères dont certains concernent la politique budgétaire des
Etats. En effet, Il avait été décidé que le déficit budgétaire doit être limité à 3% du PIB.
D’autres critères touchent la dette publique des pays voulant adopter l’euro ne doit pas
dépasser 60% du montant de son PIB. Ces critères de convergence ont été mis en
place afin que les pays qui souhaitent faire de l’euro leur monnaie nationale, le fassent
en toute sécurité. Ainsi, ces derniers ont empêché la Grèce d’intégrer l’euro en 1999.
Mais premièrement, «  ces règles représentent des critères d’entrée : il sera toujours
possible aux pays de devenir plus laxistes une fois entrés dans l’UEM ».

Puis deuxièmement, comme l’a expliqué Begg et al « ces critères sont arbitraires : une
dette de 60% du PIB représente la dette moyenne de la CE pour l’année 1991. »(11)Si
nous reprenons le cas de la Grèce, cette dernière a une dette publique d’un montant
équivalent à 160% de son PIB. Aussi, la France a toujours dépassé les 3% maximum
fixés pour le déficit public entre 2007 et 2017 . La crise de 2008, impacté fortement les
niveaux d’endettement et déficit des pays membres. 



(10)Brociner Andrew, « L'Union monétaire européenne : une revue de la littérature théorique », Revue de
l'OFCE, 1993/1 (n° 43), p. 349-36.

(11)BEGG, D. etal., 1991 : « Monitoring European Integration the Making of Monetary Union »


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Ainsi, le 2 mars 2012, le «  pacte budgétaire européen  » a été signé par 25 Etats
membres, et celui-ci est entré en vigueur le 1er janvier 2013. 

Ce pacte va permettre de limiter le recours à l’emprunt par les pays signataires, en
effet, ces derniers vont être contraints de financer leurs dépenses par leurs recettes.
« Son objectif est de renforcer le pilier économique de l’Union Européenne et monétaire
(…), la coordination de leurs politiques économiques et la gouvernance de la zone
euro  »(12). Ainsi, avec ce pacte, l’engament des pays est d’avoir des budgets en
équilibre ou en excédent, c’est qu’on l’on appelle la « règle d’or ». Si l’un des pays ne
respecte pas, il recevra, au préalable, des avertissements de la part de l’UE, qui
peuvent ensuite se transformer en une amende qui s’élèvera jusqu’a 0,1% du PIB du
pays concerné. 


- Les politiques monétaires : Celles-ci permettent aux autorités monétaires, ici la BCE
qui prend seule les décisions concernant ces politiques, d’agir sur l’activité
économique. L’objectif principal de ces politiques est d’aborder la stabilité des prix qui
est considérée comme primordiale au développement économique de l’Europe. Grâce
à cet objectif, il est possible d’essayer d’en atteindre d’autres tels que la croissance, le
plein emploi, et l’équilibre du commerce extérieur. Les politiques monétaires
permettent de réguler la masse monétaire en circulation grâce à la modification des
taux d’intérêts. «  La politique optimale consiste pour la banque centrale à réagir de
manière systématique aux évolutions de l’inflation et de la production »(13). 

C’est donc grâce à aux politiques monétaires mises en place par la BCE, que l’objectif
du taux d’inflation de 2% est atteint.

Pour cela, cette dernière utilise plusieurs outils: 

-> Les taux directeurs. En effet, ce sont les taux auxquels les banques de second
rang vont pouvoir se refinancer. C’est comme cela que la BCE fixe le coût du crédit. 

Ensuite, les banques de second rang mettent en place les taux d’intérêts pour les
ménages et les entreprises. Ainsi, si les taux d’intérêts sont faibles alors le nombre de
crédits sera important, et il y aura donc un risque d’inflation.



(12)https://www.touteleurope.eu/actualite/qu-est-ce-que-le-pacte-budgetaire-europeen.html


(13) Bordes Christian, «  II. La logique macroéconomique de la politique monétaire  », dans : Christian
Bordes éd., La politique monétaire. Paris, La Découverte, « Repères », 2008, p. 24-40.


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Et inversement, si les taux d’intérêts sont élevés alors le nombre de crédits sera peu
important, et il y aura donc un risque de récession. Aujourd’hui, après la décision du
conseil des gouverneurs de la BCE, les taux directeurs resteront inchangés. C’est à
dire, qu’ils seront à nouveau de 0% pour pour les refinancements des banques de
second rang, de 0,25% pour les facilités de prêt marginal et enfin de -0,5% pour la
facilité de dépôt qui on le rappelle constitue la réserve excédentaire des banques. Lors
de ce conseil, il a également été décidé que les taux ne changeront tant que l’inflation
ne revienne pas à un niveau légèrement inférieur à 2%. 

-> Les opérations d’open market. Elles consistent par des achats ou des ventes de
titres ou par des prêts à court terme de l’Eurosystème aux banques. Le taux directeur
est le taux appliqué pour les opérations d’open market, alors que pour l’achat et la
vente de titres, ceux qui sont acceptés sont les titres de dette publique ou des
obligations privées de bonnes qualités.

->Les réserves obligatoires. En effet, ces réserves permettent à la BCE d’avoir un
levier d’action pour l’Eurosystème. Les banques de second rang constituent ces
réserves obligatoires auprès de leur banque centrale nationale respective. Le volume
que représente ces réserves est calculé en fonction des dépôts effectués par les
clientèles de ces banques. L’objectif est que sur le marché monétaire le taux d’intérêt
soit stabilisé mais également de créer un besoin structurel de liquidités.


Voici un schéma résumant l’action des politiques monétaires de la BCE sur la
stabilisation des prix :

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Durant la crise sanitaire du coronavirus, contrairement à la crise de 2008, la BCE a réagit
immédiatement afin que cette crise ne se transforme en crise économique, monétaire et
sociale. Habituellement, la réponse d’une banque centrale à une crise économique est la
baisse des taux d’intérêt directeurs. En effet, cette diminution est censée se répandre
dans toute l’économie via les taux des banques de second rang. La réduction des taux
permet, normalement, de dynamiser le crédit, et par conséquent l’investissement et la
consommation afin de soutenir la croissance économique. Mais aujourd’hui, la BCE n’a
pas baissé ses taux directeurs, puisque ceux-ci sont déjà à 0%. C’est pourquoi, la BCE
va de nouveau avoir recours à des mesures non conventionnelles.

b) Les politiques structurelles de la BCE.

Les politiques structurelles sont des politiques qui visent le moyen et le long terme. Elles
ont pour but de transformer le système économique afin d’en améliorer le
fonctionnement. Les objectifs sont la croissance et la compétitivité. 

Dans le cas de l’Union Européenne, ils cherchent à renforcer la concurrence afin
d’améliorer le fonctionnement des marchés et d’atteindre un niveau de croissance
équilibrée. Comme nous le savons, la BCE est en charge des politiques monétaires pour
atteindre sur le court ou moyen terme un niveau d’inflation ne dépassant pas les 2%,
mais cela ne peut être atteignable uniquement avec des politiques qui ont des
répercutions sur le court terme. C’est pourquoi, sur le long terme les politiques
monétaires ne suffisent pas, et il faut qu’elles soient accompagnées par d’autres
politiques « en particulier en ce qui concerne l’obtention d’une croissance équilibrée. Les
réformes structurelles sont donc fondamentales pour garantir la croissance future de
l’Europe et renforcer l’Union économique et monétaire. C’est la raison pour laquelle la
BCE étudie et mène des travaux de recherche dans ce domaine  »(14). C’est pourquoi,
d’après Mario Draghi, ancien président de la BCE, « une faible croissance potentielle peut
avoir une influence directe sur les instruments de politique monétaire disponibles pour
remplir son mandat. En effet, une faible croissance potentielle implique un taux d’intérêt
réel d’équilibre plus bas, ce qui signifie que, dans le cas d’un écart de production négatif,
les taux directeurs nominaux doivent être encore plus bas afin de ramener la production
vers son potentiel.


(14) https://www.ecb.europa.eu/explainers/tell-me/html/what-are-structural_reforms.fr.html

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Il est alors très probable que la politique de la banque centrale se heurte aux contraintes
imposées par le plancher effectif des taux d’intérêt qui s’établit à un niveau à peine en-
dessous de zéro. La nécessité de recourir de façon répétée à des politiques non
conventionnelles pour remplir notre mandat est alors encore plus probable  »(15). Ainsi,
durant son discours, il expose clairement le fait que les politiques structurelles ont un
impact non négligeable sur l’efficacité des politiques monétaires mises en place par la
BCE.

En effet, ces politiques structurelles sont essentielles pour plusieurs raisons comme la
capacité de résistance aux chocs. Celle-ci est cruciale, en effet, elle permet d’éviter un
chômage structurel durable, et des divergences économiques permanentes. Ainsi, elle a
des impacts importants sur le mandat principal de stabilité des prix.

D’ailleurs, plusieurs analyses démontrent l’importance des politiques structurelles sur


l’objectif de stabilité des prix de la BCE, comme nous l’expliquent Pierre Jacquet et Jean
Pisani-Ferry : « la BCE a pour objectif de contrôler l’inflation moyenne de la zone. Si seule
la politique monétaire avait un effet sur l’inflation, il n’en résulterait aucun besoin de
coordination. Mais ce n’est évidemment pas le cas : les politiques budgétaires nationales,
ou les politiques structurelles, affectent les prix nationaux et donc l’inflation moyenne
dans la zone euro. Toute politique inflationniste (ou désinflationniste) dans un pays est
susceptible d’avoir un impact sur la politique monétaire commune, notamment lorsque ce
pays est l’un des grands de la zone.  »(16) Pour être plus précis sur les impacts d’un
manque de coordination des politiques structurelles entre les Etats membres, ce serait
l’indépendance de la BCE qui serait menacée comme le précise Laurence Boone : «  la
possibilité de défaut d’un État membre met la BCE sous forte pression pour le sauver.
Avec l’intégration financière favorisée par la monnaie unique, le défaut d’un pays aurait en
effet des conséquences sur tous les systèmes bancaires et financiers de la zone. Une
telle situation nécessiterait alors l’intervention de la BCE qui doit assurer, outre la stabilité
des prix, la stabilité financière. Les pays menacés de défaut pourraient faire pression sur
la BCE pour monétiser leurs dettes.

(15) Discours d’ouverture de M.  Mario Draghi, Forum de la BCE consacré à l’activité de banque centrale
Sintra, le 22 mai 2015.

(16) Pierre Jacquet et Jean Pisani-Ferry ,La coordination des politiques économiques dans la zone euro, La
Documentation Française, 2000, pages 11 à 40(

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C’est à la fois l’indépendance de la BCE, la bonne conduite de la politique monétaire et la
stabilité de la zone euro tout entière qui seraient menacées. »(17)

Ainsi, une coordination des politiques structurelles aurait un rapport favorable sur la
croissance économique, et ne remettra pas en cause l’indépendance de la BCE , mais
cette coordination dépend aujourd’hui uniquement de la souveraineté nationale des pays
membre sur leurs décisions en matière de politique structurelle.


c) Les mesures non-conventionnelles de la BCE.

Les banques centrales peuvent dès lors que la situation le permet prendre des mesures
non conventionnelles, souvent c’est en cas de risque de déflation, crise de confiance en
la monnaie, ou encore la faillite d’une banque. Depuis la crise de 2008, la Banque
centrale Européenne a pris des mesures inhabituelles pour lutter contre celle-ci. En effet,
elles ont pris différentes formes :

- Des taux directeurs négatifs. Ceux-ci ont été baissés par la BCE, et en mars 2016 ils
atteignaient 0%. En faisant cela, les banques de second rang impactent les produits de
placement et les rendent moins attrayants pour les ménages ou les entreprises.

De plus, ces banques ont deux réserves à la BCE. La première est la réserve
obligatoire, qui calculée en fonction des dépôts de leurs clientèles, et qui rémunère les
banques aux taux de refinancement, qui est donc de 0%. La deuxième est la réserve
excédentaire, ce sont des sommes plus importantes que les banques de second rang
peuvent déposer à la BCE, qui sont rémunérés à un taux que l’on appelle « la facilité de
dépôt », qui est de -0,5%. Si la BCE applique un taux négatif de rémunération sur ce
compte de réserve excédentaire, c’est pour une raison bien précise, en effet, cela
permet d’inciter les banques de second rang d’injecter leurs liquidités dans l’économie
plutôt que de placer cet argent sur ce compte à la BCE.


- Les LTRO. Ce sont les opérations de refinancement sur le long terme de la BCE, qui
est une mesure non conventionnelle. Ils permettent aux banques de second rang de se
refinancer sur le long terme pour qu’elles puissent augmenter leur activité de crédit aux
entreprises et aux ménages de la zone euro. 

(17) Boone, Laurence. «  Coordination des politiques économiques en Europe  », Revue d'économie
financière, vol. 103, no. 3, 2011, pp. 257-276. 


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Ces opérations de refinancement permettent de faire baisser le taux d’inflation. Les
banques peuvent emprunter jusqu’à 30% maximum de leur encours de prêts aux
entreprises et aux consommateurs. «  Les banques prêtant davantage à l’économie
réelle pourront donc emprunter plus, et à un taux d’intérêt plus faible que celui que la
BCE propose habituellement.  »(18) Ainsi, ces opérations montrent l’orientation très
accommodante des politiques monétaires de la BCE. 


- Les APP. C’est un programme d’achats massifs d’actifs. Il vient faire face à un risque
d’inflation trop faible. Ces achats d’actifs en comptent différents types : des titres émis
par des instituions supranationales, des obligation d’Etat, mais aussi des autres du
secteur privé, ou encore des titres et des obligation que l’ont dit «  sécurisés  ». Ce
programme va de 15 millards à 80 millards d’euros par mois depuis qu’il a été mis en
place. D’ailleurs, pour cette année, un budget de 20 milliards d’euros a été assigné à
ce programme. En effet, en temps normal, pour agir sur l’économie réelle et sur
l’inflation, la BCE joue sur la modification des taux directeurs. C’est à grâce à ces trois
canaux ci-dessous que les APP vont influencer le taux d’inflation et la croissance
économique : 

-> Accroissement de la demande des actifs : c’est une des répercutions directes de
cette politique. En effet, tous les actifs achetés par la BCE ont un lien avec avec les
prêts que les banques injectent directement l’économie réelle en prêtant aux ménages
et aux entreprises, ce qui poussent les établissements de crédit à donner plus de prêts,
qui par suite, leur permet soit de vendre soit d’acheter des titres ou des obligations
plus sécurisés. Ceci à plusieurs conséquences : la baisse des taux débiteurs appliqués
aux ménages et aux entreprises, puis une amélioration de la situation financière
générale de la zone euro. 

-> Achat d’actifs du secteur privé : Cela va permettre de rééquilibre les portefeuilles
des investisseurs. En effet, grâce aux fonds récoltés dus à la vente des actifs à la BCE,
les investisseurs peuvent investir dans d’autres actifs. Par conséquent, une hausse de
la demandes actifs privés va aussi pousser les prix à la hausse, et une baisse des
rendements des titres. C’est deux conséquences vont pousser les banques à octroyer
plus de prêts aux ménages et aux entreprises, ce qui fait baisser les coupes bancaires
pour ces derniers car l’offre de prêts augmentent. Ainsi, cela tend à exercer une
pression à la hausse du taux d’inflation. 

-> Effet de signal. En effet, lorsque la BCE décide d’investir massivement dans les
titres et les obligations, cela indique qu’elle va garder des taux directeurs bas sur le
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long terme. C’est un effet très important car cela permet aux investisseurs lever des
incertitudes concernant les taux d’intérêts sur des investissements futurs. 


Le programme d’APP a pour donc pour objectif d’aider la BCE son mandat de stabilité
des prix en permettant la hausse du taux d’inflation, mais aussi permet aux
investisseurs d’être plus confiants pour l’avenir ce qui a un effet direct sur la croissance
économique des pays membres.

Face à la crise sanitaire que nous traversons, la BCE a réagit immédiatement craignant
une crise économique et monétaire. De ce fait, elle sort l’artillerie lourde. En effet, a défaut
d’utiliser des outils de la politique monétaire dite «  conventionnelle  », comme la
diminution des taux directeurs, elle va appliquer des mesures «  non conventionnelles  ».
Parmi elles, «  le déblocage de deux nouvelles enveloppes de prêts de long terme à
destination des banques  »(18). La première enveloppe consiste à prêter de l’argent aux
banques systémiques à un taux négatif de -0,5%. Tandis que la seconde, qui est prévue
pour l’été, permettra aux banques de second rang d’avoir des taux avantageux en
fonction de son implication dans les prêts qu’elle fournit à l’économie réelle. Les
dispositions en matière de montant ont été assouplies pour faire face à cette à crise
puisque désormais, les banques peuvent emprunter jusqu’à 50% des prêts qu’ils
accordent aux ménages et aux entreprises contre 30% auparavant.

La BCE met également en place, «  l’augmentation des montant de rachats d’actifs


publics et privés (dettes d’Etats et d’entreprises). D’ici la fin de l’année, 870 milliards
d’euros (120 milliards annoncés le 12 mars et 750 milliards ajoutés en urgence) viendront
s’additionner aux 20 milliards déjà injectés chaque mois »(19). Cette augmentation massive
a pour unique but de protéger les Etats et les entreprises, qui vont devoir s’endetter
massivement, de pouvoir le faire de manière plus facile et surtout à moindre frais.

(18) (19)https://www.alternatives-economiques.fr/bce-sort-lartillerie-lourde/00092353

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II - L’EFFICACITÉ ET LES LIMITES DES POLITIQUES MONÉTAIRES MENÉES PAR LA
BCE.
A - L’Efficacité des politiques monétaires de la BCE.

a) Les actions en faveur de l’efficacité des politiques monétaires.

L’Efficacité des politiques monétaires est jugée par la stabilisation des prix. Malgré tout,
une unique observation du niveau général des prix ne peut permettre de répondre à
l’efficacité de la politique monétaire de la BCE. Il faut que l’on puisse regarder si les
canaux de distribution de cette dernière agissent sur l’évolution des prix et sur l’économie
réelle. Selon les économistes, deux canaux de transmission se distinguent dans
l’hypothèse d’une baisse des taux d’intérêt directeurs. Le premier est le canal du prix des
actifs. En effet, ces derniers voient leur prix augmenter lors d’une baisse des taux
directeurs, ce qui engendre une stimulation de l’investissement. Cette hausse permet aux
entreprises d’avoir plus facilement des fonds propres car les actions sont émises plus
facilement. En ce qui concerne, les ménages c’est ce que l’on appelle l’effet de richesse
qui prévaut. Les ménages se rendent compte qu’ils sont plus riches, et vont donc
consommer davantage. Le deuxième canal est celui du crédit. En effet, la diminution des
taux directeurs permet aux banques systémiques de la répercuter sur leurs taux. Ainsi, la
consommation et l’investissement vont croître car il y a une baisse du coût du crédit.
Les taux d’intérêts de la BCE sont des taux de très court terme. Or, nous savons que les
agents économiques sont plutôt sensibles aux taux d’intérêts sur le long terme puisqu’ils
se financent de cette manière la. Malgré tout, la BCE peut influencer les prêts de plus long
terme grâce aux anticipations. En effet, ces dernières dictent la conduite des agents
économiques. «  Par conséquent, pour assurer une bonne transmission de la politique
monétaire à l’ensemble des taux d’intérêt, il est important que les agents considèrent que
la stratégie de la banque centrale demeurera cohérente dans le temps  »(20). Ainsi, la
banque centrale peut alors être considérée comme crédible, et les agents économiques
anticiperont en fonction de l’orientation de la politique monétaire de la BCE.

(20) https://blocnotesdeleco.banque-france.fr/billet-de-blog/credibilite-et-efficacite-de-la-politique-monetaire-
dans-les-pays-emergents

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C’est pourquoi, la transmission de la politique monétaire à l’économie réelle est plus
efficace quand l’orientation de celle-ci est plus crédible.

Pour la BCE, L’indicateur de cette crédibilité est l’écart entre les anticipations du taux
d’inflation des agents économiques privés et l’objectif officiel de ce taux défini par le traité
de l’Union Européenne. Ce nouveau mode de communication utilisé par la BCE est ce que
l’on appelle la « forward guidance » qui consiste à donner des indication sur l’orientation
future des politiques monétaires, ce qui permet une meilleure visibilité pour les agents
économiques qui peuvent se projeter avec des perspectives plus stables.
Afin d’assurer cette stabilité la BCE, il existe des statuts au sein du Traité de l’Union
Européenne qui obligent la BCE de publier des rapports au moins chaque trimestre.
Depuis 2015, comme les autres banques centrales, la BCE a changé sa manière de
communiquer. En effet, désormais, un Bulletin est publié deux semaines après la tenu du
conseil des gouverneurs sur la politique monétaire pour informer au mieux les agents
économiques pour qu’ils puissent anticiper plus sereinement. De plus, en fonction de
l’instrument utilisé, les agents économiques peuvent anticiper l’orientation de la politique
monétaire.

b) L’Effet positif des mesures non conventionnelles pour pallier à la défaillance des
politiques conventionnelles.

Sources : Banque Centrale Européenne.

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Depuis 2008, la BCE a considérablement baissé ses taux directeurs afin que les banques
de second rang puissent se refinancer à moindre coût et que ces dernières répercutent
cette baisse sur leur taux réels fixés pour les agents économiques. Cette répercussion est
censée se transmettre positivement sur la demande globale pour que celle-ci influe sur le
taux d’inflation pour qu’il arrive à l’objectif fixé de 2%. Or, d’après ce graphique, depuis
2016, le taux directeur de la BCE a atteint un niveau historique de 0%. Malgré tout, cette
baisse significative n’a pas eu l’effet escompté sur le regain du taux d’inflation.
«  Selon les canaux de la politique monétaire, une baisse importante des taux d'intérêt
directeurs est à la fois en mesure de lutter contre le risque de déflation, en facilitant le
crédit, l'investissement, l'immobilier et, généralement, les débiteurs, et de soutenir le prix
des actifs financiers, en faisant chuter le rendement des actifs sans risque. Mais une fois
les taux d'intérêt baissés à 0  % sans que la crise ne soit jugulée, la BCE a perdu
l'instrument de la politique conventionnelle.  »(21) Ainsi, afin de remplacer cette perte
d’efficacité des instruments conventionnels, la BCE a décidé d’utiliser des mesures non
conventionnelles. 

La BRI (Banque des règlements internationaux) que l’on surnomme la «  banque des
banques centrales  » reconnaît une certaine efficacité des politiques monétaires non
conventionnelles menées par les banque centrales dont la BCE. Malgré des effets
secondaires qui peuvent s’avérer néfastes, la BRI estiment que les avantages obtenues
grâce à ces mesures sont plus conséquents que les effets secondaires.

La BCE attends de ces mesures non conventionnelles des effets directs et des effets
indirects sur l’économie réelle.. D’abord, pour les effets directs, l’achat massif d’actifs
privés et publics marié avec l’apport en liquidité sont censés inciter les banques à
accorder plus de prêts. En effet, ces deux mesures devraient permettre de soutenir le
financement à court terme de l’économie afin de diminuer le risque qui pourrait peser sur
la disponibilité des liquidités de crédit aux ménages et aux entreprises au sein de la zone
euro. Aussi, ces mesures doivent restaurer la confiance en la monnaie. Le fait de laisser
les taux directeurs fixes et d’allonger les opérations de refinancement sur le plus long
terme devraient permettre aux organismes financiers de disposer de liquidités sur une
période plus longue à un taux de bas, c’est ce que l’on appelle « l’effet duration ».

(21)Le Héron, Edwin. « Politique monétaire versus stabilisation financière à la BCE », L'Économie politique,
vol. 66, no. 2, 2015, pp. 56-69.
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Par ailleurs, en achetant massivement des actifs qu’ils soient privés ou publics, même de
qualité moyenne, la BCE rassure les investisseurs et les incitent à faire la même chose
qu’elle, c’est «  l’effet de signal  ». Le couplage de ces deux effets devraient réduire les
primes de risque, stimuler la demande globale afin que le taux d’inflation retrouve de
manière autonome son niveau habituel de 2%/an. Ainsi, nous reviendrons donc vers une
politique monétaire conventionnelle. Ensuite, «  les politiques non conventionnelles ne
visent pas uniquement des effets directs sur les conditions de financement de l’économie.
Elles ont vocation également à accompagner la baisse des taux d’intérêt directeurs – à un
niveau proche de zéro – afin qu’ils retrouvent une influence, comme c’est le cas en temps
normal, sur les conditions de crédit. On parle sous cet angle des effets «indirects» des
politiques non conventionnelles, dont l’objectif est également de restaurer le mécanisme
de transmission de la politique monétaire. »(22)
Aujourd’hui, nous pouvons distinguer quatre canaux de transmission pour les mesures
non conventionnelles. Voici un schéma qui permet de les présenter :

Réallocation

de
portefeuille
Accélérateur

financier
Crédit
Effet
duration
Canal du
capital

Politiques
monétaires

non-
conventionnelles Demande

agrégée Inflation
Effets de richesse
Effet de
liquidité

Taux de change
Effet de

signal

Source : d’après Kanga D., « Quels sont les enseignements des politiques monétaires non
conventionnelles ? », Revue française d’économie, vol. 32, no 2, 2017, p. 3-36.

(22) Une évaluation des effets des politiques monétaires non conventionnelles, Désiré Kanga, Grégory
Levieuge

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«  Le premier est l’effet de liquidité, les achats par la banque centrale assurant aux
acquéreurs de titres une contrepartie au cas où ils souhaiteraient revendre, cela
encourage les transactions et réduit notamment les primes de risque qui s’étaient
envolées au début de la crise. Le deuxième est celui de la composition des portefeuilles
(portfolio balance channel), qui consiste à inciter les investisseurs à réallouer leurs
portefeuilles vers des actifs plus risqués (prêts ou titres), dans la mesure où la banque
centrale, en achetant certains titres peu risqués, accroît leur prix et donc réduit leur
rende-ment. Mais par suite, la demande qui se reporte sur les actifs plus risqués
augmente aussi leur prix et donc réduit également les taux d’intérêt associés. L’effet
duration désigne quant à lui la réduction du risque de taux d’intérêt résultant de
l’engagement de la banque centrale de maintenir durablement ses taux d’intérêt à un
niveau réduit. Enfin, l’effet de signal consiste pour la banque centrale à montrer l’exemple
en acquérant des actifs, y compris de médiocre qualité, et ainsi de rétablir une certaine
confiance sur les marchés financiers.  »(23). Aujourd’hui quatre tendances peuvent
permettre de démontrer le succès des mesures non conventionnelles. L’efficacité de la
«  forward guidance  » est démontrée car les acteurs économiques considèrent que les
taux vont rester durablement bas. Depuis la mise en place du quantitative easing, les taux
de dettes souveraines ont baissé de 100 points de bases, et aussi la zone euro a connu
une forte baisse des taux des banques systémiques. Cela montre également que les
effets de ces mesures ne sont pas cantonnées aux grandes entreprises. De plus, malgré
que le taux d’inflation reste faible environ 1%, le risque de déflation est écarté. D’après
Laurence Boone, en ce qui concerne les investisseurs institutionnels, la mise en oeuvre
de ces mesures les satisfaits. Elle explique qu’effectivement les investisseurs ont été
poussés vers des actifs plus risqués. Malgré tout, ces investissements sont limités par les
règles prudentielles qui peuvent empêcher l’achat d’actions car ils doivent utiliser des
provisions beaucoup plus élevés. De plus, Laurence Boone explique que les politiques
monétaires non conventionnelles ont permis l’accroissement des investissements plus
risqués, afin de maintenir leurs rendements. Parmi ceux-ci, il y a les obligations de dettes
souveraines ,des obligations d’entreprises, et des produits moins typiques, comme les
très petites entreprises, qui ont permis d’avoir un fort impact social.

Martinache, Igor. « L’efficacité des politiques monétaires non conventionnelles », Idées économiques et
(23)

sociales, vol. 192, no. 2, 2018, pp. 6-16.

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B - Les limites de l’efficacité des politiques monétaires et de ses outils.

a) Les limites de la gouvernance de la BCE.

La BCE est en charge de la politique monétaire de la zone euro. Par conséquent, elle est
unique pour tous les États membres. Aujourd’hui, le problème que pose la gouvernance
de la BCE est que cette politique monétaire unique pour toute la zone euro ne permet pas
de résoudre les différents problèmes en fonction des politiques budgétaires et structurelles
de chaque pays signataire. En effet, les Etats ont gardé la souveraineté de la politique
budgétaire. Ce qui veut dire qu’il y a une seule politique monétaire pour 19 politiques
budgétaires. Or, il existe de nombreux écarts entre les pays membres de la zone euro
notamment en terme de rythme de croissance, d’inflation, de chômage. Par exemple, pour
l’Allemagne l’euro peut sembler sous évalué, ce qui permet à ce pays d’engager
d’énormes excédents commerciaux. Tandis que pour les pays comme l’Espagne ou le
Portugal l’euro peut paraître surévalué. Ce qui veut dire que dans le meilleur des cas, il
faudrait une politique monétaire plus restrictive pour les pays surendettés et plus
accommodantes pour les autres. En effet, l’unique taux d’intérêt fixé par la BCE ne peut
résoudre les problèmes économiques des 19 pays. Ainsi, pour faire face à des difficultés
conjoncturelles, les Etats ne disposent que de leur budget. Ils ont donc recours à l’unique
moyen pour les combattre qui est la flexibilité du travail qui peut entraîner une régression
sociale dans certains pays. Aujourd’hui, nous sommes dans une situation que l’on peut
qualifier de paradoxale. La politique monétaire est dite de relance avec la baisse des taux
directeurs afin de relancer la consommation et l’investissement tandis que dans la plupart
des pays membres de la zone euro les politiques budgétaires sont de rigueurs. Ces
dernières empêchent donc la politique monétaire de la BCE d’être efficace.
De plus, La baisse des taux directeurs n’est pas suffisante pour relancer le crédit et donc
l’investissement. En effet, La reprise de la croissance économique est surtout basée sur la
confiance des agents économiques. Or, nous sommes encore dans une période de crise
économique, ces derniers vont donc rester prudent et ne vont pas chercher à utiliser la
facilité de crédit qu’ils leur aient accordés. Mêmes les banques, en réponse à la crise de
2008, sont de plus en plus strictes quant à l’octroi des crédits.

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La gouvernance de la BCE connait également une limite par rapport à la mondialisation.
Avec la libre circulation des capitaux, un taux d’intérêt trop faible créé un risque. En effet,
une fuite vers des placements étrangers plus rémunérateurs peut se produire.
Le triangle d’incompatibilité de de Robert Mundell démontre le problème de gouvernance
que peut rencontrer la BCE.

Élévation des taux d’intérêts


Pour soutenir la croissance :
pour attirer les capitaux. Taux de change fixe Baisse des taux d’intérêts

Liberté de
Politique

circulation
monétaire

des capitaux autonome


Mouvements des capitaux vers

des placements plus rentables.

Pour Mundell, il impossible d’avoir la combinaison de ces trois libertés économiques,


seules deux sont possibles. Ainsi, si la BCE privilégie une politique monétaire autonome,
elle fixe librement les taux d’intérêts directeurs à l’intérieur de la zone euro alors le taux de
change ne sera plus stable, il sera flottant. Si la BCE souhaite privilégier le taux de change
alors elle ne devrait plus fixer ses taux directeurs en fonction de l’activité économique de
la zone euro mais en fonction des fluctuations sur les marchés internationaux afin d’attirer
ou même d’éloigner les capitaux étrangers. Pour conclure, afin de soutenir la croissance
économique de la zone euro, la BCE utilise la stratégie de baisse des taux directeurs. En
réponse, les capitaux qui étaient placés en euros se porteront sur des monnaies
étrangères qui offrent une meilleure rémunération. Par conséquent, sur le marché des
changes, il en résulterait d’une vente massive d’euros. Ainsi, la BCE devra acheter ses
euros vendus si elle veut maintenir le taux de change fixe, sauf si elle augmente ses taux
d’intérêts, ce qui contredit son objectif de stabilité des prix. Une liberté totale de circulation

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des capitaux ne peut se marier à des taux de changes fixes, sauf au prix de l’abandon de
la souveraineté monétaire. C’est ce qui se passe pour la zone euro.

Cette gouvernance de la BCE a posé beaucoup de questions récemment surtout du côté


de l’Allemagne. «  La cour constitutionnelle de Karlsruhe, l’instance judiciaire suprême
allemande, a jugé mardi (5 mai 2020), que la Banque Centrale Européennes sortie du
cadre des traités européens avec son programme de rachat de titres sur les marchés
financiers  »(24). La cour allemande estime que la décision rendue par le CJUE en
décembre 2018 sur le PSPP était insuffisante. Cette interrogation de la cour
constitutionnelle allemande à la CJUE porte notamment sur la conformité du PSPP avec le
mandat de la BCE, mais également sur l’interdiction de financement des Etats membres
conformément à l’article 123 du Traité sur le fonctionnement de l’UE. Même si elle ne
remet pas en cause le fait que cet outil de la politique monétaire n’est pas totalement en
contradiction avec l’article 123 du traité sur le fonctionnement de l’UE, elle demande des
précisions à la BCE et formule des réserves à deux niveaux. Premièrement, sur la
véritable porté des limites que la BCE s’est fixée dans la mise en oeuvre de ce PSPP.
Secondement, sur le contrôle opéré par la CJUE dans sa décision de 2018. « Dans leur
jugement, les magistrats allemands ont affirmé aussi que le maintien du socle légal de
compétences de l’Union est essentiel pour garantir le principe démocratique. Le principe
de la limitation des compétences attribuées par les États membres à l’Union  – qui en
constitue l’un des principes fondamentaux – ne doit pas être abrogé dans les faits. Il a
rappelé que le mandat jurisprudentiel de la CJUE cesse lorsque son interprétation des
traités n’est plus compréhensible.  »(25) La cour allemande demande à la BCE de donner
des précisions quant aux objectifs de sa politique monétaire actuelle et l’outil de PSPP afin
que ceux-ci ne viennent pas empiéter sur les politiques économiques et budgétaires. Sans
cela, la cour de justice allemande considérera que la BCE est dans l’illégalité, et elle
cessera de participer à l’action commune de l’UE. Il faut malgré tout savoir que des
discussions ont eu lieux entre la cour allemande et la CJUE. Celles-ci ont permis d’apaiser
les tensions et les difficultés entre les deux instances.

(24) Alternatives économiques, La cour constitutionnelle allemande rajoute de la crise à la crise, Guillaume
Duval, 6 mai 2020.
(25)https://www.vie-publique.fr/en-bref/274343-banque-centrale-europeenne-bce-les-reserves-de-la-justice-

allemande

Page 22 sur 30
b) Les limites des mesures non conventionnelles de la politique monétaire.

La BCE a maintenu ses taux très bas probablement car l’inflation sous-jacente (hors prix
des matières premières) ne dépasse pas les 1%, mais aussi pour maintenir la solvabilité
budgétaire des certains pays de la zone euro. Mais cette politique monétaire menée par la
BCE connait beaucoup d’inconvénients. Selon Patrick Artus, chef économiste chez
Natixis, cette dernière affaiblit banques puisque les taux des crédits sont très bas, environ
1,8% en moyenne, et que le taux des réserves excédentaires est négatif. De plus, elle fait
paraître des entreprises «  zombies  » nous dit Patrick Artus, c’est à dire des entreprises
qui continuent d’exister uniquement grâce à ces taux d’intérêts bas. C’est un problème
car cela est mauvais pour le progrès technique et la productivité. De plus, cela peut
potentiellement être néfaste sur les prix des actifs et créer une bulle. Cela se remarque
surtout sur les prix de l’immobilier qui sont plus élevés qu’en 2007 avant la crise. Enfin, la
politique monétaire perdrait sa capacité d’action contracyclique, car si les taux d’intérêts
sont toujours aussi bas à la fin de cette période, alors il sera impossible de les baisser de
nouveau pour faire face à un recul de la croissance économique.

Il existe également plusieurs limites aux quantitative easing. D’après Emmanuel Carré, le
plus gros risque serait que le QE ne parvienne pas à écarter la déflation de l’économie
réelle ou à refermer les trappes de liquidités, comme au Japon entre 2001 et 2006. Ici, il
explique que « Le canal du bilan bancaire peut en effet ne pas fonctionner si la liquidité
(M0) tombe dans une trappe à liquidité à l’actif de la banque commerciale et ne se
transforme pas au passif en dépôts  »(26). Ce qui signifie que les banques systémiques
penseraient d’abord à restaurer leur bilan plutôt que d’injecter l’argent dans l’économie
via les crédits. Ensuite du côté des ménages, ils pourraient préférer épargner au vue du
gain de richesse plutôt que de consommer. Dans ce cas là, le crédit stagne et la déflation
perdure. Enfin, la «  forward guidance  » pourrait connaître des dysfonctionnements. En
effet, en période de déflation, les agents économiques croiront de moins en moins aux
mesures non conventionnelles prises par la BCE, c’est à dire, qu’ils vont perdre confiance
en leurs efficacités. Par conséquent, les anticipations sont entachées par la baisse des
prix. Ainsi, le QE pourrait avoir de nombreux effets secondaires non voulus.

(26) https://www.alternatives-economiques.fr/politiques-monetaires-non-conventionnelles-de-bce-theories-
pratiq/00068974

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D’abord, la BCE pourrait se retrouvait avec des titres de dette publique qualifiés de
mauvaises qualités. Ensuite, la baisse des taux d’intérêts par le QE fait perdre de l’argent
aux ménages épargnants. Prenons l’exemple des retraités allemands, la diminution des
taux d’intérêts de dettes souveraines leur font perdre de l’argent. Enfin, la BCE reconnaît
que le QE peut avoir des effets néfastes sur la stabilité financière. « Le canal des effets de
portefeuille induit des réallocations des investissements des banques. Comme les titres
publics rapportent moins, elles peuvent se tourner vers d’autres actifs comme
l’immobilier et les actions ; d’où de possibles bulles immobilières ou boursières. »(27)

La banque centrale Européenne a décidé de laisser les taux des réserves excédentaires
négatifs, à -0,40%. Pourtant elle s’inquiète des effets nuisibles aux établissements de
crédits et aux banque de second rang. En effet, l’aplatissement de la courbe des taux
réels entretient les inquiétudes sur la rentabilité du secteur bancaire, pose les questions
de réelle répercussion des politiques monétaires à l’économie réelle. Par ailleurs, il faut
noter que les banques systémiques utilisent les réserves de la BCE pour faire face à leurs
besoins en liquidité. Grâce à ça, elles peuvent notamment octroyer de nouveaux prêts
pour gagner des parts de marché, ou encore rembourser des dettes qui arrivent à
échéance. Depuis la mise en place du programme de rachat massif d’actif en 2015, la
quantité de dépôt dans les réserves excédentaires a considérablement explosé, comme
le montre le graphique ci-dessous :

Source : Banque de France.

(27) https://www.alternatives-economiques.fr/politiques-monetaires-non-conventionnelles-de-bce-theories-
pratiq/00068974

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Ce graphique nous montre bien l’excédent de liquidité des établissements bancaires dans
certains pays de la zone euro. En 2018, 7,5 milliards d’euros ont été versés à la BCE par
les banques systémiques à cause des taux négatifs, ce qui représente 10% de leurs
profits totaux. Même si il faut noter que les réserves excédentaires ne sont pas
homogènes dans la zone euro, puisque les banques françaises et allemandes sont ceux
qui subissent le plus ces taux négatifs. Elles ont payé respectivement 24% et 33% de ces
7,5 milliards d’euros. Les taux négatifs font face à une autre critique majeure puisque les
banques de la zone euro ne peuvent pas les répercuter sur les taux de dépôts de leurs
clients particuliers. En effet, la loi l’interdit et pour une bonne raison : les clients
préféreraient récupérer leur argent en espèce ce qui ferait peser un risque de manque en
liquidité. Enfin, la mise en place des taux négatifs a augmenté la concurrence entre les
banques. Cela implique quelles banque vont plus de risques pour afin de garder leur
rentabilité, ce qui contribue à l’instabilité financière, car les risques pris ne sont pas
toujours payants. La BCE doit maintenant se demander si les risque pris par les banques
ne sont pas trop grands, et qu’il faut les réduire.

Les programmes de financement sur le long terme n’ont pas apporté les effets escomptés
par la BCE. En effet, le montant emprunté par les banques de la zone euro est limité.
Prenons l’exemple de l’année 2014 où le budget maximal alloué par la BCE pour cet outil
était de 400 milliards d’euros et que seulement 130 milliard d’euros ont été empruntés par
les établissements financiers avec un taux qui se portait seulement à 0,15%. Pourtant, ce
programme était considéré comme le nouvel outil incontournable de la BCE pour faire face
au risque déflationniste et relancer la croissance.

Ainsi, les mesures non-conventionnelles connaissent beaucoup de limites et même des


effets néfastes à l’économie. Malgré tout, la BCE a reconduit cette politique monétaire, au
vue des effets positifs qu’elle peut connaître. Et surtout, elle n’a pas vraiment le choix
puisqu’elle ne ne dispose pas de tous les outils a cause des contraintes européennes sur
la gouvernance, et les limites que celle-ci provoque sur le pouvoir d’action de la BCE.

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CONCLUSION

Pour conclure, dans la première partie, il convenait d’examiner la BCE en tant


qu’institution. Parmi elle, nous trouvons les organes décisionnaires et consultatifs: Le
conseil des gouverneurs, le conseil général et le directoire. Ces derniers prennent les
décisions quant à l’orientation de la politique monétaire de la BCE, afin de remplir l’objectif
fixé qui est la stabilité des prix (2%) dans les pays de la zone euro. Ce mandat unique est
en réalité accompagné de deux objectifs secondaires qui sont la croissance économique
et la régulation de la monnaie en circulation. Ensuite, l’analyse de toutes les politiques
mises en place par la BCE sont primordiales pour appréhender l’efficacité celles-ci.
D’abord, les politiques conjoncturelles avec les politiques budgétaires et monétaires. Les
premières sont des règles strictes concernant les conditions d’entrée dans la zone euro
comme un déficit budgétaire inférieur à 3% et la dette publique qui doit être inférieure à
60% du PIB. Les secondes sont celles qui permettent d’atteindre l’objectif de stabilité des
prix. Ces outils principaux sont l’intervention sur les taux directeurs, les opérations d’open
market ou encore les réserves obligatoires. Ensuite, les politiques structurelles, qui elles,
permettent d’aider à l’efficacité des politiques monétaires. Et enfin, les mesures non-
conventionnelles pour faire face au risque déflation et à la faible croissance économique
de la zone euro suite à la crise de 2008. Parmi-celles, il y a l’utilisation des taux directeurs
négatifs, le programme d’APP qui est un programme de rachat massif d’actifs, et LTRO qui
est un programme de refinancement des banques sur le long terme.
Puis, dans la seconde partie, il fallait étudier l’efficacité et les limites des politiques
monétaires de la BCE. D’abord, il y a les actions en faveur de cette efficacité avec les
canaux de transmission à l’économie réelle qui sont le canal du prix des actifs pour les
entreprises et le canal de richesse pour les ménages, mais aussi les anticipations des
agents économiques grâce à la «  forward guidance  ». Ensuite, il y a l’effet positif des
mesures non-conventionnelles notamment sur le risque de déflation et la croissance
économique. En effet, elles ont permis de stabiliser cette dernière, et d’éloigner ce risque
de déflation. Enfin, il fallait comprendre les limites de ces politiques monétaires. D’abord,
ces dernières sont limités a cause des contraintes européennes liées à la gouvernance de
la BCE. Elle met en oeuvre une politique monétaire unique pour les 19 pays qui ont des
situations économiques différentes. Et enfin , les mesures non-conventionnelles ont aussi
des effets secondaire néfastes comme la rendement et la rentabilité des banques, ou
encore l’interrogation des banques à restaurer leur bilan avant d’injecter les liquidités dans
l’économie réelle.
Page 26 sur 30
Bibliographie

Sites :

https://www.vie-publique.fr/fiches/21800-quel-est-le-role-de-la-banque-centrale-
europeenne-bce

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http://www.europarl.europa.eu/factsheets/fr/sheet/13/la-banque-centrale-europeenne-
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https://www.vie-publique.fr/fiches/270253-quest-ce-quune-politique-monetaire

https://www.ofce.sciences-po.fr/pdf/revue/11-158OFCE.pdf

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https://www.alternatives-economiques.fr/politiques-monetaires-non-conventionnelles-de-
bce-theories-pratiq/00068974

https://www.vie-publique.fr/en-bref/274343-banque-centrale-europeenne-bce-les-reserves-
de-la-justice-allemande
https://blocnotesdeleco.banque-france.fr/billet-de-blog/credibilite-et-efficacite-de-la-
politique-monetaire-dans-les-pays-emergents

Revues :

- Revue Banque n°836, La banque centrale face aux limites de sa politique monétaire.
- Outre-Terre 2012/1 n°31, À quoi sert la BCE?, pages 131 à 142.
- Revue d’économie politique 2010/2 Vol.120, L’art du central banking de la BCE et le
principe de séparation, pages 269 à 302.
- Le débat 2015/5 n°187, Où va la banque centrale européenne?, pages 75 à 87.
- Idées économies et sociale 2015/2 n°180, Aux limites des politiques monétaires, pages
14 à 23.
- Commentaire 2007/4 n°120, La politique de la Banque centrale européenne, pages 981
à 991.
- Commentaire 2007/1 n°117, La Banque centrale Européenne : l’euro et le dollar, pages
85 à 98.
- Revue de l’OFCE 2010/4 n°115 Politiques monétaires : attention à la trappe, pages 273
à 300.
- Revue de l’OFCE 2018/4 n°158, Améliorer la construction Européenne, pages 77 à 101.
- L’économie politique 2015/2 n°66, La BCE peut-elle sauver l’Europe?, pages 42 à 55.
- L’économie politique 2015/2 n°66, La BCE peut-elle sauver l’Europe?, pages 56 à 69.

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- Commentaires 2007/4 n°120, Comment raisonne la Banque Centrale Européenne?,
Pages 1100 à 1106.
- Le Débat 2019/1 n°203, La Banque Centrale Européenne face à la crise financière,
pages 141 à 148.
- Revue économique 2009/3 Vol 60, Politique monétaire de la BCE et inertie des taux
d’intérêts, pages 713 à 725.
- L'Union monétaire européenne  : une revue de la littérature théorique  , Revue de
l'OFCE, 1993/1 (n° 43), p. 349-36.
- La flexibilité des prix relatifs et la mobilité du travail en Union monétaire. Une
comparaison Europe/États-Unis  , Revue de l'OFCE, vol. no 83, no. 4, 2002, pp.
325-388.
- Finance et inégalité , Après-demain, vol. n ° 38, nf, no. 2, 2016, pp. 17-20.
- La coordination des politiques économiques dans la zone euro, La Documentation
Française, 2000, pages 11 à 40
- La sortie de la politique monétaire très accommodante de la BCE  : enjeux et  défis,
Revue d'économie financière, vol. 127, no. 3, 2017, pp. 335-352.
- Coordination des politiques économiques en Europe, Revue d'économie financière,
vol. 103, no. 3, 2011, pp. 257-276
- Revue économique «  La structure des taux revisitée pour période de crise  : entre
contagion, flight to quality et quantitative easing », vol. prépublication, no. 7, 2019,
- Politique européenne «  De l’État à l’Union. Pour une sociologie historique de la
sécurité intérieure européenne », vol. 65, no. 3, 2019, pp. 30-61.
- OFCE,. L'économie européenne 2020. La Découverte, 2020
- Revue économique « Effets macroéconomiques et financiers des politiques monétaires
non conventionnelles dans la zone euro », vol. vol. 71, no. 1, 2020, pp. 57-81.
- Perspective économique de l’OCDE «  1. Évaluation générale de la situation
macroéconomique », vol. 105, no. 1, 2019, pp. 11-63.
- Revue de l’OFCE, «  L’euro-isation de l’Europe. Trajectoire historique d’une politique
« hors les murs » et nouvelle question démocratique », vol. 164, no. 4, 2019, pp. 5-46.
- Revue Française d’économique, « Les politiques monétaires d’après la crise ». 2018.
- Revue d’économie financière, Barbier-Gauchard, Amélie, Moïse Sidiropoulos, et
Aristomène Varoudakis. « La zone euro et son avenir : un état des savoirs », vol. 133,
no. 1, 2019, pp. 249-272.

- Alternatives économiques, La cour constitutionnelle allemande rajoute de la crise à la


crise, Guillaume Duval, 6 mai 2020.

- Idée économique et sociale, Martinache, Igor. «  L’efficacité des politiques monétaires


non conventionnelles », vol. 192, no. 2, 2018, pp. 6-16.

- L’économie poltique, Le Héron, Edwin. «  Politique monétaire versus stabilisation


financière à la BCE »,, vol. 66, no. 2, 2015, pp. 56-69.

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Ouvrages:

- Albert MAROUANI, « les limites des politiques monétaires accommodantes : comment


les dépasser? », 2018

- Aglietta, Michel, et Natacha Valla. «  IX. L’évolution de la politique monétaire  », Michel


Aglietta éd., Macroéconomie financière. La Découverte, 2017, pp. 287-344.

- BALLEIX Corinne, La France et la Banque Centrale Européenne, Politique


d’aujourd’hui, Texte remanié de Thèse de doctorat Sciences politiques Paris 1 1997.
- La Banque Centrale Européenne, La politique monétaire de la BCE, 2e édition.
- Bensidoun, Isabelle, et Jézabel Couppey-Soubeyran. «  Introduction  », CEPII éd.,
L’économie mondiale 2016. La Découverte, 2015, pp. 3-4.
- Cadot, Christine. «  Chapitre  1. Les mémoires institutionnelles de l’Union
européenne  », , Mémoires collectives européennes. sous la direction de Cadot
Christine. Presses universitaires de Vincennes, 2019, pp. 13-47

- Castro V., 2011, « Can Central Banks’ Monetary Policy be Described by a Linear
Augmented Taylor Rule or by a Non-linear Rule? », Journal of Financial Stability, vol. 7,
n° 4, pp. 228-246
- Christian BORDES, La politique monétaire, Repères, La découverte.
- Dées, Stéphane. Macroéconomie financière. Dunod, 2019

- Renaud DEHOUSSE, Politiques européennes, Les manuels de Sciences Po, Presses


de Sciences Po
- Renaud DEHOUSSE Florence DELOCHE-GAUDET et Sophie JACQUOT, Que fait
l’Europe?, Évaluer l’Europe, Presse de Sciences PO.
- Etienne FARVAQUE, La Banque Centrale Européenne, Repères, La découverte.
- Friedman B. M., 2008, « Why a Dual Mandate is Right for Monetary Policy »,
International Finance, vol. 11, n° 2, pp. 153-165.
- Gacon, Stéphane. « Chapitre 14. L’Europe difficile », , L'Europe. Histoire et civilisation,
sous la direction de Gacon Stéphane. Armand Colin, 2017, pp. 233-252.
- Edwin LE HERON, A quoi sert la Banque Centrale Européenne?, Reflexe Europe
Débats, La documentation Française.
- Paul MAGNETTE, Le régime politique de l’Union Européenne, Références, Presses de
Sciences Po
- Philippe NARASSIGUIN, Monnaie : Banques et banques centrales dans la zone euro,
Question d’économie et de gestion, De Boeck supérieur.

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- Pfister, C. & Valla, N. (2015). III / Les politiques monétaires non conventionnelles. Dans :
CEPII éd., L’économie mondiale 2016 (pp. 40-56). Paris: La Découverte.

- Sidiropoulos, Moïse, et Aristomène Varoudakis. Macroéconomie en pratique. Dunod,


2019

- Dominique TADDEI, Un Pacte social pour l’Europe, Edition de l’atelier, Chapitre 1 :


L’union Européenne face au chômage pages 15 à 32
- Bensidoun, Isabelle, et Jézabel Couppey-Soubeyran. «  Introduction  », CEPII éd.,
L’économie mondiale 2016. La Découverte, 2015, pp. 3-4

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