La terre avec d’autres planètes qui tournent autour du soleil constitue le système
salaire.
Ce système n’est qu’un élément insignifiant parmi une centaine de milliards d’étoiles qui
constituent notre galaxie. Cette galaxie elle aussi n’est qu’une galaxie insignifiante parmi
tant d’autre de l’univers.
A un moment donné de l’histoire de l’univers il n’y avait qu’une masse gazeuse
composée principalement d’hydrogène et pour une partie d’hélium en rotation lente.
Cette nébuleuse s’est, par la suite, fragmentée pour donner naissance aux galaxies. Un
nouveau morcellement entraîna la formation des étoiles. Le soleil et les planètes
proviennent, eux aussi, d’un processus de séparation à partir du constituant initial que fut,
au début, la nébuleuse primitive. Ils ont évolué parallèlement et non successivement.
Notre galaxie date approximativement de dix milliards d’années et le système
solaire d’un peut plus de cinq milliards d’années.
(1) La paléontologie est la science qui se propose d’étudier des organismes ayant vécu autrefois sur le globe terrestre et dont les
vestiges ou fossiles, ont été conservés dans les sédiments (Badin : élément de paléontologie A. Colin P 10-11
(2) la préhistoire est la science qui s’occupe de la civilisation des hommes ayant vécu avant l’invention de l’écriture
(3) L’archéologie, par le système des fouilles, recherche des traces humaines à travers les gravures rupestres, recherche les
éléments des anciennes civilisations.
1
3) L’archéologie : par le système des fouilles, recherche des traces humaines à travers les
gravures rupestres, recherche les éléments des anciennes civilisations.
Entre un milliard et 700 millions d’années, on assiste à une extension de la vie
végétale marine et par conséquent à une oxygénation de l’atmosphère grâce au
phénomène de la photosynthèse. C’est alors qu’une forme de vie animale plus apparaît.
Les premières formes de végétaux ont été des schizophytes dans les mers et des spores
sur terre à l’époque du précambrien.
Les animaux se distinguent de ces végétaux par le phénomène de la mobilité, la recherche
des moyens de subsistance et le processus chimique d’assimilation. Mais les spongiaires
sont des animaux immobiles.
La frontière réelle entre végétaux et animaux demeure la présence de
chlorophylle chez les premiers. Il arrive que la confusion s’installe centre le animal et
végétal. Des flagellés perdent ainsi quelquefois leur chlorophylle pour devenir de ce fait
des animaux. Donc de phytoflagellés ils deviennent des zooflagellés.
Les premiers animaux ont vécu dans l’eau. Ils furent d’abord composés de ce qu’on
appelle le monde animal inférieur. C’étaient des invertébrés chez lesquels le rôle de la
locomotion était nul. Cette situation résulte d’un type de constitution de l’organisme : le
système de symétrie radiale qui se constate jusqu’ici chez les protistes, les coelentérés,
les brachiopodes, les céphalopodes…
Le premier changement important qui surviendra, à l’époque, a été l’apparition
d’animaux à corps ordonné suivant un plan de symétrie bilatérale avec une polarisation
antérieure de la bouche : vers, mollusques, échinodermes, crustacés.
2
1.2. Les vertébrés :
Selon Badin “le problème de leur origine reste non résolu pour moment (Badin
1971 :301). Les vertébrés évolués datent d’environ 500 millions à 1000 millions
d’années.
Les premiers vertébrés sont des poissons sans mâchoire dont la bouche ne peut que
sucer. Leurs représentations actuelles sont les lamproies et les myxines. Ils font partie du
groupe des Agnathes. Les poissons à mâchoire apparurent par la suite. Ils font partie des
vertébrés Gnathostomes. Les poissons agnathes ne connurent pas d’évolution, mais des
gnathostomes dérivèrent les urodèles (salamandre) les anoures (amphibien sans queue :
grenouille, crapaud..), les reptiles, les ciseaux et les mammifères.
L’évolution des vertébrés a été progressive et marquée par des stades dont les
principaux furent :
1.2.2.1 L’Ichtvomorphisme : comme déjà signalé, les premiers vertébrés ont été des
poissons. Des 4 ensembles primitifs, Elasmobrachiomorphes, Dipncustcs,
Actinoptécrygiens et Crossoptérygiens, seul, du dernier sont issus des amphibiens.
3
1.2.2.5. Les Mammifères quadrupèdes : Ils apparaissent vers le milieu de l’ère
secondaire il y a environ 220à200 millions années. Dès le départ, deux comportement,
fondamentaux, dans l’utilisation de leurs membres, vont déterminer leur évolution : Il y
aura les marcheurs exclusifs et les marcheurs préhenseurs. Comme le dit Leroi Gourhan,
“Chez les uns, la main intervient de manière plus ou moins importante dans les opération
qui se déroulent dans le champ antérieur de relation… Ces deux groupes fonctionnels
correspondent à une division très étendue des caractères d’anatomie et de comportement,
comme à deux modes différents dans destination ou comme le témoignage de deux
réponses à une option fondamental” (Leroi Gourhan 1977 : 76.).
Les marcheurs exclusifs sont herbivores et les préhenseurs sont omnivores ou carnivores.
4
1.3. L’Hominisation :
1.3.1. L’Australopithèque apparaît vers moins huit millions d’années. Il est redressé et
marche sur ces deux pieds avec une capacité crânienne de 500 à 600 cm3. il semble
ignorer pendant 4 à 5 millions d’années l’usage de l’outil et ne peut de ce fait être
considéré pendant ce laps de temps comme un homme. Il ouvre plutôt l’ère des
Hominidés.
Le plus vieil outillage date de 4 millions d’années (Coppens 1983 :19 et 100). Il
a été découvert dans la vallée de l’OMO en Ethiopie. L’outil étant en objet qu’on
aménage avant de l’utiliser, et n’étant fabriqué et utilisé que par l’homme, nous pouvons
considérer les auteurs de ce premier outillage, des australopithèques, comme les
véritables ancêtres de l’homme, le premier type d’homme. D’autres australopithèques
n’ont pas évolué et son restés au stade des Hominidés. Parmi les australopithèques qui se
sont hominisés on distingue :
- australopithècus africanus d’une de 1 mètre 25 et 30 kg environ ;
- australopithèques boiseï, 1 mètre 50 et 50 kg
5
habilis se livrait à la pêche et à la chasse active et taillait il y a deux millions et demi
d’années la pierre et l’os. Cet outillage est appelé oldowayen (gisement d’Olduvai en
Tanzanie) ou Pebble culture des galets. Il se construisait aussi des huttes de branchages
et de peaux.
6
INTRODUCTION
ELUCIDATION CONCEPTUELLE DES DIFFERENTES APPELLATIONS
NATIONALES
Science relativement jeune, l’anthropologie ne bénéficie pas encore de traité
incontestable. Beaucoup de concepts (structure, fonction, culture) changent de contenu
d’un anthropologue à un autre ou différentes terminologies seront utilisées pour
désigner une même chose ou pour exprimer une même idée. La discipline elle-même en
tant que telle change d’appellation d’un pays à un autre.
C’est ainsi que l’anthropologie sociale et culturelle est l’appellation anglo-saxonne de
l’ethnologie, ce qui fait dire à E.E Evans Pritchard que l’on l’appelle en Angleterre
Anthropologie, ce qui, Outre Manche, porte le nom d’Ethnologie (1). L’Angleterre
entend par Anthropologie sociale, l’étude de l’homme sous différents aspects., l’étude de
l’homme des sociétés et des cultures humaines.
Pour les mêmes études, les USA utilisent le terme d’anthropologie sociale et culturelle.
Le terme Ethnologie s’est longtemps imposé en France pour désigner l’étude des ethnies,
des sociétés archaïques, primitives, traditionnelles.
L’Allemagne utilise la notion de Volkerkunde pour l’étude des peuples primitifs.
La pratique qui a montré que l’ethnologie et l’anthropologie ont un même domaine
d’intervention. l’étude des sociétés non occidentales et occasionnellement de l’Europe
rurale pré ou non industrielle.
Les ethnologues français ont aussi étudié les populations des colonies (Bambara, Dogon,
Canaque) et les anthropologues anglais celle de l’empire. Britannique (Nuer, Tallensi,
Maori)..
La diversité d’appellation peut aussi relever d’une querelle d’experts d’un même pays
comme la France où l’administration ignore par exemple l’anthropologie qu’elle intègre
au sein de la commission d’ethnologie du CNRS ( Centre National de la Recherche
Scientifique) avec la préhistoire et l’anthropologie physique.
Cette situation n’est que l’expression d’une crise de croissance appelée à être dépassé.
Car comme nous le verrons, au niveau de la définition, de l’objet et de la méthode, les
chercheurs des différents pays se retrouveront au niveau de l’essentiel.
ANTHROPOLOGIE-ETHNOLOGIE-ETHNOGRAPHIE et DEFINITION
ETYMOLOGIE :
Le mot anthropologie a désigne au XVIème siècle (1516) avec J Bouchet ‘‘ l’étude
philosophique de l’homme’’ (2). Au XVIIIème il a désigné un ‘‘traité sur l’âme te le
corps de l’homme ’’ (3)
Les naturalistes ont alors appelé anthropologique ce que l’on désignait sous le nom
d’histoire naturelle pour démystifier l’étude de l’homme réinsérer celui-ci dans les
(1) E. E .Evans Pritchard : Anthropologie sociale, Petite bibliothèque, , Paris, Payot, 1969, P. 21.
(2) Dictionnaire étymologique, Paris, Larousse, 1971, p.36
(3) Poirier J : Histoire de l’ethnologie, paris P.U.F, 1984, 3ème édition, p.19, 1969
7
schémas biologique de la création. Anthropologie provient de deux mots grecs :
anthropos, homme et logos ; science, discours. C’est donc la raison pour laquelle les
anglo-saxons parlent de science de l’homme.
Le mot ethnologie est utilisé pour la première fois en 1787 par Chavane pour parler
d’une ‘‘ branche de l’histoire ou de la philosophie de l’histoire, consacrée à l’étude des
étapes de l’homme en marche vers la civilisation’’ (1). Par la suite elle désigne l’étude
différentielle des caractéristiques physiques humaines. C’est depuis la fin du XIXè siècle
et le début du XXè siècle qu’elle a sa signification actuelle ; étude des sociétés
traditionnelles. Ethnologie : provient aussi de deux mots grecs : Ethnos = Ethnie, nation
et Logos = science, discours.
Le mot ethnographie utilisé pour la première fois en 1810 à l’Université de Berlin par
l’historien Niebhur pour désigner une classification des groupes humains à partir de leurs
caractéristiques linguistiques, ensuite à partir des divers éléments de la culture matérielle.
Provenant aussi de deux mots grecs : ethnos ci-dessus déjà mentionné et graphein écrire,
l’ethnographie désigne aujourd’hui le premier moment de la recherche ethnologique.
C’est la collecte des documents de base, le compte rendu descriptif des sociétés humaines,
le matériau brut de l’anthropologie (2). Elle pourrait donc être première étape du travail
qui est complété par une seconde, celle de l’analyse ethnologique ou anthropologique.
DEFINITION
Poirier définit l’ethnologie comme l’étude des sociétés traditionnelles par opposition aux
collectivités urbaines dont s’occupe la sociologie (3).
8
La sociologie
La naissance et la montée de la bourgeoisie à la fin du moyen âge aiguisaient les
contradictions au sein des forces productives en occident. La renaissance initia ainsi
une crise sociale et idéologique. Comme le dit Fougeyrollas ‘‘pour détruire le mode de
production féodal et assurer son emprise sur le monde, la bourgeoisie avait besoin de
remettre en cause les anciennes ‘‘différences’’ justifiées par les préjugés nobiliaires et
de poser en principe l’identité, l’égalité et l’universalité d’une nature humaine à partir
desquels seront seulement légitimées les différences résultant de l’activité des
individus et des mérites acquis de cette activité’’(1).
Ces différentes crises connaîtront leur apogée avec les révolutions bourgeoises. Les
nouveaux types de Formation Sociale et Economiques nés de ces révolutions vont
connaître leur tour des crises. Pour certains idéologues, ces crises étaient des
phénomènes de destruction auxquels il fallait trouver des solutions par la création
d’une science de la société. Celle-ci étudierait et soignerait les maux sociaux.
C’est ainsi que Auguste Comte après la révolution de 1848 systématisa cette idée et
Durkheim après la défaite de la France en 1870 (désastre de Sedan) cherchait des
solutions aux maux français dans le cadre de cette nouvelle science.. C’est ce qui fait
dire à Durkheim que son école sociologique est un ‘‘groupe universitaire dont le but
est de soumettre la morale à la science, un lieu de recherche, et de modèle de
réciprocité qui doit arracher la société aux tendances dispersives de l’anomie
économique ’’ (2).
La sociologie s’est ainsi définie au départ comme la science des sociétés étudiant les
faits sociaux et les maux sociaux. Elle tire sa source de la philosophie politique, de la
philosophie de l’histoire, des théories biologiques évolutionnistes des 18è et 19è siècle
et des enquêtes entreprises par les mouvements réformistes du XIXè siècle.
Au stade initial, la sociologie s’occupe de définir, d’expliquer les institutions sociales,
le rôle, la fonction, le statut social, la mobilité, la bureaucratie, la parenté, le groupe
primaire, l’idéologie, la communauté, l’association.
Le mot sociologie a été crée par Auguste Comte pour désigner la science des sociétés. Il
est issu d’un radical latin (socio) et d’une terminaison grecque (logos). C’est la raison
pour laquelle, il mit du temps à s’imposer car réfuté par les puristes de la langue française.
La sociologie a postulé que les faits que l’on appelle sociaux sont dans la nature. C'est-à-
dire soumis au principe de l’ordre et du déterminisme universel et par suite intelligibles.
Elle s’est donc donnée au départ comme objet la découverte des lois sociologiques. C’est
pourquoi Mauss dit qu’ ‘‘expliquer en sociologie c’est découvrir les lois’’ (3).
(1) Fogeyrollas P : Sciences sociales et marxisme, paris, Payot, 1970, p.17-18
(2) Durkheim E : Les Règles de la méthode sociologique, Paris, P.U.F, 1947
(3) Touraine A : Pour la sociologie, Paris, p.21
(4) Mauss M : Essai de sociologie, Ed de Minuit, Paris, 1918, p.13
La sociologie a renoncé aujourd’hui à la recherche de loi. L’explication en sociologie
consiste en une étude du plus général ainsi que du plus particulier de la réalité
collective. L’histoire décrit sans expliquer telle société donnée à tel moment précis.
9
La sociologie explique de manière satisfaisante, cherche non pas des rapports simples
de succession mais des relations intelligibles.
Selon la sociologie les sociétés sont formées par une pluralité d’individus agissant et
réagissant les unes sur les autres, mais donnant un ensemble différent des spécificités
individuelles.
La société, groupe ou foule a une nature propre différente de celle d’un individu.. Un
individu isolé, seul réagit différemment que quand il est en groupe. La société est ainsi
un tout, une totalité différente de chacune de ses parties et de la somme de ses parties.
La sociologie au départ fut l’œuvre de grands théoriciens de la société. Faisant ainsi
dire à Bottomore (1) qu’elle fut avec l’anthropologie sociale, la première science
sociale à s’intéresser explicitement à la vie sociale en tant qu’entité et à refuser d’en
isoler un aspect particulier pour en faire l’objet de son étude.
Après ce début, la sociologie (des années 30 jusqu’en 1960) un champ d’investigation
beaucoup plus restreint à caractère ethnocentriste et régionaliste (famille,
monographie) à l’exception de quelques ouvres telle celle de Barington Moore ‘‘Social
Origine of dictator Ship’’ ; ce qui entraîna l’appel non entendu de Lyind ( en 1930 ;
mais qui fut repris quelques trente ans plus tard par Wright Mills en 1956 pour
inviter les sociologues à plus d’audace donnant ainsi un second souffle à cette
discipline. Un autre souffle lui vint à la même époque du phénomène d’accession des
pays colonisés à l’indépendance. La sociologie commence à traiter des grands
problèmes mondiaux de sous développement, d’industrialisation. Elle se rapprocha
beaucoup plus de l’anthropologie sociale car elle faisait ainsi une incursion dans le
champ de celle-ci qui jusqu’alors avait à elle a seule les sociétés non occidentale. Au
terme de la colonisation l’univers s’uniformisa à tendre vers les mêmes structures, les
mêmes problèmes ; industrialisation, urbanisation, délinquance.
Mais jusqu’ici, comme en anthropologie, il n’existe pas de traité d’ensemble
incontestable de la théorie sociologique. Les concepts ne sont pas encore tout à fait au
point. D’un sociologue à l’autre beaucoup sont employés dans des acceptions
différentes. Différentes terminologies sont utilisées pour exprimer une même idée ou
des idées se rapprochant. CF Lévi Strauss : modèle conscient et inconscient et
Touraine : Différence, réalité sociale et relation sociale (2)
10
Les sources
Après le moyen âge, les sociétés occidentales étaient étudiées pour mettre en cause
l’occident et sa civilisation. Ce n’est pas encore une science de l’homme mais
l’expression d’une crise sociale et théorique. Les travaux entrepris dans la première
moitié du XIXè siècle et qui se situe dans le cadre de la recherche de l’origine d3e
l’homme avaient un caractère plus scientifique. Les découvertes archéologiques
donnaient une idée de l’industrie et des types d’homme préhistoriques.
L’anthropologie sociale, elle tentera de reconstituer les premières sociétés à travers
l’étude des primitifs, des sauvages : c’est pourquoi Malinowski affirmait que la
nouvelle science naquit sous le signe de la ferveur évolutionnistes des méthodes
anthropologiques. Aussi cherchera-t-elle d’abord à reconstituer les débuts de l’humanité à
retrouver ‘‘l’anneau manquant’’ à établir les parallèles entre les grandes découvertes
préhistoriques et les données ethnographiques’’.
Ce qui caractérise les premiers écrits et théorie fut, à la différence de la sociologie,
l’absence d’enquête de terrain. C’est ainsi que Frazer, à la question s’il avait jamais vu
un de ces primitifs répliqua : ‘‘Dieu m’en garde’’ Morgan et Tylor ont, cependant, été
des exceptions. Les autres anthropologues ont travaillé dans leur bureau, leur cabinet à
partir des récits et des écrits des voyageurs, et des missionnaires. C’est la raison pour
laquelle cette anthropologie est traitée d’anthropologie de cabinet. C’est une
centralisation et une analyse de faits recueillis par d’autres par d’autres pour retrouver
les premières formes sociales de l’humanité. Tous voulaient remonter aux sources de
l’humanité à partir des sociétés primitives. La seule exception a été d’Adolphe Bastian,
médecin de formation antidarwiniste
11
DEEFINITION DE LA CULTURE
La culture est un mot ancien. Il apparaît vers la fin du XIIè siècle et désigne avec le culte
religieux, sens rapidement abandonné, une pièce de terre cultivée. Le sens figuré : culture
de l’esprit n’apparaît que vers 1545, il se répand au XVIIè siècle et les dictionnaires le
retiennent au XVIIIè siècle (Beneton). Culture des Lettres, des Sciences le terme est en
accord avec l’idéologie des lumières.
La culture est un terme [polysémique que l’on ne peut définir qu’en fonction de son
histoire et des domaines dans lesquels on l’utilise.
Au sens anthropologique, tout individu étant né dans une société participe à une culture.
Si les besoins sont innés et universels, la façon des les satisfaire varie : façon de se
nourrir, de dormir etc.
Pour Linton. R « une culture est la configuration des comportements appris et de leurs
résultats dont les composants dont les éléments composants sont partagés et transmis par
les membres d’une société donnée ». La culture n’est donc pas un ensemble de
connaissances intellectuelles, mais l’ensemble des valeurs, des façons de vivre et de
penser de tous les membres d’une société. La notion est liée à celle de totalité, mais
interpréter de façons différentes.(1)
Pour E. Sapir, (1924) la culture est faite de sens vécus, de façon souvent inconsciente,
attribués par les membres d’un groupe aux milieux naturel, humain, social. L’homme est
ainsi considéré lui-même comme agent social.
Les définitions de la culture tournent autour de deux tendances principales :
La première est celle de Malinowski et des écoles américaines d’anthropologie et de
sociologie. Celle-ci fait de la culture une totalité dans laquelle entre tout ce qui est
humain, tout ce que l’homme touche. C’est dans ce cadre que :
Tylor définit la culture comme ‘‘tout complexe, qui inclut les connaissances, les
croyances, l’art, la morale, le droit, les coutumes, et toutes autres capacités et habitudes,
acquises par l’homme en tant que ,membre de la société’’.
Malinowski, quant à lui définit la culture comme ‘‘cette totalité où entrent les ustensiles
et les biens de consommation, les chartes organiques réglant les divers groupements
sociaux, les idées et les arts, les croyances et les coutumes. Que l’on envisage une culture
très simple ou très primitive, ou bien au contraire une culture
complexe très évoluée, on a affaire à un vaste appareil, pour une par matériel, pour une
part humain, pour une autre aussi spirituel qui permet à l’homme d’affronter les
problèmes concrets et précis qui se posent à lui ’’.(2)
La deuxième tendance est celle de Radcliffe Brown et de certain de ses disciples. Ils ont
une conception restrictive de la culture. ‘‘Une certaine standardisation des modes de
comportement’’. La culture exclut les productions matérielles de la société et comporte
surtout trois aspects :
1) Les règles
2) Les symboles et significations : mots, gestes, œuvre d’art, ou des rites
3) Les sentiments et mode de pensée commun.
(1) Lexique des Sciences Sociales, Dalloz, 7ème édition, 2000, 424 pages, P.104-105
(2) Malinowski B. : une théorie scientifique de la culture, Maspero, Paris, 1968 p.38
12
Selon la première tendance la structure est un élément de la culture mais selon la
dernière, c’est l’inverse, c’est la culture qui est un élément de la structure.
La culture est l’ensemble des comportements acquis, un héritage social, que l’homme
acquiert de ses ascendants et transmet à ses descendants. (1)
RACE et CULTURE
Certaines cultures sont-elles supérieures à d’autres. Des races seraient elles plus
intelligentes, plus aptes que d’autres, élaborant en conséquence des cultures de meilleure
qualité ?
L’avance de l’occident et de la culture des ‘‘blancs’’ sur le plan scientifique et technique
est aujourd’hui sans conteste.
Le monde ne cesse de s’occidentaliser. Et comme le dit Claude Lévi Strauss ‘‘ce que les
pays insuffisamment développés’’ reprochent aux autres dans les assemblées
internationales n’est pas de les occidentaliser, mais de ne pas leur donner assez vite les
moyens de s’occidentaliser1’’ (1).
Mais la question de fond, ici porte sur les raisons de cette avance. Relèvent t-elles
d’aptitudes raciales, innées, sont elles de l’ordre de la nature ?
L’homme existe depuis trente à trente cinq mille (30 à 35.000) ans. Et c’est seulement
depuis deux cents (200) ans à peu près que la ‘‘blanche’’ connaît une certaine
suprématie. Si celle-ci était d’origine naturelle, elle n’aurait pas atteint 30.000 ans
pour se manifester. Bien avant l’occident, L’Egypte a occupé la première place. Et selon
certains chercheurs comme Cheick Anta Diop, ce pays était habité par des négro-
africains. Au Moyen-Âge c’est le soudan occidental, l’empire du Mali Songhoî
que revenait la première place. A l’époque, les sociétés européennes plongées dans
l’obscurantisme ne se livraient qu’à des guerres incessantes alors que le songhoï, avec
l’université de Tombouctou était à la pointe de la recherche.
Comme nous signalerons ci-dessous, les cultures ne sont pas statiques. Elles connaissent
une dynamique et évoluent dans le temps et dans l’espace. Comme d’autres sociétés hier,
la civilisation blanche est en avance sur les autres. Mais rien ne prouve qu’elle continuera
à détenir cette suprématie. La suprématie occidentale se manifeste essentiellement sur le
plan mécanique et scientifique. Et n’est en fait que la synthèse des meilleurs éléments
culturels des autres peuples : la science et la technologie modernes (hydrologie,
géométrie, astronomie, philosophie..) sont nées en Egypte d’où elles sont parties en
Grèce. L’écriture est née en Phénicie (moyen orient), les bases de l’arithmétique et de
l’algèbre sont d’origine indienne (Indes) et Arabe. La poudre à canon et la boussole
proviennent de l’extrême orient. L’anesthésie est d’origine indienne (Indien
d’Amérique)…
Aussi, si la suprématie culturelle occidentale était d’origine naturelle toutes les sociétés
de race blanche seraient aussi développées les unes des autres ou au moins plus
développées que toutes celles de couleur. Mais le Japon, société de race jaune, n’a rien à
envier aux sociétés occidentales et se trouve d’ailleurs pratiquement au même niveau que
les U.S.A sur le plan scientifique et technologique et en première place sur celui de
l’organisation du travail dans l’industrie. La Côte d’Ivoire (société
1
Lévi Strauss C : Race et histoire in Anthropologie structurale, Plon, Paris, 1992, 127pages. Et in le
racisme devant la sciences, ouvrage collectif, UNESCO Gallimard, Paris, Nouvelles Editions, 1973, p.140
13
négro-africaine) a le même tissu industriel que le Portugal et tous deux loin derrière le
Nigeria autre pays négro-africain et l’Inde qui occupe le dixième (10è) rang parmi les
pays industrialisés.
Des sociétés blanches connaissent le sous-développement et la misère. Albanie, Portugal,
Pays de l’Est de l’Europe, Pays arabes…Et dans un même pays développé, des régions
sont loin derrière les autres sur le plan du développement scientifique et technique et ne
constituent que des réservoirs de main d’œuvre pour celles développées, cas du sud de la
France, du sud de l’Italie. .Des pays entiers sont dans cette situation et en période
d’expansion ils servent de réservoir de main d’œuvre à ceux plus développés. Espagne et
Portugal pour la France et l’Allemagne.
En dehors de la technologie et des sciences dites exactes, les sociétés occidentales
semblent derrière les autres sur le plan de la gestion des ressources humaines et de la
connaissance du corps et de l’esprit. L’occident marginalise voire exclut une catégorie de
personne pauvres vieillards, handicapés physiques et mentaux, femmes, enfants.. Le
célibat est rare dans beaucoup de sociétés traditionnelles. Chaque membre de la société a
un partenaire et les personnes âgées, au lieu de se voir exclues, jouent des rôles très
importants dans. Ils ont un rôle de conseillers, de chargés de la salubrité y est beaucoup
plus développée. La société occidentale, elle, semble déshumaniser l’homme. IL n’y est
pas rare d’assister à des agressions en pleine ville devant une foule indifférente, à des
cambriolages d’appartements en présence des voisins, la civilisation occidentale a l’art
de regrouper le maximum d’homme tout en les séparant et en les isolant au maximum sur
le plan relationnel, et communicationnel.
L’extrême orient maîtrise mieux le corps sur le plan physique et moral que l’occident
(yoga de l’Inde, souffle chinois, gymnastique viscérale des anciens Maoris (1)…
Aussi, un élément culturel s’insère dans un ensemble culturel, c’est évident qu’une hache
en fer et mieux une scie électrique coupe plus vite, permet d’obtenir beaucoup plus de
bois qu’une hache en pierre taillée. Mais cette performance n’a de sens que dans un
contexte capitaliste où la productivité est un leitmotiv, une des valeurs essentielles de
la société. Ailleurs pourquoi couper beaucoup de bois si l’on en a pas besoin. Quand les
occidentaux ont introduit les haches en fer dans les sociétés primitives (Caraïbes,
Australie..) les indigènes ont abandonné les haches en pierre, tout en se contentant
d’effectuer la même quantité de travail. Le temps gagné fut utilisé à d’autres fins : repos,
chants, danse, jeux, comme signalerons si dessus, toutes les sociétés ont leur culture, leur
civilisation. Il n’existe pas de sociétés sauvages, barbare, ou archaïque. La présente étude
sur la culture montre qu’un jugement de valeur ne peut être que sur un élément ou des
éléments d’une culture, d’une civilisation et non sur l’ensemble.
La culture vise à faciliter les conditions d’existence de l’homme, quand elle aboutit à
l’inverse, on peut parler d’archaïsme, d’arriération. Le jugement de valeur peut être
portée dans les conditions suivantes quand :
-la culture porte atteinte à l’intégrité physique de l’homme : opération sur le sexe,
castration, demi castration, excision, infibulation, ablation….Opération sur les dents, les
sacrifices humains.
-elle contribue à l’asservissement d’une partie de la société : esclavage, servage..
-elle émet des théories anti-scientifiques en vue d’asservir, de porter atteinte à l’intégrité
physique, d’affamer une partie de la population racisme, nazisme, fascisme, apartheid
Dans ces cas l’homme de science constate mais en aucune manière ne justifie ces faits au
14
nom de la culture. Il lui revient de les dénoncer, de les combattre dans le cadre de
l’application de la science.
LA CIVILISATION
Etymologiquement civilisation provient de civil qui veut dire cultivé au sens figuré, si le
terme civiliser date du 16ème siècle (1538) celui de civilisation est du 18ème siècle (1734).
Auparavant furent plus usitées les notions de barbarie et de sauvagerie qui,
ultérieurement ont utilisées comme les antithèses de la civilisation
Les grecs ont ainsi traité de barbares, les peuples qui ne relèvent pas de leur culture.
Selon. Claude Lévi Strauss, c’est probablement par référence à ‘‘la confusion et à
l’articulation du chant des oiseaux, opposées à la valeur signifiante du langage humain’’,
le langage grec. (2)
2
Linton .R : De l’homme, Editions de Minuit, Paris, 1936/1968
15
Au XVIè siècle l’Europe occidentale utilisa la notion de sauvagerie ce terme provient de
sylva qui veut dire forêt. Le sauvage est donc l’homme resté à l’état brut, non loin du
genre de vie animale. Pour la tendance humaniste de l’époque, cet état bénéficiait
d’un jugement favorable. Les sauvages étaient considérés comme à l’état de nature ; le
Naturel étant préserver des pêchés de la civilisation, et pourquoi pas du pêché original.
La notion de bon sauvage date de l’époque du XVIIIè siècle l’abbé Raynal reprend les
mêmes idées mais les autres auteurs et particulièrement les philosophes des lumières
mettent l’accent sur l’idée de mouvement social, de progrès, de civilisation.
C’est ainsi que Voltaire tout en condamnant les abus de la colonisation estime que les
sociétés arriérées doivent être civilisées.
L’anglais Adam Fergusson dans ‘‘History of civil society’’ en 1764 affirme que
l’évolution du monde est passée par la sauvagerie, la barbarie et la civilisation. Morgan
dans la seconde moitié du XIXè siècle reprend les mêmes thèmes dans son célèbre
ouvrage ‘‘Ancient society’’.
Les Marxistes avec Engels à leur tète lui emboîtent le pas. Dans le même ordre d’idée
Gustave Klemm (1802-1884) affirme qu l’humanité, dans le cadre de l’obtention des
moyens d’existence, est successivement passée par la chasse, la pêche, l’élevage et
l’agriculture. Dans le cadre de l’organisation sociale, les sociétés sont passées par un
stade de sauvagerie caractérisé par l’anarchie en suite un stade d’apprivoisement qui fut
une auto domestication de l’homme et enfin le stade de la liberté qui vit la chute
.
du pouvoir des prêtres. Quant aux races, elles seraient de deux (2) types. Les races actives
porteuses de progrès et les races passives.
Condorcet et Vico se sont intéressés au XVIIIè siècle à l’évolution de l’esprit humain
Vico pense que celui-ci est passé par trois (3) états : l’état poétique caractérisé par la
cosmogonie et les mythes, l’état héroïque qui fut celui des épopées historiques et
légendaires et enfin la nature humaine intelligente, étape de la ratio, marquée par
l’égalitarisme et le raisonnement logique. Il fut repris par Auguste comte au siècle
suivant.
La notion de civilisation est née d’une part de la lutte contre les idées dogmatiques du
moyen-âge et d’autre part de la perception européenne de l’humanité. Analysée ainsi
dans un contexte historique la civilisation fut perçue comme une finalité, le but vers
lequel concouraient toutes les sociétés. Dans un contexte synchronique, les sociétés se
sont retrouvées reparties sur les différentes marches d’une échelle, dont la dernière, le
sommet était coupé par les sociétés civilisées.
La civilisation a donc été considérée comme l’apanage de certains peuples qui seraient
passé d’un état de sauvagerie, de barbarie à un état de civilisation. Cette conception sous-
tendue par un jugement de valeur n’est pas opérationnelle. Chaque peuple a sa culture sa
civilisation.
Civilisation et culture sont indissociables. Elles ne le sont que pour le besoin de l’analyse.
.Elles sont étroitement liées l’une à l’autre. La culture étant le levain de la
Civilisation. Il n’existe pas de civilisation sans culture comme il n’existe pas de culture
sans civilisation..
Pour le besoin de l’analyse, considérons la civilisation comme le patrimoine culturel
révolu, ancien aussi présent d’un peuple, c’est la façon donc les gouvernement d’un
peuple, la façon dont ce peuple a connu et organisé sa société dans le passé et la façon
16
dont il la conçoit et l’organise dans le présent. La civilisation est constituée par les
caractéristiques anciennes et actuelles d’un peuple. La culture, elle, c’est seulement le
présent, ce qu’on vit. La civilisation c’est ce présent plus ce qui a été vécu et délaissé,
dépassé. La civilisation permet de distinguer un groupe humain d’un autre.
A certain niveau, la civilisation mettra beaucoup plus d’accent sur la pratique. Dans
l’analyse de l’idéologie, un des éléments de la culture, les différentes formes de
conscience ont été mentionnées. La civilisation, elle prendra en compte non seulement
ces formes de conscience, mais aussi la pratique, l’exercice du droit, de la politique, de la
parenté, autrement dit, en plus de la façon dont la société se présente, se conçoit, en plus
de ce qu’elle pense d’elle-même la civilisation va retenir ce qu’elle est et fait. Ainsi, dans
le domaine politique, la civilisation prend en compte le système politique, les structures
politiques, l’exercice du pouvoir, l’administration et la gestion des hommes, la forme de
société : village, Tribu, Etat..
Dans celui du droit, les structures de l’appareil judiciaires, l’exercice de l’activité
juridique, les sanctions, la réglementions sociale.
En matière de production, l’accent est mis sur les structures de production, les rapports de
production, la répartition des biens produits..
Donc en plus de tout ce mentionné ci-dessus, la civilisation intègre l’organisation des
hommes en vue de la production de leurs conditions d’existence.
Selon ‘‘Psychiatrie Adulte Thérapie’’ 3 , la culture est l’ensemble des matériaux dans
lesquels nous (individu et société) puisons pour l’élaborer nos expériences. La nature est
l’expérience, et la culture c’est l’élaboration de cette expérience. Cette élaboration se fait
selon une organisation, une structure, un ensemble de règles et de signifiants propres à
chaque ethnie. Ces règles et ces signifiants sont relatifs et universels. (Une ethnie est un
groupe qui partage les mêmes signifiants culturels). Une culture donnée imprègne les
individus, et ces derniers transforment leur culture. L’individu doit intérioriser la culture
du groupe dans lequel il est né, et s’y tailler une place. Le groupe quant à lui, doit
l’intégrer en lui donnant l’exercice d’un rôle, d’une fonction, et transmettre sa culture par
l’éducation.
PERSONALITE ET CULTURE
La culture façonne la personnalité dans son développement normal aussi bien que
pathologique. Les critères de norme et de pathologie sont définis dans culture KROEBER
et KLUCKHOHN conçoivent la culture sous ce rapport comme étant
essentiellement un ‘‘un pattern’’ qui oriente les choix gérés par un groupe d’hommes pur
affronter leur environnement. C’est donc l’instrument privilégié par lequel les hommes
s’adaptent à leur milieu. Le concept de culture, chez ces auteurs, s’étend aussi bien aux
structures symboliques des normes et des idéologies que. A un niveau plus concret et
psychologique, à un ensemble de comportement acquis.. C’est au cours de la petite
enfance que la personnalité acquiert les principaux éléments de sa structure de l’état
adulte. Une grande importance est accordée au processus de socialisation qui régit cette
période.
LES CROYANCES et VALEURS DE CULTURE
3
Thérapie Psychiatrie, Adulte, et Ethnopsychiatrie, 31p, p.22—23,p, 2006
http:// psychiartinfirmiere.free.fr/formation/infirmier/therapie/adulte.htm
17
Les croyances culturelles influencent dans une certaine mesure le choix du comportement
pathologique. En général on attribue plus souvent l’origine des maladies à des causes
exogènes (comme la sorcellerie, la transgression d’un interdit, un accident,.) qu’à des
causes endogènes. Et l’attribution de ces causes est un
processus rarement accompagné d’une analyse minutieuse des faits (le processus
d’anamnèse est souvent des plus succincts !). Les symptômes, névrotiques ou
psychotiques, neurologiques, gastriques cardiaques, pulmonaires sont des constructions
collectives qui évoluent et se transforment avec l’évolution du groupe. Nous empruntons
nos symptômes à notre culture. Ce qui est permanent, ce sont les lois de la
dépersonnalisation car dans toute culture existent de telles lois. C’est uniquement leur
manifestation qui diffère.
En guise de conclusion : la culture est un phénomène social, un héritage social alors que
les caractéristiques raciales constituent un héritage biologique. La culture d’un individu
ne dépend pas de sa race, mais de sa société, de son milieu d’éducation. Un noir
d’Amérique n’a pratiquement rien de commun sur le plan culturel avec ses
frères de race d’Afrique. Il ne lui reste souvent que quelques vestiges sur le plan musical
et religieux, un homme quelque soit sa race se conduit exactement comme ceux parmi
lesquels il a été éduqué, c’est le cas des enfants des travailleurs immigrés en Europe :
(Noirs d’Afrique, Arabes, Turcs,) des descendants d’esclaves noirs en Amérique….
Il ne faut donc pas confondre l’héritage biologique (Race) d’un homme avec son héritage
social (culture). La culture est sans aucun rapport avec la race, un individu, d’une race
donnée, en parfait, état de santé à sa naissance, a les mêmes aptitudes que n’importe quel
individu de n’importe quelle race. Il n’existe pas de race supérieure ou inférieure sur le
plan physique ou psychique Les hommes ont la même origine, appartiennent à une seule
et même espèce et recèlent dans les conditions normales les mêmes potentialités.
Par ailleurs, l’objet actuel de l’anthropologie est qu’elle s’occupe de l’étude de l’homme.
Elle se subdivise en domaines
Ainsi l’anthropologie physique étudie l’homme en tant qu’espèce animale s’intéresse à
l’origine de l’homme (anthropogenèse) et à l’étude des races.
L’anthropologie culturelle, elle s’intéresse aux STRUCTURES, INSTITUTIONS et
RELATIONS SOCIALES que les hommes tissent entre eux dans la société, dans le
cadre de la production et de la reproduction : étude monographiques : (ethnie, tribu clan
et l’étude de la parenté, de l’économie, du politique, de la structure sociale, du
changement social, et du développement), Elle s’intéresse aussi aux CROYANCES et
VALEURS, religion, mythe, valeurs sociales, santé culture, maladie,
C’est le thème de la maladie qui sera l’objet de nos études ultérieures. Dans cette
perceptive tenterons-nous d’étudier la dimension historique, sociale et culturelle de la
maladie dans sa prise en charge médicale ?
Fonction historique et culturelle dans la compréhension, du diagnostic, de
la prévention et du traitement du phénomène da la maladie.
Une question surgit dans notre esprit. Comment l’anthropologie est-elle arrivée à
s’intéresser à la santé comme champ d’étude ?
Bien sûr, l’anthropologie a longtemps été considérée comme la science comparée des
civilisations sans écriture. Il lui a fallu plus d’un demi-siècle avant qu’elle s’intéresse aux
civilisations complexes, rompant ainsi une longue traditionnelle d’un regard quasi
18
exclusif sur « l’autre lointain », C’est justement cette altérité qui est à l’origine des
intérêts de l’anthropologie pour la phénoménologie de la santé, de la maladie et de la
mort cherchant à travers elle à comprendre la vision du monde, les systèmes de
croyance et les explication de la maladie. Par ces études sur les pratiques ethnomédicales,
les anthropologues ont acquis des connaissances uniques sur un grand nombre de
civilisations différentes. A la suite de condition sociopolitique nouvelle, cette compétence
fut recherchée dans les pays en voie de développement, au moment même où,
principalement durant la période qui suivit la Seconde Guerre mondiale, bon nombre de
pays occidentaux, certaines organisations internationales et certains fonds de dotation de
grande envergure, mus par un souci humanitaire, mettaient sur pied des programmes de
santé publique pour combattre et enrayer les maladies infectieuses ainsi que pour faire la
promotion des habitudes sanitaires se rapportant principalement à l’hygiène corporelle, à
la consommation d’eau non polluée et à une saine alimentation.
Il faut ajouter que les anthropologues intéressés par l’anthropologie médicale, ou plus
spécifiquement par l’ethnomédecine, les années 1980 témoignent de l’affirmation et du
développement de deux tendances. La première concerne les itinéraires thérapeutiques,
dont la biomédecine, par les malades à la recherche de soins.
La seconde tient à la préoccupation des anthropologues à mieux comprendre les
fondements et les pratiques du système de médecine savante occidentale.
En général les premiers travaux anthropologiques sur la biomédecine ont porté sur les
systèmes thérapeutiques non occidentale ou bien se sont centrés sur le point de vue des
malades. Mais, dès la deuxième moitié des années 1970, la réflexion théorique en
ethnomédecine posait le contexte général d’analyse du système biomédical. Cette
augmentation, comme tout très simple, considère que la médecine savante occidentale
s’inscrit d’emblée dans les préoccupations de l’ethnomédecine. Une telle position
entraîne des conséquences épistémologiques importante. Les anthropologues peuvent
ainsi penser leur analyse du système biomédical comme un produit inscrit
historiquement, socialement, et culturellement dans une société au même titre que tout
autre système thérapeutique dans n’importe quelle société. Ils ont également été amenés à
considérer le point de vue des thérapeutes et non plus seulement celui des malades4.
Un deuxième courant a fortement marqué le champ de l’anthropologie de la santé : celui
de la psychiatrie sociale, champ disciplinaire en émergence au début des années
cinquante en Angleterre et aux Etats-Unis. Cette sous discipline psychiatrique visait à
bien comprendre l’influence des facteurs environnementaux, psychosociologiques, socio-
économiques et socioculturels sur l’incidence, la prévalence des désordres psychiques.
Cet intérêt a été d’abord centré sur les milieux sociaux défavorisés afin de mesurer
l’impact des habitudes de vie (niveau individuel) et des genres de vie (niveau collectif)
sur le déséquilibre émotif et sur l’incidence comme le renforcement des désordres
psychologiques (Leighton 19595 ; Hughes et al 19606, Leighton et al, 19637(4). Par le
biais d’études épidémiologiques, les chercheurs établissent des taux de prévalence des
4
Genest S. Introduction à l’ethnomédecine. Essai de synthèse, Anthropologie et Sociétés, 1978,
5
Leighton A. H : My name is legion New York : Basic Books, 195
6
Hughes C.C..: M. A Tremblay, R.N Rapport et A.H Leighton,People of cove and Woodlot: communities
from the view point of social psychiatry, New York Basic Books, 1960
7
Leighton D.C: The Character of Danger, New York: Basic Books, 1963
19
maladies psychiques selon le sexe, la catégorie d’âge, le statut socio-économique ou le
statut de classe, le degré de scolarité, l’appartenance clinique, l’affiliation religieuse,
toutes ces variables devant discriminer les états affectifs individuels en tenant compte du
degré d’organisation sociale et de la qualité de vie des unités sociales concernées pour
rendre compte des différenciations environnementales.
Chez les Beti comme en maintes cultures, il n’existe qu’un seul mot-mvoè-pour signifier
indissolublement la bonne santé individuelle et la paix communautaire en harmonie avec
le monde. Corrélativement, le malheur, la malchance, la maladie concernent, à partir d’un
certain degré de gravité, encore plus que l’individu, tout
l’ensemble de son groupe, qui mobilisera pour résoudre le problème posé un grand
nombre de processus symboliques ou économiques. L’étude de ces représentations et de
ces action est le domaine de l’anthropologie médicale, qui s’est développée depuis les
années 50, lorsque les Occidentaux ont fini par admettre une certaine efficacité des
médecines traditionnelles et de ceux qu’on appelle les ‘‘tradi-praticiens’’.
Dans tous les cas, la maladie est un signe dont les spécialistes cherchent l’explication
enfin d’en trouver le remède. Il semble bien que coexistent un peu partout deux lignes de
pensée et de savoir.
La première consiste à voir dans la maladie une rupture de l’équilibre naturel (et avec la
nature) qu’il s’agit de rétablir. C’est la base de la médecine occidentale « rationnelle»
avec Hippocrate, qui se fonde sur le traitement des « humeurs », mais que l’on retrouvera
en Chine avec l’opposition du YIN (froid, solide, passive) et du YANG (chaud,
active).
L’explication du yin et du yang est ainsi très simple. Par la suite divers attributs ont été
donnés à ces deux forces qui, nous devons le rappeler, sont relatives ; l’on ne peut jamais
dire ‘‘yin’’ ou cela ‘‘yang’’ sans expliquer par rapport à quoi cela est YIN ou YANG.
Par exemple, la glace est plus YIN (froid, solide, passive) que l’eau, mais la vapeur est
plus YANG (chaud, active) que l‘eau. Donc l’eau est YANG par rapport à la glace, mais
YIN par rapport à la vapeur.
Aussi bien dans quantités de sociétés sans écritures (en Amérique du Sud, en Afrique) et
pratiques populaires où l’on oppose le « chaud » et le « froid » qu’il s’agit de maintenir
en équilibre en évitant les extrêmes. La maladie est donc la perte de cet équilibre : elle se
soigne en faisant absorber au malade des aliments et boissons de la qualité symbolique
opposée à celle qui l’impose.. Il s’agit alors d’une « médecine des contraires » ou
allopathie. ( Laplantine, 1986), par opposition à la « médecine des semblables » ou
homéopathie qui consiste à soigner le semblable par le semblable, et qu’on retrouve dans
l’usage des vaccinations, connu déjà un peu partout dans le monde avant que Jenner ne le
répande en Europe. D’autres déséquilibres sont attribués à l’humidité, aux excès
alimentaires, et soignés par phytothérapie, saignées, décoctions, infusions, bains.
Mais, et c’est une orientation de pensée aussi générale que la première, au lieu d’être vue
comme une simple rupture avec l’environnement physique, la maladie peut manifester au
contraire, ou en même temps, une rupture avec l’environnement social, invisible ou non.
Dans la bible, la vie signifie la bénédiction divine (d’où la longévité attribuée aux
patriarches) ; la maladie et le malheur ; au contraire, la malédiction ; ses amis persécutent
donc Job ruiné et soufrant sur son fumier pour savoir quelles offenses envers Dieu il a
bien pu commettre. Dans la recherche de la causalité morbide, les tradi-praticiens qui ont
identifié la maladie et son mécanisme cèdent alors la place aux devins ou aux dé-
20
sorceleurs, à moins qu’ils ne le soient aussi eux- mêmes. Il s’agit de décrypter, parfois par
la transe et l’extase, ce « langage » qu’est la maladie8.(1)
‘‘Prenant en compte cette contextualisation, je me sens mieux autorisé à tracer le profil
de certaines contributions de l’anthropologie de la clinique à une meilleure
compréhension en santé professionnelle en santé mentale, tant au niveau individuel que
communautaire. Pour esquisser d’une manière appropriée cette trajectoire, il serait
impératif d’incorporer à ma démarche une double intention qu’il me sera impossible
d’incarner dans le cadre du profil projeté. L’une est à caractère historique,
l’autre, de nature stratégique. Une première approche cherchait à reconstituer les
jalons de l’anthropologie de la clinique dans le domaine de la santé mentale, en
identifiant quelques études d’importance, en clarifiant leurs objets, en établissant, le cas
échéant, leurs filiations et le transfert des connaissances auxquelles elles ont
1) Tolra Philippe Laburthe, wrner Jean Pierre: Ethnologie, Anthropologie, Paris, P.U.F, 1993, 412 p, PP.265-267
donné lieu. Si cette perceptive était déployée, elle viserait à reconstituer les contextes
législatifs, institutionnels, professionnels et situationnels qui en quelque sorte bloqué. les
rapprochements transdisciplinaires entre les sciences de la santé et les sciences
humaines, jusqu’à ces toutes dernières années à tout le moins, le renouvellement du
paradigme biomédical de l’étiologie de la maladie ainsi que la transformation des
interventions thérapeutiques qui en découlaient (Bibeau 1983 9 (1),Tremblay*1983)a
(1983)10b(2). L’approche stratégique, quant à elle, nous renvoie aux enjeux que suscite
une anthropologie de la clinique (et, a fortiori, une anthropologie clinique)
particulièrement, lorsque le discours officiel accorde un statut privilégié à une approche
globale de la santé (Gouvernement du Canada 1986)11(3). Cette finalité thérapeutique du
corps professionnel dominant ainsi que cet objectif de planification des autorités
responsable des modes régulateurs devraient permettre l’insertion naturelle des sciences
humaines de la santé dans la praxis médicale…’’
8
Bibeau G : ‘‘La place de l’anthropologie médicale dans la rencontre entre les sciences sociales et les
sciences de la santé ’’, Santé, Heath, Culture, 1983
9
Tremblay M.A : ‘‘La santé en tant que phénomène global’’ 49-89, in P. Joshi et G. De Grâce (dr.).
Conceptions contemporaines de la santé mentale, Montréal : Décarie 1983
10
* Tremblay est professeur au département d’anthropologie de l’Université Laval et président du Conseil
québécois de la recherche sociale.
11
(3 Gouvernement du Canada : La santé : plan d’ensemble pour la promotion de la santé. Ottawa :Santé
et Bien-être social du Canada, 1986
21
BIBLIOGRAPHIE
22
Gouvernement du Canada : La santé : plan d’ensemble pour la promotion de
la santé. Ottawa : Santé et Bien-être social du Canada, 1986
Grawitz M. : Méthodes des sciences sociales, 10ème édition, Paris Dalloz,
1996.
Lexique des Sciences Sociales, Dalloz, 7ème édition, 2000, 424 pages,
P.104-105
Leighton D.C: The Character of Danger, New York: Basic Books, 1963
La Sainte Bible, traduite par Louis Second, Editions revues, 1969, Ancien
testament, La genèse, p.16-17
23
Malinowski B. : une théorie scientifique de la culture, Maspero, Paris, 1968
p.38
Malinowski B. (1933) : Trois essais sur la vie sociale des primitifs, Paris,
Petite bibliothèque Payot, 1980, P 153
24
L’ANTHROPOLOGIE MEDICALE OU L’ANTHROPOLOGIE DE LA SANTE
Maladie et culture
Morgan a ‘’dénaturé’’ le domaine de la parenté, c’est à dire qu’il a démontré et
fait accepter par les chercheurs que les rapports de parenté sont des rapports de
liens sociaux et non des liens naturels. Dans le même ordre d’idée ‘’
l’anthropologie de la santé part de l’idée que la maladie appartient au domaine
culturel.
Dans la société humaine la maladie et son approche relèvent du domaine
de la culture. A cet sujet Good affirme ‘’ après des années d’enseignement et de
recherche dans le domaine médical, je suis plus que jamais convaincu que le
langage de la médecine, n’est pas un simple miroir du monde empirique. C’est
un riche langage culturel, lié à une vision extrêmement spécialisé de la réalité et
du système de relations sociales, qui dans le traitement médical, associe les
grandes questions morales à des fonctions techniques plus évidentes ‘’. (1).
Pour tenter de cerner ce qu’est ce nouveau savoir constitué par l’anthropologie
médicale, il faut d’ abord dissiper un malentendu.Ce malentendu , c’est celui qui
consiste à envisager cette discipline comme une branche des sciences
médicales qui porterait son attention sur les conceptions culturelles du mal, en
vue d’aider , dans leurs taches, les professionnels de la santé. Un tel
malentendu aboutit à situer l’anthropologie médicale en marge de ce qui la
définit comme anthropologie sociale et culturelle et empêche de comprendre en
quoi l’approche de la maladie constitue pour l’anthropologue, un objet de
connaissance comme un autre.
On entend généralement comme relevant du domaine de l’anthropologie
médicale les travaux qui portent leur attention sur les représentations de la
maladie, les itinéraires des malades, le rôle des thérapeutes ou les pratiques
thérapeutiques de guérison, en fonction du système socioculturel dans lequel ils
s’insèrent.
A propos, j’expliquerai la différence entre cette « anthropologie médicale »
(dénomination ambiguë puisqu’on ne distingue pas clairement s’il s’agit d’une
branche de l’anthropologie ou d’une branche de la médecine) et « anthropologie
de la maladie » (formulation proposée par Marc .Augé) pour ressortir les
implications théoriques et ces deux intitulés, et leur finalité respective. ( Fainzang
Sylvie, 1986)2
Définition de l’anthropologie
L’anthropologie est la discipline qui, à partir des données de l’ethnographie,
(classification des groupes humains à partir de leurs caractéristiques linguistique,
ensuite à partir des divers éléments, liés à leur culture matérielle) vise à établir
les lois générales de la vie en société aussi bien chez nous que dans les
populations traditionnelles (Gresle et A(3)
a) Anthropologie
(1) GOOD B. (Cambrige) médicale
: Comment faire de l’anthropologie medicale ? medecine, ratinalite et
vecu, le plessis robinson, intitut synthelabo, 1998, p 54 -433 p
(2) Fainzang S : L’intérieur dess choses, Maladie, divination et reproductions sociales chez les Bisa
du Burkina-Faso ( préface de Marc Augé(, Paris Harmattan, 1986
(3) Gresle F et al : Dictionnaire des sciences humaines sociologie, psycologie sociale,
antrhropologie,Paris,Nathan, 1990
25
Parmi ces lois, l’anthropologie médicale porte une attention spécifiq ue aux
modalités de penser la maladie et de la soigner, c’est à dire aux conceptions
populaires et professionnelles ; aux causes des problèmes de santé à la nature
des traitements, aux thérapeutes qui appliquent ces traitements, aux processus
par lesquels les individus recherchent de l’aide et aux institutions qui régissent
l’espace socioculturel de la santé (Massé Raymond 1995 ( Culture et Santé
Publique(1)
b) L’anthropologie de la santé :
L’introduction du terme santé dans l’intitulé de la discipline fut le signe d’une
évolution du champ de recherche. Désormais l’anthropologie de la santé
publique ne consiste plus seulement à décrire les croyances et pratiques
relatives à la maladie , mais à les analyser en vue d’améliorer l’efficacité des
programmes médicaux. La tendance actuelle de l’anthropologie de la santé
s’élargit aux problématiques de la mondialisation tout en conservant la valeur
relativiste et contextuelle de son objet d’étude : la culture d’une société, à une
époque donnée.
2) Santé publique/Communautaire-
Concept de santé
D’après la définition de l’OMS, la santé « est un état complet de bien-être
physique, mental et social et ne consiste pas seulement en l’absence de
maladie ou d’infirmité ».Elle désigne en général le parfait état et le bon
fonctionnement de nos organes. La santé est recherchée par et pour tous en
tant que facteur déterminant de la qualité de la vie.
Elle est donc un besoin et un droit fondamental de chaque individu. Ainsi, le
système de santé idéal doit se faire dans le contexte de la globalité des soins,
des soins disponibles satisfaisants en prenant en compte tous les problèmes
psychologiques, c'est-à-dire toutes les dimensions de l’individus, non seulement
biologiques, organiques, mais aussi psychologiques, culturelles, sociales. Ces
facteurs peuvent constituer des facteurs de risque dans la survenue des
maladies.
Il ne suffit pas de guérir un corps malade, il faut aussi tenir compte de ce qui
l’entoure ( son profil). Ce-ci est évident dans les maladies à composante
psychologique (asthme, ulcères gastroduodenaux, diabète, hypertension
artérielle etc..
« Le médecin généraliste doit inclure et intégrer les facteurs physiques,
psychologiques et sociaux dans ses réflexions sur la santé et la maladie, ce qui
doit s’exprimer dans les soins qu’il donne à ses patients » (groupe de
Leeuwenhorst, 1974 (2)
(1) Massé Raymond : Culture et santé publique. Les contributions de l’anthropologie à la prévention et à la promotion de la santé,
Montréal/ Paris/ Casablanca/ : Gaétan Morin Editeur. 1995
2) Bibliothèque de l’OMS, Bamako Mali
Stratégie de l’OMS pour la médecine traditionnelle (MTR) 200-2005 P.34-60
26
a) Santé publique
La santé est l’art de prévenir les maladies, d’améliorer, de protéger la santé
mentale, physique et sociale des populations par la mise en œuvre des
stratégies collectives pour prévenir et lutter contre les désordres biologiques et
sociaux. A la lumière de cette définition de la santé publique, nous allons étudier
la politique de santé mise en œuvre au Mali.
27
1. Accessibilité géographique aux services de santé des districts sanitaires ;
2. Disponibilité, qualité et gestion des ressources humaines ;
3. Disponibilité des médicaments essentiels, des vaccins et des consommables
médicaux ;
4. Amélioration de la qualité des services de santé, augmentation de la demande
et lutte la maladie ;
5. accessibilité financière, soutien à la demande et participation ;
6. Réforme des établissements hospitaliers et des autres établissement de
recherche ;
7. Renforcement des capacités institutionnelles et décentralisation.
Il faut rappeler également que le Gouvernement du Mali adopté en 1998 un plan
Décennal de Développement Sanitaire et Social (PDDSS) 1998-2007 basé sur
l’approche sectorielle qui vise à avoir une vision global sur le secteur de la
santé. Ce plan est mis en œuvre à travers deux plans quinquennaux à savoir :
- Le « Programme de Développement Sanitaire et Social 1998-2002 » la 2ème
phase du dit PDDSS (PRODSS II) organisé autour de deux composantes, la
composante santé et la composante développement social.
L’objectif majeur de la politique sanitaire du Mali est la réalisation de la santé
pour tous sur un horizon aussi rapproché que possible. La concrétisation de cet
objectif passe par la réalisation des objectifs intermédiaires suivants »
(a) Améliorer l’état de santé des populations afin qu’elles participent plus
activement au développement socio-économique du pays en réduisant la
mortalité maternelle et infantile de même que la morbidité et la mortalité dues
aux principales maladies. Il s’agit également de développer les services de
planification familiale et promouvoir des attitudes et comportements sains
favorables à santé et au bien-être de la famille.
(b) Etendre la couverture sanitaire tout en rendant les services accessibles à la
population en implantant un dispositif de soins adapté aux réalités socio-
économique du pays et le plus rapproché possible des populations en assurant
des services de santé de qualité, géographiquement et économiquement
accessibles y compris la disponibilité du médicament essentiel et en intensifiant
l’utilisation des services par des actions d’information, d’éducation, et de
communication.
(c) Rendre le système de santé visible et performant en intégrant la politique
socio sanitaire dans celle du développement socio-économique du pays, en
rationalisant les services du secteur de la santé et leur expansion en rapport
avec les ressources disponibles et mobilisables, en améliorant l’efficacité du
système de santé par une gestion rationnelle des ressources humaines,
matérielles et financières, en organisant la participation de l’Etat, des
collectivités, des individus et des partenaires au développement de la prise en
charge du système de santé et en développant une approche pluridisciplinaire et
multisectorielle de l’action sanitaire (1)
(1) Ministère de santé : Revue : Regards, Priorité de la santé AMAP, Bamako Mali, 105 pages, P, 5-6
28
c) La santé communautaire
La communauté est un groupe de personnes vivant ensemble dans les mêmes
réalités sociale, linguistique, économique et politique en vue de protéger et
améliorer leur état de santé.
29
Cela ne veut évidemment pas dire qu’ils ont le sentiment d’appartenir à
une même communauté un phalanstère utopique.
30
généraux portant sur la qualité de vie, et il est fréquent que ce moyen ne soit pas
considéré comme le plus important pour les intéressés dans la hiérarchie des
besoins qu’ils se sont créés ou dont ils disposent. Ceci justifie que toute action
de santé tienne compte de l’ensemble des possibilités d’améliorer cette qualité
de vie (1) Ce qui va nous conduire à examiner les actions menées par
le Programme de Développement Sanitaire et social dans l’amélioration de la
qualité de vie des maliens.
La mise en œuvre du Programme de Développement Sanitaire et
Social (PRODESS) comme facteur de progression régulière de
l’offre de service.
L’amélioration de la qualité des soins et l’extension de la couverture sanitaire
sont des priorités inscrites dans la politique sectorielle de santé de notre pays.
Les pouvoirs publics et les partenaires au développement ont déployé de gros
efforts pour la mise en œuvre d’un programme de santé cohérent et capable de
prendre en compte nos préoccupations en la matière
Il en est du Programme de développement sanitaire et social (Prodess) première
phase quinquennale du Plan décennal de développement sanitaire et
social(PDDSS) qui devait couvrir initialement la période 1998-2007.
Le Prodess était essentiellement basé sur une composante santé et
développement social, avec 5 programmes ou volets.
Ceux –ci se déclinent par l’extension de la couverture sanitaire, la lutte contre
l’exclusion sociale, le développement des ressources humaines, des formes et
modalités de financement alternatif de la santé et le renforcement institutionnel.
La mise en œuvre de cette première phase du PDDSS aurait du couvrir la
période 1998-2002. Mais elle a démarre une année plus tard (1999) avant de
déborder sur 2003 le programme a néanmoins permis à notre pays d’atteindre
des résultats satisfaisant et d’améliorer les indicateurs. Une grande avancée est
également survenue dans l’approche des questions de santé par les
communautés.
Les statistiques du Prodess sont révélatrices de ces progrès dans les différents
domaines. Pour les accouchements assistés, par exemple, notre pays enregistre
une réelle évolution. On est passé 33% en 1999 à 49% de taux
d’accouchements assistés en 2004. Pour la même période les consultations
prénatales sont passées de 47 à 75%. La même progression régulière a été
observée dans les activités de vaccination. Ainsi le taux de vaccination des
DTCP3 (diphtérie, coqueluche, tétanos, poliomyélite) chez les moins d’un an a
enregistré une nette amélioration en passant de 51c à 90%.
Faut il rappeler à ce niveau que l’Etat accorde une grande importance à toutes
les questions liées à la santé de la mère et de l’enfant ? La décision politique qui
consacre depuis 2005 une gratuité de la césarienne dans notre pays pour toutes
les parturientes en atteste. Cette décision salutaire dans son essence, permettra
de sauver des vies humaines, notamment celles des mères. Il est en effet
inadmissible qu’en donnant la vie qu’une femme perde la sienne. Il faut par
(1) Michèle Baumann, Didier Cannet, Serge Châlons : Santé communautaire
et action humanitaire,le diagnostic de santé d’une population, Ed ENSP, Ecole de Santé Publique, Faculté de
Médecine de Nancy, Rennes, 2001, P :155, PP :20-22
31
conséquent améliorer le système référence-évacuation afin d’influer notablement
sur la réduction de la mortalité maternelle et néo-natale dans notre pays. S.S, le
directeur général de la Cellule de planification et de statistiques (CPS) du
département de la santé, a indiqué la quasi-totalité des indicateurs suivent une
courbe ascendante. Ils ont été améliorés dans le cadre de la mise en œuvre du
programme.(1)
32
génération (maladies cardio-vasculaires, diabète, troubles mentaux entre autres).
Si le Prodess I a enregistre des résultats satisfaisants, ses in perfections sont
prises en compte durant la deuxième phase quinquennale du PDDSS ou
Prodess II. Celui-ci s’étend sur la phase 2005-2009 et s’articule sur deux
composantes : santé et développement social. Cette disposition s’explique par la
scission en 2000 du ministère de la Santé, de la Solidarité et des Personnes
âgées.
Le Prodess II comporte 7 volets, parmi lesquels l’accessibilité géographique aux
services de santé des districts sanitaires, la gestion des ressources humaines, la
disponibilité des médicaments essentiels et consommables médicaux. La
reforme des hôpitaux et la recherche, l’amélioration de la qualité des soins,
l’accessibilité financière, figurent aussi parmi les volets.
Dans le contexte du Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP), des
stratégies spécifiques et cibles seront élaborées pour la disponibilité et
l’accessibilité des soins de santé dans les localités d’extrême pauvreté. Le
CSLP inscrit ses efforts dans la durée pour atteindre en 2015 les Objectifs du
millénaire pour le développement, la politique actuelle de décentralisation est en
phase avec la lutte contre la pauvreté et la participation des population au
développement.
La mise en œuvre de la composante développement social du Prodess Il
s’inspire des orientations des premières assisses du développement social
tenues en 2001à Ségou. Celles-ci ont permis aux acteurs de la question de
s’accorder sur l’essentiel : mettre la personne humaine, ses besoins et capacités
au centre des actions de développement. Ces orientations constituent le cadre
de référence dans lequel doivent s’inscrire toutes les interventions.
Dans cette perceptive, notre pays entérine le passage de l’approche sectorielle à
l’appui budgétaire. Cette volonté affichée des pouvoirs publics, notamment des
responsables du département de la Santé, d’améliorer la gouvernance et
l’utilisation des ressources du pays, mérite l’accompagnement des partenaires
techniques et financiers.(1)
33
déterminés en fonction de la culture à laquelle elle émerge .Bien que cet énoncé
n’ait été systématisé que plus tard, on en retrouve l’ébauche chez Willians
H.R.Rivers ( 1924 ) dont les travaux sur la médecine magico-religieuse lui valent
d’être considéré comme un précurseur de la discipline.
L’objet principal des travaux de Rivers a été de cerner la nature des concepts de
maladie élaborés par différentes sociétés .Il a tenté le premier de relier de façon
systématique les médecines traditionnelles et d’autres aspects de la culture et
de l’organisation sociale.
Dans Medicine, Magic and Religion (1), Rivers montre que les pratiques des
sociétés « primitives » découlent de certaines croyances. Il a ainsi suggéré d’une
part que la pratique médicale était un processus social qu’il fallait étudier au
même titre que les autres processus sociaux, et que d’autre part,
les conceptions médicales qui sont selon nous erronées, n’en sont pas moins
fondées sur un système de croyances cohérent et logique .
A la suite de Rivers, un certains nombre d’auteurs ont contribués à constituer
l’anthropologie médicale en un domaine à part entière relevant de l’anthropologie
sociale et culturelle
Evans-Pritchard : Witchcraft, Oracle and Magic Among the Azandés (1937)
pour qui religion et maladie entretiennent, dans les sociétes dites primitives, un
lien étroit dans l’explication du malheur en général.
L’auteur, à travers son livre ‘’ Sorcellerie, Oracle et Magie chez les Azandés’’
(2), produisait le premier important texte de l’anthropologie médicale. Il y
expliquait le rôle de la sorcellerie dans l’explication de la maladie et du malheur
chez les Azandés du Soudan. Il fut suivi des typologistes notamment Ruth
Benedict qui a mis en évidence la dimension culturelle, donc relative du normal
et de l’anormal.. Ainsi ‘’ dans la plupart des cas, telle ou telle organisation de la
personnalité qui incontestablement nous semble anormale a, dans d’autres
civilisations, servi de fondement même à la vie constitutionnelle. A l’invers, les
traits de caractère les plus estimés de nos individus anormaux ont été
considérés comme aberrants dans les cultures organisées différemment.
Ces yeux mêmes avec lesquels nous voyons le problème sont conditionnés
par les habitudes d’une longue tradition dans notre société ‘’(3)
L’anthropologie de la santé en tant que branche de l’anthropologie sociale et
culturelle se constituera dans les années 50 et au début des années 60
comme ‘’une discipline de terrain, que quelques pionniers parmi les
34
anthropologues dont Benjamin Paul, Charles Erasmus et Hazel Veidman ont
conçu pour améliorer la santé publique dans le tiers monde’’.
L’anthropologie médicale connaît son plein essor aux Etats-Unis d‘Amérique
à partir du milieu des années 1960, alors que depuis plusieurs années déjà, la
biomédecine comme les médecines non occidentales suscitent un intérêt
croissant parmi les ethnologues.
le terme de l’anthropologie médicale apparaît pour la première fois dans la
littérature anglo-saxonne sous la plume de Scotch Norman A en 19631. Cette
première mention du terme d’anthropologie médicale une étude publiée dix ans
plus tôt par Caudill William en 1953(2) dans laquelle l’auteur analysait les
possibilités d’appliquer le savoir et la démarche anthropologiques au domaine
de la santé. A partir de 1963, le développement de cette branche de
l’anthropologie se fera de façon progressivement croissante aux Etats-Unis, avec
l’apparition d’Ecole et de tendances théoriques distinctes, mais se proposant
toutes d’investir l’ensemble des domaines se rapportant à la santé et de réunir
dans une même approche l’ensemble des contraintes culturelles, sociales,
religieuses, politiques économiques, etc., sans aucune exclusive qu’il s’agisse
de la biomédecine ou des médecines non occidentales savantes, ou
« traditionnelles » (Foster et Anderson, 1978)(3).
La naissance de l’anthropologie médicale correspond donc à un changement de
paradigme qui s’organise autour de la construction d’un nouvel objet intellectuel :
la Santé en remplacement du couple médecine/maladie.
Historiquement, c’est le développement des Politiques Internationale de santé
qui a cristallisé autour de l’anthropologie médicale trois grandes traditions
intellectuelles de l’ethnologie contemporaine déjà traversée par des questions
médicales et/ ou psychiatriques comme l’anthropologie physique,
l’ethnomédecine et le culturalisme de l’Ecole Culture et Personnalité.
C’est dire que l’anthropologie médicale s’est située au carrefour de la médecine
(1) Scotch Norman. A: Medical anthropology in Siegel H. Editions, Biennal Review of anthropology, Stanford University
Press, 1963, p 30-68,
(2) Caudill W : Applied anthropology in Medicine, in anthropology today Ed Kroeber (.A.L) –771-805 Chicago, University:
University of Chicago Press, 1953
(3) Foster M G et Anderson G B: « Medical anthropology », New-York, Dodd and Mead, 1978
35
et de l’anthropologie. Elle a affirmé sa volonté d’être enseignée aussi bien dans
les Facultés des Sciences Humaines que dans les Facultés de Médecine, dans
la mesure ou elle suscité l’intérêt conjoint de professionnels d’horizons variés qui
ont vu dans l’utilisation des méthodes de recherche de l’anthropologie un moyen
d’améliorer la qualité et la diffusion des politiques de santé à travers le monde
Toutefois, la dimension de science appliquée intrinsèque à la démarche de
l’anthropologie médicale suscite encore aujourd’hui de violentes controverse
parmi les anthropologues médicaux scindant la discipline en deux grandes
tendances opposées.
L’anthropologie médicale clinique, représentée par l’Ecole de Harvard d’
. Arthur Kleinman, place l’anthropologie au cœur d’une investigation
biomédicale. Son objectif est assuré un meilleur développement des aspects
les plus performants de la biomédecine, tout en relativisant ses visées
hégémoniques et universalisantes afin d’améliorer la qualité des soins et la
relation médecin/malade ( Kleinman, 1988(1). De façon sensiblement différente
l’anthropologie médicale critique, représentée par l’Ecole de Berkeley autour de
Nancy Scheper-Hugues , se veut purement ethnologique et récuse toute
‘‘compromission ‘’ avec la biomédecine. L’application du savoir anthropologique
repose ici sur une déconstruction du savoir biomédical et sur la dénonciation de
son caractère oppressif au profit des savoirs locaux (Scheper-Huges, 1990).(2)
Le premier spécialiste est Edwin Ackerknecht qui a beaucoup écrit dans les
années 40/50. Il rompt avec l’évolutionnisme de Rivers et de Cléments. Il
s’efforce de montrer que les médecines primitives reposent sur des systèmes de
pensée parfaitement logiques, mais qu’elles restent irrationnelles parce qu’elles
expliquent une maladie par une vision magico-religieuse sans aucune base
empirique. Lorsque cette médecine fait appel à des remèdes empiriques, elle ne
se soucie pas d’expliquer la maladie. Ackerknecht subordonne la notion de
rationalité à celle d’efficacité.(3) (1946)
(1) Kleiman A :The Illness narratives suffering and healing and the human condition, New York, Basic Books, 1988
(2) Scheper-Hugues N: three propositions for a critically applied medical anthropology, social science and Medicine, pp
189-197, 1990
(3) Ackerknecht Edwin; Natural diseases and national treatment in primitive medicine, Bulletin of history of medicine, p
465-497, 1946
36
Au cours des quarante dernières années, le volume des recherches concernant
la santé, la maladie s’est accru notamment aux U.S.A. Il est donc très difficile de
tracer un tableau d’ensemble en raison de la grande diversification. Néanmoins,
il est possible de cadrer l’ensemble en trois grandes catégories : ce qui relève
de l’anthropologie de la santé ; ce qui relève des ethnosciences, et dont
l’ethnomédecine fait partie ; · ce qui relève de l’anthropologie de la maladie.
Au milieu des années 60, le développement de l’anthropologie médicale
nord américaine répond à la nécessité de comprendre de l’influence de la culture
sur les rapports de l’homme à la santé et à la maladie. Le courant de
l’ethnomédecine, principalement axé sur l ‘étude des systèmes médicaux
indigènes, s’enrichit alors des questionnements de l’ethnopsychiatrie ( Foster
Georges 1978) sur les relations entre culture et psychologie( Mead M.1963)
.Devreux G.1972’, Laplantine François 1988 et trouve ainsi un terrain
d’investigation occidental.
Ces deux sources de l’anthropologie médicale contribuent au développement
d’une discipline holistique et systématique qui permet l’analyse contextuelle
des rapports de l’homme à sa santé et plus largement, à son existence dans
un univers communément partagé. Science sociale par excellence, elle attira
très vite l’intérêt scientifique français, qui la désigne alors comme
anthropologie de la maladie et ou de la santé afin de sortir du vocabulaire
classificatoire anglo-saxon ( Augé 1986 ; Laplantine F.1986 )
37
Bibliographie
Kleiman A : The Illness narratives suffering and healing and the human
condition, New York, Basic Books, 1988
Laplantine F :. ‘’ L’ethnopsychiatrie, que sais-je ?, Paris, 1988 ;
38
Ce domaine de recherche est né aux U.S.A. ; mais on possède des descriptions
de rituels thérapeutiques du XVIII ème siècle, notamment en ce qui concerne des
recettes médicinales à base de plantes (phytothérapie). Plus récemment, les
anthropologues ont commencé à s’intéresser (seconde moitié du XIX ème siècle)
à la maladie et à la guérison comme domaine de recherche. Souvent, la maladie
était considérée comme un élément religieux, notamment dans les sociétés
primitives, dans les sociétés non occidentales.
La notion de médecine savante n’est pas propre à l’Occident. Une médecine
savante apparaît lorsque deux conditions sont définies :
une profession médicale;
une tradition écrite, donc fixée.
Il existe donc des médecines savantes arabe, indienne, chinoise, grecque,
égyptienne, aztèque, etc. La médecine savante existe à partir du moment où il y
a une autorité instituée (école, église, etc.) qui garantit la légitimité du savoir et
qui va contrôler les modalités de son apprentissage (diplôme) de son exercice
(profession). Le savoir des thérapeutes professionnels (médecins) se distingue
du savoir profane (non professionnel) par son contenu et son institution.
Dans de nombreuses sociétés, on observe des spécialistes des maladies, mais
ce ne sont pas des professionnels (généralement des agriculteurs). La légitimité
du savoir et de la pratique est garantie d’une autre manière, soit sur la base
d’une reconnaissance collective, soit par un niveau de connaissance symbolique
(croyances religieuses). Dans ces sociétés, la distinction entre savoir médical et
savoir profane n’est pas institutionnalisé.
Les travaux sur la médecine savante sont importants, mais ce ne sont pas des
oeuvres d’anthropologues ; le plus souvent ils proviennent des historiens qui
s’intéressent aux textes et négligent la culture vécue et les pratiques de terrain.
Cette situation résulte d’une répartition des tâches au XIX ème siècle entre les
universitaires : Les sciences sociales ont été divisées en quatre sous domaines.
*La sociologie. Elle se consacre à l’étude des sociétés occidentales dites
modernes, donc industrialisées, elle reposait, au XIX ème siècle sur le paradigme
de l’évolutionnisme. ( paradigme : ensemble de problématique qui relève d’un
39
même système d’interprétation de la réalité, ce système étant lui-même , non
systématique
* l'anthropologie des mondes contemporains apparaît vers les années
Soixante.
Dans les années 50, la sociologie médicale apparaît :
elle étudie l'institution médicale occidentale avec pour objet l'institution
hospitalière, l'étude du comportement des maladies et le rôle de la médecine
dans la production sociale (négociations entre partenaires sociaux).
Lire M. Augé et C Herzlich : Le sens du mal. Anthropologie, histoire, sociologie
de la maladie. (1984).(1)
* le folklore les aspects qui ne sont pas liés à la sociologie ont été considérés
comme faisant partie du folklore jusqu'en 1914 ; il s'agit en fait de la société
paysanne traditionnelle
Cette culture était considérée comme relevant du domaine des folkloristes qui
s'occupent des savoir populaires.
Dans le domaine thérapeutique, ces folkloristes ont rassemblé une masse
d'informations sur ce que l'on appelle la médecine populaire avec des pratiques
diversifiées (recours aux Saints guérisseurs, les rebouteux, la sorcellerie, les
leveurs de sort, les panseurs de secrets. Lire Marcelle B (1950).( 2)
l'ethnologie ; le premier objet de recherche est constitué par les sociétés dont
l'économie reposait généralement sur le binôme chasse-collecte, sur
l'horticulture ou une agriculture itinérante. Ces sociétés présentent des traits
communs que l'on croyait, au XIX ème siècle, représentatifs d'un stade archaïque
de l'évolution des sociétés humaines.
L’ethnologie de terrain est née aux U.S.A. dans les réserves indiennes, les
sociétés d’Amérique du nord appartenant au type d’agriculture itinérante par
écobuage.
(1) Augé M et Herzlich C : Le sens du mal. Anthropologie, histoire, sociologie de la maladie. Paris, Edition des Archives
contemporaines, 1984, 282p.
(2 ) Bouteiller Marcelle : Chamanisme et Guérison Magique P.U.F, 1950
40
Spécificités de ces sociétés Nord Américaines
L’état de ces sociétés se caractérise par un pouvoir institutionnalisé où l'autorité
s'exerce par l'intermédiaire de fonctionnaires.
une division du travail ; elle peut être imité à une répartition sexuelle des tâches,
mais aussi entre les générations. Il y a très peu de division sociale des tâches
donc une faible atomisation des savoir techniques et thérapeutiques.(la
spécificité du fer est le forgeron). Une culture
essentiellement orale avec l’absence de document écrits, utilisables par les
chercheurs.
Dans le domaine thérapeutique, la faible automatisation des savoir est étudié par
les premiers ethnologues ; l’imbrication avec les savoir religieux a eu pour
conséquence que l’on trouve très souvent des descriptions de rituels
thérapeutiques dans les classiques de l’anthropologie religieuse, mais la
question de la maladie n’est pas abordée en elle même, mais uniquement sous
l’angle de la théorie des religions.
Allan Young 1976 (1) aborde la question de la liaison entre thérapie et religion.
(1976). Evans-Pritchard 1972 (2) décrit les rituels thérapeutiques et s’intéresse à
la fonction sociale de la religion dans les pratiques thérapeutiques. Turner Victor,
1968 (3) décrit les rituels thérapeutiques dans la théorie symboliste. Spiro
Agnew, (4) décrit la encore des rituels, mais c’est avant tout un moyen pour
illustrer sa thèse selon laquelle les entités spirituelles représentent des figures
parentales. (1967)
L’orientalisme et l’histoire.
Les historiens et les orientalistes se sont spécialisés dans l’étude des grandes
civilisations, c’est-à-dire dans des sociétés soit disparues, soit actuelles mais non
occidentales. Ce sont des sociétés de vastes dimensions qui possèdent une
organisation politique étatique ; ils connaissent l’écriture et se caractérisent par
(1) Allan Young : The Anthropologie of Illness and Sickness in Annual review of Anthropology No 11, p. 257-285, 1976.
(2) Evan-Prichard EE : Sorcellerie, Oracle et Magie chez les Azandés au Soudan, Paris, Gallimard, 1972.
(3) Turner V. W, les tambours d’affliction analyse des rituels chez les Ndembu de Zambie. Paris, Gallimard, 1972.
(4) Spiro agnew : Burmse spiritualism, Bobbs-Merrill, 1967.
41
une différenciation et une hiérarchisation des catégories
sociales, par une économie complexe, de type agricole, souvent monétarisées
avec un développement important et une spécialisation des savoir techniques
.Les ethnologues étaient donc censés étudier des populations primitives et
sauvages, les historiens les peuples civilisés. Seules les médecines savantes
intéressaient les orientalistes ; à leurs yeux, les médecines populaires
représentaient des « survivances ».
La conséquence de cette répartition est une extrême dispersion des données sur
la manière dont les hommes ont pensé la maladie, entraînant une
opposition artificielle entre des pratiques empiriques rationnelles et des pratiques
magiques.
La première tentative de synthèse est faite par Williams Rivers (d’abord médecin,
puis psychologue et enfin ethnologue). Il est le premier ethnologue a avoir utilisé
les découvertes de Freud et de la psychanalyse. Il a écrit une monographie sur
une population d’Inde du Sud, les Toda et a utilisé une méthode généalogique
pour comprendre les faits de parenté. Il s’est efforcé à relever les différences
entre les règles et la pratique et a relevé les écarts entre les deux). Il a publié
Médecin, magic and religion en 1924, étude dans laquelle il montre qu’il y a
complémentarité entre les croyances et les pratiques thérapeutiques. Il y étudie
la notion de système médical, où chaque vision est le reflet d’une perception
particulière du monde.
En fait, il emprunte la vision de Frazer qui utilise une opposition ternaire : magie,
religion et sciences.
Clements dans Primitive concepts of disease (1932)1 classe les différentes
causes aux quelles la maladie est attribuée dans le monde ; il se place dans une
perspective diffusionniste. Il distingue cinq grands types de causes : ·
incorporation d’un objet maléfique ;· perte d’une âme ;· possession par un esprit
;· violation d’un interdit ;· agression d’un sorcier. Ces catégories interfèrent
42
souvent entre elles. Cette typologie formelle ne prend pas en compte la
variabilité des croyances et des pratiques. Mais cet article va inspirer des
recherches dans l’anthropologie médicale et conduit vers une réflexion, dans les
années 70, sur l’étiologie des maladies.
L’ethnologie de la santé
Elle recouvre tous les travaux qui relèvent de la perspective de la recherche
finalisée, donc qui vise des applications pratiques. Ces travaux portent aussi bien
sur les sociétés industrielles que sur les sociétés en développement. Ils ont donc
souvent un caractère pluridisciplinaire (sociologie, économie, géographie,
histoire, etc.). Les thèmes abordés sont extrêmement variés ; la liste en est
infinie : · étude des politiques et systèmes de santé ; les recherches sont
nombreuses sur les pratiques préconisées par l’OMS. Les soins de santé
primaire et de réhabilitation de la médecine traditionnelle. Ces thèmes ont eu leur
essor à partir du début des années 70. Il s’agit de développer au niveau local des
structures de santé chargée du 1er contact avec le malade, ces structures étant
à la charge de la population locale avec l’emploi d’un personnel faiblement
qualifié. Ces politiques de soins primaires ont été réhabilitées en prenant en
compte les ressources des médecines traditionnelles en raison de la pauvreté de
ces populations. étude des facteurs socio-culturels et des facteurs pathologiques
à caractère endémique (cf. recherches sur le Sida) · étude des problèmes de
santé des minorités ethniques, principalement dans les pays industrialisés sous
l’angle de l’accès aux soins et aux services de santé ; étude des facteurs
culturels à prendre en compte dans l’élaboration des programmes d’éducation
sanitaire eu égard aux de l’ethnomédecine et de l’ethnoscience.
Ethnomédecine et ethnosciences
Les observations empiriques montrent que dans les sociétés, l’interprétation de
la maladie en terme symbolique n’est pas exclusif. Tous les peuples ont su
élaborer des savoir fondés empiriquement sur l’environnement, le corps humain,
les propriétés thérapeutiques de certaines substances (végétales ou animales).
Toute société dispose d’une pharmacopée ; ces savoir sont des ethnosciences.
Murdock est à l’origine de ce courant : dans les années 50, il a constitué un
43
fichier sur l’ensemble des cultures humaines pour les comparer entre elles
(Human resolution area files) Il classe les données en diverses rubriques : ethno-
anatomie, ethno-zoologie, ethno-botanique... L’ensemble de ces rubrique est
regroupé dans les ethnosciences. Ce terme est ambigu car il désigne soit le
savoir médical d’un peuple ou l’anthropologie médicale dans le sens de l’étude
sur le savoir des peuples.
Anthropologie de la maladie.
Jusqu'à la fin des années 60, les travaux de l’anthropologie médicale portaient
sur les pratiques thérapeutiques et le discours des thérapeutes. A partir des
années 70, il y a un changement d’orientation. De plus en plus souvent, l’intérêt
des chercheurs s’est porté sur le discours profane de la maladie et sur l’objet de
la maladie en tant que tel. Ce changement s’est accompagné d’une critique du
rôle de modèle que jouait la conception biomédicale de la maladie. Le modèle
étudié est celui de la biomédecine occidentale. Pour A. Kleinman, ce qui
intéresse l’anthropologue, ce n’est pas la maladie en tant que catégorie objective
de la médecine, mais la manière dont les gens ordinaires élaborent leur propre
notion de maladie à travers leur propre pratique, leur propre expérience et les
contacts qu’ils ont avec les spécialistes. Ces expériences de nos jours ont
d’autres distinctions en termes anglo-saxons
44
classique, mais aussi Athéna la déesse de la guerre. La médecine crée des
identités. à nosologie : étude des traits distinctifs des maladies à entité
nosologique : maladie individualisée (grippe, rhumatisme, etc.) Il s’agit des
caractéristiques pathologiques de la bio médecine. Le mot le plus proche dans le
langage médical est affection. Mais cette notion n'est propre ni à la biomédecine,
ni aux médecines savantes. · illness désigne l’état de maladie en tant que
subjectivement reçu par un individu (patient). · sickness : désigne l’état de
maladie en tant que maladie socialement reconnue .
Pour Thierry Berthe (1998), l’anthropologie de la santé classique appréhende la
« maladie » selon la distinction fondamentale entre illness-expérience subjective
et individuelle de la souffrance si importante dans la révélation particulière
soignant soigné- sickness- sa réalité sociale et culturelle- et disease- son
objectivation biomédicale (Fabrega H. 1972 ; Eisenberg L. 1977 ; Kleinman A.
1978 ; Young A 1982 ; Zempléni Andreas. 1985). Ainsi entre illness (je me sens
malade) et disease ( moi médecine, je dis que tu es malade) se dessine un
espace interactif ( nous, la famille, ton groupe social voyons/ croyons que tu es
vraiment malade, tu peux jouer le rôle de malade) : c’est le processus de illness
et disease qui est appelé sickness.
Progressivement, la finalité première de l’anthropologie à caractère théorique
s’est associée à des objectifs appliqués, visant l’efficacité des programmes de
santé dans de leur mise ‘L’anthropologie de la santé se définit à la fois comme
une discipline à la fois théorique’’ (Foster et Anderson, 1978). La santé publique
représente un domaine privilégié des connaissances fondamentales à travers
leur transformation en modes d’intervention spécifiques.
Par ailleurs (Raymond Massé, 1995) pense que les concepts clés de
l’anthropologie médicale traduisent une volonté d’élargir l’analyse de ;la santé et
de la maladie- domaine privilégié du savoir médical aux données populaires.
Pour ce faire, deux grandes distinctions sont utilisées dans l’analyse des
comportements et des conceptions relatives à la maladie :
-la distinction émique/éthique représente’’
45
‘’L approche émique représente’’ les principes et les valeurs propres à un acteur
donné dans une culture donnée’’ (Massé, 1995) ; elle reflète les conceptions
populaires de la maladie et de la santé dans un contexte culturel donné.
‘’L’approche éthique représente les conditions de la recherche scientifique
caractérisée par une connaissance rationnelle, objective et indépendante de
l’observateur ; elle renvoie à la dimension universelle du savoir médical’’ (Massé,
1995)
-la distinction anglo-saxonne entre les termes disease/ illness/ sickness :
*le terme disease renvoie aux anomalies dans la structure et le fonctionnement
des organes ou du système psychologique et à tout état organique ou
fonctionnel pathologique. Il s’agit de la maladie dans son acceptation biologique
(Massé, 1995).
*Le terme illness évoque les perceptions et les expériences vécues par l’individu
relativement aux de santé d’ordre biomédical (diseases) ou à tout autre état
physique ou psychologique socialement stigmatisé (Massé, 1995). II correspond
au vécu subjectif individuel d’un état de perturbation pathologique.
*Le terme sickness correspond à la description de la maladie socialisée du fait
qu’elle est abordée comme représentation sociale et charge symbolique par
l’ensemble du groupe social et qu’elle sous-entend les modèles étiologiques et
les comportements préventifs ou de recherche d’aide’’ (Massé,1995).
Ces terminologies se sont imposées aux chercheurs en Anthropologie en raison
de la valeur opératoire. Elle permet de distinguer les différents niveaux auxquels
la notion de maladie peut être appréhendée dans la recherche ; cette
classification est d’autant plus intéressante lorsqu’il y a désaccord entre l’individu
qui se croit malade et ceux qui ne le croient pas malade et dont il va solliciter la
reconnaissance de son état de malade. Cette reconnaissance de l’état de
maladie est toujours le résultat d’une négociation. Illness et sickness sont
universels parce qu’ils désignent l’état de la maladie, notion qui est inséparable
de la communication sociale. Les partenaires sociaux doivent disposer d’une
définition commune et sociale de l’état de maladie et de ressources sémantiques
pour traduire en des termes sociologiquement significatifs le vécu individuel. Ce
46
qui va nous conduire à aborder la notion d’anthropologie médicale et de la
maladie.
47
Marc Augé explique que la démarche de l’anthropologie médicale est restée
prisonnière d’une perspective évolutionniste qui opposait de manière stérile la
médecine dite moderne aux médecines dites traditionnelles ou primitives. Pour
Augé, les faits magiques possèdent des dimensions sociales s’ils sont
considérés comme cause de maladie, mais il renvoie aux enjeux sociaux ; le
sorcier est un acteur social qui a une position particulière. L’anthropologie
médicale a qualifié de magie les interprétations de la maladie qui font du
désordre biologique les signes d’un désordre social. Ce qui intéresse
l’anthropologie c’est que dans toute société la maladie possède toujours une
dimension sociale. Pour A. Young, l’anthropologie de la maladie est constitué par
la maladie dans sa dimension sociale ; c’est ce qu’il nomme sickness, et non la
maladie dans sa dimension vécue (diseases ou illness). Il admet l’existence de
deux types de travaux : ceux de la perspective d’Augé (dimension sociale) ; ce
sont les travaux de l’anthropologie of sickness ; · ceux qui se placent au point de
vue du sujet individuel et qui s’intéressent à la manière dont les individus
organisent leur propre expérience de la maladie ; travaux of illness
Augé conçoit l’anthropologie comme une anthropologie sociale. A ses yeux,
seule la dimension sociale de la maladie intéresse l’anthropologie. La dimension
individuelle et vécue de la maladie constitue également une étude
anthropologique selon Young. L’opposition entre illness et sickness doit être
relativisée, mais n’est pas réductible à une opposition individu/société pour la
raison que le vécu de la maladie a déjà une dimension sociale. L’expérience de
la maladie présente toujours une dimension individuelle et sociale à toutes les
étapes de « l’itinéraire thérapeutique ». En effet à la lumière de la notion
d’anthropologie médicale et de la maladie, nous allons examiner l’évolution de
l’anthropologie médicale à l’anthropologie de la maladie.
L’anthropologie de la clinique et l’anthropologie clinique
L’anthropologie de la clinique et l’anthropologie clinique représentent deux
champs d’étude d’une même discipline, l’anthropologie de la santé dénommée
aux Etats-Unis « anthropologie médicale ». Ma réticence à l’usage de
l’appellation américaine tient au rétrécissement du champ disciplinaire qu’elle
48
représente par la référence à l’une des professions d’un système de santé qui
incorpore plusieurs autres éléments et par l’utilisation du modèle d’analyse
binaire de la biomédecine dans la compréhension de la maladie. (Marc Adélard
Tremblay 1983)(1) Celui-ci a longtemps été le modèle dominant et le fondement
d’une logique explicative de la pathologie humaine. Alors que l’anthropologie est
davantage orientée vers l’utilisation des connaissances anthropologiques dans le
diagnostic et la résolution « des problèmes de santé », que ceux-ci soient à
caractère purement somatique ou qu’ils se classent dans les catégories des
maladies psychosomatiques et des maladies de civilisation, l’anthropologie de la
clinique appartient à l’univers traditionnel
de la recherche anthropologique à caractère fondamental et porte
essentiellement sur les modes thérapeutiques comme sur les processus
d’intervention des différentes catégories professionnelles. Si relève d’une action
qui résulte d’un transfert de connaissances, l’anthropologie de la clanique, au
contraire est le champ qui les produit et les fonde sur une démarche rigoureuse.
Dès lors, il est important de s’intéresser aux conditions sociopolitiques de la
production de ces connaissances qui peuvent représenter des blocages ou des
percées (Tremblay et Poirier 1989) (2)
49
une meilleure connaissance des facteurs culturels déterminant les
comportements des malades, en vue d'accroître la rentabilité des programmes
médicaux occidentaux auprès des populations concernées. Dans cette
perspective, l'anthropologue travaille en conjonction avec le médecin auquel il
apporte la contribution de sa méthode et de ses données, dans la mesure où les
facteurs culturels ou ethniques peuvent aider à comprendre les causes, les
caractéristiques ou les conséquences de la maladie, mais aussi des
comportements des patients (par exemple : comprendre les raisons culturelles
de la non observance).
Dans le second cas, la maladie est envisagée comme un domaine de
l'anthropologie sociale. Cette tendance s'est affirmée en France avec Marc Augé.
Celui-ci postule en effet que les pratiques relatives à la maladie sont
indissociables d'un système symbolique articulé. Il a en particulier souligné
l'étroite intrication entre les conceptions du désordre biologique et du désordre
social, et a montré, en s'appuyant sur des études de cas en Côte d'Ivoire et au
sud Togo, que les pratiques locales et les discours relatifs à la maladie relèvent
de théories générales qui servent à penser (ou, plus exactement, qui ordonnent
les symboles servant à penser) le social dans son ensemble.
Cette perspective théorique a ainsi conduit Marc Augé (1986) à récuser
l'appellation "anthropologie médicale" dans la mesure où cette
appellation suppose l'existence d'un champ constitué aux frontières définies,
alors qu'il n'existe, dit-il, "qu'une anthropologie qui se donne des objets
empiriques distincts", mais que ceux-ci constituent "un objet unique d'analyse". Il
50
développée, reste celle d'"anthropologie médicale", même lorsque c'est pour
désigner des travaux réalisés dans l'optique définie par Marc Augé. Toutefois,
cette approche a eu pour mérite de souligner que la maladie doit être envisagée
comme un moyen, à l'instar d'autres domaines comme le religieux ou le politique
par exemple, d'accéder à la compréhension et à la connaissance des sociétés.
Notons que cette connaissance est accessible par différents itinéraires
thérapeutiques.
51
BiBLIOGRAPHIIE
Turner V.-W. : Les tambours d’affliction. Analyse des rituels chez les Ndemba de
Zambie - Paris Gallimard 1972
52
Tremblay, M.A et C .Poirier ; La construction culturelle de la recherche
psychosociale en santé mentale : les enjeux scientifiques et sociopolitiques,
Santé mentale au Québec, 1989, XIV, : 11-34
Tremblay M.A : Une perspective holistique dans l’étude de la santé. A holistic
Approach in the study of health, Mémoires de la société royale du Canada, 1983
p, 3-19,
Allan Young: The anthropologies of Illness and Sickness in Annual review of
Anthropology (1982 N°11 p.257-285)
Zempleni A. : La maladie et ses causes. L’ethnographie 1985 N°96/97 - Causes,
origines, agents de la maladie chez les peuples sans écriture.
Zempleni A. : La thérapie traditionnelle chez les Wolofs et les Lebou in
Sociologie médicale - Paris A. Colin 1972 (p.197-217)
Fabrega F: Concepts of disease: logical features and social implications,
perspectives in biology and Medicine, 1972, 15 :583-616
Eisenberg p, PL: Disease and illness; distinction s between professional and
popular ideas of sickness. Culture, Medicine and Psychiatry, 1977, 1, 9-25
Kleinman A: Concepts and model for comparison of medical system as culture,
Inquiry, 1978, 16-206-213.
Young A: Anthology of Illness and sickness, Annual Rewiev of Anthropology,
1982, 11: 257-285.
Zempléni A: La « maladie » et ses « causes », L’Ethnographie, 1985, -2 : 13-
44.
Foster M G et Anderson G B: « Medical anthropology », New-York, Dodd and
Mead, 1978.
Massé R: Culture et santé publique. Les contributions de l’anthropologie à la
prévention et à la promotion de la santé. Montréal/ Paris/ Casablanca : Gaétan
Morin Editeur
THIERRY BERCHE : Anthropologie et santé publique en pays dogon, Paris,
APAD-Karthala, 1998, 232 pages, P31
53
LES DEBATS ACTUELS EN ANTHROPOLOGIE DE LA SANTE
En France :
Jeanne Fauret Saada a étudié la sorcellerie dans la France rurale .Good
rapporte que pour elle, ‘’ la science décide pas de ce qui est empiriquement réel
et de ce qui est mystique, mais constitue ce qu’elle appelle les « théories
officielles du malheur » que soutiennent les agents sociaux : écoles, église, ordre
des médecins ‘’(1)
A l’école des hautes études en science sociales à Paris, Marc Augé a travaillé
sur le thème de la maladie et de la sorcellerie chez les Alladian de Cote d’ivoire,
Jean Pierre Dogon et Didier Fassin s’intéressent au SIDA et à la santé en
Afrique. Sur les mêmes changements social et du développement, Yannick
Jaffret et J.Pierre Olivier de Sardon de l’école des Hautes Etudes en sciences
sociales de Marseille ont entrepris nombre d’études au Mali, au Niger, et au
Sénégal.( voir Bibliographie).
(Good B 1998.100) .Et une autre des grandes questions de recherche qui se
pose à la même approche est la suivante ‘’ comment « les croyances médicales
traditionnelles ( qui sont manifestement fausses) continue de tenir bon face à
l’efficacité de la médecine et à la rationalité proclamée ? (Good B 1998).Les
principaux acteurs de cette école sont : Foster M George, Anderson,G Barbara,
Kleinman Arthur, etc.…
Issue de l’ethnoscience vers la fin des années 50 et le début des années
60, l’anthropologie cognitive, elle, a pour objet d’étudier comment le langage et
54
la culture structurent la perception et aussi l’ordre apparent du monde naturel et
social.’’ Elle porte un interdit à la classification des affections, les ethnothéories
relatives à la maladie et la guérison et les structures des récits touchant à la
maladie ‘ (’Good B 1998,116, et 117). Comme principaux auteurs de cette
tendance on peut citer Frake, le médecin anthropologue et psychiatre, Horacio
Frabrega, Joung J, Garos etc.
Younk s’est entre autre intéressé aux symptômes, aux notions de gravités, de
prise de décision, de type de maladie, de foi dans l’efficacité du traitement
populaire oppose au traitement médical, etc. Young ‘’ When Rational Men Fall
Sick: An Inquiry into some assumptions Made by medical Anthropologist ‘’,
culture, Medicine and Psychiatry, S. 317,335
Pour la troisième tendance, l’école interprétative, le rapport de la culture à la
maladie est un centre d’analyse. Aussi, la maladie a son fonctionnement
ontologique dans l’ordre du sens et de la compréhension humaine. Comme
auteurs, on peut citer ici Good , Morandi, Lock, Zimmermann, Kleinman,
Pandofli, Frank, etc..
La quatrième tendance, l’anthropologie critique voit les représentations de la
maladie comme une mystification. Des études ont ainsi été menés sur la façon
dont les forces politiques et économiques à l’échelon mondial et social sont
prescrites dans la situation sanitaire au niveau local et les institutions médicales.
Comme études, on peut citer celles de Waitzkin 1991, Waitzkin et Waterman
1974 , Morgan 1987 , etc.…Aussi ‘’ les anthropologues de cette école de
pensée ont tenter de développer une approche critique ou néo-marxiste de
l’analyse des représentations de la maladie te du savoir médical’’.
(Gond B 1998,133 et 134 ) comme auteurs on peut citer Kessing, 1987.
Par ailleurs, les principaux travaux effectués en anthropologie médicale ont été
marqués par deux grandes orientations : l’orientation fonctionnaliste et
l’orientation cognitive.
Les Grandes orientations de la recherche en anthropologie médicale.
L’orientation fonctionnaliste
On peut ranger sous cette catégorie les travaux dont l’objectif a été de
rechercher la fonction sociale des représentations de la maladie dans les
sociétés étudiées. Dans un article for perspicace écrit dès 1941. Hallowell
montre que l’interprétation et le traitement de la maladie remplissent une fonction
de contrôle social dans les sociétés dépourvues d’institutions politiques et
55
judiciaires spécialisées pour régler les conflits et imposer le respect de leurs
normes.
Quelque temps plus tard, et dans la même orientation, Ackerknecht (1946)
renouvelle ce type de problématique, et s’inspire du relativisme culturel pour
réaffirmer l’unicité de chaque culture et par conséquent, selon lui, de chaque
modèle médical. L’essentiel de la thèse de E Akerknecht est que les différentes
parties constitutives d’un modèle médical sont liées entre elles de manière
fonctionnelle.
Suivant la voie ouverte par Hallowell, Akerknecht souligne donc à son tour la
fonction de contrôle social jouée par la conceptualisation et le traitement de la
maladie dans les sociétés traditionnelles. Il écrit notamment, de façon assez
saisissante : « Dans la société primitive, la médecine magico religieuse fournit,
aux moindres frais, les services qui sont rendus dans la nôtre par les tribunaux,
la police, les maîtres d’école, les prêtres, ou les soldats» 1971 : 168).
Cette thèse est également servie par les travaux de Turner (1968) qui illustre
avec l’exemple des Ndembu de Zambie, le rôle social que remplit l’institution
divinatoire, chargé d’élaborer le diagnostic de la maladie ( révéler les causes du
malheur, de la maladie ou de la mort ). En l’occurrence, l’ethnographie des rituels
ndembu révèle que pour déterminer les causes de la maladie, le devin enquête
sur le contexte particulier du malade, procédant aussi à une véritable analyse de
la situation sociale du groupe (des positions que chacun y occupe, et des
relations qu’il entretient avec son entourage ). Pour Turner également donc, la
consultation divinatoire, à travers sa fonction diagnostique, a certaines affinités
avec la procédure judiciaire, au cours de laquelle sont révélés les conflits sous-
jacents en vue d’y remédier. Il s’agit donc, avec la divination, de réparer les
perturbations du champ social.
Parvenus au postulat que la médecine est un art des usages sociaux de la
maladie, de nombreux anthropologues, notamment anglo-saxons, se sont donc
attachés à identifier les mécanismes par lesquels une société assure un contrôle
social sur l’individu, et cela, au moyen de la maladie, de ses représentations et
des pratiques qui lui sont associées. Ces recherches ont permis de montrer que
56
la maladie, en tant qu’événement malheureux affectent à la fois l’individu et le
groupe, est génératrice de pratiques qui débordent le champ strictement médical.
Toutefois, bien que leurs analyses conservent en partie leur validité pour de
nombreuses sociétés, ces recherches ont en partie occulté les conduites de
résistance que les individus peuvent développer à l’égard de ce contrôle social.
On le constate par exemple chez les Bisa du Burkina-Faso où l’apparition de la
maladie est souvent interprétée comme la sanction infligée par les ancêtres ou
les puissances surnaturelles, d’une conduite réprouvée par la société, telle que
le vol, l’adultère, le manque de respect à un vieux, (nous sommes là dans le
contexte d’une organisation sociale basée sur l’opposition entre aînés et cadets),
la négligence à accomplir son devoir, etc. Le traitement de la maladie passera
par la réparation du mal commis, considéré à l’origine de la maladie. Cependant,
les catégories explicatives de la maladie peuvent aussi être manipulées par les
individus de façon à tenter de se soustraire au contrôle assumé par l’institution
divinatoire (cf. Fainzang S, 1986).
L’orientation cognitive
Cette orientation se focalise sur les manières dont les différentes cultures
perçoivent et structurent l’expérience. Elle cherche à identifier les catégories
forgées par ces cultures pour comprendre l’expérience de la maladie.
Les travaux d’Evans-Pritchard (1968) sur les conceptions sorcellaires des
Azandé ont montré que les croyances ( en apparences irrationnelles ) relatives à
l’étiologie et à la résolution du malheur, prenaient sens dans leur contexte.
Evans-Pritchard est désormais devenu une référence obligée quand on veut
signifier que, dans les sociétés dites traditionnelles, l’apparition du malheur
s’intègre dans un dispositif explicatif qui renvoie à l’ensemble des
représentations sociales groupe.
Evans-Pritchard illustre cet énoncé par exemple célèbre de la chute du toit d’un
grenier. Un grenier est une construction à base de terre et de matières
végétales, où sont entreposées des récoltes ( en l’occurrence des céréales ) et
dont le toit avancé produit de l’ombre. Nous sommes donc devant une situation
57
banale de la vie quotidienne : celle où un homme est assis et se repose à
l’ombre du toit d’un toit d’un grenier.
Imaginons que le toit tombe sur cet homme, celui-ci va reconnaître deux séries
causales indépendantes :10 ) certes, le grenier s’est effondré parce qu’il était
mal fixé ou que les bois de soutènement en étaient défectueux : 20
Mais c’est sur telle personne et à tel moment qu’il est tombé ; et il y’a là, pour les
Azandé un signe à décrypter ( par exemple c’est le signe que l’homme en
question a commis une faute ou qu’il est victime d’une persécution par un tiers).
Avec Evans-Pritchard, la nécessité est soulignée avec une grande acuité
d’envisager l’objet de la maladie et le système médical d’une société donnée, en
relation avec la totalité socioculturelle de celle-ci, et de rechercher les liens
existant entre les différents aspects de la vie du groupe (organisation sociale,
mode de vie, croyances, rituels, etc.). Ainsi l’étude de l’objet de la maladie, nous
envisagerons aussi d’étudier les liens organiques entre l’épidémiologie et
l’anthropologie médicale.
58
BIBLIOGRAPHIE :
Dozon J.P. & Fassin D. ‘’ Raisons épistémologiques et raisons d’état. Les enjeux
sociologiques du SIDA en Afrique ‘’ Sciences sociales et santé N° 7 (1) pp, 21-36
Fauret Saada .J : Les mots, la mort, les sorts, la sorcellerie dans le bocage,
Paris, Gallimard, 1977
59
DE L’EPIDEMIOLOGIE A L’ANTHROPOLOGIE MEDICALE
Notion d’épidémiologie
Le mot épidémiologie est apparu il y’a longtemps, alors que les maladies contagieuses
étaient largement répandues et que la plupart d’entre elles prenaient la forme
d’épidémies.
En ex U.R.S.S, la première définition de l’épidémiologie la plus proche de la définition
moderne a été donnée par Zabolotny, fondateur de l’école soviétique des
épidémiologistes. Selon lui, l’épidémiologie, ou science des épidémies, étudie les causes
pour lesquelles surgissent et se développent les épidémies, élucide les circonstances
favorisant leur propagation et propose contre elles des moyens de lutte, sur les données
de la science et de la pratique.
A l’heure actuelle, quand une baisse régulière des maladies contagieuses est constatée et
que certaines d’entre elles ont complètement disparu, cette formulation de Zobolotny
demande à être précisée.
L’épidémiologie est la science qui étudie les lois objectives de l’apparition, de la
propagation et de la fin des maladies transmissibles dans une collectivité humaine et qui
met au point les mesures de prophylaxie et de lutte contre ces maladies..
Au symposium d’épidémiologie international de Prague (1960) la définition suivante fut
adoptée à l’unanimité : «L’épidémiologie est une branche autonome de la médecine ayant
pour but la recherche des causes pour lesquelles surviennent et se propagent les maladies
infectieuses dans la société et appliquant les connaissances acquises pour combattre,
prévenir et finalement éradiquer totalement ces maladies. »
L’épidémiologie se divise en épidémiologie générale et spéciale.. L’épidémiologie
générale étudie les lois de la propagation des maladies infectieuses parmi la population
(caractéristique des sources d’infection, du mécanisme transmission, de la réceptivité,
etc.), les principes généraux de leur prophylaxie et la façon de les combattre.
L’épidémiologie spéciale étudie la caractéristique épidémiologique de chaque maladie
infectieuse en particulier, les moyens de les prévenir et de les combattre12.(1)
12
M.Volovskaïa : Epidémiologie
Et notions sur les maladies contagieuses, Ed Mir, 1979, 317 pages, P5
60
de la détresse psychique et que le mariage protège fortement la santé mentale des
hommes, interpelle les sciences sociales à travers la manière dont ces données convergent
et se renforcent mutuellement. Les spécialistes des sciences sociales sont invités à
expliquer ces constatations en les reliant aux formes typiques d’organisation
de la famille et aux styles des rapports entre les sexes dans la région considérée.
L’anthropologie et la sociologie peuvent donc apporter un complément à l’épidémiologie,
en fournissant un éclairage permettant de voir comment et pourquoi s’établissent des
interactions entre des variables qui en viennent à former, dans un groupe humain
particulier, un « nœud problème » ou une sorte de dispositif pathologique qui favorise
l’émergence de certains problèmes.
En plus de cette complémentarité par approfondissement spécifique, l’anthropologie peut
présenter une autre option à l’épidémiologie en effectuant un recadrage radical de toute la
démarche conduisant à l’identification des problèmes spécifiques à une communauté
humaine particulière. Ce recadrage anthropologique ne se faire que sur l’arrière-fond
d’une modification substantielle des modèles conceptuels prévalents et qu’à travers la
mise au point d’une méthode qui donne accès au contexte socioculturel de construction
des problèmes de santé.
Une comparaison entre les démarches épidémiologiques et anthropologiques permet
d’expliciter cette autre perspective. De matière générale, on peut dire que l’épidémiologie
est d’orientation individuelle et populationnelle alors que l’anthropologie est plutôt
d’orientation « communautaire » : la première prend la personne comme unité centrale
d’analyse et, par le biais d’échantillons représentatifs, des « regroupements
populationnels » ; l’anthropologie procède de manière inverse : elle considère d’emblée
la communauté comme l’unité centrale d’analyse et s’intéresse à la manière dont un
contexte social et culturel informe les perceptions, valeurs et comportement des
personnes.
Soucieuse «de communautariser les problèmes » de santé, la démarche
anthropologique s’inscrit dès le départ dans l’univers des représentations collectives qui
prévalent dans la communauté. L’ancrage communautaire de la démarche
anthropologique se manifeste plus particulière en quatre lieux différents ou à quatre
moments particuliers du processus.
A un premier niveau, l’anthropologie commence par mettre de côté les définitions
professionnelles des maladies (telles que fournies par exemple dans les traités de
pathologie ou de la classification internationale des maladies) ; elle se centre sur la
description populaire des problèmes.
La communauté est donc présente au départ à travers la manière dont elle identifie, décrit
et nomme ses propres problèmes de santé ou, plus précisément encore, à travers la
sémiologie populaire ou ce que l’on appelle ici le système de signe.
L’impact de la communauté se manifeste à un deuxième niveau à travers les
systèmes d’interprétation que noua appelons dans cet ouvrage les systèmes de sens :
l’anthropologie est en effet attentive à recenser les modèles dominants d’explication des
problèmes qui ont cors dans la communauté et à restituer ceux-ci sur l’arrière-fond des
systèmes interprétatifs auxquels la communauté a couramment recours pour donner sens
aux différentes réalités de son univers quotidien. La définition de la culture comme
système de sens, qui est à la base de ce travail ethnographique an Abitibi, prend tout sa
61
signification lorsqu’on l’applique aux modèles d’explication et d’interprétation que les
communauté abitibiennes ont historiquement élaborés pour donner un sens à leurs
problèmes.
A un troisième niveau, la communauté intervient pour déterminer l’importance relative
ou la saillance de différents types de problèmes. L’anthropologie vise moins à quantifier
les différents problèmes qu’à identifier ceux qui sont reconnus par la communauté
comme particulièrement significatifs. Il est moins important, dans un tel cadre, de
quantifier le nombre des problèmes, de décrire clairement la forme qu’ils prennent, cette
forme étant modelée par des forces contextuelles qui échappent pour une large part à la
seule maîtrise des individus. En insistant sur la forme des problèmes plutôt que leur
nombre, l’anthropologie exprime sa conviction que c’est le milieu socioculturel qui
génère des problèmes en orientant les comportements individuels dans certaines
directions ou en créant certaines conditions particulièrement pathologiques13 (1).
A un quatrième niveau enfin, l’anthropologie cherche à enraciner la forme des problèmes
les plus saillants d’un milieu et les dispositifs pathologiques structurels qui les modèlent
dans les caractéristiques dominantes de la culture d’une communauté donnée, ce niveau
fondamental, il s’agit de réaliser des ethnographies qui présentent une analyse
approfondie des dynamiques sociales et communautaires ainsi que des systèmes de
valeurs qui prévalent dans un milieu humain particulier. Dans la mesure où une telle
ethnographie du contexte social et culturel vise à mettre en évidence la diversité des
conditions structurantes et des expériences organisatrices qui sont à la base des
communautés humaines, les recherches ethnographiques ne peuvent être faites qu’en
référence à des communautés relativement bien circonscrites, (historiquement
déterminées et socio culturellement homogènes. Le choix de conduire les recherches dans
un échantillon de localités forestières,agro forestières et minières, vise à mettre en
évidence la différenciation interrégionale de l’Abitibi et dès lors, la variation dans les
dispositifs pathologiques structurels et dans la forme des problèmes.
Démarche Démarche
épidémiologique anthropologique
MALADIES PROBLEMES
*définition professionnelle *description populaire
*catégories nosographiques (sous système de signe)
*taux de prévalence et d’incidence * catégories moins spécifiques
( plus quantitatif que qualitatif ) moins définies
*causalité de type linéaire entre variables * saillance et forme du problème
antécédentes spécifiques et maladie (plus qualitatif que quantitatif)
*causalité de type systémique intégrant
différents niveaux de contexte
13
Bibeau Giles, Corin E. Ellen, Martin Jean-Claude, Laplante Robert :
POUR SOIGNER AUTREMENT, Les Press de l’Université de Montréal, 258 pages
62
DETERMINANTS DES MALSDIES CONSTRUCTION DES
PROBLEMES
63
Identifications-cibles et des
dispositifs pathologiques structurels
Informateurs clés
64
L’objet de la sociologie
L’objet de la sociologie est donc extrêmement varié .C’est ainsi que l’on peut
distinguer :
- le plan macro sociologique qui est l’étude de l’organisation et des
structures sociales ;
- du plan microsociologique ( que Georges Gurvitch, sociologue français
appelle les ‘’ formes de sociabilité ‘’ c’est à dire les différentiels rapports
sociaux qui établissent entre les personnes d’une collectivité. On entend
aussi souvent par microsociologie l’étude d’autres unités restreintes
comme la famille. Aussi cette microsociologie nous permettra d’étudier
l’histoire de la sociologie médicale.
La sociologie de la médecine :
La sociologie de la médecine s’intéresse à des phénomènes globaux tels que
les données socioculturelles des maladies (Inégalités sociales devant la
maladie et la mort ), la définition sociale de la maladie (les représentations)
dans une société, un groupe social ou une communauté donnée qui
détermine le recours ou non au système médical, etc… Dans les pays
technologiquement avancés, le fardeau de morbidité est du pour sa plus
grande part au comportement individuel. Certes, mais aussi social et plus
particulièrement, aux schémas comportementaux sur le long terme appelés ‘’
Mode de vie ‘’.
65
Perspective macro sociologique :
Ils s’agit des effets de l’organisation des institutions et des processus de
soins sur l’évolution des maladies et sur la santé des individus concernés.
Cette perspective a promu de nombreux résultats concernant l’évolution des
systèmes de soins et des professions de la santé.
Perspective microsociologique
L’intérêt s’est porté aux interactions entre les processus de soins et
l’émergence des rôles de médecins et de malades dans les institutions ; c’est
ainsi que l’on fait des recherches sur les règles de comportements des
malades selon les médecins, le personnel soignant ainsi que des attentes du
patient.
Les limitations de la définition de la santé par l’absence de maladie sont
devenues un point central en science sociales pour s’ouvrir à celui des
sciences de la santé.
Les différentes sciences sociales qui contribuent à éclairer la démarche de
santé publique et éclaircir la démarche de santé publique et communautaire
sont notamment :
La sociologie de la santé
La sociologie de la santé est l’ensemble des savoirs fondamentaux appliqués
à la compréhension de la santé et de la maladie. Cette discipline consiste en
l’étude des facteurs ( déterminants) et processus sociaux jouant un rôle dans
l’apparition des maladies ou de la mauvaise santé et pouvant accélérer ou
ralentir leur évolution.
La sociologie de la santé tente d’étudier les croyances/connaissances
attitudes pratiques (C.A.P) et les représentations de la santé ; elle essaie
aussi d’analyser les comportements en matière d’éducation pour la santé et
de prévention tant au niveau élémentaire des relations interpersonnelles que
dans les groupes sociaux : catégories, populations.
En effet, le XX ème est marqué par la prise de conscience croissante que la
méthode scientifique permet de comprendre le comportement humain.
Dans cette perspective, il est nécessaire d’examiner l’interaction étroite des
facteurs génétiques et environnementaux et de tenir compte de la grande
diversité des groupes sociaux et des populations.
Par ailleurs , la sociologie de la santé cherche à expliquer l’influence exercée
par l’environnement relationnel et comprendre pour quoi, dans une même
couche sociale certaines personnes paraissent sur le plan de leur santé, plus
vulnérables que d’autres. Le constat est que pour vivre en société, les
personnes ont besoin du soutien d’autrui tant au niveau effectif que matériel
ou informationnel et que la non réponse à ce besoin par l’entourage peut
produire un déséquilibre du bien-être physique, mental et social (ex :
importance du réseau familial et extra-familial et du support social qu’il
transmet dans la capacité à faire face aux évènements de vie, rôle des
évènements et des changements professionnels et sociaux, etc…).Si les
mécanismes de cette vulnérabilité ne sont pas encore établis, il paraît que les
66
systèmes de support social pouvant amortir l’effet d’expériences
traumatisantes et permettre une adaptation aux situations nouvelles en
suscitant des comportements et des changements de comportements
adéquats et favorables au maintien de la santé.
67
- Taxes sur les alcools, les tabacs etc …
- Lutte contre la toxicomanie par des mesures spécifiques.
L’état joue un rôle de régulateur en intervenant comme pouvoir et force
publique ; il délègue à des instances publiques ou privées ( associations,
comités, etc…)
L’état influence une large mesure les coûts (fixation des tarifs des prestations de
la médecine et de la santé).
Les apports de la sociologie de la santé contribuent largement à l’étude du
diagnostic de santé d’une population et à l’évaluation des programmes de
promotion et des interventions en santé communautaire. A côté de l’étude de
diagnostic de santé, nous tenterons étudier la maladie non pas comme une
acceptation biomédicale mais une expérience construite par les communautés.
MALADIE
La maladie est l’altération de la santé. On dit qu’une personne est atteinte de
maladie quand sa santé s’est altérée, on dit qu’elle est malade.
Pour Claude Raynaut la maladie est perçue comme épreuve, accident, facteur
de perturbation et de désordre peut être un puissant révélateur de cette tension
entre individuel et collectif.
Pour le groupe l’événement qui frappe l’un des siens peut constituer une menace
qui sera proportionnelle à la place que celui-ci occupe dans l’économie de
l’édifice social.
Pour l’individu, aussi personnel soit l’expérience du malheur, elle peut prendre
son sens et trouver une issue que dans un positionnement par rapport au reste
du groupe, imputation de la cause , recherche de soutiens et de soins, réactions
rejet.(1)
68