Mini – cas : LES CCI D’ALSACE

La présentation des CCI D’ALSACE

Les chambres de commerce et d’industries (CCI) sont des établissements publics à vocation
économique dont le rôle est d’assurer le développement économique de leur territoire par le
développement des entreprises. Il existe quatre chambres de commerce en Alsace2 : Trois
chambres locales (appelées CCI) et une chambre régional (appelée CRCI).
La CRCI, située à Strasbourg, assure la représentation régionale des CCI locales ainsi que la
coordination de leurs actions. Elle a un budget propre, ainsi qu’une personnalité juridique. Les
CCI locales ont pour caractéristique commune que leurs ressortissants sont l’ensemble des
entreprises inscrites au registre du commerce et des sociétés (RCS). Par ailleurs, chaque
chambre s’est vue confier le pilotage d’une action régionale.
La CCI de Strasbourg, la plus grande en termes d’effectifs, pilote les missions d’appui aux
entreprises à l’export.
La CCI de Mulhouse, de taille moyenne, a en charge l’animation des actions dans le domaine
de l’innovation.
La CCI de Colmar, la plus petite des trois, impulse les actions régionales liées au
développement durable.

Le projet de schéma directeur informatique

Á la suite de la réorganisation de la direction administrative et financière de la CCI de
Strasbourg en 2007, un nouveau poste de direction adjoint en charge des technologies de
l’information et de la communication (TIC) et des systèmes d’information (SI) a été créé. Après
sa prise de fonction, il a réfléchi à une réorganisation des SI et a pris l’initiative de mettre en
chantier un schéma directeur informatique pour la CCI de Strasbourg.
Afin de mener à bien le projet de schéma directeur informatique, une personne a été désignée
en tant que pilote du projet, il s’agit d’un chef de projet informatique de la CCI de Strasbourg
qui a été détaché de son travail à quasi plein temps (près de 80%).

Le projet de schéma directeur informatique initié en 2007 donne lieu à un premier livrable en
juin 2008. Les résultats de cette restructuration sont très positifs et ne tardent pas à séduire les
directeurs généraux des autres CCI d’Alsace qui désirent à leur tour réorganiser leur SI.
Néanmoins, avant d’amorcer un projet de schéma directeur informatique au niveau régional,
trois scénarii sont analysés : la non-mutualisation de toutes les ressources, la mutualisation de
toutes les ressources entre les CCI, le faible rapprochement entre les CCI. Á l’issue de
projections tendancielles, il est estimé que le deuxième scénario est celui qui apportera le plus
de bénéfices, mais il faudra attendre cinq années avant un retour sur investissement positif.
Lorsque les directeurs généraux des trois autres CCI ont été conquis par le schéma directeur de
la CCI de Strasbourg, le même chef de projet a été désigné pour assurer la mise en place d’un
schéma directeur régional. Par rapport au premier projet qui avait duré 18 mois, ce deuxième
schéma directeur informatique a, quant à lui, été élaboré en 9 mois. Ce fut possible car le chef
de projet, ayant déjà acquis une première expérience au bénéfice des autres chambres sont
également mis à sa disposition. Son équipe est composée de la façon suivante : Huit personnes
de la CCI de Strasbourg, trois personnes du pôle de formation de la CCI de Strasbourg. Trois
personnes de la CCI de Mulhouse et trois personnes de la CCI de Colmar. Toutes ces personnes
dépendent hiérarchiquement du DSI de Strasbourg, même si physiquement elles travaillent
encore dans leur CCI locale. Certaines missions journalières impliquent un déplacement en
Alsace, mais aucune obligation de mobilité n’a été imposée au personnel SI.

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De plus, même si le chef de projet est issu de la CCI de Strasbourg, chaque nouvelle étape du
schéma directeur est validée par un comité directeur (CODIR) composé des quatre directeurs
généraux des CCI d’Alsace. Au sein de cette nouvelle équipe, ont été désignés des chefs de
projet provenant des différentes CCI locales. Un travail important a aussi été réalisé dans le
domaine RH pour identifier et valoriser les compétences disponibles.

L’évolution de l’organisation des CCI d’Alsace

Elle a été réalisée au cours de trois étapes principales.

Figure. Les étapes de la structuration

Phase 1 (avant 2010)

Avant la démarche de mutualisation des ressources, les trois CCI locales et la CRCI
fonctionnaient de manière totalement autonome. Ainsi, les ressources des chambres de
commerce, telles que leurs fichiers clients, leurs sites Web ou leurs serveurs, n’étaient pas
partagées. Á cette époque, on recense, pour l’ensemble des quatre chambres d‟Alsace1 : 1 446
portables et postes de travail, 74 serveurs, 211 applications, 180 bases de données et 4 réseaux
hétérogènes non interconnectés.
Cette diversité technologie est également présente au sein de chaque CCI locale car chaque
entité cumule de nombreux systèmes bien souvent incompatibles (bases de données multiples,
serveurs différents…). Cette situation a bien évidement des répercussions en termes des coûts.

Phase 2 (depuis janvier 2010)

Cette deuxième phase correspond à l’organisation actuelle des CCI, depuis la mise en place du
schéma directeur régional des systèmes informatiques en janvier 2010. La CRCI coordonne
désormais les actions au niveau du système d’information des trois CCI locales. Le périmètre
des SI englobe l’infrastructure, les réseaux, les télécommunications, les logiciels, le web, la
gestion des relations clients (GRC) et les imprimantes / copieurs. Cependant, la mutualisation
des SI ne concerne pour l’instant que des trois CCI locales et la CRCI. De plus, la mutualisation
des ressources SI ne concerne pas encore tout l’ensemble du périmètre informatique.
Actuellement la GRC et le web sont encore en cours de mutualisation. En effet la GRC et le
web sont des fonctions utilisées par des services non encore régionalisés. La DSI a souhaité
mettre en place des avants projets sur ces deux domaines afin d’établir les besoins fonctionnels
régionaux et territoriaux avec des préconisations d’organisation. Ces études sont pilotées par
un groupe fonctionnel composé des membres de chaque CCI. La DSI est représentée dans ces

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deux groupes (régionaux et territoriaux) mais n’est pas leader. En effet, celle-ci se focalise
actuellement sur la partie infrastructure (serveurs et interconnexion réseaux) afin de pouvoir
proposer des serveurs régionaux et donc des applicatifs à usage régional.

Un des objectifs du schéma directeur informatique était de mettre en lumière la diversité

technologie ainsi que la disparité des pratiques entre le CCI afin d’harmoniser la situation. Les
premiers chiffres après régionalisation font état de 40 serveurs, 90 applications, 50 bases de
données et d’un seul réseau haut débit sécurisé pour l’ensemble des CCI d’Alsace.
Ce réseau haut débit unique a notamment donné lieu à la création d’un help desk avec un numéro
commun à tous les employés des CCI d’Alsace (le 3333). Ce centre d’assistance a pour mission
de résoudre les problèmes des utilisateurs de SI. Il agit également comme un véritable outil
fédérateur. En effet, lorsqu’un employé d’une des trois CCI appelle le help desk, celui-ci peut
être mis en contact avec un informaticien de la CCI de Colmar, de Mulhouse ou de Strasbourg
car une équipe commune a été mise à disposition. Cependant, cet unique point de contact a
suscité des réactions mixtes. Certaines personnes ont eu peur de perdre leur autonomie de
décision et de voir leurs demandes de nouvelles fonctionnalités traitées plus lentement.
Á ce jour, près de 47% des problèmes sont résolus dès le premier appel. Et, en règle générale,
91% des demandes sont traités en paix en deux jours.

Phase 3 (ex-post)
Depuis le 25 Novembre 2008, le débat autour de la régionalisation des CCI avait été lancé.
Réunissant les présidents des principales CCI, la première assemblée avait eu pour objectif de
déterminer les contours de cette réforme. Il aura fallu attendre le 12 juillet 2010 pour que ce
projet de loi de réforme soit définitivement adopté par le parlement. Désormais, les CCI locales
seront rattachées à une CCI régionale ((appelée CCIR et à ne pas confondre avec la CRCI) qui
définira la stratégie et les moyens des CCI locales. La CCI-R sera également en charge de la
collecte de fonds sur son territoire ainsi que de toutes les relations avec entreprises. Cela devrait
notamment permettre de centraliser les fichiers consulaires, jusqu’alors morcelés entre les
différents CCI, au sein d’une seule entité par région. Cette taille critique devrait aussi faciliter
les négociations auprès des fournisseurs.

Les CCI d’Alsace ont déjà mutualisé leurs ressources informatiques et poursuivront leur
régionalisation en mutualisant leurs structures organisationnelles. Cependant, ce cas de
régionalisation du SI en Alsace reste unique en France. L’identité régionale très forte en Alsace
explique en partie l’envie de travailler ensemble. Les CCI des autres régions de France n’ont
pas eu la même approche. Effectivement, elles ont préféré attendre que le projet de réforme soit
voté avant d’entamer une quelconque réorganisation.
Vingt et une CCI-R devraient voir le jour sur le territoire français progressivement au cours des
prochains mois.

Questions :
1. Quelles sont les principales raisons expliquant la décision de mutualiser les SI ?
2. Le chef de projet du schéma directeur informatique régional est un informaticien qui a été
détaché de son poste à la CCI de Strasbourg. Que penser de ce choix pour le pilotage du projet
régional ?
3. Pourquoi la mutualisation des systèmes d’information a-t-elle eu lieu avant la fusion des
structures organisationnelles ? Quels peuvent être les avantages et les risques associés à une
telle approche ?
4. Quelles actions ont été mises en œuvre facilité le changement au sein de chacune des CCI ?
Quelles autres propositions peut-on formuler ?

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