Chapitre 2
2.1. Introduction
Il est très important de connaître la position du niveau de Fermi, puisque cette position
détermine d’une part la concentration des porteurs libres, qui conditionne toutes les propriétés
de transport du cristal, et d’autre part l’état de charge des additifs.
Le niveau de Fermi est immédiatement situé quand on connaît le type et la concentration des
porteurs majoritaires, à la suite d’une mesure d’effet Hall.
En pratique, le problème le plus complexe est de prévoir la position du niveau de Fermi à une
température donnée, dans un cristal contenant des concentrations données d’additifs. Ce
problème peut être résolu au moyen de l’équation de neutralité électrique.
La neutralité électrique d’un cristal semi-conducteur est toujours assurée que ce soit à
l’équilibre thermique ou en dehors de cet équilibre.
Supposons qu’on veuille construire un cristal semi-conducteur en disposant côte à côte des
atomes de silicium et des atomes d’additifs. Pour y parvenir, il faut que l’ensemble des
atomes soit électriquement neutre. Si en effet, on disposait côte à côte uniquement des ions
positifs, la répulsion coulombienne ôterait toute cohésion au cristal. Le cristal étant construit,
certains atomes peuvent s’ioniser soit par excitation thermique, optique, etc… ; soit en cédant
des électrons a d’autres atomes, mais la neutralité électrique de l’ensemble n’en est pas
falsifiée. Ces ionisations se traduisent par des transitions électroniques entre les niveaux
intrinsèques ou extrinsèques du cristal.
L’équation de neutralité électrique écrit l’égalité de la somme des charges positives fixes ou
mobiles, et de la somme des charges négatives fixes ou mobiles dans un semi-conducteur.
B. Hadjoudja 1
Chapitre 2 Influence de la température sur la position du niveau de Fermi
Soit un cristal homogène contenant simultanément des additifs donneurs (en concentration
Nd) et accepteurs (en concentration Na). A l’équilibre thermique, ce cristal n’est parcouru par
aucun courant. Le champ électrique dans chaque élément de volume dv est nul, donc la charge
totale contenue dans dv est nulle.
L’élément de volume dv contient en plus d’un grand nombre d’atomes neutres du cristal et
des additifs :
La concentration d’électrons libres (n) dont la charge correspondante est : -q.n.dv.
La concentration des trous libres (p) dont la charge correspondante est : q.p.dv.
On doit donc avoir : q.( Nd Nod ).dv + q.p.dv - q.( Na Noa ).dv - q.n.dv = 0
( Nd Nod ) + p = ( Na Noa ) + n
n Nod p Noa Nd Na
Quand tous les additifs sont ionisés (température pas très basse) c'est-à-dire Nod Noa 0,
on a : n-p=Nd-Na.
B. Hadjoudja 2
Chapitre 2 Influence de la température sur la position du niveau de Fermi
EF Ec Ev EF
Ou bien N c exp N v exp
KT KT
Ec Ev KT Nv
EF ln
2 2 Nc
B. Hadjoudja 3
Chapitre 2 Influence de la température sur la position du niveau de Fermi
Considérons un semi-conducteur dopé, par exemple avec un additif de type donneur, de sorte
n p Nd Nod Nd
Ou bien n p Nd
Cette dernière équation signifie que l’apparition des électrons libres est due, d’une part, aux
transitions : bande de valence – bande de conduction, ce qui conduit à la création de p trous
libres, et d’autre part, aux transitions : niveau d’additif - bande de conduction, ce qui produit
N d ions d’additifs.
Chaque type de transitions est prédominant par rapport à l’autre selon qu’on se situe dans la
gamme des basses, moyennes ou hautes températures.
Domaine des températures faibles (0 – 400 K), qui comprend les basses (0 – 200 K) et
une partie des températures moyennes (200 – 400 K).
Domaine des températures élevées (> 400 K), qui comprend une partie des
températures moyennes (400 – 600 K) et les hautes températures (> 600 K).
Soit :
Températures basses : 0 – 200 K ;
Températures moyennes : 200 – 600 K ;
Températures hautes : > 600 K.
Les valeurs des différents intervalles de températures sont données à titre approximatif, car la
définition d’une température basse, moyenne ou haute, doit être liée au gap du matériau semi-
conducteur et à la concentration en additifs. En effet, une température donnée pourra être
considérée comme haute ou moyenne selon que le gap et la concentration en additifs sont
petits ou grands. Lorsque le gap et la concentration en additifs sont petits, la température
pourra être considérée comme haute, et lorsqu’ils sont grands, cette même température sera
considérée comme moyenne.
B. Hadjoudja 4
Chapitre 2 Influence de la température sur la position du niveau de Fermi
Dans ce domaine de température, ce sont les transitions d’électrons : niveau d’additif – bande
EF Ec Nd
Ou bien N c exp
KT E E
1 2 exp F d
KT
EF 1 E E Nd E Ed
exp 2 exp d . exp F exp c 0
KT 2 KT KT 2 Nc KT
EF
En posant : X exp
KT
1 E Nd E Ed
On aurait : X 2 exp d .X exp c 0
2 KT 2N c KT
1 E 8N d E Ed
Donc : X exp d . 1 . exp c 1
4 KT Nc KT
EF 1 E 8N d E Ed
Par suite : exp exp d . 1 . exp c 1
KT 4 KT Nc KT
EF
Or, exp est toujours positif, donc le signe (-) devant le radical est dénué de sens.
KT
En ne conservant que le signe (+), on trouve pour EF :
1 8N d E Ed
EF Ed KT ln 1 exp c 1
4 Nc KT
Ec Ed KT Nd
EF ln
2 2 2N c
B. Hadjoudja 5
Chapitre 2 Influence de la température sur la position du niveau de Fermi
Ec Ed KT Nd
ln Ec
E Ec 2 2 2N c Nc Nd E Ec
n N c exp F N c exp exp d
KT KT 2 2KT
Nd
EF Ec KT ln
Nc
Dans cet intervalle de température: Nc>>Nd, donc, EF décroît lorsque la température croit.
La concentration des électrons libres correspondante à cet intervalle de température s’obtient
en remplaçant EF par son expression dans celle de n, soit :
Nd
Ec KT ln Ec
E Ec Nc
n N c exp F N c exp Nd
KT KT
n 2I n 2I Nc Nv Eg
p exp .
n Nd Nd KT
B. Hadjoudja 6
Chapitre 2 Influence de la température sur la position du niveau de Fermi
Dans ce domaine de température, tous les atomes additifs sont ionisés, donc il n’y a plus des
transitions d’électrons : niveau d’additifs - bande de conduction. Par contre, les transitions
d’électrons : bande de valence - bande de conduction deviennent de plus en plus importantes
avec l’augmentation de la température. Par suite, l’équation de neutralité n p N d s’écrit :
n=p+Nd
Et comme : n.p n 2I
n 2I
Donc : n Nd → n 2 n 2I Ndn
n
Ou bien : n 2 Nd .n n 2I 0
Nd 4n 2I
n 1 1
2 N d2
Comme n est positif, donc le signe (-) n’a pas de sens, par suite :
Nd 4n 2I
n 1 1
2 N d2
E F Ec
D’autre part, n N c exp
KT
Nd 4n 2I
EF Ec KT ln 1 1
2N c N d2
4n 2I
reste très inférieur à n=Nd), donc, on peut avoir l’inégalité : 1
N d2
B. Hadjoudja 7
Chapitre 2 Influence de la température sur la position du niveau de Fermi
Par suite, à partir de l’expression générale de E F pour le domaine des températures élevées, on
en tire la position du niveau de Fermi :
Nd
EF Ec KT ln
Nc
Dans cet intervalle de température : Nc>>Nd, donc EF décroît lorsque la température croit.
Nd
Ec KT ln Ec
E Ec Nc
n N c exp F N c exp Nd
KT KT
On remarque qu’il existe une parfaite concordance entre ces résultats (expressions de E F et de
n) et les résultats précédents dans le cas des températures moyennes.
Cet intervalle de température est appelé aussi : domaine d’épuisement des additifs.
Aux températures hautes, les transitions d’électrons : bande de valence – bande de conduction
deviennent très importantes en créant un nombre de trous (donc d’électrons) nettement
supérieur au nombre d’électrons crée par l’ionisation totale des additifs, donc n=p>>N d
4n 2I
Dans ce cas, on peut avoir l’inégalité : 1
Nd2
B. Hadjoudja 8
Chapitre 2 Influence de la température sur la position du niveau de Fermi
N d 2n I nI
EF Ec KT ln . Ec KT ln
2N c N d Nc
Ec Ev KT Nv
EF ln
2 2 Nc
Ec Ev 3KT m*
Ou bien : E F ln *t
2 4 me
Dans cet intervalle de température, EF a le même comportement avec la température que le
niveau de Fermi d’un semi-conducteur intrinsèque.
Ec Ev Nv
KT ln Ec
E Ec 2 Nc
n N c exp F N c exp
KT KT
Ec Ev Eg
N c N v exp N c N v exp nI p
2KT 2KT
Dans cet intervalle de température, la concentration des électrons est égale à celle des trous,
donc le semi-conducteur à un comportement intrinsèque.
B. Hadjoudja 9
Chapitre 2 Influence de la température sur la position du niveau de Fermi
Ec EvKT Nv
Températures hautes : E F ln
2 2 Nc
Dans cet intervalle de température, EF a le même comportement avec la température
que le niveau de Fermi d’un semi-conducteur intrinsèque.
B. Hadjoudja 10
Chapitre 2 Influence de la température sur la position du niveau de Fermi
Ec Ed KT Nd Ec Ed KT KT
On a : E F ln ln N d ln 2N c
2 2 2N c 2 2 2
3
2 KTm *e 2
Et, Nc 2. AT 3 / 2
h2
Pour un extremum (dans notre cas un maximum), la dérivée première de EF par rapport à T
doit être nulle. De plus, lorsque EF passe par un maximum T s’écrit To.
Soit :
3 1
ATo 2
EF K K KTo 2 K Nd 3K
ln N d ln 2 N c ln 0
T 2 2 2 AT 32 2 2N c 4
o
Nd 3
Donc ln
2N c 2
Nd 3
Ce qui nous donne : N c exp
2 2
3
2 KTo m *e 2 3
Et comme N c 2. ATo 2
h2
3
Nd 3
Donc : ATo2 exp
2 2
2
Nd 3 3
Finalement, on obtient : To exp
2A 2
Ec Ed KT Nd
on a : E F ln
2 2 2N c
Ec Ed KTo Nd Ec Ed 3KTo
A T=To , E F E F max ln
2 2 2N c 2 4
Ec Ed 3KTo
Par suite : E F max
2 4
B. Hadjoudja 11
Chapitre 2 Influence de la température sur la position du niveau de Fermi
Nc Nd E Ec
Températures basses : n exp d
2 2KT
Ed Ec 1 Nc Nd
ln( n ) ln
2KT 2 2
3 3
2 KTm*e 2
En effet, N c 2. AT 2
h2
Ec Ev
Températures hautes : n p nI N c N v exp
2KT
Ec Ev 1
ln( n) ln( N c N v )
2KT 2
En effet, N c Nv AT 2
B. Hadjoudja 12
Chapitre 2 Influence de la température sur la position du niveau de Fermi
B. Hadjoudja 13