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Cours magistral 4

Chapitre 4 : La christianisation des sociétés du haut


Moyen Âge occidental

1 – La diffusion du christianisme, IVe -IXe siècles


A– Progrès de la christianisation aux Ve -VIIe siècles

Une transformation majeure du christianisme se produit au Moyen Âge.


La christianisation romaine est trop superficielle pour résister partout aux invasions.
L'Occident du VIème siècle est catholique dans les villes, mais les campagnes sont restées ou
redevenues païennes. Les Barbares sont principalement ariens (dénient le caractère divin de
Jésus).

La christianisation catholique de l'Occident se diffuse


aboutit à la disparition de l'arianisme en un siècle
(conversion des Wisigoths puis des Lombards au
catholicisme, ainsi que des rois anglo-saxons ...)
Au VIème siècle, les principaux foyers chrétiens se
situent en Italie, Sud et Nord de la Gaule (défense de
l'Empire au IVème et Vème siècle), la péninsule ibérique
et la Turquie (Constantinople).

Irlande : cas à part (aucune romanisation, pourtant le


christianisme s'y est imposé), elle utilise le latin comme
langue ecclésiastique. L'Irlande fut épargnée des assauts barbares.
Avant le Xème siècle, aucune ville en Irlande. Ce sont donc les monastères où se jouent
l’organisation ecclésiastique des irlandais, et pas dans les villes.

En 741 : le pouvoir royal est réformé par l'église franque (avant celle des dixièmes et onzième
siècles, comme la réforme grégorienne) : vêtements spécifiques imposés, tonsure ...

B – Les régions de christianisation ancienne et les missions des VIIIe -IXe siècles

C'est partir des régions du Nord de la Gaule (et au cœur du royaume mérovingien), notamment
en Austrasie, que viennent les sources de christianisation. Elle va s'étirer dans toutes les régions
périphériques du monde franc.
Les francs, en 770 instaurent des campagnes militaires (et religieuses) où la christianisation va
s'imposer de force dans les pays conquis, en Saxe notamment.

L'île de Bretagne : christianisme fait son apparition dans le cadre de la romanité.


Au Vème siècle, les romains se retirent de l'île (406/409). A la fin de ce siècle, des peuples venant
du Nord du pays vont conquérir une grande partie de l'île.
Les paiens peuplant désormais le pays vont faire reculer la pratique.
L'église de Rome va envoyer 2 missions dans cet île (en 597 et à la fin des années 660) pour la
reconvertir en prenant contact avec les rois locaux.
Au VIIIème siècle, la Bretagne est complètement christianisée.

Une des missions les plus connues est celle de Boniface de Mayence, de 721 à 754 en Allemagne
principalement. C'était un moine missionnaire d'origine anglaise, il fut envoyé par le pape de
l'époque en Frise pour y convertir les païens.
Il est à l'origine de l'abbaye de Fulda.
Fait évêque puis archevêque par le pape il fut assassiné avec d'autres en 754, en haine de la foi
chrétienne.

La christianisation de l'Europe centrale se joue au Xème siècle.


La Scandinavie est christianisée.
C'est en même temps de la christianisation que l'organisation christianique et monarchique
s'instaurent. Naissance de la royauté = en même temps que la naissance du christianisme.
A partir du XIIème siècle, toute l'Europe est christianisée.

2 – L'organisation ecclésiastique dans le haut Moyen Âge


Ensemble des fidèles = les laïques.
Le personnel du clergé= les clercs. Voués à encadrer la vie religieuse des laïques.

A – Le personnel

1 – L'évêque

Personnage principal de l’Église chrétienne. Du grec episkopos (surveillant), il est le chef d'une
communauté chrétienne autour d'une cité s'étendant sur une diocèse (paroisse).
Chaque église est sous la responsabilité d'un évêque.
Son rôle de chef de la communauté et aussi d'être le communicateur de la foi.
Donc, en plus de son rôle politique (avec archêveque, fait appliquer les décisions pontificales et
conciliaires), il est responsable de la discipline des clercs et des laïques.
Il est assisté par des chanoines pour sa fonction liturgique (chants, prières linguistiques).

L'archevêque est quant à lui à la tête d'une province ecclésiastique et bénéficie d'une 'dignité
supérieure' aux autres évêques, mais son rôle se résume à organiser la coopération entre les
diocèses de la province, contrôlés par les évêques.

2 – Évêques et pouvoirs

Ils sont souvent aristocrates.


Il sont très puissants et ont des fonctions religieuses et laïques.
Les évêques ont des fonctions politiques, de ban, comme des fonctions militaires comme la
défense de la cité (exemple : entretien des murailles).
L'Évêché représente une puissance économique et riche.
Le choix d'un évêque se fait avec le clergé de la ville, l'aristocratie locale et parfois le pouvoir royal.

3 – Les autres clercs

Prêtres : surtout fonctions sacramentaires : prêche, messe)


Diacres : souvent des fonctions de gestion des patrimoines

Les clercs sont insérés dans la vie des laïques.


Très souvent, les clercs furent critiqués sur leur mode de vie, ainsi, des réformes disciplinaires
furent prises pour mieux contrôler leur mode de vie et leurs habitudes.
Toutes ces réformes sont imposées lentement, ce n'est qu'au XIème siècle qu'elles s'appliqueront
avec comme sanction principale au devoir de chrétien : l'excommunication.

B – Les grandes institutions

1 – Le pape (papa/père)

Il est l'évêque de Rome et le successeur de Saint Pierre, principal disciple du Christ, que ce dernier
a mis à la tête de son Église.
Tient une autorité en terme de dogmes mais très peu d'autorité en terme institutionnel.
Ce n'est qu'au XIème siècle que son rôle et son autorité deviendra centrale.

2 – Les conciles (de concilium, assemblée délibérante)

Réunion de centaines d'évêques souvent présidée par le pape.


Soit des conciles régionaux (seulement quelques évêques) ou des conciles 'nationaux' (demandés
par le Roi, concernant tous les conciles du royaume).
Si il rassemble tous les évêques de la chrétienté, on le dit général ou œcuménique.
Au IVème et Veme siècles, la majorité des conciles étaient organisés par les empereurs pour
discuter de la foi et du gouvernement de l’Église.
Il a pour but de définir le dogme, de condamner les hérésies ou/et d'établir la discipline
ecclésiastique.
Les décisions prises lors des conciles sont les canons : elles ont un caractère obligatoire.
3 – Les pratiques du culte chrétien

A – La liturgie et le calendrier

La liturgie : Ensemble des pratiques du christianisme.


Organisée en fonction d'un calendrier avec 2 grandes fêtes majeures : Noël (naissance du Christ)
et Pâques). Entre ces fêtes, on a des cycles, des règles régulant tout.

B – Les principaux sacrements

Ces cérémonies sont à destination des fidèles


Le baptême : marque l'entrée dans la communauté chrétienne.

A l'époque romaine, et dans le haut moyen âge : choix adulte et individuel de la chrétienté.

A partir du VIIIème, IXème siècle: dans les premiers jours, les enfants sont baptisés.
C'est devenu une règle que tout le monde soit chrétien.

La communion : commémoration du banquet du Christ et des apôtres de la Mort du Christ.

La messe réunit et commémore tout les dimanches ces deux événements.

C – Les lieux de culte

Les églises, basiliques et cathédrales, où se déroulent les messes, se multiplient.


L'église est un lieu de rassemblement des chrétiens.
"Ekklesia" en grec signifie "assemblée du peuple".
La cathédrale et la basilique sont également des églises mais des églises particulières.

Historiquement, la cathédrale est l'église de l'évêque.


C'est l'église principale du diocèse, où se trouve la cathèdre, c'est-à-dire le siège de l'évêque en
charge du diocèse (cathedra en grec signifie "siège").
Ce monument est de fait relativement imposant car il était amené à recevoir diverses grandes
manifestations religieuses. Aujourd'hui, il existe des cathédrales sans évêque. Exemple: Cathédrale
Notre-Dame-de-Paris.

Enfin, la basilique est une église qui a obtenu l'autorisation du Pape de s'appeler ainsi car il s'y est
déroulé un événement particulier marquant la vie chrétienne (miracle, pèlerinage, reliques de
Saints déposées à l'intérieur).

Rectangulaires, éventuellement divisées en nefs et en rangées de colonnes, elles sont le lieu de


réunion des fidèles pour toutes les cérémonies religieuses.
Elles ne commencent à être voûtées de pierres qu'au Xeme XIèmes siècles.
L'autel : au centre de l'Eglise.

4 – Le monachisme

A – Définitions

Le monachisme est le choix fait par des personnes de mener une vie entièrement religieuse.
C'est la forme de vie consacrée à Dieu que mène les moines et les moniales.
C'est un type de vie à part caractérisé par des prières et une entière célébration de la liturgie.

Monos, mot grec signifiant seul.


Un moine est par définition une personne qui se retire et qui se reste à la prière.

Moines hommes et femmes (pas forcément ordonnés par l'ordre religieux).


Une moniale, un moine, une abbesse, un abbé.
Il se diffuse en Occident avec des influences orientales.

Voeux : d'obéissance à la règle et l'abbé.


La règle est écrite et norme la vie des moines.

Plusieurs formes de vie :

°Les ermites : moines vivant seuls.


L'ermitisme : plus rare en Occident, plus souvent en Orient.

°Le cénobitisme : le cénobite est le moine vivant en commun dans une communauté.
Ils vivent dans des monastères

B – Les grandes traditions monastiques du haut Moyen Âge

1– La tradition bénédictine

C'est la tradition chrétienne principale, suivant la règle de Saint-Benoit.


Existence historique de Saint-Benoit : problématique. Aucune trace directe de sa vie .
Caractère flou voir fictif de sa vie.
Il aurait fondé 2 grands monastères : le Mont Cassin notamment.
Il aurait composé une règle monastique, guidant les hommes de foi dans la vie monastique
communautaire. Ce n'est qu'en 650, soit plus d'un siècle après sa présumée mort, que sa règle se
diffusera et sera pratiquée dans nombre de pays.

2 – La tradition irlandaise sur le continent


Colomban de Luxeuil, 540-615, moine irlandais prêchant la foi irlandaise, différente en certains
points de celle déjà instaurée dans en Europe de l'Ouest sous influence romaine.
Il s'attira hostilité des évêques mérovingiens à son égard.
Il rencontrera énormément d'aristocrates et les convertira. Sa présence et ses voyages seront à
l'origine d'énormes constructions.

3 – De la coexistence à l'unification

Réforme générale sous Louis le Pieux, épaulé par Benoit d'Aniane, un aristocrate d'origine
wisigothique, réunit 3 assemblées a Aix la chapelle dans laquelle il réformera le monde
monastique en imposant à tout les monastères du ROYAUME franc de suivre exclusivement la foi
de Saint Benoit. Sépare plus clairement les moines des clercs.
Les autres traditions monastiques sont donc supprimées.

C – Le monachisme dans la société

1 – La propriété

Moines sont des proprios fonciers et monastiques


Renoncement à la propriété, sexualité, richesses, en échange de quoi l’ecclésiastique sera
entretenu par le patrimoine global.
Donations des fidèles, propriétés foncières constituent les sources de revenus des monastères.
Souvent, certains monastères ont des patrimoines dont les revenus dépassent largement les
dépenses liés à la religion.

Certains moines sont des gens donnés au monastère (obla : offert ; un enfant offert au monastère
par ses parents vers 6/7 ans)
Carrière monastique est considérée extrêmement prestigieuse et riche.

2 – Rôles des monastères

Les moines par leur prière participent à la vie du royaume.


Le système de la prière (prière d'intercession monastique: rôle d'intercesseur entre la divinité et
les fidèles) est adopté par tous les moines.
Leur prière serait 'mieux entendue' que les laïques.
Ils vont aider les fidèles à améliorer leurs conditions d'accéder au salut.
Ainsi bon nombre de fidèles seront des bienfaiteurs (donnent le plus d'argent pour accéder au
salut), les prières leur seront souvent destinées.

Le monastère de Cluny en 910, situé au centre-est de la France, fondé par le duc d’Aquitaine
Guillaume 'le Pieux' contrôle les territoires d'un bon tiers de la France. Cluny fut un foyer de
réforme de la règle bénédictine et un centre intellectuel de premier plan au Moyen Âge classique.

Vocabulaire : Arianisme = hérésie prêchée par Arius vers 320. Elle nie le caractère divin de Jésus.
Les ariens sont condamnés au concile de Nicée en 325, puis à celui de Constantinople en 381.

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