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REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientique

UNIVERSITE DE MOHAMED SEDDIK BENYAHIA-JIJEL

Faculté des Sciences Exactes et Informatique


Département de Mathématiques

COURS D'EQUATIONS AUX DERIVEES PARTIELLES D'EVOLUTION

EDP ET APPLICATIONS

PREMIER SEMESTRE-MASTER 1

PREPARE PAR :

DR : LOUNIS SABRINA

Promotion 2017/2018
Equations aux Dérivées Partielles

d'Evolution
Table des matières

Introduction 3
0.1 Equation de la Chaleur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
0.2 Equation des ondes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
0.3 Equation de Schrôdinger . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
Notations 8
1 Les Opérateurs m-Dissipatifs 8
1.1 Préliminaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.2 Les opérateurs m-dissipatifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.3 Opérateurs m-dissipatifs dans un espace de Hilbert . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.4 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2 Les C0 -Semi Groupes et Théorème de Hille-Yosida 19
2.1 Les C -semi groupes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.2 Théorème de Hille-Yosida . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
0

2.3 Théorème de Lummer-Philips . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41


2.4 Les semi groupes diérentiables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
2.5 Théorème de Katto et les semi groupes analytiques . . . . . . . . . . . . . . . . 47
2.6 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
3 Problème de Cauchy et Semi Groupes 59
3.1 Problème homogène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
3.2 Le problème non homogène de Cauchy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
3.3 Régularité de la solution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
3.4 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
4 Introduction aux Equations de Stokes et de Navier-Stokes 75
4.1 Equations de Navier-Stokes stationnaires linéarisés . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
4.2 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
5 Solutions des exercices 79
5.1 Chapitre 01 ...................................... 79
5.2 Chapitre 02 ...................................... 81
5.3 Chapitre 03 ...................................... 85
5.4 Chapitre 04 ...................................... 87
6 Appendice 89
6.1 Quelques résultats d'analyse complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
6.2 Opérateurs bornés, non bornés, fermés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
1
6.3 Dénition et théorèmes généraux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
6.4 Distributions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
6.5 Espaces de Sobolev . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
Bibliographie 96

2
Introduction

Plusieurs phénomènes dans la nature peuvent être reformulés et modélisés sous forme d'une
équation diérentielle ordinaire ou équation aux dérivées partielles et pour résoudre ce type
d'équation, les mathématiciens ont alors introduit la théorie des semi groupes.
Considérons le problème de Cauchy suivant :
( du
= αu,
dt
u(0) = x0 .

La fonction exponnentielle ordinaire résoud ce type de problème et on trouve que u(t) =


x0 eαt .

Pour généraliser ce résultat, on considère le système d'équations linéaires ordinaires,


( du
= Au,
dt
u(0) = x0 ,

où pour chaque t ≥ 0, u(t) ∈ R , A est une N × N matrice et x ∈ R . Ce problème a une


N N

solution unique pour tout t ≥ 0. Cette solution peut être écrite comme suit :
0

(1) u(t) = e x . At
0

Notons que +∞ k k
X t A
etA = ,
k=0
k!
avec A 0
= IN ×N la matrice identité et on a
e(t+s)A = etA esA .

Soit, maintenant, E un espace de Banach et considérons l'équation d'évolution suivante :


( du
= Au(t), t ≥ 0,
(P) dt
u(0) = x0 ∈ E,

où A est un opérateur linéaire borné sur E. La solution de ce problème doit être


u(t) = u(t) = eAt x0 ,

avec la même représentation dans (1), on peut démontrer facilement que (e tA


)t≥0 forme une
famille d'opérateurs linéaires continus.
3
La question qui se pose maintenant est : Est-ce qu'on peut dénir une solution exponnen-
tielle pour le même type de problème lorsque A est un opérateur non borné dans un espace de
Banach? Il faudrai donc trouver une notion analogue de la fonction exponnentielle qui permet
de considérer des opérateurs non bornés. C'est la notion de semi groupe basée sur les propriétés
algèbriques de l'exponnentielle couplées avec une propriété de continuité.
La solution u du problème (P) peut se présenter sous la forme u(t) = G(t)x , (G(t))
est alors une famille d'opérateurs dépendants du temps t dite semi groupe et qui vérie les
0 t≥0

propriétés suivantes :
 G(0) = I ,
 G(t + s) = G(t)G(s) pour tous t, s ∈ R .
L(E)
+

Dans le premier chapitre de ce manuscrit, nous étudions une classe très importante d'opé-
rateurs non bornés, c'est les opérateurs m-disipatifs.
Les C -semi groupes sont étudiés en détails dans le deuxième chapitre ainsi que le théorème
de Hille-Yosida et le théorème de Lummer-Philips qui nous souligne la relation entre le semi
0

groupe fortement continu (G(t)) et l'opérateur A.


t≥0

De nombreux cas particuliers de semi groupes sont aussi traités dans ce chapitre : diéren-
tiable et analytique. Ces semi groupes caractérisent des modes d'évolution qui permettent de
mieux comprendre les propriétés le la fonction u(t) qui une est solution du problème (P).
Dans le troisième chapitre, nous étudions le problème de Cauchy homogène et nonhomogène
ainsi que la régularité de la solution.
Les équtions de Navier-Stokes linéarisées sont vues au quatrième chapitre. A la n de chaque
chapitre, on donne une sérrie d'exercices est proposée.
Nous présentons ci-desssous la forme de quelques modèles classiques qui jouent un rôle im-
portant dans diérent domaines scientiques :
0.1 Equation de la Chaleur
L'équation de la chaleur est d'une importance fondamentale dans divers domaines scienti-
ques. En mathématiques, c'est l'équation diérentielle partielle parabolique prothotype. En
théorie de probailités, l'équation de la chaleur est liée à l'étude du mouvement Rownien via
l'équation de Fokker-Plank. En mathématiques nancières, elle est utilisée pour résoudre l'équa-
tion diérentielle partielle de Black-Scholes. Celle-ci s'écrit sous la forme :
 ∂u

 − ∆u = f, dans Ω × R+
∗,
∂t
 u = 0, sur ∂Ω × R+
∗,

u(x, t = 0) = u0 , dans Ω.

L'équation de la chaleur est une équation d'ordre 1 en temps et d'ordre 2 en espace.


4
0.2 Equation des ondes
L'équation des ondes est une équation aux dérivées partielles de second ordre, elle joue
un rôle fondamental pour la description des ondes, telles qu'elles se produisent en physique :
quelles soient mécanique lumineuses. Ce type d'équation apparait dans divers domaines tels
que l'acoustique, l'éléctromagnétisme et la dynamique des uides. L'équation des ondes dont u
est une solution est donnée par :
 2
∂ u


2
− ∆u = f, dans Ω × R+
∗,
 ∂t



u = 0, sur ∂Ω × R+
∗,

 u(x, t = 0) = u0 , dans Ω,
∂u


(x, t = 0) = u1 dans Ω,


∂t
est hyperbolque.
0.3 Equation de Schrôdinger
L'équation de Schrôdinger joue le rôle des lois de conservation de lénergie dans la mécanique
classique. Cette équation décrit l'évolution de la fonction d'onde u d'une particule soumise à
un potentiel V qui est une fonction à valeurs réelles. La fonction u est solution de
( ∂u
i + ∆u − V u = f, dans Rn × R+
∗,
∂t
u(x, t = 0) = u0 , dans Rn .

5
Notations

N: L'ensemble des nombres entiers naturels,


N∗ = N\{0},
Z: L'ensemble des nombres entiers ,
Z∗ = Z\{0},
R: L'ensemble des nombres réels,
C: L'ensemble des nombres complexes ,
R+ : L'ensemble des nombres réels positifs ,
< : La partie réelle des nombres complexes,
= : La partie imaginaire,
 : Singnale la n d'un passage formant une suite logique (preuve),
E×F : Le produit cartésien de E et F,
Lp [0, T ]; E

: L'espace des classes de fonctions mesurables sur [0, T ] tel que x 7→ |f (x)| soit
p

intégrable sur [0, T ], qui est un espace de Banach pour la norme


Z
 p1
f 7→ |f (x)|p dx , 1 ≤ p < ∞,
[0,T ]

C [0, T ]; E : L'espace des fonctions continues sur [0, T ] à valeur dans E,




C 1 [0, T ]; E : L'espace des fonctions continûment diérentiables sur [0, T ] à valeur dans E,
L(E) : L'espace des applications linéaires continues de E à valeurs dans E,
A : L'opérateur linéaire non borné de domaine D(A) dans un espace de Banach E muni de la
norme , k·k
D(A) : Le domaine de A,
[D(A)] : L'espace de Banach D(A) muni de la norme
kukD(A) = kuk + kAuk, ∀u ∈ E.

L([D(A)]) : L'espace des opérateurs linéaire bornés dénis sur [D(A)] à valeurs dans E muni
de la topologie forte.
C([0, +∞[, L([D(A)])) : L'espace des fonctions continues sur [0, +∞[ à valeurs dans L([D(A)])
muni de la topologie de la convergence uniforme sur les intervalles compacts de [0, +∞[.
R(λ, A) : L'opérateur résolvante de A,
G(A) : Le graphe de A,
ρ(A) : L'ensemble résolvant de A,
A : L'adjoint de A,

Ω : Ouvert de R , N

6
divu =
∂u1
∂x1
+ ..... +
∂uN
∂xN
: Divergence de u,
∇u =
∂u1
∂x1
, ....,
∂xN
Gradiant de u,
∂uN 

PN ∂ 2u

i=1 ∂xi
2
i
= ∇.∇u : Laplacien de u.

7
Chapitre 1

Les Opérateurs m-Dissipatifs

1.1 Préliminaires
Dans cette section , nous soumettons des propriétés de base concernant les opérateurs non
bornés. On désigne par E un espace de Banach réel ou complexe muni de la norme k·k, par L(E)
l'algèbre de Banach des opérateurs linéaires bornés dans E muni de la norme A → kAk
telle que
L(E)

kAxk
kAkL(E) = sup kAxk = sup ,
kxk=1 x6=0 kxk
et par I l'opéreateur identité de L(E).
Dénition 1.1.1 Un opérateur linéaire non borné dans E est le couple (A, D(A)), où D(A)
est un sous espace vectoriel de E , et A une application linéaire déni de D(A) ⊂ E à valeurs
dans E. Le sous espace vectoriel D(A) est appelé domaine de A.
Dénition 1.1.2 Soit A : D(A) ⊂ E → E un opérateur linéaire. Pour tout n ∈ N, on dénit
l'opérateur An : D(An ) → E par
A0 = I, A1 = A, ............ , An = A(An−1 ),

avec
D(An ) = {x ∈ D(An−1 )/An−1 x ∈ D(A)},
quelque soit n ∈ N.
Dénition 1.1.3 Un opérateur linéaire non borné (A, D(A)) dans E est fermé si son graphe
G(A) := {(x, Ax) : x ∈ D(A)},

est fermé dans E × E .


Dénition 1.1.4 Soit (A, D(A)) un opérateur linéaire non borné de domaine dense dans E .
On appelle adjoint de l'opérateur A, l'opérateur (A∗ , D(A∗ )) déni par
D(A∗ ) = {y ∈ E 0 / ∃c ≥ 0, tel que hAx, yiE 0 ,E ≤ ckxk, pour tout x ∈ D(A)},

où h·, ·iE 0 ,E désigne le produit de dualité entre E 0 et E et on a


hx, A∗ yiE 0 ,E = hAx, yiE 0 ,E , pour tout x ∈ D(A) et tout y ∈ D(A∗ ).

8
Dénition 1.1.5 Pour un opérateur A, on notera par
ρ(A) = {λ ∈ K, λI − A est bijectif },

l'ensemble resolvant de A. Si
ρ(A) 6= ∅,
alors A est fermé.

On notra par
R(λ, A) : ρ(A) → L(E)
λ 7→ R(λ, A) = (λI − A)−1 ,

la resolvante de A.

1.2 Les opérateurs m-dissipatifs


Dénition 1.2.1 On dit que l'opérateur A : D(A) ⊂ E → E est dissipatif si,
kλx − Axk ≥ λkxk, ∀x ∈ D(A), ∀λ > 0.
Dénition 1.2.2 On dit que l'opérateur A : D(A) ⊂ E → E est m-dissipatif si
1. A est dissipatif,
2. Pour tout f ∈ E et tout λ > 0, il existe x ∈ D(A) tel que λx − Ax = f.
Théorème 1.2.3 Si A : D(A) ⊂ E → E est un opérateur m-dissipatif, alors pour tout λ > 0,
l'opérateur (λI − A) admet un inverse, (λI − A)−1 f ∈ D(A), pour tout f ∈ E , et R(λ, A) est
linéaire borné sur E et satisfait
1
kR(λ, A)kL(E) ≤ .
λ
Preuve : Soit λ > 0. Comme A est m-dissipatif, alors d'après la Dénition 1.2.2, l'équation
(1.1) λx − Ax = f, ∀f ∈ E,

admet une solution x qui dépend de f dans D(A) tel que


kf k = kλx − Axk ≥ λkxk.

Montrons que cette solution est unique. Soient x , x deux solutions de l'équation (1.1), alors
1 2

λ(x1 − x2 ) − A(x1 − x2 ) = 0,

d'où
0 = kλ(x1 − x2 ) − A(x1 − x2 )k ≥ λkx1 − x2 k,
et par suite x = x2 , on en déduit donc que λI −A est inversible, ce qui nous donne x = R(λ, A)f
et
1

1
kR(λ, A)f k ≤ kf k.
λ


9
Proposition 1.2.4 Si A : D(A) ⊂ E → E est un opérateur dissipatif. A est m-dissipatif si et
seulement si
(1.2) ∃λ0 > 0 tel que ∀f ∈ E, ∃x ∈ D(A) : λ0 x − Ax = f.
Preuve : Supposons que A est m-dissipatif, alors d'après la Dénition 1.2.2, on trouve qu'on
a (1.2).
Réciproquement, on suppose que A est dissipatif. On en déduit donc que (1.2) admet une
solution unique dans D(A), et par suite par le Théorème 1.2.3 R(λ , A) ∈ L(E), vériant
0

1
kR(λ0 , A)k ≤ .
λ0
Soit λ > 0, alors
λx − Ax = f ⇔ λ0 x − λ0 x + λx − Ax = f
⇔ λ0 x − Ax = f + (λ0 − λ)x
⇔ (λ0 I − A)x = f + (λ0 − λ)x
⇔ x = (λ0 I − A)−1 (f + (λ0 − λ)x.
Considérons maintenant l'application
F :E → E
x 7→ F (x) = (λ0 I − A)−1 (f + (λ0 − λ)x),
et montrons que cette application admet un point xe. Soient x , x 1 2 ∈ E, on a
kF (x1 ) − F (x2 )k = k(λ0 I − A)−1 (f + (λ0 − λ)x1 ) − (λ0 I − A)−1 (f + (λ0 − λ)x2 )k
= k(λ0 I − A)−1 (λ0 − λ)(x1 − x2 )k
1
≤ |λ0 − λ|(x1 − x2 )k
λ
|λ0 − λ|
≤ kx1 − x2 k,
λ0

alors F est une application contractante de rapport |λ λ− λ| < 1, d'où d'après le théorème du
0

point xe de Banach, on trouve que F admet un point xe, c'est à dire, qu'il existe x ∈ E
0

tel que F (x) = x pour tout 0 < λ < 2λ , et donc f = λx − Ax pour tout 0 < λ < 2λ . Par
itérration n fois on obtient, pour λ ∈]0, 2 λ [ et pour tout f ∈ E, l'équation (λI − A)x = f a
0 0
n

une solution pour tout n ≥ 1 et donc pour tout λ > 0.


0

Théorème 1.2.5 Soit A : D(A) ⊂ E → E un opérateur non borné dans E . S'il existe λ0 > 0
pour lequel (λ0 I − A) est une bijection de D(A) sur E, alors A est fermé.
Preuve : Pour montrer que A est fermé, on doit démontrer que le graphe de A est fermé
dans E × E. Soit (x ) une suite d'élément de D(A), telle que x converge vers x dans E. On
doit vérier que x ∈ D(A) et Ax = f . On a λ x − Ax converge vers λ x − f.
n n n
0 n n 0

D'autre part, comme (λ I − A) est linéaire borné dans E. Alors, (λ I − A) (λ x − Ax )


−1 −1

converge vers (λ I − A) (λ x − f ), mais (λ I − A) (λ x − Ax ) = x qui converge vers x


0 0 0 n n
−1 −1

et par suite (λ I − A) (λ x − f ) = x ce qui montre que f = Ax, c'est à dire, x ∈ D(A) et


0 0 0 0 n n n
−1

f = Ax.
0 0

10
Proposition 1.2.6 Soit A : D(A) ⊂ E → E un opérateur m-dissipatif, alors
1. A est fermé,
2. l'application x 7→ kxk + kAxk est une norme sur D(A) et on la notera k · kD(A) . L'espace
(D(A), k · kD(A) ) est un espace de Banach,
3. A|D(A) ∈ L(D(A), E),
4. D(A) s'inject continument dans E .
Preuve : 1. découle directement du Théorème 1.2.5.
2. Il est facile à démontrer que l'application x 7→ kxk + kAxk est une norme sur D(A). Alors,
D(A) est un espace normé, montrons donc qu'il est complet.
Soit (x ) une suite de Cauchy dans D(A), alors kx − x k tend vers 0 lorsque m, n → +∞
et par suite
n n m n

kxm − xn k + kAxm − Axn k → 0,


quand m, n → ∞. Ce qui montre que
kxm − xn k → 0,

et
kAxm − Axn k → 0,
on conclut donc que (x ) et (Ax ) sont des suites de Cauchy dans E qui est un espace de
Banach. on peut supposer donc que x → x et Ax → y et puisque A est fermé, il en resort
n n n n

que Ax = y. Par conséquent,


n n

kxn − xkD(A) = kxm − xk + kAxm − Axk → 0,

lorsque n → ∞. Alors (x ) est une suite convergente pour la norme k · k D(A) , ce qui montre
que (D(A), k · k ) est un espace de Banach.
n n
D(A)

3. D'après la dénition de k · k , on a
D(A)

kAxk ≤ kxkD(A) ,

d'où A |D(A) ∈ L(D(A), E).

4.On a
kxk ≤ kxkD(A) ,
alors D(A) s'inject continûment dans E.
Théorème 1.2.7 Soit A : D(A) ⊂ E → E un opérateur dissipatif et de domaine dense dans
E. Si A est fermé et A∗ est dissipatif, alors A est m-dissipatif.

11
Preuve : Montrons tout d'abord que l'image de D(A) par (I − A) est un sous espace fermé
dans E. Soit (f ) une suite d'éléments dans (I − A)(D(A)) convergeant vers f dans E. Comme
f ∈ (I − A)(D(A)), alors il existe x ∈ D(A) tel que x − Ax = f . Puisque A est dissipatif,
n n

on trouve donc pour tout m ≥ n :


n n n n

kfn − fm k = k(xn − xm ) − A(xn − xm )k ≥ kxn − xm k.

Comme (f ) est convergente, alors (f ) est une suite de Cauchy, ce qui montre que (x ) est
une suite de Cauchy dans E qui est complet et par suite, (x ) converge vers un élément x ∈ E.
n n n

On en déduit donc que Ax = x − f converge vers x − f et comme A est fermé, on conclut


n n

donc que Ax converge vers Ax. D'où f ∈ (I − A)(D(A)), ce qui montre que (I − A)(D(A)) est
n n n

fermé et par conséquent :


n

[(I − A)(D(A))]⊥ = Ker(I − A∗ ).


Puisque A est dissipatif, alors A est injectif d'où Ker(I − A) = {0}, ce qui implique
∗ ∗

[(I − A)(D(A))]⊥ = {0},

donc
[(I − A)(D(A))] = {0}⊥ ,
et comme (I − A)(D(A)) est fermé on obtient
(I − A)(D(A)) = E,
ce qui achève la démonstration.
1.3 Opérateurs m-dissipatifs dans un espace de Hilbert
Dans cette section, on supposons que l'espace E est un espace de Hilbert (réel ou complexe)
pour le produit scalaire h·, ·i.
Proposition 1.3.1 Soit A : D(A) ⊂ E → E un opérateur linéaire non bornée. Alors, Les deux
assertions suivantes sont equivalentes :
1. A est dissipatif,
2. <hAx, xi ≤ 0, pour tout x ∈ D(A).
Preuve : On suppose que A est dissipatif. Soit x ∈ D(A) non nulle et λ > 0, posons
λx − Ax
zx,λ = ,
kλx − Axk
comme A est disspatif alors
λkxk ≤ kλx − Axk
= hλx − Ax, zx,λ i
= λhx, zx,λ i − hAx, zx,λ i,

d'où
12
λkxk ≤ λkxk − <hAx, zx,λ i,

alors
<hAx, zx,λ i ≤ 0,
et 1
<hx, zx,λ i ≥ kxk − kAxk.
λ

La suite (z ) est bornée. On peut supposer par extraction d'une sous suite que z converge
faiblement vers un élément z quand λ → ∞, passons à la limite donc dans les inégalités
x,λ x,λ

précédentes on obtient
x

<hAx, zx i ≤ 0,
et
<hx, zx i ≥ kxk.
D'autre part,
<hx, zx i ≤ hx, zx i
≤ kxkkzx k,

et donc
hx, zx i = kxk, et x = zx .
Alors
<hAx, xi ≤ 0.
Réciproquement, supposons que <hAx, xi ≤ 0 et soient λ > 0 et x ∈ D(A), alors on a
<hλx − Ax, xi ≤ |hλx − Ax, xi|
≤ kλx − Axkkxk.

D'autre part,
<hλx − Ax, xi = λhx, xi − <hAx, xi
= λkxk2 − <hAx, xi,

comme <hAx, xi ≤ 0 on trouve que


λkxk2 ≤ kλx − Axkkxk,

d'où
kλx − Axk ≥ λkxk,
et par suite A est dissipatif.
Théorème 1.3.2 Si A est m-dissipatif, alors D(A) est dense dans E .

13
Preuve : D(A) est fermé dans E qui est un espace complet, donc D(A) est complet. Comme
E est un espace de Hilbert, on peut donc écrire
E = D(A) ⊕ [D(A)]⊥ .
Pour montrer que D(A) = E, on doit démontrer que [D(A)] = {0}, soit f ∈ [D(A)] et ⊥ ⊥

comme A est m-dissipatif, il existe alors un élément x ∈ D(A) tel que λx − Ax = f et par
suite
0 0 0

hλx0 − Ax0 , x0 i = 0,
c'est à dire,
λkx0 k2 = hAx0 , x0 i ≤ 0,
d'où kx k
0
2
≤0 et donc x 0 =0 ce qui montre que f = λx 0 − Ax0 = 0. 

Théorème 1.3.3 Soit A : D(A) ⊂ E → E un opérateur de domaine dense dans E. Alors, A


est m-dissipatif si et seulement si, A est fermé et A∗ est dissipatif.
Preuve :Supposons que A est m-dissipatif. D'après la Proposition 1.2.6, l'opérateur A est
fermé. Montrons maintenant que A est dissipatif. D(A ) est un sous espace de E = E, pour
∗ ∗ 0

tout y ∈ D(A ), on a

hA∗ y, λR(λ, A)yi = hy, λAR(λ, A)yi


= hy, λ2 R(λ, A)y − λyi
= λhy, λR(λ, A)yi − λkyk2
≤ λkykkλR(λ, A)k − λkyk2
≤ λ2 kykkR(λ, A)k − λkyk2 .

En utilisant le fait que A est m-dissipatif on trouve que


λkR(λ, A)yk ≤ kyk,

et par suite
lim hA∗ y, λR(λ, A)yi ≤ 0.

D'autre part, on a
λ→∞

lim λR(λ, A)x = x, ∀x ∈ E.


λ→+∞

En eet, soit x ∈ D(A), on a


λR(λ, A)x = R(λ, A)(λI − A + A)x
= R(λ, A)(λI − A)x + R(λ, A)Ax
= x + R(λ, A)Ax,

d'où, d'après le Théorème 1.2.3


1
kλR(λ, A)x − xk ≤ kAxk
λ
En faisant donc tendre λ vers ∞ on trouve que
14
lim λR(λ, A)x = x, ∀x ∈ D(A).
Comme D(A) est dense dans E, il existe alors une suite (x ) d'éléments dans D(E) qui
λ→+∞

converge vers un élément x ∈ E. Donc,


n n

kλR(λ, A)x − xk = kλR(λ, A)x − λR(λ, A)xn + λR(λ, A)xn − xn + xn − xk


≤ kλR(λ, A)xn − xn k + kλR(λ, A)kkxn − xk + kxn − xk
= kλR(λ, A)xn − xn k + 2kxn − xk.

Passons à la limite on obtient


lim λR(λ, A)x = x, ∀x ∈ E,
λ→+∞

ce qui nous donne


hA∗ y, yi ≤ 0,
et donc A est dissipatif.

La récoproque découle du Théorème 1.2.7.


Exemple 1.3.4 Soit Ω un ouvert borné de Rn , de frontière Γ lisse par morceaux. Soit A l'opé-
rateur non borné déni par
D(A) = {u ∈ H01 (Ω) : 4u ∈ L2 (Ω)},

Au = 4u, ∀u ∈ D(A).
L'opérateur A est un opérateur m-dissipatif dans L2 (Ω). En eet, soit u ∈ D(A) on a
hAu, uiL2 (Ω) = h4u, uiL2 (Ω)
Z
= 4u(x)u(x)dx,

et d'après la formule de Green, on obtient

(1.3)
n Z Z
X ∂u(x) ∂u(x) ∂u(x)
hAu, uiL2 (Ω) =− dx + u(x)dσ,
i=1
∂xi ∂xi ∂ν
Ω Γ

et comme u ∈ H01 (Ω), alors la formule (1.3) implique que


n Z
X ∂u(x) ∂u(x)
hAu, uiL2 (Ω) = − dx
i=1
∂x i ∂x i
Z Ω
= − ∇u(x)∇u(x)dx

Z
= − [∇u(x)]2 dx

≤ 0,

15
pour tout u ∈ D(A). Alors, A est disspatif.

Montrons maintenant que, pour tout f ∈ L2 (Ω), il existe une solution unique u ∈ H01 (Ω) du
problème variationnel corespondant au problème
(1.4) −4u + u = f, dans Ω,

et
(1.5) u = 0 sur Γ.

Dans ce but, en multipliant l'équation (1.4) par une fonction test v ∈ H01 (Ω), et en intégrant
sur Ω, en supposent que u ∈ H 2 (Ω), alors
Z Z Z
− 4uv(x)dx + u(x)v(x)dx = f (x)v(x)dx,
Ω Ω Ω

d'après la formule de Green on trouve


n Z Z Z Z
X ∂u(x) ∂v(x) ∂u(x)
dx + u(x)v(x)dx − v(x)dσ = f (x)v(x)dx,
i=1
∂xi ∂xi ∂ν
Ω Ω Γ Ω

comme v ∈ H01 (Ω), alors l'égalité précédente nous donne


n Z Z Z
X ∂u(x) ∂v(x)
dx + u(x)v(x)dx = f (x)v(x)dx,
i=1
∂xi ∂xi
Ω Ω Ω

donc le problème variationnelle correspondant aux problème (1.4) et (1.5) est le suivant :
Trouver u ∈ H01 (Ω) qui satisfait a(u, u) = L(v), pour tout v ∈ H01 (Ω), avec
a : H01 (Ω) × H01 (Ω) → R
n Z Z
X ∂u(x) ∂v(x)
(u, v) 7→ dx + u(x)v(x)dx,
i=1
∂x i ∂x i
Ω Ω

et
L : H01 (Ω) → R
Z
v 7→ f (x)v(x)dx.

Il est clair que a(·, ·) est une forme bilinéaire continue sur H01 (Ω) × H01 (Ω). En eet, soit
(u, v) ∈ H01 (Ω) × H01 (Ω), on a
n Z Z
X ∂u(x) ∂v(x)
|a(u, v)| = | dx + u(x)v(x)dx|
i=1
∂xi ∂xi
Ω Ω
n Z Z
X ∂u(x) ∂v(x)
≤ | |dx + |u(x)v(x)dx|.
i=1 Ω
∂xi ∂xi

16
D'après l'inégalité de Cauchy-Scwartz, on a
X ∂u(x) ∂v(x)
|a(u, v)| ≤ k kL2 (Ω) k kL2 (Ω) + kukL2 (Ω) kvkL2 (Ω) ,
i=1
∂xi ∂xi

en utilisant l'inégalité de hölder on en déduit que


n n
X ∂u(x) 2 1 X ∂u(x) 2 1
|a(u, v)| ≤ k kL2 (Ω) 2 k kL2 (Ω) 2 + kukL2 (Ω) kvkL2 (Ω) ,
i=1
∂xi i=1
∂xi

et par suite
|a(u, v)| ≤ 2kukH 1 (Ω) kvkH 1 (Ω) .
Montrons maintenant que a(·, ·) est coercive, pour tout v ∈ H01 (Ω)
n Z Z
X ∂v(x) 2
a(v, v) = | ( ) dx + (v(x))2 dx|
i=1
∂x i
Ω Ω
n Z Z
X ∂v(x) 2
= ( ) dx + (v(x))2 dx
i=1 Ω
∂xi

= kvkH 1 (Ω) .

D'autre part, L est linéaire continu. En eet, soit v ∈ H01 (Ω)


Z
|L(v)| = | f (x)v(x)dx|
ZΩ
= |f (x)v(x)dx|.

Par l'inégalité de Cauchy-Scwartz on obtient


|L(v)| ≤ kf kL2 (Ω) kvkL2 (Ω)
≤ kf kL2 (Ω) kvkH 1 (Ω) ,

d'où la continuité de L. Alors, toutes les hypothèses du théorème de Lax-Milgram sont satisfaites,
et par suite il existe u ∈ H01 (Ω) solution du problème variationnel. Et puisque 4u = u − f ∈
L2 (Ω), alors u ∈ D(A).

1.4 Exercices
Exercice 1.4.1 : Soit X = (Cb (R), k · k∞ ) un espace de Banach et soit A l'opérateur déni
par
D(A) := {u ∈ C 1 (R) ∩ X, u̇ ∈ X},


Au = u̇, ∀u ∈ D(A).
Montrer que −A est m-dissipatif.
17
Exercices 1.4.2 : Soient X = Cb (RN ), a ∈ R donnée. On considère l'opérateur A déni par

 D(A) := {u ∈ X, a∇u ∈ X},
N ∂u
dans D0 (RN ), ∀u ∈ D(A).
P
 Au = a∇u = aj
j=1 ∂xj

Montrer que −A est un opérateur m-dissipatif.

18
Chapitre 2

Les C0-Semi Groupes et Théorème de

Hille-Yosida

2.1 Les C0-semi groupes


Considérons la famille (G(t)) d'opérateurs linéaires continus dans E. Voir [2, 3, 4, 5, 6, 7,
8, 11, 12] pour plus de détails sur les semi groupes fortement continus.
t≥0

Dénition 2.1.1 On dit que la famille (G(t))t≥0 est un semi groupe si on a les propriétés
suivantes
1. G(0) = I ,
2. G(t + s) = G(t)G(s), ∀t, s ∈ R+ .
Ceci veut dire que l'application t 7→ G(t) est un homéomorphisme du semi groupe additif
(R , +) dans le groupe multiplicatif (L(E), ·).
+

Dénition 2.1.2 Le semi groupe (G(t))t≥0 est appellé semi groupe fortement continu ou C0 -
semi groupe si l'application t 7→ G(t)x est continue pour la topologie forte d'opérateurs sur
(L(E), ·), c'est à dire,
lim kG(t)x − xkE = 0, ∀x ∈ E, ∀t ∈ R+ .
t→0

Remarque 2.1.3 D'une manière analogue, on dénit les semi groupes uniformément continus,
en s'appuyant sur les topologies des opérateurs.
Dénition 2.1.4 On appelle générateur innitésimal d'un semi groupe (G(t))t≥0 un opérateur
A déni sur l'ensemble
G(t)x − x
D(A) := {x ∈ E, lim+ existe},
t→0 t
G(t)x − x
Ax = lim+ , ∀x ∈ D(A).
t→0 t
Exemple 2.1.5 Soit A ∈ L(E). Alors, (etA )t≥0 est un semi groupe uniformémént continu
d'opérateurs linéaires bornés sur E dont le générateur innitésimal est A. En eet, soit
∞ k k
X t A
G(t) = etA = .
k=0
k!

19
Remarquons que la sérrie de membre de droite de l'égalité est convergent pour la topologie de
la convergence de la norme L(E).

De plus,
• G(0) = I ,
• G(t + s) = e(t+s)A = etA esA = G(t)G(s), pour tous t, s ∈ R+ . D'autre part, nous avons
∞ k k
X t A
kG(t) − IkL(E) = k − IkL(E)
k=0
k!
∞ k
X t Ak
= k kL(E)
k=1
k!

X k t kAkkL(E)

k=1
k!
∞ k
X t kAkkL(E)
= − 1,
k=0
k!

d'où
kG(t) − IkL(E) ≤ etkAkL(E) − 1, ∀t ≥ 0.
En faisant tendre t vers 0+ on obtient lim+ kG(t) − Ik = 0 et par suite (G(t))t≥0 est un semi
t→0
groupe uniformément continu. Montrons maintenant que A est le générateur innitésimal de
(G(t))t≥0 .

G(t) − I G(t) − I − At
k − AkL(E) = k kL(E)
t t

1 X tk Ak
= k kL(E)
t k=2 k!
∞ k k
1 X t kAkL(E)

t k=2 k!
∞ k k
1 X t kAkL(E)
≤ ( − 1 − kAkL(E) t)
t k=0 k!
1 tkAkL(E)
≤ (e − 1 − kAkL(E) t
t
etkAkL(E) − 1
≤ − kAkL(E) → 0,
t
G(t) − I
lorsque t → 0+ et par suite lim+ = A ce qui montre que le semi groupe (G(t))t≥0 admet
t→0 t
pour générateur innitésimal l'opérateur A.
Exemple 2.1.6 (Groupe de translation dans L2 (R)) : Soit E = L2 (R), pour u ∈ L2 (R),

20
on dénit G(t)u par G(t)u = u(x + t), p. p en x ∈ R. Remarquons tout d'abord que
Z
kG(t)uk2L2 (R) = |u(x + t)|2 dt
R
Z
= |u(s)|2 ds
R
= kuk2L2 (R) ,

et donc kG(t)k = 1.

D'autre part, on a
G(0)u(x) = u(0 + x) = u(x),
d'où G(0) = I .

Pour tous t, s ∈ R+ on a
G(t + s)u(x) = u(t + s + x)
= G(t)u(s + x)
= G(t)G(s)u(x),

d'où G(t + s) = G(t)G(s).


Montrons maintenant la convergence forte, on utilise pour ce but la densité des fonctions conti-
nues à support compact dans L2 (R). Si ϕ ∈ D(R) on a alors,
1
kG(t)ϕ − ϕkL2 (R) ≤ [mesSuppϕ] 2 sup |ϕ(x + t) − ϕ(x)|.
x∈R

Soit f ∈ L2 (R), grâce à la densité de D(R) dans L2 (R), il existe une suite (ϕ ) ⊂ D(R) qui
converge vers f , c'est à dire,

kf − ϕ kL2 (R) < .
3
Donc,
kG(t)f − f kL2 (R) = kG(t)f − ϕ kL2 (R) + kG(t)ϕ − ϕ kL2 (R) + kϕ − f kL2 (R)
1
≤ kG(t)kL(E) kf − ϕ kL2 (R) + [mesSuppϕ] 2 sup |ϕ (x + t) − ϕ (x)| + kf − ϕ kL2 (R)
x∈R
1
≤ 2kf − ϕ kL2 (R) + [mesSuppϕ] sup |ϕ (x + t) − ϕ (x)|,
2
x∈R

Comme ϕ est continue, il existe alors η > 0 tel que pour tout |t| < η on a

|ϕ (x + t) − ϕ (x)| < 1 ,
3[mesSuppϕ] 2
d'où
kG(t)f − f kL2 (R) < ,
On en déduit donc la convergence forte du semi groupe (G(t))t≥0 .

21
G(h)u − u G(h)u − u du
Considérons , on va démontrer que lim+ = au sens des distribu-
h h→0 h dx
tions.

Pour ϕ ∈ D(R), on a
G(h)u − u u(x + h) − u(x)
Z
h , ϕi = ϕ(x)dx
h h
R
Z Z
1 1
= u(x)ϕ(x − h)dx − u(x)ϕ(x)dx
h h
Z R R
ϕ(x − h) − ϕ(x)
= u(x) dx
h
R
ϕ(x) − ϕ(x − h)
Z
= − u(x) dx,
h
R

alors
G(h)u − u ϕ(x) − ϕ(x − h)
Z
lim+ h , ϕi = − u(x) lim+ dx,
h→0 h h→0 h
R

et par suite
G(h)u − u u
h lim+ , ϕi = −hu, ϕi = h , ϕi,
h→0 h dx
G(h)u − u du
ce qui montre que lim+ = au sens des distributions et par conséquent si
h→0 h dx
G(h)u − u du du
lim+ = u1 dans L2 (R), alors u1 = et ∈ L2 (R). On en déduit que
h→0 h dx dx
du
D(A) ⊂ {u, u ∈ L2 (R) et ∈ L2 (R)} = W 1,2 (R).
dx
du G(h)u − u du
Réciproquement, si ∈ L2 (R), on vériera que → lorsque h → 0+ et par
dx h dx
du
suite A = et D(A) = W 1,2 (R).
dx
Proposition 2.1.7 Si (G(t))t≥0 un semi groupe. Alors,
1. il existe τ > 0 et M ≥ 1 tels que
kG(t)k ≤ M, ∀t ∈ [0, τ ].

2. il existe ω ≥ 0 et M ≥ 1 tels que


kG(t)k ≤ M eωt , ∀t ∈ R+ .

Preuve :

22
1. Supposons 1que pour τ > 0 et M ≥ 1, il existe t ∈ [0, τ ] tels que kG(t)k > M .
Pour τ = n et M = n, il existe t ∈ [0, n ] tel que kG(t)k > n, alors la suite (kG(t)k)
1

n'est pas bornée.


n

La suite (kG(t )xk) est non bornée car si c'était le cas, le théorème de Banach-Steinhaus
nous donnerais que (kG(t )k) est bornée, ce qui est en contradiction avec l'armation
n n

précédente.
n n

Donc, il existe x ∈ X tel que (kG(t )x k) est non bornée et d'après la dénition du
C -semi groupe, lim kG(t )x k = kx k ce qui contredit le fait que (kG(t )x k) est non
0 n 0 n

bornée, d'où l'existence de τ < 0 et M ≥ 1 tel que kG(t)k ≤ M pour tout t ∈ [0, τ ].
0 n 0 0 n 0 n
n→∞

2. Pour h > 0 et t > h notons m = [ ht ] ∈ N , on utilise la division de t sur h avec reste


t = mh + r où 0 ≤ r < h on trouve que

kG(t)k = kG(mh + r)k


= kG(mh)kkG(r)k
≤ kG(h)km kG(r)k.

Puisque 0 ≤ r < h, on obtient alors d'après 1. l'existence d'une constante M ≥1 qui


satisfait kG(r)k ≤ M , d'où
1
1

kG(t)k ≤ M1 kG(h)k
≤ M1 em ln kG(h)k .

En utilisant une deuxième fois la propriété 1. avec 0 ≤ h < t on trouve qu'il existe M ≥1
tel que kG(h)k ≤ M , ce qui montre que
2
2

kG(t)k ≤ M1 em ln M2
t
≤ M1 e h ln M2 ,

il sut donc de prendre w = ln hM 2


>0 pour trouver que
kG(t)k ≤ M1 eωt , ∀t ≥ 0.

Dénition 2.1.8 Un C0 -semi groupe (G(t))t≥0 est appelé semi groupe uniformément borné si
l'on a
kG(t)k ≤ M, ∀t ≥ 0.

Dénition 2.1.9 Un C0 -semi groupe (G(t))t≥0 est appelé semi groupe de contraction si l'on a
kG(t)k ≤ 1, ∀t ≥ 0.

Proposition 2.1.10 Si (G(t))t≥0 est un C0 -semi groupe. Alors, l'application t 7→ G(t)x est
continue.

23
Preuve : Soit t0 ≥ 0 et h ≥ 0. Si t0 < h on a
kG(t0 + h)x − G(t0 )xk = kG(t0 )G(h)x − G(t0 )xk
≤ kG(t0 )kkG(h)x − xk.

Grâce à la continuité forte du semi groupe (G(t)) , on trouve que kG(t + h)x − G(t )xk → 0
lorsque h → 0.
t≥0 0 0

Si t ≥ h alors
0

kG(t0 − h)x − G(t0 )xk = kG(t0 )G(h)x − G(t0 − h + h)xk


≤ kG(t0 − h)kx − G(h)xk
≤ M eω(t0 −h) kx − G(h)xk → 0,

lorsque h → 0 puisque (G(t)) est un C - semi groupe.


t≥0 0

Proposition 2.1.11 Soit (G(t))t≥0 un C0 -semi groupe et A son générateur innitésimal. Si


x ∈ D(A). Alors, G(t)x ∈ D(A) et AG(t)x = G(t)Ax.
Preuve : Soit, x ∈ D(A), alors pour tous t, h ∈ R+ , nous avons
G(h)x − x
G(t)Ax = G(t) lim
h→0 h
G(t)G(h)x − G(t)x
= lim
h→0 h
G(t + h)x − G(t)x
= lim
h→0 h
G(h) − I
= lim G(t)x
h→0 h
= AG(t)x,

d'où G(t)x ∈ D(A) et G(t)Ax = AG(t)x.


Proposition 2.1.12 Soient (G(t))t≥0 un C0 -semi groupe et A son générateur innitésimal.
Alors, l'application t 7→ G(t)x est dérivable sur [0, +∞[ pour tout x ∈ D(A) et on a
dG(t)x
1. = G(t)Ax = AG(t)x, pour tout t ≥ 0.
dx
Rt
2. G(t)x − x = G(s)Axds, pour tout t ≥ 0.
0

Preuve : Soient x ∈ D(A), t ≥ 0 et h ≥ 0. Si t < h on a


G(t + h)x − G(t)x G(h)x − x
k − G(t)Axk = kG(t) − G(t)Axk
h h
G(h)x − x
≤ kG(t)kk − Axk,
h
puisque x ∈ D(A) et A est le générateur innitésimal du C -semi groupe (G(t)) on trouve
que
0 t≥0

d+
G(t)x = G(t)Ax.
dt
24
Si t ≥ h on a
G(t)x − G(t − h)x G(t − h + h)x − G(t − h)x
k − G(t)Axk = k − G(t − h + h)Axk
h h
G(h)x − x
≤ kG(t − h)kk − G(h)Axk
h
 G(h)x − x
≤ M eω(t−h) k

− Axk + kAx − G(h)Axk → 0.
h
En utilisant le fait que A est le générateur innitésimal du semi groupe fortement continu
(G(t)) on trouve donc que
t≥0
d−
G(t)x = G(t)Ax,
dt
et par suite que, t 7→ G(t)x est dérivable sur [0, +∞[ pour tout x ∈ D(A).
De plus,
dG(t)x
= G(t)Ax.
dt
En intégrant cette égalité de 0 à t on trouve que
Zt Zt
dG(s)x
ds = G(s)Axds,
ds
0 0

alors Zt
G(t)x − G(0)x = G(s)Axds,

ce qui montre que


0

Zt
G(t)x − x = G(s)Axds,

d'où le résultat.
0

Lemme 2.1.13 Soit (G(t))t≥0 un C0 -semi groupe. Alors,


Zt+h
lim G(s)xds = G(t)x, ∀x ∈ E, ∀t ≥ 0.
h→0
t

Preuve :
Zt+h Zt+h
1 1
k G(s)xds − G(t)xk = k (G(s)x − G(t))dsk
h h
t t
Zt+h
1
≤ kG(t) − G(s)kds.
h
t

25
On sait que l'application t 7→ G(t)x est continue sur R , d'où pour tout  > 0 on
+

kG(t) − G(s)k < , pour|s − t| < η,

donc Zt+h
1
k G(s)xds − G(t)xk < ,
h
t

ce qui achève la démonstration.


Proposition 2.1.14 Soient (G(t))t≥0 un C0 -semi groupe et A son générateur innitésimal. Si
Rt
x ∈ E alors, G(s)xds ∈ D(A) et on a
0

Zt
A G(s)xds = G(t)x − x.
0

Preuve : Soit x ∈ E et h > 0, alors


Zt Zt Zt
G(h)x − x 1 1
G(s)xds = G(s + h)xds − G(s)xds
h h h
0 0 0
Zt+h Zt
1 1
= G(s)xds − G(s)xds
h h
h 0
Zt+h Zh Zt
1 1 1
= G(s)xds − G(s)xds + G(s)xds
h h h
0 0 0
Zt+h Zh
1 1
= G(s)xds − G(s)xds,
h h
t 0

En faisant tendre h vers le 0 et d'après le Lemme 2.1.13, on trouve que R G(s)xds ∈ D(A)
t
+

et 0

Zt
A G(s)xds = G(t)x − G(0)x
0
= G(t)x − x.

Théorème 2.1.15 Soient (G(t))t≥0 un C0 -semi groupe et A son générateur innitésimal. Alors,
1. D(A) = E .
2. A est un opérateur fermé.

26
Preuve : Montrons tout d'abord que D(A) est dense dans E. Soit x ∈ E et t > 0 avec
.
n
lim tn = 0
n→+∞

D'après la Proposition 2.1.14 la suite (x ) dénie par x = t1 R G(s)xds appartient à D(A),


tn
n n n
n 0

et gràce au Lemme 2.1.13 on obtient lim t1 R G(s)xds = G(0)x = x d'où la densité de D(A)
tn

dans E.
n→+∞ n 0

Montrons maintenant que l'opérateur A est fermé. Soit (x ) une suite d'éléments dans D(A)
qui converge vers x et tel que lim Ax = y, montrons donc que y = Ax.
n n

Nous avons
n
n→+∞

kG(s)Axn − G(s)yk ≤ kG(s)kkAxn − yk


≤ M eωs kAxn − yk
≤ M eωt kAxn − yk,

pour tout s ∈ [0, t].


On en déduit donc que G(s)Ax converge uniformément vers G(s)y par rapport s.
D'autre part, et puisque (x ) ⊂ D(A) on a
n
n n

Zt
G(t)xn − xn = G(s)Axn ds,
0

d'où Zt
lim [G(t)xn − xn ] = lim G(s)Axn ds,
n→+∞ n→+∞

alors
0

Zt
G(t)x − x = lim G(s)Axn ds,
n→+∞

et par suite
0

Zt
G(t)x − x = G(s)yds,

en divisant sur t et en passant à la limite quand t tend vers le 0 on trouve


0

Zt
G(t)x − x 1
lim = lim G(s)yds,
t→0 t t→0 t
0

si on utilise le Lemme 2.1.13 on obtient


Ax = G(0)y = y,

ce qui montre que le graphe de A est fermé et donc A est un opérateur fermé.
27
Théorème 2.1.16 Soit (G(t))t≥0 un C0 -semi groupe pour lequel il existe ω ≥ 0 et M ≥ 1 tels
que
kG(t)k ≤ M eωt , ∀t ≥ 0.
Alors, la famille (S(t))t≥0 ⊂ L(E), où S(t) = e−ωt G(t) pour tout t ≥ 0 est un C0 -semi groupe
ayant la propriété suivante
kS(t)k ≤ M, ∀t ≥ 0.
Si de plus, A est le générateur innitésimal de (G(t))t≥0 , alors (S(t))t≥0 ayant pour générateur
innitésimal l'opérateur B = A − ωI .
Preuve : Vérions tout d'abord les propriétés du semi groupe. On a S(0) = G(0) = I et
S(t + s) = e−ω(t+s) G(t + s)
= e−ωt e−ωt G(t)G(s)
= e−ωt G(t)e−ωs G(s)
= S(t)S(s),

pour tous t, s ≥ 0.
Montrons maintenant que le semi groupe (S(t)) est un semi groupe fortement continu.
On a
t≥0

kS(t)x − xk = ke−ωt G(t)x − xk


= ke−ωt G(t) − e−ωt x + e−ωt x − xk
≤ |e−ωt |kG(t)x − xk + ke−ωt x − xk → 0,

lorsque t → 0, d'où la continuité forte du semi groupe (S(t)) .t≥0

D'autre part, nous avons


kS(t)k = ke−ωt G(t)k
≤ |e−ωt |kG(t)k
≤ M.

Supposons maintenant que A est le générateur innitésimal de (G(t)) . Si B est le géné-


rateur innitésimal de (S(t)) , alors, pour tout x ∈ D(A) on a
t≥0
t≥0

S(h)x − x e−ωh G(h)x − x


lim+ = lim
h→0 h h→0+ h
e−ωh G(h)x − e−ωh x + e−ωh x − x
= lim+
h→0 h
G(h)x − x e−ωh x − x
= lim+ e−ωh + lim+
h→0 h h→0 h
= Ax − ωx,

alors x ∈ D(B) et Bx = Ax − ωx, et par conséquent D(A) ⊂ D(B) et B = A − ωI .


28
Soit maintenant x ∈ D(B) alors
G(h)x − x eωh S(h)x − x
lim+ = lim+
h→0 h h→0 h
e S(h)x − eωh x + eωh x − x
ωh
= lim+
h→0 h
S(h)x − x eωh x − x
= lim+ eωh + lim+
h→0 h h→0 h
= Bx + ωx,

d'où x ∈ D(A) et Bx = Ax − ωx ce qui montre que D(B) ⊂ D(A) et B = A − ωI .


Théorème 2.1.17 Soient deux C0 -semi groupes (G(t))t≥0 et (S(t))t≥0 ayant pour générateur
innitésimal le même opérateur A. Alors, G(t) = S(t) pour tout t ≥ 0.
Preuve : Soit t > 0 et x ∈ D(A). Dénissons l'application
s ∈ [0, t] 7→ U (s)x = G(t − s)S(s)x.

Comme x ∈ D(A) alors d'après la Proposition 2.1.12 et le fait que les deux semi groupes sont
fortement continus on trouve que G(t − s)S(s)x ∈ D(A) et l'application s 7→ G(t − s)S(s)x est
dérivable et par suite
dU d
= (G(t − s)S(s)x)
ds ds
= −AG(t − s)S(s)x + G(t − s)AS(s)x
= −G(t − s)AS(s)x + G(t − s)AS(s)x
= 0,

par conséquent U est une application constante sur l'intervalle [0, t], d'où U (0)x = U (t)x et
donc G(t)x = S(t)x pour tout x ∈ D(A). Comme D(A) est dense dans E, on conclut alors que
G(t)x = S(t)x pour tout x ∈ E .
En eet, soit x ∈ D(A), il existe alors une suite d'éléments (x ) ⊂ D(A) telle que lim x = x
dans X et on a
n n n
n→+∞

kS(t)x − G(t)xk = kS(t)x − S(t)xn k + kS(t)xn − G(t)xn k + kG(t)xn − G(t)xk


≤ kS(t)kkxn − xk + kG(t)kkxn − xk + kS(t)xn − G(t)xn k,

En faisant tendre n vers +∞ on trouve que S(t)x = G(t)x pour tout x ∈ E, d'où le résultat.
2.2 Théorème de Hille-Yosida
Dans cette section on donne le théorème de Hill-Yosida qui est un résultat très important
qui nous aide à trouver tous les générateurs innitésimaux d'un semi groupe fortement continu
unique. On désigne dans cette section par, Λ l'ensemble des λ ∈ C tels que <λ > ω pour
ω ≥ 0.
ω

29
Théorème 2.2.1 Soient (G(t))t≥0 un C0 -semi groupe et A son générateur innitésimal. Si
λ ∈ Λω , alors l'application

Rλ : E → E
Z+∞
x →
7 Rλ x = e−λt G(t)xdt,
0

dénit un opérateur linéaire borné sur E , λ ∈ ρ(A) et Rλ x = R(λ, A)x, pour tout x ∈ E .
Preuve : Soit λ ∈ Λ . R est une application linéaire. En eet, soient x , x ∈E et soient
α, β ∈ K. On a
ω λ 1 2

Z ∞
Rλ (αx1 + βx2 ) = e−λt G(t)(αx1 + βx2 )dt
Z0 ∞
= ∞(αe−λt G(t)x1 + βe−λt G(t)x2 )dt
0
Z ∞ Z ∞
−λt
= α e G(t)x1 + β e−λt G(t)x2 dt
0 0
= αRλ (x1 ) + Rλ (x2 ),

d'où la linéatité de R .
λ

Montrons maintenant que R est borné. Puisque (G(t)) est un C -semi groupe, il existe
alors ω ≥ 0 et M ≥ 1 tels qu'on ait
λ t≥0 0

kG(t)k ≤ M eωt , ∀t ≥ 0,

on voit bien que


ke−λt G(t)xk ≤ e<λt kG(t)kkxk
≤ M e−(<λ−ω)t kxk,

alors
Z ∞
kRλ xk = k e−λt G(t)xk
0
Z ∞
≤ ke−λt G(t)xkdt
0
Z ∞
≤ M e−(<λ−ω)t kxk
0
M
≤ kxk,
<λ − ω
pour tout x ∈ E, donc R est borné.
λ

30
Si x ∈ E, alors nous avons
Z+∞ Z+∞
G(h)Rλ x − Rλ x 1 −λt 1
= e G(t + h)xdt − e−λt G(t)xdt
h h h
0 0
Z+∞ Z+∞
1 −λ(t−h) 1
= e G(t)xdt + e−λt G(t)xdt
h h
h 0
Z+∞ Z+∞
e+λh −λt 1
= e G(t)xdt + e−λt G(t)xdt
h h
h 0
Z+∞ Zh Z+∞
e+λh −λt e+λh −λt 1
= e G(t)xdt − e G(t)xdt − e−λt G(t)xdt
h h h
0 0 0
Z+∞ Zh
e+λh − 1 −λt e−λh
= e G(t)xdt + e−λt G(t)xdt.
h h
0 0

Passons à la limite quand h → 0 on trouve que


+

G(h)Rλ x − Rλ x
lim+ = λRλ x − x.
h→0 h
Il en résulte donc que R x ∈ D(A) et (λI − A)R x) = x pour tout x ∈ E.
Soit maintenant x ∈ D(A), alors
λ λ

Z+∞
Rλ Ax = e−λt G(t)Axdt,
0

si on utilise l'intégration par partie on trouve que


Z+∞
Rλ Ax = −x + e−λt G(t)xdt,
0

d'où
Rλ Ax = −x + Rλ x, ∀x ∈ D(A),

et par suite
Rλ (λI − A)x = x, ∀x ∈ D(A),

par densité de D(A) dans E on trouve que


Rλ (λI − A)x = x, ∀x ∈ E.

Par conséquent λ ∈ ρ(A) et R(λ, A) = R . λ

31
Dénition 2.2.2 l'oprateur
Rλ : E → E
Z+∞
x →
7 Rλ x = e−λt G(t)xdt,
0

pour λ ∈ Λω , s'appelle transformée de Laplace du C0 -semi groupe (G(t))t≥0 .


Théorème 2.2.3 Soient (G(t))t≥0 un C0 -semi groupe, pour lequel il existe ω ≥ 0 et M ≥ 1
tels que
kG(t)k ≤ M eωt ,
pour tout t ≥ 0 et A son générateur innitésimal.Alors, pour tout λ ∈ Λω , on a
M
kR(λ, A)n k ≤ , ∀n ∈ N∗ .
(<λ − ω)n

Preuve : D'après le Théorème 2.2.1, nous avons, pour tout λ ∈ Λω , λ ∈ ρ(A) et on a


Z+∞
R(λ, A)x = Rλ x = e−λt G(t)xdt,
0

et donc M
kR(λ, A)k ≤ .
<λ − ω
D'autre part, nous avons
Z+∞
d
R(λ, A)x = − te−λt G(t)xdt, ∀x ∈ E.

0

On peut montrer par réccurence que


Z+∞
dn
R(λ, A)x = (−1)n tn e−λt G(t)xdt, ∀x ∈ E,
dλn
0

et puisque dn
R(λ, A)x = (−1)n n!R(λ, A)n+1 ,
dλn
alors Z+∞
1
R(λ, A) n+1
= tn e−λt G(t)xdt,
n!
0

32
par conséquent
Z+∞
1
n
kR(λ, A) xk = k tn−1 e−λt G(t)xdtk
(n − 1)!
0
Z+∞
1
≤ tn−1 e−<λt kG(t)kL(E) kxkdt
(n − 1)!
0
Z+∞
M
≤ tn−1 e(<λ−ω)t kxkdt.
(n − 1)!
0

En intégrant par partie n fois on obtient


M
kR(λ, A)n k ≤ , ∀n ∈ N∗ .
(<λ − ω)n
Lemme 2.2.4 Soit A : D(A) ⊂ E → E un opérateur linéaire vériant les propriétés suivantes
1. A est un opérateur fermé de domaine dense dans E ,
2. Il existe ω ≥ 0 et M ≥ 1 tel que Λω ⊂ ρ(A) et pour tout λ ∈ Λω on a
M
kR(λ, A)n k ≤ n
, ∀n ∈ N∗ .
(<λ − ω)

Alors, pour tout λ ∈ Λω , nous avons


lim λR(λ, A)x = x, ∀x ∈ E.
<λ→+∞

De plus, λAR(λ, A) ∈ L(E) et


lim λAR(λ, A)x = Ax, ∀x ∈ D(A).
<λ→+∞

Preuve : Soient x ∈ D(A) et λ ∈ C tel que <λ > ω. Alors,


R(λ, A)(λI − A)x = x,

et donc
kλR(λ, A)x − xk = kR(λ, A)Axk
≤ kR(λ, A)kkAxk
M
≤ kAxk,
<λ − ω
il en résulte que lim λR(λ, A)x = x
<→+∞
pour tout x ∈ D(A).

33
Soit maintenant x ∈ E et comme D(A) = E, il exsite une suite (x ) ⊂ D(A) telle que x
converge vers x quand n tend vers +∞ et nous avons
n n n

kλR(λ, A)x − xk = kλR(λ, A)x − λR(λ, A)xn k + kλR(λ, A)xn − xn k + kxn − xk


M
≤ |λ|kR(λ, A)kkx − xn k + kAxn k + kxn − xk
<λ − ω
|λ|M M
≤ kx − xn k + kAxn k + kxn − xk
<λ − ω <λ − ω
M |λ| + <λ − ω M
≤ kxn − xk + kAxn k.
<λ − ω <λ − ω
Comme x n →x quand n → ∞, alors pour tout  > 0 il existe n  ∈N tel que
<λ − ω
kxn − xk <  ,
|λ|M + <λ − ω
par conséquent M
kλR(λ, A)x − xk ≤  + kAxn k,
<λ − ω
d'où
lim sup kλR(λ, A)x − xk < ,

c'est à dire
<λ→+∞

lim λR(λ, A)x = x, ∀x ∈ X.


De plus,
<λ→+∞

λAR(λ, A)x = λ[λI − (λI − A)]R(λ, A)x


= λ[λR(λ, A)x − x]
= λ2 R(λ, A)x − λx,
et par suite
kλAR(λ, A)xk = kλ[λR(λ, A) − I]xk
≤ |λ|[|λ|kR(λ, A)xk + kxk]
M
≤ |λ|[|λ| + 1kkxk.
<λ − ω
On en déduit donc que λAR(λ, A) ∈ L(X). Si x ∈ D(A), nous avons alors
λR(λ, A)Ax = λ2 R(λ, A)x − λx
= λAR(λ, A)x.
Il en résulte donc que
lim λAR(λ, A)x = lim λ2 R(λ, A)Ax
<λ→+∞ <λ→+∞
= Ax,
pour tout x ∈ D(A).
Nous introduisons la dénition suivante
34
Dénition 2.2.5 La famille (Aλ )λ∈Λω ⊂ L(E), où Aλ = λAR(λ, A) pour tout λ ∈ Λω , s'appelle
l'approximation généralisée de Yosida de l'opérateur A.
Remarque 2.2.6 Pour λ ∈ Λω , on voit bien que Aλ est le générateur innitésimal du semi
groupe uniformement continu (eAλ t )λ∈Λω .
Lemme 2.2.7 Soit A : D(A) ⊂ E → E un opérateur linéaire vériant les propriétés suivantes
1. A est un opérateur fermé de domaine dense dans E .
2. il existe ω ≥ 0 et M ≥ 1 tels que Λω ⊂ ρ(A) et pour λ ∈ Λω on a
M
kR(λ, A)n k ≤ , ∀n ∈ N∗ .
(<λ − ω)n

Si (Aλ )λ∈Λω est l'approximation généralisée de Yosida de l'opérateur A, alors pour tous α, β ∈
Λω nous avons
ketAα x − etAβ xk ≤ M 2 tetω kAα x − Aβ xk.

Preuve : Soient α, β ∈ Λω , v ∈ [0, 1] et x ∈ X . Alors,


d vtAα (1−v)tAβ
(e e x) = tAα evtAα e(1−v)tAβ x − tAβ evtAα e(1−v)tAβ x
dv
= tevtAα e(1−v)tAβ (Aα x − Aβ x).

En intégrant de 0 à 1 on trouve
Z1 Z1
d vtAα (1−v)tAβ
(e e x)dv = tevtAα e(1−v)tAβ (Aα x − Aβ x)dv,
dv
0 0

alors Z1
vtAα (1−v)tAβ
1
e e x 0
= tevtAα e(1−v)tAβ (Aα x − Aβ x)dv,
0

donc Z1
tAα tAβ
e x−e x= tevtAα e(1−v)tAβ (Aα x − Aβ x)dv,

et par conséquent
0

Z1
ketAα x − etAβ xk ≤ tkevtAα kke(1−v)tAβ kkAα x − Aβ xkdv.
0

35
D'autre part,
2 R(λ,A)−αI)
ketAα k = ket(α k
tα2 R(λ,A)
= ke−tαI e k

X t α k(R(λ, A))k
k 2
−<αt
≤ e k k
k=0
k!
∞ k
X t |α|2k kkR(λ, A)kk 
≤ e−<αt 1 +
k=1
k!

−<αt
X tk |α|2k
≤ e (M + M )
k=1
k!(<α − ω)k

X tk |α|2k
≤ M e−<αt
k=0
k!(<α − ω)k
t|α|2
≤ M e−<αt+ <α−ω
−<α2 t + <αtω + tα2
≤ Me <α − ω
tω<α + t=α2
≤ M e <α − ω ,

quel que soit α ∈ Λ et t ≥ 0. Soit r > 1, tel que


ω

ω<α + =α
< ωr,
<α − ω
alors rω
<α > ,
r−1
et par suite, pour r > 1 et tout α ∈ Λ tel que <α > r rω− 1 on obtient
ω

ketAα k ≤ M erωt ,

lorsque r → 1 on trouve
ketAα k ≤ M eωt ,
donc
Z1
tAα tAβ
ke x−e xk ≤ t M eωvt M eω(1−v)t dvkAα x − Aβ xk
0
Z1
2 ωt
≤ tM e kAα x − Aβ xk dv
0
2 ωt
≤ tM e kAα x − Aβ xk,

pour tout x ∈ E et tout t ≥ 0.


36
Théorème 2.2.8 (Théorème de Hille-Yosida)
Un opérateur linéaire A : D(A) ⊂ E → E est le générateur innitésimal d'un C -semi groupe
(G(t))t≥0 pour lequel il existe ω ≥ 0 et M ≥ 1 tels que

kG(t)k ≤ M eωt , ∀t ≥ 0,

si et seulement si
1. A est fermé de domaine dense dans E .
2. pour tout λ ∈ Λω on a λ ∈ ρ(A) et
M
kR(λ, A)n k ≤ , ∀n ∈ N∗ .
(<λ − ω)n
Preuve : La première implication est une conséquence directe du Théorème 2.1.15 et Théo-
rème 2.2.3.
On suppose maintenant que A possède les propriétés 1. et 2.. Soit(A ) l'approxima-
tion généralisée de Yosida de l'opérateur A. D'après le Lemme 2.2.4 nous avons A ∈ L(E) et
λ λ∈Λω

lim A x = Ax pour tout x ∈ D(A).


λ
λ
<λ→+∞

Pour λ ∈ Λ , soit (G (t)) = (e ) le semi groupe engendré par A . On utilise le


tAλ

Lemme 2.2.7 on trouve que


ω λ t≥0 λ

kGα (t)x − Gβ (t)xk ≤ M 2 tetω kAα x − Aβ xk,

quelque soit α, β ∈ Λ , et pour tout x ∈ D(A) et t ≥ 0.


Si[a, b] ⊂ [0, +∞[, alors pour tout x ∈ D(A) nous avons
ω

sup kGα (t)x − Gβ (t)xk ≤ M 2 beωb kAα x − Aβ xk


t∈[a,b]

≤ M 2 b kAα x − Axk + kAβ x − Axk ,


 

qui converge vers 0 si <α, <β → +∞. Il en résulte donc que (G (t)) est une suite de cauchy
dans C([0, +∞[, L([D(A)], E)).
λ λ∈Λω

Donc, il existe un unique G ∈ C([0, +∞[, L([D(A)], E)) tel que G (t)x → G (t)x lorsque
<λ → +∞, quelque soit x ∈ D(A) pour la topologie de la convergence uniforme sur les
0 λ 0

intervalles compacts de [0, ∞[.


Puisque
kGλ (t)xk ≤ M eωt kxk, ∀t ≥ 0,
on obtient ωt
kG (t)xk ≤ M e kxk, ∀t ≥ 0, ∀x ∈ D(A).
0

Considérons maintenant l'application linéaire


Θ0 : D(A) → C([a, b], E)
x 7→ Θ0 (x) = G0 (·)x,

pour tout t ∈ [a, b] ⊂ [0, +∞[.


37
Comme
kΘ0 xkC([a,b],E) = sup kG0 (t)xk
t∈[a,b]

≤ M eωb kxk
≤ M eωb kxkD(A) ,

pour tout x ∈ D(A). On voit que Θ est une application linéaire continue et puisque D(A) = E,
elle se prolonge donc de façon unique en une application linéaire continue Θ : E → C([a, b], E)
0

tel que Θ | = Θ et
D(A) 0
kΘxkC([a,b],E) ≤ M eωb kxk,
quelque soit x ∈ E.
Par conséquent il existe un seul opérateur G ∈ C([a, b], L(E)), tel que Θx = G(·)x pour tout
x ∈ E.

Répétons ce procédé pour tous les intervalles compacts de [0, ∞[ et on obtient l'existence
d'un seul opérateur noté aussi par G ∈ C([a, b], L(E)) tel que pour tout x ∈ E on ait par
densité G (t)x converge vers G(t)x, si < → ∞, uniformément par rapport à t sur les intervalles
compacts de [0, ∞[.
λ

De plus,
kG(t)k ≤ M eωt , ∀t ≥ 0.
Il est évident que G(0)x = lim Gλ (0)x = x
<λ→+∞
et
lim G(t)x = lim ( lim Gλ (t)x)
t→0+ t→0+ <λ→+∞
= lim ( lim Gλ (t)x)
<λ→+∞ t→0+
= x.

Soient t, s ∈ [0, ∞[ et x ∈ E, alors,


kG(t + s)x − G(t)G(s)xk ≤ kG(t + s)x − Gλ (t + s)xk + kGλ (t + s)x − Gλ (t)G(s)xk
+ kGλ (t)G(s)x − G(t)G(s)xk
≤ kG(t + s)x − Gλ (t + s)xk + kGλ (t)kkGλ (s)x − G(s)xk
+ kG(s)kkGλ (t)x − G(t)xk → 0,

lorsque <λ → +∞, et donc G(t + s)x = G(t)G(s)x pour tout x ∈ E.


Montrons maintenant que A est le générateur innitésimal du semi groupe (G(t)) . Pour
tout x ∈ D(A) on a
t≥0

kGλ (s)Aλ x − G(s)Axk ≤ kGλ (s)Aλ x − Gλ (s)Axk + kGλ (s)Ax − G(s)Axk


≤ kGλ (s)kkAλ x − Axk + kGλ (s)Ax − G(s)Axk
≤ M eωt kAλ x − Axk + kGλ (s)Ax − G(s)Axk → 0,

38
lorsque <λ → +∞, uniformément par rapport à s ∈ [0, t], d'où
G(t)x − x = lim [Gλ (t)s − x]
<λ→+∞
Zt
= lim Gλ (s)Aλ xds
<λ→+∞
0
Zt
= G(s)Axds,
0

quelque soient x ∈ D(A) et t ≥ 0.


Soit B le générateur innitésimal du C -semi groupe (G(t)) . Si x ∈ D(A), alors
0 t≥0

Zt
G(t)x − x 1
lim+ = lim+ G(s)Axsd
t→0 t t→0 t
0
= Ax,

et nous avons x ∈ D(B) et B = A.


D'autre part, nous avons l'inégalité suivante
|D(A)

kG(t)k ≤ M eωt , ∀t ≥ 0,

si λ ∈ Λ , alors λ ∈ ρ(A) ∩ ρ(B).


Soit x ∈ D(B), on a donc (λI − B)x ∈ E et comme (λI − A) est bijectif, il existe x ∈ D(A)
ω
0

tel que (λI − A)x = (λI − B)x, puisque B = A, alors (λI − B)x = (λI − B)x, comme
0 0

λ ∈ ρ(B) il en résulte que x = x et par suite x ∈ D(A), donc D(B) ⊂ D(A), nalement on voit
|D(A)
0

bien que D(B) = D(A) et A = B.


Nous avons donc démontrer que A est le générateur innitésimal du C -semi groupe (G(t)) ,
et d'après le Théorème 2.1.17 on trouve que (G(t)) est l'unique C -semi groupe engendré par
0 t≥0

A.
t≥0 0

Exemple 2.2.9 (Le Laplacien dans Rn )


On considère X = L2 (Rn ). Considérons l'opérateur ∆ de domaine
D(∆) = {u ∈ L2 (Rn ), ∆u ∈ L2 (Rn )},

∆ est le générateur innitésimal d'un C0 -semi groupe de contraction dans L2 (Rn ). En eet, tout
d'abord, ∆ est un opérateur fermé de domaine dense dans L2 (Rn ) .
Montrons maintenant que Λ0 = {λ ∈ C, <λ > 0} ⊂ ρ(∆) et qu'on a pour tout λ ∈ Λ0
1
kR(λ, ∆)k ≤ .

Pour ce but, on doit démontrer que l'équation
(λI − ∆)u = f,

39
admet une solution unique.
En utilisant la transformée de Fourier pour l'equation on obtient
(|y|2 + λ)Fu(y) = Ff (y),

de sorte que <λ > 0, et par conséquent


Ff (y)
Fu(y) = ,
|y|2 + <λ + i=λ
ce qui montre que, pour <λ > 0, on a Fu ∈ L2 (Rn ), en eet,
|Ff (y)|2
Z Z
2
|Fu(y)| dy = dy
||y|2 + <λ + i=λ|2
Rn Rn
|Ff (y)|2
Z
= dy,
(|y|2 + <λ)2 + (=λ)
Rn

puisque <λ > 0, alors


|Ff (y)|2
Z Z
2
|Fu(y)| dy ≤ dy,
(|y|2 + <λ)2
Rn Rn

donc
Z Z
2 1
|Fu(y)| dy ≤ |Ff (y)|2 dy,
(Reλ)2
Rn Rn

comme f ∈ L2 (Rn ), alors d'après le théorème de Plancherel Ff ∈ L2 (Rn ) et par suite Fu ∈


L2 (Rn ), en utilisant une deuxième fois le théorème de Plancherel on en déduit que u ∈ L2 (Rn ).
Puisque ∆u = λu + f on trouve que ∆u ∈ L2 (Rn ) et donc l'existence d'une solution unique
u ∈ D(∆) de l'équation
(λI − ∆)u = f.
D'autre part,
1
kFukL2 (Rn ) ≤ kFf kL2 (Rn ) ,
(<λ)
alors
1
kukL2 (Rn ) ≤ kf kL2 (Rn ) ,
(<λ)
d'où
1
kR(λ, ∆)f k ≤ kf kL2 (Rn ) ,
(<λ)
par conséquent
1
kR(λ, ∆)k ≤ ,
(<λ)
ce qui montre, d'après le théorème de Hille-Yosida, que ∆ est le générateur innitésimal d'un
C0 -semi groupe de contraction.

40
2.3 Théorème de Lummer-Philips
Dans cette section on donne une autre caractérisation des C -semi groupes plus pratique
dans les applications. On suppose que E est un espace de Hilbert. Nous référons à [13] pour
0

plus d'information sur le théorème de Lummer-Philips.


Dénition 2.3.1 Un semi groupe est dit dissipatif si son générateur innitésimal l'est aussi.
Nous avons le théorème suivant :
Théorème 2.3.2 Soit (G(t))t≥0 un C0 -semi groupe de contraction dans l'espace de Hilbert E .
Alors, si A est le générateur innitésimal de (G(t))t≥0 , l'opérateur A est dissipatif. Autrement
dit, un semi groupe de contraction de classe C0 est dissipatif.
Preuve : Soit x ∈ D(A), la fonction t 7→ G(t)x est continûment diérentiable de [0, ∞[ dans
E. Si on pose Φ(t) = hG(t)x, G(t)xi, alors Φ est continûment diérentiable pour t ≥ 0.
Comme
kG(t)xk ≤ kG(t)kL(E) kxk
≤ kxk,

donc
Φ(t) ≤ Φ(0),
d'où Φ(t) − Φ(0)
≤ 0, ∀t > 0,
t
par conséquent
Φ(t) − Φ(0) dΦ
lim+ = |t=0 ≤ 0.
t→0 t dt
D'autre part, dΦ
dt
|
t=0 = 2<hAx, xi , en eet,
dΦ Φ(h) − Φ(0)
|t=0 = lim+
dt h→0 h
1
= lim {hG(h)x, G(h)x − xi − hx, xi}
h→0+ h
1
= lim+ {hG(h)x, G(h)xi + hG(h)x, xiX − hx, xi}
h→0 h
G(h)x − x G(h)x − x
= lim+ hG(h)x, i + lim+ langle , G(t)xi
h→0 h h→0 h
= hx, A)xi + hAx, xi
= hAx, xi + hAx, xi
= 2<hAx, xi,

et donc <hAx, xi ≤ 0, d'où A est dissipatif.


Théorème 2.3.3 Soit A un opérateur non borné de domaine D(A) dense dans l'espace de
Hilbert E . Alors, A est le génerateur innitésimal d'un C0 −semi groupe de contraction de classe
si et seulement si A est m-dissipatif.

41
Preuve : Supposons que (G(t)) est un C semi groupe de contraction, alors kG(t)k ≤ 1
pour tout t ≥ 0 et on a
t≥0 0

<hG(t)x − x, xi = <hG(t)x, xi − kxk2


≤ kG(t)xkkxk − kxk2
≤ 0,

d'où
G(t)x − x
<h lim+ , xi ≤ 0,
t→0 t
donc <hAx, xi ≤ 0 et par suite A est dissipatif.
De plus, d'après le théorème de Hille-Yosida on a, [0, +∞[⊂ ρ(A) et par suite λI − A est
inversible,c'est à dire, λI − A est bijectif, et donc (λI − A)(D(A)) = E et par suite A est
m-dissipatif.D'après la Proposition 1.2.6, A est fermé.
Supposons maintenant qu'il existe x ∈ D(A) tel que pour tout λ > 0 on a
(2.1) (λI − A)u = f,

pour f donné dans E. Prenons la partie réelle et la partie imaginaire du produit scalaire
hλu − Au, ui on obtient

λkuk2 − <hAu, ui = <hf, ui


≤ |hf, ui|
≤ kf kkuk,

en utilisant le fait que A est dissipatif, on trouve


(2.2) 2
λkuk ≤ kf kkuk,

d'où
(2.3) kuk ≤
1
λ
kf k.

Ainsi, si u = R f , alors kR k ≤ λ1 et A sera le générateur innitésimal d'un C −semi groupe


de contraction sous réserve de montrer que (λI − A)u = f admet une solution unique ( l'unicité
λ λ 0

est obtenue gràce à (2.3)).


Remarquons tout d'abord que
f = (I − A + (λ − 1)I)u
= (I − A)(I + (λ − 1)(I − A)−1 )u
= (I − A)(I + (λ − 1)R(1))u,

où R(1) = (I − A) existe par hypothèse avec kR(1)k ≤ 1 d'après (2.3). Nous savons I + (λ −
−1

1)R(1) est inversible si |λ − 1| < 1. On détermine donc, pour |λ − 1| < 1, u ∈ D(A) tel que
1

42
(I − A)u = f et en suite u ∈ D(A) tel que (I + (λ − 1)R(1))u = u .
Par conséquent pour |λ − 1| < 1, l'équation (2.1) admet une solution unique tel que
1 1

u = R(λ)f, R(λ) = (λI − A)−1 = R(1)(I + (λ − 1)R(1))−1 ,


(
1
kR(λ)k ≤ , 0 < λ < 2.
λ
Soit maintenant µ tel que |µ − 1| < 1 , µ > 1 et λ tel que |λ − µ| < 1. Alors, on a
f = (µI − A + (λ − µ)I)u
= (µI − A)(I + (λ − µ)(µI − A)−1 )u
= (µI − A)(I + (λ − µ)R(µ))u,

et donc l'existence d'une solution de l'équation (2.1) pour 0 < λ < 3 , ainsi de suite on montrera
qu'il existe u solution de l'équation (2.1) pour λ > 0.
Proposition 2.3.4 Soit A un opérateur non borné de domaine dense dans l'espace de Hilbert
E . Supposons que
1. A est fermé et dissipatif,
2. A∗ est dissipatif.
Donc, A est le générateur innitésimal d'un C0 −semi groupe de contraction.
Preuve : On a A est de domaine dense et fermé qui admet un adjoint m-dissipatif alors d'après
le Théorème 1.2.7, A est m-dissipatif et gràce au Théorème 2.3.3, l'opérateur A est le générateur
innitésimal d'un C -semi groupe de contraction.
0

2.4 Les semi groupes diérentiables


Dans cette section, nous allons étudier un cas particulier de semi groupes, se sont les semi
groupes diérentiables. Pour plus de détail, on réfère à [4, 12, 17] concernant ce type de semi
groupe.
Dénition 2.4.1 Soit (G(t))t≥0 un C0 -semi groupe sur l'espace de Banach E . On dit que
(G(t))t≥0 est diérentiable pour t > t0 si pour chaque x ∈ E , l'application t →
7 G(t)x est
diérentiable pour t > t0 .
On dit que (G(t))t≥0 est diérentiable s'il est diérentiable pour tout t > 0.
Lemme 2.4.2 Soient (G(t))t≥0 un C0 -semi groupe diérentiable pour t > t0 et A son générateur
innitésimal. Alors,
1. Pour t > nt0 , n ∈ N∗ , l'opérateur G(t) : E → D(An ) et Gn (t) = An G(t) est borné.
2. Pour t > nt0 , n ∈ N∗ , l'opérateur Gn−1 (t) est continu sur L(E).
Preuve :Commençons la preuve de ce lemme par le cas où n = 1. D'après les hypothèses,
on a t 7→ G(t)x est diérentiable pour t > t et tout x ∈ E et donc G(t)x ∈ D(A) et
G (t)x = AG(t)x.
0
0

En eet, soient t, h ≥ 0
(2.4) G(h) − I
h
G(t)x =
G(t + h) − G(t)
h
,

43
comme t 7→ G(t)x est diérentiable pour t > t , alors ce rapport admet une limite lorsque
et est égale par dénition à AG(t)x. Par conséquent G(t)x ∈ D(A) et G (t)x = AG(t)x.
0
0
h→0

De plus, comme A est fermé et G(t) borné alors AG(t) est fermé pour t > t et est déni
sur E, donc d'après le théorème du graphe fermé AG(t) est borné pour t > t ce qui prouve 1.
0

pour n = 1.
0

Pour prouver 2., on suppose qu'il existe M et M tel que


1 2

kG(t)k ≤ M1 ,
et
kAG(t)k ≤ M2 ,
pour t > t .
0

Soient t ≥ t
2 1 > t0 , alors
Zt2
kG(t2 )x − G(t1 )xk = k AG(s)xdsk
t1
Zt2
= k AG(s − t1 + t1 )xdsk
t1
Zt2
≤ kAG(s − t1 )G(t1 )xkds
t1
Zt2
≤ kAG(s − t1 )kkG(t1 )kkxkds
t1
≤ M1 M2 (t2 − t1 )kxk,
d'où
kG(t2 ) − G(t1 )kL(E) ≤ M1 M2 (t2 − t1 ),
ce qui montre la continuité de G(t) par rapport à la topologie de la convergence uniforme.
Supposons maintenant que 1. et 2. sont satisfaites pour n et soit t > (n + 1)t . Choisissons
s > nt tel que t − s > t , alors
0
0 0

G(n) (t)x = G(t − s)An G(s)x,


pour tout x ∈ E. Le membre de droite de cette égalité est diérentiable puisque t − s > t et
donc G(t)x est (n + 1)-fois diérentiable et on a
0

G(n+1 )(t)x =
 (n) 
G )(t)x
= A G(n) )(t)x


= A An G(t)x


= An+1 G(t)x,

44
pour tout x ∈ E et tout t > (n + 1)t , ce qui montre que
0

G(h) − I n G(h)An G(t)x − An G(t)x


A G(t)x =
h h
An G(t + h)x − An G(t)x
= .
h
Comme dans le cas n = 1, on a G(t) : E → D(A n+1
) et A n+1
G(t) est un opérateur borné pour
t > (n + 1)t d'où 1.
0

Soit maintenant t ≥ t > (n + 1)t , on a


2 1 0

Zt1
G(n) )(t2 )x − G(n) )(t1 )x = A G(n−1) (t)x dt


t1
Zt1
= An G(t)x
t1
Zt1
= G(t − s)An G(s)xdt,
t1

alors
Zt1
kG(n) (t2 )x − G(n) (t1 )xk = k G(t − s)An G(s)xdtk
t1
Zt1
≤ kG(t − s)kL(E) kAn G(s)kL(E) kxkdt
t1
≤ M1 M3 (t2 − t1 )kxk,

avec M est une constante positive telle que kA G(s)k , d'où la convergence uniforme de
n

l'application considérée.
3 L(E)

Corollaire 2.4.3 Soit (G(t))t≥0 un C0 -semi groupe diérentiable pour t > t0 . si t > (n + 1)t0 ,
alors G(t) est n−fois diérentiable par rapport à la topologie de la convergence uniforme.
Preuve : D'après 2. du Lemme 2.4.2, on a Ak G(t), 1 ≤ k ≤ n, est continu pour t > (n + 1)t0
par rapport à la topologie de la convergence uniforme et par suite, si t > (n + 1)t , nous avons 0

Zt+h
G(k−1) (t + h)x − G(k−1) (t)x = AG(k−1) (s)xds
t
t+h
Z
= Ak G(s)xds,
t

45
alors
Zt+h
G(k−1) (t + h)x − G(k−1) (t)x
= Ak G(s)xds,
h
t

et par conséquent
Zt+h
G(k−1) (t + h)x − G(k−1) (t)x
− Ak G(t)xk = k Ak G(s)x − Ak G(t)x ds, k

k
h
t
Zt+h
≤ kAk G(s) − Ak G(t)kds,
t

d'où, on obtient la diérentiabilité uniforme de G (t) dans L(E), pour 1 ≤ k ≤ n et


(k−1)

t > (n + 1)t , et par suite G(t) est n−fois diérentiable par rapport à la topologie de la
convergence uniforme.
0

Corollaire 2.4.4 Si (G(t))t≥0 est un C0 −semi groupe diérentiable. Alors, G(t) est indéni-
ment diérentiable par rapport à la topologie de la convergence uniforme pour t > 0.
Lemme 2.4.5 Soit (G(t))t≥0 un C0 −semi groupe diérentiable et soit A son générateur inni-
tésimal. Alors,
t n  t n
G(n) (t) = AG( ) = G0 ( ) .

n n
Preuve : On montre ce lemme par réccurence. Pour n = 1, ce cas est déja démontré dans
le Lemme 2.4.2. Supposons maintenant que
t n
G(n) (t) = AG( ) .

n
On a pour tout t ≥ s
G(n) (t) = G(t − s)An G(s)
 s n
= G(t − s) AG( ) ,
n
alors
0
G(n+1) (t) = G(n) (t)


= A G(n) (t)

 s n
= AG(t − s) AG( )
n
n s
= AG(t − s)A G( ),
n
choisissons s = n nt+ 1 , on trouve que
t t
G(n+1) (t) = AG( )An G( )
n+1 n+1
 t n+1
= AG( ) ,
n+1
d'où le résultat.
46
2.5 Théorème de Katto et les semi groupes analytiques
La première question qui se pose dans l'étude des semi-groupes, est la suivante :
l'application t 7→ G(t)x pourait elle être prolongée en une fonction analytique dans un domaine
convenable du plan complexe ? Nous allons donc examiner, dans ce chapitre, la possibilité de
prolonger les C −semi groupe au plan complexe. Pour plus de détails voir [9, 10].
0

Dénition 2.5.1 Soit E un espace de Banach complexe, soit



∆ = z ∈ C : ϕ1 < arg z < ϕ2 , ϕ1 < 0 < ϕ2 ,

une famille G(z) z∈∆ d'éléments G(z) ∈ L(E) forme un semi groupe analytique dans ∆ si elle


vérie les conditions suivantes :


1. G(0) = I,
2. G(z1 + z2 ) = G(z1 )G(z2 ), ∀z1 , z2 ∈ ∆,
3. lim G(z)x = x,
z→0,z∈∆

4. l'application z ∈ D∗ = ∆ \ {0} −→ G(z)x ∈ E est analytique pour tout x ∈ E.


Autrment dit, un semi-groupe G(t) sera appelé analytique s'il est analytique sur un secteur
∆ qui contient l'axe réel positif.
Remarque 2.5.2 La restriction d'un semi groupe analytique sur l'axe réel est un C0 -semi-
groupe.
Théorème 2.5.3 Supposons que pour t > 0, G(t) : E → D(A) et qu'il existe c tel que
c ck
kAG(t)k ≤ , pour t ∈]0, T ]. Alors : G(t) : E −→ D(Ak ), ∀k ∈ N∗ et kAk G(t)k ≤ k pour tout
t t
t ∈]0, T ].

En n, pour tout x ∈ D(Ak ),on a


dk G(t)
x = Ak G(t)x, k = 1, 2, ..
dtk
Preuve : Supposons que kG(t)k ≤ M et on a
 
k tk t
A G(t) = A G + ... + (k f ois)
k k
     
k t t t
= A G G ...G
k k k
  k   k
t t
= Ak G = AG
k k
donc
  k   k
k
t ≤ AG t

kA G(t)k = AG
k k
 k
ck ck k k ck
≤ = k = k,
t t t

47
tel que c := c k .
k
k k

Montrons maintenant que dG(t)x = AG(t)x, on disctingue deux cas, si x ∈ D(A) alors, le
résultat est immédiat, d'après la Proposition 2.1.12. Sinon, on utilise la densité de D(A) dans
dt

E. Ce qui veut dire l'existence d'une suite (x ) ∈ D(A) telle que x → x dans E et on a
n n

dG(t)xn
= AG(t)xn ,
dt
et par suite
G(t + h)x − G(t)x 1 
− AG(t)x
≤ h G(t + h)x − G(t + h)xn

h
 
1 
+
h G(t + h)x n − G(t)x n − AG(t)x n



1 
+
h G(t)x n − G(t)x + AG(t)xn − AG(t)x


G(t + h) dG(t)xn

x − x n
+ − AG(t)x n

h dt

G(t)
h xn − x + AG(t)xn − AG(t)x .
+

D'autre part, pour tout ∈ [ε, T ], nous avons


c
kAG(t)xn − AG(t)xk ≤ kxn − xk
t
c
≤ kxn − xk,
ε
alors, AG(t)x n → AG(t)x est uniformement sur [ε, T ], pour tout ε > 0. D'où
dG(t)x G(t + h)x − G(t)x
= lim = AG(t)x.
dt h→0 h
Montrons maintenant par réccurence que
(2.5)
k
d k
G(t)x = A T (t)x, k = 1, 2, ..
k
dt

Pour k = 1 on a déja vérié que dtd G(t)x = AG(t)x.


Supposons que (2.5) est vraie pour k, et montrons (2.5) pour k + 1. Alors,
dk+1 d dk G(t)x
 
d k 
G(t)x = = A G(t)x
dtk+1 dt dtk dt
d
= Ak G(t)x = Ak AG(t)x

dt
= Ak+1 G(t)x,
par conséquent
dk
G(t)x = Ak G(t)x, k = 1, 2, ..∀x ∈ D(Ak ).
dtk


48
Admettons le lemme suivant :
Lemme 2.5.4 Soit (A, D(A)) un opérateur linéaire non borné vériant
1. A fermé,
2. D(A) dense dans E ,
3. {λ ∈ C? : <λ ≥ 0} ⊂ ρ(A) et il existe une constante L, tel que
L
<λ ≥ 0 ⇒ k(λI − A)−1 kL(E) ≤ .
|λ|
Alors, il existe δ ≥ 0, et M ≥ 0 tel que
 
? π
S = λ ∈ C : | arg λ| ≤ + δ ⊂ ρ(A)
2

et pour λ ∈ S on a
M0
k(λI − A)−1 k ≤ .
|λ|

Autrement dit,l'ensemble résolvant contient un secteur, c'est à dire, A est sectoriel.

Théorème 2.5.5 (Théorème de Kato) Soit (A, D(A)) un opérateur linéaire non borné véréant
1. A fermé,
2. D(A) dense dans E ,
3. {λ ∈ C∗ : <λ ≥ 0} ⊂ ρ(A) et ∃L > 0/∀λ ∈ ρ(A), de sorte que
L
k(λ − A)−1 kL(E) ≤ .
|λ|

Alors, A est générateur innitésimal d'un C0 −semi groupe tel que


1. ∃M > 0/∀t ≥ 0, kG(t)kL(E) ≤ M ,
M
2. ∀t > 0, G(t) ∈ L(E, DA ) et kAG(t)kL(E) ≤ .
t
Preuve : D'après le Lemme 2.5.4, il existe δ ≥ 0 et M 0 ≥ 0 tel que
 
∗ π
S := λ ∈ C : | arg λ| ≤ + δ ⊂ ρ(A)
2

et pour λ ∈ S on a
M0
k(λI − A)−1 k ≤ .
|λ|
Soit γ ⊂ ρ(A) un contour non borné qui coincide avec ∂S pour |z| ≥ 1, pour tout t > 0, posons
(2.6)
Z
1 zt −1
G(t) = e (zI − A) dz.
2πi γ

49
Montrons tout d'abord que l'intégrale est bien dénie. On doit démontrer donc la convergence
de l'intégrale dans L(E). Nous avons donc
kezt (zI − A)−1 k ≤ et<z k(zI − A)−1 k
M0
≤ et<z ,
|z|
mais si |z| > 1 et <z = −|z| sin δ, alors
(2.7) zt
ke (zI − A) k ≤ M e −1
. 0 −t|z| sin δ

Passons maintenant à la convergence de l'intégrale dans L E, D(A).


Sachant que −1 −1 −1
k(zI − A) k = k(zI − A) xk + kA(zI − A) xk
D(A) E E

on a M 0
−1
k(zI − A) xkE ≤ kxk,
|z|
et
kA(zI − A)−1 xkD(A) = z(zI − A)−1 + I x D(A)


≤ |z|k(zI − A)−1 kkxk + kxk


≤ (M 0 + 1)kxk,
d'où
−1 M0 0
k(zI − A) kL(E,D(A)) ≤1+M + ,
|z|
pour |z| ≥ 1, on a
k(zI − A)−1 kL(E,D(A)) ≤ 1 + 2M 0 ,
donc
kezt (zI − A)−1 kL(E,D(A)) ≤ e−t|z| sin δ (1 + 2M 0 ),
et par suite 1
Z
G(t) = ezt (zI − A)−1 dz,
2πi
est bien dénie.
γ

Montrons maintenant que pour tout t > 0, il existe M > 0, kG(t)k ≤ M.


On a
L(E)
Z
1
G(t) = ezt (zI − A)−1 dz,
2πi
posons tz = µ, alors
γ

Z
1 µ −1 dµ
G(t)x = eµ I −A x
2iπ tγ t t
Z
1 µ −1 dµ
= eµ I −A x ,
2iπ γ t t

50
comme γ et tγ sont homotopes, alors
−1 |dµ|
Z
1 µ
kG(t)xk ≤ e<µ I − A x
2π γ t t
0
|dµ|
Z
1 M
≤ e<µ |µ| kxk
2π γ t
t
 0Z 
M
≤ e<µ |dµ| kxkE .
2π γ

Calculons R γ
e<µ |dµ| . On a
Z Z Z Z
<µ <µ <µ
e |dµ| = e |dµ| + e |dµ| + e<µ |dµ|,
γ γ1 γ2 γ3

où π
γ1 = {µ = ρe−i(δ+ 2 ) : 0 ≤ ρ ≤ +∞},
π π
γ2 = {µ = 0 eiθ : −δ − ≤ θ ≤ δ + },
2 2
et π
γ3 = {µ = ρei(δ+ 2 ) : 0 ≤ ρ ≤ +∞}.
Alors
δ+ π2
Z Z∞ Z Z∞
<µ −ρ sin δ
e |dµ| = − e d|µ| + 0 0 cos θ
e dθ + e−ρ sin δ d|µ|
γ
0 −δ− π2 0

δ+ π2
Z
= 20 e0 cos θ dθ
0
δ+ π2
Z
0
≤ 20 e dθ
0
π
≤ 20 e0 (δ + ),
2
car la fonction cos est décroissante sur l'intervalle [0, π], et par suite
M 0 0 π
kG(t)xk ≤ e (δ + ) = c1 .
π 2
D'autre part, nous avons
Z
1
AG(t)x = etz A(zI − A)−1 xdz,
2πi γ

et
A(zI − A)−1 = zI − (zI − A) (zI − A)−1 ,


51
d'une manière analogue à ce qui précède on peut démontrer facilement que
1 1 + M 0 0 π c2
kAG(t)xk ≤ 0 e (δ + ) = .
t π 2 t
Si nous prenons M = max{c , c } on trouve que
1 2

kG(t)k ≤ M,

et M
kAG(t)k ≤ .
t

Montrons que G(t) est un C −semi groupe. On commence par la continuité forte, c'est à
dire,
0

lim G(t)x = x,
t→0

dans E.
Grâce à la densité du domaine de A, il sut de montrer l'assertion pour x ∈ D(A) car
kG(t)x − xkE ≤ M kx − xn k + kxn − xkE + kG(t)xn − xn kE ,

où (x ) ⊂ D(A) tel que x −→ x ∈ E.


n n n

Soit maintenant x ∈ D(A), on a


x A(zI − A)−1 x
(zI − A)−1 x = +
z z
x (zI − A)−1 Ax
= + ,
z z
donc 1
Z Z
(zI − A)−1 Ax
tz x 1
G(t)x = e dz + etz dz.
2πi γ z 2πi γ z
On a 1
Z Z
tz x 1 x
e dz = lim etz dz,
2πi z R−→∞ 2πi z
et
γ γR

Z Z Z
1 tz x 1 tz x
1 x
e dz = e dz − etz dz
2πi γR z 2πi CR z 2πi ΓR z
Z
1 x
= x− etz dz,
2πi ΓR z

car, si nous appliquons le théorème des résidus sur la l'intégrale R etz


x
dz au point z = 0,
où C est la courbe donnée par la gure
CR 0
z
R

52
1.jpg
on obtient Z
1 x 1
etz dz = (2πi)x exp(0)
2πi CR z 2πi
= x,

et quand R −→ ∞ on trouve que


Z
1 x
− etz dz −→ 0.
2iπ ΓR z

En eet, pour z ∈ Γ on a tel que ,donc


 
π 3π
R z = Reiθ θ∈ δ+ , −δ
2 2

Z Z −δ
1 1
tz x
2 iθ
e dz = etRe xdθ,
2iπ ΓR z 2πi π
2

alors
3π  Z 3π −δ
−δ
Z 
2 2
tReiθ
tR cos θ
e ≤
xdθ e kxkdθ

δ+ π2 δ+ π2

Z π Z 3π −δ 
2
tR cos θ tR cos θ
≤ e dθ + e dθ kxk
2
δ+ π π
    
−tR sin δ π −tR sin δ π
≤ e −δ +e −δ kxk
2 2

quand
  
−tR sin δ π
≤ 2 e −δ kxk −→ 0 R −→ +∞,
2
d'où
53
quand
Z
1 x
etz dz = 0 R −→ ∞,
2iπ z
et par suite
ΓR

(zI − A)−1 Ax
Z
1
G(t)x − x = etz dz.
2πi γ z

Remarquons que le second terme tend vers 2iπ1 R (zI − A) −1


Ax
dz
quand t −→ 0.
En eet,
γ
z

zt (zI − A)−1

kAxk
e Ax ≤ et<z M
z |z|2
kAxk
≤ e−t|z| sin δ M
|z|2
kAxk
≤ M
|z|2
≤ M kAxk,

pour |z| ≥ 1, donc ∃h(z) = M kAxkI(z) ∈ L(E), tel que


etz dz 1 dz
lim (zI − A)−1 Ax = (zI − A)−1 Ax ,
t→0 2iπ z 2iπ z

d'aprés le théorème de la convergence dominée de Lebesgue, on conclut que


(zI − A) Ax → 0 quand <z −→ ∞
Z Z
1 tz dz −11 dz −1
lim e (zI − A) Ax =
t→0+ 2iπ γ z 2iπ z γ

car la fonction à integrer dans 2iπ1 R (zI − A) Ax dzz , se comporte comme 0 |z|1 .
γ
−1
2

Montrons maintenant que G(t + s) = G(t)G(s). Pour tous t, s ≥ 0, on a


Z
1
G(s)x = eµs (µI − A)−1 xdµ
2iπ γ
Z
1
= eµs (µI − A)−1 xdµ
2iπ γ 0
tel que γ et γ sont homotopes, alors
0

Z  Z 
1 λt −1 1 µs −1
G(t)G(s)x = e (λI − A) e (µI − A) xdµ dλ
2iπ γ 2iπ γ 0
Z Z
1
= eλt+µs (λI − A)−1 (µI − A)−1 xdµdλ,
(2iπ)2 γ γ 0

on utilise l'identité de la resolvante pour µ, λ ∈ ρ(A), λ 6= µ,


(µI − A)−1 − (λI − A)−1
= (µI − A)−1 (λI − A)−1 ,
λ−µ

54
et on trouve que
Z Z
1 dλ dµ
G(t)G(s)x = 2
eλt+µs (λI − A)−1 x
(2iπ) γ γ 0 µ−λ
Z Z
1 dλ dµ
+ 2
eλt+µs (µI − A)−1 x
(2iπ) γ γ 0 λ−µ
Z  Z 
1 µs 1 λt −1 dµ
= e e (λI − A) x dλ
2iπ γ 0 2iπ γ µ−λ
Z  Z 
1 1 dλ
+ eλt eµs (µI − A)−1 x dµ
2iπ γ 2iπ γ 0 λ−µ
Z  Z µs 
1 1 e dµ
= eλt (λI − A)−1 x dλ
2iπ γ 2iπ γ 0 µ − λ
Z  Z λt 
1 µs −1 1 e dλ
+ e (µI − A) x dµ
2iπ γ 0 2iπ γ λ − µ
Z
1
eλt (λI − A)−1 x eλs dλ
 
=
2iπ γ
Z  Z λt 
1 µs −1 1 e dλ
+ e (µI − A) x dµ
2iπ γ 0 2iπ γ λ − µ
Z
1
eλt (λI − A)−1 x eλs dλ
 
=
2iπ γ
= G(t + s)x,

car 1
Z
eµt 1
 
λs
dµ = 2iπe ,
2πi γ0 µ−λ 2iπ
d'aprèss le théorème des résidus, on a
eλt
Z
1
dλ = 0.
2iπ γ λ−µ
Montrons que A est le générateur innitésimal de (G(t)) donné par la formule (2.6).
Pour x ∈ D(A) et t ≥ t , on a
t≥0
0

M 0 e−t|z| sin δ
ketz (zI − A)−1 xkE ≤ kxkE
|z|
M 0 e−t|z| sin δ
≤ kxkE ,
|z|
et
d zt
e (zI − A)−1 x = zezt (zI − A)−1 x

dt E
E
≤ M 0 e−t0 |z| sin δ kxkE ,

alors d 1
Z
zezt (λI − A)−1 xdz,

G(t)x =
dt 2iπ γ

55
converge dans E. D'autre part, zI =Z(zI − A) + A alors,
Z
d 1 1
ezt xdz + ezt (zI − A)−1 Axdz,

G(t) =
dt 2iπ γ 2iπ γ

et comme 1
Z
ezt xdz = 0,
2iπ
alors
γ

d 
G(t)x = G(t)Ax,
dt
pour x ∈ D(A) et t ≥ t 0 >0, on
d 
G(t)x t=0 = lim+ G(t)Ax = Ax,
dt t→0

c'est à dire, G(t)x est dérivable en t = 0.


Soit x ∈ D(A) et notons provisoirement B le générateur innitésimal de (G(t)) alors,
1 t≥0

G(t)x1 − x1
Bx1 = lim
t→0 t
d
= G(t)x1 |t=0
dt
= Ax1
donc, x ∈ D(B), D(A) ⊂ D(B) et Bx = Ax , d'où A ⊂ B.
1 1 1

Supposons que z ∈ ρ(A) ∩ ρ(B), soit maintenant x ∈ D(B) alors 1

(λI − B)x1 ∈ E,
comme (zI − A) est bijectif alors, il existe x 2 ∈ D(A) tel que
(zI − A)x2 = (zI − B)x1 ,
donc
(zI − B)x2 = (zI − B)x1 ,
ce qui montre
x2 = x1 ,

et par suite,
x1 ∈ D(A),
d'òu
D(B) ⊂ D(A),

alors A = B. En n A est le générateur innitésimal de (G(t)) .  t≥0

Nous serons intéréssés ici d'étudier la possibilité de prolonger un C -semi groupe en un semi
groupe analytique.
0

56
Théorème 2.5.6 Soit (G(t))t≥0 un C0 -semi groupe de générateur innitésimal A dans l'espace
de Banach E, tel que G(t) ∈ L(E, D(A)), pour tout t ≥ 0. Si
kG(t)k ≤ c,
et c
kAG(t)k ≤ ,
t
pour tout t ≥ 0, Alors, (G(t))t≥0 est prolongeable en un semi groupe analytique.
Preuve : On sait, d'après le Théorème 2.5.3, que l'application t 7→ G(t)x est de classe C ∞

pour tout t ≥ 0, et on a
dG n
kG(n) (t)k = k[ (t)] k
dt
dG
≤ k (t)kn ,
dt
on en déduit donc, en utilisant le fait que n n
n!e ≥ n , que
1 ce
kG(n) (t)k ≤ ( )n .
n! t
Considérons maintenant le développement
(2.8) X G (t) ∞ (n)
n
G(z) = G(t) + (z − t) .
n! n=1

On remarque que cette série converge uniformément dans L(E) pour tout z ∈ C tel que |z −t| <
t, avec k < 1 et donc G(z) est analytique sur le secteur
k
ce
 k
∆k = z ∈ C : |z − t| < t ,
ce
et on a G(z) = G(t) pour des valeurs réelles de . Ainssi z peut être prolongé analyti-
G(t))t≥0
quement en un semi groupe analytique dans le domaine qui est l'union de tous les secteurs

∆ . Par l'analyticité de G(t) on peut montrer facilement que satisfait les propriétés
(G(z))z∈∆
du semi groupe et de la relation (2.8). On en déduit que
k

lim G(z)x = x.
z→0

2.6 Exercices
Exercice 2.6.1 :Soient
+∞
X
l2 = {(xn )n∈N∗ : |xn |2 < +∞},
n=1

avec la norme kx k = ( P |x | ) . Dénissons une famille (T (t)) d'opérateurs linéaires sur


n
+∞
n
2 1
2
t≥0

l'espace l par2
n=1

2
T (t)(xn )n∈N∗ = (e−n t xn )n∈N∗ , ∀t ≥ 0.

57
1. Montrer que (T (t)) est un semi-groupe fortement continu.
t≥0

2. Trouver son générateur innitésimal s'il existe.


Exercice 2.6.2 : Soient E un espace de Banach, B un opérateur linéaire borné et soit A le
générateur innitésimal d'un C -semi-groupe (G(t)) de sorte qu'il existe ω ≥ 0 et M ≥ 1 tel
que
0 t≥0

kG(t)k ≥ M eωt .
1. Montrer que l'opérateur λid − (A + B) est inversible pour tout <λ > ω + M kBk.
E

2. En déduire que {λ ∈ R : <λ > ω + M kBk} ⊂ ρ(A + B).


3. Montrer que 1
kR(λ, A + B)k ≤ .
<λ − (ω + M kBk)
4. En déduire que A + B est le générateur innitésimal d'un C -semi-groupe (S(t)) qui
satisfait
0 t≥0

kS(t)k ≤ M et(ω+M kBk) , ∀t ≥ 0.


5. Considérons l'opérateur H(s) = G(t − s)S(s). Montrer que pour tout x ∈ D(A), l'appli-
cation s 7→ H(s) est dérivable et calculer sa dérivée si elle existe puis montrer que
Zt
S(t) = G(t) + G(t − s)BS(s)xds, ∀t ≥ 0.
0

6. En déduire que
kS(t) − G(t)k ≤ M eωt (eM kBkt − 1), ∀t ≥ 0.

58
Chapitre 3

Problème de Cauchy et Semi Groupes

3.1 Problème homogène


Soient E un espace de Banach et A un opérateur de domaine D(A) ⊂ E à valeurs dans
E . Le problème abstrait de Cauchy pour l'opérateur A consiste à trouver une solution u(t) au
problème inital suivant

 du(t)
= Au(t), t > 0,
(S0 ) dt
 u(0) = x ∈ E,

Une solution du problème initial (S ) est une application u(t) à valeurs dans E telle que
u(t) ∈ D(A), continue pour t ≥ 0, continument diérentiable et satisfait le problème initial
0

(S ).0

D'après les résultats du deuxième chapitre, on a le théorème suivant :


Théorème 3.1.1 Soient (G(t))t≥0 un C0 -semi groupe sur E et (A, D(A)) son générateur in-
nitésimal, alors, pour tout x ∈ D(A), u(t) = G(t)x est l'unique solution du problème (S0 ).
Preuve : Comme x ∈ D(A), alors u(t) = G(t)x ∈ D(A), pour tout t ≥ 0 et donc
d'après la Proposition 2.1.10 et puisque (G(t)) est un C -semi groupe, on trouve que G(·)x ∈
C([0, +∞[; D(A)). Dautre part, d'après la Proposition 2.1.12, on a
t≥0 0

d
G(t)s = AG(t)x = G(t)Ax.
dt
D'autre part,on a x ∈ D(A) donc Ax ∈ E est par suite u ∈ C ([0, +∞[; E). On en déduit donc
1

que u ∈ C([0, +∞[; D(A)) ∩ C ([0, +∞[; E), et nous avons


1

d
u(t) = Au(t),
dt
et
u(0) = G(0)x = x.
Montrons maintenant l'unicité de solution. Fixons t > 0 et soit v ∈ C([0, +∞[; D(A)) ∩
C ([0, +∞[; E) une autre solution du problème (S ). Posons
1
0

w(s) = G(t − s)u(s) pour 0 ≤ s ≤ t,

59
alors nous avons
d G(t − s − h)u(s + h) − G(t − s)u(s)
w(s) = lim
dt h→0 h
1 1
= lim (G(t − s − h)u(h + s) − G(t − s)u(h + s)) + lim (G(t − s)u(h + s) − G(t − s)u(s))
h→0 h h→0 h
(I − G(h)) u(h + s) − u(s)
= lim G(t − s − h) u(h + s) + G(t − s) lim
h→0 h h→0 h
= −G(t − s)Au(s) + G(t − s)u̇(s)
= −G(t − s)Au(s) + G(t − s)Au(s)
= 0,

ce qui montre que w est une application constante sur [0, t] et par suite w(0) = w(t), d'où
u(t) = v(t), ce qui montre que la solution est unique.

Remarque 3.1.2 Si A est le générateur innitésimal d'un C0 -semi groupe qui n'est pas dié-
rentiable, alors en général, si x 6∈ D(A), alors le problème initial (S0 ) n'admet pas de solution.
La fonction t 7→ G(t)x est alors appelée solution mild du problème initial (S0 ).

3.2 Le problème non homogène de Cauchy


Dans cette section, on considère le problème non homogène suivant

 du(t)
= Au(t) + f (t), t > 0,
(S1 ) dt
 u(0) = x,

où f : [0, T [→ E, T > 0. On suppose dans cette section que A est le générateur innitésimal
d'un C -semi groupe (G(t)) . On réfère à [4, 12, 15]
0 t≥0

Dénition 3.2.1 Une fonction u : [0, T ] → E est dite solution (classique) du problème (S1 )
sur [0, T [ si u est continue sur [0, T [, continûment diérentiable sur ]0, T [, u(t) ∈ D(A) pour
tout ]0, T [ et satisfait le problème (S1 ).
Soit u une solution du problème (S ). Alors la fonction dénie de [0, t] à valeurs dans E par
g(s) = G(t − s)u(s) est dérivable pour 0 < s < t. En eet, on a u(s) ∈ D(A) alors d'après la
1

Proposition 1.2.4, G(t−s)u(s) ∈ D(A) et par la Proposition 2.1.12, g est dérivable sur 0 < s < t
et nous avons
dg
= −AG(t − s)u(s) + G(t − s)u̇(s)
ds
= −AG(t − s)u(s) + G(t − s)(Au(s) + f (s))
= −AG(t − s)u(s) + G(t − s)Au(s) + G(t − s)f (s),

d'où dg
= G(t − s)f (s),
ds

60
Supposons que f ∈ L (]0, T [, E), alors G(t − s)f (s) est intégrable. En intégrant alors de 0 à t
1

on trouve que
Zt Zt
dg
= G(t − s)f (s),
ds
0 0

d'où Zt
g(t) − g(0) = G(t − s)f (s),
0

alors Zt
G(0)u(t) − G(t)u(0) = G(t − s)f (s),

et par conséquent
0

Zt
(3.1) u(t) = G(t)x + G(t − s)f (s)ds,
0

d'où on obtient le corollaire suivant :


Corollaire 3.2.2 Si f ∈ L1 (]0, T [, E), alors pour chaque x ∈ E le problème initial (S1 ) admet
une solution. Si cette solution existe, elle est donc donnée par la formule (3.1).
Remarque 3.2.3 Le membre de droite de (3.1) est une fonction continue mais n'est pas dif-
férentiable, alors on peut la considérer comme une solution généralisée du problème (S1 ). Nous
dénissons donc
Dénition 3.2.4 Soit A le générateur innitésimal d'un C0 -semi groupe (G(t))t≥0 et soit x ∈ E
et f ∈ L1 (]0, T [, E). La fonction u ∈ C([0, T ], E) donnée par (3.1) est la solution mild du
problème initial (S1 ) sur [0, T ].
Remarque 3.2.5 D'après la Dénition 3.2.4, on remarque que si f ∈ L1 (]0, T [, E), alors (S1 )
admet une solution mild. Nous serons maintenant intéréssés d'imposer d'autres conditions sur
f . On commence par montrer que la continuité de f n'est pas une condition susante pour
assurer l'existence de solution (classique). En eet, supposons que A soit tel qu'il existe x ∈ E
et t0 > 0 tel que G(t0 )x 6∈ D(A) et donc forcément G(t)x 6∈ D(A) pour tout t ∈ [0, t0 ].
Soit f la fonction dénie par f (t) = G(t)x. cette fonction continue car (G(t))t≥0 est un semi
groupe fortement continu, la solution corespondante du problème (S1 ) avec la condition initiale

61
u(0) = 0 est

Zt
u(t) = G(t − s)f (s)ds
0
Zt
= G(t − s)G(s)xds
0
Zt
= G(t)xds
0
= tG(t)x.

Remarquons que cette solution n'est pas diérentiable pour t ∈ [0, t0 ], d'après le choix de x,
et alors u(t) n'est pas une solution classique du problème (S1 ).
Théorème 3.2.6 Soit A le générateur innitésimal d'un C0 -semi groupe (G(t))t≥0 et soit
f ∈ L1 (]0, T [, E) continue sur ]0, T ] et soit

Zt
v(t) = G(t − s)f (s)ds, ∀t ∈ [0, T ].
0

Alors, le problème (S1 ) admet une solution u pour chaque x ∈ D(A) si l'une des conditions
suivantes est satisfaite
1. v(t) est continûment diérentiable sur ]0, T [,
2. v(t) ∈ D(A) pour 0 < t < T et Av(t) est continue sur ]0, T [.
Si (S1 ) admet une solution u sur [0, T [ pour un certain x ∈ D(A). Alors, v satisfait 1. et 2..
Preuve : Si le problème (S ) admet une solution u pour x ∈ D(A), alors elle est de la
forme (3.1) et par conséquent v(t) = u(t) − G(t)x est diérentiable pour tout t > 0 car c'est la
1

diérence de deux fonctions diérentiables et on a


v̇(t) = u̇(t) − G(t)Ax,

cette dérivée est continue sur ]0, T [, alors 1. est satisfaite.


Ainsi si x ∈ D(A), alors G(t)x ∈ D(A) et on a u(t) ∈ D(A) et par conséquent v(t) ∈ D(A),
ce qui montre que
Av(t) = Au(t) − G(t)Ax
du
= (t) − f (t) − G(t)Ax
dt
= u̇(t) − f (t) − G(t)Ax.

62
On en déduit donc que Av est continue sur ]0, T [ et par suite 2. est satisfaite.
D'autre part, pour h > 0 on a
Zt
G(h) − I G(h) − I
v(t) = G(t − s)f (s)ds
h h
0
Zt Zt
1
= { G(h + t − s)f (s)ds − G(t − s)f (s)ds}
h
0 0
Zt+h Zt
1
= { G(s)f (h + t − s)ds − G(t − s)f (s)ds}
h
h 0
Zt+h Zh Zt
1
= { G(s)f (h + t − s)ds − G(s)f (h + t − s)ds − G(t − s)f (s)ds}
h
0 0 0
Zt+h Zt Zh
1
= { G(t + h − s)f (s)ds − G(t − s)f (s)ds − G(s)f (h + t − s)ds}
h
0 0 0
Zh
v(t + h) − v(t)
= − G(s)f (h + t − s)ds.
h
0

Gràce à la continuité de f le terme R G(s)f (h + t − s)ds admet f (t) comme une limite lorsque
h

h tend vers le 0. Si v est continument diérentiable alors on trouve que v(t) ∈ D(A) pour tout
0

t ∈]0, T [ et
Av(t) = v̇(t) − f (t).
Comme v(0) = 0, on conclut donc que u(t) = G(t)x + v(t) est une solution du problème (S )
pour x ∈ D(A), ce qui achève la démonstration de notre théorème.
1

D'après le Théorème 3.2.6, on obtient les deux corollaires suivants


Corollaire 3.2.7 Soit A le générateur innitésimal d'un C0 -semi groupe (G(t))t≥0 . Si f est
continument diérentiable sur [0, T ], alors le problème initial (S1 ) admet une solution u sur
[0, T [ pour chaque x ∈ D(A).

Preuve : On a
Zt
v(t) = G(t − s)f (s)ds
0
Zt
= G(s)f (t − s)ds.
0

63
Il est clair que v est diérentiable pour t > 0 et tel que
Zt
v̇(t) = G(t)f (0) + G(s)ft0 (t − s)ds,
0

sur ]0, T [. En appliquant donc le Théorème 3.2.6, on trouve que v est continûment diérentiable
et donc le problème initial (S ) admet une solution u sur ]0, T [.
1

Corollaire 3.2.8 Soit A le générateur innitésimal d'un C0 -semi groupe (G(t))t≥0 et soit
f ∈ L1 (]0, T [, E) continue. Si f (s) ∈ D(A) pour 0 < s < T et Af (s) ∈ L1 (]0, T [, E). Alors,
pour chaque x ∈ D(A), le problème initial (S1 ) admet une solution sur [0, T [.
Preuve : D'après les conditions, pour tout s > 0, G(t − s)f (s) ∈ D(A) et donc AG(t −
s)f (s) = G(t − s)Af (s) est intégrable. En eet,
Zt Zt
k AG(t − s)f (s)dsk = k G(t − s)Af (s)dsk
0 0
Zt
≤ kG(t − s)kkAf (s)kds
0
Zt
≤ M kAf (s)kds < +∞.
0

Puisque Af (s) ∈ L (]0, T [, E), alors AG(t − s)f (s) est intégrable pour tout s ∈ [0, t].
1

Soit maintenant h > 0


Zt Zt
G(h) − I 1 1
v(t) = G(h + t − s)f (s)ds − G(t − s)f (s)ds
h h h
0 0
Zt
G(h) − I
= G(t − s) f (s)ds,
h
0

et par suite
Zt
G(h) − I G(h) − I
lim v(t) = G(t − s) lim f (s)
h→0 h h→0 h
0
Zt
= G(t − s)Af (s)ds,
0

ce qui montre que v(t) ∈ D(A) et Av(t) = R G(t−s)Af (s)ds. Comme Av(t) est l'intégrale d'une
t

fonction continue, on en déduit alors que Av(t) est continue. On applique donc le Théorème
0

64
3.2.6, le critère 2., et on trouve qu'il existe u solution du problème initial (S ) sur ]0, T [.
1

On termine cette section par introduction d'une autre notion de solution pour le problème
(S ).
1

Dénition 3.2.9 Une fonction u qui est diérentiable presque partout sur [0, T ] telle que
u̇ ∈ L1 (]0, T [, E) est appelée solution forte du problème intial (S1 ) si u(0) = x et
u̇(t) = Au(t) + f (t) presque partout sur [0, T ].

Remarque 3.2.10 Si u est solution forte du problème (S1 ) et si f ∈ L1 (]0, T [, E), pour u0 ∈
D(A), alors u est donnée par la formule (3.1). En eet, soit t ≥ 0. On suppose que u est solution
forte du problème (S1 ) et on considère la fonction v : s 7→ G(t − s)u(s), pour tout 0 ≤ s ≤ t.
Nous anons donc
v(s + h) − v(s) G(t − s − h)u(s + h) − G(t − s)u(s)
=
h h
G(t − s − h)u(s + h) − G(t − s − h)u(s) + G(t − s − h)u(s) − G(t − s)u(s)
=
h
u(s + h) − u(s) G(h)u(s) − u(s)
= G(t − s − h) − G(t − s − h) .
h h
Passons à la limite lorsque h → 0+ et utilisons le fait que (G(t))t≥0 est un C0 -semi groupe. On
trouve que
v(s + h) − v(s)
lim = G(t − s)(u̇(s) − Au(s)),
h→0 h
comme u est solution forte du problème on obtient alors
v̇(s) = G(t − s)f (s),

en intégrant les deux membres de l'égalité on trouve que


Zt Zt
v̇(s)ds = G(t − s)f (s)ds,
0 0

d'où
Zt
v(t) − v(0) = G(t − s)f (s)ds,
0

et donc
Zt
u(t) = G(t)u0 + G(t − s)f (s)ds.
0

Par conséquent, la solution forte coincide avec la solution mild et elle est l'unique solution forte
du problème (S1 ).
La vraie question est de déterminer quant une solution mild est une solution forte, on utilise
la même technique dans la preuve du Théorème 3.2.6, on peut montrer ainsi :
65
Théorème 3.2.11 Soit A le générateur innitésimal d'un C0 -semi groupe (G(t))t≥0 , et soient
f ∈ L1 (]0, T [, E) et
Zt
v(t) = G(t − s)f (s)ds, 0 ≤ t ≤ T.
0

Le problème (S1 ) admet une solution forte u sur [0, T ] pour chaque x ∈ D(A) si et seulement
si l'une des conditions suivantes est satisfaite
1. v(t) est diérentiable presque partout sur [0, T ] et v̇(t) ∈ L1 (]0, T [, E),
2. v(t) ∈ D(A) presque partout sur [0, T ] et Av(t) ∈ L1 (]0, T [, E).
Si (S1 ) admet une solution forte u sur [0, T ] pour un certain x ∈ D(A), alors v satisfait 1. et
2..

Et on a le résultat suivant
Corollaire 3.2.12 Soit A le générateur innitésimal d'un C0 -semi groupe (G(t))t≥0 . Si f est
diérentiable presque partout sur [0, T ] et si f˙ ∈ L1 (]0, T [, E) alors, pour chaque x ∈ D(A), le
problème initial (S1 ) admet une solution forte unique sur [0, T ].
Remarque 3.2.13 Généralement la continuité Lipschitzienne de f n'est pas une condition
susante pour assurer l'existence d'une solution forte du problème (S1 ) pour tout x ∈ D(A).
Cependant, si l'espace E est réexif et f Lipschitzienne continue, on a f est diérentiable et
f˙ ∈ L1 (]0, T [, E) et le Corollaire 3.2.12 nous donne

Corollaire 3.2.14 Soient E un espace de Banach réexif et A le générateur innitésimal d'un


C0 -semi groupe (G(t))t≥0 sur E. Si f est Lipschitzienne continue sur [0, T ] alors, pour chaque
x ∈ D(A), le problème (S1 ) admet une solution unique u sur [0, T ] donnée par la formule (3.1).

Preuve : D'après la Remarque 3.2.13 et le Corollaire 3.2.12, le problème (S ) admet une


1

solution forte, et d'après le Théorème 3.2.11, la fonction v(t) = R G(t−s)f (s)ds est diérentiable
t

presque partout sur [0, T ] et on a donc 0

Zt
v̇(t) = G(t)f (0) + G(t − s)f˙(s)ds,
0

est continue.Alors, v est continûment diérentiable, donc en appliquant le Théorème 3.2.6, on


obtient l'existence d'une solution unique.
3.3 Régularité de la solution
Dans les sections précédente de ce chapitre, nous avons supposé que x ∈ D(A), on peut donc
se poser le problème de l'existence d'une solution lorsque x est donné seulement dans E. Pour
préciser la régularité de la solution du problème (S ), on introduit la dénition suivante :
1

66
Dénition 3.3.1 On dit qu'une fonction est hölderienne d'exposant α ∈]0, 1] si
∃ C > 0 : kf (t + h) − f (t)kE ≤ C|h|α ; 0 < α ≤ 1

on dit aussi Lipschitzienne d'exposant α ∈]0, 1].


On désigne par C 0,α (I, E) l'ensemble des fonctions hölderiennes d'exposant α sur l'intervalle I.
Théorème 3.3.2 Soit A le générateur innitésimal d'un semi groupe analytique (G(t))t≥0 et
soit f ∈ Lp ([0, T ], E) avec 1 < p < ∞. Si u est la solution mild du problème (S1 ). Alors u est
(p − 1)
höldérienne continue d'exposant sur [ε, T ], pour tout ε > 0. Si de plus u0 ∈ D(A),
p
alors u est höldérienne continue avec le même exposant sur [0, T ].

Preuve : Pour simplier les calculs, on suppose que (G(t))t≥0 est uniformément borné, c'est
à dire, kG(t)k ≤ M sur [0, T ]. Comme (G(t)) est analytique, il existe alors une constante C
telle que
t≥0

kAG(t)k ≤ ct sur ]0, T ], −1

ce qui implique que G(t)u est lipschitzienne continue sur [ε, T ], ∀ε > 0. En eet, pour tout
ε > 0 et pour tout t ∈ [ε, T ], nous avons
0

kAG(t)k ≤ ct−1 ,

alors G(t + h) − G(t)


lim+ k k ≤ ct−1 .
h
Donc
h→0

ch
kG(t + h) − G(t)k ≤
t
ch
≤ .
ε
Soit maintenant u ∈ D(A), G(t)u est Lipschitzienne continue sur [0, T ]. Il sut donc de
montrer que si f ∈ L ([0, T ], E) alors, la fonction
0 0
p

Z t
v(t) = G(t − s)f (s)ds
0

est hölderienne continue sur [0, T ] d'exposant p −p 1 .


Soit h > 0, on a
Z t+h Z t
v(t + h) − v(t) = G(t + h − s)f (s)ds − G(t − s)f (s)ds
0 0
Z t+h Z t Z t
= G(t + h − s)f (s)ds + G(t + h − s)f (s)ds − G(t − s)f (s)ds
t 0 0
Z t+h Z t 
= G(t + h − s)f (s)ds + G(t + h − s) − G(t − s) f (s)ds
t 0
= I1 + I2 .

67
Estimons I , on a
1
Z t+h

kI1 k =
G(t + h − s)f (s)ds

t
Z t+h

≤ G(t + h − s)f (s) ds
t
Z t+h

≤ G(t + h − s) f (s) ds
t
Z t+h
≤ M kf (s)kds,
t

d'après l'inégalité de Hölder on trouve que


tel que
Z t+h  1q Z t+h  p1
q p 1 1
kI1 k ≤ M 1 ds ds, kf (s)k ds + =1
t t p q
Z t+h  p1
(p−1)
p
= M (t + h − t) p kf (s)k ds ,
t

alors
(3.2) kI1 k ≤ M |f |p h
(p−1)
p .

D'autre part, on a
kG(t + h) − G(t)k ≤ 2M pour t, t + h ∈ [0, T ],

et
kG(t + h) − G(t)k ≤
Ch
t
pour t, t + h ∈]0, T ].
Par conséquent
(3.3) kG(t + h) − G(t)k ≤ C µ(h, t) = C min 1, t pour t, t + h ∈ [0, T ],
 
h
1 1

où C est une constante vériant C > max(2M, C). Par l'inégalité (3.3) et l'inégalité de Hölder
on trouve que
1 1

Z t

kI2 k =
G(t + h − s) − G(t − s) f (s)ds

0
Z t

≤ G(t + h − s) − G(t − s) f (s) ds
0
Z t
= C1 µ(h, t − s)kf (s)kds
0
Z t  1q  Z t  p1
q p
= C1 µ(h, t − s) ds kf (s)k ds ,
0 0

alors
 (p−1)
(3.4)
Z t p
 p−1 p
kI2 k ≤ C1 |f |p µ h, t − s ds ,
0

68
et comme µ ≥ 0 alors
Z t p
 p−1
Z t p
 p−1
µ h, t − s ds = µ h, σ dσ
0 0
Z ∞ p
 p−1
≤ µ h, σ dσ
0
p
Z h Z ∞
h p−1
= dσ + p dσ

 0h σ p−1

1 1 ∞ p
= h+ − p · p −1 · h p−1
p−1
− 1 σ p−1 h
p 1
= h + (p − 1)h p−1 · 1
h p−1
p−1
= h + (p − 1)h p−1
= h + (p − 1)h = ph,

d'où p p p
kI2 k ≤ C1 |f |p .p p−1 · h p−1 = C2 h p−1 ,
et donc v(t) est hölderienne continue ce qui montre que u(t) est hölderienne continue.
Nous passons maintenant à des conditions sur f , ce qui nous assure la solution mild du
problème (S ) est une soluton classique.
1

Théorème 3.3.3 Soient A le générateur ininitésimal d'un semi groupe analytique (G(t))t≥0 ,
et f ∈ L1 (]0, T [; E). Supposons que, pour chaque 0 < t < T , il existe δt > 0 et une fonction
réelle continue Wt (τ ) : [0, ∞[−→ [0, ∞[ telle que
(3.5) 
kf (t) − f (s)k ≤ Wt |t − s| ,

et

(3.6)
Z δt
Wt (τ )
dτ < ∞.
0 (τ )
Alors, pour uo ∈ E la solution mild du problème (S1 ) est une solution classique.
Preuve : Comme (G(t))t≥0 est un semi groupe analytique, alors G(t)u0 est l'unique solution
du problème homogène
pour

 du(t)
= Au(t) t ∈ [0, T ]
dt
 u(0) = u
0

PourR montrer ce théorème, il est susant, d'après le Théorème 3.2.6 de montrer que
G(t − s)f (s)ds appartient à D(A) pour 0 < t < T et que Av(t) est continue sur ]0, T [.
t
v(t) =
Pour ceci, écrivons v(t) sous la forme suivante
0

v(t) = v1 (t) + v2 (t)


Z t Z t

= G(t − s) f (s) − f (t) ds + G(t − s)f (t) ds.
0 0

69
D'après la Proposition 2.1.14, il est clair que v (t) ∈ D(A) et Av (t) = (G(t) − I)f (t). D'après,
les hybothèses du théorème, f est continue sur ]0, T [ et donc Av (t) est continue sur ]0, T [. Pour
2 2

démontrer le même résultat pour v nous dénissons


2
1

G(t − s) f (s) − f (t) ds pour t ≥ ε


Z t−ε 
v (t) = 1,ε
0

et
v (t) = 0 pour t < ε.
1,ε

Par dénition, on a v (t) → v (t) quand ε → 0 et on a v (t) ∈ D(A).


En eet, soit h ≥ 0. On a donc
1,ε 1 1,ε

G(h) − I G(h) − I t−ε


Z

lim v1,ε (t) = lim G(t − s) f (s) − f (t) ds
h→0 h h→0 h 0
Z t−ε Z t−ε
1  1 
= lim [ G(h)G(t − s) f (s) − f (t) ds − G(t − s) f (s) − f (t) ds]
h→0 0 h 0 h
Z t−ε
G(t − s + h) − G(t − s) 
= lim f (s) − f (t) ds
h→0 h
Z0 t−ε
dG(t − s) 
= f (s) − f (t) ds
ds
Z0 t−ε

= −AG(t − s) f (s) − f (t) ds,
0

car l'application s 7→ AG(s) est continue pour s > ε dans L(E) d'après le Lemme 2.4.2. On en
déduit donc que v ∈ D(A) et
1,ε
 t−ε
 R
AG(t − s)[f (s) − f (t)]ds si t ≥ ε,
Av1,ε (t) = 0
0 si t < ε.

Or, il existe une constante M > 0 tel que


M
kAG(s)k ≤ , 0<s≤T
s
d'après (3.5)
M 
kAG(t − s)[f (s) − f (t)]k ≤ Wt |t − s|
(t − s)
et grâce à (3.6) on déduit que lim Av (t) existe, et puisque v tend vers v (t) pour ε → 0, et
que A est un opérateur fermé, on obtient v (t) ∈ D et
1,ε 1,ε 1
ε→0
1 A

Z t−ε 
Av1 (t) = lim AG(t − s) f (s) − f (t) ds.
ε→0

Montrons maintenant la continuité de Av (t) sur ]0, T [. Pour 0 < δ < t on a


0

Z δ 
Z t 
Av1 (t) = AG(t − s) f (s) − f (t) ds + AG(t − s) f (s) − f (t) ds.
0 δ

70
Remarquons que la fonction R
AG(t − s) f (s) − f (t) ds est continue en t, et que
t 

AG(t − s) f (s) − f (t) ds est 0(δ) uniformement en t, d'où la continuité de Av (t), ce qui
δ
R δ 

achève la démonstration du théorème.


0 1

Dénition 3.3.4 Soit I un intervalle. Une fonction f : I → E est hölder continue localement
si pour t ∈ I il existe un voisinage dans lequel f est höldérienne continue.
Une conséquence immédiate du Théorème 3.3.3 est le corollaire suivant
Corollaire 3.3.5 Soit A le générateur innitésimal d'un semi groupe analytique G(t) t≥0 . Si


f ∈ L1 ([0, T ]; E) est localement höldérienne continue sur ]0, T [. Alors pour chaque x ∈ E , le
problème initial (S1 ) admet une solution unique u.
Lemme 3.3.6 Soient A le générateur innitésimal d'un semi groupe analytique (G(t))t≥0 . et
f ∈ C [0, T ]; E , si
α


(3.7)
Z t 
v1 (t) = G(t − s) f (s) − f (t) ds.
0

Alors, v1 (t) ∈ D(A) pour 0 ≤ t ≤ T , et Av1 (t) ∈ C α [0, T ]; E .




Preuve : Le fait que v (t) ∈ D(A), pour 0 ≤ t ≤ T , une conséquence immédiate de la


preuve du Théorème 3.3.3, il nous reste donc à démontrer que Av (t) est höldérienne continue.
1

Supposons que le semi groupe (G(t)) est uniformément borné (ceci an de simplier les
1

calculs), c'est à dire, supposons que kG(t)k ≤ M sur [0, T ] et que


t≥0

(3.8) kAG(t)k ≤ ct pour 0 ≤ t ≤ T,


−1

alors, pour 0 < s < t ≤ T on a


Z t Z t
2

kAG(t) − AG(s)k =
A G(τ )dτ ≤
kA2 G(τ )kdτ
s s
Z t   Z t   2
2 τ τ
AG τ

≤ A G + dτ = dτ
s
2 2
s
2
Z t    2 Z t
τ
τ −2 dτ,
2
≤ AG 2 dτ ≤ 4C

s s

alors
(3.9) kAG(t) − AG(s)k ≤ C2 t−1 s−1 (t − s),

où C := 4C . 2

Supposons que
2

(3.10) Av1 (t + h) − Av1 (t) = I1 + I2 + I3 ,

avec Z t  
I1 = A G(t + h − s) − G(t − s) f (s) − f (t) ds,
0

71
Z t 
I2 = A G(t + h − s) f (t) − f (t + h) ds,

et
0

Z t+h 
I3 = A G(t + h − s) f (s) − f (t + h) ds.

Or
t

Z t+h−s
d
AG(t + h − s) − AG(t − s) = A G(τ )dτ
t−s dτ
Z t+h−s
= A2 G(τ )dτ,
t−s

d'après (3.9) on a
t+h−s
C2
Z
 
A G(t + h − s) − G(t − s) ≤ 4 dτ
t−s τ2
  t+h−s
t+h−s
2 −1
Z

2

≤ 4C dτ = 4C
t−s τ2 τ t−s
 
−1 1 C2 h
= C2 + = ,
t+h−s t−s (t − s)(t + h − s)
d'où par la continuité hölderienne de f on obtient
Z t
ds
kI1 k ≤ C2 Lh
0 (t + h − s)(t − s)1−α

(3.11) ≤ Ch . 2
α

On sait d'après la Proposition 2.1.12 que


Z t 
I2 = A G(t + h − s) f (t) − f (t + h) ds
0
 
= G(h) − G(t + h) f (t) − f (t + h) ,

donc
 
kI2 k = G(h) − G(t + h) f (t) − f (t + h)

≤ G(t + h) − G(h) f (t) − f (t + h)

(3.12) ≤ 2M h . α

Finalement, pour I on utilise (3.8) et la continuité höldérienne de f, et on trouve que


3
Z t+h
kI3 k ≤ AG(t + h − s) f (s) − f (t + h) ds
t
Z t+h
≤ CL (t + h − s)α−1 ds
t

72
(3.13) =C h . 2
α

Combinons (3.10) avec les estimations (3.11), (3.12) et (3.13), on voit alors que Av (t) est
hölderienne continue d'exposant α sur [0, T ]. 
1

Théorème 3.3.7 Soient A le générateur innitésimal d'un semi groupe analytique (G(t))t≥0
et f ∈ C α [0, T ]; E , si u est la solution du problème initial (S1 ) sur [0, T ] alors,
du
1. pour tout δ > 0, Au ∈ C α [δ, T ]; E et
 
∈ C α [δ, T ]; E ,
dt
du
2. si x ∈ D(A), alors Au et sont continues sur [0, T ],
dt
du
3. si x = 0 et f (0) = 0 alors Au,

∈ C α [0, T ]; E .
dt
Preuve : On a Z t
u(t) = G(t)x + G(t − s)f (s)ds = G(t)x + v(t).
0

De (3.9) AG(t)x est lipchizienne continue sur δ ≤ t ≤ T pour chaque δ > 0, il sut donc de
montrer que Av(t) ∈ C [δ, T ]; E . On peut écrire v(t) sous la forme suivante :
α

Z t 
Z t
v(t) = v1 (t) + v2 (t) = G(t − s) f (s) − f (t) ds + G(t − s)f (t)ds.
0 0

On sait, d'après le Lemme 3.3.6 que Av (t) ∈ C [0, T ]; E, donc il nous reste à montrer que
α

Av (t) ∈ C [δ, T ]; E pour tout δ > 0. Mais Av (t) = G(t) − I f (t) et f est hölderienne
 1
α

continue donc on démontre seulement G(t)f (t) ∈ C [0, T ]; E pour tout δ > 0. Soit t ≥ δ et
2 2
α

h > 0, en utilisant la continuité holderienne de f on trouve



G(t + h)f (t + h) − G(t)f (t) ≤ kG(t + h)k f (t + h) − f (t) + G(t + h) − G(t) f (t)
C
≤ M Lhα + hkf k∞
δ

(3.14) ≤ Ch , 1
α

en utilisant pour ce but (3.3) et la continuité hölderienne de f .


De plus, dudt est holdérienne sur [δ, T ] car Au et f l'est aussi, d'où 1.
Notons que si x ∈ D(A), alors AG(t)x ∈ C [0, T ]; E , d'aprés le Lemme 3.3.6, Av (t) ∈


C [0, T ]; E et comme f est continue sur [0, T ] il sut de prouver que G(t)f (t) est continue
1
α

sur [0, T ]. D'après 1., il est clair que G(t)f (t) est continue sur ]0, T ], on obtient la continuité
au point t = 0 de la manière suivante

G(t)f (t) − f (0) = G(t)f (t) − G(t)f (0) + G(t)f (0) − f (0)

= G(t) f (t) − f (0) + G(t)f (0) − f (0)

= M Ltα + G(t)f (0) − f (0) −→ 0 t −→ 0. quand
73
La continuitée de dudt résulte facilement de Au et f .
Finalement, pour démontrer 3. il sut de montrer que G(t)f (t) ∈ C α
[0, T ]; E

.
On a

G(t + h)f (t + h) − G(t)f (t) ≤ G(t + h) f (t + h) − f (t) + G(t + h) − G(t) f (t)
t+h
Z
α

≤ M Lh + AG(τ )f (t)dτ
t
Z t+h

≤ M Lhα + AG(τ )(f (t) − f (0)) dτ
t
Z t+h
α
≤ M Lh + CL τ −1 tα dτ
t
Z t+h
≤ M Lhα + CL τ α−1 dτ
t
≤ Chα .

En n, dudt est hölderienne continue sur [δ, T ] tout comme Au et f .


3.4 Exercices
Exercice 3.4.1 : Etudier le problème de Cauchy pour l'équation de la chaleur
( ∂u
= ∆u (x, t) ∈ Rd × R+ ,
∂t
u(x, 0) = u0 (x), x ∈ Rd ,
où u 0 .
∈ H 2 (Rd )

Exercice 3.4.2 : Considérons le problème d'évolution suivant :

ẋ(t) = A(t)x(t), x(t) ∈ R2 , t ∈ R,



(P)
x(0) = x0 .
où t 7→ A(t) ∈ M (R).
1. Rappeler la solution du système lorsque A ne dépentd pas de t.
2

2. On suppose que pour tous s, t ∈ R on a A(t)A(s) = A(s)A(t).


Montrer que la solution s'écrit sous la forme x(t) = exp(R A(s)ds)x .
t
0
0

3. On suppose que A(t) = 0 1 , donner la solution du système (P).


 
1 t

4. Calculer la matrice Z t

B(t) = exp( A(s)ds).

5. Quelle conclusion peut on en tirer?


0

74
Chapitre 4

Introduction aux Equations de Stokes et

de Navier-Stokes

Les équations de Navier-Stokes décrivent le mouvement d'un uide visqueux et incompres-


sible. Nous étudierons ici les équations de Navier-Stokes dans le cas stationnaire et après linéa-
risation, c'est donc le problème de Stokes qui sera considéré, c'est à dire, la détermination de
la vitesse u = (u , u , ......, u ) et la pression p dans un domaine Ω, tel que
1 2 n

 ∇p − µ∆u = f, dans Ω,
(S) div u = 0, dans Ω,
u = 0, sur ∂Ω,

où µ est le coecient de viscosité cinétique qui est supposé constant positif.


La proche de ce problème sera variationnelle et l'existence et l'unicité d'une solution résultent
du Lemme de Lax-Milgram. Pour plus de détails voir [1] et [4].
4.1 Equations de Navier-Stokes stationnaires linéarisés
Soit Ω un ouvert borné connexe de classe C de R . On introduit l'espace
1 N

Z
2 2
L (Ω)/R = {p ∈ L (Ω), p(x)dx = 0}.

Théorème 4.1.1 Soit f ∈ [L2 (Ω)]N . Il existe une unique solution u ∈ H01 (Ω) et p ∈ L2 (Ω)/R
du problème (S).
Preuve : Si on multiplie la première équation dans le problème (S) par une fonction test
qui s'annule sur ∂Ω, on trouve que
∇pvi − µ∆uvi = f vi ,

en intégrant par partie sur Ω et en sommant de 1 à N on obtient


Z Z Z
µ ∇u∇vdx − pdivvdx = f vdx,
Ω Ω Ω

75
où v = (v , v , ......, v ), et ∇u∇v = P ∇u ∇v . Comme divu = 0 sur Ω, on choisit le sous
N

espace
1 2 N i i
i=1

V = {v ∈ [H01 (Ω)]N , tel que divv = 0 p. p dans Ω},


qui est un espace de Hilbert puisqu'il est un sous espace fermé de l'espace de Hilbert [H (Ω)]
1 N
.
On obtient nalement
0

(4.1)
Z Z
µ ∇u∇vdx = f vdx, ∀v ∈ V.
Ω Ω

Alors, le problème variationnel correspondant est : trouver u ∈ V tel que


a(u, v) = B(v),


a:V ×V → R Z
(u, v) 7→ a(u, v) = µ ∇u∇vdx,

et
B:V → R Z
v 7→ Bv = f vdx.

Il est clair que a est une forme bilinéaire. Montrons donc qu'elle est continue sur V × V et
coercive.
Soit (u, v) ∈ V × V , on a
Z
|a(u, v)| = |µ ∇u∇vdx|

Z
= µ| ∇u∇vdx|

≤ µkuk[H 1 (Ω)]N kvk[H 1 (Ω)]N ,

on en déduit donc que a est continue sur V × V . Pour la coercivité, on utilise l'inégalité de
poincarré qui reste vraie sur le sous espace V car V ⊂ [H (Ω)] . 1
0
N

D'autre part, B est une forme linéaire continue. En appliquant donc le théorème de Lax-
Milgram on trouve qu'il existe u ∈ V unique tel que
a(u, v) = B(v), ∀v ∈ V.

De même, pour montrer que la solution unique de (4.1) est bien une solution du problème
aux limites (S) nous avons besoin du théorème suivant :
76
Théorème 4.1.2 Soit Ω un ouvert borné connexe de classe C 1 de RN . Soit L une forme linéaire
continue sur [H01 (Ω)]N . Alors, L s'annule sur V si et seulement s'il existe une fonction p ∈
L2 (Ω) telle que Z
L(v) = p divvdx, ∀v ∈ [H01 (Ω)]N .

De plus, p est unique à une constante additive près.
Retournons maintenant à notre démonstration
Z
et posons
Z
L(v) = µOuOvdx − f vdx,
Ω Ω

B est bien une forme linéaire continue sur [H (Ω)] et nulle sur V, alors d'après le Théorème
1 N

4.1.2, il existe une fonction p ∈ L (Ω) telle que


0
2

Z
L(v) = p divvdx, ∀v ∈ [H01 (Ω)]N .

Alors, si on pose σ = µ∇u − pI ∈ [L (Ω)] on trouve


2 N2

Z Z
| σ∇vdx| = | (µ∇u − pI)∇vdx|
Ω Ω
Z
= | (p∇v − µ∇u∇v)dx|

Z
= | f vdx|

≤ ckvkL2 (Ω) .
Alors, σ admet une divergence faible dans [L (Ω)] et on a −divσ = f, on en déduit donc que
2 N

Op − µ M u = f presque partout dans Ω.


D'un autre coté, puisque u ∈ V, alors divu = 0 dans L (Ω) ce qui montre que divu = 0 presque
2

partout dans Ω.
Pour la condition aux limites, on utilise le théorème de Trace et on a donc u = 0 presque
partout sur ∂Ω.
4.2 Exercices
Exercices 4.2.1 : Soit l'espace des champs de vitesse à divergence nulle
V = {v ∈ [H01 (Ω)]N , tel que divv = 0 p. p dans Ω},
et considérons J(v) l'énergie dénie pour v ∈ V par
Z Z
1 2
J(v) = µ|∇u| dx − f vdx.
2
Ω Ω

Soit u ∈ V la solution unique de la formulation varriationnelle (4.1).


77
1. Montrer que u est aussi l'unique point de minimum de l'énergie.
2. Réciproquement, montrer que si u ∈ V est un point de minimum de l'énergie J(v), alors
u est la solution unique de la formulation varriatinnelle (4.1).
Exercices 4.2.2 : Soit Ω = ω×]0, L[, où L > 0 est la longueur du canal et sa ω section,
un ouvert borné connexe régulier de R . Pour x ∈ Ω, on note (x , x ) avec 0 < x < L et
N −1 0

x ∈ ω. On considère le problème aux limites suivant :


N N
0



 ∇p − µ∆u = 0, dans Ω,
div u = 0, dans Ω,





 u = 0, sur ∂w×]0, L[
(S∆ ) ∂u

 pn − µ = p0 n, sur ω × {0},

 ∂n
 pn − µ ∂u = pL n, sur ω × {L},



∂n
où p et p sont deux pressions constantes. Montrer que la solution unique de (S ) est
0 L ∆

xN
p(x) = p0 + (pL − p0 ),
L
et u(0, 0, ......, 0, N ) où u est la solution du Laplacien suivant
N N
( pL − p0
−µ∆0 uN = − dans ω,
L
uN = 0 sur∂ω,

où ∆ est le Laplacien dans la variable x ∈ R


0 0 N −1
.

78
Chapitre 5

Solutions des exercices

5.1 Chapitre 01
Exercice 1.4.1 : Montrons tout d'abord que −A est dissipatif. Soient λ > 0 et (u, f ) ∈
D(A) × X tels que
(5.1) u + λAu = f,

d'où
u(x) + λu̇(x) = f (x), ∀x ∈ R.
La résolution de cette équation diérentielle nous donne
−x
u(x) = Lf (x) + ae λ ,

où Lf (x) = λ1 R Il est clair que Lf est linéaire et on a


x
s−x
e λ f (s)ds.
−∞

Zx
1 s−x
|Lf (x)| = e λ f (s)ds
λ
−∞
Zx
1 s−x
≤ kf k∞ |e λ |ds
λ
−∞
≤ kf k∞ ,

d'où
(5.2) kLf k ≤ kf k ∞ ∞

Comme u et Lf sont bornés, alors a = 0, d'où


|u(x)| = |Lf (x)
≤ kf k∞ ,

par conséquent
kuk∞ ≤ kf k∞ ,

79
et par conséquent
kuk∞ ≤ ku + λAuk∞ .
Considérons maintenant λ > 0 et f ∈ X, d'après (5.2) on a Lf ∈ X . De plus, Lf ∈ C (R), d'où
1

Lf ∈ D et satisfait l'équation (5.1) et par suite −A est m-dissipatif.

Exercice 1.4.2 : Pour montrer que −A est m-dissipatif nous aurons besoin des deux lemmes
suivants
Lemme 5.1.1 Soit λ > 0 et 1 ≤ p ≤ ∞. Si u ∈ Lp (RN ) satisfait
u + λa∇u = 0 dans D0 (RN ).

Alors, u = 0 presque partout.


Lemme 5.1.2 Pour λ > 0 et f ∈ Cb (RN ) données et soit
Z∞
1 x
Lf (x) = e− λ f (x − as)ds.
λ
0

Alors,
(5.3) Lf + λa∇(Lf ) = f, dans D0 (RN ).

De plus,
(5.4) kLf kLp (RN ) ≤ kf kLp (RN ) , ∀p ≥ 1,

tel que f ∈ Lp (RN ).


Montros maintenant que −A est dissipatif. Soient λ > 0, f ∈ X et u ∈ D(A) tel qu'on ait
u + λAu = f,

posons w = Lf, où Lf est l'opérateur déni dans le Lemme 5.1.2, il s'ensuit donc que
u − w + a∇(u − w) = f, dans D0 (RN ),

d'après (5.3), on obtient u = w et grâce à l'inégalité (5.4) on trouve que A est dissipatif.
Finalement, pour λ > 0 et f ∈ X données, on a Lf ∈ D(A) et d'après le Lemme 5.1.2 on a
u + λAu = f,

d'où −A est m-dissipatif.

80
5.2 Chapitre 02

Exercice 2.6.1 :
1. Montrons que (T (t)) est un semi groupe fortement continu.
t≥0

(a)
2
T (0)(xn ) = e−n 0 xn
= xn ,

et donc T (0) = I.
(b) Soient t, s ∈ R on a
+

2 (t+s)
T (t + s)x = (e−n xn )n
−n2 t−n2 s
= (e xn )n
−n2 t −n2 s
= (e e xn ) n
−n2 s
= T (t)(e xn )n
= T (t)T (s)x,

et par suite T (t + s) = T (t)T (s).


(c) Soit t ∈ R on a
+

2 2
kT (t)x − xk2l2 (N∗ ) = k{e−n t xn − xn }N∗ kl2 (N∗ )

2
X
= |e−n t − 1|2 |xn |2
n=1

2
X
= (1 − e−n t )2 |xn |2 .
1

On sait que e −n2 t


>0 pour tout t ∈ R et tout n ∈ N . Alors,
+ ∗

2
(1 − e−n t ) < 1,

et donc 2
(1 − e−n t )2 |xn |2 < |xn |2 ,
d'où ∞ ∞
2
X X
(1 − e−n t )2 |xn |2 < |xn |2 < ∞,

et par suite
n=1 n=1



X 2 ε
∀ε > 0, ∃n0 ∈ N , ∀n ≥ n0 : (1 − e−n t )2 |xn |2 < ,
n=1
2

81
ce qui montre que
0 −1
nX ∞
−n2 t 2 2
X
kT (t)x − xk2l2 (N∗ ) = (1 − e ) |xn | + 2
(1 − e−n t )2 |xn |2 .
n=1 n=n0

D'autre part, la fonction f : n 7→ (1 − e −n2 t 2


) est croissante. En eet,
2 2
f 0 (n) = 2nte−n t (1 − e−n t ) > 0, ∀n ∈ N∗ .

Alors, pour tout n < n on a 0

2 2
(1 − e−n t )2 < (1 − e−n0 t )2 ,

et donc 2 2
(1 − e−n t )2 |xn |2 < (1 − e−n0 t )2 |xn |2 ,
d'où 0 −1
nX 0 −1
nX
−n2 t 2 2 −n20 t 2
(1 − e ) |xn | < (1 − e ) |xn |2 ,

par suite
n=1 n=1

0 −1
nX ∞
2 2
X
(1 − e−n t )2 |xn |2 < (1 − e−n0 t )2 |xn |2 ,

ce qui montre que


n=1 n=1

0 −1
nX
2 ε
(1 − e−n t )2 |xn |2 < ,
n=1
2
d'où
kT (t)x − xk2l2 (N∗ ) < ε.
Alors, (T (t)) est un C -semi groupe.
t≥0 0

2. Considérons la suite T (h)xh − x = e xh − x Pour tout n ∈ N on a


−n2 h
n n ∗
n∈N∗
.

2h
e−n −1 2θ
xn = −n2 e−n nh
xn ,
h

où 0 < θ < 1. Il en résulte donc que T (h)xh − x a une limite dans l (N ) si et seulement
n
2 ∗

si la suite de terme général {−n x } est dans l (N ). Alors,


2
n n∈N∗
2 ∗

T (h)x − x
lim = {−n2 xn }n∈N∗ ,
h→0 h
et donc
D(A) = {x ∈ l2 (N∗ ) : {−n2 xn }n∈N∗ ∈ l2 (N∗ )},
et
Ax = {−n2 xn }n∈N∗ .

82
Exercice 2.6.2 :
1. Montrons que λid − (A + B) est inversible pour tout <λ > ω + M kBk. On sait que
λid − (A + B) = (λid − A) − B
= (λid − A)(id − R(λ, A)B).

D'autre part, on aλ ∈ ρ(A) , donc λid − A est inversible et par suite pour que λid −
(A + B) soit inversible il faut que id − R(λ, A)B soit inversible. Montrons donc que
kid − R(λ, A)Bk < 1. On a pour tout <λ > ω + M kBk
kid − R(λ, A)Bk ≤ kid − R(λ, A)kkBk
M <λ − ω
< = 1,
<λ − ω M
d'où id − R(λ, A)B est inversible.
2. Comme λid − (A + B) est inversible pour tout λ ∈ {λ ∈ C : <λ > ω + M kBk}, alors
{λ ∈ C : <λ > ω + M kBk} ⊂ ρ(A + B).
3. On sait que
λid − (A + B) = (λid − A)(id − R(λ, A)B),

d'où
R(λ, A + B) = (id − R(λ, A)B)−1 R(λ, A)
X∞
= ( (R(λ, A)B)k R(λ, A),
k=0

et donc
X∞
kR(λ, A + B)k ≤ ( kR(λ, A)kk kBkk )kR(λ, A)k
k=0
1
≤ kR(λ, A)k
1 − kR(λ, A)kkBk
M <λ − ω

<λ − ω <λ − ω − M kBk
M
≤ .
<λ − (ω + M kBk)

4. Comme B est un opérateur borné, alors D(A + B) = D(A) et puisque A est le générateur
innitésimal d'un C -semi groupe alors D(A + B) = E. De plus comme A est fermé et B
borné on conclut donc que A + B est fermé. Alors d'après le théorème de Hille-Yosida
0

et la question précédente on en déduit que A + B est le générateur innitésimal d'un


C -semi groupe (S(t))
0 qui satisfait la condition suivante
t≥0

kS(t)k ≤ M e(ω+M kB)t , ∀t ≥ 0.

83
Soit x ∈ D(A) alors S(s)x ∈ D(A) et on a As(s)x = S(s)Ax car (S(t)) est un C -
semi groupe, on utilise aussi le fait que (G(t)) est un C -semi groupe, on trouve que
t≥0 0

s 7→ G(t − s)S(s)x est dérivable et on a


t≥0 0

G(t − s) S(s)
H 0 (s)x = S(s)x + G(t − s) x
ds ds
= −AG(t − s)S(s)x + G(t − s)(A + B)S(s)x
= G(t − s)(−AS(s)x) + G(t − s)(A + B)S(s)x,

d'où
(5.5) 0
H (s)x = G(t − s)BS(s)x.

On intègre les deux membres de l'égalité (5.5) on trouve que


Zt Zt
H 0 (s)xds = G(t − s)BS(s)x,
0 0

d'où
Zt
H(t)x − H(0)xds = G(t − s)BS(s)x,
0

alors
Zt
(5.6) S(t)x = G(t)x + G(t − s)BS(s)x,
0

84
5. D'après (5.6) on a
Zt
kS(t)x − G(t)xk = k G(t − s)BS(s)xk
0
Zt
≤ kG(t − s)kkBS(s)xkds
0
Zt
≤ M e(t−s)ω kBkkS(s)kkxkds
0
 
Zt
≤ M 2 kBk e(t−s)ω es(ω+M kBk) ds kxk
0 t 
Z
≤ M 2 kBk  eωt esM kBk ds kxk
0
 
Zt
≤ M eωt  M kBkesM kBk ds kxk
0
sM kBk t
ωt

≤ Me e |0 kxk
ωt tM kBk

≤ Me e − 1 kxk.

Pour kxk ≤ 1 on trouve que


kS(t)x − G(t)xk ≤ M eM t etM kBk − 1 ,


d'où
kS(t) − G(t)k = sup kS(t)x − G(t)xk
kxk≤1

≤ M eωt etM kBk − 1 .




5.3 Chapitre 03
Exercice 3.4.1 : Nous allons utiliser le théorème de Hille-Yosida. On doit démontrer que

(5.7) kR(λ, A)kL(L2 (Rd )) ≤


1
λ
, ∀λ > 0.

On a
(5.8) R(λ, A) = F −1 M(λ+|y|2 )−1 F, ∀λ > 0,

où M a = Ma(y) est l'opérateur de multiplication par la fonction a(y) de domaine


D(Ma ) = {v ∈ L2 (Rd ) : av ∈ L2 (Rd )}.

85
Il est clair que
(5.9) kM vk
(λ+|y|2 )−1
1
≤ kvk
λ
, ∀λ > 0,
L(L2 (Rd )) L2 (Rd )

comme F est une isométrie alors (5.8) et (5.9) impliquent (5.7).


Exercice 3.4.2 :
1. Lorsque l'opérateur A ne dépend pas de t, alors la solution du système est de la forme
x(t) = x0 eAt .

2. Remarquons tout d'abord que dtd A (t) 6= nA (t) [A(t)] sauf si le produit est commu-
n 0 n−1

tatif. On sait que


Rt
( A(s)ds)k
 
Zt ∞
X 0
exp  A(s)ds = ,
k=0
k!
0

comme A(t)A(s) = A(s)A(t), on conclut donc que B(t) = R A(s)ds est commutatif et
t

donc en dérivant la série exponentielle terme à terme on trouve que 0

Rt
kA(t)( A(s)ds)k−1
  t 
Z ∞
d  X 0
x0 exp  A(s)ds =
dt k=0
k!
0
Rt

X ( A(s)ds)k
0
= x0 A(t)
k! k=0
 t 
Z
= A(t) exp  A(s)dsx0 ,
0

d'où
ẋ(t) = A(t)x(t).

De plus, x(0) = x et par suite est une solution du problème


t 
R
0 x(t) = exp A(s)ds x0
posé. 0

3. Soit x(t) = (x (t), x (t)) et x = (x , x ) alors


1 2
T
0
1
0
2 T
0

ẋ(t) = A(t)x(t),
nous donne 
x˙1 (t) = x1 (t) + tx2 (t),
x˙2 (t) = x2 (t).
Résoudrons ce système on trouve que
x20 tet + x10 et
 
x(t) = .
x20 et

86
4. Calculons B(t). On
Zt 1 2 !
t t
A(s)ds = 2 .
0 t
Donc
0

 
t t2 t
B(t) =  e e
2 ,
0 et
d'où 
t2

t 2 t
B(t)x0 =  x0 e + x0 2 e  ,
x20 et
on remarque que donc que x(t) 6= B(t)x . 0

5.4 Chapitre 04
Exercice 4.2.1 Remarquons tout d'abord que pour tout élément u, v ∈ V on a
1
J(u − v) = J(u) − a(u, v) + B(v) + a(v, v),
2
où a(·, ·) est la forme bilinéaire continue dénie sur V × V par la relation
Z
a(u, v) = ν ∇u∇vdx,

et B est la forme linéaire continue sur V par


Z
Bv = f vdx, ∀v ∈ V.

Alors, u est minimiseur de J sur V si et seulement si on a


(5.10) a(u, v) − Bv ≤ a(v, v), ∀v ∈ V.

Remplaçons v par αv (α > 0) dans l'inégalité (5.10), on trouve que


α
a(u, v) − Bv ≤ a(v, v), ∀α > 0.
2
En faisant tendre α vers 0 on obtient
a(u, v) − Bv ≤ 0,

écrivons maintenant la même inégalité pour −v on trouve


−a(u, v) + Bv ≤ 0,

et par conséquent
a(u, v) − Bv = 0.

87
De plus, comme a(v, v) ≥ 0 on trouve que cette condition est nécessaire et susante et par
suite u est minimiseur de J sur V si et seulement si u est solution de la forme variationnelle
(4.1).
Exercices 4.2.1 Posons x N
p(x) = p0 + (pL − p0 ),
L
et
u = (0, 0, ......, 0, uN ),
où u N (x
0
) est solution du problème aux limites
( pL − p0
−µ∆0 uN = − , dans ω,
L
uN = 0.

Montrons que (u, p) est solution du problème (S ), on a ∆

pL − p0
∇p = (0, 0, ...., ),
L
et
∆u = (0, 0, ...., ∆0 uN ),

d'où
pL − p 0
∇p − ∆u = (0, 0, ...., − µ∆0 uN )
L
= 0.

De plus, ∂uN
div u = = 0.
∂xN

Enn, comme ∂n
∂u
= 0 sur ω × {0, 1} et

p = p0 sur ω × {0},
p = p1 sur ω × {L}.

Alors, les conditions aux limites imposées aux extrémités sont satisfaites.

88
Chapitre 6

Appendice

6.1 Quelques résultats d'analyse complexe


Dénition 6.1.1 On dit qu'une courbe Γ est un arc fermée, si on a Γ(a) = Γ(b) tel que a et b
sont les extrémités de la courbes.
Dénition 6.1.2 Deux courbes fermées γ1 , γ2 : [0, L] → Y (Y est un espace topologique) sont
homotopes s'il existe une application continue F de [0, 1] × [0, L] dans Y telle que
1. F (0, t) = γ1 , pour tout t,
2. F (1, t) = γ2 , pour tout t,
3. F (u, L) = F (u, 0), pour tout u.
L'application F est l'homotopie entres γ1 et γ2 .
Dénition 6.1.3 Un sous ensemble U de C est connexe si deux points quelconques de U
peuvent être rejoints par une ligne polygonale dans U .
Si de plus U est ouvert alors est appelé domaine.
Dénition 6.1.4 Soit U une partie de C. On appelle fonction d'une variable complexe une
application f : U → C. On a f (x, y) = u(x, y) + iv(x, y), où u et v sont des fonctions réelles
de deux variables réelles.
Dénition 6.1.5 On dit d'une fonction f qu'elle est analytiqe dans un ouvert U du plan
complexe si et seulement si elle est dérivable en tout point de U .
Théorème 6.1.6 Si f est une fonction analytique de classe C 1 sur un domaine simplement
connexe U et sa frontière ∂U. Alors,
I
f (z)dz = 0,
γ

où γ est un contour fermé contenu dans U .


Théorème 6.1.7 Soient f une fonction analytique dans un domaine U pouvant être non sim-
plement connexe et deux contours γ1 , γ2 homotopes dans U , alors on a, en prenant la même
orientation pour les deux contours
Z Z
f (z)dz = f (z)dz.
γ1 γ2

89
Théorème 6.1.8 Soit U un domaine simplement connexe de C et soit z1 , ...., zn un nombre ni
de points de U isolés et distincs, soit de plus, f une application analytique sur U \ {z1 , ...., zn }.
Si on prend γ un contour contenu dans U et entournant zk , k = 1, n sans rencontrer ces points,
et orienté positivement, alors
Z n
X
f (z)dz = 2iπ Res(f, zk ).
γ k=1

6.2 Opérateurs bornés, non bornés, fermés


Dans cette section, X et Y désignent des espaces de Banach sur le corps K (K = R ou C).
On notera k · k et k · k les normes de X et Y respectivement.
X Y

Dénition 6.2.1 Un opérateur linéaire non borné de X dans Y est une application linéaire
A : D(A) → Y dénie sur un sous espace vectoriel D(A) ⊂ X à valeurs dans Y, l'ensemble
D(A) est appelé domaine de A.
L'opérateur A est dit borné si D(A) = X et s'il existe une constante C ≥ 0 telle que
kAukY ≤ CkukX , ∀u ∈ X.

On notera par L(X, Y ) l'espace vectoriel des opérateurs bornés de X dans Y. Si X = Y,


l'espace L(X, Y ) est simplement noté L(X).

Si A : X → Y est un opérateur borné, alors la norme de A est dénie par


kAukY
kAkL(X,Y ) = sup .
x∈X\{0} kukX

Muni de cette norme est un espace de Banach.


Remarque 6.2.2 On peut ajouter un opérateur borné à un opérateur non borné, plus précise-
ment, si (A, D(A)) est non borné de X dans Y et si B ∈ L(X, Y ) alors on dénit l'opérateur
non borné A + B de domaine D(A + B) = D(A) par
(A + B)u = Au + Bu.

De plus, on peut dénir une relation d'ordre sur l'ensemble des opérateurs non bornés.
Dénition 6.2.3 On dit qu'un opérateur B : D(B) ⊂ X → Y prolonge l'opérateur A : D(A) ⊂
X → Y ou que B est une extension de A si,

D(A) ⊂ D(B), et Bu = Au, ∀u ∈ D(A).

Théorème 6.2.4 Soit A :⊂ X → Y une application linéaire. Alors, le graphe de A déni par
G(A) = {(u, Au), u ∈ D(A)},

est fermé dans X × Y si et seulement si A est continue.

90
Dénition 6.2.5 Soit A : D(A) ⊂ X → Y un opérateur linéaire. L'opérateur A est dit fermé
si et seulement si son graphe G(A) est fermé dans X × Y . Autrement dit, A est fermé si pour
toute suite (un )n de D(A) telle que
un → u dans X et Aun → v dans Y,

on a
u ∈ D(A) et v = Au.

Proposition 6.2.6 Si A : D(A) ⊂ X → Y est un opérateur fermé et bijectif de D(A) sur Y ,


alors A−1 est également fermé.
Corollaire 6.2.7 Soit A : D(A) ⊂ X → Y un opérateur fermé et bijectif de D(A) sur Y , alors
A−1 est borné de Y dans X .

Dénition 6.2.8 Soit A : D(A) ⊂ X → Y un opérateur fermé.


1. On appelle ensemble résolvant de A l'ensemble
ρ(A) := {λ ∈ K; λI − A est inversible}.

2. Si λ ∈ ρ(A), l'opérateur R(λ, A) = (λI − A)−1 est appelé résolvante de A.


3. Le spectre σ(A) de A est l'ensemble σ(A) := K \ ρ(A).
Proposition 6.2.9 Soit A : D(A) ⊂ X → Y un opérateur fermé. Alors on a
R(λ, A) − R(µ, A) = (µ − λ)R(λ, A)R(µ, A) = (µ − λ)R(µ, A)R(λ, A), ∀λ, µ ∈ ρ(A).

Lemme 6.2.10 Soit A : D(A) ⊂ X → X un opérateur fermé. Alors, on a les propriétés


suivantes :
1. Soient λ, λ0 ∈ ρ(A), on a pour tout entier n ≥ 1
n−1
X
n n
R(λ, A) − R(λ0 , A) = (R(λ, A) − R(λ0 , A)) R(λ0 , A)k R(λ, A)n−k−1 .
k=0

2. Pour tout entier n ≥ 1, l'application λ 7→ R(λ, A)n est continue et dérivable sur ρ(A) et
on a
d
R(λ, A)n = −nR(λ, A)n+1 .

3. L'application λ 7→ R(λ, A) est de classe C ∞ sur ρ(A) et on a
dn R(λ, A)
= (−1)n n!R(λ, A)n+1 , ∀n ∈ N∗
dλn

91
6.3 Dénition et théorèmes généraux
Dénition 6.3.1 On dit qu'une application
L:X → K
x 7→ L(x),

est semi-linéaire sur X si


1. L(x + y) = L(x) + L(y), ∀x, y ∈ X,
2. L(λx) = λL(x), ∀x ∈ H, ∀λ ∈ K.
Dénition 6.3.2 Une forme est semi-linéaire sur X , s'il existe une constante δ ≥ 0 telle que
|L(x)| ≤ δkxkX , ∀x ∈ X.

Dénition 6.3.3 Une forme sesquilinéaire sur X est une application


a:X ×X → K
(x, y) 7→ a(x, y),

vériant les propriétés suivantes :


1. a(x1 + x2 , y)a(x1 , y) + a(x2 , y), ∀x1 , x2 , y ∈ X,
2. a(x, y1 + y2 ) = a(x, y1 ) + a(x, y2 ), ∀x, y1 , y2 ∈ X,
3. a(λx, y) = λ(x, y), ∀x, y ∈ X, λ ∈ K,
4. a(x, λy) = λa(x, y), ∀x, y ∈ X, λ ∈ K.
Dénition 6.3.4 Soit (H, (·, ·)) un K-espace de Hilbert muni de la norme associée k · k. Une
forme sesquilinéaire a(·, ·) : H × H → K est
1. Continue s'il existe une constante c telle que
|a(u, v)| ≤ ckukkvk, ∀u, v ∈ H.

2. Coercive (H-elliptique) s'il existe une constante α > 0 telle que


<a(u, v) ≥ αkvk2 , ∀v ∈ H.

Théorème 6.3.5 (Théorème de Lax-Milgram) Soit a une forme sesquilinéaire continue et


coercive sur l'espace de Hilbert H muni de la norme k · k, et L une forme semi-linéaire continue
sur H . Alors, le problème 
trouver u ∈ H telque
a(u, v) = L(v), ∀v ∈ H,
admet une solution unique.
Théorème 6.3.6 Soit F un sous espace vectoriel fermé d'un espace de Hilbert H muni de la
norme k · k. On a
H = F ⊕ F ⊥.

92
Théorème 6.3.7 Soit (xn )n une suite bornée dans un espace de Hilbert H . Alors, on peut
extraire de (xn )n une sous suite qui converge faiblement dans H .
Proposition 6.3.8 (Inégalité de Cauchy-Schwarz) Soit (H, (·, ·)) un espace de Hilbert
muni de la norme associée k · k. Alors,
|(x, y)| ≤ kxkkyk, ∀x, y ∈ H.
Théorème 6.3.9 (Inégalité de Hölder) Soit Ω ⊂ RN mesurable, ainsi que deux réels p, q ∈
[1, +∞[ tels que p1 + 1q = 1. Soient f ∈ Lp (Ω) et g ∈ Lq (Ω) avec 1 ≤ p ≤ +∞. Alors, le produit
f.g ∈ L1 (Ω) et on a
Z Z Z
1 1
|f (x)g(x)|dx ≤ ( |f (x)| dx) ( |f (x)|q dx) q .
p p

Ω Ω Ω

Théorème 6.3.10 (Théorème de point xe de Banach) Soit F : X → X une application


de contraction, c'est à dire, il existe k ∈]0, 1[ vériant
kF (x1 ) − F (x2 )k ≤ kkx1 − x2 k, ∀x1 , x2 ∈ X.
Alors, F admet un point xe x, c'est à dire, F (x) = x.

6.4 Distributions
Dénition 6.4.1 Soit ϕ une fonction dénie sur un espace topologique E à valeurs dans R ou
C. Le support de la fonction ϕ est donné par
supp(ϕ) = {x ∈ E/ ϕ(x) 6= 0}.
Dénition 6.4.2 Soit Ω un ouvert de RN , l'espace D(Ω) est l'espace des fonction ϕ : Ω → R
ou C indéniment diérentiables dont le support est un compact inclus dans Ω.
Dénition 6.4.3 Soient N ≥ 1 entier et Ω ouvert de RN . Une distribution T sur Ω est une
forme R (ou C) linéaire sur D(Ω) à valeurs réelles (ou complexes) vériant la propriété de
continuité suivante :
Pour tout compact K ⊂ Ω, il existe cK > 0 et pK ∈ N tel que pour toute fonction test ϕ ∈ D(Ω)
avec supp(ϕ) ⊂ K
|hT, ϕi| ≤ cK max sup |∂ α ϕ(x)|,
|α|≤pK x∈K

où hT, ϕi désigne l'image de la distribution T par ϕ et pour α = (α1 , ...., αN ) ∈ N


∂ |α| ϕ(x)
∂ α ϕ(x) = ,
∂xα1 1 ...∂xαNN
tel que |α| = α1 + α2 + .... + αN .
On note D0 (Ω) l'espace vectoriel (sur R ou C) des distribution sur Ω (à valeurs respectivement
réelles ou complexes).
Dénition 6.4.4 Soit Ω un ouvert de RN . Une suite (Tn )n≥1 de distributions sur Ω converge
vers une distribution T dans D0 (Ω) si, pour toute fonction test ϕ ∈ D(Ω)
hTn , ϕi → hT, ϕi lorsque n → ∞.

93
6.5 Espaces de Sobolev
Dénition 6.5.1 Soit Ω un ouvert dans RN .
1. L'espace de Sobolev H 1 (Ω) est déni par
∂u
H 1 (Ω) := {u ∈ L2 (Ω); ∈ L2 (Ω), ∀i = {1, .., N }}.
∂xi
L'espace de Sobolev H 1 (Ω) est un espace de Hilbert muni du produit scalaire
N
X ∂u ∂v 
(u, v)1,Ω = (u, v)L2 (Ω) + , ,
i=1
∂xi ∂xi L2 (Ω)

la norme associée est donnée par


N
X ∂u 2 1
kuk1,Ω = kuk2L2 (Ω) + k kL2 (Ω) 2 .
i=1
∂xi

2. L'espace H01 (Ω) est déni comme étant l'adhérence de Cc∞ (Ω) dans H 1 (Ω).
Théorème 6.5.2 On suppose que Ω est un ouvert borné de frontière ∂Ω de classe C 1 par
morceaux. Alors, si u et v sont des fonction dans H 1 (Ω), on a
Z Z Z
∂u ∂v
.vdx = − u dx + uvνi dσ, 1 ≤ i ≤ n,
∂xi ∂xi
Ω Ω ∂Ω

où (νi )1≤i≤n est la i-ème composante du vecteur normale extérieure à ∂Ω.


Théorème 6.5.3 (Formule de Green) On suppose que Ω est un ouvert borné de frontière
∂Ω de classe C 1 par morceaux. Pour toute fonction u ∈ H 2 (Ω) et toute fonction v ∈ H 1 (Ω), on
a la formule de Green
Z n Z Z
X ∂u ∂v ∂u
− ∆u.vdx = dx − vdσ,
i=1
∂xi ∂xi ∂ν
Ω Ω ∂Ω


où est un opérateur de dérivée normale.
∂ν
Théorème 6.5.4 Soit Ω un ouvert borné de RN , il existe une constante CΩ > 0 telle que, pour
toute fonction v ∈ H01 (Ω) on a
N
X ∂v 2 1
kvkL2 (Ω) ≤ CΩ k kL2 (Ω) 2 .
i=1
∂xi

Dénition 6.5.5 Soit Ω un ouvert de RN . Soit σ ∈ [L2 (Ω)]N , on dit que σ admet une di-
vergence au sens faible dans L2 (Ω), s'il existe une fonction ω ∈ L2 (Ω) telle que, pour toute
fonction ϕ ∈ D(Ω) on a Z Z
σ(x)∇(x)dx = − ω(x)ϕ(x)dx.
Ω Ω
La fonction w est appelée la divergence faible de σ est noté divσ.

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Lemme 6.5.6 Soit σ ∈ [L2 (Ω)]N , s'il existe une constate c > 0 telle que, pour toute fonction
ϕ ∈ D(Ω), on a Z
| σ(x)∇(x)dx| ≤ ckϕkL2 (Ω) ,

alors, σ admet une divergence au sens faible.

95
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