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THERAP-218; No. of Pages 2 ARTICLE IN PRESS
Therapie (2017) xxx, xxx—xxx
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ANALYSE D’OUVRAGE
Analyse de livre
䊏 Automédication, le Guide Expert, J.-P. Giroud.
Éditions De La Martinière, Paris (2017)
Plusieurs définitions existent pour cadrer le champ de
l’automédication, citons celle de l’Organisation mondiale de
la santé (OMS) : « des médicaments ne nécessitant pas de
prescription médicale. Ils sont produits, distribués et ven-
dus prioritairement aux consommateurs en vue d’un usage
de leur propre initiative et sous leur propre responsabilité,
lorsqu’ils considèrent cet usage approprié ». Quelle que soit
la définition, on retrouve la notion d’« automédicalisation »,
avec ses corollaires d’« auto-information », « autodiagnos-
tic », « autoexamen » et les difficultés inhérentes à ces
conduites.
Les médicaments d’automédication font partie des
médicaments de prescription médicale facultative (PMF),
c’est-à-dire non soumis à prescription médicale obligatoire
(PMO) et pouvant donc être délivrés par un pharmacien sans
ordonnance. D’après la directive européenne, les médica-
ments PMF sont ceux qui ne répondent pas aux critères
énumérés pour les médicaments PMO, c’est-à-dire toutes
spécialités ne présentant pas les critères d’inscription pour
la liste I, II ou des stupéfiants et ne représentant pas de dan-
ger direct ou indirect lié à la substance active, aux doses
recommandées, et ce, même sans surveillance médicale.
Ils sont considérés comme peu dangereux par les auto-
rités d’enregistrement pouvant traiter des symptômes ou
des affections bénignes. Enfin, certains médicaments de
PMF sont en accès libre dans les pharmacies d’officine,
l’équivalent d’over-the-counter (OTC) des Anglo-Saxons
avec environs 600 spécialités (d’allopathie, de phytothéra-
pie et d’homéopathie) disponibles en France.
À travers ces définitions, on remarque l’absence du cri-
tère d’« efficacité » pour l’éligibilité des médicaments
d’automédication, bien que la notion d’efficacité/sécurité
apparaisse parmi les recommandations du document de
l’Agence française de sécurité sanitaire et des produits de
santé (AFSSAPS) (appelé avis aux fabricants) définissant les
caractéristiques auxquelles une spécialité d’automédication
ou PMF doit répondre. On peut donc bénéficier du sta-
tut « médicament d’automédication sans efficacité certaine
du moment que le profil d’effets indésirables reste accep-
table ».
https://doi.org/10.1016/j.therap.2017.11.001
0040-5957/
Pour citer cet article : Bagheri H. Analyse de livre. Therapie (2017), https://doi.org/10.1016/j.therap.2017.11.001
C’est bien cet aspect du rapport bénéfices/risques des
médicaments d’automédication que le Professeur Jean-
Paul Giroud analyse et classe dans son ouvrage paru en
2017 appelé Automédication, le Guide Expert à travers
environ 500 pages. Il s’agit d’un ouvrage destiné au grand
public, s’appuyant sur l’évaluation scientifique et objective
d’environ 4000 médicaments vendus sans ordonnance. Les
médicaments sont notés sur 20 et en général commentés. En
effet, la notion d’autorisation de mise sur le marché (AMM)
ne garantit ni l’efficacité, ni l’innocuité du médicament.
L’auteur rappelle d’abord les notions générales de
l’automédication et ses limites et intérêt, le parcours
du médicament dans notre organisme et les différentes
interactions possibles avec le médicament : médicament/
aliment/alcool/personnes âgées/grossesse/soleil/conduite
automobile. . . Ensuite, les médicaments d’automédication
sont présentés par pathologie (anxiété, crampe, jambe
lourde, mal de gorge, toux, rhume. . .) avec 76 pathologies
ou symptômes chez l’adulte et 14 symptômes chez l’enfant
(constipation, douleurs, fièvre. . .). Pour chaque pathologie,
l’auteur rappelle d’abord les données générales sur les étio-
logies possibles pouvant générer les symptômes, puis classe
les différentes spécialités disponibles selon les principes
actifs utilisés dans la pathologie citée, selon une notation
sur 20 attribuée au principe actif et accompagnée d’un avis
commenté justifiant la note.
La notation se fait pour chaque principe actif composant
un médicament selon son efficacité et ses effets indési-
rables, basée sur une recherche bibliographique exhaustive.
Les notes reflètent la balance entre l’efficacité prouvée par
des essais cliniques randomisées et les effets indésirables.
Plus la note est haute, plus ce rapport est favorable. En plus
des critères efficacité et risque, l’auteur prend en compte
d’autres facteurs tels que l’indication (exemple : ibupro-
fène chez l’enfant ne sera pas évalué de la même manière
selon qu’il est utilisé pour la douleur et la fièvre) et le
fait que l’utilisation de l’automédication ne détourne pas
le patient de l’utilisation d’un médicament évalué comme
efficace (exemple : vaccin antigrippe).
L’efficacité est notée selon plusieurs degrés : bonne
(15—18), moyenne (12—14), limitée (11), très limitée (10)
et inefficace ou non démontrée (7). Concernant les effets
indésirables, la note se répartit selon 3 niveaux : profil bon
(0), moyen (−1 à −2) et mauvais (−3 à −5). Enfin, la note
est pondérée par rapport à sa place dans l’arsenal théra-
peutique (détournement d’un autre médicament efficace)
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selon 2 grades : médication dépassée (−3) et médication
dangereuse (−5). Enfin, la note finale sera aussi nuancée
selon l’indication du principe actif avec un jugement géné-
ral positif (+2), neutre (0) et négatif (−2). La note finale
sera la somme de ces différentes notations.
Parmi les médicaments correspondant à un symptôme,
l’auteur peut présenter un favori selon les critères suivant :
la note la plus élevée et toujours > 10, comportant le moins
d’excipients à effet notoire, un Résumé des Caractéristiques
le plus récent et remboursable. Exemple : traitement de
®
la constipation avec un médicament favori, le Normacol
granulés, un laxatif doux (de lest) avec une note globale de
12/20.
Selon cet ouvrage, nombreux médicaments n’ont pas fait
preuve d’un rapport bénéfices/risques favorable et parmi
les 4000 médicaments, moins de 50 % de médicaments
d’automédication présentent un profil d’utilisation satisfai-
sant. Cet ouvrage indépendant, en langue française, est
complet et facile à consulter. Les lecteurs pourront, recon-
naître les symptômes des pathologies pouvant être prises en
Pour citer cet article : Bagheri H. Analyse de livre. Therapie (2017), https://doi.org/10.1016/j.therap.2017.11.001
charge en automédication, être guidés pour les mesures non
médicamenteuses et le choix des médicaments appropriés
et éviter les médicaments non dénués d’effets indésirables
restant toujours en vente libre.
Notre décennie est marquée par la sensibilisation du
Grand Public au risque médicamenteux. L’internet et les
réseaux sociaux restent un excellent vecteur pour la dif-
fusion des informations et échanges pour le public avec
néanmoins le risque de diffusion de fausses informations.
Tout ceci nous montre la nécessité de disposer d’un ouvrage
sur le médicament accessible au grand public, avec une
évaluation pharmacologique, indépendante, objective et
scientifique. L’ouvrage Automédication, le Guide Expert a
parfaitement rempli ces objectifs.
Haleh Bagheri
Faculté de médecine, CHU de Toulouse, 31000
Toulouse, France
Adresse e-mail : haleh.bagheri@univ-tlse3.fr