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Réacteurs à eau lourde

parStephen YU
Jerry HOPWOOD
et Dan MENELEY
Énergie atomique du Canada limitée (EACL)

1. Concept des réacteurs à eau lourde................................................... BN 3 210 - 2


1.1 Progrès industriels....................................................................................... — 2
1.2 Progrès récents ............................................................................................ — 2
1.3 HWR moderne.............................................................................................. — 2
1.3.1 Programme indien.............................................................................. — 2
1.3.2 Filière CANDU. Objectif actuel de la technologie HWR................... — 4
1.3.3 Modèle CANDU 6................................................................................ — 4
1.3.4 Modèle CANDU 9................................................................................ — 5
2. Description des centrales nucléaires CANDU ................................. — 5
2.1 Conception de l’îlot nucléaire ..................................................................... — 5
2.2 Cœur du réacteur......................................................................................... — 7
2.3 Circuit primaire ............................................................................................ — 7
2.4 Circuit modérateur....................................................................................... — 9
2.5 Système de rechargement réacteur en marche........................................ — 9
2.6 Instrumentation et contrôle-commande.................................................... — 9
2.6.1 Système de commande par ordinateur numérique ........................ — 9
2.6.2 Système de commande réparti ......................................................... — 9
2.6.3 Système de visualisation de la centrale ........................................... — 10
2.6.4 Système de gestion postaccidentelle ............................................... — 11
2.7 Centre de commande .................................................................................. — 11
3. Caractéristiques de sûreté .................................................................... — 11
3.1 Systèmes d’arrêt des réacteurs .................................................................. — 11
3.2 Systèmes de refroidissement d’urgence du cœur.................................... — 12
3.3 Enveloppes de confinement ....................................................................... — 12
3.4 Expérience d’exploitation et de sûreté ...................................................... — 12
4. Combustible et cycles du combustible ............................................. — 13
4.1 Combustible à uranium naturel.................................................................. — 13
4.2 Grappes de combustible à 37 et 43 éléments ........................................... — 13
4.3 Uranium recyclé et autres cycles du combustible .................................... — 13
5. Autres aspects de l’exploitation de la centrale .............................. — 14
5.1 Coûts de construction et d’exploitation..................................................... — 14
5.2 Aspects environnementaux ........................................................................ — 15
5.3 Stockage provisoire et permanent du combustible irradié...................... — 15
6. Conclusions ............................................................................................... — 16
Références bibliographiques ......................................................................... — 16

L e concept des réacteurs à eau lourde de puissance a été élaboré spéciale-


ment pour la production d’électricité. Il n’est pas issu de programmes
comme ceux des sous-marins à propulsion nucléaire. Les réacteurs à eau
lourde (HWR) présentent des caractéristiques qui assurent l’applicabilité et le
potentiel à long terme de la technologie, notamment une bonne économie

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neutronique de l’eau lourde utilisée comme modérateur, la séparation du


caloporteur primaire du modérateur (dans le cas du réacteur CANDU), le char-
gement réacteur en marche, une grappe de combustible de conception simple,
des composants modulaires et des sources froides passives. La dissipation
thermique passive est rendue possible du fait que le combustible est immergé
dans une grande quantité d’eau environnante fraîche, ce qui n’est pas le cas du
cœur d’un réacteur à eau ordinaire. Grâce à la souplesse de cette technologie,
l’évolution du modèle actuel doit permettre de s’assurer que toute exigence
future sera satisfaite, sans modification du concept de base ce qui résulte
notamment :
— de la souplesse du cycle du combustible : les réacteurs HWR ont été conçus
pour brûler les matières fissiles avec un bon rendement et pour convertir tout
aussi efficacement les matières fertiles en matières fissiles. En ajoutant à ces
caractéristiques le chargement réacteur en marche et un modèle de grappe de
combustible simple, les HWR peuvent utiliser de nombreux combustibles diffé-
rents, de sorte que l’approvisionnement en combustible peut être assuré pour
un avenir prévisible ;
— des composants remplaçables : tous les composants importants d’un HWR
sont remplaçables, y compris le canal de combustible qui est le composant
essentiel du cœur. La durée de vie d’une centrale HWR peut donc être prolongée
au-delà de la durée de vie calculée du canal de combustible, et les composants
peuvent être améliorés en leur faisant bénéficier de la toute dernière techno-
logie. Par conséquent, il n’y a pas de problème d’obsolescence pour les réac-
teurs actuellement en exploitation.

1. Concept des réacteurs République fédérale d’Allemagne. Mais ces modèles n’ont pas
débouché sur des programmes industriels.
à eau lourde
1.2 Progrès récents
1.1 Progrès industriels Depuis le premier examen des centrales HWR en exploitation et
en construction en 1989, les programmes de réacteurs à eau lourde
Le Canada a entrepris tôt la mise au point des réacteurs à eau ont pris de l’expansion au Canada avec quatre tranches supplé-
lourde (HWR) en concentrant ses efforts sur la réalisation du réac- mentaires à Darlington, trois nouvelles tranches à Wolsong en
teur CANDU (CANada Deutérium Uranium) qui utilise l’eau lourde Corée et deux tranches à Cernovada en Roumanie, sans compter
comme modérateur et fluide de refroidissement (caloporteur) du les deux tranches de la phase III de Qinshan en Chine et huit tran-
réacteur, et l’uranium naturel comme combustible. ches supplémentaires en Inde. Toutefois, la mise au point de petits
réacteurs à eau lourde a été interrompue pour l’instant, avec la
Un programme de construction de 22 réacteurs nucléaires HWR conclusion du programme CANDU 3 au Canada et du programme
a été réalisé avec succès au Canada et un programme d’exporta- ARGOS en Argentine. En outre, certains changements d’orientation
tion tout aussi couronné de succès a été lancé après la vente de quant au développement technique se sont opérés au cours des
deux centrales nucléaires CANDU 6 en Corée et en Argentine au dix dernières années dans un certain nombre de pays dans
début des années 1970. lesquels les prototypes de réacteurs à eau lourde ont été arrêtés.
Le programme électronucléaire indien a commencé par la La liste des réacteurs en exploitation et en construction a été mise
construction de deux REB de 160 MWe en 1969, et la réalisation de à jour et l’état actuel est indiqué dans le tableau 1.
deux réacteurs HWR de 220 MWe à la centrale nucléaire du
Rajasthan en 1973. Par la suite, l’Inde s’est concentrée sur la tech-
nologie HWR et a acquis une expérience précieuse dans tous les
secteurs de l’exploitation d’une centrale nucléaire HWR et du cycle 1.3 HWR moderne
du combustible. La première phase du programme électronu-
cléaire de l’Inde a pris forme après la construction de six HWR en 1.3.1 Programme indien
1995. Quatre HWR supplémentaires sont actuellement en construc-
tion et devraient entrer en service en 1999-2000. Tous les HWR en Au cours des cinq dernières décennies, l’Inde est parvenue à met-
exploitation en Inde sont d’une puissance de 220 MWe, mais deux tre sur pied un solide programme électronucléaire portant sur toutes
tranches de 500 MWe sont en construction. les facettes du cycle du combustible nucléaire. Ce programme a été
Au cours des années 1970 et 1980 un certain nombre de petits conçu dans le but d’utiliser le thorium à longue échéance du fait que
réacteurs à eau lourde ou de prototypes ont été construits en l’Inde ne possède que des gisements d’uranium moyens, mais dis-
Angleterre, en France, en Italie, au Japon, au Pakistan et en pose de réserves plus importantes de thorium.

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Tableau 1 – HWR couplé au réseau ou en construction dans le monde entier au 31 décembre 1997
avec puissance électrique brute supérieure à 30 MW (d’après les données du PRIS de l’AIEA de septembre 1998)
Puissance
Nom électrique Exploitation
Pays et exploitant Remarques
du réacteur brute industrielle
(MWe)
Argentine
Atucha 1 357 24-06-1974 Atucha 1 et 2 sont du type à cuve sous pression, fournis par
Comision Nacional de Energia Atucha 2* 745 indéfinie l’Allemagne.
Atomica
Embalse 648 20-01-1984 Type CANDU fourni par le Canada
Chine
Qinshan phase III
Third Qinshan Nuclear Power Co. Tranche 1* 728 02-2003 Type CANDU fourni par le Canada
Tranche 2* 728 12-2003
Canada
Commission d’énergie électrique Pointe Lepreau 680 10-02-1983 Tous les réacteurs canadiens sont du type CANDU.
du Nouveau-Brunswick
Pickering 1++ 542 04-04-1971
Pickering 2++ 542 30-12-1971
Pickering 3++ 542 01-06-1972
Pickering 4++ 542 17-06-1973
Pickering 5 540 10-05-1983
Pickering 6 540 01-02-1984
Pickering 7 540 01-01-1985
Pickering 8 540 01-09-1986
Bruce 1+ 904 01-09-1977
Ontario Hydro Bruce 2+ 904 27-07-1976
(Now Ontario Power Generation) Bruce 3+ 904 01-02-1978
Bruce 4+ 904 18-01-1979
Bruce 5 915 01-03-1985
Bruce 6 915 14-09-1984
Bruce 7 915 10-04-1986
Bruce 8 915 22-05-1987
Darlington 1 935 14-11-1992
Darlington 2 935 09-10-1990
Darlington 3 935 14-02-1993
Darlington 4 935 14-06-1993
Hydro-Québec Gentilly 2 675 14-06-1983
Corée du Sud
Wolsong 1 679 22-04-1983
Wolsong 2 700 01-07-1997 Type CANDU fourni par le Canada
Korea Electric Power Corporation Wolsong 3 700 30-06-1998
Wolsong 4* 700 30-06-1999
Inde
RAPP1 200 01-12-1973 Les RAPP 1 et 2 sont du type CANDU et ont été fournis par le
RAPP 2 200 01-04-1981 Canada.
RAPP 3** 220 01-12-1999 Tous les autres réacteurs indiens à eau lourde ont été construits
RAPP 4** 220 01-12-2000 à partir des RAPP 1 et 2 et ont été conçus par l’Inde.
MAPP 1 170 27-01-1984
MAPP 2 170 21-03-1986
Atomic Energy Commission
Department of Atomic Energy NAPP 1 220 01-01-1991
NAPP 2 220 01-07-1992
KAPP 1 220 06-05-1993
KAPP 2 220 01-09-1995
KAIGA 1** 220 01-12-2000
KAIGA 2** 220 01-12-1999
Japon
Uranium légèrement enrichi, refroidi par eau ordinaire
Electric Power Development Corporation Fugen 165 20-03-1979
bouillante et modéré par eau lourde, fourni par PNC
Pakistan
Pakistan Atomic Energy Commission Kanupp 137 01-10-1972 Type CANDU fourni par le Canada
Roumanie
Cernovada 1 706 02-12-1996
RENEL Type CANDU fourni par le Canada
Cernovada 2* 700 01-06-2002
* En construction.
** En construction (Nu-Power, vol. 13, no 1, 1999).
+ Arrêt de longue durée.
++ Arrêt de longue durée. Retour en service en juin 2000.

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La stratégie à long terme pour accroître la production d’éner- Les améliorations suivantes seront intégrées aux prochains pro-
gie nucléaire en Inde repose sur un programme en trois phases jets de réacteurs CANDU :
(Kakodkar [1]). Cette stratégie est motivée par les objectifs sui- — interface améliorée homme-machine, articulée autour du cen-
vants : tre de commande CANDU avancé ;
— atteindre l’autosuffisance au point de vue de la technologie — modèle de grappe avancé : utilisation de la grappe de
nucléaire ; combustible CANFLEX dont on vient de faire la démonstration ;
— construire les infrastructures de la technologie nucléaire ; — conception des systèmes modernisés, comprenant des sim-
— utiliser les ressources limitées d’uranium naturel et les res- plifications pour améliorer les performances et la fiabilité du sys-
sources abondantes de thorium en Inde. tème de sûreté ;
— outils techniques avancés, comprenant les bases de données
Le programme électronucléaire indien a commencé par la électroniques associées à la conception tridimensionnelle assistée
construction de la centrale nucléaire de Tarapur qui utilisait des par ordinateur, à la spécification de l’équipement et à la gestion du
réacteurs à eau bouillante (mise en service industriel en 1969) et matériel ;
par la construction de la centrale nucléaire du Rajasthan. La pre- — techniques de construction avancées, fondées sur l’installa-
mière phase du programme de construction et d’exploitation du tion de l’équipement avant couverture du bâtiment de confinement
HWR et des installations du cycle du combustible associées est et sur l’utilisation de petits modules montés sur patins ;
déjà entièrement en application industrielle (Prasad [2]). — options déterminées pour la capacité de la source froide pas-
Le combustible irradié de ces réacteurs est retraité pour obtenir sive et l’optimisation du cœur à faible enrichissement.
du plutonium. La puissance installée des centrales nucléaires en
exploitation est d’environ 2 000 MWe. De plus, quatre HWR, cha-
cun d’une puissance de 220 MWe sont en cours de construction. Le 1.3.3 Modèle CANDU 6
plan à longue échéance comprend quatre tranches HWR supplé-
mentaires, chacune d’une puissance de 220 MWe et quatorze tran- La gamme de centrales nucléaires CANDU 6 d’EACL est fondée
ches de 500 MWe pour répondre aux exigences de production sur une série réussie de centrales nucléaires en exploitation et sur
d’électricité dans un proche avenir. les projets de construction actuels. En utilisant la méthode d’amé-
La deuxième phase du développement envisage la construction lioration continue, des améliorations conceptuelles progressives
de surgénérateurs rapides, d’usines de retraitement et d’usines de ont été apportées aux projets successifs.
fabrication de combustible à base de plutonium. La construction La méthode que EACL a adoptée, pour le réacteur CANDU 6
d’un surgénérateur rapide d’essai de 49 MWth est en cours suivie (Hopwood [5]), est d’apporter des améliorations conceptuelles fon-
de celle d’un prototype prévu de 500 MWe. dées sur les caractéristiques éprouvées, les modifications progres-
La troisième phase de développement sera fondée sur un cycle sives, les avantages pour les performances et la sûreté de la
de combustible thorium-233U. Le 233U doit être obtenu par centrale, les avantages au point de vue de l’économie de la cen-
irradiation du thorium dans les HWR et les surgénérateurs rapides trale. Les modifications conceptuelles sont évaluées de façon
(Kakodkar [3]). exhaustive pour s’assurer que ces objectifs sont atteints. Au fur et
à mesure que les développements répondent aux critères de carac-
téristiques éprouvées (répondant aux exigences ou aux normes
relatives aux performances) et sont prêts à être mis en œuvre, on
1.3.2 Filière CANDU. Objectif actuel peut les incorporer intégralement dans le prochain projet de
de la technologie HWR construction d’une centrale CANDU 6, avec des risques de mise en
œuvre très faibles. Cette méthode a déjà été utilisée dans les
Le Canada compte plus de 50 ans d’expérience dans la techno- améliorations apportées à la conception dans le cadre de projets
logie de fission nucléaire, qui a commencé par le réacteur ZEEP à actuels à Wolsong, en République de Corée et à Qinshan, en Chine.
Chalk River, en 1945, et a débouché finalement sur le réacteur de En outre, la méthode de conception évolutive d’EACL met
puissance CANDUMD moderne. l’accent sur la réponse conceptuelle systématique au retour
Plusieurs caractéristiques font que le HWR CANDU satisfait aux d’expérience des centrales en exploitation, des projets de construc-
exigences canadiennes et internationales. Parmi ces caractéris- tion, des programmes de Recherche et développement et de
tiques, on peut citer : l’expérience dans le monde entier. Ainsi, la conception est mise à
— les tubes de force horizontaux ; jour et ajustée pour réduire au minimum les problèmes d’exploita-
tion. Les caractéristiques éprouvées de la conception sont préser-
— la bonne économie neutronique avec l’eau lourde comme
vées en suivant un processus d’amélioration de la conception actif
modérateur ;
et continu.
— le combustible à oxyde d’uranium ;
— les grappes de combustible simples ; La conception du réacteur CANDU 6 a engendré une famille de
réacteurs couronnés de succès, les quatre premiers étant entrés en
— le chargement réacteur en marche. À partir de là, la mise au
service en 1983 (Pointe Lepreau et Gentilly 2, au Canada ; Embalse,
point du CANDU au cours des 25 prochaines années se concen-
en Argentine et Wolsong 1, en République de Corée. Trois tranches
trera sur des améliorations apportées au modèle de base. Les
CANDU 6 sont récemment entrées en service (Cernovada 1 en
améliorations apportées à la conception résulteront d’une connais-
Roumanie en 1996, Wolsong 2 en 1997 et Wolsong 3 en 1998). En
sance poussée des matériaux, des procédés et des systèmes qui
outre, des réacteurs sont actuellement en construction à Cerno-
assurera que les réacteurs CANDU continuent à s’appuyer sur une
vada 2, Wolsong 4 et à Qinshan phase III, tranches 1 et 2.
base technique robuste.
Un programme d’améliorations apportées au modèle CANDU 6
L’évolution des réacteurs CANDU est passée par deux gammes a été lancé en 1996 avec pour objectif de trouver et de mettre au
de produits (Hedges [4]) qui ont débouché sur le réacteur CANDU 6 point des améliorations conceptuelles successives pour établir la
du palier 700 MWe et sur le réacteur CANDU 9 du palier 900 MWe, prochaine génération de réacteurs CANDU 6 évolués. Ce pro-
comme l’indique la figure 1. gramme comprend tous les éléments d’un projet de centrale
Les centrales nucléaires d’EACL de la gamme CANDU 6 et nucléaire dans sa portée. Cela comprend non seulement les amé-
CANDU 9 sont adaptées pour prendre en compte les conditions liorations conceptuelles, mais également les améliorations des
changeantes du marché, le retour d’expérience et les progrès tech- outils techniques, la conception pour la constructibilité améliorée,
niques en mettant en œuvre un processus d’améliorations conti- la programmation en vue d’une mise en service plus rapide et plus
nues de l’évolution de la conception. rationalisée et des performances d’exploitation améliorées. Ce

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CANDU 9

1960-1970 Bruce A
1, 2, 3, 4 Bruce B
1, 2, 3, 4 Darlington
1, 2, 3, 4 CANDU
9

1945 1970-1990
1990-2000 2000-2005

NPD Douglas Évolution du réacteur CANDU


Point CANDU
X
Prototypes
ZEEP

+ 25 ans
Pickering B Cernovada
1, 2, 3, 4 1

Pickering A
1, 2, 3, 4 G-2, Pointe
Lepreau Wolsong Qinshan
Embalse CANDU 6 2, 3, 4 1, 2
Wolsong 1

Figure 1 – Évolution du réacteur CANDU

réacteur représente le résultat de l’évolution naturelle du modèle le remplacement éventuel de l’équipement, et il aura un facteur de
CANDU 6, intégrant le retour d’expérience de la conception charge prévu de 90 %. De plus, il comporte un certain nombre
conjointement avec les améliorations conceptuelles de ce pro- d’améliorations par rapport aux centrales antérieures. Ainsi,
gramme de mise au point. Les centrales CANDU 6 évoluées l’agencement du modèle CANDU 9 permet un faible encombre-
combinent les avantages des caractéristiques éprouvées de la con- ment de 110 mètres de largeur, ce qui permet de construire plu-
ception (reposant sur l’expérience de plus de 70 réacteurs-années sieurs tranches côte à côte pour former une centrale multitranche
des sept tranches CANDU 6 en exploitation), avec les avantages de très compacte (Riley [7])
la conception évolutive de la prochaine génération.

1.3.4 Modèle CANDU 9 2. Description des centrales


En se fiant sur le succès des réacteurs de Pickering, Ontario nucléaires CANDU
Hydro et EACL ont décidé de construire une centrale de quatre
tranches plus grande et intégrée à Bruce au cours des années 1970
avec une puissance par tranche de l’ordre de 900 MWe. EACL a 2.1 Conception de l’îlot nucléaire
entrepris les travaux de conception et d’ingénierie du réacteur. Le
site de Bruce a été augmenté de huit réacteurs du palier 900 MWe
au cours des années 1980, et quatre tranches supplémentaires du Les caractéristiques essentielles du réacteur CANDU sont l’utili-
palier 900 MWe ont été mises en service à Darlington au début des sation :
années 1990. La toute dernière version de ces modèles est la — d’uranium naturel ou d’autres combustibles à faible teneur en
centrale à tranche unique CANDU 9. matériaux fissiles ;
Le réacteur CANDU 9 suit la méthode de base adoptée pour le — de tubes de force horizontaux contenant le combustible ;
réacteur CANDU 6 (Yu [6]). Il s’agit d’un réacteur de 935 MWe — de caloporteur à eau lourde à haute pression ;
fondé sur le modèle des centrales multitranches de Darlington et — de modérateur à eau lourde à basse température ;
de Bruce B avec certaines améliorations supplémentaires attribua- — d’alliage de zirconium à faible absorption de neutrons pour
bles aux programmes d’ingénierie et de recherche en cours. Étant les structures du cœur et le gainage du combustible.
donné qu’un des risques importants associés aux projets électro- Le tableau 2 présente les caractéristiques principales des réac-
nucléaires est occasionné par les retards dus aux activités d’auto- teurs CANDU.
risation, EACL a présenté la conception du réacteur CANDU 9 à
l’organisme de réglementation nucléaire canadien (CCEA) pour Les tubes de force qui contiennent le combustible et le calopor-
examen, et il a été confirmé qu’il n’y a pas de barrière conceptuelle teur du circuit primaire, permettent l’utilisation d’un circuit modé-
au processus d’autorisation de ce réacteur au Canada. Le réacteur rateur distinct à basse pression dans lequel fonctionnent les
CANDU 9 a été conçu pour une durée de vie d’exploitation de dispositifs de réglage de la réactivité. Le cœur ne contient pas une
60 ans avec des mesures de gestion de la durée de vie comprenant grande quantité d’excédent de réactivité. À la place, il utilise le

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Tableau 2 – Caractéristiques principales des réacteurs CANDU


Caractéristiques Descriptions CANDU 6 CANDU 9

Puissance thermique brute ................................................................ 2 064 MW 2 716 MW


Puissance électrique brute ................................................................. 715 MW 935 MW
Puissance électrique nette.................................................................. 665 MW 875 MW
Rendement net .................................................................................... 32,2 % 32,2 %
Calandre Type : cylindre horizontal soudé en acier inoxydable (austénitique)
(cuve) Diamètre extérieur du réservoir de blindage de la calandre........... sans objet 13,38 m
Diamètre extérieur de la calandre ..................................................... 8,09 m 8,09 m
Épaisseur ............................................................................................. 25,4 mm 32 mm
Longueur hors tout ............................................................................. 7,82 m 8,2 m
Nombre de tubes de cuve en Zircaloy 2 de 4,06 mm d’épaisseur.. 380 480
Cœur Nombre de canaux de combustible .................................................. 380 480
Pas de réseau (carré) .......................................................................... 28,6 cm 28,6 cm
Rayon du cœur .................................................................................... 314,3 cm 353,2 cm
Longueur du cœur .............................................................................. 594,4 cm 594,4 cm
Épuisement de décharge moyen du combustible............................ 7 500 MWj/t 8 520 MWj/t
Tubes de force Nombre de tubes de force en alliage Zr-Nb (2,5 % Nb)................... 380 480
Longueur ............................................................................................. 6,3 m 6,3 m
Diamètre intérieur ............................................................................... 103,4 mm 103,4 mm
Épaisseur ............................................................................................. 4,19 mm 4,19 mm
Combustible Type : grappes de 37 éléments combustibles d’UO2 avec pastilles
d’UO2 frittées
Nombre de grappes par canal ........................................................... 12 12
Nombre total de grappes dans le réacteur ....................................... 4 560 5 760
Diamètre de l’élément combustible .................................................. 12,16 mm 12,16 mm
Matériau de gainage des éléments ................................................... Zircaloy 4 Zircaloy 4
Longueur d’une grappe ...................................................................... 495 mm 495 mm
Diamètre extérieur d’une grappe....................................................... 102,4 mm 102,4 mm
Masse d’une grappe ........................................................................... 24,1 kg 24,1 kg
Masse totale du combustible à UO2 dans le réacteur...................... 95 t 110 t
Modérateur Titre en D2O ......................................................................................... 99,75 % (en masse) 99,75 % (en masse)
Température d’entrée ......................................................................... 49 oC 49 oC
Température de sortie ........................................................................ 77 oC 75 oC
Circuit Débit massique total (pour 4 générateurs de vapeur) ..................... 7 600 kg/s 11 000 kg/s
du caloporteur Température :
– à l’entrée dans le cœur .................................................................... 266,6 oC 267 oC
– à la sortie du cœur ........................................................................... 312 oC 312 oC
Pression :
– à l’entrée dans le cœur .................................................................... 11,04 MPa (110,4 bar) 11,04 MPa (110,4 bar)
– à la sortie du cœur ........................................................................... 9,9 MPa (103 bar) 9,9 MPa (103 bar)
Nombre de générateurs de vapeur ................................................... 4 4
Matériau du tube des générateurs de vapeur .................................. Incoloy 800 Incoloy 800
Débit de vapeur total (pour 4 générateurs de vapeur)..................... 1 047 kg/s 1 328,4 kg/s
Enceinte Bâtiment en béton postcontraint
de confinement Peau d’étanchéité................................................................................ époxyde acier
Forme du dôme................................................................................... dôme elliptique dôme hémisphérique
Diamètre interne ................................................................................. 41,45 m 57 m
Diamètre extérieur .............................................................................. 43,59 m 60 m
Hauteur totale...................................................................................... 51,21 m 71,5 m
Résistance à la pression ..................................................................... 124,1 kPa (1,24 bar) 210 kPa (2,1 bar)

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principe de remplacement du combustible réacteur en marche L’enveloppe de la calandre est fermée et supportée par des
pour maintenir une réactivité positive suffisante et pour obtenir écrans axiaux à chaque extrémité. Chaque écran axial comprend
une combustion massique optimale du combustible. Cette caracté- une plaque tubulaire intérieure et une extérieure reliées par les
ristique contribue à des facteurs de disponibilité élevés et à une tubes du réseau et une virole périphérique. Les espaces entre les
certaine flexibilité pour le choix des périodes d’arrêt, étant donné plaques tubulaires intérieure et extérieure des deux écrans axiaux
que les réacteurs CANDU ne nécessitent pas d’arrêt pour le rechar- sont remplis de billes d’acier et maintenus à une température
gement. constante par l’eau ordinaire qui circule. Ce blindage permet au
personnel d’avoir accès à la face du réacteur pendant l’arrêt du
réacteur.
2.2 Cœur du réacteur Les dispositifs de réglage de la réactivité montés verticalement
comprennent :
— les barres liquides partielles, sous forme de 14 comparti-
Les canaux de combustible du cœur du réacteur CANDU (Cole- ments au total, dans lesquels on peut faire varier le niveau d’eau
man [8]) sont contenus dans une cuve cylindrique horizontale, la ordinaire pour répondre aux exigences de commande du système
calandre, et sont supportés par celle-ci. Les canaux se trouvent sur de réglage du réacteur ;
un pas de réseau carré. La calandre contient le modérateur à eau — les barres de compensation qui remplissent deux fonctions :
lourde, qui ralentit les neutrons rapides produits par la fission à réduction du pic de flux neutronique, pendant le fonctionnement
des niveaux d’énergie thermique leur permettant d’entretenir la normal, par absorption de neutrons quand les barres de
réaction de fission en chaîne. Les grappes de combustible, qui se commande sont insérées, et surréactivité antixénon à la suite
trouvent dans les tubes de force, produisent la chaleur qui est d’une réduction de puissance ou d’un arrêt, par retrait des barres
dissipée par le caloporteur primaire à eau lourde sous pression qui de commande ;
circule dans les tubes de force. Ce caloporteur chaud est ensuite
— les barres d’arrêt d’urgence qui font chuter les barres
utilisé pour produire la vapeur d’eau ordinaire dans les généra-
d’absorption de neutrons dans le cœur du réacteur pour arrêter le
teurs de vapeur. Les dispositifs, horizontaux et verticaux, de
réacteur quand un déclenchement est activé dans le SAU1 du sys-
réglage de la réactivité passent dans le modérateur qui circule
tème de protection du réacteur ;
dans la calandre entre les canaux de combustible. Les tubes de
force sont isolés thermiquement du modérateur par un isolant — les barres de commande mécaniques qui se trouvent norma-
gazeux qui se trouve entre eux et les tubes de cuve. L’isolant lement à l’extérieur du cœur. Elles sont insérées pour compléter la
gazeux est également utilisé pour détecter les fuites dans les tubes réactivité négative des barres de commande à eau ordinaire ou on
de force ou les tubes de cuve. les fait chuter pour effectuer une réduction rapide de la puissance.

La calandre est une cuve cylindrique fermée à chaque extrémité Ces dispositifs verticaux de réglage de la réactivité sont placés
par un écran axial plat. Les écrans axiaux supportent les canaux de dans la calandre à l’intérieur de tubes-guides qui passent dans des
combustible et assurent le blindage de l’enceinte du réacteur pour chaussettes et dans le réseau de tubes de la calandre. Ils sont assu-
limiter l’activation pendant l’exploitation et pour permettre l’accès jettis au fond de la virole de la calandre. Les mécanismes d’entraî-
en vue de l’entretien lors d’un arrêt de la centrale. nement et les connexions électriques sont accessibles sur la plate-
forme des mécanismes de réactivité.
La calandre cylindrique et les écrans axiaux sont enfermés dans
les murs d’extrémité de l’enceinte du réacteur et supportés par Les dispositifs de réglage de la réactivité montés à l’horizontale
ceux-ci. La calandre contient le modérateur à eau lourde et le comprennent :
circuit modérateur est indépendant du caloporteur à eau lourde — les chambres d’ionisation, trois de chaque côté, qui détectent
sous pression qui circule dans les tubes de force des canaux de le flux neutronique ;
combustible. La figure 2 représente un schéma du cœur du réac- — les détecteurs de flux horizontaux qui détectent les niveaux
teur CANDU 6. Dans le cas du réacteur CANDU 9, un réservoir de de flux neutronique à l’intérieur des régions locales du cœur du
blindage en acier rempli d’eau ordinaire est intégré à la calandre réacteur ;
pour former un ensemble calandre-réservoir de blindage. — les tubulures d’injection de poison qui permettent l’injection
rapide de la solution de nitrate de gadolinium neutrophage dans le
modérateur quand les détecteurs de déclenchement actionnent le
système d’arrêt d’urgence n° 2 (SAU2).

2.3 Circuit primaire


Barres d’arrêt Le circuit primaire fait circuler l’eau lourde sous pression dans
et de
commande
les canaux de combustible du réacteur pour dissiper la chaleur pro-
Enceinte duite par la fission. Le caloporteur primaire transporte la chaleur
aux générateurs de vapeur où elle est transférée à l’eau ordinaire
Bouclier axial pour produire de la vapeur. Cette vapeur entraîne à son tour le
de la calandre turboalternateur ou bien elle peut être utilisée comme vapeur
Calandre
Tubes de liaison industrielle.
Canaux de Les circuits primaires du réacteur CANDU sont la plupart du
combustible
temps en acier au carbone, qui est ductile, facile à souder et facile
Injection à inspecter. Des exigences particulières régissent les matériaux du
de poison circuit primaire pour limiter la corrosion et le transport de subs-
tances radioactives (faible teneur en cobalt et limite minimale pour
la teneur en chrome, par exemple). Le contrôle chimique du calo-
porteur primaire doit répondre à deux exigences principales. La
première est le maintien de faibles concentrations d’oxygène dis-
sous. Cela assurera de faibles vitesses de corrosion de l’alliage de
Figure 2 – Structure du réacteur CANDU 6 zirconium et de l’acier au carbone. La deuxième est une alcalinité

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appropriée, pour assurer de faibles vitesses de corrosion accepta- mique élevé. La pression de service (manométrique) du circuit pri-
bles de l’acier au carbone et limiter le transport de substances maire (collecteur de sortie) est de 9,9 MPa. Afin de maximiser le
radioactives. rendement thermique unitaire, l’ébullition est permise dans le
Le circuit primaire a une disposition de boucle en huit dans cœur à haute puissance, ce qui donne une qualité vapeur du col-
laquelle le caloporteur circule. Les tubes de liaison relient les extré- lecteur de sortie allant jusqu’à 4 % à pleine puissance.
mités d’entrée et de sortie des canaux de combustible respective- Les générateurs de vapeur sont constitués de faisceaux de tubes
ment aux collecteurs d’admission et de sortie. Chaque collecteur en U inversés verticaux avec préchauffeur intégré. Les tubes des
d’admission du réacteur dessert un quart des canaux de combus- générateurs de vapeur sont en Incoloy 800 qui a fait preuve de sa
tible du réacteur. Le caloporteur circule dans le circuit primaire qui fiabilité dans les générateurs de vapeur des réacteurs CANDU en
comprend les générateurs de vapeur, les pompes primaires, les service. Le caloporteur saturé circule des collecteurs de sortie du
collecteurs d’admission du réacteur, ainsi que deux boucles dans le réacteur aux tubes en U des générateurs de vapeur, puis les pom-
réacteur CANDU 6 comme l’illustre la figure 3. Chaque boucle des- pes primaires font circuler le caloporteur primaire sous-refroidi
sert 190 des 380 canaux de combustible du réacteur. Les canaux de vers les collecteurs d’entrée du réacteur.
combustible sont répartis dans les deux boucles au plan central La pompe primaire est entraînée par un moteur à induction à
vertical du réacteur. cage d’écureuil vertical, refroidi par air et de type fermé. Un accou-
La circulation dans les canaux de combustible est bidirection- plement amovible raccorde le moteur à la pompe. Quand on
nelle (c’est-à-dire en sens opposé dans les canaux adjacents). Les enlève l’accouplement, cela permet de déposer les joints et les
tubes de liaison sont dimensionnés de façon que la circulation du paliers de la pompe sans déposer le moteur. L’étanchéité de l’arbre
caloporteur dans chaque canal soit proportionnelle à la puissance de la pompe est assurée grâce à trois joints mécaniques et à un
du canal. L’augmentation d’enthalpie du caloporteur est par consé- joint d’appoint en série. Chaque joint mécanique est conçu pour
quent la même pour chaque canal de combustible. supporter la pression différentielle intégrale. Tous les joints se
Les générateurs de vapeur, les pompes primaires et les collec- trouvent dans une cartouche amovible.
teurs sont situés au-dessus du réacteur. Cela permet au calopor- Le circuit de refroidissement des joints fournit l’eau lourde refroi-
teur primaire de s’écouler jusqu’à l’élévation du collecteur en vue die et filtrée pour la lubrification et le refroidissement des joints
de l’entretien des pompes primaires et des générateurs de vapeur, mécaniques des pompes primaires. L’eau lourde refroidie est ache-
et facilite également le fonctionnement en thermosiphon (circula- minée par les pompes d’alimentation d’eau lourde dans le circuit
tion naturelle) quand les pompes primaires sont indisponibles et de contrôle volumétrique de la pression. Un refroidissement
quand le réacteur est arrêté. d’appoint provient de l’intérieur du corps de la pompe.
Le principal avantage de l’utilisation de l’eau lourde comme Le circuit de refroidissement à l’arrêt, capable de fonctionner à
caloporteur dans le réacteur CANDU est sa faible absorption de la température et à la pression maximales du circuit primaire, per-
neutrons. La pression de service du circuit primaire est un des élé- met de dissiper la chaleur résiduelle du réacteur lors des arrêts
ments essentiels qui permettent d’optimiser le cycle du réacteur d’urgence et des arrêts pour entretien. Ce circuit permet également
CANDU. La haute pression du circuit primaire permet une haute la vidange des pompes et des générateurs de vapeur dans le circuit
température de service du caloporteur et donc un rendement ther- primaire pour l’entretien.

Pressuriseur

Générateur Générateur
de vapeur de vapeur

Cuve
Circuit primaire Circuit primaire
Boucle 1 Boucle 2

Pompe Pompe
primaire primaire
Canal de
combustible
Collecteur Collecteur
d’admission d’admission

Collecteur de sortie Collecteur de sortie

Eau lourde, vapeur

Circuit primaire, admission d’eau lourde

Circuit primaire, sortie d’eau lourde Figure 3 – Schéma du circuit primaire


du réacteur CANDU

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La purification par filtration, l’échange d’ions et le dégazage ainsi des instructions de niveau supérieur, à contrôler et à superviser plu-
que l’ajout de produits chimiques maintiennent les conditions chi- tôt qu’à effectuer une commande manuelle. Cette commande est
miques et la pureté du caloporteur primaire. accrue par l’intervention du système de sécurité entièrement auto-
Les sources de fuite d’eau lourde sont réduites au minimum en uti- matisé qui laisse plus de 50 minutes à l’opérateur pour prendre des
lisant, dans la mesure du possible, des constructions soudées et des décisions dans le cas de perturbations ou d’accidents.
robinets à soufflet. Les sources de fuite éventuelles sont raccordées Le système de commande de la centrale dans le cas du réacteur
au circuit de collecte des fuites d’eau lourde du circuit primaire. CANDU 6 actuel comprend deux systèmes de commande par
ordinateurs numériques indépendants DCCX et DCCY, d’une
défaillance toutes les 10 000 sollicitations. Les ordinateurs de
2.4 Circuit modérateur commande de la centrale contrôlent toutes les fonctions princi-
pales et notamment le réacteur, le modérateur, le circuit primaire
Le modérateur à eau lourde dans la calandre est utilisé pour et les systèmes de la turbine. La commande numérique directe
ralentir les neutrons rapides produits dans le processus de fission. continue du réacteur en manipulant les dispositifs de réglage de
L’eau du modérateur circule dans la calandre et les échangeurs de la réactivité assure en permanence des performances optimales du
chaleur du modérateur pour dissiper la chaleur produite (principa- réacteur.
lement en raison du réchauffement gamma) pendant le fonctionne- Dans le cas où des anomalies seraient détectées, la commande
ment du réacteur. La chaleur du modérateur est rejetée vers le numérique directe de la puissance du réacteur, en utilisant les
circuit d’eau de refroidissement qui recircule. La pression de ser- algorithmes de réduction rapide et lente de la puissance, évite de
vice à la surface libre du modérateur correspond à la pression du déclencher le système par le biais de systèmes d’arrêt d’urgence
circuit de gaz de couverture normal (environ 240 kPa). spéciaux. Cela permet de corriger rapidement les anomalies de
Le circuit modérateur est entièrement indépendant du circuit pri- processus et de reprendre la production de puissance.
maire et fonctionne à des basses températures (inférieures à 80 oC) Les programmes de contrôle de processus des systèmes de
et pressions. Il comprend des pompes et des échangeurs de cha- commande assurent la commande numérique directe de la pres-
leur redondants, et il est raccordé au circuit d’épuration, au circuit sion de vapeur, de la température du modérateur, du niveau des
de poison liquide, au circuit du gaz de couverture, au circuit générateurs de vapeur, du circuit primaire, de la vitesse et de la
d’échantillonnage de l’eau lourde, aux dispositifs de contrôle charge de la turbine et des machines de manutention du combus-
horizontaux et au circuit d’alimentation de l’eau lourde. Pendant le tible.
fonctionnement normal, l’inventaire est maintenu par le circuit Les processus principaux sont tous commandés entièrement par
d’alimentation pour remplacer l’eau lourde extraite du circuit en l’ordinateur à partir de tous les états, de la puissance nulle à chaud
vue de sa reconcentration. à la production d’électricité, avec supervision de l’opérateur (entrée
Le gros volume d’eau lourde dans la calandre fonctionne comme du point de consigne pour l’état général de la centrale).
une source froide dans le cas peu probable d’un accident de perte Le chargement du réacteur se fait réacteur en marche,
de caloporteur coïncidant avec la défaillance du refroidissement commandé essentiellement par ordinateur. Le rôle de l’opérateur
d’urgence du cœur. La capacité de cette source froide est assurée consiste à diriger les étapes de commande numérique de l’opéra-
en maintenant la température de l’eau lourde de la calandre dans tion de chargement du combustible.
des limites prescrites et en offrant un moyen d’appoint.

2.5 Système de rechargement réacteur 2.6.2 Système de commande réparti


en marche Dans le réacteur CANDU 9, le système de commande par ordi-
nateur numérique ci-avant est remplacé par un système de
Le système de rechargement du combustible comprend deux
machines de manutention identiques et interchangeables. Lors commande réparti pour remplir la plupart des fonctions de com-
mande du groupe 1 (figure 4). En plus de mettre en œuvre les
d’un processus normal de rechargement, les machines de manu-
tention sont raccordées par télécommande aux deux extrémités du fonctions de commande du groupe 1, ce système se charge d’une
partie de l’acquisition des données relatives à la commande
même canal. Le processus est commandé semi-automatiquement
(groupe 1) pour la surveillance, la signalisation d’alarme, l’affi-
par un opérateur situé à distance, dans la salle de commande prin-
cipale. Le chargement s’effectue normalement le réacteur en mar- chage et les fonctions d’enregistrement des données effectuées
par le système de visualisation de la centrale. Le système de
che, le circuit primaire fonctionnant aux plages d’exploitation
normales. Une machine charge le combustible neuf à une extré- commande réparti reçoit et exécute également les instructions de
l’opérateur entrées par le système de visualisation de la centrale,
mité du canal et l’autre machine décharge le combustible irradié de
(MacBeth [9] et Arapakota [10]).
l’autre extrémité. Après cette étape, la machine de manutention est
manœuvrée à distance pour décharger le combustible irradié dans Le système de commande réparti est un système de commande
la piscine de stockage. Les tubes de force en alliage de zirconium numérique modulaire qui utilise un certain nombre de contrôleurs
sont raccordés à un prolongement de canal en acier inoxydable qui numériques programmables reliés au bus de données. La méthode
assure un raccordement de tubes au circuit primaire et un raccor- de transmission des données du bus de données assure une très
dement mécanique à la machine de manutention. haute sécurité des données. Le système comprend les caractéris-
tiques complètes de détection des défaillances, de redondance et
de permutation pour garantir une immunité élevée aux défail-
lances aléatoires des composants.
2.6 Instrumentation
Toutes les fonctions de commande sont mises en œuvre par des
et contrôle-commande programmes dans des petits processeurs puissants qui sont utili-
sés par paires redondantes. Les processeurs sont programmés en
2.6.1 Système de commande par ordinateur utilisant des schémas de principe de commande.
numérique Le système de commande réparti est séparé en cinq segments
fonctionnels indépendants, un pour chacun des groupes princi-
Dans l’ensemble, la commande d’une centrale CANDU est des plus paux des systèmes de la centrale. Cette séparation fonctionnelle
automatisées, de sorte que le rôle de l’opérateur consiste à donner assure une défense contre les défaillances de mode commun.

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SALLE DE COMMANDE PRINCIPALE SALLE DE COMMANDE SECONDAIRE


Interfaces des systèmes Interfaces des systèmes Interfaces (groupe 2)
de processus (groupe 1) de sûreté
Pupitres Panneaux Dispositifs Panneaux Dispositifs Panneaux Dispositifs
postes postes de panneau postes de panneau postes de panneau
de travail de travail câblés de travail câblés de travail câblés

ISO

ISO ISO

ISO
SVC MSS MSS
ISO
Groupe 1 Groupe 2

ISO ISO ISO ISO ISO


SYSTÈME DE COMMANDE RÉPARTIE

SAU1 SAU2 SAS


SRR CP GV

AUX CC MC ENC RUC

Capteurs et actionneurs de Capteurs et actionneurs des Capteurs et actionneurs


commande (groupe 1) systèmes de sûreté (groupe 1) des systèmes (groupe 2)

liaison de transmission ISO Isolement des signaux ou mémoire tampon


Câblages signaux MC Manutention du combustible
AUX Logique de commande des systèmes auxiliaires RUC Refroidissement d’urgence du cœur
ENC Isolement de l’enceinte SAS Systèmes auxiliaires de sûreté
CC Logique de commande de la centrale classique SAU Système d’arrêt d’urgence
CP Logique de commande du circuit primaire SRR Logique de commande du système de réglage du réacteur
MSS Moniteur des systèmes de sûreté SVC Systèmes de visualisation de la centrale
GV Logique de commande des générateurs de vapeur

Figure 4 – Vue d’ensemble de l’instrumentation et du contrôle-commande du réacteur CANDU 9

2.6.3 Système de visualisation de la centrale quences sur les objectifs d’exploitation. Le système de liste de
messages de signalisation par ordinateur (CAMLS), validé dans
Le système de visualisation de la centrale et les contrôleurs du des simulateurs intégraux en utilisant les opérateurs autorisés des
système de sûreté représentent l’évolution logique de l’application centrales CANDU, est un système numérique qui permet de
satisfaisante des ordinateurs numériques dans d’autres centrales réduire les coûts d’exploitation de la centrale.
CANDU. Chacun est des plus redondants et des plus modularisés La série actuelle d’affichage de contrôle de procédés du réacteur
de façon à maintenir la disponibilité des fonctions au-dessus de CANDU 6 comprend un ensemble (synoptiques) d’affichages
99 %. Une grande disponibilité est rendue possible en s’assurant d’ensemble de niveau supérieur en plus des affichages des sys-
que chacun des sous-systèmes importants est soit double, soit à tèmes et des composants qui existent actuellement. Les affichages
redondance modulaire. Tous les sous-systèmes, à l’exception des conçus pour le contrôle des points de consigne du procédé ont été
postes graphiques de l’opérateur, sont doubles. Le nombre et la mis à jour pour contenir les informations associées aux mesures
disposition des postes de l’opérateur assurent une redondance suf- de commande afin de déterminer l’état de la fonction, la dispo-
fisante des systèmes. nibilité de la fonction et la rétroaction pour surveiller les perfor-
Une signalisation par ordinateur permet de réduire l’inattention mances satisfaisantes de la fonction.
de l’opérateur ainsi que la charge de travail cognitive, et d’aider Les grands affichages d’ensemble sont un ajout important à la
l’opérateur à interpréter l’état de la centrale ainsi que ses consé- salle de commande. Ils sont conçus pour mieux prendre

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conscience de la situation et faciliter le travail de l’équipe d’exploi- de visualisation des messages d’alarme et affichage d’ensemble
tation. Ces dispositifs constituent pour l’opérateur un moyen central) sur le panneau de la salle de commande principale à
d’appeler n’importe quel affichage du système de visualisation de l’avant du pupitre principal.
la centrale dans un format lisible par tous ceux qui se trouvent
dans la salle de commande. Les affichages sont par conséquent
dynamiques et peuvent être choisis pour maximiser les aides aux
opérateurs dans le cas des différentes situations d’exploitation de
la centrale (arrêts, immobilisations lors de la production d’énergie 3. Caractéristiques de sûreté
et lors des urgences).

2.6.4 Système de gestion postaccidentelle 3.1 Systèmes d’arrêt des réacteurs


Un système de gestion postaccidentelle et un contrôleur du sys-
Le réacteur CANDU 9 est équipé de deux systèmes d’arrêt pas-
tème de sûreté ont également été prévus pour le réacteur
sifs différents qui sont indépendants l’un de l’autre et du système
CANDU 9. Il s’agit d’un système câblé classique comprenant des
de réglage du réacteur, lequel fonctionne également lors d’anoma-
dispositifs discrets montés sur panneau placés dans la salle de
lies pour réduire rapidement la puissance.
commande principale et dans la salle de commande secondaire. La
gestion postaccidentelle du réacteur CANDU 9 a pour fonctions de Le système d’arrêt d’urgence n° 1 (SAU1) comprend des barres
fournir à l’opérateur : d’arrêt mécaniques qui chutent dans le cœur quand un signal de
— les informations nécessaires pour surveiller les conditions déclenchement met hors circuit les embrayages qui les retiennent
postaccidentelles dans la centrale ; à l’extérieur du cœur.
— les mécanismes de contrôle appropriés pour qu’il soit capable Le système d’arrêt d’urgence n° 2 (SAU2) injecte une solution
de maîtriser la situation postaccidentelle. concentrée de nitrate de gadolinium dans le modérateur à basse
Le contrôleur du système de sécurité du réacteur CANDU 9 pression pour rendre rapidement le cœur sous-critique. L’injection
dispose de moyens pour effectuer les essais automatiques des est mise en œuvre par l’ouverture de robinets à action instantanée
systèmes de sûreté spéciaux (Canada [11]). Les deux contrôleurs pour mettre sous pression d’hélium les réservoirs de poison indi-
du système de sûreté assurent la surveillance, les essais et le viduels associés à chacune des tubulures d’injection.
traitement des données pour le système de sûreté spécial du Chaque système d’arrêt d’urgence utilise des paramètres de
groupe 1 et pour les systèmes du groupe 2. Les informations détection indépendants ( paramètres de déclenchement ) pour
des ordinateurs de chaque chaîne des systèmes de sûreté spé- chaque défaillance du procédé qu’il est censé détecter. L’instru-
ciaux individuels sont transmises aux contrôleurs des systèmes mentation pour mesurer chaque paramètre de déclenchement est
de sûreté. triple, et déclenche systématiquement le réacteur selon une logi-
que de deux sur trois par l’intermédiaire d’un arrêt automatisé.
Chacune des trois chaînes logiques correspondant à un paramètre
2.7 Centre de commande particulier est séparée des deux autres. La logique de décision de
déclenchement pour chaque système d’arrêt d’urgence est mise en
œuvre par des ordinateurs de déclenchement numériques triples
Le centre de commande avancé du réacteur CANDU conserve qui adoptent des méthodes d’élaboration du logiciel et des tech-
tous les éléments qui ont fait leur preuve dans les réacteurs niques mathématiques rigoureuses de vérification du logiciel.
CANDU en exploitation avec en plus toutes les caractéristiques Les mesures neutroniques et de procédé indépendantes sont uti-
intégrées ci-avant. En outre, des améliorations ont été apportées et lisées pour déclencher les deux systèmes d’arrêt d’urgence. Les
les performances ont été éprouvées en un tout intégré dans une mesures neutroniques proviennent des détecteurs autogénérateurs
maquette à EACL ainsi que dans diverses applications mises en de flux dans le cœur et des chambres d’ionisation. Les mesures de
œuvre dans les centrales CANDU en exploitation. procédé comprennent la pression et le débit du caloporteur, la
L’objectif de conception des caractéristiques du centre de pression du bâtiment réacteur, le niveau bas des générateurs de
commande avancé est d’améliorer l’exploitabilité de la centrale, de vapeur, le niveau bas du pressuriseur, la basse pression des tubes
diminuer les possibilités d’erreurs attribuables à l’opérateur ou au de liaison des générateurs de vapeur ainsi que le niveau du modé-
préposé à l’entretien et de permettre d’atteindre des facteurs de rateur. Des déclenchements manuels sont prévus dans la salle de
charge de production élevés tout en maintenant les niveaux de commande principale et dans la salle de commande secondaire.
sûreté et en fournissant des capacités d’entretien et de diagnostic Toutes les informations relatives aux paramètres de déclen-
améliorées. chement et à l’état et au fonctionnement des systèmes d’arrêt
L’objectif global de la conception des fonctions d’interface de d’urgence sont affichées sur des panneaux spéciaux dans la salle
l’opérateur est de donner libre accès aux données actuelles et de commande principale. Des informations suffisantes pour la sur-
enregistrées sur tous les systèmes de la centrale, et de fournir des veillance postaccidentelle sont également prévues dans la salle de
moyens pour les instructions de l’opérateur. Ces fonctions d’inter- commande secondaire.
face de l’opérateur sont conçues conformément aux principes Un système de surveillance et d’essai assisté par ordinateur
conceptuels acceptés des facteurs humains. Les activités de vérifi- renseigne l’opérateur sur les paramètres des systèmes d’arrêt
cation et de validation assurent une interface fonctionnelle centre d’urgence et l’aide à effectuer les essais. Le système guide l’opé-
de commande-humain. rateur, effectue les essais et enregistre les résultats. Dans le cas de
En plus des écrans du système de visualisation de la centrale chaque système d’arrêt d’urgence, l’instrumentation et la logique
dans les panneaux, la salle de commande principale du réacteur des paramètres de déclenchement sont mises à l’essai de façon
CANDU comprend un pupitre principal amélioré à écrans de visua- que le système complet soit éprouvé, de la détection variable à la
lisation. Depuis le pupitre principal, l’opérateur peut effectuer la mise en œuvre du déclenchement final (par exemple : barre d’arrêt
surveillance et le contrôle des dispositifs de la centrale quand elle éprouvée par chute partielle dans le cœur). La fréquence d’essai
passe de la puissance nulle à froid à la pleine puissance. Un poste dépend du critère d’indisponibilité et du taux de défaillance de
d’interrogation de la signalisation est prévu au pupitre principal de l’équipement pour chaque variable de déclenchement. Un essai
l’opérateur. Les pupitres sont disposés de façon à permettre à cesse dès qu’une autre chaîne de protection passe à l’état de
l’opérateur de voir sans obstacle la signalisation d’alarme (écrans déclenchement.

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3.2 Systèmes de refroidissement qui réduit considérablement les exigences de surface pour les
centrales CANDU 9. Cela représente un avantage important pour
d’urgence du cœur l’implantation de la centrale.
Le volume libre de l’enceinte de confinement est suffisant de
Le système de refroidissement d’urgence du cœur (SRUC) sorte qu’aucun système de suppression de pression n’est néces-
approvisionne le réacteur en caloporteur primaire à eau ordinaire saire à court terme pour maintenir la pression maximale après
et maintient le refroidissement du combustible en cas d’accident un LOCA au-dessous de la pression de calcul. La source froide
de perte de caloporteur. Le SRUC du réacteur CANDU se caracté- de l’atmosphère de confinement à long terme est assurée par
rise par une injection à haute pression provenant d’accumulateurs, les refroidisseurs d’air du bâtiment réacteur. Un agencement
suivie à long terme par une injection pompée et une recirculation judicieux de l’équipement à l’intérieur de l’enceinte de confine-
provenant du puisard du bâtiment réacteur. ment se traduit par de grands volumes ouverts avec de bonnes
La fiabilité du SRUC du réacteur CANDU 6 a été améliorée et le possibilités de circulation naturelle ce qui n’impose aucun piège
SRUC du réacteur CANDU 9 a été encore simplifié en réduisant le d’hydrogène.
nombre de robinets et en utilisant des disques de rupture anti- L’enveloppe de confinement assure l’étanchéité de toutes les
retour passifs pour séparer le caloporteur du réacteur du SRUC. pénétrations du bâtiment réacteur dès qu’une augmentation de la
Ceci améliore la fiabilité de fonctionnement des systèmes en cas pression de confinement ou du niveau de radioactivité est décelée.
d’accident de perte de caloporteur (LOCA) (Snell [12]). L’isolement automatique des conduites de ventilation qui pénètrent
Les améliorations essentielles du réacteur CANDU 9 et les simplifi- dans la structure de confinement a été amélioré et on a prévu deux
cations apportées à ce système de sécurité spécial comprennent : systèmes distincts et indépendants pour accroître la fiabilité. Le
système de ventilation de l’enceinte de confinement du réacteur
— le remplacement des vannes d’isolement de l’eau lourde par CANDU 9 fournit un mélange atmosphérique dans le bâtiment
des disques de rupture antiretour ; réacteur à la suite d’un accident de perte de caloporteur (LOCA)
— l’élimination des robinets d’injection à haute pression ; hypothétique. Des débits d’air de ventilation assurent un meilleur
— la disposition des réservoirs d’eau des SRUC à l’intérieur de mélange, avec allumeur/recombineur d’hydrogène complémen-
l’enceinte de confinement ; taire. Dans le cas des réacteurs CANDU 6 et CANDU 9, les disposi-
— des canalisations d’injection d’eau des SRUC plus courtes. tifs de contrôle d’hydrogène sont placés stratégiquement à des
Ces simplifications relatives aux SRUC du réacteur CANDU 9 endroits possibles d’accumulation à l’intérieur du bâtiment réac-
augmenteront la fiabilité de ce système de sûreté spécial par rap- teur. Des recombineurs catalytiques passifs sont prévus pour
port aux modèles antérieurs. L’élimination des vannes d’isolement contrôler la concentration d’hydrogène à long terme après un
et des robinets d’injection permet d’éviter les problèmes rencon- LOCA. Le contrôle à court terme est réalisé par les allumeurs
trés lors des essais des robinets du SRUC en raison de fuites (Snell [13]).
excessives des vannes d’isolement et du contournement intem-
pestif du cœur attribuable à des erreurs dans la séquence d’essai
des robinets sur les centrales en exploitation. Ces améliorations 3.4 Expérience d’exploitation et de sûreté
réduisent également les dépenses d’investissement tout en rédui-
sant considérablement les coûts d’exploitation et d’entretien pour Le réacteur CANDU 6 jouit d’une réputation internationale en
les essais, l’inspection, l’entretien et les réparations sur toute la tant qu’un des réacteurs les meilleurs et des plus sûrs au monde.
durée de vie de la centrale. Les performances de Gentilly 2 au Canada et d’autres types de
réacteurs CANDU 6 ont été examinées (Hyunh [14]) en 1997 et les
facteurs de charge pour les quatre premiers réacteurs de la géné-
3.3 Enveloppes de confinement ration CANDU 6 se situaient entre 81,3 % pour Gentilly 2 et 100 %
pour Wolsong 1 en 1996, ce qui représentait une amélioration
L’enceinte de confinement des réacteurs CANDU a évolué et est considérable par rapport à 1995. En 1995, la centrale de Pointe
passée d’un système à vide dans le cas des centrales multitranches Lepreau a été mise hors service pendant une longue période pour
intégrées, à un bâtiment de confinement à rétention de pression de gros travaux d’entretien : un corps étranger (laissé dans le
d’une tranche unique renfermant tous les systèmes et l’équipe- générateur de vapeur pendant l’entretien) était bloqué dans la roue
ment de refroidissement du cœur. de la pompe primaire. Les performances de ces quatre réacteurs
depuis leur mise en service à la fin du mois de novembre 1996
L’enveloppe de confinement du réacteur CANDU 6 comprend un étaient également bonnes, et se situaient entre 81,7 % et 88 %.
bâtiment en béton postcontraint avec des systèmes de suppression L’analyse de la perte de production depuis la mise en service dans
de pression utilisant des systèmes d’aspersion d’eau à grand débit. le cas de Gentilly 2 révèle l’importance de la perte de production
Ces systèmes se sont révélés fiables. Toutefois, les exigences du prévue due à des facteurs extérieurs, comme les restrictions du
client ont évolué, de sorte que le réacteur CANDU 9 comprendra réseau qui limitent la puissance de la centrale, et aux erreurs
maintenant le concept de grande enceinte de confinement à sec humaines. On a constaté qu’environ un tiers de la perte de produc-
utilisant la même peau d’étanchéité en acier dans un bâtiment en tion non prévue était due aux facteurs humains.
béton postcontraint classique et conçue pour une pression de
La centrale de Darlington, exploitée en Ontario, est équipée des
210 kPa. Si le programme général de lutte contre les accidents
tout derniers réacteurs du palier 900 MWe. Les quatre réacteurs
graves assure un juste équilibre entre les mesures de prévention et
étaient en service depuis juin 1993. Les caractéristiques de fonc-
d’atténuation, le rôle de l’enceinte de confinement en tant que
tionnement indiquent des performances de sûreté bonnes et des
mesure d’atténuation est toutefois important.
performances concurrentielles en utilisant des indicateurs clés
Le bâtiment du réacteur CANDU 9 est une construction en béton (Strickert [15]). On a constaté que le nombre de déclenchements de
postcontraint à peau d’étanchéité en acier qui assure le blindage réacteurs pour 7 000 heures de fonctionnement était inférieur à
biologique et constitue une enveloppe environnementale (c’est-à- 0,75 pour les quatre années d’exploitation jusqu’en 1996. Bien
dire une enveloppe de pression dans le cas peu probable d’un acci- qu’elle ne soit pas aussi tangible que les déclenchements de réac-
dent de perte de caloporteur). Le taux de fuite de calcul est de teurs, la disponibilité continue des systèmes de sûreté spéciaux
0,2 % volume par jour à la pression de calcul. En raison du taux de (Canada [11]) est également importante pour assurer la sûreté du
fuite de calcul inférieur de l’enceinte de confinement, le rayon de public. Entre 1993 et 1996, il y a eu au total six incidents d’indispo-
la zone d’exclusion autour d’un réacteur CANDU 9 peut faire au nibilité des systèmes ou 1,5 par an ce qui est inférieur à l’objectif
plus 500 mètres (aux conditions réglementaires internationales), ce de deux par an fixé pour Ontario Hydro. La dose collective de 1996

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pour Darlington a été de 0,30 personne-sievert par réacteur. Le fac- la centrale CANDU 6 de Pointe Lepreau au Nouveau-Brunswick
teur de charge annuel moyen pour les quatre réacteurs jusqu’en (Canada).
1996 se situe au-dessus de 85 % depuis la mise en service des Le combustible CANFLEX est conçu pour les applications à com-
quatre tranches. bustion massique supérieure dans les réacteurs CANDU et, par
conséquent, il sera utilisé comme support pour les combustibles
avancés, qui devraient offrir toute une variété d’autres avantages
au modèle PHWR CANDU. Les puissances inférieures faciliteront la
4. Combustible et cycles réalisation d’une combustion massique prolongée dans les réac-
teurs CANDU en réduisant les températures du combustible et
du combustible ainsi les dégagements de gaz de fission dans l’élément combus-
tible.

4.1 Combustible à uranium naturel 4.3 Uranium recyclé et autres cycles


du combustible
Les réacteurs CANDU présentent des avantages inégalés au
point de vue de l’utilisation de l’uranium. Le réacteur CANDU est
unique en son genre parmi les réacteurs industriels disponibles Leur faible besoin de matière fissile fait que les réacteurs
pour sa capacité à utiliser l’uranium naturel comme combustible. CANDU peuvent utiliser des combustibles provenant de sources et
Cela signifie que les approvisionnements en combustible sont sûrs de types différents. Ces caractéristiques permettent au réacteur
(aucun enrichissement n’est nécessaire) et qu’ils contribuent forte- CANDU de fonctionner avec toute une variété de combustibles à
ment à l’obtention des coûts de combustible faibles pour les réac- faible teneur en matière fissile.
teurs CANDU. De plus, le combustible à uranium naturel du Dans le processus de retraitement classique, l’uranium et le plu-
réacteur CANDU ne pose aucun problème de criticité à l’extérieur tonium sont séparés des produits de fission et d’autres actinides
du réacteur, de sorte que le stockage du combustible neuf et du qui se trouvent dans le combustible irradié. L’uranium récupéré
combustible irradié pour le réacteur CANDU est plus simple et de peut être facilement utilisé dans les réacteurs CANDU en exploita-
plus faible coût que pour les réacteurs à eau ordinaire. tion, avec des performances du combustible se situant dans l’enve-
loppe d’exploitation de l’uranium naturel (Donnelly [16]). En fait,
avec le combustible CANFLEX et l’aplatissement de la puissance
de canal, la puissance linéique maximale par élément pour tout le
4.2 Grappes de combustible combustible dans le cœur pourrait être réduite au-dessous de
à 37 et 43 éléments 40 kW/m, pratiquement aucun gaz de fission ne se dégageant dans
l’espace libre dans la gaine. Le 235U serait consommé presque
entièrement (0,2 %) dans les HWR (par rapport à 0,9 % dans les
Le combustible des réacteurs CANDU actuels, sous la forme de
REP) de sorte qu’il peut ne pas y avoir d’avantages économiques
grappes de combustible courtes et robustes (environ 50 cm de lon-
à recycler cette matière. Le combustible irradié du réacteur CANDU
gueur) à 37 éléments est relativement facile à fabriquer et à mani-
serait alors évacué après une période de stockage à sec, dans un
puler. Tous les pays qui ont des réacteurs CANDU en exploitation
dépôt de stockage permanent en profondeur en formation géolo-
ont trouvé qu’il était pratique et rentable de créer des installations
gique profonde.
de fabrication nationales dans le cadre de leur programme HWR
pour approvisionner en combustible tous leurs réacteurs. L’uranium récupéré pénalise de nombreux propriétaires de réac-
teurs à eau ordinaire en raison des complications de fabrication du
Le combustible CANDU a un taux de défectuosité exceptionnel- combustible avec de l’uranium récupéré réenrichi. Par conséquent,
lement bas, bien au-dessous de 0,1 % par grappe pour toutes les l’utilisation d’uranium récupéré dans les réacteurs CANDU semble-
causes de défauts. De plus, le système de rechargement réacteur rait être un moyen attrayant de réutilisation des déchets tout en
en marche du réacteur CANDU permet de détecter et retirer rapi- produisant en même temps de l’énergie supplémentaire.
dement tout combustible défectueux sans avoir besoin d’arrêter le
réacteur. La capacité d’évacuation du combustible défectueux du L’uranium récupéré provenant du combustible irradié retraité
réacteur CANDU assure que les niveaux de radioactivité dans le des réacteurs à eau ordinaire (REL) constitue une source d’appro-
circuit primaire sont maintenus à des niveaux exceptionnellement visionnement potentiellement économique d’enrichissement, au
bas. Cela entraîne les avantages correspondants suivants : faible niveau d’enrichissement optimal pour les HWR. Des études
volume de déchets provenant des circuits d’épuration, faibles conjointes avec les entreprises de retraitement du combustible ont
émissions dans l’environnement et faible dose professionnelle. confirmé la compatibilité de cette substance pour le réacteur
CANDU. Une évaluation préliminaire antérieure avait permis de
Une nouvelle grappe de combustible CANDU appelée CANFLEX, déterminer les avantages éventuels de cette matière dans le réac-
comportant 43 éléments en deux dimensions d’aiguille, a été mise teur CANDU, spécialement par rapport au réenrichissement dans
au point avec succès. La grappe CANFLEX a des conséquences un réacteur à eau ordinaire. Dans ce contexte, l’uranium recyclé est
positives considérables sur les performances globales d’exploita- disponible sur le marché libre et n’est associé d’aucune façon à la
tion et de sûreté. Quand elle fonctionne aux puissances des grap- décision de retraiter d’une compagnie d’électricité. L’utilisation de
pes actuelles, la puissance linéique maximale par élément est l’uranium recyclé fournira un combustible à combustion massique
réduite de 15 à 20 % selon la combustion massique. Le flux ther- supérieure et ainsi réduira le volume de combustible irradié d’envi-
mique critique et la puissance de canal critique sont augmentés en ron 50 %. Ce cycle du combustible convient tout particulièrement
raison des caractéristiques de dissipation thermique optimisée de aux propriétaires et exploitants des HWR qui n’ont pas accès à des
la grappe. Cela permettra de maintenir les marges d’exploitation ressources nationales d’uranium ni à la technologie de retraite-
élevée au fur et à mesure du vieillissement de la centrale. Les puis- ment classique du combustible irradié.
sances linéiques maximales inférieures des éléments combustibles
Le réacteur CANDU, en raison de son utilisation efficace des neu-
du combustible CANFLEX assureront également des marges de
trons pour un réacteur à modérateur à eau lourde, est également
sécurité supplémentaires.
exceptionnellement efficace pour obtenir de l’énergie économique
La grappe de combustible CANFLEX à uranium naturel est main- grâce au recyclage du combustible enrichi irradié. De nombreuses
tenant prête à être mise en service industriel. En septembre 1998, études ont confirmé la synergie du réacteur CANDU et des REL
une irradiation de démonstration de 24 grappes a été effectuée à (figure 5), le combustible irradié de ces derniers ayant une teneur

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Usine de traitement

MOX/0,9 % 235U/
Combustible actinides
enrichi MOX
3,5 % 235U

REP Combustible REP Combustible CANDU


irradié DUPIC
0,9% 235U 0,9% 235U
0,6 % Pu Voie sèche 0,6 % Pu

Figure 5 – Synergie du cycle du combustible CANDU/REP

fissile suffisante pour pouvoir être brûlé dans le réacteur CANDU de construction. On peut comparer l’économie relative de diverses
en tant que combustible à mélange d’oxyde d’uranium et de pluto- formes de production d’électricité en utilisant la méthode du coût
nium (MOX). De même, l’uranium et le plutonium du combustible unitaire moyen de l’énergie (CUME). Dans sa toute dernière étude,
irradié des REL peuvent être brûlés sans être séparés. Le procédé fondée sur les données des compagnies d’électricité présentées à
DUPIC (utilisation directe du combustible enrichi irradié dans le l’AEN/AIE, le Conseil National de Recherche du Canada (CNRC)
réacteur CANDU) qui permet de recycler les éléments (Moore [19]), a comparé l’économie de production d’électricité en
combustibles irradiés des REL en grappes de combustible CANDU utilisant le gaz naturel, le charbon, l’énergie nucléaire et l’énergie
sans faire l’objet d’un processus de séparation chimique par voie hydroélectrique. Les études du CUME utilisent un facteur de
humide est actuellement mis au point. Ces cycles du combustible charge hypothétique de 75 %, une durée de vie de 30 ans et un
de rechange présentent les avantages suivants : approvisionne- taux actualisé de 5 % comme référence. On a constaté que le
ment garanti pour le pays d’accueil qui manque de ressources CUME était inférieur dans le cas de l’énergie nucléaire par rapport
nationales, protection économique contre les effets du marché au charbon et au gaz naturel dans le Canada central. Les auteurs
d’uranium et besoins moindres en gestion du combustible irradié de cette étude concluent que l’énergie nucléaire avec le réacteur
(Meneley [17]). CANDU est une source d’électricité de base concurrentielle dans
La teneur fissile du mélange de plutonium et d’actinide supérieur les régions du Canada qui n’ont pas accès immédiat aux combus-
(un sous-produit de retraitement du combustible irradié du REL) tibles fossiles bon marché ni aux vastes ressources hydroélec-
est suffisante pour qu’il puisse être utilisé comme combustible triques de base. Le tableau 3 montre les données du CUME pour
dans le réacteur CANDU. L’absence d’uranium empêche la forma- les deux paliers de centrales HWR en exploitation au Canada utili-
tion de plutonium supplémentaire pendant l’irradiation. La teneur sées dans les études ci-avant.
fissile du mélange transuranien s’épuise rapidement du fait qu’il Une comparaison sommaire de la mise à jour de 1998 de l’étude
n’y a pas formation de plutonium. Il en résulte que le niveau de AEN/AIE sur les coûts prévus de production d’électricité a été présen-
flux neutronique augmente rapidement afin de maintenir la puis- tée lors de la dernière conférence de l’AIEA (Hudson [20]). Elle montre
sance du réacteur au niveau nominal. Le haut flux neutronique que les coûts de production moyens dans le cas des centrales
contribue à transmuter et à annihiler la matière toxique (Chan [18]). nucléaires de 11 pays différents sont de 32 $ US/MWh et de
Parmi les problèmes examinés (Chan [18]) figurent les pro- 49 $/MWh respectivement avec un taux actualisé de 5 et de 10 %.
blèmes posés par les faibles valeurs de neutrons retardés et de Toutefois, l’étude a utilisé une durée de vie hypothétique de 40 ans.
l’effet Doppler. Au taux actualisé de 5 %, le CUME (en $ US/MWh de 1996 avec un
taux de change de 1,3651 $ CND pour 1 $ US) va de 25 à 41 $ US/MWh
alors que le Canada est un des pays à avoir le CUME le plus bas. Cela
indique que les réacteurs à eau lourde peuvent être concurrentiels
par rapport aux autres types de réacteurs nucléaires.
5. Autres aspects
Dans le même document, on étudie également les critères de
de l’exploitation compétitivité économiques pour les réacteurs refroidis par eau
de la centrale évolutifs futurs. L’énergie nucléaire est une technologie capitalis-
tique. Les risques d’investissement des propriétaires sont supé-
rieurs dans le cas de cette technologie dans un contexte
commercial changeant et instable par rapport à une technologie
5.1 Coûts de construction demandant des investissements inférieurs. Avec la déréglementa-
tion et la privatisation de l’industrie électrique mondiale, le marché
et d’exploitation est moins certain pour les technologies très capitalistiques. Des
améliorations évolutives doivent être apportées aux réacteurs à
Les coûts de production d’électricité dans le cas des réacteurs à eau lourde futurs pour qu’ils restent concurrentiels. Des améliora-
eau dépendent de nombreux paramètres propres à chaque compa- tions sont actuellement à l’étude pour la réduction des coûts, et
gnie d’électricité et des dispositions financières relatives au projet elles consistent notamment à simplifier et à normaliser la concep-

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Tableau 3 – CUME au taux actualisé de 5 % (dollars canadiens de 1996/MWh)


Poste 2 × CANDU 6 2 × CANDU 9

Investissements ................................................. 25,1 23,0


Combustible....................................................... 3,3 3,1
Exploitation et entretien ................................... 11,4 8,1
CUME total ........................................................ 39,8 34,2

tion, à fixer des exigences réglementaires claires et stables, à effec- nombreuses années. Le système de stockage à sec actuel du
tuer une grande partie de la conception avant la construction, à combustible irradié, MACSTOR, a une durée de vie prévue de
utiliser des centrales multitranches avec construction par lots et à 50 ans.
adopter une construction modulaire avec une technologie Après 12 à 18 mois d’irradiation dans le réacteur CANDU, le
moderne comme les grues de très grande capacité. combustible à uranium naturel est déchargé du réacteur et trans-
porté à une piscine pour son stockage provisoire. Le modèle
compact de la grappe de combustible CANDU, et l’impossibilité de
5.2 Aspects environnementaux criticité des grappes de combustible à uranium naturel irradié des
réacteurs CANDU en stockage dans les piscines, ne demande
qu’un système de stockage en piscine simple. Le stockage provi-
Les centrales CANDU 6 au Canada, en République de Corée et en soire en piscine du combustible irradié des réacteurs CANDU 9
Argentine ont accumulé 50 réacteurs-années d’expérience depuis utilise des paniers de 60 grappes, les mêmes paniers qui seront uti-
leur mise en service. La majorité (70 %) des doses totales aux tra- lisés pour le stockage provisoire à sec futur. Ainsi, le transfert du
vailleurs sont accumulées pendant l’arrêt annuel. L’analyse des combustible des piscines aux dispositifs de stockage à sec sera
irradiations individuelles des travailleurs montre que seulement simplifié parce qu’il n’est pas nécessaire de transférer les grappes
quelques travailleurs ont dépassé une exposition de 20 mSv/an. La individuelles des râteliers de stockage provisoire aux paniers de
majeure partie du personnel de la centrale a reçu un débit d’expo- stockage à sec du combustible irradié comme c’est le cas dans les
sition inférieur à 10 mSv/an, et dans de nombreux cas inférieur à réacteurs CANDU 6 actuellement en exploitation.
5 mSv/an. Ainsi, le réacteur CANDU 6 continue à présenter des
Environ six ans après sa sortie du réacteur, le combustible
caractéristiques de faibles expositions.
CANDU irradié peut être transféré dans un dispositif de stockage
Les doses d’irradiation du public dépendent des types et des provisoire à sec, car sa radioactivité et sa puissance thermique ont
quantités de radio-isotopes libérés et des conditions géogra- suffisamment baissé. Le stockage à sec sur le site, dans des silos
phiques, démographiques et atmosphériques autour d’une cen- en béton, était utilisé dans les centrales CANDU 6 depuis 1989. Les
trale. Dans le cas du réacteur CANDU, les rejets dans l’air de modules MACSTOR, constructions monolithes en béton refroidies
tritium et de carbone 14 tendent à être prédominants dans la dose par air améliorées pour le stockage à sec, nécessitent moins de
très faible calculée pendant l’exploitation normale. Les doses cal- surface que les silos en béton pour la même quantité de combus-
culées relatives à l’exploitation des réacteurs CANDU 6 continuent tible irradié et ils conviennent pour le stockage provisoire d’assem-
à représenter une faible fraction des limites réglementaires. Elles blages combustibles irradiés provenant des réacteurs CANDU ainsi
se situent bien au-dessous de la nouvelle limite de 1 mSv/an pré- que d’autres types de réacteurs (REP, REB, VVER).
conisée par la recommandation n° 60 de la CIPR (voir l’article Il découle de l’expérience d’EACL en matière de stockage du
[B 3 904] Principes et normes de radioprotection ). combustible que la gestion à moyen terme du combustible CANDU
Malgré les excellentes performances des réacteurs CANDU 6 représente une activité économique assurant une très grande pro-
actuels, EACL a examiné le retour d’expérience d’exploitation pour tection du public et de l’environnement. Même si les quantités de
repérer les améliorations de conception qui étaient faisables dans combustible irradié des réacteurs CANDU sont environ 4,7 fois
les derniers réacteurs CANDU 6 construits à Wolsong en Répu- plus importantes que celles des réacteurs à eau ordinaire, le déga-
blique de Corée et appliquer le retour d’expérience à la conception gement de chaleur supérieur par masse unitaire du combustible
des réacteurs CANDU 9. La méthode adoptée pour réduire les irradié de ces derniers (environ 5 fois plus élevé en raison d’une
expositions internes des travailleurs a consisté à réduire les combustion massique supérieure) nécessite l’ajout de matériaux
niveaux de tritium dans l’air en modernisant le circuit de récupéra- conducteurs de chaleur supplémentaires pour le stockage à sec. Le
tion de la vapeur. La méthode suivie pour réduire les expositions combustible irradié CANDU, ne présentant pas de risque de criti-
externes des travailleurs à l’arrêt a consisté à améliorer l’agence- cité, ne nécessite pas l’interposition de matériaux neutrophages. Il
ment et à réduire le transport d’activité des produits de corrosion. en résulte une densité de stockage élevée. Ainsi, le coût du
Les émissions de tritium ont été réduites en prolongeant et en stockage à sec du combustible CANDU est 30 % moins élevé que
améliorant le circuit de récupération de la vapeur et en utilisant des celui du combustible des réacteurs à eau ordinaire tandis que l’exi-
sécheurs volumineux (Boss [21]). gence relative à l’utilisation du terrain pour le stockage à sec du
combustible est la même (Allan [22]).
Le Canada, tout comme d’autres pays, fonde ses plans de stockage
5.3 Stockage provisoire et permanent permanent des déchets de combustible nucléaire sur le stockage en
profondeur dans des formations géologiques, dans la roche cristal-
du combustible irradié line stable du Bouclier canadien. Le concept de stockage permanent
élaboré par EACL consiste à isoler les déchets de la biosphère par une
Le combustible irradié provenant des réacteurs de puissance série de barrières artificielles et naturelles. Ce concept a été récem-
CANDU est actuellement stocké par ses propriétaires dans des ment jugé « techniquement acceptable » par un comité d’étude envi-
piscines ou des conteneurs en béton de stockage à sec. Les tech- ronnementale indépendant. Les travaux canadiens et internationaux
niques de stockage provisoire actuelles présentent une excellente ont indiqué que les exigences relatives à l’espace nécessaire et le
sûreté sur les sites des réacteurs CANDU, elles facilitent la sur- coût du stockage permanent du combustible CANDU sont sembla-
veillance et la récupération, et pourraient se poursuivre pendant de bles à ceux du REL par unité d’électricité produite.

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6. Conclusions des de travail. Comme cela a été démontré dans les programmes
HWR en Inde et au Canada, les objectifs principaux de développe-
ment sont une sûreté accrue fondée sur le retour d’expérience, une
économie améliorée et l’exploitation de la souplesse du cycle du
Le réacteur à eau lourde continue à évoluer, en satisfaisant aux combustible. Les travaux de mise au point progressive du réacteur
nouvelles exigences relatives à la conception et aux performances CANDU se poursuivront à EACL en vue d’améliorer le produit inter-
imposées aux exploitants. De nouvelles technologies sont adoptées médiaire, le réacteur CANDU 6, et de mettre au point le produit du
tant au point de vue des caractéristiques du produit que des métho- palier supérieur, le réacteur CANDU 9.

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