PERSPECTIVE DE DÉVELOPPEMENT DE
L’ÉCOTOURISME
Cas appliqué à Madagascar
Essai présenté
à la Faculté des études supérieures de l’Université Laval
dans le cadre du programme de maîtrise en administration
pour l’obtention du grade de Maîtrise en Administration des Affaires (MBA)
DÉPARTEMENT DE MANAGEMENT
FACULTÉ DES SCIENCES DE L’ADMINISTRATION
UNIVERSITÉ LAVAL
QUÉBEC
2005
REMERCIEMENTS
- À mes parents,
- À ma famille
- Ainsi qu’à toutes les personnes, qui de près ou de loin, ont contribué à la réalisation de cet
essai
Rindra RAKOTOZAFY
iii
CONCLUSION...................................................................................................................109
BIBLIOGRAPHIE..............................................................................................................112
Annexe 1 .............................................................................................................................126
v
Dans beaucoup de pays du monde, la réalité et les crises économiques les ont poussés à
chercher des solutions locales et des alternatives afin d’obtenir une croissance économique
durable. Dans la littérature, cette stratégie de développement fait référence à un
développement économique local (LED). Selon la Banque Mondiale, l’objectif du concept
est de rassembler les capacités économiques locales afin d’améliorer l’économie et la
qualité de vie de la communauté. En d’autres termes, le processus offre l’opportunité à tous
les acteurs (communauté locale, ONG, pouvoir public, secteur privé, etc...) l’occasion de
travailler ensemble afin d’accroître le niveau économique locale et de diversifier les sources
de production.
Selon Rogerson (2001, cité par Binns et Nel, 2002, p.237), le résultat de cette stratégie est
l’émergence de nouveaux projets d’entreprises et d’initiatives communes, comme par
exemple le développement de programme de travaux publics, l’établissement de stratégie
de promotion et d’acquisition de PME à l’échelle locale, l’offre de support aux entreprises
sans distinction de statut (formel ou informel), et finalement l’effort visant à encourager le
développement par l’entremise du tourisme.
Par conséquent, à l’échelle mondiale, beaucoup admettent que le tourisme offre une
solution de développement économique pour de nombreux pays. Toutefois, il doit
nécessairement allier deux objectifs : développement économique et protection de
l’environnement.
Dans cette optique, l’écotourisme, tout en étant un concept en pleine mutation, constitue
probablement un mécanisme pour réaliser ces objectifs de développement et de
conservation. En effet, selon Honey (1999, cité par Blamey, 2001, p.13), c’est la
reconnaissance du potentiel de l’écotourisme à atteindre les objectifs de conservation et de
développement économique qui a entraîné de nombreux pays, principalement les pays
moins développés, à axer leur stratégie de développement autour du concept de
l’écotourisme.
D’une façon sommaire, le concept vise à soutenir les efforts de conservation en combinant
la gestion des zones protégées et le développement socio-économique des communautés
locales par le biais d’une activité qu’est le tourisme. Il est orienté vers la préservation de la
biodiversité en créant des relations de travail étroites entre les populations vivant à
l’intérieur et autour des zones protégées, et l’industrie du tourisme (Boo, 1990).
Toutefois, Fennell et Eagles (1990) suggèrent que pour accomplir ces objectifs les
décideurs doivent comprendre les relations qui régissent ces ressources naturelles et
l’industrie touristique dans la perspective de concevoir une décision bien informée. Allant
dans ce sens, Ceballos-Lascuráin (1993) souligne que l’écotourisme est un phénomène
complexe et multidisciplinaire, et beaucoup d’aspects doivent être abordés pour qu’il soit
réussi.
Pour Wight (1994, cité par Blamey, 2001, p.13), le développement du tourisme dans des
régions protégées est souvent souhaitable car il peut générer des devises, aussi bien que
d’autres avantages. Cependant, Boo (1990) affirme que l’écotourisme peut entraîner des
dommages aux zones protégées parce que ceux qui en font la promotion, comme un moyen
pour soutenir la conservation et une manière de faire bénéficier les régions adjacentes,
possèdent souvent une faible connaissance de l’industrie touristique.
3
En revanche, elle suggère que la connaissance de plusieurs paramètres tels que la situation
courante, le potentiel du tourisme, les besoins du marché de l’écotourisme, et le niveau
auquel ceux impliqués dans le développement de l’écotourisme satisfont à ces besoins
actuellement est importante pour la création des stratégies pour ces zones protégées.
De plus, la littérature existante sur l’écotourisme n’aborde que très peu la manière dont
l’activité doit être conduite et les exemples de succès ne sont pas nombreux. Les quelques
études de cas existantes essaient de répondre à des questions telles que : pourquoi
l’écotourisme doit être entrepris dans les zones protégées ? Quels sont les coûts et bénéfices
potentiels de l’activité ? Quelles sont les ressources écotouristiques actuelles et comment
les expérimenter ? (Wight, 2001).
En conséquence, si les décideurs doivent être efficaces en abordant les problèmes actuels et
futurs de l’écotourisme, ils devraient être pourvus des informations liées à leurs besoins. En
d’autres termes, il existe un grand risque que la planification et la gestion de l’écotourisme
soient insuffisantes.
La diversité des écosystèmes et la variété biologique qui font de Madagascar l'un des pays
de la planète les plus riches en flore et en faune tropicales ont amené le gouvernement
malgache à intégrer le tourisme dans sa politique de développement économique. Bien que
la Grande Île soit réputée pour sa richesse écologique et malgré son énorme potentialité
touristique, le tourisme reste encore faible mais il semble qu’il constitue tout de même le
premier secteur générateur de devises. Également, à une échelle locale, les impacts
économiques du tourisme restent très faibles.
Ainsi, ce travail se décompose donc en quatre parties. La première partie sera consacrée à
l’analyse minutieuse de l’industrie touristique. Ensuite, après avoir soulevé et cerné
convenablement les points clefs, la seconde partie portera sur une analyse théorique de
l’écotourisme. La troisième partie sera consacrée à une analyse descriptive de la situation
touristique de Madagascar et la possibilité pour le pays de mettre en pratique l’écotourisme.
À l’issue de cette dernière, des recommandations seront faites pour la mise en place d’une
stratégie de développement de l’écotourisme.
5
Le tourisme est considéré comme une activité ancienne qui a pris une véritable dimension
planétaire au cours du XX siècle. Devenu un phénomène universel, il constitue dorénavant
un secteur économique vital dans de nombreux pays aussi bien industrialisés que ceux en
développement (Mesplier et Bloc-Duraffour, 1992). D’après Shaw et Williams (1994.
2002), le tourisme a permis l’augmentation de l’emploi, et la diversification des loisirs.
Néanmoins, ils font remarquer également que l'industrie touristique a détruit et pollué les
environnements primitifs, a menacé les cultures locales, et a entraîné la dégradation des
lieux qui constituaient autrefois des destinations attrayantes. Ainsi, à l’échelle mondiale, les
questions et les critiques soulevées par le tourisme étaient devenues capitales (ibid).
Au XVIème siècle, les différentes guerres d’Italie ont permis de faire connaître les idées de
la Renaissance, permettant au pays d’être le pays le plus apprécié et visité sur le continent
Européen. Au XVIIème siècle, les Anglais commençaient aussi à voyager en incitant les
jeunes aristocrates, accompagnés d’authentiques savants, à effectuer le « Grand Tour ». Un
voyage continental qui était destiné à parfaire leur éducation et qui répondait à une vieille
exigence, celle qui avait été formulée par Montaigne : frotter sa propre cervelle contre
celle des autres (Brilli, 2001, p.4ième de couverture). À la même époque apparaissent en
France les premiers « guides de voyage ». Au XVIIIème, une admiration pour la nature,
célébrée par les auteurs de l’époque comme Rousseau et Lamartine, engendre les prémices
du tourisme « vert ». En 1786, Jacques Balmat atteignit le premier le sommet du mont
Blanc; il recommencera l’année suivante en compagnie du savant suisse Saussure ;
l’alpinisme est né. C’est en 1811 qu’apparaît pour la première fois le mot « touring » en
Angleterre. Le terme français correspondant « tourisme »apparaît dans le supplément
Larousse de 1877 (Mesplier et Bloc-Duraffour, 1992, p.20).
Même si elle n’est encore accessible qu’à quelques classes privilégiées, c’est entre ces
années que le tourisme a commencé à être une véritable activité économique. Cela s’est
manifesté par des aménagements qui ont entraîné le bouleversement de l’environnement et
des communautés locales. Le tourisme commençait à s’organiser à travers des clubs. Le
premier fondé en 1857 fût le British Alpine Club; par la suite, le Club Alpin Français voit
le jour en 1874.
Par la suite, la croissance économique et la construction des voies ferrées ont facilité les
voyages, offrant probablement au tourisme estival un développement rapide. De nos jours,
l’activité est porteuse d’espoir et reste en pleine expansion. Mais auparavant, en 1841,
l’idée de James Cook de regrouper les voyageurs afin d’obtenir des réductions sur les
transports ferroviaires a introduit la notion de voyage organisé.
7
Durant la première moitié du XXème, le tourisme est pratiqué tout au long de l’année
puisque à la suite du tourisme alpin, le tourisme balnéaire est apparu. Par la suite, grâce à
l’instauration des congés payés, le tourisme tend à toucher de plus en plus de classes
sociales. Cependant, c’est après la Seconde Guerre mondiale que le tourisme touchera
véritablement la majorité des catégories sociales. Néanmoins, les pays en voie de
développement sont tenus à l’écart de ce phénomène (Mesplier et Bloc-Duraffour, 1992,
p.20-21).
Les Trente Glorieuses, suivies par une hausse du pouvoir d’achat, permettent au tourisme
de devenir une activité tout publique. De même, l’émergence de nouveaux pays industriels,
principalement ceux d’Asie du sud-est, va contribuer à la généralisation du tourisme
d’affaires. Dans le même temps, l’allongement de la durée de vie, l’abaissement de l’âge de
la retraite, et l’extension de la durée et la généralisation des congés payés vont encourager
la pratique du tourisme.
Plus tard, la route et l’avion relaient rapidement le chemin de fer, facteur essentiel de la
propagation de l’activité touristique durant le XIXème siècle et la première moitié du XXème
siècle. Enfin, c’est l’avènement du transport aérien et l’abaissement du prix des billets qui
ont permis d’élargir la clientèle touristique à l’échelle internationale et, par la suite, de
conquérir de nouvelles destinations, notamment vers les pays tropicaux et les îles (Mesplier
et Bloc-Duraffour 1992, p.22-23).
8
1.2 Définition
Selon Fennell (2003), l’industrie touristique est actuellement considérée comme une des
plus grandes industries du monde. Elle est également associée à plusieurs principaux
secteurs de l’économie mondiale. Pourtant, Fennell (2003) souligne également qu’en étant
incorporé dans la structure économique, socio-culturelle et environnementale, le
phénomène est devenu trop complexe, et sa définition, en termes simples, s’avère
problématique.
Ainsi, pour Fennell (2003), il apparaît que c’est l’intégration dans le système socio-
économique et l’absence de critique qui divisent encore plus les efforts pour définir le
tourisme. Effectivement, pour Mitchell (1984, cité par Fennell, 2003, p.1), les définitions et
les recherches en tourisme sont associées à plusieurs champs d’études et de disciplines
différentes.
Autrement dit, d’une part, le tourisme partage des caractéristiques fondamentales et des
bases théoriques avec le champ d’études des loisirs. Or, la définition des loisirs est elle
même problématique car les loisirs ne peuvent pas être relégués, simplement, comme étant
le temps d’activités récréatives ou de divertissement. Selon Iso-Ahola (1980, cité par Shaw
et Williams, 2002, p.5), c’est plutôt une attitude : les loisirs se rapportent principalement
aux plaisirs, au bien-être et à la satisfaction personnelle. Par conséquent, cette définition
demeurera empirique puisqu’elle dépend de ce que l'individu éprouve comme agréable et
satisfaisant.
l’industrie touristique ne peut pas être réduite à une branche d’activités au sens des
nomenclatures. Les produits touristiques sont des produits hétérogènes et
9
complexes. Surtout, ils sont constitués par une combinaison d'éléments séparés dans
le temps et dans l'espace. À l'inverse des biens traditionnels où les ressources sont
transformées et livrées aux consommateurs, dans le tourisme, ce sont les
consommateurs qui vont aux ressources.
Enfin, les produits touristiques sont des biens d'expérience, dont la qualité et l’utilité ne
sont pas connues ex ante par les consommateurs (Longhi, 2004, p.3, après Nelson, 1970).
Dès lors, pour Fennell (2003), il apparaît que ce sont les relations entre le tourisme et les
autres disciplines, par exemple, l’anthropologie, la sociologie, la géographie et l’économie,
qui rendent difficile la définition du tourisme. Par contre, il a montré également que
plusieurs auteurs pensent que le tourisme doit être considéré comme une discipline à part
entière.
Dans ces conditions, selon Leiper (1981, cité par Fennell, 2003, p.2), l’approche nécessaire
pour définir la discipline doit être construite autour de la structure de l’industrie.
L’industrie est considérée par l’auteur comme un système ouvert composé de cinq éléments
qui interagissent avec l’environnement : la dynamique de l’élément humain, une région
génératrice, une région de transit, une région de destination et l’industrie du tourisme. Par
la suite, la définition de Mathieson et Wall (1982, cité par Fennell, 2003, p.2) est
sensiblement similaire en prenant le tourisme comme une composition de trois éléments de
base : l’élément dynamique qui se réfère au voyage vers la destination choisie; l’élément
statique se rapportant au séjour dans la région de destination ; l’élément indirect ou les
effets résultant des deux précédents éléments, c’est-à-dire les conséquences économiques,
sociales et environnementales que les contacts directs ou indirects avec les touristes aient
pu engendrer. Enfin, Mill et Morrison (1985, cité par Fennell, 2003, p.2), définissent le
système touristique comme un ensemble composé de quatre éléments reliés : le marché,
constitué par l’arrivée à destination ; le voyage, caractérisé par l’achat des produits de
voyage ; la destination ou la forme de la demande ; le marketing qui a trait à la vente du
voyage.
10
Mais malgré la connaissance de cette difficulté manifeste pour définir le tourisme, il est
plutôt réaliste d’accepter l’existence de nombreuses définitions. En effet,
vraisemblablement, chacune d’elles est établie pour soutenir différents objectifs. Ainsi,
dans le cas présent, la définition retenue est celle de l’Organisation Mondiale du Tourisme.
Le tourisme est défini comme les activités déployées par les personnes au cours de
leurs voyages et de leurs séjours dans des lieux situés en dehors de leur
environnement habituel pour une période consécutive qui ne dépasse pas une année,
à des fins de loisirs, pour affaires et autres motifs non liés à l’exercice d’une activité
rémunérée dans le lieu visité.
De ce fait, en accord avec cet auteur, il apparaît que la construction d’un système d’analyse
sectorielle serait nécessaire et requise pour mettre en évidence les acteurs en tourisme. En
effet, Leiper (1979), repris par Longhi (2004, p.6) considère que le tourisme est un système
sectoriel en stipulant que : les produits touristiques impliquent directement ou
indirectement de nombreux acteurs liés par un tissu de relations complexes de marché et
hors marché.
(cité par Tether et Metcalfe, 2001, p.4 ; cité et traduit par Longhi, 2004, p.6)
Tout en soulignant la spécificité des services qui ne sont pas définis tant en termes de
produits que de processus, Tether et Metcalfe (2001) ont appliqué le concept aux services.
Pour Leiper (1979, cité par Longhi, 2004, p.6), l’industrie du tourisme est constituée par le
regroupement des entreprises qui coordonnent leurs activités dans l’objectif de satisfaire les
besoins des touristes d’une manière volontaire. Selon cette idée, la coordination des
activités constitue l'élément principal et l'analyse du produit est laissée au profit de celle des
acteurs et de leurs interactions (Longhi 2004). Ainsi, ce sont la complémentarité
organisationnelle et l'interdépendance entre les opérateurs qui partagent la responsabilité de
gestion et de planification des flux touristiques qui constituent le critère d’appartenance à
l'industrie (Longhi, 2004 ; après Tremblay, 1998). Dès lors, selon l’idée de Charbit et al. (
2001, cité par Longhi, 2004, p.7), l’industrie peut être vue comme un ensemble
d’entreprises mettant en commun des compétences différentes afin de concevoir un produit
cohérent en passant par la synchronisation de leurs activités.
12
En accord avec cette affirmation, Longhi (2004) décompose les acteurs de l’industrie
touristique comme suit :
Au cours de son développement, les recherches en tourisme ont essayé de clarifier les
caractéristiques de celui-ci dans le but de fournir une meilleure compréhension autour de ce
qu’est le tourisme actuellement afin qu’il soit planifié et implanté convenablement. Le
développement du tourisme doit prendre en considération la demande et l’offre ; et le
rapport entre ces deux éléments (Fennell, 2003, Shaw et Williams, 2002, Lew et al, 2004).
De même, la connaissance des revenus et goûts des touristes ainsi que le coût du voyage
vers la destination pourraient fournir des informations sur le niveau de visite prévue d’une
part et indiquer les coûts que les touristes sont disposés à payer pour les attractions et les
services obtenus d’autre part (Wight, 2001).
Or, la compréhension de ces rapports peut aider les acteurs dans leurs efforts de
planification et de gestion touristique. Cela constituerait probablement une raison pour
laquelle plusieurs efforts de développement touristique restent vains car ces différents
facteurs sont négligés. Le fonctionnement du système est montré sur la figure 1.1
POPULATION
Intérêt pour le voyage, Habilité à voyager DEMANDE
INFORMATION TRANSPORT
PROMOTION Volume et Qualité
ATTRACTIONS
Développement des ressources de qualité pour la
satisfaction des Visiteurs
OFFRE
SERVICES
Variétés et Qualités de la nourriture, Hébergements
À l’échelle planétaire, et au cours des dernières décennies, le secteur des services semble
être le secteur d’activités qui a enregistré une nette progression. Plusieurs pays en
développement, comme les Seychelles, les Bahamas ont axé leurs stratégies de
développement vers le secteur particulier du tourisme et des loisirs (Shaw et Williams,
1994, 2002).
Par la suite, quand les politiciens sont à la recherche de remède pour maîtriser la hausse du
chômage, ils se concentrent de plus en plus vers le tourisme (Williams et al. 1988). Dès
lors, le tourisme est devenu, aujourd’hui, la plus importante industrie du monde par son
poids économique, ses investissements et les emplois qu’il génère (Fennell, 2003).
Enfin, les revenus apportés par l’activité semblent constituer la principale ressource de
certains pays, notamment pour les économies insulaires. Aussi, il est logique de considérer
le tourisme comme une activité vitale à l’économie, à l’échelle locale, nationale et
internationale puisque les avantages tirés de l’activité sont nombreux, par exemple
l’accroissement du commerce international, le développement des standards de vie et la
protection de l’environnement. En revanche, ces avantages ne sont pas facilement
réalisables (Boo 1990).
15
Au niveau mondial, selon l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT, 2003), en 2002, les
arrivées de touristes internationaux ont dépassé le cap des 700 millions pour une recette
évaluée à 474,2 milliards de dollars US. Et, selon les Nations unies, les recettes sont
estimées à 621 milliards de dollars US en 2010, pour un nombre de 1 milliard de touristes
Il est donc vraisemblable que l’avenir de cette industrie soit encore largement devant elle
vu que le besoin de voyage et de loisirs de la population mondiale demeure incompressible.
En d’autres termes, pour Inman et al (1997, p.6) citant Cummings et Mills (1997) : il est
évident que pour le XXIième siècle, les stratégies indispensables pour la création d’emplois
doivent se tourner vers les nouveaux secteurs de services tels que les télécommunications,
la technologie de l’information, et le tourisme.
Un mode d’organisation est nécessaire. Ce système doit intégrer la demande, l’offre, les
transports, l’hébergement, la restauration, les assurances, etc (Vellas et Cauet, 1997). Le
tableau 1.1 expose les éléments de l’industrie touristique.
17
L’industrie touristique dispose de plusieurs éléments clés sur lesquels les touristes comptent
pour réaliser leurs objectifs et leurs besoins quand ils choisissent une destination. Dès lors,
le tourisme peut prendre place dans un large choix d’environnements.
Ainsi, ces éléments représentent essentiellement les attractions pour lesquelles les voyages
sont effectués vers une destination donnée (Fennell, 2003).
Selon Fennell (2003), beaucoup de recherches ont été entreprises pour une classification
thématique de ces attractions. Lew (1987, cité par Fennell, 2003, p.3) a mis l’accent sur les
caractéristiques objectives et subjectives de ces attractions en vue de développer ces
typologies. Cet auteur a identifié trois principales approches : idéographique (1) qui décrit
le caractère unique d’un site tout en soulignant les différences entre les attractions
« orientées nature » et celles « orientées humain »; organisationnelle (2) qui s’intéresse
essentiellement sur la capacité spatiale et temporelle de ces attractions ; cognitive (3) qui
relate les perceptions et les expériences des touristes. Ces trois principales bases de
classification ont permis la mise en place d’une typographie des caractéristiques
importantes des environnements de tourisme et de loisir. Dans ces trois cas, Lew (1987) a
essayé de fournir une typologie basée sur des études antérieures en utilisant différents
critères de classification. Suivant l’approche idéographique (Tableau 1.2), l’auteur a
effectué une classification portant sur une orientation vers un environnement naturel, d’une
part et vers une orientation purement humaine, d’autre part. Une interface « Humain /
Nature » relie les deux tendances. À partir de ces dernières, les attractions sont agencées
selon les caractéristiques générales de l’environnement, les particularités spécifiques, et les
niveaux d’inclusivité. Dès lors, en utilisant ce cadre d’analyse, la gamme entière des
attractions touristiques peut être classée en neuf catégories principales. Et, Lew souligne
qu’un environnement général possède une grande envergure et souvent à grande échelle.
Par contre, un environnement spécifique serait de moindre ampleur et souvent, démontre un
lien net avec le tourisme. En dernier, les environnements inclusifs constituent les attractions
primaires qui motivent les touristes à choisir une destination particulière. En d’autres
termes, les touristes sont complètement et directement impliqués dans l’expérience tirée des
activités.
Particularités spécifiques
Repères Loisirs de nature Infrastructure touristique
Géologique Marche Formes d’accès
Biologique Parcs De et vers une
Faune Plage destination
Flore Urbain Itinéraires des excursions
Hydrologique Autres Information et réceptivité
Stations Besoins de base
Habitation
Restauration
Environnements inclusifs
Écologique Participation Superstructure de loisirs
Climat Activités Divertissement
Réserves montagnardes Représentation
Parcs nationaux Été Événements sportifs
Réserves naturelles Hiver Culture, histoire et art
Activités aquatiques Musées et monuments
Autres activités Festivals
d’extérieur Art culinaire
Source : Traduit de Lew, 1987, dans Shaw et Williams, 2002, p.193
Il est donc certain que le tourisme subit les fluctuations de la demande. En d’autres termes,
actuellement, la beauté des paysages ne suffit plus à attirer les touristes étant donné que les
attentes ont changé vers quelque chose de nouveau et la découverte doit être au programme
lors d’un séjour dans un endroit donné.
20
Par conséquent, pour Krippendorf (1982, cité dans Clarke, 1997, p.225, 226), l’évolution
du tourisme peut être caractérisée par le passage d’un tourisme de masse standardisé, qui
est par définition fondé sur une industrie touristique internationale dans laquelle les intérêts
étrangers priment (Fennell, 2003), vers un tourisme plus diversifié et alternatif, c’est-à-dire
une forme de tourisme qui ne se concentre pas uniquement sur l’aspect économique et
technique mais insiste sur le besoin de posséder et de jouir d’un environnement intact et
préservé, ainsi que la prise en considération des besoins de la population hôte (Fennell,
2003).
Fennell (2003, p.5) indique toutefois que cette approche de tourisme alternatif n’est qu’un
terme générique englobant un ensemble de stratégies pour le développement du tourisme,
principalement : un tourisme « responsable », « éco », « contrôlé », « de petite taille » et
« vert ».
21
Le tourisme alternatif
Autrement dit, selon Tremblay (2001, après De Kadt, 1990), le développement du tourisme
alternatif se concentre principalement sur la durabilité en mettant l’accent sur l’utilisation
renouvelable des ressources, la réduction de la production et la notion d’équité dans la
redistribution des revenus. Toutefois, Clarke (1997) mentionne qu’une vision de
convergence doit être adoptée pour ces deux formes de tourisme. C’est-à-dire que d’une
part, le tourisme de masse, à grande échelle, peut éventuellement envisager d’expérimenter
des techniques favorisant la protection de l’environnement et d’autre part, le tourisme
alternatif, à petite échelle, aura l’occasion de développer des recommandations et des codes
de bonne conduite. De même, les entreprises opérant à petite échelle pourront apprendre et
s’entraîner à l’utilisation des systèmes de gestion environnementale qui étaient auparavant
l’apanage des entreprises à grande échelle (ibid).
Finalement, à l’instar des autres produits, les produits touristiques, les destinations, les sites
et les attractions suivent la courbe de cycle de vie des produits adapté au tourisme par
Butler (1980). Par définition, selon Butler, une destination est d’abord découverte puis
exploitée. Cette exploitation touche alors un seuil critique et doit s’adapter à un marché
changeant et se restructurer. Cette adaptation peut entraîner un nouveau cycle de
développement ou, dans le cas contraire, le déclin.
22
« Sea »
« Sun »
« Sand »
Technologie
« Sex »
« Sangria »
Segmentation
Education - Écologie Spécialisation
Divertissement Environnement Sophistication
Satisfaction
Séduction
« Sightseeing »
« Shopping» Multi-culture
« Short break»
« Shows »
« Scotch »
Source : Traduit et adapté de Buhalis, 2001, dans Wahab et Cooper, 2001, p.*1
1
La page où figure le schéma n’est pas inscrite car au moment de la correction, l’ouvrage dans lequel le
schéma a été tiré n’était pas disponible à la bibliothèque de l’université. L’ouvrage est emprunté jusqu’au 30
septembre 2005.
23
Dans ce sens, l’industrie du tourisme, ayant pris conscience de la portée de ses impacts sur
un plan mondial, se développe actuellement de manière à minimiser les impacts négatifs.
Dans cette optique, un segment particulier du tourisme, l’écotourisme, mérite une attention
particulière. D’une part, c’est le secteur de l’industrie qui a la croissance la plus rapide
(Ceballos-Lascuráin, 1993, 1996).D’autre part, il constitue une nouvelle approche alliant la
protection des zones naturelles menacées et la participation des communautés locales dans
leur propre développement (Boo, 1990, dans Diamantis, 1999, p.97).
Dorénavant, le développement touristique doit être polyvalent. Il doit servir aussi bien
l’industrie du tourisme que la population locale. Ainsi, il importe de prendre en compte les
nouveaux aspects de l'offre touristique et les nouvelles attentes des clientèles touristiques
dans la mise en œuvre d'une politique de développement touristique.
La revue de littérature sur le concept du tourisme nous a amené à identifier les rudiments du
tourisme. Ces fondements incluent les définitions, les rapports régissant l’industrie
touristique, la production, les environnements de tourisme, et finalement l’évolution et les
tendances futures de l’activité. D’une façon générale, le tourisme permet de multiplier les
paradoxes, les contradictions entre la nécessité de développement économique et
l’impératif de protection de l’environnement.
Ainsi, cette étude porte sur l’écotourisme pour deux raisons. En premier lieu, avec
l’apparition des concepts de tourisme alternatif et durable, le tourisme est considéré
maintenant comme une force potentielle pour la protection de l’environnement. Son succès
repose sur un environnement de qualité.
En second lieu, le voyage de loisirs est un phénomène en progression dans les sociétés
industrialisées. Par conséquent, pour les pays en voie de développement, le tourisme offre
une perspective de développement économique.
Par la suite, une étude de cas portera sur Madagascar. En effet, dans les principales
destinations touristiques internationales, les pays insulaires occupent une place limitée,
mais par contre le tourisme peut tenir une place prépondérante dans leur économie. Il faut
dire cependant que le cadre naturel qui est l’attrait principal et l’équilibre des écosystèmes
des îles sont exceptionnellement fragiles. Et, un développement inapproprié du tourisme
peut perturber l’équilibre naturel d’une manière irréversible.
En outre, l’étude de cas mettra en évidence trois objectifs : premièrement, dresser le portrait
et le statut de l'écotourisme ; deuxièmement, identifier les impacts économiques, culturels,
et environnementaux que l’activité peut engendrer ; troisièmement, indiquer les obstacles et
opportunités pour une croissance de l'écotourisme pour le pays.
Finalement, en fonction des résultats de l'étude, des conclusions seront tirées et des
recommandations seront faites pour la mise en place d’une stratégie de développement de
l’activité touristique qui ne doit engendrer ni bouleversement ni détérioration des
écosystèmes.
25
Chapitre 2 L’ÉCOTOURISME
Au cours des deux dernières décennies, l’écotourisme est apparu comme l’activité
touristique qui a connu une expansion rapide et devrait encore se développer dans l’avenir
(Hawkins, et Lamoureux, 2001). Cependant, selon plusieurs auteurs, l’écotourisme n’est
pas un phénomène homogène dans sa perspective globale mais plutôt une idée commune
concentrée autour d’une poignée de dimensions centrales (Björk, 2000). Comme le
souligne Honey (1999) :
À l’échelle planétaire, l’écotourisme est pris comme une panacée : une manière de
financer la conservation et la recherche scientifique, de protéger les écosystèmes
vierges et fragiles, de bénéficier aux communautés rurales, de favoriser le
développement dans les pays pauvres,de renforcer la sensibilité écologique et
culturelle, inculque la conscience environnementale et sociale dans l’industrie du
voyage, de satisfaire et d’éduquer les touristes, et d’après certains, de bâtir la paix
mondiale.
(Honey, 1999, p 4)
C’est en reconnaissant l’éventuelle importance du concept que les Nations Unies ont
probablement proclamé l’année 2002 Année Internationale de l’Écotourisme (AIE).
Si l’écotourisme est géré et planifié de manière correcte, il peut constituer une importante
source d’avantages économiques, aussi bien pour les gouvernements que pour les
entreprises privées, les collectivités et les communautés locales. Il peut être un instrument
efficace pour la préservation du patrimoine naturel et culturel. Pourtant, une mauvaise
pratique de l’écotourisme donne des effets négatifs sur les écosystèmes et des impacts
controversés sur les communautés locales et les cultures traditionnelles.
26
Plusieurs auteurs s’accordent à dire que le terme écotourisme a fait son apparition il y a
quelques années à peine. Par contre, des voyages axés sur la nature, avec comme principale
motivation l’observation et l’étude des écosystèmes, existent depuis fort longtemps
(Blamey, 2001).
Or, d'après Fennell (1998, cité par Blamey, 2001, p.5), le terme n’est pas clairement défini
tout comme il n’y a pas de consensus sur son origine. Blamey (2001, p.5) en énonçant les
principes de l’écotourisme argumente que l’un des premiers qui semblent l’avoir employé
était Hetzer (1965) en identifiant quatre principes d’un tourisme responsable : minimiser les
impacts environnementaux, respecter les cultures hôtes, maximiser les bénéfices pour la
population locale et maximiser la satisfaction des touristes. Le premier de ces principes
constitue une caractéristique distinctive d’un tourisme écologique selon Fennell (1998).
Toutefois, Blamey (2001) indique que c’est l'écologiste mexicain Ceballos-Lascuráin qui a
utilisé le mot espagnol « ecoturismo » encore plus tôt, alors que le Service National des
Forêts du Canada faisait, dès 1973, la promotion d'écotours le long de la Transcanadienne
(Fennell, 1998, dans Blamey, 2001, p.5). Par la suite, d’autres références à l’écotourisme se
trouvent dans les travaux de Miller (1978, cité par Blamey 2001, p.5) sur la planification et
« l’éco-développement » d’un parc national en Amérique Latine. Mais d’une façon
générale, c'est Budowski (1976) qui est cité comme le pionnier concernant le concept
même d'écotourisme (Blamey, 2001; Orams, 2001; Honey, 1999). Toutefois, Honey (1999,
cité par Blamey, 2001, p.5) expose l’idée selon laquelle, l’écotourisme s’est développé à la
suite du mouvement environnemental des années 1970 et 1980. Cet auteur s’appuie sur le
fait que l'intérêt grandissant du public pour l'environnement et les voyages orientés vers le
plein air, associé avec la croissante insatisfaction envers le tourisme de masse, a montré à
l'industrie du tourisme qu'il y avait une place pour l'écotourisme. Par la suite, au milieu des
années 1980, beaucoup de pays avaient identifié l’écotourisme comme un moyen pour
atteindre les objectifs de développement et de conservation (Blamey, 2001).
27
Dans une perspective axée sur la demande, pour Lequin (2001), la définition élaborée par
Ceballos-Lascurain (1987,) est la plus fréquemment citée. Selon celle-ci, l’écotourisme est :
une forme de tourisme qui consiste à : visiter les zones naturelles, relativement
intactes ou peu perturbées, dans le but d’étudier et d’admirer le paysage, les
plantes et les animaux sauvages qu’elles abritent, de même que toute manifestation
culturelle passée et présente, observable dans ces zones. Dans cette perspective, le
tourisme axé sur la nature signifie une méthode d’approche scientifique, esthétique
ou philosophique du voyage, quoiqu’il ne soit pas nécessaire que l’écotouriste soit
un scientifique, un artiste ou un philosophe de profession. Ce qui compte par-dessus
tout, c’est que la personne qui s’adonne à l’écotourisme ait l’occasion de se
tremper dans un environnement naturel auquel elle n’a généralement pas accès en
milieu urbain.
(après Scace, Grifone et Usher, 1992, cité par Lequin 2001, p** 2).
Ensuite, dans une perspective axée sur la ressource, quatre définitions de l’écotourisme,
sélectionnées par Lequin (2001), portent sur la dimension ressource :
L’écotourisme est une forme de voyage dont l’objectif principal consiste, pour les
voyageurs, à admirer les paysages naturels et les manifestations culturelles d’une
région spécifique, tout en minimisant les impacts négatifs que pourrait occasionner
2
** : La page où figure la citation n’est pas inscrite car au moment de la correction, l’ouvrage dans lequel la
citation a été tirée n’était pas disponible à la bibliothèque de l’université. L’ouvrage est emprunté jusqu’au 29
septembre 2005
28
une telle visite. Dans son sens le plus large, l’écotourisme constitue une approche
selon laquelle les touristes peuvent idéalement concourir à la préservation de la
nature.
(California Legislature, traduit par Jenner et Smith, 1992, cité par Lequin, 2001,
p.**).
l’écotourisme est constitué par toute forme de tourisme qui réduit au minimum le
stress sur l’environnement et minimise la consommation des ressources naturelles
(…) Le tourisme de masse et la concentration saisonnière sont des éléments
incompatibles avec ces principes.
(German National Tourist Office, traduit par Jenner et Smith, 1992, cité par Lequin, 2001,
p.**).
La troisième définition est celle de l’Ecotourism Society L’écotourisme est une forme de
tourisme responsable qui contribue à la conservation d’un environnement naturel ainsi
qu’au bien-être des communautés locales (Wood, 1993, cité par Lequin, 2001, p.**).
Les définitions axées sur la ressource font apparaître deux objectifs du concept
d’écotourisme : la nécessité de protéger la nature et le besoin de générer des bénéfices
économiques rendant la conservation des ressources naturelles avantageuse pour les
communautés locales (Lequin, 2001).
29
Concernant les nombreuses définitions orientées sur la communauté hôte, selon Lequin
(2001), celle de Ziffer (1989) semble être la plus étendue. Non seulement, elle prend en
compte la demande et la ressource, mais aussi les populations d’accueil (Lequin, 2001).
Cette définition mentionne que l’écotourisme est :
une forme de tourisme qui s’inspire avant tout de l’histoire naturelle d’une région,
notamment de ses cultures autochtones, qui nécessitent aussi une gestion active de
la part du pays ou de la région d’accueil, qui prend l’engagement d’établir et de
maintenir les sites de concert avec les résidants, d’assurer une commercialisation
appropriée, d’assurer l’application de la réglementation et d’affecter les recettes de
l’entreprise au financement de la gestion des terres et au développement
communautaire.
Selon Lequin (2001) et Diamantis (1999), la principale contribution de Ziffer est ainsi de
considérer la participation des communautés locales dans la gestion de la ressource comme
un facteur de développement économique. En effet, la définition incite à planifier et à gérer
un projet de développement écotouristique en minimisant les préjudices écologiques à
travers l’amélioration des conditions économiques et sociales des communautés réceptrices
tout en offrant une expérience de qualité aux touristes.
Quant à l’Organisation Mondiale du Tourisme, au lieu de proposer une autre définition, elle
a privilégié une approche normative afin de cerner le concept. Ainsi, l’organisation a
résumé les caractéristiques de l’écotourisme comme suit :
L’écotourisme :
1. rassemble toutes les formes de tourisme axées sur la nature et dans lesquelles la
principale motivation du tourisme est d'observer et d'apprécier la nature ainsi que
les cultures traditionnelles qui règnent dans les zones naturelles.
2. comporte une part d'éducation et d'interprétation.
3. est généralement organisé, mais pas uniquement, pour des groupes restreints par
de petites entreprises locales spécialisées.
30
Premièrement, les régions visitées devront être intactes. Deuxièmement, les touristes auront
à apprécier, admirer, et étudier les éléments d’une façon à ne pas les détruire. Par contre, la
contribution à la conservation est un objet secondaire.
En effet, Pour Björk (2000), il est nécessaire d’avoir un équilibre entre les différents
intérêts pour espérer atteindre les objectifs de développement d’un tourisme durable.
Dès lors, parmi les nombreuses définitions du concept, les plus récentes (tableau 2.2) ont
cherché à mettre en lumière une variété de principes associés au concept de développement
durable (Blamey, 2001, Björk, 2000). D’une part, le développement durable signifie un
développement qui satisfait les besoins des générations présentes sans compromettre la
capacité des générations futures à satisfaire leurs propres besoins (CNUCED, 1987, p. 8).
D’autre part, par définition, le tourisme durable est une forme de tourisme qui maintient la
viabilité d’une zone durant une période illimitée. Sous cet angle, les participants au premier
Sommet mondial de l'écotourisme, qui s'est tenu à Québec en 2002, ont reconnu que
l'écotourisme englobe les principes du tourisme durable concernant les impacts de l’activité
sur l'économie, la société et l'environnement. Cependant, il comprend des principes qui lui
sont particuliers :
(OMT et PNUE, Sommet mondial du tourisme, Rapport final, 2002, p.69, en ligne)
Tableau 2-1 : Comparaison d’une sélection de définitions de l’écotourisme
Dimensions
Auteurs Caractéristiques Demande Objet Comportement
32
Tableau 2-2 : Les principes de développement durable et l’écotourisme
Auteurs
Wallace et Prosper Wight Boers et Allocock et Cater Butler
Principes Pierce (1996) (1994) (1994) Bosch (1994) al. (1993) (1993) (1993)
L'écotourisme doit être non – destructeur X X X X X X X
L'environnement influence le comportement des acteurs
impliqués dans le tourisme X X X X X X
La situation locale influence le développement X X X X X X
La planification doit être à long terme X X X X X
L'écotourisme doit soutenir le développement local X X X X
L'écotourisme est dynamique X X
Les aspects moraux et éthiques devront être considérés X X X
Les besoins des visiteurs devront être considérés X X X
L'écotourisme devrait être une expérience éclairée et
authentique X X X X
L'écotourisme devrait être instructif X X X X
L'écotourisme ne doit pas détruire les autres activités X X
Source : Traduit de Björk, P., 2000, p.193
33
34
Ainsi, l’analyse des principes listés dans le tableau 2.2 indique que l’écotourisme est une
forme de tourisme qui ne doit pas dépasser la capacité d’accueil d’une zone donnée, mais
doit contribuer à la conservation et au développement durable. Aussi, l’étendue de
l’écotourisme doit être déterminée par le niveau de fragilité de l’environnement naturel,
culturel et social. L’activité doit soutenir le développement économique local et adopter
une perspective à long terme. L’industrie touristique doit soutenir le développement
durable et l’éthique, et une approche de gestion dynamique doit être adoptée (Fennell,
2003, après Malloy et Fennell, 1995). La possibilité d’apprendre et de participer à des
activités authentiques doit être offerte aux touristes. Ainsi tous les acteurs doivent pouvoir
bénéficier du développement de l’écotourisme, et celui-ci doit être considéré dans un
contexte global.
Dans un cadre conceptuel et pour une tentative d’uniformisation, la figure 2.1 montre la
structure de l’écotourisme selon Fennell et Eagles (1990). Les ressources constituent
l’élément principal de l’expérience écotouristique.
Industrie de
service Visiteur
A
B
Géré durablement
Selon Valentine (1992a, b, cité par Blamey, 2001, p.7) le tourisme en milieu naturel ou axé
sur la nature est une forme de tourisme se rapportant principalement vers la jouissance
directe d’un phénomène dans une nature relativement intacte. De même, il identifie trois
dimensions principales associées au tourisme axé sur la nature : l'expérience, le style et le
lieu. L'expérience fait référence à sa dépendance à la nature, à l'intensité de l'interaction, au
contexte social et à la durée. Le style est associé par exemple à l'infrastructure nécessaire, à
la taille et à la composition du groupe ou à la durée de la visite. Le lieu varie en termes
d'accessibilité, de fragilité ou de nature (Valentine 1992a, b, cité par Blamey, 2001, p.7).
Toutefois, même si le tourisme axé sur la nature apparaît facilement identifiable, la seule
orientation envers la nature ne définit pas l’écotourisme (Blamey, 2001). En effet,
l’écotourisme n’est pas un tourisme d’aventure ou un tourisme de nature, mais une forme
beaucoup plus exigeante de tourisme (ibid). Aussi, comme dans tout développement de
produit touristique, tous les acteurs impliqués en écotourisme doivent coopérer, se
concentrer sur la durabilité, et insister sur la dimension éducative (Ziffer, 1989, cité par
Blamey, 2001, p.10).
Un des aspects qui distinguent l’écotourisme des autres formes de tourisme axé sur la
nature est l’élément éducatif et interprétatif de l’environnement naturel et des
manifestations culturelles dans la mesure où il existe des programmes développés par les
opérateurs en écotourisme (Blamey, 1995, 2001). Il convient toutefois, selon Blamey
(2001) de définir trois termes utilisés indifféremment lorsque le domaine de l'éducation est
abordé au sens large : l'apprentissage, l'éducation et l'interprétation.
39
Contrairement à l'apprentissage qui est un processus naturel survenant tout au long de notre
vie, la plupart du temps de façon fortuite, l'éducation implique un processus conscient,
planifié, séquentiel et systématique basé sur des objectifs définis et utilisant des procédures
d'apprentissage spécifiques (Kalinowski et Weiler, 1992, cité par Blamey, 2001, p.9). Pour
sa part, plutôt que de communiquer simplement de l'information factuelle, l'interprétation
est une activité éducative qui vise à comprendre le monde et les relations entre ses
différents éléments par l'utilisation d'objets originaux, l'expérience pratique et l'utilisation
de matériel illustré (après Tilden, 1977, Moscardo, 1998, cité par Blamey,2001,p.9).
De ce fait, même si le tourisme axé sur la nature implique un certain degré d'apprentissage,
c'est l'éducation et l'interprétation qui servent d'éléments clés et de caractéristiques à
l'écotourisme (Blamey, 2001). Pourtant, les touristes de la nature représentent une clientèle
idéale pour promouvoir l’éducation environnementale. Par exemple, au cours d’une
randonnée dans la nature, les visiteurs voudront probablement connaître les habitats locaux,
le comportement animal, l’usage des plantes et aussi les difficultés à conserver ces
ressources. De même, beaucoup voudront savoir les problèmes économiques, politiques et
sociaux relatifs à la conservation de ces ressources. L’éducation environnementale
constitue également un instrument important pour atteindre les visiteurs nationaux. Qu’il
s’agisse des écoliers ou des étudiants apprenant les ressources importantes de leur vie
quotidienne ou de voyageurs venant des régions avoisinantes et désirant connaître
l’importance de leurs aires protégées nationales, les habitants forment tous une clientèle
potentielle (Drumm et Moore, 2003).
Par conséquent, dans une perspective écotouristique, l’éducation peut être basée sur le
développement de programmes par des opérateurs d'écotourisme et/ou les autorités de
destination (Drumm et Moore, 2003). Ces programmes peuvent inclure les spécificités des
zones naturelles (protégées et non-protégées par la loi) afin d'instruire les visiteurs et la
population sur le fonctionnement de l’écosystème, par exemple.
Selon Blamey (2001), deux objectifs méritent d’être établis quand il est question
d’éducation environnementale dans les zones naturelles. Le premier implique l’éducation
en terme d’observation simple ou d’étude détaillée d’espèces et de diversité génétique en
accord avec la demande touristique.
40
En pratique, les guides ont un rôle crucial dans l’éducation environnementale puisqu’il faut
convenir que ce sont eux qui transmettent les informations aux touristes.
À titre d’exemple :
En 1996, le Centre RARE, dont la mission est la protection des territoires sauvages
ayant une diversité biologique d’importance globale en faisant en sortes que les
populations locales bénéficient de la préservation, a demandé à 60 groupes de
conservation en Amérique latine d’identifier l’obstacle le plus urgent à éliminer afin
de développer l’écotourisme; le manque de guides de la nature dotés d’une bonne
formation arriva en deuxième position
Les vitrines des centres de visite, les prospectus et les vidéos forment aussi de très bons
supports pour l’éducation environnementale. En outre, l’interprétation des traces peut livrer
des informations biologiques et des messages de conservation importants. Dans ce cas,
l’expérience écotouristique devient créative et interactive pour les visiteurs (Drumm et
Moore, 2003).
Quant à l'interprétation, elle peut être un outil efficace pour la gestion des communautés
hôtes, des visiteurs et de l'environnement (Drumm et Moore, 2003). Selon Diamantis
(1999), une grande partie de la littérature sur l'interprétation se concentre sur l’amélioration
de la valeur, à travers un processus de planification et de gestion en six phases, notamment,
en faisant référence aux travaux de Cooper (1991), de Masberg (1996) et, d’Orams (1995).
41
Bien que ce modèle représente une des premières tentatives selon les paramètres de
l'écotourisme (Diamantis, 1999), Orams (1995, cité par Diamantis, 1999, p115) souligne
toutefois que tous les programmes en écotourisme ne peuvent pas être conçus en fonction
de ces trois étapes, du fait qu’il y a un besoin d'utiliser une gamme de stratégies ou de
techniques pour augmenter l'efficacité de l'interprétation. Alternativement, il a proposé que
l'interprétation devrait s’aider de quelques éléments de la théorie cognitive. Allant dans ce
sens, une étude de Masberg (1996, cité par Diamantis, 1999, p.116) indique que le
développement de programmes d'interprétation en écotourisme ne seront efficaces que s'ils
prennent en considération les intrants venant des consommateurs.
Dès lors, les programmes de formation en écotourisme peuvent être fournis sur une base
formelle ou informelle. Toutefois, pour Ceballos-Lascuráin (1996, cité par Diamantis,
1999, p.117), les limites pour l’établissement de tels programmes peuvent provenir aussi
bien de la diversité et de la fragmentation des acteurs impliqués dans l'écotourisme que des
programmes de formation spécifiques qui différent dans leur orientation et leur niveau de
complexité.
42
Étant donné que la première fonction de l’éducation environnementale doit coïncider avec
les motivations fondamentales des individus suivant une expérience écotouristique, il
devient important de reconnaître les différentes motivations des touristes pour obtenir un
aspect d’éducation et d’interprétation formalisé (Diamantis, 1999).
Aussi, le développement d’un tourisme durable est le dérivé d’un concept plus général de
développement durable (Blamey, 2001).
43
Le tourisme durable peut se définir comme une manière de gérer toutes les ressources
permettant de satisfaire les besoins économiques, esthétiques et sociaux, et de préserver
l'intégrité culturelle, les écosystèmes, la biodiversité et les systèmes de soutien de la vie
(OMT et PNUE - Document Conceptuel Année Internationale de l’Écotourisme, 2002, en
ligne)
Par la suite, pour qu’une région puisse offrir des produits de consommation locaux pour
l’industrie du tourisme, il faut qu’il existe une importante diversité de développement
économique (Ziffer, 1989, cité par Blamey, 2001, p.13). Ainsi, en intégrant le
développement de l’écotourisme dans une stratégie globale, les fuites peuvent être
minimisées et les avantages économiques tirés de l’activité seront maximisés.
Toutefois, il serait difficile de garantir la stabilité des revenus issus de l’écotourisme. Car
en fonction de l’évolution du marché et du contexte, des paramètres externes échappent au
contrôle des destinations touristiques comme les cataclysmes naturels, les conflits
politiques, les fluctuations monétaires internationales (Drumm et Moore, 2003).
44
À titre d’exemple, le cas du Rwanda et de l’Ouganda illustre que ces paramètres externes
influencent directement l’activité.
Le Rwanda et l’Ouganda, deux pays d’Afrique centrale ont connu une instabilité de
l’écotourisme dû notamment à des conflits politiques. En effet, le parc des volcans
au Rwanda qui abritent les gorilles des montagnes furent victimes de fortes
pressions dues au braconnage et à la perte de leur habitat dans les années 60 et70.
À l’arrivée, il ne restait plus que moins de 400 gorilles à l’état sauvage.
En réplique, le projet pour les gorilles des montagnes, destiné à aider le Service du
parc national du Rwanda et le Syndicat touristique national à protéger le parc des
volcans qui abrite plus d’un tiers des gorilles, fut établi en 1979. Le tourisme s’est
développé et a commencé à générer des bénéfices économiques substantiels aux
communautés locales et à l’économie nationale. Le parc est devenu la troisième
source la plus importante d’échange international pour le pays. Les bénéfices pour
la conservation étaient également importants puisque la population des gorilles
s’est stabilisée et s’est mise à croître. Pourtant, au début des années 1990, la guerre
civile s’intensifia au Rwanda. Avec les reportages de dévastation humaine, le
tourisme s’arrêta net. À noter cependant que les deux protagonistes en conflit firent
des efforts pour protéger les gorilles et leur habitat car les combattants
connaissaient leur valeur économique. Mais le tourisme international ne sera plus
le même pour le pays durant les nombreuses années à venir. Car, mis à part le
devoir de reconstruire ses communautés humaines, le Rwanda dut faire face à des
pertes économiques énormes. En effet, les populations locales et le gouvernement
subirent de graves baisses de revenus lorsque la demande venant du tourisme de la
nature s’est déplacée au parc national du Bwindi dans l’Ouganda voisin, qui abrite
également des populations de gorilles. Cependant, en 1999, le conflit du Rwanda
déborda l’intérieur du Bwindi. Des combattants armés tuèrent plusieurs touristes et
des gardes du parc. Ceci marqua la fin du tourisme dans la région, et de
nombreuses années devront passer pour que le parc national du Bwindi atteigne à
nouveau ses niveaux de visite antérieurs
Cet exemple permet d’avancer que l’écotourisme est en mesure de réduire les menaces
posées aux aires naturelles et à ses habitants directs grâce à la génération de revenus du fait
de la conservation, de l’échange culturel et de l’éducation environnementale.
(W.E. Rees dans Jacobs et Sadler, 1990, cité par Lequin, 2001, p.**).
De ce fait, selon Lequin (2001, p.**),un écotourisme durable est celui qui permet de
satisfaire les besoins des touristes actuels et des communautés hôtes tout en préservant le
potentiel de l’avenir.
Un aspect qui ne se trouve pas dans les définitions de l’écotourisme est la relation et la
coopération entre les différents acteurs. Ainsi, les questions centrales sont : quels acteurs
doivent coopérer ? Et, quelles doivent être leurs relations ?
Moore et Cater (1993, cités par Björk, 2000, p.196) soulignent que deux acteurs doivent
coordonner leurs actions, les tours opérateurs et les gestionnaires des ressources. Wallace et
Pierce (1996, cités par Björk, 2000, p.196) qui ont étudié l’écotourisme au Brésil sont
arrivés à la conclusion que la coopération entre le gouvernement, les organisations non
gouvernementales et le secteur commercial est essentielle.
D’autres études de cas provenant de différentes parties du monde supposent l’idée d’une
coopération étroite entre les différents acteurs (Björk, 2000). Koscak (1998, cité par Björk,
2000, p.196) qui a étudié le développement du tourisme rural en Slovénie a conclu que les
46
acteurs doivent être à l’échelle locale et nationale. L’importance d’un comité de tourisme a
été soulignée par Owen et al. (1993, cités par Björk, 2000, p.196) qui avait étudié le
développement d’un tourisme durable dans le pays de Galles. Les acteurs susceptibles
d’être engagés en écotourisme sont listés dans le tableau 2.3, selon différents auteurs.
Quoique les auteurs possèdent différents points de vue concernant les acteurs qui seront
susceptibles de coopérer dans le développement du processus (tableau 2.3), il existe une
certaine homogénéité de vue sur l’essentiel. Ainsi, les groupes d’acteurs suivants doivent
coopérer : les touristes, les compagnies touristiques (industrie du tourisme), les autorités, et
la population locale (Björk, 2000).
47
47
48
Depuis son apparition, le terme écotourisme a évolué avec d’autres termes comme : le
tourisme basé sur la nature, tourisme d’aventure, tourisme alternatif, tourisme non
destructeur et tourisme durable (Blamey, 2001 ; Orams, 2001 ; Weaver, 2001). Souvent,
ces termes ont été utilisés comme étant des synonymes de l’écotourisme (Blamey, 2001).
Aussi, l’écotourisme et le tourisme de masse étaient considérés comme mutuellement
exclusifs (ibid). De ce fait, le propos de cette section est de clarifier les divers perspectives
sur les relations entres ces termes, et par la suite distinguer les différents types
d’écotourisme.
Selon Wylie (1994, cité par Wight, 2001, p.37), l’écotourisme peut être vu comme une
activité, une industrie, une philosophie, un concept marketing, ou un ensemble de principes.
Or, comme il n’existe pas une définition universelle de l’écotourisme, il peut exister des
points communs entre l’écotourisme et différents types de tourisme, notamment le tourisme
de nature, le tourisme d’aventure, et le tourisme culturel (Wight, 2001). Dès lors, il
convient de le situer plus précisément par rapport aux autres formes de tourisme.
Fennell (2003) considère que l’écotourisme se trouve au sein d’une large classification du
tourisme, pouvant se diviser en deux catégories : le tourisme de masse, et le tourisme
alternatif. La figure 2.3 fournit un moyen fort utile pour conceptualiser les relations entre
ces différentes formes de tourisme. À travers l’évolution du tourisme, d’un côté, le
tourisme de masse est considéré comme une activité non durable en grande partie, et de
l’autre côté, la plupart des activités du tourisme alternatif est durable par nature. La sphère
du tourisme alternatif est composée de deux formes de tourisme : le tourisme socio-culturel
où l’expérience touristique se passe dans un milieu culturel (rural, ferme) et l’écotourisme
qui a moins d’orientation socio-culturelle mais dépend plus de la nature.
49
En d’autres termes, pour ce dernier, les ressources naturelles constituent les principales
causes et motivations pour le voyage (Fennell, 2003).
Tourisme de
masse
Tourisme
socio-culturel
Tourisme
alternatif
Écotourisme
Source : Fennell, 2003, p.16, après Weaver, 1998, adapté de Butler, 1996.
Comme il a été mentionné, l’écotourisme est étroitement lié au milieu naturel. Cette liaison
entraîne un certain flou entre le tourisme axé sur la nature et le concept multidimensionnel
de l’écotourisme (Honey, 1999; Weaver, 2001). Toutefois dans la littérature, Weaver
(2001) a indiqué qu’il existe un consensus sur les différences entre ces formes de tourisme.
En d’autres termes, l’écotourisme adhère à des principes que le tourisme axé sur la nature
n’est pas tenu de suivre. Aussi, en plus des caractéristiques citées auparavant de
l’écotourisme, l’activité écotouristique est un voyage qui n’est pas seulement basé sur la
nature mais également sur la population vivant à côté, leurs besoins, leurs cultures et leurs
relations avec la terre (Wallace et Pierce, 1996, cité par Fennell, 2003, p. 16). L’inclusion
de l’élément humain dans l’écotourisme constitue ainsi une extension significative du
concept par rapport aux autres formes de tourisme (Fennell, 2003). Dès lors, la figure 2.4
montre que l’écotourisme est un sous-ensemble du tourisme axé sur la nature.
50
Le fait que l’écotourisme n’est pas entièrement inclus sous cette catégorie reconnaît que
certaines attractions culturelles passées ou présentes constituent un composant secondaire
de l’écotourisme (Weaver, 2001). Ceci est par exemple visible dans la définition originale
fournie par Ceballos-Lascurain (1987) selon Weaver (2001, p74).
Tourisme axé
sur la nature
Éco-
tourisme
Comme avec le tourisme axé sur la nature, le tourisme d’aventure et le tourisme culturel
étaient souvent associés ou mélangés avec l’écotourisme. En effet, similairement avec le
tourisme axé sur la nature, le tourisme d’aventure était considéré comme une forme de
tourisme interchangeable avec l’écotourisme (Weaver, 2001). Pourtant, il préconise que le
tourisme d’aventure doit intégrer trois éléments : un élément de risque dans l’expérience
touristique, un haut niveau d’effort physique et un besoin de connaissances spécialisées
pour participer à l’activité.
51
Par conséquent, selon Weaver (2001), même si l'écotourisme comporte généralement une
composante culturelle, il n'est pas pour autant synonyme de tourisme culturel. Tandis que
ce dernier met l'accent sur la composante culturelle, dans l'écotourisme, cet élément est
souvent secondaire. De plus, l'expérience du tourisme culturel ne repose pas nécessairement
sur le milieu naturel (ibid). Pourtant, Fennell (2003) reconnaît qu’une combinaison de ces
différentes formes de tourisme est plus pratique pour les opérateurs au lieu simplement de
l’écotourisme, il décrit cette combinaison comme du tourisme ACE (aventure, culturel, et
écotourisme). En effet, deux facteurs militent pour ce concept. Premièrement, il existe
beaucoup de circonstances dans la pratique où la distinction entre ces trois éléments n’est
pas facilement réalisable. Deuxièmement, un produit de tourisme plus synthétique peut être
plus populaire pour les consommateurs qui sont à la recherche d’une expérience touristique
plus diversifiée et plus holistique, au contraire d’une seule forme de tourisme qui est mono-
spécialisée et trop spécialisée (Weaver, 2001). La rencontre de ces trois formes de tourisme
peut donner une nouvelle forme de tourisme appelée « trekking » ou randonnée (Weaver,
2001). En effet, la randonnée peut faire un amalgame (figure 2.5), à divers degré, entre le
tourisme culturel, le tourisme d’aventure et l’écotourisme car une randonnée typique
comporte une combinaison de distance, de visite à des villages locaux et d’appréciation de
la nature (Dearden et Harron, 1994, cité par Weaver, 2001, p. 75).
52
Tourisme
d’aventure
“Trekking”
Tourisme
Écotourisme culturel
Dans une perspective orientée sur la demande, Laarman et Durst (1987, cités par Orams
(2001, p.28) suggèrent que l’écotourisme peut être différencié selon deux dimensions :
l’intérêt porté à la nature et la rigueur physique nécessaire pour l’activité (figure 2.6). Dès
lors, c’est le niveau de difficulté en fonction des ces deux éléments qui permet de classifier
les différents types d’écotourisme en « hard ecotourism » et « soft ecotourism ». En
d’autres termes, un écotouriste « hard-core » demandera à vivre une vraie expérience de la
nature en vivant de façon élémentaire et pour un long période. À l’inverse, un « soft »
écotouriste demandera une expérience plutôt superficielle.
53
Difficile et
Difficile spécialisé
Difficulté
physique
Facile et
décontracté Spécialisé
Cette typologie fournit un contexte utile quand la différenciation est effectuée au niveau des
écotouristes eux-mêmes. Tout de même, à un niveau plus fondamental, les types
d’écotourisme peuvent être considérés en fonction de leurs relations avec la nature. Pour
Miller et Kaye (1993, cités par Orams, 2001, p.29), les multiples définitions et applications
de l’écotourisme font partie d’un continuum se rapportant à la nature. Ce paradigme d’un
continuum de l’écotourisme possède deux extrémités. D’un côté, le premier pôle considère
que l’être humain est séparé de la nature. De même, le tourisme et la présence humaine
produisent des impacts négatifs sur le milieu naturel. Et, dans ce cas, la pratique de
l’écotourisme est impossible car toutes les formes de tourisme ont des effets négatifs. De
l’autre côté, le second pôle considère que l’être humain fait partie intégrante de la nature, et
ses actions font partie du processus naturel et contribuent à l’évolution du cycle de vie
naturel. De ce fait, toutes les formes de tourisme sont considérées comme profitables à la
nature. Ces deux positions représentent une vue irréelle et irréalisable. Ainsi, l’écotourisme
doit se trouver entre ces deux extrémités. Le degré d’impact sur le milieu naturel peut
également servir de base pour classifier l’écotourisme. Toutefois, cette classification doit
être liée à une considération éthique de l’écotourisme qui doit faire partie intégrante de tout
discussion sur l’écotourisme selon Orams (2001).
54
En effet, la plupart des définitions suggèrent que l’écotourisme constitue un essai de « faire
correctement les choses ». Ainsi, dans cette perspective et selon les affirmations souvent
citées de Aldo Leopold (1949) repris par Orams (2001, p.29), une action est correcte quand
elle vise à préserver l’intégrité, la stabilité, et la beauté de l’environnement naturel. Elle
est incorrecte quand c’est le contraire, les opérations d’écotourisme qui contribuent
activement à l’amélioration de l’environnement naturel peuvent être vues comme étant
meilleures, positives et responsables (Orams, 2001). Par contre celles qui portent atteinte à
la qualité de l’environnement naturel sont considérées comme mauvaises, plus
« exploitive », et irresponsables. Entre ces deux types d’écotourisme se trouvent les
activités neutres et passives, celles qui cherchent seulement à minimiser leurs impacts
négatifs sur le milieu naturel. La classification selon le continuum est présentée sur la
figure 2.7.
Homme Homme
appartient à Exploitive Passif Actif séparé de
la nature Dommage à Dommage minimum Contribue à la nature
l’environnement à l’environnement l’environnement
Comme le souligne Wight (2001), la grande variété des activités, des motivations et les
caractéristiques du marché entraînent également l’existence d’un spectre des demandes.
Ceci est visible dans les différentes segmentations effectuées dans la section précédente. Et,
la combinaison de ces différents modèles de marchés a pu engendrer trois types
d’écotouristes, avec chacun ses caractéristiques et variables : écotouristes expérimentés,
écotouristes occasionnels, et écotouristes potentiels (Portrait de l’écotourisme au Québec en
2002, Tourisme Québec, p.12). Le modèle présenté dans la figure 2.8 a été utilisé dans
l’étude portant sur le portrait de l’écotourisme au Québec en 2002 en vue d’obtenir un
cadre théorique dans la classification des écotouristes.
56
ECOTOURISTE
EXPÉRIMENTÉ OCCASIONNEL POTENTIEL
Niveau Fort, prêt à Modéré Faible
d’engagement contribuer $$
environnemental
Spécialisé, Écotourisme Activités en
Type de voyage écotourisme : parmi des buts milieu naturel,
motif principal multiples buts multiples
Tourisme Sensibilisation
responsable Sensibilisé Éveil à ces aspects à faire
Modérée à
Interaction avec Profonde Modérée Superficielle
la nature
Intérêt au volet Majeur Modéré Faible
éducatif
Contenu Élaboré à Moyennement Peu élaboré
interprétation Scientifique élaboré
Aussi, les impacts de l’activité écotouristique dépendent de la façon dont elle est définie
(Buckley, 2003). Tout de même, il est possible de dresser une liste non exhaustive des
effets de l’écotourisme. Ceux-ci sont résumés dans le tableau 2.4 et certains aspects qui leur
sont liés seront discutés plus en détail par la suite.
Effets économiques
Avantages directs Coûts directs
Effets socioculturels
Avantages directs Coûts directs
¾ Ressentiment possible de la
population locale.
¾ Opposition des touristes à certains
aspects de la culture locale
(chasse, agriculture sur brûlis).
Les impacts socioculturels sont souvent difficiles à identifier et à quantifier. Selon Fox
(1977) cité dans Mathieson et Wall (1982) :
Les impacts sociaux et culturels du tourisme sont les façons par lesquelles le
tourisme contribue aux changements dans les systèmes de valeur, les
comportements individuels, les relations familiales, les modes de vie collectifs, le
niveau de sécurité, la conduite morale, les expressions créatives, les cérémonies
traditionnelles et l’organisation des communautés
Un cadre pour évaluer les impacts les activités touristiques sur la population locale et leurs
environnements est basée sur le travail de Doxey (1975), qui, dans un contexte général,
résumait l’évolution des sentiments que les populations locales expriment au fur et à
mesure que le tourisme augmente et occupe une large proportion dans l’économie. Ainsi,
pour Doxey (1975) repris par Shaw et Williams (2002, p.101), il existe quatre étapes à
considérer pour l’évaluation des sentiments locaux à l’égard de l’industrie du tourisme :
Un impact notable du tourisme sur les valeurs traditionnelles est l’effet de démonstration
(Mathieson et Wall, 1982) où le modèle de consommation locale change pour imiter celui
du touriste.
Selon Lequin (2001, p.24), un des impacts les plus néfastes que la présence des touristes
puisse avoir sur les communautés locales est la commercialisation des rites culturels
traditionnels. En conséquence, le processus de commercialisation et de commodification
peut ultimement éroder la bienveillance locale et l’authenticité des produits (Fennell, 2003)
Dans une perspective d’identifier les impacts sociaux que le tourisme puisse avoir dans une
région touristique, Fennell (2003) en reprenant les travaux de Ryan (1991) a repéré un
certain nombre d’éléments clés qui pouvant être utilisés comme indicateurs ou déterminants
de ces impacts.
¾ le nombre de touristes;
¾ le type de touristes;
¾ l’étape de développement du tourisme;
¾ le différentiel économique entre les régions émettrices et réceptrices de touristes;
¾ la différence culturelle entre le groupe visiteur et le groupe récepteur;
¾ la taille physique de la région affectant la densité de la population de touristes; le
degré auquel les touristes achètent des propriétés;
¾ le degré auquel la population locale demeure propriétaire des aménagements
touristiques;
¾ l’attitude du gouvernement;
¾ la croyance des communautés hôtes et la force de cette croyance;
¾ la politique adoptée avec le respect de la dispersion touristique;
¾ le marketing des destinations touristiques et l’image créée;
¾ l’homogénéité de la société hôte; l’accessibilité aux destinations; et
¾ la force originale des pratiques folkloriques et artistiques, et la nature des ces
traditions.
(Fennell, 2003, p.62, après Ryan,1991)
61
Dès lors, l'analyse des impacts socioculturels de l'écotourisme implique donc l'analyse de
trois éléments principaux (Mathieson et Wall, 1982), soit : l’éco /- touriste, la communauté
hôte, et la relation entre l'éco /-touriste et la communauté hôte.
Ainsi, en vue d’éviter les impacts socioculturels négatifs, d’atteindre les objectifs fixés pour
les aires à protéger et de réussir les stratégies de conservation de l’écotourisme, il est utile,
dès le début, de prendre un certain nombre de principes qui définiront la participation de la
communauté locale (tableau 2.5).
ÉTAPES PROCESSUS
2 ATTRIBUTS 3 RESSOURCES
ENVIRONNEMENTAUX TOURISTIQUES
Enquête, sélection et Enquête : résidents et touristes.
estimation des attributs. Sélection et estimation des
B. Cartographie significative des ressources. Cartographie
ENQUÊTE ressources significative des ressources
ET
Aucune estimation Aucune estimation
ESTIMATION
4 CARACTÉRISTIQUES SIGNIFICATIVES
Détermination et comparaison
par carte environnement / tourisme.
Évaluation par la valeur des ressources
5 ZONES 6 ACTIVITÉS
C. CRITIQUES COMPATIBLES
ÉVALUATION Évaluation par une matrice : Évaluation par des matrices :
Environnement / Ressources Impacts Environnementaux
Touristiques et Loisirs compatible
Approprié
7 STRATÉGIES ET CONTRÔLES
E. 9 PLAN DE RÉPARTITION
PROPOSITIONS
10 PLAN DE MISE EN OEUVRE
Pour sa part, l'OMT a défini trois indicateurs qui sont bien adaptés à la mesure des coûts et
avantages écologiques de l'écotourisme. Il s'agit de :
(OMT et PNUE, 2002, Sommet mondial du tourisme, Rapport final, p. 113, en ligne).
En étant pratiqué à petite échelle, l'écotourisme ne peut pas insuffler une nouvelle vigueur à
l'économie globale d'un pays en difficulté. Cependant, cette activité possède un potentiel
pour améliorer l'économie à l’échelle locale et communautaire. Parmi les bénéfices de
l'industrie écotouristique, la création d'emploi pour les gens des communautés est souvent
mentionnée et sert généralement d'indicateur de base. Mais, bien que des emplois soient
effectivement créés, ce sont la plupart du temps des emplois secondaires et saisonniers.
Dans tout projet écotouristique, les retombées économiques peuvent avoir, probablement,
une importance toute particulière pour les populations locales dans une perspective à long
terme.
65
Car, selon l’OMT et PNUE (2002) des études de cas démontrent qu'à court terme les
recettes de l'écotourisme sont modestes et ne suffisent pas à financer la protection de
l'environnement voulue pour attribuer une haute qualité aux produits écotouristiques Ainsi,
les impacts économiques de l'écotourisme ne sont pas toujours substantiels et peuvent
même ne pas être positifs du tout (Honey, 1999).
Trois communautés de population distincte (les Créoles, les Garifunas et les Mayas)
vivent dans le district de Toledo situé dans le sud du Bélize et considéré comme l’un
des plus pauvres du pays. Les activités économiques des habitants sont constituées
par l’agriculture et la pêche. En raison de ses forêts tropicales et de son héritage
culturel, bien que limité, le tourisme forme également une source de revenus à
Toledo.
Par conséquent, les habitants du District de Toledo ont décidé de développer cette
industrie à l’échelle locale. En 1990, ils fondèrent l’Association d’écotourisme de
66
Toledo (TEA) afin de renforcer leurs efforts. Ils montèrent un programme dénommé
« Auberge du village et parcours écotouristique » destiné à aider les habitants à
planifier, monter et gérer une série d’auberges. La caractéristique centrale de ce
programme est un système de rotation qui répartit les touristes du district à tour de
rôle parmi les villages impliqués. La coordination de l’activité est assurée et
centralisée au bureau du TEA en assignant les visiteurs au village figurant sur une
liste. Au sein de chaque village, des familles se chargent des repas, du
fonctionnement de l’auberge et d’assurer les services de guide et autres formes de
divertissement. Avec le système de rotation, l’association s’assure du partage
équitable et le plus large possible des bénéfices économiques tout en minimisant les
impacts négatifs du tourisme. Sur la trentaine de village du territoire, 12 participent
au programme pour visiteurs de manière active. Chaque village possède son
expérience et se situe à une étape de participation différente. Par exemple, certains
ont plusieurs années d’expérience dans l’accueil des touristes, d’autres en sont
encore à la construction d’auberges. Selon la loi du 20/80, 80% des revenus
générés par le tourisme reste dans la communauté et 20% va à la TEA. L’argent
restant dans la communauté va directement aux prestataires de services en priorité
et une petite marge est destinée au maintien du groupe et aux impôts. Pour sa part,
la TEA alloue son argent principalement à des projets dans les secteurs de la santé,
de l’éducation et de la conservation de la région, ainsi qu’à la couverture des coûts
administratifs et de marketing. A raison d’environ 500 visiteurs par an, les visites
de la région restent encore réduites mais elles augmentent peu à peu. Dans son
ensemble, ce programme est considéré comme un succès, mais il n’est pas exempt
de conflits, par exemple des conflits relatifs à l’adhésion de nouveaux membres. En
effet, les membres initiaux estiment qu’ils ont investi du temps et du matériel pour
lancer le projet et, maintenant qu’il commence à marcher, les nouveaux adhérents
devraient s’acquitter des mêmes sommes de travail. Également, les recettes du
tourisme sont encore faibles, et les membres initiaux hésitent à les partager à plus
de villages. Bien que les revenus touristiques soient prévus pour compléter d’autres
sources économiques, les membres ne veulent pas augmenter le nombre de
67
participants de peur que la rentabilité s’annule. Une façon d’augmenter les recettes
consiste à augmenter le nombre de visiteurs.
Bref, cet exemple démontre que l’écotourisme constitue un moyen par lequel les
communautés renforcent ou retrouvent leur rôle d’accueil dans les aires naturelles tout en
constituant une option de diversification des sources de revenus.
Selon Font et Buckley (2001, cités par Font, 2003, p.213), pour les officiels du secteur
public, la certification représente un mécanisme pour encourager l’adhésion à des vrais
principes de l’écotourisme sans avoir recours à des régulations officielles. Pour le secteur
privé, elle est vue fondamentalement comme un outil de promotion et de marketing.
Par définition, d’une part, l’accréditation est un procédé par lequel une association ou une
agence indépendante évalue et reconnaît qu’un programme d’études ou une institution
rencontre les standards prédéterminés ou de qualification (Maclaren, 2003). Si une
organisation neutre ou indépendante est impliquée, la gestion environnementale gagne
beaucoup de crédibilité. D’autre part, la certification se rapporte à un procédé par lequel un
tiers donne une assurance écrite qu’un produit, un processus, un service, ou un système de
gestion répond à des exigences définies (Maclaren, 2003). En d’autres termes, les agences
d’accréditation garantissent les compétences et les programmes de certification.
Dans la pratique, des systèmes de management environnementaux tels que ISO 14001, ou
EMAS (Eco-Management and Audit Scheme), outils applicables à tout type d’entreprise,
peuvent convenir au secteur. Toutefois, pour mieux répondre aux besoins du secteur, des
outils spécifiques ont été élaborés, par exemple le CST (Certifcation for Sustainable
Tourism) du Costa Rica, le NEAP (Nature and Ecotourism Accreditation Programme) de
l’Australie. Les « eco-labels » pour l’industrie peuvent être répertoriés selon leur portée
géographique, comme les Gîtes Panda (France) à l’échelle nationale, le Blue Flag à
l’échelle régionale et l’International Ecotourism Standard for Certification (IESC,) qui est
principalement le NEAP de l’Australie offert à d’autres pays par l’intermédiaire du Green
Globe 21, à l’échelle internationale (Buckley, 2002 ; Maclaren, 2003).
69
Les activités humaines sont largement normatives. De ce fait, les normes dictent les actions
des communautés, des cultures, des sociétés et de la planète. Il faut dire toutefois que ces
actions ne sont pas reconnues de manière universelle. En effet, l’individu est confronté à un
changement fondamental sur ce qui constitue un comportement acceptable et inacceptable
(Fennell, 2003).
Selon la théorie de l’action de la raison de Bright, et al. (1993, cités par Fennell, 2003), le
changement de comportement ne peut pas venir à travers l’examen des attitudes que les
individus portent sur certaines choses, mais plutôt en attaquant les valeurs et croyances
profondes que les individus croient être justes. Ainsi, changer les attitudes et les approches
de la vie, ou du tourisme, demeure un processus difficile (Fennell, 2003).
Bien que l’éthique ait été définie de plusieurs façons, le sens de base de ces définitions reste
à savoir ce qui est bon et correct pour l’être humain (Hoffman et al. 2001). En tourisme, la
présence et/ou l’absence de comportement acceptable du point de vue de l’éthique est
fonction de la manière dont les touristes, les opérateurs (industrie touristique) et la
population locale agissent et se sentent avec chacun d’eux et avec les ressources de base
(Fennell, 2003).
70
Ceci peut être perceptible à travers la typologie des interactions établie par Fennell et
Przeclawski (2003, dans Fennell, 2003) :
¾ Lui-même
¾ Résidents
¾ Autres touristes
¾ Opérateurs
¾ Le milieu naturel
¾ Touristes
¾ Opérateurs
¾ Autres résidents de la communauté
¾ Le milieu naturel
¾ Touristes
¾ Résidents
¾ Autres opérateurs
¾ Le milieu naturel
Ainsi, un équilibre entre les divers acteurs de l’industrie touristique doit être mis en place.
Dès lors, Payne et Dimanche (1996), qui ont étudié les liens entre l’industrie touristique et
l’éthique, suggèrent qu’un comportement éthique doit prendre en considération quatre
éléments. En d’autres termes, l’éthique nécessite la prise en considération et la participation
de la communauté durant les phases de planification et de prise de décision. Par la suite, il
doit y avoir une impartialité dans le traitement des employés. Et enfin, l’industrie doit
porter une attention particulière la cible finale, soit le touristes.
71
Dans un travail orienté spécifiquement pour l’écotourisme, Fennell et Malloy (1995, dans
Fennell, 2003, p.191) attirent l’attention sur les relations qui existent entre méta-éthiques
(existentialisme) et les éthiques normatives (déontologie et téléologie) en discutant sur la
façon dont ces éléments peuvent contribuer conjointement à une prise de décision éthique
dans l’industrie de l’écotourisme, ce qui constitue une déviation par rapport à une manière
traditionnelle de résoudre les problèmes éthiques se servant de la dichotomie entre les
approches normatives et les méta-éthiques. Ainsi, Fennell et Malloy stipulent que les
demandes organisationnelles et morales de l’industrie touristique peuvent se mettre en
relation à travers une approche en triangle (figure : 2.10). Le modèle peut devenir un point
de départ pour des recherches empiriques sur le comportement des écotouristes et pour le
développement d’une compréhension des valeurs éthiques du concept (Fennell, 2003).
DÉONTOLOGIE TÉLÉOLOGIE
Comportement Comportement
correct suit: bon cherche:
Comportement
Normes culturelles / éthique complet Meilleur pour
Écologqiues le grand nombre
EXISTENTIALISME
1- Les visiteurs de l’Antarctique ne doivent pas laisser d’empreinte de pas sur les
mousses, les lichens ou les herbages.
2- Les visiteurs de l’Antarctique ne doivent pas pénétrer dans les espaces propres des
pingouins, des oiseaux de mer et des phoques.
3- Commencer à une distance de 5 mètres pour les pingouins, les oiseaux de mer et les
phoques et 18 mètres pour les otaries.
Pour cela, elle devra être bénéfique au milieu en question par des retombées directes sur
l’économie locale ; aussi bien en termes d’emplois, non seulement dans le secteur tourisme
mais aussi sur l’ensemble des activités qui pourraient jouer un rôle de fournisseur, qu’en
termes de mise en valeur du patrimoine culturel, historique et naturel du site. C’est dans ce
sens que l’écotourisme répond à ces principales préoccupations.
De même, la large adoption et diffusion des termes conservation et durabilité ne peut pas
résoudre les problèmes environnementaux de la planète, ce qui reste également valable
pour l’écotourisme. Toutefois, il faut se souvenir que les objectifs de l’écotourisme sont
solides, sains et honorables. Ce n’est pas parce que le concept est difficile à mettre en
pratique qu’il présente des défauts ou des faiblesses. Ce qu’il faut se dire c’est qu’en
sachant où nous voulons aller constitue déjà un pas important pour y arriver.
74
L’étude de cas sur Madagascar portera sur une analyse descriptive de l’industrie du
tourisme et la place occupée par l’écotourisme dans le pays. Ainsi, l’étude analysera
l’industrie selon quatre critères. Premièrement, un portait du tourisme sera établi à travers
son historique, les caractéristiques du marché, les attractions, les politiques de gestion et de
promotion ; deuxièmement, les conditions du tourisme concernant les zones protégées;
troisièmement, les impacts économiques, environnementaux et socioculturels du tourisme
seront étudiés; et quatrièmement, les obstacles et les opportunités pour la croissance du
tourisme et de l’écotourisme. Par la suite, le dernier chapitre portera sur les
recommandations pour la mise en place d’une stratégie de développement de l’écotourisme
en rapport avec les principes du concept qui ont été exposés dans le chapitre précédent.
Pourtant, malgré ce retard, le tourisme occupe une place importante dans l’économie
malgache. En effet, sa contribution économique, mesurée en apport de devises, dépasse
celle des autres industries d’exportation comme les zones franches, la crevette, et la vanille.
D’ailleurs, l’OCDE (2005), en étudiant les perspectives économiques en Afrique pour les
années 2004 – 2005, a souligné que le secteur tourisme contribue à hauteur de 16% du PIB
dans le cas de Madagascar alors que le secteur de la pêche et aquaculture n’est qu’à 7%.
75
Depuis l’année 1992, les statistiques ont montré également que le tourisme n’a cessé de
croître. Cependant les événements du 11 septembre et la conjoncture politique survenue en
2002 dans le pays ont ralenti considérablement cette croissance à cause des restrictions
politiques ainsi que la remise en question de la sécurité.
Selon Mittermeier (1988, cité par Sarassin, 2002, p.60), Madagascar figure au palmarès
des cinq pays possédant le plus grand nombre d’espèces d’animaux, au même titre que le
Brésil, l’Australie, la Colombie, et l’Indonésie. Mais, malgré les multiples actions déjà
entreprises, Madagascar demeure encore connu plus pour son niveau élevé de dégradation
environnementale que pour sa biodiversité.
Des informations soulignent que 80% de la forêt primaire de l’île a disparu, et actuellement
elle ne couvre que 15% de la surface totale (Randrianarivelo et al, 2000). Ainsi, cette
déforestation menace l’écosystème dans son ensemble, comme la diversité biologique et les
ressources hydrologiques.
Toutefois, conscient de ces menaces, dès 1989, le gouvernement malgache a mis en œuvre
le Plan National d’Action Environnemental (PNAE). Par la suite, l’adoption de la Charte de
l’environnement sous forme de loi (loi 90-003) constitue la base légale pour la
concrétisation d’une stratégie environnementale par l’intermédiaire de trois Programmes
Environnementaux par période de cinq ans. Ainsi, dans son premier volet, de 1991 à 1996,
le Programme Environnemental (PE1) visait à intégrer toutes les activités prioritaires ayant
trait à l’environnement dans un seul et même programme. Cette première phase avait
également pour but d’aligner l’économie malgache à l’économie mondiale (Sarrasin, 2002).
À la suite du PE1, la réalisation du second volet PE2, de 1997 à 2002, se base sur une
approche décentralisée. Autrement dit, dans sa politique de décentralisation et d’autonomie
des provinces, la gestion de l’environnement et des ressources naturelles doit s’effectuer à
l’échelle régionale et locale. La principale finalité de ce dernier était l’appropriation d’un
réflexe et pratique environnemental à tous les niveaux, tout en étant une partie intégrante de
la politique de développement du pays (Andriantseheno et al, 2000, p.4). De ce point de
vue, le tourisme, et en particulier l’écotourisme, peut constituer une stratégie pour atteindre
les objectifs du Plan d’action environnemental, soit l’accélération du développement
économique et protection de l’environnement.
76
À partir de 2002, la phase trois du programme environnemental (PE3) devait se traduire par
une évolution des réflexes environnementaux vers des actions environnementales. C’est-à-
dire que les actions gérées et générées par les différents acteurs, par exemple les
collectivités de base, les ministères, les ONG, etc devront se faire d’une façon spontanée
(ibid).
Concrètement, dès 1996 et par l’intermédiaire de la loi 96-025 portant sur la gestion locale
des ressources renouvelables ou GELOSE (Gestion Locale Sécurisée), le gouvernement
malgache transfert, par contrat, la gestion des ressources renouvelables aux communautés
locales qui en font la demande. Le contrat implique donc l’État central, la commune et la
communauté locale et, porte sur un espace spécifique tout en sécurisant la propriété
foncière par le truchement d’une constatation publique et contradictoire des occupations
foncières à titre individuel ou collectif de l’espace demandé (Babin et Bertrand, 1998).
Ainsi, Sarrasin (2002, p.63), citant le MDUT et PNUD (1992), exprime que l’objectif
affiché par le gouvernement est de rattraper le retard accumulé depuis plus de 15 ans,
donnant un grand coup d’accélérateur à l’industrie touristique qui doit devenir l’un des
éléments moteurs du développement. Le discours politique des dirigeants se focalisait par
ailleurs sur un nombre de 400.000 touristes en 2005.
Selon Sarrasin (2002, p.62), pour obtenir cette croissance, le pays doit s’appuyer sur quatre
sortes de clientèle : une clientèle balnéaire « haut de gamme » ; une clientèle balnéaire de
« gamme intermédiaire » ; une clientèle de circuit et de découverte ; et une clientèle
d’affaires.
Toutefois, ces objectifs ne sont pas encore atteints. Car, actuellement, le cap de 200.000
touristes n’est pas encore dépassé par Madagascar. De même, les actions entreprises pour la
protection de l’environnement semblent être mal compris par la population malgache. En
d’autres termes, théoriquement, le tourisme à Madagascar peut être considéré comme dans
la phase de découverte selon la courbe de cycle de vie des produits adapté par Butler (1980)
au tourisme. Pratiquement, les mesures prises et les actions entreprises sont encore loin
d’être suffisantes.
Madagascar est la quatrième plus grande île du monde avec une superficie de 587,000 km2,
près de 5000 km de côtes. L’île est étirée tout en longueur entre le Canal de Mozambique
et l’Océan Indien. La diversité des climats, des cultures, des paysages, et une biodiversité
exceptionnelle font de Madagascar une destination attrayante. De manière historique et
géographique, les régions touristiques du pays sont divisées en cinq groupes différents
reflétant la diversité du pays en matière d'écosystème :
3%, soit 17.745 km2, de la superficie totale du pays sont occupés par les parcs nationaux,
les aires protégées, et les réserves spéciales (ANGAP, 2003). La figure (3.1) donne une
illustration de la répartition de ces réserves. Des réserves privées ainsi que des sites classés
« Ramsar », en rapport avec la convention internationale sur les zones humides, parsèment
également le pays.
La diversité du capital touristique du pays se caractérise aussi par son site classé Patrimoine
Mondial avec la Réserve Naturelle Intégrale des Tsingy du Bemaraha dans l'ouest.
En plus de l’attraction naturelle du pays, le secteur minier produit des pierres précieuses qui
sont commercialisées sur place mais aussi exportées. L'artisanat comprend des articles de
broderie et de produits en bois (Christie et Crompton, 2003).
79
D’après les estimations avancées par les différentes littératures (tableau 3.1), le nombre de
plantes vasculaires varie entre 8500 et 12000 espèces réparties en 1200 à 1600 genres
appartenant à 160 à 200 familles. Le taux d’endémicité est considéré à un niveau très
important de l’ordre de 85 %. Aussi, vu les particularités géologiques et climatiques de
Madagascar, on retrouve plusieurs types de forêt sur l’île. Les plus importantes sont
présentées dans le tableau 3.2.
80
% Ha
Christie et Crompton (2003) ont souligné que trois sources quantitatives d’information sur
la répartition des touristes sont disponibles à Madagascar. L’Association Nationale pour la
Gestion des Aires Protégées (ANGAP) fournit les données sur les visiteurs des parcs
nationaux. L’enquête du projet MADIO (2000) a permis de connaître les principales
régions et destinations les plus fréquentées. Enfin, l’enquête que la Banque Mondiale a
effectuée auprès des opérateurs touristiques concerne l’état de l’offre touristique.
Ainsi, l’enquête effectuée en 2000 (projet MADIO : Madagascar - Dial - Instat- Orstom,
2000, cité dans Christie et Crompton, 2003) auprès des visiteurs a permis de déterminer le
pourcentage des activités auxquelles s’adonnent les touristes durant leur présence :
écotourisme 55%, tourisme balnéaire19%, tourisme culturel 15%, tourisme d’aventure 8%,
autres 3%. Ainsi, cette enquête a montré que Madagascar est principalement une
destination écotouristique. Toutefois, selon Randriamampianina et Razafiarison (2000), la
part de l’écotourisme dans l’ensemble du tourisme est de l’ordre de 16%, ce qui est encore
au dessus de la moyenne mondiale de 10%.
La principale motivation de voyage est constituée par l’attrait des lémuriens évoluant dans
leur cadre naturel. Les amateurs d'oiseaux font le déplacement pour observer les 106
oiseaux endémiques sur les 250 que l'île comporte. Les touristes intéressés par le soleil, la
mer et le sable apprécient la diversité offerte par les différents sites balnéaires ainsi que la
diversité de la biodiversité marine. Les touristes culturels sont séduits par la variété
culturelle de la population locale et sa tradition. Le tourisme d'aventure attire les amateurs
de randonnée en montagne et de marche (Christie et Crompton, 2003).
Les données fournies par l’ANGAP (citées dans Christie et Crompton, 2003, p.19)
indiquent que 85.532 personnes, dont 54.440 touristes étrangers, ont visité les sites en
2000. 5 parcs ont attiré plus de 88% des visiteurs.
L’enquête MADIO (citée dans Christie et Crompton, 2003, p.19) indique que la région Sud
du pays est la principale destination avec 38% des visiteurs, ensuite la région Nord a attiré
82
21%, l’Est a attiré 19%, la région Ouest était visitée par 14% des touristes, et enfin les
Hauts Plateaux avec 7%. Ces indications permettent de dire que le tourisme est une activité
qui profite à différentes régions.
Tableau 3-4 : Comparaison des arrivées selon les Ministères du tourisme et de l’Intérieur
Source 1996 1997 1998 1999 2000
Ministère du Tourisme 82,681 100,762 121,207 138,253 160,071
Ministère de l'Intérieur (Non-résidents) 71,368 80,170 83,311 68,054
Concernant les pays d’origine des touristes, la France domine le marché avec 60% des
visiteurs étrangers, l’Italie est en seconde position avec 12%, les États-Unis sont troisième
avec 4,2%, la Suisse et l’Allemagne représentent respectivement 2,9% et 2,8% des arrivées.
Au sujet de la périodicité des arrivées, c’est entre le mois de juillet et le mois de décembre
que les arrivées atteignent le maximum. La durée moyenne du séjour est de 20 jours. Le
profil socio-démographique des visiteurs est assez marqué : la majorité des touristes
voyageant à Madagascar est constituée par des hommes, plus de 60% des visiteurs ont entre
30 et 49 ans. Les trois quarts (¾) sont diplômés ou ont un niveau d’études élevé. La
dépense moyenne est de 3200 $CAN pour les touristes authentiques (Enquête Madio, 2000,
dans Christie et Crompton, 2003, p.24 - 26).
L’offre
Selon l’étude réalisée par la Banque Mondiale en 2003, peu d'informations sont disponibles
sur les services liés au tourisme ainsi que les services s’y rattachant. Seules, les
informations en matière d’hébergement sont disponibles. Ainsi, en 1999 le pays disposait
de 556 hôtels et de 7207 chambres. En 2001, les hôtels sont passés à 787, et les chambres à
8.247. La répartition des hôtels par province est indiquée dans le tableau 3.5.
Ce qu’il faut remarquer c’est qu’une des caractéristiques des hôtels à Madagascar est leur
petite taille. En effet, la dimension moyenne est de 10,5 chambres. La capitale a une
moyenne de 13,6 chambres (Christie et Crompton, 2003).
Dans le pays, la taille de l’hôtel peut indiquer la gamme. En d’autres termes et d’une
manière subjective, plus l’entreprise est grande, plus elle se rapproche des normes
internationales. À noter aussi que l’enquête de la Banque Mondiale a pu démontrer que les
hôtels sont concentrés essentiellement dans les grandes villes. Et, dans les parcs et réserves
où les touristes passent la majorité de leur séjour, il manque des infrastructures
d’hébergements ou il n’en existe pas (Christie et Crompton, 2003).
Au cours de son évolution, le tourisme tend à occuper une place de choix dans l’économie
malgache. L’industrie touristique semble représenter la première industrie en matière
d’entrée de devises. Mais de manière paradoxale, en terme d’emploi, les apports du
tourisme sont moindres pour une population de 17 millions d’habitants. En effet, une
estimation du Ministère de la Culture et du tourisme montre que les emplois directs générés
par l’industrie sont seulement de 18.690 en 2003. Toutefois, les emplois indirects causés
par le tourisme dans les autres secteurs semblent ne pas être comptés ou disponibles.
Par conséquent, vu les objectifs de développement fixés par le gouvernement, les résultats
présentés montrent que même si le tourisme a évolué de manière positive, beaucoup
d’actions restent encore à faire.
Au cours des années 1990, la stratégie du Ministère du Tourisme était dirigée vers les
segments de marché les plus lucratifs, soit la clientèle balnéaire haut de gamme et le
tourisme d’affaires (Sarrasin, 2002).
85
Pour le domaine particulier de l’écotourisme, selon Sarrasin (2002) cette activité offre
simplement un motif pour obtenir des financements de la part des bailleurs de fonds
internationaux. En d’autres termes, pour Sarrasin, l’établissement de nouveaux parcs et
réserves protégés, les projets de développement intégré et de conservation ne constituent
pas nécessairement une stratégie de protection de l’environnement ou une promotion de
l’activité touristique. Toutefois, l’adoption de telle attitude n’est pas aisée car en intégrant
l’économie mondiale, Madagascar ne peut pas échapper aux pressions sociétales et aux
préoccupations environnementales internationales. Autrement dit, présenter la destination
Madagascar comme une destination écotouristique est justifiée et légitime.
Par conséquent, dans sa politique, le gouvernement a décidé de mettre en place les Réserves
foncières touristiques. De façon sommaire, l’état attribue des terres pour les activités de
l’écotourisme. Essentiellement, elles doivent être libres de tous conflits de propriété et
l’attribution se fait par appels d’offre et d’une façon contractuelle.
Cette politique est définie par la loi n° 95-017 du 25 août 1995 (Ministère de la Culture et
du Tourisme, 2004). De plus, en 1990, le gouvernement a créé une association qui gère
l’ensemble des parcs et réserves du pays, l’ANGAP. Les réserves sont classées en quatre
86
catégories. Les Réserves Naturelles Intégrales sont conçues pour la protection de la faune
et de la flore, et par définition, les entrées sont strictement interdites et couvrent 9,0% soit
1594 km2 des surfaces protégées. Les Parcs Nationaux sont conçus pour la protection du
patrimoine culturel et naturel et dominent avec 69,2% soit 12279 km2 des surfaces
protégées. Les Réserves Spéciales doivent protéger l’ensemble des écosystèmes et portent
sur 21,9% soit 3754 km2 des surfaces protégées. Les parcs marins avec 0,7% soit 117 km2
des surfaces protégées (ANGAP, 2003).
Toutefois, cette politique ne doit pas entraîner une exclusion de la population de ces régions
et devrait être accompagnée de mesures adéquates. En effet, Fennell et Eagles (1990) ont
remarqué que le plus souvent, dans beaucoup de pays en voie de développement, les
différentes approches pour la conservation de la biodiversité étaient souvent accompagnées
de décrets, d’ordonnances et de lois. Or, ces approches reviennent coûteuses, et ne sont
efficaces qu’à petite échelle. Dès lors, ce n’est pas surprenant que les populations indigènes
expriment un sentiment d’hostilité et de désintérêt vis-à-vis de ces mesures.
Il a été mentionné dans le chapitre précédent que l’écotourisme doit s’appuyer sur la
participation de la communauté locale pour permettre à des économies isolées de se
diversifier.
À Madagascar, les projets d’écotourisme en cours sont conduits par des organisations non
gouvernementales (ONG) et des organismes internationaux possédant des expériences dans
le travail avec les communautés telles que le WWF et l’USAID. Toutefois, le manque de
formation et de connaissance de la population locale limite leur participation dans ces
projets (Paquier et. Razafindrakoto, 2002).
Aussi, mise à part le reversement de la moitié des droits d’entrée dans les parcs nationaux
et pour parfaire la participation de la communauté locale, l’ANGAP emploie la population
notamment comme guide. L’association fournit également des programmes de formation en
langues, en écologie et en techniques de guidage. Toutefois, en périphérie des Parcs
Nationaux ou zones tampons, rares sont les projets qui appuient les communautés locales à
développer des infrastructures d’accueil pour les touristes. Et même s’il en existe, ils ne
sont qu’à leurs prémices (Christie et Crompton, 2003).
88
Il a été démontré que le tourisme peut générer des activités économiques dans d'autres
secteurs de production et de services. Le secteur de la construction est concerné par la
construction des infrastructures d’hébergement. Les hôtels et les autres types d'hébergement
génèrent d’autres activités à travers des liens en amont et en aval avec les autres secteurs
de production tels que, l'agriculture et la pêche.
Les prestations de services touristiques et les touristes eux-mêmes créent une demande en
matière de transport, de services bancaires et d'assurance, de télécommunications, de
services médicaux, de sécurité, de commerce de détail, et plus particulièrement, d’articles
artisanaux.
En vue de fournir une mesure fiable concernant l’apport du tourisme dans l’économie
nationale d’un pays, les Nations Unies ont appelé les pays à développer le Compte Satellite
du Tourisme (CST). À Madagascar, le CST n’est pas encore en vigueur, car le tourisme est
compris dans le PIB sectoriel « Commerce, Hôtels et Restaurants ». Ainsi, en réunissant le
commerce et le tourisme, la contribution d'aucun des deux ne peut être calculée de façon
fiable.
Selon la Banque Centrale de Madagascar, le tourisme est un des trois premiers secteurs en
termes de contribution en devises, fluctuant en rang avec le secteur de la zone franche et le
secteur de la pêche. Le tableau 3.6 permet de voir l’évolution de ces recettes
Toutefois, les emplois qui sont créés par l’activité touristique dans les autres secteurs de
production ne sont pas pris en compte.
Pour le gouvernement, les revenus sont générés par divers impôts, comme les taxes et
impôts sur les ventes, la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), les taxes d'aéroport, les impôts
sur le revenu des sociétés, les charges sociales, et les propriétés. Néanmoins, le montant
exact des impôts attribuable au tourisme est difficile à évaluer. En 1999, ces revenus
fiscaux ont été estimés à FMG 62,5 milliards3, soit un peu plus de 8 millions de $CAD
(Christie et Crompton, 2003, p.44). L’évaluation de la seconde phase de mise en œuvre du
Plan d’action environnemental par l’Office National de l’Environnement a permis d’établir
les recettes globales générées par le tourisme dans les aires protégées à 5, 8 millions de
$US en 2000 La moitié de cette recette est partagée aux populations vivant autour de ces
aires soit pour la réalisation de micro-projets soit comme revenus supplémentaires pour
inciter la population à mieux utiliser les ressources naturelles (ibid).
Actuellement, sur le plan de la protection des ressources naturelles, les avantages tirés du
tourisme à l’échelle du pays ont peu d’incidences sur les motivations locales en matière de
déforestation, principale source de destruction de l’environnement. Toutefois, les actions
entreprises et la politique de développement exprimée dans le DSRP permettent
d’envisager une réduction de la pauvreté, limitant en retour les activités nuisibles à
l’environnement. Cette relation entre la pauvreté et la dégradation environnementale est
confirmé par Homer-Dixon (2002) qui a mentionné que :
3
1$CAD = 7770 FMG: Marché interbancaire de devises, avril 2005
90
les pays pauvres dépendent des ressources renouvelables locales pour l’un ou
l’autre de leurs besoins quotidiens. Et cette dépendance est à l’origine de
l’accélération des phénomènes de dégradations environnementales au niveau du
sol, de l’eau, et de la forêt.
Ainsi, selon cet auteur, la question à poser porterait sur le consentement de la population
locale à modifier leur style de vie. En d’autres termes, en premier lieu, les programmes de
développement écotouristique, par exemple le développement des réserves et parcs
protégés, devront s’accompagner de programmes d’information envers la population locale
énonçant les objectifs des parcs. Par la suite, les actions futures seront menées et conduites
afin que la population locale ne se sente pas privée de leur droit.
Dans le cas de Madagascar, l’un des aspects négatifs du tourisme sur le plan social
comprend l’augmentation de la prostitution jusqu’à sa pire forme, c’est-à-dire la
prostitution des enfants. Le Ministère du Tourisme a pris conscience de l’existence de ce
problème. Le gouvernement mène actuellement une campagne active contre ces pratiques.
Les contrevenants sont poursuivis localement et, en application d’une convention
internationale récente, dans leur pays d’origine.
D’une manière générale, Vellas, et Cauet (1997, p.19 - 32) distinguent cinq contraintes
spécifiques au développement touristique dans les îles.
Deuxièmement, l’insuffisance de gamme des produits touristiques se traduit par une faible
diversification des produits commercialisés. Ce qui entraîne une spécialisation de la part
des opérateurs sur un petit nombre de produit. Cette entrave est de moindre ampleur à
Madagascar car le pays dispose d’une diversité de ressources permettant de satisfaire
plusieurs types de demandes.
La quatrième contrainte est constituée par la vulnérabilité des îles face aux catastrophes
naturelles. En effet, la fragilité des équipements touristiques constitue une spécificité de
toutes les îles se trouvant dans les zones tropicales et subtropicales. Madagascar n’échappe
pas à ces cataclysmes car des cyclones traversent l’île au minimum 2 fois par an durant la
saison des pluies.
92
4
Selon les auteurs, les résultats et les analyses ne reflètent pas la position de l’institution financière (Banque
Mondiale). Toutefois, dans le cadre de ce travail, ces résultats d’enquête indiquent et résument l’état actuel
du tourisme à Madagascar. Le document officiel de Cadre Intégré semble appuyer les contraintes que ces
auteurs ont développées.
93
réclamé par des individus ou les collectivités environnantes ou même que le contrat soit
révoqué par le gouvernement. Par la suite, le Ministère du Tourisme, en collaboration avec
le secteur privé, le représentant d'un ONG et l'assistance des bailleurs de fonds, a initié une
nouvelle disposition d'acquisition foncière : les Réserves foncières touristiques (RFT) pour
résoudre le problème. Actuellement, le Ministère du Tourisme a mis en oeuvre 32 projets
de RFTs. (Christie et Crompton, 2003, p. 60 - 62).
En second lieu, l'accès International constitue un goulot d’étranglement car il ne se fait qu’à
partir de deux villes européennes : Paris et Milan. Toutefois, en 1997, la libéralisation du
trafic aérien s’est poursuivie avec l’autorisation de vols non réguliers aux charters,
l’élimination du monopole d'Air Madagascar sur les lignes intérieures. Par contre, les prix
demeurent encore élevés par rapport à la concurrence, les capacités et les fréquences des
vols sont insuffisantes et, les liaisons entre les vols internationaux et les vols intérieurs sont
loin d’être assurées. (Christie et Crompton, 2003, p. 63 - 64).
Tableau 3-8 : Principaux traits de la fiscalité des entreprises selon leur régime
Droit
Zone franche
commun
Impôt sur le bénéfice des sociétés 10% 35%
Taxe sur les dividendes distribués 10% 25%
Franchise d’impôts 2 à 15 ans selon les catégories Non
Droits et taxes à l’importation Non Oui
Paiement de la TVA Oui Oui
Source : FMI (novembre 2001), dans, Fourmann, 2003, p.14
94
Pour le financement, les six banques existant à Madagascar restent concentrées dans les
grandes villes. L’accès aux crédits bancaire est très sélectif. D’une manière générale, les
banques considèrent l'environnement des affaires comme plein de risque principalement
quand il s’agit d’accorder des prêts à des petites ou moyennes entreprises. Le système
judiciaire reste archaïque, en cas de défaut de paiement, il est difficile pour les institutions
financières d’obtenir des recours (Christie et Crompton, 2003, p. 65 - 67).
Le tableau 3.9 indique la densité du réseau routier dans les 6 provinces selon les données du
Ministère de l’Économie et du Plan.
Vu l’étendu des ces obstacles, il n’est pas nécessaire de les enlever immédiatement. Il
faudrait passer par la définition des priorités et choisir en fonction. En d’autres termes, il est
nécessaire d’effectuer une analyse comparative en termes d’avantage comparatif et des
coûts économiques, sociaux et environnementaux.
En premier lieu, il est évident que les contraintes limitent la croissance du tourisme et
réduisant par la suite les possibilités de développement offertes par l’activité. Cependant,
face à un marché de plus en plus « vert » et en articulant le développement économique
autour du tourisme, Madagascar doit trouver la solution idoine et mener des actions
transversales afin d’atteindre les deux objectifs de développement économique et de
protection de l’environnement. Autrement dit, les actions devront être conduites et
coordonnées de manière à ce que l’activité devienne une source de revenus garantie et une
alternative économique viable pour que ceux vivant et dépendant essentiellement des
ressources naturelles soient motivés à changer de mode de vie, de consommation et de
production.
Or, la déforestation qui entraîne la diminution de l’habitat de ces animaux arrive au même
résultat, soit la destruction de l’écosystème et la disparition des différentes espèces. De
même, dans certaines régions, il existe des zones ou espaces interdites d’accès car
sanctifiées par la population locale. Ainsi, lors de la mise en place des réserves et parcs
protégés, les autorités auront beaucoup d’intérêts à prendre en considération les avantages
qu’elles peuvent tirer de ces règles et valeurs ancestrales. La mise en valeur de ces règles
culturelles pourrait éventuellement amplifier l’authenticité et augmenter la valeur ajoutée
de l’expérience écotouristique. Une discussion sur la notion du droit de l’environnement
malgache effectuée par Henkels (1999) peut aider les autorités dans ce contexte.
98
Chapitre 4 RECOMMANDATIONS
Dans ces conditions, les recommandations suivantes pourront constituer des pistes de
réflexion pour la mise en place d’une stratégie efficace. Dans un premier temps, les
recommandations concerneront le secteur du tourisme en général. Dans un second temps,
un plan d’action sera établi pour l’écotourisme en particulier.
Le principe à considérer est que le tourisme est une industrie transversale, de ce fait presque
tous les secteurs d’activités peuvent en tirer des avantages par son développement. Ainsi, il
serait préférable de mettre en place un plan sectoriel de l’industrie du tourisme. À l’instar
d’un SSPI, le plan pourrait contribuer à connaître la situation véritable du secteur
touristique. Par la suite, il faciliterait l’identification des liens existant entre le tourisme et
les autres secteurs. En procédant par cette logique, les contributions de tous les secteurs
seront prises en considération. De même, le classement selon l’ordre d’importance et de
priorité sera facilité. Ainsi, le développement axé sur le tourisme fournit l’occasion de
connaître les différentes opportunités offertes par les différentes régions. Pour ce faire, le
gouvernement doit avoir un projet de développement du secteur sur le court et le long
terme.
En pratique, il est possible de s’appuyer sur les acquis actuels. En d’autres termes, les
projets établis ou en cours serviront de projets pilotes en vue d’être appliqués à d’autres
endroits. À noter toutefois qu’il ne serait pas nécessaire de multiplier les acteurs car cela
peut ajouter de la confusion dans les partages d’autorité et de responsabilité.
99
La base statistique du tourisme doit également être améliorée étant donné qu’il peut y avoir
des pertes significatives rattachées au fait de ne pas connaître la taille d'un secteur qui a le
potentiel de devenir un créateur important d'emplois, de devises et d'impôts et de stimuler
la production de biens et de services dans d'autres secteurs. En effet, si ces pertes sont
identifiées, le gouvernement sera enclin à corriger et à améliorer les bases de données
touristiques qui pourront aboutir à la création d’un Compte Satellite du Tourisme (CST).
Car comme le dit G. Croteau lors de son intervention dans un cours à la faculté : on ne
mesure que ce que l’on compte.
Plusieurs pays utilisent un schéma directeur et un plan d’aménagement pour établir une
carte de développement touristique. Comme ces pays, Madagascar compte probablement
entreprendre des schémas directeurs du tourisme. Ces schémas directeurs du tourisme
constitueront ainsi des documents de stratégie. Car à l’image des plans d’affaires, ils
comporteront les éléments détaillés nécessaires au bon développement du tourisme.
Toutefois, il ne faut pas oublier que l’industrie touristique peut également devenir une
industrie polluante. Puisque elle a comme principal capital l’exploitation de
l’environnement naturel. De ce fait, des mesures préalables seront essentielles afin
d’endiguer ou du moins limiter ces pollutions. Cette action peut se passer à travers une
évaluation détaillée des éventuels impacts (négatifs et positifs) des projets d’implantation.
Dans ce cas, en vue d’atteindre un développement durable du tourisme, le gouvernement
malgache doit mettre en pratique les lignes directrices de la convention internationale
portant sur la diversité biologique (Convention on Biological Divesrity, 1992, Sommet de
Rio) que le pays a ratifié et principalement les lignes directrices comprises dans la
« Diversité biologique et tourisme: élaboration de lignes directrices pour un tourisme
durable dans les écosystèmes vulnérables » élaboré durant l’atelier de 2001 à Santo
Domingo sous l’égide de la Commission sur le développement durable (CBD et PNUE,
2001). Suivant la même logique, des indicateurs d’éco-efficience devront être développés
pour trouver un équilibre adéquat entre les impératifs de conservation et les impératifs de
développement économique.
100
Le système fiscal aussi doit être revu, car le système actuel limite considérablement les
marges de manœuvre de l’industrie touristique. Étant classée dans le régime de droit
commun, l’industrie touristique ne peut pas se développer convenablement. D’une part, les
entreprises franches reçoivent des mesures incitatives. D’autre part il peut exister des
raisons valables pour l’application de ces mesures à l’industrie touristique. Par exemple, les
Réserves Foncières Touristiques pourraient obtenir les mêmes mesures que les entreprises
franches. Toutefois, ces Réserves Foncières Touristiques resteront limitées aux zones à fort
potentiel touristiques. L'objectif est ainsi de ne pas disperser les ressources mais de les
utiliser à bon escient. Aussi, des activités autres que le tourisme peuvent conduire à
atteindre les objectifs de développement et de conservation.
Il est également utile de mettre en place des programmes qui aideront les divers prestataires
de services (opérateurs touristiques, les transporteurs, etc…) à adopter des critères leur
permettant d’obtenir une certification « verte ». Dans cette optique, la mise en place d’une
certification « verte » constitue un avantage pour les ressources naturelles de Madagascar et
peut devenir un outil commercial et de promotion. Par ailleurs, pour préserver son image en
tant que destination écotouristique, les nouvelles constructions devront se conformer à des
normes environnementales strictes. Une étude d’impact environnemental peut être exigée
pour toutes nouvelles constructions. Dans cette perspective, la mise en place d’un institut
de normalisation peut être envisagée ou bien se fera par l’intermédiaire d’un organisme
international tel que l’International Standards Organization (ISO) pour la certification en
14001 applicable à toutes les entreprises de services. Ainsi, par l’intermédiaire de ces
101
Le système de classification hôtelière nécessite aussi une mise à jour, car Madagascar ne
peut pas espérer une expansion du tourisme sans une adaptation des normes d'hébergement
aux normes du tourisme international.
Par ailleurs, grâce à l'expansion du tourisme dans toute l'île et en prenant les communautés
locales comme bénéficiaires et participants au processus, une stimulation sera donnée au
développement régional et, par conséquent, cela contribuera à l'allégement de la pauvreté.
La planification de la conservation environnementale devrait également fournir des revenus
à ces fins. Toutefois, la réalisation de ces objectifs exige du secteur public une gestion
efficace et une bonne relation de partenariat avec le secteur privé. Cela peut s’effectuer à
travers un dialogue continu et l’établissement d’un processus de coordination.
L’authenticité de la destination Madagascar peut également s’effectuer à travers la mise en
valeur de ces diversités culturelles.
En dernier, toutes les actions entreprises doivent être appuyées par des campagnes de
promotion Cela implique que l'insuffisance actuelle de la Maison du Tourisme de
Madagascar soit résolue et que l’organisme puisse effectuer sa mission.
La qualité des attractions constitue une des principales motivations qui incitent les touristes
dans le choix des destinations. En plus de ces éléments naturels, Madagascar possède une
diversité culturelle à travers les 18 ethnies, unies par une langue mais chacune avec ses
spécificités respectives. Également, la viabilité du tourisme implique le respect des
communautés hôtes et de leur qualité de vie. La crédibilité des activités d’écotourisme
102
En majeure partie, les opérateurs sont constitués par des petites entreprises. En effet, mis à
part les aires gérées par l’ANGAP, les actions des opérateurs écotouristiques se limitent à
des surfaces répondant seulement à des considérations économiques de leur possesseur, par
exemple peut-on considérer que voir des lémuriens évolués en liberté et avoir la possibilité
de les nourrir constitue une activité écotouristique ? D’un point de vue légal, il n’existe pas
de règles particulières pour établir une entreprise en écotourisme.
Quant aux ressources humaines, les communautés locales peuvent fournir une main-
d’œuvre conséquente si elles reçoivent les formations appropriées. Pour les impacts
économiques, ils sont mal évalués ou bien, les communautés ne profitent pas des retombées
des activités. De ce fait, les activités de protection de l’environnement et écotouristiques
adjacentes rencontrent des difficultés et des résistances durant leur phase de mise en place.
103
Pour y remédier, les actions suivantes sont proposées. Dans l’objectif de développer les
connaissances du secteur, il faudrait réaliser des études sur la valeur économique de
l’écotourisme en se basant sur des indicateurs d’éco-efficience. Cette action devra réunir
tous les acteurs impliqués dans le développement du tourisme. Par la suite, les responsables
touristiques à l’échelle régionale, ou du moins les responsables communaux, devront avoir
la responsabilité d’effectuer des observations ou de veille en vue de connaître les besoins en
information sur l’écotourisme et par la suite les communiquer à tous les acteurs.
Il serait également utile de répertorier et d’identifier les opérateurs. Cette mission doit être
dévolue en premier lieu à l’Office du Tourisme de Madagascar, et par la suite, aux
différentes associations des opérateurs et les responsables au niveau régional. En parallèle à
cette action, ces mêmes acteurs devront explorer et répertorier les bonnes pratiques qui
serviront de modèles et de moyen pour atteindre des standards de qualité. Ensuite, cette
connaissance constituera la base pour le développement d’une formation adéquate pour
tous les acteurs.
En vue d’une collaboration, il est primordial que les différents acteurs coordonnent leurs
actions suivant leur domaine de compétence respectif. Dans cette optique, des
regroupements à l’échelle locale, communale et régionale devront être soutenus
Les opérateurs désirant obtenir une certification devront être encouragés par des mesures
incitatives et bénéficier d’un accompagnement ou de conseil durant le processus d’adhésion
à ces programmes.
Par la suite un plan de communication sera établi pour faire connaître le secteur et pour
savoir ce qui est effectué et ce qui ne l’est pas. Autrement dit, le plan de communication
permettra la propagation des valeurs de l’écotourisme. Pour y parvenir, les ministères
concernés pourront constituer un comité qui servira d’interlocuteur privilégié et de garant
du suivi des actions. Éventuellement, le plan peut servir d’outil de sensibilisation auprès
des institutions financières quant aux possibilités offertes par les activités d’écotourisme.
Deuxièmement, des actions seront entreprises afin que les zones relativement intactes
soient protégées et mises en valeur. Il a été mentionné auparavant que Madagascar possède
104
une diversité biologique et culturelle unique. Toutefois, la mise en valeur des aires
naturelles se passe à travers d’autres cadres, comme la stratégie pour la mise en place des
aires protégées par exemple ou le Plan d’Action Environnementale. Il est toutefois évident
que ces actions donneront des impacts positifs aux activités d’écotourisme. De ce fait, les
opérateurs devront être apte à défendre l’idée que la création des aires protégées constitue
un outil pour attirer plus de touristes. De plus les retombées économiques suivront
implicitement.
Ainsi, pour cette seconde orientation et dans l’objectif de connaître le secteur, les
ministères du tourisme et de l’environnement devront posséder une carte des régions et
aires favorables à la pratique de l’écotourisme dans toutes les régions de l’île tout en
répondant aux impératifs de conservation. Par la suite, les réalisations en matière
d’écotourisme dans les aires protégées devront être identifiées afin de servir de modèles
dans d’autres régions et aires protégées.
Puis, dans une perspective de collaboration, des partenariats entre les gestionnaires des
parcs et les opérateurs seront mis en place et promus. Il ne faut pas oublier également les
actions de stimulation pour les projets qui adhèrent complètement au concept de
l’écotourisme ou du moins ceux qui peuvent devenir exemplaires. L’objectif est de
promouvoir le concept de l’écotourisme en dehors des aires et réserves protégées par la loi.
De même, comme dans toutes relations humaines, des conflits peuvent survenir. Ainsi, il
est utile de disposer de méthodes adaptées pour la résolution de ces conflits comme
l’utilisation d’un médiateur ou l’aîné du village par exemple.
Pour soutenir la durabilité des activités, des indicateurs faciles à utiliser et compréhensibles
par tous les acteurs pourront être mis en place. En d’autres termes, ces indicateurs serviront
d’outil d’évaluation aux entreprises quant aux impacts de leurs activités sur
105
l’environnement. De même, ils pourront constituer des garanties de qualité pour les
visiteurs et les touristes. Toutefois, il n’est pas nécessaire de multiplier le nombre de ces
indicateurs ainsi, il est toujours possible de reprendre les indicateurs d’éco-efficience
développé auparavant.
Donc, selon la même logique et pour parfaire la connaissance du secteur, il faut procéder à
une actualisation des informations sur les entreprises et les organisations écotouristiques.
Cette action peut être conduite conjointement avec l’action de veille mentionnée dans la
première orientation. Cela facilitera d’une part, l’établissement d’un mécanisme permettant
l’amélioration en continu des connaissances des différents segments et d’autre part,
l’adaptation de l’offre à la demande. Par la suite, si le cas se présente, c’est-à-dire s’il existe
des programmes de certification, il serait utile d’apprendre et de mesurer les impacts auprès
de la clientèle.
Pour les actions de soutien, une banque d’outils de gestion utile au développement de
produits peut être instaurée. Aussi, les institutions financières devront être incités à intégrer
des critères spécifiques facilitant l’emprunt pour les entreprises en écotourisme.
Comme ce n’est pas encore bien développé à Madagascar, la mise en œuvre d’une norme
de certification des produits écotouristiques peut être avancée. Simultanément, des mesures
incitatives accompagneront les entreprises désirant adhérer au programme de certification.
De même, durant les actions de communication, les différents exploitants devront être
sensibilisés à l’intérêt d’inclure des programmes éducatifs sur le milieu naturel et la culture
de la communauté hôte dans leur offre touristique. Ce qui augmentera l’authenticité et la
valeur ajoutée des expériences écotouristiques.
La quatrième et dernière orientation porte sur la promotion afin de toucher les différents
segments de marché. Autrement dit, il faudrait effectuer un positionnement adéquat des
produits sur les segments appropriés, définir les moyens de promotion et sensibiliser les
touristes potentiels à adopter des comportements responsables. D’une manière générale, la
petite taille des entreprises ne leur permet pas d’effectuer des opérations de promotion à
l’échelle internationale. De même l’Office du Tourisme qui est en manque de budget
n’arrive pas à remplir sa mission. Seule, la compagnie aérienne nationale réalise des
opérations de promotion et de communication. Mais cela se fait de manière épisodique et
sans concertation avec les autres acteurs ni la prise en considération des possibilités
d’accueils réels. Or, il est indéniable que plusieurs segments et créneaux de marché sont
susceptibles d’être intéressés par les produits de l’écotourisme malgache.
Toutefois cette action n’a pas eu l’effet escompté car les feux de brousse, comme son nom
l’indique, se passe dans les régions rurales alors que les actions de sensibilisation sont
essentiellement tournées vers la population citadine. De même le moyen utilisé n’était pas
approprié car en utilisant les timbres postes comme support et canal de diffusion, l’échec du
programme était prévisible dans un pays où le taux d’analphabétisme approche les 80 %.
Ainsi, cet exemple permet de dire que l’écotourisme constitue un outil de premier choix
pour le développement économique et la protection de l’environnement, même s’il ne
constitue pas une panacée universelle.
Par conséquent, les actions à réaliser dans cette orientation devront se faire à la suite des
actions entreprises dans la troisième orientation. En d’autres termes, en sachant les
différents segments de marché et les besoins des touristes, il serait plus facile et logique
d’effectuer l’évaluation et la détermination des approches à utiliser lors du positionnement
de l’ensemble des produits. Il est également plus commode de mesurer et de présenter de
nouvelles approches lors de la mise en marché, et de ce fait, rejoindre facilement les
marchés cibles. Toutefois, comme la destination Madagascar est encore dans sa phase de
découverte, il serait judicieux d’effectuer une action de promotion bien ciblée afin de
limiter le flou que cela peut générer dans la perception des touristes. Car actuellement, il est
possible d’avancer que le destination Madagascar souffre d’un déficit d’image.
Dans l’optique d’une collaboration, les actions promotionnelles devront se faire d’une
manière concertée entre les différents acteurs comme le gouvernement, les opérateurs
touristiques, les associations locales, etc. Il est aussi utile de promouvoir des produits
d’appel auprès des voyagistes et des tours opérateurs des marchés potentiels. De même, des
activités pourront viser des réseaux associatifs ou des groupes de conservation avec des
produits répondant à leurs attentes.
Étant donné la place actuelle qu’internet occupe quant à la recherche d’information, il serait
primordial d’offrir une vitrine des produits sur ce support. Et les opérateurs offrant des
produits certifiés devront être soutenus pour qu’ils deviennent référencer sur des sites WEB
de référence reconnus dans le domaine.
108
Enfin, le gouvernement doit mettre en place un code de l’écotourisme comme cela a été
avec le tourisme en général. Ce code peut être utilisé pour des actions de promotions et de
sensibilisations de la clientèle à avoir un comportement responsable vis-à-vis de
l’environnement. De même, les écoliers et les étudiants nationaux devront être sensibilisés
pour qu’ils puissent adopter des comportements responsables en milieu naturel. Cette
action peut se réaliser par la mise en place des programmes éducatifs et des moyens de
communication assortis.
À remarquer aussi que la mise en place des actions soutenues dans ce plan d’action doit être
conduite par le gouvernement en premier lieu. Par la suite les différents organismes et
structures de l’État peuvent prendre le relais. En effet, la situation économique de
Madagascar et le cadre légal ne favorisent pas, pour le moment, les entreprises privées à
adhérer dans ces démarches. Cependant, les entreprises privées joueront un grand rôle lors
des différentes réunions de concertation et des séminaires.
Il faut dire aussi que le vent de la libéralisation souffle à Madagascar. Dès lors cet état de
chose n’est pas fait pour durer. Et, au lieu d’attendre que les entreprises privées prennent le
relais, il est du devoir de l’État de commencer à établir les cadres légaux qui sécuriseront
aussi bien les promoteurs que les touristes et les communautés locales
109
CONCLUSION.
Le tourisme semble être l’industrie qui pourra soutenir la croissance à venir. Dans tous les
cas, son attraction ne disparaîtra pas de sitôt parce que le tourisme produit des devises
étrangères, offre des emplois, et fournit une option aux pays qui n’ont pas d’autres
possibilités de développement. À vrai dire, quand il est raisonnablement contrôlé, le
tourisme peut contribuer manifestement au développement. Ce qui ne semble pas être le cas
dans la grande majorité. Les problèmes surviennent parce que les effets négatifs du
tourisme sont supérieurs aux impacts positifs. Autrement dit, une différence peut se
traduire entre les objectifs nationaux et les objectifs locaux. Il existe une forte probabilité
que les bénéfices sont rassemblés par le gouvernement national tandis que les coûts sont à
la charge de la population locale.
De plus, l’industrie du tourisme est une industrie dépendante des infrastructures. En tant
que tel, les gouvernements doivent décider s'ils sont disposés à affecter les ressources
économiques, culturelles, et environnementales pour que le tourisme profite à tous les
acteurs. En d’autres termes, il serait nécessaire d’adopter une démarche impartiale dans
l’allocation des ressources et la prise en compte des besoins de tous les acteurs.
En se concentrant sur un marché de niche, des critiques diront que l’écotourisme est une
forme de tourisme élitiste. En dépit de ces critiques, les opérateurs en écotourisme ne
doivent pas augmenter au-delà d’un point où l’activité devient une menace pour les
ressources naturelles et culturelles. Ainsi, mise à part les avantages du tourisme, il est
toujours judicieux de diversifier les sources de revenus et réduire au minimum la
dépendance à l’égard du tourisme.
Pour ces raisons, l'écotourisme doit être pris comme une tactique possible et non pas une
stratégie unique, pour le développement et la conservation. Une solution possible peut se
trouver dans le développement d’autres activités économiques combinés avec
l’écotourisme, par exemple le développement de zone tampon offrant des possibilités
d’exploitation.
touristique, etc… Ceci dans des finalités de conservation des ressources naturelles. Les
détails de ce projet sont explicités dans l’annexe 1.
Je suis personnellement favorable à la mise en place d’un centre de ce genre car je suis
convaincu que ce dernier faciliterait la vulgarisation du concept de l’écotourisme
conformément aux objectifs que j’ai formulé pour conduire ce travail et tel qu’il a été
mentionné dans les chapitres précédents.
Par ailleurs, je pense qu’il ne faut pas écarter les effets positifs que pourrait apporter ce
travail à des futures recherches dans le domaine de l’écotourisme dans la mesure où une
approche de conceptualisation de l’écotourisme dans sa globalité y a été initiée.
Finalement, il convient de souligner que cette étude est surtout axée sur la perspective de
développement de l’écotourisme à Madagascar. Elle est ainsi limitée. Toutefois, la revue de
littérature et les connaissances sur le développement de l’écotourisme peuvent être
appliquées dans plusieurs situations.
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126
Annexe 1
Résumé du projet
L’objectif du projet
¾ Viser 04 régions par an et présenter des projets touristiques tous les 03 mois.
¾ Présenter le projet.
¾ Jouer le rôle de facilitateur entre les différents interlocuteurs.
¾ Conseiller le promoteur durant la période critique de démarrage.
Garantir la participation des communautés locales et leurs développements
¾ Faire de la sensibilisation.
¾ Aider à la création d’un regroupement local pour la protection de leurs droits.
¾ Identifier et prioriser les compétences locales pour les emplois créés.
Fournir des formations et du counselling
Le projet en détail
Historique
Madagascar figure au palmarès des cinq pays possédant le plus grand nombre d’espèces
d’animaux, au même titre que le Brésil, l’Australie, la Colombie, et l’Indonésie. Toutefois,
la Grande Île est connue plus pour son niveau élevé de dégradation environnementale que
pour sa biodiversité puisque les pressions de la population sur les ressources naturelles ne
sont pas maîtrisées. La mise en place d’une stratégie de développement du tourisme
représente probablement un puissant outil pour le développement économique et la
protection de l’environnement. D’une part, le capital touristique est réparti dans toute l'île,
ce qui permet la création de poches de croissance dans des régions qui n'ont pas d'autres
sources de revenus ou d'emplois. D’autre part, le tourisme, géré de façon correcte, peut
contribuer à la préservation de l'environnement.
La mise en place du plan d’affaire de ce projet est assez avancée et le projet n’attend plus
que les fonds nécessaires pour pouvoir être mis en place.
D’une part, le centre aura comme mission de transformer les opportunités en des projets
réalisables. Ce qui donnera une équité de développement pour les différentes régions.
D’autre part, il aura le rôle de facilitateur pour les différents acteurs qui désireront investir
dans les activités de tourisme de nature et de l’écotourisme.
Emplacement
Échéancier
La forme juridique choisie est un organisme à but on lucratif dont voici un extrait de
l’organigramme et de son fonctionnement :
Gestionnaire de projet
Assistant
Conseiller Conseiller
Le marché
Le marché sera essentiellement constitué par des investisseurs en tourisme et tous ceux qui
possèdent des intérêts dans la protection de l’environnement.
Le secteur d’activité
Le centre fait partie des organismes d’enquête mais ces activités demeureront centrées sur
le tourisme.
Le centre peut également s’allier avec le secteur de l’éducation pour le développement de
programme d’éducation environnementale.
Le marché cible sera les promoteurs écotouristiques qui possèdent des expériences à
l’internationale.
La concurrence
Les organisations qui peuvent concurrencer directement l’organisme seront celles offrant
les mêmes services dans un but non lucratif. Toutefois, ce type d’organisation n’existe pas
encore actuellement à Madagascar.
Le plan marketing
Pour atteindre les objectifs, différentes activités de sensibilisation seront mises en place.
¾ La création d’outils de promotion
¾ La mise en place d’activités de sensibilisation directe
¾ Le développement de la relation avec les médias
131
Pour faire connaître les services et les activités du centre, les moyens à privilégier seront :
¾ des séances d’information auprès des associations et regroupements professionnels
malgaches.
¾ des conférences et colloques organisés conjointement avec les organismes
gouvernementaux, les entreprises, les ONG.
¾ un site Internet donnant un aperçu des projets disponibles.
¾ une participation dans les évènements de développement économique à
Madagascar.
¾ une approche directe auprès des organismes de protection de la nature
internationaux.
Stratégie de distribution
Stratégie de localisation
L’emplacement idéal pour l’organisme est le centre ville d’Antananarivo pour une
facilitation de l’accès.
Stratégie de tarification
Les services d’enquête seront gratuits. Par contre les projets élaborés sont à vendre et la
consultation à des fins d’information est payante.
En cas d’aboutissement d’un projet, le centre aura un pourcentage sur le chiffre d’affaire
pour les conseils et les accompagnements lors du démarrage de l’activité et pendant un
temps fixé préalablement avec le partenaire.
132
Équipe dirigeante
L’équipe dirigeante au démarrage des activités sera composée par le gestionnaire de projet
et les deux conseillers qui seront aidés par un assistant administratif.
Plan d’embauche
Les équipements requis pour les activités de l’organisme seront comme suit :
Un investissement de cinq millions d’Ariary sera nécessaire pour acquérir les ressources
matérielles.
Il faut repréciser avant tout que cet organisme est à but non lucratif et les activités
n’arriveront pas à couvrir les charges d’exploitation, du moins pour les premières années
d’activités. D’où la nécessité de subventionner ce projet qui aura un impact durable pour le
développement du pays.
Financement de l’organisme
L’organisme sera subventionné par des organismes gouvernementaux et privés qui auront
des intérêts pour le développement du tourisme.
Besoins en financement
Compte tenu des études de faisabilité effectuées et des dépenses qui seront engagées. Le
minimum vital sera un financement de 37,5 Millions d’Ariary.
Pour mieux expliciter la répartition des ressources financières, une présentation sommaire
des investissements et des dépenses sont disponibles ci-dessous.
134
LIBÉLLÉS ARIARY
RECETTES PREVISIONNELLES
Activités de conseil et d'aides 1 375 000
Cotisation annuelle (200 membres par an/25000) 1 000 000
Intérêt sur financement de projet (5% de 7,5 Millions
d’Ariary) 375 000
Activités ponctuelles 2 400 000
Marge bénéficiaire magazine (encart publicitaire) 400 000
Marge bénéficiaire Gala (encart publicitaire et entrée) 1 000 000
Salon de présentation des projets 1 000 000
Total hors subvention 3 775 000
Subvention 37 500 000
TOTAL RECETTES 41 275 000
DEPENSES PROVISIONNELLES
Salaires annuels (38% des charges) 14 400 000
Total salaires mensuels 1 200 000
Gestionnaire 600 000
Conseiller 200 000
Conseiller 200 000
Assistant 200 000
Dépenses courantes (23% des charges) 8 400 000
Loyer 6 000 000
Électricité et eau 600 000
Téléphone et Internet 1 200 000
Fournitures Div. 600 000
Charges variables (10% des charges)
budget de conférence et de communication annuelle 2 000 000
Maintenance informatique, achats de livres et autres 2 000 000
Imprévues et divers 1% 1 303 000
TOTAL DEPENSES 28 103 000