N°5

HORIZONS
La publication de la direction de l’innovation,
de la Recherch e e t de l a qual i té S E P T E M B R E 201 8

AC C O M PAG N E M E N T À L A
PA R E N TA L I T É : C R É AT I O N D ’ U N
O U T I L D ’ É VA LUAT I O N D E S
C O M P É T E N C E S PA R E N TA L E S .

Léa
 Pour une articulation de la démarche objective et
subjective dans l’accompagnement à la parentalité :
création d’un outil d’évaluation des compétences
parentales par des professionnels de l’EPDSAE
accompagnant des familles à domicile, dans le
cadre de la Protection de l’Enfance.

ÉDITO
Pour ce cinquième numéro d’Horizons, nous avons choisi de
vous proposer un projet mené sur plusieurs années par les
professionnels de l’EPDSAE au SEPIA, service qui exerçait,
jusqu’en 2017, des mesures d’Accompagnement Educatif
en Milieu Ouvert auprès d’enfants de la naissance à 18 ans.
L’outil, créé suite à ce travail d’évaluation des compétences
parentales, est transposable dans des services accompagnant
la parentalité dans le cadre de la Protection de l’Enfance
mais aussi de la Prévention…
Je vous souhaite une bonne lecture de ce nouveau numéro
d’Horizons qui met en valeur les pratiques innovantes des
professionnels de l’EPDSAE.

F O U E D N E J DA
DIRECTEUR DE LA DIRQ

Horizon
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 ORIGINE DU PROJET
Salim Benothmane, auteur de cet article est Le besoin de créer, un référentiel de
psychologue au service Diapason du Pôle Petite compétences parentales a émergé suite à deux
Enfance de la Métropole Lilloise. Il exerce constats de la part des professionnel s exerçant
également en tant que psychothérapeute en au sein du Service Educatif de Protection,
Centre Médico-Psycho-Pédagogique(CMPP) et d’Investigation et d’Accompagnement (SEPIA 1 )
au sein d’une Équipe Diagnostic d’Autisme de de l’EPDSAE.
Proximité, sur la Flandre Intérieure.
Tout d’abord, lors de réunions de synthèse,
Depuis plusieurs années, il oriente sa réflexion certains assistants socio-éducatifs ont fait le
théorico-clinique vers une vision intégrative de constat d’une réelle difficulté pour objectiver
l’enfant en alliant les apports de différentes le danger chez certaines familles. Ces freins
approches de la psychologie : analyse peuvent être des phénomènes transférentiels
transactionnelle, l’approche systémique, la exacerbés par le fait d’intervenir seul dans
psychanalyse, la psychologie expérimentale. la situation et au domicile des familles ou
en lien avec les mécanismes de défenses des
familles (sideration, fascination, sentiment
d’être englué...). (Robin, P., 2015)

Il y a ensuite, la mise en exergue par des

professionnels sensibilisés à l’approche
groupale de phénomènes d’isomorphismes qui
rend la prise de recul difficile. C’est-à-dire
des points communs entre les mouvements
par lesquels l’équipe est traversée durant la
synthèse et ce qui semble faire écho à certains
dysfonctionnements familiaux. L’équipe peut
avoir le sentiment d’être divisée, tend à
focaliser son discours sur certains membres de
la famille…

Suite à ces constats, plusieurs professionnels

ont formulé une demande d’outils leur
permettant de pouvoir se raccrocher à des
points de repères clairs. D’une part pour
mieux objectiver les choses et d’autre part,
pour avoir une analyse la plus large possible
de la situation. L’outil leur permettrait de ne
pas se focaliser que sur l’enfant symptôme,
de prendre en compte la souffrance à bas
bruit et de se décaler des symptômes les plus
bruyants comme l’agitation psychomotrice,
les problèmes de comportement et mieux se
distancier.

1 Le SEP I A éta i t u n ser v i ce d e l’EP D S AE q u i e x e rç a i t j u s q u ’ e n 2 0 1 7 d e s m e s u re s d’ AE MO

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OUTILS DISPONIBLES DANS LA
LITTÉRATURE SCIENTIFIQUE
Deux professionnels ont souhaité nous faire
partager leurs connaissances d’un outil
découvert, lors d’une formation sur les
compétences parentales animée par le Dr
Blavoet 2 , et qui semble répondre aux besoins
d’objectivation exprimés par une partie de
l ’équipe. Cet outil est la grille d’évaluation
de Steinhauer 3 .
Le « référentiel d’évaluation du danger
encouru par l’enfant et des compétences
parentales », comme le guide de Steinhauer,
présente l’intérêt de se situer dans une
démarche globale. Il a également le mérite
de proposer une vision intégrative, puisqu’il
prend en compte les apports des deux supports
précédents (travaux de Steinhauer et d’Alföldi)
tout en intégrant les propositions de Maurice
Berger 6 concernant l’évaluation des besoins
de l’enfant dans le cadre de la protection de
l’enfance.

En prenant en compte l’ensemble des dimensions Il prend en compte de nouvelles dimensions

nécessaires dans l’évaluation globale de la
situation comme les capacités parentales, les
facteurs personnels affectant les capacités
parentales, le lien d’attachement(…), cet outil
présente l’avantage d’être multidimensionnel
et constitue une évaluation exhaustive.
Cependant, la taille du document (11 pages)
importantes dans l’évaluation de la situation
de la famille, telle que la dimension
transgénérationnelle. En revanche, on peut
reprocher à ce dernier outil de souffrir d’un
manque d’opérationnalisation et de laisser
ainsi une place importante à l’inte rprétation
subjective.

"
en fait un document lourd à compléter et
chronophage pour les équipes. Ainsi, parmi
l es différents professionnels qui ont eu l’outil
à disposition et mêmes ceux qui y ont été
"
Les révolutions qui commencent
sont en réalité des croyances qui
finissent
sensibilisés, rares sont ceux qui l’ont intégré
dans leur pratique professionnelle. De plus,
Gustave Lebon.
l ’évaluation est ciblée sur les jeunes enfants
et leurs parents. Or, bien souvent, la tranche
d’âges des enfants bénéficiant de mesures
d’acco mpagnement est nettement plus large
(de la naissance à 18 ans). Enfin, à notre
connaissance, l’outil n’a pas été étalonné
avec une population française.

Cet outil ne répondant pas tout à fait aux

attentes du service, nous avons entrepris une
recherche bibliographique afin d’identifier
des supports plus adaptés. Parmi les autres
références en lien avec l’évaluation des
compétences parentales figurent : le travail
de réflexion d’Alföldi 4 et le « Référentiel
d’évaluation du danger encouru par l’enfant
et des compétences parentale s » de la PJJ 5 d u
Canton de Vaud (2008).

Concernant la démarche de travail d’Alföldi,

il s’agit davantag e de proposer aux équipes
éducatives une aide méthodologique à
l ’évaluation plutôt qu’une grille d’observations « Les voyages de Gulliver » (Jonathan Swift, 1721)
directement utilisable par eux. par Alexis

2 Jean-Pierre Blaevoet est consultant et docteur en psychologie. Il est notamment à l’origine de l’introduction d’outils
d’évaluation recommandés dans le champ de la Protection de l’Enfance, tel que le guide de Steinhauer.
3 Steinhauer, P. (2014)
4 Alföldi, F. (2015)
5 Protection Judiciaire de la Jeunesse
6 Berger, M. (2004)

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AC C U E I L D E L A D É M A R C H E
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La démarche de création d’évaluation des situations
de danger a fait écho à la demande de professionnels
travaillant sur d’autres antennes du service.
Néanmoins, certains ont exprimé des réactions
d’incompréhension et de refus de la démarche.
Comment peuvent se comprendre ces réactions ?
En France, il semble que la notion d’évaluation, en
particulier l’utilisation d’outils quantitatifs, peut
susciter des représentations négatives chez certains
professionnels de la relation d’aide (Alföldi, F., 2015,
Volkmar 7, C., 2006). Ainsi, le concept d’évaluation
peut être synonyme de contrôle des pratiques
professionnelles mais également de contrôle social
pour les familles accompagnées (Robin 8, P., 2015).
Ainsi, des analogies entre les grilles d’évaluation et
les barreaux des prisons sont faites : « les grilles,
ça enferme…» affirment certains professionnels.
Une seconde inquiétude quant au fait d’opter pour
une évaluation objective serait le risque d’adopter
une vision réductrice des personnes, autrement
dit, de réduire les personnes à une somme de
comportements observables, mesurables, au danger
de sacrifier leurs dimensions globale et subjective
(Robin, P., 2015). Aussi, la définition de critères
d’évaluation peut être associée à des craintes de
normalisation des familles, les critères de définition
de ce que sont les parents compétents pouvant
varier suivant les lieux et les époques.
"
" les Grilles, ça enferme
Le recours exclusif à l’objectivité présente plusieurs
limites (épistémologiques et éthiques), pour autant,
la connaissance uniquement implicite de la famille
est-elle suffisante? Est-ce la panacée ? Que montre la
psychologie expérimentale à ce sujet ?
La connaissance implicite de la famille est-elle
suffisante ?
La littérature scientifique montre que l’utilisation
exclusive de connaissances implicites favorise
7 Vo l k m a r, C . ( 2 0 0 6 ) .
8 R o b i n , P. ( 2 0 1 5 )
9 Wa s o n , P. ( 1 9 6 0 )
10 Asch, S. (1946)
11 Asch, S. (1951)
12 Moscovici, S. et Zavallonni M (1969)
13 Eileen Munro
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l’émergence de certains biais cognitifs liés à la
situation d’observation ou d’évaluation.
Le premier d’entre eux est le biais de confirmation
d’hypothèse 9. Ce phénomène consiste pour
l’évaluateur à s’intéresser davantage aux faits qui
vont dans le sens de ses hypothèses. Ces hypothèses
proviendraient elles-mêmes de Théories Implicites
de la Personnalité 10 Il se peut que ces dernières
soient forgées entre les professionnels et les familles
accompagnées lors des premières rencontres ou
transmises verbalement à travers la lecture des
rapports sociaux par les accompagnants.
On pourrait objecter ici que l’un des objectifs de la
réflexion partagée a justement pour but, à travers
le croisement des regards, de limiter l’impact de
tels biais.
S’il est vrai que le regard pluridisciplinaire
limite les biais de confirmation d’hypothèses,
en revanche, il ne permet pas d’éviter certains
processus psychosociaux liés eux à la dynamique
de groupe, tels que : le conformisme 11, l’influence
sociale en lien avec les phénomènes de leadership
et la polarisation sociale 12.
Articuler objectivité et subjectivité
A l’origine, l’évaluation est un concept qui est
porteur d’un double sens : il est à la fois recherche
d’objectivité, d’exactitude, mais il fait également
référence à la notion d’évaluation subjective. Ces
deux aspects de l’évaluation sont donc étroitement
liés entre eux et sont même placés sur un même
continuum par certains des auteurs tels qu’Eileen
Munro 13 (cité par Pierrine Robin 14).
Comment expliquer que le clivage objectivité/
subjectivité persiste ?
Trinh Xuan Thuan 15 (2018) montre que la tendance
à instaurer des rapports antagonistes entre les
concepts est une constante de la pensée scientifique
occidentale (ex : le dualisme cartésien, le
matérialisme dialectique de Karl Marx,...). En fait,
la connaissance implicite, plus phénoménologique
et la connaissance explicite/scientifique sont
uniquement deux modes d’appréhension différents
et complémentaires de la réalité (Bitbol 16, M., 2000,
Trinh Xuan Thuan, 2018, Varela 17, F., 2017).
Si nous trouvons important de recourir à une
méthodologie scientifique, notre propos n’est
1 4 Pi e r r i n e Ro b i n
1 5 Tr i n h X u a n T h u a n , 2 0 1 8
6
pas d’idéaliser cette approche qui se fonderait
uniquement sur l’objectivité. Tout d’abord, comme
l’indique Piedinelli 18, l’évaluation purement
objective n’existe pas. C’est d’ailleurs un postulat
bien connu en analyse systémique et nommé «
deuxième cybernétique » : l’observateur contribue
de par sa simple présence dans l’environnement de
la personne observée à modifier le comportement
de ce dernier. L’influence liée à la situation
d’observation a également été démontrée lorsque
l’objet d’étude est un objet physique (des
électrons) dans l’une des plus célèbres expériences
de physique quantique (Jung 19). Ensuite, comme
l’a montré Roland Gori 20, une démarche qui
n’accorde de la valeur qu’à ce qui est mesurable
ou chiffrable » comporte comme risque sur le plan
éthique d’engendrer du contrôle social.
Certains auteurs proposent un regard différent du
concept d’évaluation et lui attribue même une
polarité positive. Ainsi, Bernard Meurin 21 (2017)
montre qu’un des sens étymologiques du concept
d’évaluation correspond au fait de « donner de la
valeur à quelque chose ».
Pour pouvoir rendre comparables les évaluations
des participants, il leur a été proposé d’évaluer
la situation selon deux critères. Le premier
concernait une évaluation globale des ressources
parentales suivant 3 modalités :
- plus de difficultés que de ressources
- autant de difficultés que de ressources
- moins de difficultés que de ressources
Perception globale de ladesituation familiale
Perception globale la situation familialepar
par chacun desparticipants
chacun des participants
«
plusdededifficultés
difficultés que
plus quede
deressources
ressources
2 2
2 2
autant de difficultés que de ressources
autant de difficultés que de ressources
moins de difficultés que de ressources
3 moins de difficultés que de ressources
3
Les résultats montrent que la perception globale
de la situation familiale est hétérogène suivant
les participants.

M É T H O D O LO G I E A D O P T É E Puis nous leur avons demandé quel type

d’accompagnement il proposait à la famille.
Création du référentiel
Type d'accompagnement proposé à la famille évaluée par les participants
Pour élaborer le référentiel, nous avons choisi Type d'accompagnement proposé à la famille évaluée par les participants
d’articuler les compétences cliniques de terrain
un relais vers le droit commun
1
d’assistants éducatifs des différentes antennes du 2 une mesure de prévention
1 un relais
une versde
mesure le protection
droit commun
«  classique  » (AEMO, IEAD)
SEPIA, aux compétences techniques de stagiaires 1
2 une
une mesure de prévention
mesure éducative soutenue (SAMAD, AEMO-R)
psychologues ayant une formation à la méthodologie 1 3 une mesure de placement.
une mesure de protection «  classique  » (AEMO, IEAD)
une mesure éducative soutenue (SAMAD, AEMO-R)
expérimentale. 3 une mesure de placement.

Plusieurs séances de travail ont été proposées :

L’objectif de la première séance était de sensibiliser

Là encore, sur le critère du type d’accompagnement,
les assistants socio-éducatifs aux biais d’évaluation
l’évaluation des participants est hétérogène.
ainsi qu’à la méthodologie de l’évaluation. Pour
ce faire, nous avons proposé aux éducateurs de se
livrer à une petite étude de fidélité dans laquelle
nous les invitions à évaluer individuellement une
situation familiale inconnue, à partir d’éléments
provenant d’un rapport social. Pour limiter les
risques d’interprétation, la situation choisie
était une situation claire, concise et s’appuyant
principalement sur des faits. Sept professionnels
ont accepté de participer à cette étude.

16 Bitbol, M., 2000

17 Va r e l a , F. , 2 0 1 7
18 Pi e d i n e l l i , J . L . ( 2 0 0 7 ) .
19 J u n g , T. , 1 9 0 8
20 Bernard Meurin(2017)
21 Meurin, B.(2017)

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L’échantillon utilisé pour faire cette recherche n’est
pas de taille suffisante pour tirer des conclusions
générales. Elle a en revanche rempli son objectif
pédagogique. Elle a permis aux membres du groupe
de se rendre compte que l’évaluation d’une même
situation n’est pas toujours équivalente d’un
professionnel à l’autre et pour que celle-ci soit
plus homogène, il est nécessaire de se référer à des
critères communs.
La deuxième séance de travail a consisté en un
brainstorming, en vue d’identifier les grandes
catégories de compétences parentales. Ce travail a
permis de dégager cinq grandes catégories :
- La communication du parent avec son enfant
(contenu, choix du vocabulaire ...)
- Les réponses apportées aux besoins primaires et
secondaires de l’enfant
- Les attitudes bienveillantes (ex: s’intéresser aux
activités de l’enfant)
- La mise en place des règles
- L’extériorisation (lien à l’autre, espaces extérieurs :
ALSH 22,…)
Les troisième et quatrième séances ont servi de
phases d’opérationnalisation des catégories de
compétences.
La cinquième séance a permis de travailler la mise
en forme du document et de définir les critères de
cotation du référentiel.
Pour la cotation, nous avons choisi une cotation en
trois points. Il était important que les professionnels
puissent se positionner clairement sur la présence
ou non de la compétence.
Le choix de centrer l’évaluation sur les qualités
des parents plutôt que sur leurs manques était une
attitude facilitant l’alliance éducative.
En revanche, il a souligné que certains items du fait
d’une définition peu précise étaient susceptibles
d’amener de la subjectivité. Exemple : « une hygiène
adaptée »
Enfin, le Dr J.P Blavoet, nous a également fourni de
précieuses recommandations éthiques concernant le
mode d’administration de l’outil avec les familles.
Il lui a semblé important de préciser que cet outil
ne devait pas être utilisé dès la première rencontre.
Avant l’utilisation de l’outil, un temps était
nécessaire pour créer une relation de confiance
avec la famille. Il était également important de
baser les premiers temps de l’évaluation sur les
savoirs expérientiels des familles.
A l’issue de ce retour, il a été décidé de réaliser
une sixième et dernière séance de travail visant
à définir des repères de cotation plus précis pour
aider l’utilisateur du référentiel à savoir si les
réponses du parent aux besoins primaires de son
enfant étaient adaptées ou non.
Une fois l’outil finalisé, celui-ci a été soumis
à l’équipe de direction pour une validation
institutionnelle.
La démarche de création d’un référentiel a également
été présentée au Collège des Psychologues de
l’EPDSAE. Elle a été bien accueillie.
Extrait du référentiel d’évaluation des compétences
parentales

Les travaux de Vytgotsky 23 sur les zones proximales

de développement nous ont conduits à proposer
une catégorie d’évaluation intermédiaire entre
l’absence et la présence de la compétence chez le
parent : la catégorie « partiellement observée ».

Une fois la première mouture de l’outil élaborée, il a

été demandé au Docteur en psychologie, Jean-Pierre
Blavoet d’apporter un regard critique sur l’outil.
Nous l’avions identifié comme « personne ressource
» lors de formations dispensées aux professionnels
sur l’utilisation du guide de Steinhauer.
Il a accepté de nous faire les retours suivants :
Tout d’abord, pour lui, l’ensemble de la démarche
qui a guidé l’élaboration de l’outil était globalement
cohérente.

22 Accueil de Loisirs Sans Hébergement

2 3 V y t g o t s k y, L . ( 1 9 8 5 )

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Phase d’expérimentation
Le profil des familles
Les familles à qui le référentiel a été proposé étaient
des familles de l’AEMO en capacité de reconnaître
leurs difficultés et en demande d’aide.
Il serait également intéressant d’évaluer le niveau
de corrélation entre les données recueillies à partir
du référentiel et celles d’un autre outil supposé
évaluer des processus similaires comme le guide de
Steinhauer.

Initialement, 9 familles étaient prévues. Finalement,

l’expérimentation a été menée auprès de 4 familles
dont l’adhésion à la recherche-action était réelle.

Validité clinique

Les familles ont apprécié participer à la recherche.

Elles se sont senties reconnues et valorisées
au travers du regard positif porté sur elles par
l’intermédiaire de l’outil. Les professionnels,
quant–à-eux, ont pu renvoyer que l’outil leur a
permis d’apprécier plus justement la situation,
qu’il les a aidés à dégager de nouvelles pistes de
travail.

Validité expérimentale

Pour chacune des 4 situations familiales évaluées,

un binôme de professionnels a été constitué. Il
était composé d’une stagiaire psychologue ou du
psychologue du service et d’une éducatrice. Ils
avaient comme consigne de ne pas échanger sur
la situation durant les sessions d’évaluation. Pour
s’assurer d’une certaine stabilité des données
recueillies sur la durée, l’évaluation reposait sur
un minimum de trois séances d’observation sur une
durée de 3 à 6 mois. Les questionnaires ont alors
été mis en commun et croisés afin d’obtenir une
évaluation commune. Le traitement quantitatif via
les indices de fidélité, calculé à partir du kappa
de Cohen 24, a montré des scores allant du niveau «
correct » au niveau « satisfaisant ».
A l’EPDSAE, cet outil est tout à fait
Si ces premiers résultats sont encourageants, des transposable sur des dispositifs comme
données complémentaires sur des échantillons de Diapason ou dans les SSEEPAD. D’ailleurs, le
taille plus importante sont nécessaires pour pouvoir service Crescendo, SSEEPAD du Pôle Petite
valider expérimentalement l’outil. Enfance de la Métropole Lilloise l’a adapté à
ces besoins. Il l’utilise désormais d ans le cadre
Par ailleurs, les résultats devraient être encore de l’accompagnement auprès des familles Un
meilleurs sur des dispositifs qui interviennent sur psychologue de l’EPDSAE, membre du collège
des temps forts à domicile comme Diapason (IEADR) des psychologues a également adhéré à cette
ou les SSEEPAD 25 … démarche et pourrait le proposer aux équipes…

24 La méthode de Kappa mesure le degré de concordance entre deux évaluateurs, par rapport au hasard
2 5 S e r v i c e d e S o u t i e n E d u c a t i f E n f a n t s / Pa r e n t s à D o m i c i l e .

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 G LO S SA I R E

● Conformisme (S. Asch, 1951) : même

si dans leur for intérieur certains
professionnels peuvent être en désaccord
avec l’opinion de la majorité, il peut
parfois être difficile d’oser l’exprimer.

● Influence sociale en lien avec les

phénomènes de leadership : accorde-t-on
toujours la même valeur au point de vue
d’un professionnel suivant le prestige que
l’équipe lui reconnaît (pertinence de ses
interventions, son expérience,…) ?

● Isomorphisme

Selon le «Dictionnaire clinique des thérapies

familiales systémiques » sous la direction de
J-C. Benoit, J-A.Malarewicz, J. Beaujean,
Y. Colas, S. Kannas, « ce terme désigne
d’abord un concept mathématique selon
lequel, lorsque deux structures peuvent être
superposées de manière isomorphique, à
chaque élément d’une structure correspond
un élément de l’autre structure, en ce sens
que chacun de ces éléments joue le même
rôle dans leurs structures respectives.
Cette notion a été transposée en thérapie
familiale pour définir toutes les situations
où le thérapeute, face à un système familial,
transpose en préservant l’information ».

● Polarisation sociale (S. Moscovici) :

lorsqu’ils sont placés dans des situations de
groupe, les individus peuvent être amenés
à prendre des décisions et se forger des
opinions plus «extrêmes» que lorsqu’ils
sont dans des situations individuelles.

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11
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direction de l’Innovation, de
la recherche et de la qualité

HORIZONS

L’ É Q U I P E
• Directeur de la publication :
Paul Flad
• Directeur de la rédaction :
Foued Nejda
• Coordination, rédaction, responsables de la publication :
Séverine Landais, Sophie Vandenbrande
• Ont contribué à ce numéro :
Salim Benothmane (psychologue au service Diapason du Pôle
Petite Enfance de la Métropole Lilloise), Séverine Landais
(Conseillère en organisation /DIRQ), Sophie Vandenbrande
(Chargée du développement et du partenariat / DIRQ),
Astrid Gilliot (Conseillère en organisation /DIRQ), Fanny
Delporte (Educatrice Jeune Enfants au Pôle Petite Enfance
de la Metropole Lilloise)
• Mise en page :
William Peth
• Photos, illustrations :
DIRQ, Pôle Petite Enfance de la Métropole Lilloise
Photothèque EPDSAE

C O N TAC T S
• Sophie vandenbrande
chargée du développement et du partena riat
svandenbrande@epdae.fr
• Séverine Landais
c o n s e i l l è r e e n o r g a n i s at i o n
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