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ËTYMOLOGIE.
RÉVOLUTION CHRÉTIENNE
DE LA NOTION DE TRAVAIL
NOTION DE TRAVAIL
CHEZ LES PERES DE L'EGLISE
« Telle est la chaîne qui nous lie tous, tant que nous sommes,
» jusqu'au moment où la mort rompra nos liens pour nous
enlever au mond
voilà notre lot, c
vons manger qu'un
de nos sueurs. En
à l'instant de sa n
des cris, et bien
nouvel hôte de la
aux pleurs ; une
déjà les tourment
minée par la mor
accuse par ses lar
res) qui en rempl
poids plus puissan
etc. »
ESP1IT
le mystère résum
au paradis terres
blée, elle illustre
« La terre veut u
» que quand elle e
» une terre qui a b
» arrosée par les l
» vaises herbes, o
» s'abandonne à u
sur le Psaume 125
» les âmes : l'hiver qui survient, une tempête qui s'élève, des
» difficultés, des troubles qui naissent, les anciens préjugés qui
» se réveillent, les embûches que dressent les méchants, une
» foule de tentations, anéantissent tous nos efforts ». (Homé
lie XVII).
» s'occupe que de
» au joug du mon
Et ailleurs :
» mettons la mend
» leur vie. Que l'o
» quand il le pour
» mêmes en seraie
» Ils en prendraien
» et blasphémer le
INJUSTICE DE L'OISIVETÉ.
« nos mains nous ont été données, dit-il, pour les faire servir
» à nos propres besoins et aux besoins de nos frères que la
» maladie a mis dans l'impuissance d'employer les leurs à leur
» propre subsistance. Ceux-là, en effet, sont pardonnables, mais
» quand on n'est p
» travaillant pas p
» législateur, que
» droit de réclamer
L'ACTIVITÉ CHARITABLE,
NOURRITURE DE L'AME.
» point se livrer à
>« Τravaillez pour a
» pas dire qu'il faut
» lement la nourrit
» enseigne tous m
» qu'il faut travai
» gence ; voilà sûre
» celui qui, menan
» et à toute sorte d
» travaille pour la n
» de son propre tra
» ger et à boire, p
» celui-là travaille
» royaume est pro
» point. Voilà la nou
sur saint Jean. Hor
Ce mystère de la
charistie, éclaire l
activité nourrit la
vaine, ce qui revien
redescendre dans
d'être, est à ses yeu
s'insurgeaient à l
arrêtés à eux-mê
pour l'âme.
« L'homme a été ch
>' Stagyre » (1, 3) pa
» Et sans parler d'A
>' tout ce qu'eût fa
» terrestre ».
Il insiste sur ce fait qu'il ne suffit pas que la vie soit occu
pée, mais qu'il la faut, dans une certaine mesure pénible
pour que l'homme se garde sain. Et à l'appui de sa convic
tion, il cite de nombreux textes sacrés : « Le peuple bien
aimé s'étant engraissé et rassasié, se révolta». (Deut., XXXÏÎ
15) etc. Par contre, « quand le Seigneur les frappait, ils le
cherchaient, ils revenaient à Lui et L'imploraient avec
ardeur. (Psaume 67, 34). Et il n'a garde d'omettre ce texte
admirable : « Il est bon à l'homme de porter dès sa jeunesse
un joug dur et pesant. Il s'assiéra solitaire et il se taira ».
(Thern. 3, 27). C'est donc plutôt d'une vie trop facile qu'il
faudrait s'effrayer en songeant au jugement de Dieu, et il
recommande la prière de Jérémie : « Ne vous éloignez pas
de moi en m'épargnant au jour de l'affliction ».
Dans le même esprit, il affirme que la prédication de
l'Évangile eût pu s'accomplir en dehors de toute persécution
et de toute tribulation, et même en dehors des fatigues et
Et cela est aussi vrai dans notre métier que dans l'essen
tiel travail intérieur.
» qui aspire à la
» Acceptez une vie
» de peu de jours,
» tels ». (3e Hom. s
Toute l'homélie s
idéal d'athlétisme
« Nous ne devrion
» leurs, d'avoir à
» rude qui nous gu
» est redoutable que
» est un traitemen
Au reste, où sont
en argent ? Bien
couchent sur le du
le magnifique som
« plaisir du somm
se mérite avec le t
LE TRAVAIL EN CHANTANT.
« Car il n'est rien, dit saint Jean Chrysostome, non rien, qui
» élève l'âme, qui lui donne des ailes, qui l'arrache à la terre,
» qui l'affranchisse des liens du corps, qui lui inspire la divine
'sagesse, qui lui fasse tout mépriser ici-bas comme un refrain
» repris en chœur et la cadence d'un chant divin.
» Il y a dans le chant et dans la musique un charme si exacte
» ment approprié à notre nature que c'est un moyen même de
» calmer les petits enfants au sein quand ils pleurent ou qu'ils
» sont fâchés. Aussi les nourrices qui les portent dans leurs
» bras, vont et viennent mille et mille fois, en leur chantant des
» petits airs qui réussissent à leur fermer les yeux. C'est encore
» par la même raison qu'on voit à cœur de jour, des gens en
» voyage emmenant du bétail, chanter en même temps pour
» c'est de vous-mêm
» vos membres cha
» grande harmonie
» sans désirs contrai
» par lui, dans la vo
» concert en nous e
» n'exige ni certain
» circonstances, il
» pensée, même en
» sant dans les rue
» pouvez encore vo
» ainsi que s'écria M
» vous n'avez qu'à c
» votre atelier, et to
TRAVAIL MON
CHRÉTIENNE D
Il est incontestabl
il est également vr
élevées et justes, l
siècle à l'autre, et
s'est répandu, pare
intégralement, et
suite, cette révol
monde de toutes cel
les préjugés païens
les concupiscence
Ce ne serait qu'au
l'égoïsme humain,
et de recul, dont n
passionnant épiso
maine finirait par
En attendant, l'Ég
résignait à ce que
ment. Ce que l'hu
réaliser d'un seul c
allaient tâcher du m
réaliser entre eux
ESPRIT.
LES MASSALIENS.
Et il ajoute malicieusement :
avait donné des ailes à ces moines pour que les serviteurs de
Dieu, trouvés dans les champs, ne fussent point saisis comme
des voleurs, mais simplement chassés comme des étourneaux. »
DOCTRINE DU TRAVAIL
On retrouvera c
l'égard du comm
travail qu'il sem
Or, l'idée central
qu'il faut que la c
prit est appliqué
y trouve toujours
pour le Christ pu
et il est fait pour
du Christ, à aime
« Ubi amatur non
TRANSFORMA
DU TRAVAIL
I. Les personnes dont les jeux sont faits pourront s'étonner de rencontrer
corporatisme et syndicalisme dans cette enumeration. Ces deux formes d'as
sociation ont certainement rendu d'incalculables services. Elles ont sur l'ino
ganisation du travail, faussement dénommée liberté, tout l'avantage de l'êtr
sur le néant. Il n'en est pas moins vrai que sous prétexte de défendre la libert
de l'ouvrier, on l'embrigade et l'on restreint sa liberté d'une nouvelle façon
sans toujours réussir à le sauver de l'ancienne.
« Car, ajoute-t-i
état de rectitude
Dieu, recouvre p
et de son amour,
Et quand l'esprit
Créateur, bientô
elle-même se tra
ce qui s'est mis à p
sa sensibilité. Bi
soif multipliée p
laissés en elle par
en avant de son g
sances, mais nou
sens à la conscien
mutamus a corpor
« Dès que la folie
ce qui est naturel
s'arranger pour q
telle sorte que no
grande affaire so
nous ce que dit l
sont encore à l'an
vos membres à l
servir à la justice
II faut ainsi faire
habitude, affectio
d'éprouver délecta
CONTEMPLATION ET ACTION
II
Montaigne dira
passifve ou actif
IV, 167).
Et Ronsard :
Il ne faut être aux affaires rétif
La royauté est un métier actif.
LE JANSÉNISM
Au début du XV
toute sa richesse e
« la peine qu'on pr
Saint François de
rarement pour esqu
manière de spiritu
Il estime que lorsqu
qui ne permet pas
jeûne. Mais travail
« L'âme qui arrive
avec le corps las et
sur le Cantique des
au premier degré
sensibles, mais le
trouver. Ce sont là
de la contemplatio
« Vous vous trom
la Mère Favre si
grand repos qu'au
mes ici assemblés
vaises inclinations
donnera le repos ét
il veut qu'on en us
et modération, en
Mais loin de ces c
continue sa carrièr
Même dans la lan
d'enfant » est de p
pour dire d'un aut
essai, d'une tragéd
un magnifique par
était-ce, dit Boss
remuante qui allai
1. La langue française
verbe « ouvrer » faire o
(j'ouvre, tu ouvres, etc
étend ainsi son sens beau
ESPRIT. 5
On se rappelle le f
dition des paysan
être discutée, il n'e
sant de la manièr
Bossuet ne parle gu
vres gens et ne dit p
« Quelle injustice q
» et que tout le poid
» S'ils s'en plaignen
» dence divine, perm
» quelque couleur de
» masse et ne pouvan
» la boue et de la b
» joie, les faveurs, l'
» poir, l'extrême néc
» (Sermon sur l'émin
On a spontanémen
travaille avec pati
martyr, mais on n
héros. C'est un chr
Parlant de son sag
est touché de sa pa
dit Fénelon (Tél. 1
dit à propos du lab
est un trésor », il
dire le plus génial d
que personne, rien q
d'œuvre dans un ac
fection par la plus f
en vue le profit do
beaucoup plus sûr
en tout cas, n'aura
même. On aurait c
malhonnêteté de le
le faire aimer pour
C'est en cela du m
Jansénisme, s'il en
ment tort de rame
On Fallait bien voir
III
LA MYTHOLOGIE DU TRAVAIL
AU XVIIIe SIÈCLE
EXPLICATION DU CULTE
cants d'abstractio
fondés que nous,
que, à se tenir po
Cette curiosité v
scientifique de la
dès la seconde pa
On aurait tort d'
on le fait trop so
ont été plutôt les
qui part en réalit
plein bouillonnem
et les mieux faite
Ce prodigieux ho
douze volumes in
vations, publiait d
où avec une ample
ne retrouvera qu
est donné au trav
centrale que les
trop généreusem
travail est la sour
d'un État est de f
ceux qui travaille
manieurs d'arge
entendu.
Pour les physiocrates, au contraire, le travail est la vache
à lait du capitalisme et c'est à ce titre qu'on l'honore d'un
culte enthousiaste. Le nationalisme moderne, plus ou moins
conscient, mais déjà vigoureux dans ses langes, tire déjà à
hue et à dia dans le sens de ses convoitises contradictoires.
Pour le Français Quesnay et pour ses disciples, la France
étant un pays agricole, c'est la culture du sol et la libre circu
lation des produits qui est le tout de l'économie politique ;
l'industrie n'est rien. Pour l'Anglais Adam Smith, c'est au
contraire le travail industriel qui est tout, et toute activité
qui ne s'exerce pas sur une matière déjà fournie et préparée
d'avance est par définition improductive.
Mais quel que soit le genre de travail tenu pour le plus
avantageux, l'important est d'avoir de quoi vendre et ache
LE TRAVAIL « MARCHANDISE»
Il est à remarquer
glaises de Work, et d
plistes dans leur rép
analytiques dont dis
de confusion étaien
travail servait de pa
ou au parti-pris des t
au début du XIXe si
Smith, était d'aille
et de Jean-Baptiste Sa
les rectifier, tirait l
propre idéologie.
Quant à Jean-Bapti
sur ce point précis du
« La même intensit
» peine, la peine emp
» mètres cubes d'eau
» ment dans un pays
» qu'elle se paie dan
(Cours d'Économie pol
Il en conclut seulem
on donne plus de ch
quand on en donne
et d'autre la même n
Le machinisme ayan
dernières années du
suivant, Coriolis et P
duit cette notion de
mécanique :
« On nomme travail d'une force constante pendant un temps
» donné, le produit de son intensité par le chemin qu'elle fait
» parcourir à son peint d'application ».
TRAVAILLEURS ET PROLÉTAIRES
la couleur de leur
chapeaux noirs, l
zeewfches, les veen
Au reste, ces « t
brouillaient fort b
geaient les marcha
en réglaient la tax
passaient pour fins
comme ils touchai
avançaient les frai
mois un compte à
droits de poids et
que les fondateurs
commode d'étendr
obligés d'offrir ai
vail.
Quel que soit, en effet, leur emploi, tous ces gens là ne
sont-ils pas, après tout, des hommes qui ont besoin de tra
vailler pour gagner leur vie et dont les économies, confiées
à des mains habiles peuvent servir « à la production des
richesses ». Ce travailleur abstrait est assez bien déterminé
dans cette formule impayable d'Adam Smith : « dans l'état
ordinaire de sa santé, de son courage, de ses aptitudes et de
sa dextérité »... Passe encore pour l'état ordinaire de la santé
ou du courage, encore que les résistances de la santé soient
fort inégales, d'un individu à l'autre et que deux courges
identiques soient sans doute aussi assez rares. Mais le moyen
de concevoir un état ordinaire de l'aptitude et de la dexté
rité ? Quoi qu'il en soit, c'est sur ce type abstrait du travail
leur qu'on s'entêtera à théoriser et à légiférer. Et le plus fort,
c'est qu'un tel moule arbitraire s'imprimant dans la pâte
humaine, ce type hybride, moyen, médiocre, bon à tout,
propre à rien, exploitable à merci, on finira par le réaliser
à un nombre toujours croissant d'exemplaires.
Comme il n'y a pas de mot dans le langage courant pour
désigner sa condition particulière, on empruntera à l'his
toire romaine un terme qui, en effet, convient parfaitement
à sa situation : on l'appellera « le prolétaire ».
On appelait prolétaire chez les Romains de pauvres hères
du travail, Espéra
des secrets de la n
par le travail, Fra
ment religieux. P
terrestre, l'enfer
l'enfer est la mis
dogmes puérils,
restre est un mond
où on lit les « phi
qu'avec du papier,
capitaliste est acce
ment méritants. Il
en trimant sans r
Si une seule vie d
parviendra sûreme
et honneur au tra
travail. « Ex labor
bus omnia vincit.
nouvelles « paroles
antique, la mode
siècle, où elle avai
nant sur les texte
graphes aux hom
pour le stoïcisme
leur donnent un r
jusqu'à la fin du
son goût de la ruée
ment des terres vie
son idéal enfin du
modèle du pionnie
particulière. Pend
est nommé Vénéra
déjà partie ou fero
giste Lacépède, l'a
le poète Delille, l
puis Condorcet,
Pétion, Camille De
du Vénérable bon
glais, et mis à la p
IV
LE SOCIALISME ÉGLISE
ET RELIGION DU TRAVAIL
ESPRIT. 6
« Sans le travail, cette loi des lois, la nation serait sans foi,
» sans droit, sans mœurs, etc...
» Loi de perfectibilité indéfinie de l'homme, le travail phy
» sique, intellectuel et moral est la synthèse vivante de la phi
» losophie, la véritable Somme économique et juridique des
» temps nouveaux ».
ICONOGRAPHIE DU TRAVAIL
LES CATHOLIQ
de l'Église. Mais il
cision n'avait peut
« En ce qui concern
» laborem quoi attin
» n'était pas destiné
» eut embrassé libr
» nécessité y a ajout
» l'a imposé comme
La première réc
terre ainsi remise
même, recouvrée,
fondement de la p
PERSONNALISME
« Mais il en va tout
» on joint celui de
» abstraction, mai
» en effet, conserv
» hommes et auqu
» De ce devoir déco
» les choses nécessa
» procure que moye
» et l'ouvrier fasse
» leur plaira ; qu'ils
» du salaire ; au de
» justice naturelle p
» salaire ne doit pas
» sobre et honnête.
» par la crainte d'un
» dures, que d'aill
» parce qu'elles lui
» qui fait l'offre du
» laquelle la justic
INFLUENCE DE RE RU M NOVARUM
» L'expérience mo
» fondé sur l'expéri
» à une quantité d'u
» partout tous les
» sont uniforméme
» une certaine ma
» différents genre
» sont ramenés da
» d'une seul et mê
» l'argent, dont to
» différentes ». (L
Voilà un sophism
lourdement sur la
AVATARS DIVERS
DÉGÉNÉRESCE
DE LA NOTION DE TRAVAIL
DÉFAVEUR ET DÉCADENCE
DES MÉTIERS MANUELS.
Et voilà où nous en
pleine crise, avec 30
C'est ainsi que non
ESPRIT. 7
Ou bien : « L'a
donné pour un b
rette.
comment elles se
et s'articulent le
des différences
spirituel, d'engag
sement humain e
peu en action qu
nalité est ainsi sa
ou un tâcheron
démesurément su
pernicieux déséqu
un ouvrier, un ar
l'ouvrage est aut
des facultés et à
drait montrer co
les occupations d
en degré, à prop
plus ou moins de
même sur l'inte
hiérarchie. Un e
L'enfant qui lan
mais cet effort, lo
un élan de vie, u
de travail impli
et imposé et qui
sans joie, par vol
n'en est pas moin
son gardien et so
décharge son tom
absolu. L'ouvrier
déjà beaucoup pl
ment que ce soit,
personnelle, de
de joie ; il peut p
même mesure, l'e
de consolation a
cède alors au re
est encore moins s
encore plus de p
mises en œuvre
Ce qu'il faudrait
un travail parce q
riel ou par le devo
qui, fatigué de sa
pour se reposer, n
même s'il se plait
lui, sue beaucoup
en répétant le mê
par besoin de ga
cueille des cerises
pas. Quelqu'un q
pour en faire des
raison, s'il est pay
ajouter ici, avec t
c'est que ni la sc
pour améliorer m
pourront jamais d
subsistance et don
Mais ce qu'il fau
étant cette peine
que des hommes e
c'est qu'il est inad
cette condamnatio
y ait des damnés d
fices raisonnables
argent » ; un temp
d'honneur à ce qu
çants ».
Le temps n'est pas si loin où un écrivain, un poète, un sim
ple chansonnier étaient des gens qui suaient sur leur beso
gne, et qui pour un mot juste, pour une rime riche, pour
une phrase bien bâtie, étaient capables de perdre le sommeil.
Un temps où faire un livre, ce n'était pas mettre bout à bout
une pauvre douzaine d'articles, sous quelque titre heureux,
doublé d'une bande publicitaire.
Et ce temps est si peu loin de nous, qu'aucun ne peut se
vanter de n'avoir jamais rencontré, dans sa famille ou son
entourage, quelqu'un de ces représentants attardés, d'autant
plus grands en général qu'ils s'ignorent absolument.
Je ne suis pas de la génération de Péguy. Mais j'ai encore
connu dans un gros bourg de Normandie, entre Pont-Au
demer et Honfleur, j'ai connu pour y avoir grandi, et ce
m'est un titre de noblesse, un atelier clair et frais, recouvert
d'espaliers où mûrissaient des pêches. Les grandes portes
toujours ouvertes, donnaient sur un large jardin. Les ouvriers
mangeaient à la table du maître. On faisait charpente, cou
verture, plomberie, zinguerie, avec la passion de la belle
ouvrage et l'on chantait toute la journée. Aux moments de
relâche, on soudait, par luxe d'habileté, des décaèdres, où
l'on découpait pour les faîtes et le plus souvent pour le seul
plaisir, d'énormes roses, ajourées dans l'ardoise, avec des
raffinements inouïs. Quant au maître, il travaillait avec tous,
entonnant les refrains à pleine voix. A ses heures de loisir,
il faisait de la musique, soignait ses chrysantèmes ou lisait
du Fénelon. Il fallait entendre avec quel accent de respect
et d'estime mêlé à je ne sais quoi de confiant, d'heureux, de
fraternel, les ouvriers disaient « Notre Maître » ou « la
Maîtresse ». Aux mois d'hiver, quand les tempêtes de la
Manche rendaient l'ouvrage impossible, ils passaient des
jours entiers près de lui, au coin du feu, accoudés sur la
grande table, à tracer de leurs gros crayons plats, avec des
vantardises d'enfant, des charpentes impossibles, d'autant
plus vertigineusement compliquées que l'un ou l'autre
EH ! BIEN NON
y perdra la tête,
C'est de toute la
c'est de toute l'éte
que le problème
depuis le déluge
Pie XI, l'humanité
nous sommes jetés
ditions faites au t
encore çà et là, q
ancien et de plu
profondément tra
d'y revenir assez
demain échapper
aux sanglantes hor
économique actuel
d'agir vite.
Et surtout d'agir juste.
Pas d'autre moyen d'échapper à la tyrannie d'un individu
ou d'un système, que de se plier rationnellement, librement,
consciemment à la seule Autorité qui tienne, par où qu'elle
passe, et qui est celle de notre propre Auteur. Agir dans la
seule ambition d'accomplir sa Volonté sur nous-mêmes,
c'est faire ce pourquoi on est fait.
Nous ne sommes pas faits seulement pour gagner de l'ar
gent et nous reposer en nous livrant au désordre de tous nos
caprices. Nous sommes faits pour devenir tous, les fils et
les coopérateurs de Dieu. Nous sommes faits pour réaliser
toute l'utilisation possible et tirer toute la signification cachée
d'une Création qui autour de nous « attend en gémissant
la révélation des fils de Dieu ». Nous sommes faits pour livrer
librement nos membres inondés de grâce, à l'action de
l'Esprit-Saint et pour « renouveler par Lui la face de la terre ».
Et c'est pour en avoir perdu par trop conscience, que la
civilisation chrétienne a reculé depuis trois siècles devant
la barbarie matérialiste qui continue de nous menacer.
Pour sauver et renouveler cet ordre temporel aménagé
pour l'accomplissement de la vie de l'esprit, il faudra η avoir
pas peur de reposer le problème de notre civilisation dans
les termes mêmes où celle-ci a été conçue. Il faudra n'avoir