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Union-Discipline-Travail

LE DISPOSITIF PRUDENTIEL EN
MATIERE DE GESTION DU RISQUE
DE CREDIT

Exposants: Enseignant: M. YEPIE Alphonse


-Mme BOHOUN Bouabré Michelle Olivia
-M. DIAGOURI Germain Junior
-M. KOUASSI Atta Jarrand Floris

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SOMMAIRE

INTRODUCTION……………………………………………………………page 3
PARTIE 1 : CADRE ANALYTIQUE DU RISQUE DE CREDIT…………..page 4

Section 1 : Définition du risque de crédit…………………………………….page 4


Section 2 : Typologie des risques de crédit et leurs différentes sources……..page 6

PARTIE 2 : LE DISPOSITIF PRUDENTIEL DE GESTION DU RISQUE DE


CREDIT……………………………………………………………………page 11

Section 1 : Au niveau international………………………………………….page 11


Section 2 : Dans la zone UMOA…………………………………………….page 14

CONCLUSION……………………………………………………………...page 22
BIBLIOGRAPHIE………………………………………………………......page 23

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INTRODUCTION

Les banques sont des établissements financiers qui effectuent à titre de profession
habituelle des opérations de banque, à savoir la collecte de fonds auprès du public,
la mise à disposition des moyens de paiement, l’octroi de crédit et la gestion des
moyens de paiement. Cette activité d’intermédiation leur confère un rôle essentiel
dans la stabilité et le bon fonctionnement du système financier. En effet, les crédits
qui sont la première source de rentabilité des banques permettent de financer
l’économie dans son ensemble. Cependant, bien que le crédit soit associé à une
notion de profitabilité, il est générateur de risques plus ou moins importants qui
peuvent affecter considérablement la situation financière des banques.
De ce fait, la maîtrise du risque est au cœur du métier du banquier et suscite un
intérêt particulier chez les autorités monétaires.
Notre travail structuré en deux parties vise d’abord à analyser le risque de crédit
auquel sont sujettes les banques, pour ensuite étudier le dispositif prudentiel mis en
place dans le cadre de sa gestion.

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PARTIE 1 : CADRE ANALYTIQUE DU RISQUE DE CREDIT

Section 1 : Définition du risque de crédit


Le crédit bancaire est un concours rémunéré au profit de la banque et octroyé par
cette dernière pour aider son client (personne morale ou physique) à réaliser ses
projets. Le risque quant à lui se définit comme la probabilité de survenance d’un
évènement susceptible de causer des préjudices.
Dans le cadre de son activité traditionnelle d’intermédiation qui s’observe dans sa
relation avec sa clientèle, la banque fait face à un certain nombre de risques : le
risque de marché, le risque de liquidité, le risque opérationnel, etc. Au nombre de
ces risques, l’on compte celui qui traduit l’incapacité ou l’impossibilité du débiteur
à rembourser tout ou une partie de sa dette aux échéances prévues par le contrat
signé entre lui et l’établissement prêteur : il s’agit du risque de crédit bancaire.
Aussi appelé « risque de contrepartie », c’est le risque de subir une perte au cas où
la contrepartie (l’emprunteur) ne répond pas à son obligation initiale qui est de
rembourser un crédit à des échéances prédéterminées.

Le risque de contrepartie revêt trois formes :

-Le risque de contrepartie sur l’emprunteur : il concerne les crédits accordés aux
clients (particuliers et entreprises) ou les placements effectués sur les marchés
financiers.

-Le risque de contrepartie sur le prêteur : il fait référence aux garanties


potentielles de financement accordées par des contreparties bancaires pour assurer
le financement de l’activité en cas de difficultés.

-Le risque de contrepartie sur produits dérivés : les produits dérivés sont utilisés
dans une optique de couverture des risques ou de spéculation. Le risque de crédit
sur instruments dérivés est limité mais non négligeable. Il est lui-même composé
d’un risque courant qui représente la perte en cas de défaut, et un risque potentiel
représentant la perte supplémentaire en cas de défaut dans le futur.

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La banque devant être en mesure de restituer à tout moment les fonds collectés
auprès des épargnants, est appelée à supporter un risque de crédit dès lors que le
client rend son compte débiteur.
Ce risque se justifie également par l’existence d’un certain degré d’asymétrie
d’information entre le créancier et son débiteur. Ce dernier qui détient l’ensemble
des informations relatives à la demande de prêt a une position avantageuse par
rapport au banquier qui doit recueillir le plus de données possibles sur son client.
Le prêteur doit encore émettre un jugement objectif pour décider de la viabilité du
projet du demandeur de prêt. Cependant, le client peut parfois oublier ou
dissimuler sciemment des informations compromettantes qui ne sont pas
favorables à l’octroi d’un crédit. Si la banque détenait l’ensemble des informations
sur le projet et la situation de l’emprunteur, elle n’aurait peut-être pas accordé le
crédit en question. Toutefois ces évènements peuvent se produire même si le
banquier fait preuve d’une vigilance sans faille. Le client peut par exemple décider
de financer un investissement très risqué mais parfois très rémunérateur à l’aide
d’un endettement bancaire. Cela engendre des menaces majeures que la banque
doit impérativement gérer et qui font naître le risque de crédit.

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Section 2 : Typologie des risques de crédit et leurs différentes sources

1) Composantes du risque de crédit


Comme précédemment défini, le risque de crédit est le risque de perte inhérent au
défaut d’un emprunteur par rapport au remboursement de ses dettes. Ce risque se
décompose en plusieurs éléments. En effet, l’on considère qu’il est triple :

 Le risque de dégradation de la qualité du crédit : aussi appelé risque de


dégradation du spread, il qui concerne une dégradation de la qualité du
portefeuille de crédit. Le spread de crédit est la prime de risque qui lui est
associée. Sa valeur est déterminée en fonction du volume de risque encouru
(plus le risque est élevé, plus le spread l'est). Ce risque correspond donc au
risque de voir se dégrader la qualité de la contrepartie (dégradation de sa
note) et donc l'accroissement de sa probabilité de défaut. Cela conduit à une
hausse de sa prime de risque, d'où la baisse de la marge sur intérêts. Ce
risque peut être mesuré d'une façon séparée pour chaque contrepartie ou
globalement sur tout le portefeuille de crédit.
 Le risque de défaut qui correspond à la probabilité d’un manquement ou
d’un retard de paiement (principal et/ou intérêts) de l’emprunteur par rapport
aux échéances convenues. Le Comité de Bâle considère qu’un débiteur est
en défaut lorsque l’un ou plusieurs des évènements suivants se produit :

-le débiteur ne remboursera vraisemblablement pas la totalité de sa dette


(principal, intérêts et commissions)

-une perte portant sur l’une de ses facilités est constatée : comptabilisation
d’une perte, restructuration de détresse impliquant une réduction ou un
rééchelonnement du principal, des intérêts ou des commissions

-l’emprunteur est en défaut de paiement depuis 90 jours sur l’un de ses


crédits

-l’emprunteur est en faillite juridique

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 Le risque sur le taux de recouvrement en cas de défaut qui concerne le
montant effectivement recouvré par le créancier après le défaut.

En effet, Le taux de recouvrement permet de déterminer le pourcentage de la


créance qui sera récupéré en entreprenant des procédures judiciaires, suite à la
faillite de la contrepartie. Le recouvrement portera sur le principal et les intérêts
après déduction du montant des garanties préalablement recueillies. Le taux de
recouvrement constitue une source d'incertitude pour la banque dans la mesure
où il est déterminé à travers l'analyse de plusieurs facteurs : la durée des
procédures judiciaires qui varient d'un pays à un autre, la valeur réelle des
garanties, le rang de la banque dans la liste des créanciers.

Ainsi, il est important pour la banque de bien maitriser ces différentes composantes
afin d’éviter l’augmentation de la probabilité de remboursement, la dégradation de
la qualité du crédit ou la baisse de rentabilité de l’opération de crédit.

2) Sources ou facteurs de risques

Une opération de crédit repose sur trois variables représentées par la confiance, le
temps et le remboursement. La confiance est la base de la relation bancaire.
Cependant elle peut évoluer en fonction des rapports avec la banque. Le temps
étant synonyme d’incertitude car la solvabilité d’un emprunteur peut se dégrader
sur la durée, le risque devient d’autant plus important sur le long terme. Le
remboursement peut être retardé en cas d’insolvabilité partielle de l’emprunteur, ce
qui allonge la durée du crédit ou occasionne le non remboursement en cas
d’insolvabilité totale du débiteur. Ainsi, la source principale du risque de crédit est
l’opération de crédit, puisque ce risque naît dès lors qu’une opération de crédit est
amorcée. Cependant, il convient d’énumérer de façon plus précise les facteurs
déterminants du risque de crédit. Ces facteurs sont classés en deux (2) catégories :
-Facteurs liés à l’entreprise elle-même : Il s’agit des paramètres propres à chaque
entreprise, qui donnent des indications sur la probabilité de défaillance pendant la
durée de crédit. Parmi ces facteurs qui entrent en jeu pour déterminer le degré de
risque, on dénombre les facteurs liés à la gestion, au profil des dirigeants, aux
procédés de fabrication, à la qualité des produits, à l’équilibre financier etc.
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-Facteurs liés à son environnement : Il s’agit ici de paramètres difficiles à cerner
et à prévoir. En effet, ils sont liés à des facteurs externes à l’entreprise pouvant
influencer la bonne marche de ses activités. Par exemple, un secteur dont les
barrières à l’entrée (barrières administratives, investissements lourds, technologie
avancée, etc.) ne sont pas suffisantes pour empêcher la venue d’éventuels
nouveaux entrants sur le marché est un secteur risqué.
Pour une analyse plus profonde, nous pouvons reclasser ces sources en risques
provenant des opérations des banques avec leurs clients (particuliers et entreprises)
d’une part, et en risques inhérents à la politique commerciale des banques d’autre
part.
A- Les risques provenant des opérations des banques avec leurs clients 
Ces risques naissent du fait que la relation des banques avec leurs clients peut
dégénérer si ces derniers se retrouvent dans l’incapacité de faire face à leurs
engagements dans les délais prévus contractuellement (risque d’immobilisation des
fonds prêtés), ou lorsqu’ils refusent ou ne peuvent effectuer le remboursement
(risque de non-paiement). Les conséquences entraînées par ces risques peuvent
être très graves. En effet, le moindre retard de remboursement peut être fortement
préjudiciable pour un établissement de crédit qui, à l’instar des commerçants ou
industriels, travaille avec des fonds empruntés. Il est donc indispensable pour les
banques d’avoir une maîtrise parfaite de ces risques afin de veiller à l’équilibre de
leur trésorerie.
La réalisation de cette première catégorie de risques peut être une conséquence de
la conjoncture (risque général), des caractéristiques du secteur d’activité du client
(risque professionnel), ou de la situation économique et financière de celui-ci
(risque particulier).
- Le risque général
Ce risque tire son importance du fait qu’il est difficile à prévoir. En effet, il est
causé par la dégradation de la situation économique, politique ou sociale, ou par
des catastrophes naturelles sévères ayant lieu là où l’emprunteur exerce son
activité. De plus, il peut être accentué par l’existence du phénomène de contagion
entre les différents secteurs : les crises politiques peuvent entraîner des crises
économiques conduisant à des suspensions de paiement, de fournitures de matières

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premières, de produits finis etc. ; les crises économiques peuvent à leur tour
provoquer l’asphyxie des entreprises financièrement fragiles par le ralentissement
des échanges ; les perturbations sociales peuvent se répercuter gravement sur
l’activité économique dans son ensemble ; les évènements naturels graves peuvent
eux aussi frapper durement l’économie de plusieurs pays (tremblements de terre,
inondations, sécheresse, etc.).
- Le risque professionnel
Lié à l’activité professionnelle du client, il peut se manifester suite à des
changements brusques au niveau de son secteur d’activité. Ces modifications
peuvent être des découvertes ou des avancées technologiques concernant les
procédés de production, la fermeture de marchés extérieurs, les changements des
prix mondiaux de produits, de facteurs de production ou du cours des devises, des
changements dans la fourniture de matières premières ou de produits finis, etc. Les
menaces pour les entreprises dans un domaine d’activité peuvent aussi se
manifester par une modification de la nature ou de l’intensité de la demande, une
surproduction généralisée, une hausse de la concurrence, etc…, tous ces éléments
qui touchent directement la solvabilité des organisations.
- Le risque particulier
Ce risque est corrélé à la personnalité des dirigeants de chaque entreprise (leur
expérience, leur moralité, leur parcours, etc.), à la structure financière de l’activité
(structure d’endettement, niveau du fonds de roulement, rentabilité de l’affaire
etc.), à l’activité commerciale (dynamisme des ventes, rotation des stocks, délais
accordés à la clientèle etc.), à l’adaptation de l’entreprise aux contraintes
économiques: évolution des techniques, volume des investissements, amélioration
des procédures etc.
B- Les risques inhérents à la politique commerciale des banques

- Les risques liés à la concurrence bancaire


Ce sont les risques encourus par la banque désireuse de faire face à une
concurrence offrant de meilleures conditions de crédit. Cette concurrence peut
devenir préjudiciable non seulement à la banque qui octroie le crédit mais aussi au
client lui-même en lui causant de graves difficultés de remboursement.
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- Les risques liés à la distribution du crédit
En recherchant l’accroissement du volume de ses concours avec ses possibilités de
trésorerie, et la maximisation de son profit, la banque peut engendrer un déficit
commercial (risque commercial) dû à une mauvaise prévision de l’évolution de la
distribution de crédit, ou encore s’exposer à des sanctions provenant des autorités
monétaires (risque de pénalisation).

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PARTIE 2 : LE DISPOSITIF PRUDENTIEL DE GESTION DU RISQUE
DE CREDIT

Section 1 : Au Niveau International


Dans les années 80 les banques internationales exprimèrent leur inquiétude au
regard de la croissance rapide des risques hors bilan, qui venait s’ajouter aux
problèmes des prêts aux pays du tiers monde.
C’est ainsi, qu’elles se sont regroupées en pool pour le développement des règles et
normes en vue d’assainir le système bancaire. Ces réflexions se tiennent à
l’intérieur du comité constitué de banques centrales et d’autorités de contrôle
bancaire international à Bâle. Les dispositions du comité de Bâle sont envoyées à
toutes les autorités de contrôle des différentes zones monétaires qui doivent
l’adopter et après l’adoption, les rendre obligatoire au niveau de ladite zone. Nous
avons retenu les deux (2) accords phares suivants dans le cadre de la gestion du
risque de crédit.
I- BALE I
Ce premier accord de 1988 a représenté une étape fondamentale dans
l’établissement d’une réglementation prudentielle des banques visant à améliorer la
stabilité du système bancaire.
Connu sous le nom de Bâle I ou Bis 88 il impose aux banques des fonds propres au
moins égaux à 8% des actifs pondérés. Ce ratio communément appelé COOKE
mesure la solvabilité des banques. Le respect de ce ratio exige que le rapport fonds
propres d'une banque et ses engagements (crédits) soient supérieurs ou égal à 8%.
Le ratio de COOKE a pour objectif de mesurer la solidité des banques et de les
rendre plus attentives aux crédits qu'elles accordent, en conséquence de renforcer
les systèmes de contrôle interne. Le calcul se fait suivant une grille de pondération
établie en fonction du type de crédit accordé.

Conscient des limites de l'accord de 1988, le comité de Bâle n'est pas resté inactif.
Il a d'abord proposé une première réforme autorisant les banques à utiliser les
modèles internes pour déterminer le capital réglementaire qui s'applique au risque

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de marché des actifs négociés (le Train Book). Cette réforme est en application
depuis le 1er janvier de 1998, et elle est connue sous le nom de BIS 98.

Ce nouvel accord a consacré l'approche « valeur à risque » (Var) pour mesurer le


risque de marché et le risque de crédit. Cette méthodologie permet de prendre en
compte l'effet de diversification provenant de la corrélation imparfaite entre les
facteurs de risque.

Cet accord s'intéresse également à une nouvelle réforme sur le calcul de la


solvabilité par le biais d'un nouveau ratio dit MC DONOUGH. En fait, le taux n'est
pas globalement modifié c'est plutôt la valeur de l'assiette des risques qui est
corrigé.

Fonds propres
McDonough= >8 %
Risque (crédit ( 85 % )+ marché ( 5 % )+ opérationnel ( 10 % ) )

II- BALE II
Ce nouvel accord vise à appliquer au risque de crédit, l’approche de portefeuille
développée par l’accord de 98 et à réduire les défauts des accords précédents. L’un
des objectifs est de proposer une nouvelle méthode standard basée sur les
évaluations d’agences externes comme Moody’s ou Standard and Poor’s.
Alternativement, certaines banques pourront utiliser une grille de pondération
basée sur leur système interne d’évaluation du risque de crédit, si elles arrivent à
faire valider leur système auprès des régulateurs. L’accord de Bâle II propose un
nouveau cadre réglementaire qui repose sur trois piliers.
Pilier 1 : Exigence minimum de capital
Il vise à déterminer le montant de capital que les banques doivent maintenir pour
couvrir le risque de défaut lié à leurs activités risquées. Les régulateurs envisagent
d’imposer aux banques un montant de capital plus élevé que le minimum requis
par ce pilier, en fonction de la qualité de leur système de suivi des risques, de la
volatilité de leurs profits et de la nature des marchés sur lesquels elles sont
présentes.
Pilier 2 : Processus de contrôle par les autorités de supervision

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Il repose sur l’évaluation des risques et les exigences supplémentaires en fonds
propres.

Pilier 3 : Discipline de marché


Les exigences seront accrues en matière de transparence et de divulgation des
risques de marché, de crédit, de liquidité, de risques opérationnels, et de position
incluant le capital et la politique de gestion des risques.

Les accords de Bâle au niveau international régissent l’activité bancaire dès


l’instant où ils sont ratifiés par les autorités monétaires en place. En Afrique de
l’Ouest, en plus de ces accords, d’autres règles sont exigées aux banques pour
assurer une gestion optimale des risques de crédit.

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Section 2 : Dans la zone UMOA
Le secteur bancaire s’est enrichi des dispositifs tant au niveau national
qu’international. Pour cerner la question du crédit, les banques en accords avec les
autorités de contrôle du système ont mis en place des dispositions, des organes et
une réglementation qui devient l’équivalent de loi dans l’espace où ils sont
acceptés.
D’abord rappelons que le secteur bancaire suit des contours géographiques appelés
communément espace monétaire constitué par des pays qui conviennent de
partager :
 une monnaie commune à l’image du Franc CFA dans la zone UMOA ;
 une réglementation adoptée par consensus ;
 des autorités de contrôle disposant d’un bureau national dans chaque Etat
membre ;
 des dispositifs prudentiels pour maitriser les outils de détection de
potentielles crises du secteur.
Aussi rappelons, les autorités de tutelles de la profession bancaire en zone
UEMOA sont le Conseil des Ministres, la Banque Centrale des Etats de l’Afrique
de l’Ouest (BCEAO) et la Commission Bancaire (CB).
I- LA BCEAO
Elle est l’institut d’émission de la monnaie de la zone UMOA et l’organe chargé de
l’application des politiques monétaires.
Des nouvelles règles prudentielles applicables aux banques et établissements
financiers ont été mises en place dans un souci :
 De prendre en considération l’évolution des normes internationales admises
en matière de supervision ;
 D’assurer une protection accrue des déposants dans un contexte de
libéralisation des activités monétaires et bancaires ;
 De prendre en compte les innovations financières dans l’appréciation des
risques et des engagements du système bancaire ;
 Enfin de procéder à une mise en harmonie avec le plan comptable bancaire.
Ces nouvelles règles concernent trois domaines : les exigences minimales de fonds
propres, la surveillance prudentielle et les ratios de gestion.

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Nous allons uniquement présenter les dispositions relatives au traitement du risque
de crédit dans le cas de cette réforme.
Au titre des exigences de fonds propres
Il faut entendre par fonds propres l’ensemble constitué par les fonds propres de
base durs (CET1), les fonds propres de base additionnels (AT1) et les fonds
propres complémentaires (T2). Aussi l’établissement doit veiller aux exigences
minimales de fonds propres couvrant son exposition au risque de crédit, au risque
opérationnel et au risque de marché.
La réglementation prévoit que les établissements de crédit doivent appliquer des
pondérations de risque à toutes leurs expositions au bilan et aux engagements hors
bilan. Les pondérations sont déterminées sur la base d’un coefficient forfaitaire ou
d’une notation attribuée par les Organismes Externes d’Evaluation du Crédit
(OEEC), ou à partir de la classification consensuelle établie par les Organisme de
Crédit à l’Exportation (OCE). Aussi ces pondérations sont fonction de la catégorie
d’expositions notamment les souverains, les institutions financières, les entreprises,
les créances en souffrance.
NB : cette catégorisation est non exhaustive.
Le montant d’une exposition au bilan est représenté par la valeur comptable nette
de toutes provisions ou dépréciations y relatives tandis que le montant d’une
exposition sur un engagement hors bilan correspond au montant en équivalent
risque de crédit (ERC) tel que défini par le dispositif prudentiel.
Les coefficients de pondération des expositions au risque de crédit peuvent être
résumés dans les tableaux suivants :
Tableau 1 : Grille de pondération des expositions souveraines
Sont considérés comme souverains : les Etats de L’UMOA et leurs
démembrements (Trésor public, ministères et services centraux) ; les Etats tiers
hors UMOA et les banques centrales
Notation AAA à BBB+ à Pas de
A+ à A- BB+ à B- Inf à B-
des OEEC AA- BBB- notation
Pondératio
0% 20% 50% 100% 150% 100%
n

Note des 0 -1 2 3 4à6 7

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OCE
Pondératio
0% 20% 50% 100% 150%
n

Tableau 2 : exposition sur les institutions financières


Les institutions financières englobent : les entreprises du secteur bancaire ; les
services financiers des administrations de poste ; les caisses nationales d’épargne et
les autres institutions financières internationales.
Pour les entreprises du secteur bancaire en dehors de l’UMOA, la pondération est
de 100% lorsque ces entités ne sont pas soumises à des dispositions réglementaires
équivalentes à celles de l’UMOA.
Les systèmes financiers décentralisés sont traités dans la catégorie des entreprises.
Expositions pour une échéance > 3 mois
Notation AAA à BBB+ à Pas de
A+ à A- BB+ à B- Inf à B-
des OEEC AA- BBB- notation
Pondératio
20% 50% 50% 100% 150% 50%
n
Expositions pour une échéance <= 3 mois
Note des AAA à BBB+ à Pas de
A+ à A- BB+ à B- Inf à B-
OCE AA- BBB- notation
Pondératio
20% 20% 20% 50% 150% 20%
n

Tableau 3 : exposition sur les entreprises


Notation Pas de
AAA à AA- A+ à A- BBB+ à BBB- Inf à B-
des OEEC notation
Pondération 20% 50% 100% 150% 100%

Tableau 4 : les créances en souffrance


Elles comprennent les créances restructurées et les créances douteuses et litigieuses
conformément à l’instruction du plan comptable bancaire (PCB).

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La partie non couverte d’une créance en souffrance, déterminée après prise en
compte des techniques d’atténuation du risque et nette de toutes provisions
spécifiques est pondérée à :
- 150% lorsque le montant des provisions constituées est inferieur à 20% de
l’encours du prêt ;
- 100% lorsque le montant des provisions constituées est supérieur ou égal à
20% de l’encours du prêt.
Tableau 5 : les éléments de hors bilan
Ils recouvrent les garanties, les engagements, les instruments dérivés et d’autres
accords contractuels non comptabilisés au bilan.
Dans l’approche standard, chaque élément de hors bilan est converti en équivalent
risque de crédit (ERC) au moyen d’un facteur de conversion en équivalent crédit
(FCEC) qui sert à établir une projection de l’exposition potentielle au risque.
Le montant ERC d’une transaction de hors bilan est calculé en multipliant le
montant correspondant à la portion non utilisée, par le FCEC y relatif. Ensuite le
risque pondéré sur les engagements de hors bilan est obtenu en multipliant le
montant ERC par le coefficient de pondération du risque (qui dépend du type de
contrepartie et de sa notation).
Les FCEC applicables aux éléments de hors bilan sont répartis comme suit :

Catégories Nature de la transaction FCEC


(%)
Engagements révocables sans conditions, à tout
moment et sans préavis ou devenant
1 : Risque faible 10%
automatiquement caducs en cas de détérioration de
la solvabilité du débiteur.
Engagements dont l’échéance initiale est inférieure
ou égale à un an et qui ne peuvent être révoqués
sans conditions à tout moment.
2 : Risque mineur Lettres de crédit commerciales à court terme et à 20%
dénouement automatique, y compris les lettres de
crédit liées à des transactions de marchandises
(crédit documentaire)
3 : Risque moyen Engagements dont l’échéance initiale est supérieure 50%

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à un an et qui ne peuvent être révoqués sans
conditions à tout moment.
Lettres de crédits documentaires non garanties par
les marchandises sous-jacentes.
Facilités d’émission d’effets (FEE) et facilités de
4 : Risque élevé 75%
prise ferme renouvelables (FPR)
Substituts directs de crédit, comme les garanties
générales d’endettement (y compris les lignes de
crédit garantissant un prêt ou une opération sur
titre).
5 : Risque très
Opérations assimilables à des pensions 100%
élevé
Cessions d’actifs passibles de recours en faveur de
l’acheteur (ex : affacturage, facilités d’escompte de
factures).
Engagements d’achat d’actif à terme.

Les risques pondérés d’un établissement sont constitués de la somme des actifs
pondérés en fonction du risque (de crédit, opérationnel et de marché) et servent de
base au calcul du ratio de solvabilité.
Fonds propres
Ratio de solvabilité =
APR de crédit +12,5 (risque opérationnel +risque de marché )

Avec fonds propres = soit CET1, soit fonds propres de base T1


Les exigences minimales de fonds propres sont consignées dans le tableau suivant :
Exigences minimales 2018 2019 2020 2021 2022
Ratio minimal pour les
fonds propres de base durs 5% 5% 5% 5% 5%
(CET1)
Coussin de conservation
0,625% 1,25% 1,875% 2,5% 2,5%
des fonds propres
Ratio minimal de fonds
6% 6% 6% 6% 6%
propres (T1)
Ratio minimal de
8% 8,25% 8,5% 8,75% 9%
solvabilité

NB : Le montant des expositions pondérées au titre du risque de crédit présenté


plus haut peut être réduit en tenant compte des techniques d’atténuation du risque

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de crédit. Les techniques d’atténuation du risque de crédit retenues par le dispositif
prudentiel UMOA se présentent sous la forme de prise de suretés (réelle et
personnelle) la prise de garanties et les dérivés de crédit.

Au titre des ratios de gestion

Nous relevons les ratios suivants :


Ratio de division des risques
Le montant total des risques sur une seule et même signature est limité à 75% des
fonds propres effectifs (FPE) d’une banque.
Un seuil de liquidité
Le ratio de liquidité s’exprime sous la forme du rapport des actifs disponibles et
réalisables à court terme (3 mois maximum) sur le passif exigible à court terme (3
mois maximum). La norme est de 75% et doit être respectée à tout moment par
l’établissement.
Un ratio de structure de portefeuille
Il est le rapport entre les encours de crédit bénéficiant des accords de classement et
le total des crédits bruts distribués. Il doit être supérieur ou égale à 60%.

Le respect de toutes ces dispositions intervient dans la politique de crédit de la


banque plus particulièrement dans la gestion du risque de crédit.

Au titre de la surveillance prudentielle, les banques sont sous la surveillance de la


Banque Centrale qui a mis en place une Commission Bancaire dont la mission sera
développée ci-dessous.
II- LA COMMISSION BANCAIRE

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L’organisation de l’activité bancaire au sein de l’UMOA a été renforcée par la
mise en place d’une commission bancaire. Elle est un organe de surveillance et de
contrôle des banques. Elle exerce sa mission à travers les instruments suivants :
- Contrôle sur pièce et sur place lors d’une mission auprès des banques ;
- Avis sur les demandes d’agrément des banques ;
- Prise de mesures administratives en cas de non-respect des dispositions
applicables ;
- Sanctions disciplinaires selon la gravité des infractions constatées
(avertissement, blâme, suspension ou interdiction de tout ou partie des
opérations, retrait d’agrément).
Le dispositif réglementaire mis en place au sein de l’UMOA traduit les quatre
principes essentiels de surveillance prudentielle définis par le comité de Bâle à
travers le processus de surveillance communément appelé pilier 2 de l’accord de
Bâle II. Ces principes sont les suivants :
L’établissement doit disposer d’un La CB procède à l’évaluation des
processus permettant d’évaluer, d’une stratégies et processus suivis par
part, l’adéquation globale de ses fonds l’établissement en vue de garantir
propres internes par rapport à ses risques l’adéquation entre ses fonds propres
et d’autre part, une stratégie pour internes et ses risques.
maintenir son niveau de fonds propres
La CB peut imposer un seuil de fonds La CB intervient suffisamment tôt
propres supérieur au niveau pour éviter que les fonds propres de
réglementaire. l’établissement ne deviennent
inférieurs au minimum requis. Elle
ordonne à bref délai des mesures
correctives si le niveau de fonds
propres n’est pas maintenu.

Dans sa mission de supervision, elle est assistée par les institutions de suivi et de
contrôle du risque de crédit telles que :
 La centrale des risques
La centralisation des risques bancaires permet à la banque centrale d’exercer un
contrôle à postériori sur les crédits distribués par les banques primaires. Cet organe
dispose d’un fichier national des risques tenu à chaque agence principale. Il retrace
par banque les différents risques recensés.

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La centrale des risques, à travers les statistiques qu’elle fournit, notamment sur la
répartition des crédits recensés suivant le secteur d’activité et la répartition par
secteur productif et non productif, est un outil qui peut éclairer les banques
primaires dans les décisions d’octroi de crédit.

 La centrale des incidents des paiements


La loi uniforme sur les instruments de paiements dans la zone UEMOA a mis en
place un système de prévision et de répression des infractions. Elle permet aux
banques d’apprécier le risques encourus pour les demandes de crédits.
 Les accords de classement
Ils constituent un instrument important de contrôle à postériori des crédits
distribués par les banques primaires. En fait la banque centrale laisse l’entière
responsabilité aux établissements financiers dans l’octroi des crédits puis intervient
pour surveiller la qualité intrinsèque du crédit. Les accords de classements visent
principalement à inciter les banques à détenir des actifs sains mais également à
encourager les entreprises à consentir des efforts pour améliorer leur gestion et
l’équilibre de leur situation financière.

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CONCLUSION

Arrivés au terme de nos propos, nous relevons que l’octroi du crédit s’analyse
comme un acte de confiance de la banque envers son client. Néanmoins, cette seule
confiance ne suffit pas puisque des évènements peuvent survenir rendant incertaine
l’exécution des obligations du débiteur. Dans l’optique d’atteindre ses objectifs de
liquidité, de rentabilité et de sécurité, le banquier se doit donc d’analyser avec
minutie les demandes de prêt afin de se prémunir contre le risque de liquidité.

C’est dans ce sens qu’en complément du respect de la règle d’or des banques
appelé aussi principe de l’adossement qui stipule que : « Les banques financent les
prêts à court avec des fonds à court terme et les prêts à long terme avec des
passifs à long terme », les autorités monétaires de la zone UMOA qui s’appuient
sur la réglementation internationale (Bâle I et Bâle II) ont institué des règles
prudentielles et des ratios de gestion qui visent à optimiser la maîtrise du risque de
crédit.

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BIBLIOGRAPHIE

-Dispositif prudentiel applicable aux établissements de crédit et aux compagnies


financières de l’UMOA (annexe du 24-06-2016)
-academia.edu : analyse et gestion des risques des crédits bancaires, rapport de fin
d’études
-www.societegenerale.com
-www.africmemoire.com
-www.mémoireonline.com
-www.epargne.ooreka.fr
-www.ccofit.com

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