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Kilian
M2
Étude de l’introduction :
Le texte dont nous allons faire l’étude pose la question sur un potentiel rapport entre la
religion et la masculinité. Elle prend son origine dans les résultats d’une expérience sociale en
Allemagne durant laquelle on demandait aux sujets s’ils voyaient un lien entre l’image de soi/la
masculinité et la religion.
On retrouve parmi les participants une tendance à pointer le stéréotype de l’homme musulman,
l’Islam étant critiqué pour l’image qu’elle renvoie de l’homme dominateur, parfois violent et
supérieur à la femme. (par le port du voile, restriction des libertés, etc.)
La religion, comme enseignement moral, façonne la pensée des individus entre ce qui est bien ou
mal, ce qui est normal et étrange. Ainsi, de manière détournée ou direct, elle institue aussi une
image de ce que devrait être et ce que devrait faire les gens s’ils sont de bonne personne, des
personne « normale ».
Cet ouvrage fait donc l’étude de la complexité du rapport entre la religion et la masculinité.
Ce texte a pour but de poursuivre son étude à travers trois objectifs distincts :
Recueillir des données à propos de la réciprocité qu’échange les hommes et la religion dans leur
normativité, de quelle manière cela parle d’eux et les construisent.
Montrer comment l’histoire religieuse influence l’idée de ce qu’est un homme et de comment il faut
le montrer
Effectuer une comparaison entre le passé et le présent pour comprendre l’évolution de l’image de
l’homme en dehors du carcan religieux.
Nous ferons l’étude du chapitre « David and Bathsheba: Masculine Sexuality in Medieval Judaism
and Christianity » p201-215
Bien que l’on ne puisse pas à proprement parler de masculinisme au Moyen Age, la virilité
se traduit par le fait de posséder les meilleurs exemplaires de chaque chose : les vêtements, la
nourriture, le château, et cela s’étend aussi aux partenaires sexuels.
En effet, avoir beaucoup d’aventure, et avec les plus belles femmes est comparé à des batailles, ou a
des manœuvres diplomatiques, ainsi celui qui parvient le plus souvent à son but « gagne », il est le
plus fort d’entre tout car rien ne lui résiste. La prouesse de séduction d’un homme est assimilée à
une forme de domination, les femmes sont des trophées qu’il faut conquérir. En faisant comme ceci,
on prive ses adversaires (les autres hommes) de celles-ci. Un homme a la domination sur un autre
s’il séduit son épouse, de la même manière que s’il séduit les femmes qu’ils convoitent tous deux
avant l’autre. Au-delà de considérer les femmes comme des ressources, c’est une réalité statistique
et génétique : celui qui « a » le plus de femmes à sa disposition peut garantir un héritage génétique
plus grand que les autres.
On peut assimiler ce comportement à celui d’un animal capitaliste, l’animal s’exprimant par la
volonté d’assurer sa descendance de la manière la plus efficace possible et le capitalisme par la
volonté d’amasser toujours plus, quitte à les prendre de force.
On relève que la société est alors porteuse d’un comportement allant à l’encontre des valeurs de
l’église : celui des hommes ne correspond pas aux modèles de vertus qu’elle enseigne, et pourtant
celle-ci se montre plus encline à fermer les yeux que cela s’agit d’un homme plutôt que lorsqu’il
s’agit d’une femme. Ce laxisme laisse supposer qu’avec le temps, celui-ci soit à l’origine de cette
idée reçue disant que c’est dans la nature de l’homme d’avoir des pulsions que celui-ci doit
assouvir. S’il est « plus acceptable » qu’un comportement soit commis plutôt qu’un autre, cela
désamorce sa gravité et le rend banal, ce qui fonctionne par échos avec la condition des femmes : la
sévérité et la rigueur qu’on leur demande rendent alors encore plus « normale » la condition de la
femme devant contrôler ses pulsions (voire n’en ayant pas) alors que l’homme en possède, parfois
même beaucoup en fonction de sa virilité.
Ici, c’est l’inaction de la religion dans des cas spécifique qui auras eu une influence sur le
comportement des hommes.
Le roi David est un modèle de virilité pour les hommes médiévaux. Celui-ci possède beaucoup de
femmes et de nombreuses concubines ce qui symbolise à chaque fois, qu’ils s'agisse de son simple
appétit sexuel, ou d’un mariage politique, qu’il est un personnage important qui obtient ce qu’il
désire pour la simple raison qu’il le désire.
Dans l’histoire qui nous intéresse, il est question d’adultère. On n’a ici, que la version de David et
pas celui de la femme qui ne sera pas actrice du récit, on n’a ici, que la version de David et pas celui
de la femme qui ne sera pas actrice du récit, (ni pendant, ni après ce qui va l’invisibiliser), seul
David seras au centre de l’histoire, parce que c’est un homme qui jouit d’une position sociale le
rendant puissant. Seul David sera au centre de l’histoire, parce que c’est un homme qui jouit d’une
position sociale le rendant puissant. De plus, lors de la moral, l’histoire de David est assimilée à
celle d’un berger avec ses troupeaux de brebis, comparant donc Bethsabée à une brebis que
l’on possède, ce qui instaure à nouveau une hiérarchie entre hommes et femmes.
« David has sent his army into the field under Yoav. While waiting for news from the front,
he happens to see from his rooftop a very beautiful woman bathing. He inquires as to who she is
and is informed that she is Bathsheba, the wife of Uriah the Hittite, one of his generals. He sends
for her and has sex with her. The Bible is silent on how she feels about it, until she becomes
pregnant and informs him. Whether David is concerned for her reputation or his own, his thought is
to make it seem that her husband is the father of her child. He immediately sends for Uriah,
ostensibly for news about the war; he then dismisses him to go to his house. Uriah, however, camps
outside the King’s house instead of going home, judging it inappropriate to lie at home with his wife
while the army is in the field. Even after David gets him drunk, he refuses to go home. David then
sends Uriah back to Yoav with a letter, asking Yoav to place him in the vanguard in the next battle.
Uriah is duly killed in battle. When Bathsheba finishes the mourning period for her husband, David
marries her, and she bears a son. However, God is angry with David. Nathan the Prophet goes to
David and delivers a memorable speech, in which he uses the example of the poor man who has but
one ewe lamb, and the rich man who has flocks of sheep who takes the poor man’s one lamb. David
says that such a wicked man should be condemned to death. Nathan says that God gave David the
two kingdoms, and all Saul’s wives, and much more, and yet David sent Uriah to his death and took
Bathsheba; because of this, God would raise up an enemy out of David’s own house, who would
take his wives (an allu‐ sion to the rebellion by David’s son Absalom). David admits that he has
sinned against the Lord and Nathan says that David himself will not die but that his new-born son
will. David fasts and prays, but the child indeed dies. David then sleeps with Bathsheba again, and
she conceives the future king Solomon » (extrait de Samuel)
Christian Interpretation: David as a Model of Penitence
Dans l’analyse Chrétienne, c’est principalement la symbolique qui est mise en avant,
permettant largement de justifier de la piété de David, plutôt que de son mauvais comportement,
afin que celui-ci reste un modèle chrétien. On compare Bethsabée à l’ancien testament, Uriah aux
Juifs et David à Jésus ; Bethsabée, bien qu’étant une femme, n’a pas commis d’adultère plus
grave a l’égard de son mari, si cette histoire parle de sa « Libération ». Etant dans l’erreur et se
tournant vers David, elle est une victime et lui son sauveur. Même si l’on reconnaît la culpabilité de
David, il n’en est pas moins un modèle masculin car il possède la puissance d’exaucer tout ses
souhait et il est un modèle chrétiens car il est repentant.
Dans le cas de Bethsabée, elle n’est pas libre de sa sexualité, puisque la situation est imposée par
David, mais ne serait pas pécheresse dans le cas où elle aurait été libérée. David a transgressé des
lois divines pour la secourir, il fait le « sale boulot » afin de faire le bien ce qui pourrait s’apparenter
à un cas de moindre mal.
L’analyse juive paraît plus juridique que symbolique, car elle présente des arrangements de divorce
de la part d’Uriah, partant à la guerre et nous voulant pas que sa femme reste enchaînées a son
mariage s’il venait à mourir. Ce qui, par un chemin détourné, excuse beaucoup David de son
acte. L’interprétation juive se concentre beaucoup sur la relation David-Uriah et
ses conséquences plutôt que sur la nature de la relation avec
Bethsabée : « which is underplayed and excused. » . En effet, on insiste sur la relation masculine et
ses conséquence (envoyer Uriah à la mort, lui voler sa femme) Comme si l’on s’intéressait plus a
une forme de compétition masculine en mettant Bethsabée de côté, ce qui fait d’elle un outil de
cette histoire plutôt qu’une actrice principale.) dans cette histoire, ce qui est vraiment punis, c’est le
meurtre indirect d’Uriah, l’adultère n’est ici une « faute » que parce qu’il a ses conséquences sur
Uriah.
Cette histoire qui devait être à l’origine un test divin que David aurait demandé a dieu est donc une
forme de leçon édulcoré sur la pénitence puisque dans la version juive, Uriah méritait de mourir
pour désobéissance, Bethsabée était divorcé, David l’épouse après cette histoire, ou encore, l’appétit
sexuel de David est un marqueur de sa bonne virilité
David est représenté comme « prenant une femme qu’il désire parce que c’est ce que les rois font ».
Bien qu’on n'encourage pas son comportement (mais plutôt ses vertus spirituelles comme la piété,
la repentance, etc.) , on e fait un modèle en lui donnant des droit suscitant l’envie chez les
autres hommes, mais en lui conférant un statut social et spirituel inatteignable, car
suppose d’être virile « comme David » . Il est toujours un modèle de pitié sans être concrètement
accusé.
Ce qu’on peut retenir du masculinisme médiéval, c’est cette figure fantasmatique du roi pouvant
assouvir tous ses désirs que l’on place au-dessus des hommes qui par l’imitation de sa piété,
aspirent à accéder à ses droits et à ses libertés. Ce n’est pas a l’égard des femmes que les hommes
font leurs preuves en possédant un grand nombre de richesse et en étant séducteurs, mais bien aux
hommes en possédant plus qu’eux. La religion a placé un idéal à atteindre, une norme à laquelle se
conformer tout en cherchant à contenir ses dérives en imposant des règles et des limitations. Si nous
reprenons les exemples du début, l’homosexualité fut réprouvé à partir du Xe siècle avec la montée
en puissance du puritanisme, alors qu’elle était assez courante et admise, du moins sujet à une
forme d’indifférence dans la société. L’avortement est considéré comme un péchés car elle prive la
femme d’un « cadeau de Dieu » mais aussi le père du fruit de sa chair, du résultat de sa fertilité et
donc de sa virilité.