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d'anthropologie de Paris
Pommerol F. Origines du culte des "Vierges Noires". In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, V° Série. Tome 2,
1901. pp. 83-88;
doi : https://doi.org/10.3406/bmsap.1901.5945
https://www.persee.fr/doc/bmsap_0301-8644_1901_num_2_1_5945
Discussion.
Par M. F. Pommerol.
Le culte des Vierges noires estime des manifestations les plus curieuses
dans l'histoire des religions. On est étonné de voir que de tout temps les
foules pieuses se sont portées de préférence vers leurs antiques
sanctuaires. Ce sont elles qui ont produit à travers le monde et les siècles, le
plus grand nombre de prodiges; ce sont leurs statues que l'on promène
encore en grande pompe, lors des calamités publiques. Nous ignorons si
jamais personne a tenté d'expliquer scientifiquement ce culte et d'en dé
gager les origines. Nous ne connaissons aucun travail sur le sujet et c'est
avec nos propres ressources que nous en abordons l'étude.
Les Vierges noires sont nombreuses en France; nous citerons
spécialement celles du Puy, de Rodez, de Toulouse. Toutes ont leurs légendes et
leurs caractères particuliers. Dans le département du Puy-de-Dôme, il en
existe trois qui ont acquis une grande réputation. On les appelle les trois
C'est cette dernière posture que représente la Vierge du Port. Les statues
anciennes d'Isis allaitant son fils Horus, de même que les déesses-mères
de la Phénicie appartiennent à la première catégorie *; l'enfant est posé
sur les genoux et la déesse est assise. C'est la forme la plus ancienne; elle
relève directement de l'ancien art égyptien. Elle représente la mère par
excellence. Le second type qui est celui de la mère de Germanicus, au
Louvre, représente la femme tenant son enfant au bras à la manière des
femmes du peuple. La dernière forme est plus idéalisée; la mère disparaît
et la Vierge se montre.
La conception religieuse de la Vierge s'est développée et a évolué sous
l'influence des siècles. C'est d'abord la mère-nourrice, puis la
mère-gardienne, enfin la Vierge-mère qui semble offrir à Dieu le fruit de ses
entrailles., pour la rédemption du monde. L'idée réaliste d'abord s'est
insensiblement spiritualisée. En notre époque, l'évolution ne s'est pas
encore arrêtée. La notion de maternité disparaît aujourd'hui derrière
l'auréole virginale. La statue ne représente plus que la jeune fille pure et
chaste vêtue de blanc. L'enfant Jésus a été enlevé des bras de sa mère, et
c'est Saint-Joseph qui dans l'iconographie moderne, Ta recueilli et pris
ainsi le rôle de la Vierge primitive.
Quant à travers les restes que nous a légués l'antiquité, nous
cherchons des faits qui puissent éclairer notre investigation, nous constatons
que dans la vieille Egypte la déesse Isis était représentée comme les déesses
d'Assyrie, allaitant son enfant et le tenant sur ses genoux. Ses anciennes
statues étaient en granit noir et aussi en bois de cèdre comme celle de
Diane d'Ephèse retrouvée intacte après deux mille, ans*. Déjà on voit
poindre ici une certaine analogie avec les anciennes statues noires de la
Vierge chrétienne.
De tout temps, la couleur noire des idoles a frappé l'imagination des
peuples. Jupiter-Lapis était adoré à Rome sous la forme d'une pierre
noire 3. Au 25 mars qui correspond au jour de l'Annonciation, la déesse
de Phrygie ou Magna Mater était célébrée chez les Latins avec une pompe
extraordinaire. Rome entière se pressait autour du char qui menait au
bain la déesse^ la. pierre noire de Pessinonte4.
A Emèse, au temps où Héliogabale en était le prêtre, on voyait dans le
temple une grande pierre noire de forme conique, tombée du ciel 5.
La déesse Astarté, d'après Tacite G était aussi représentée par une pierre
conique dans les temples de Paphos et de Biblos.
Les inscriptions cunéiformes mentionnent les sept pierres noires
adorées dans le temple d'Ouroukh en Chaldée, et personnifiant les sept pla-
* Pbrbot et Chipiez. Hist, de l'Art; 1882, Egypte, p. 87; 1885, Phénicie, p. 534.
s Revue des Trad. pop. 1891 ; p. 239.
s Preller, trad. Diotz. Les Dieux de l'Ancienne Rome; Paris, 4884 ; p. 168.
i Preller, op. cit. p. 4S5.
5 HerOdien; V, 5.
6 Histoires; II, 3.
86 47 janvier 1901
Présidence de M. Chervin.
CORRESPONDANCE.
M. Fourdrignier demande à être délégué au XVe Congrès de la
fédération des sociétés archéologiques de Belgique, à Tongres. (Adopté).
M. le Dr Roux remercie la société de la délégation qu'il a reçue, mais
annonce qu'il ne pourra l'utiliser, étant obligé de quitter Madagascar.
OUVRAGES OFFERTS.
Anthony (R.) et Salmon (J.). — La pygomélie, son interprétation, sa
place dans la classification tératologique, ses différents degrés. — ■ Ext.
CR. Soc. de Biologie. — In-8°, 3 p. Paris, 4901.
Baye (Baron J. de). — les oiseaux employés dans l'ornementation à
l'époque des invasions barbares. — Ext. Mém. Soc. des antiquaires. —
In-8°, 22 p. et fig. Paris, 1901.
Costa Ferreira (Antonio A. da). — Cranios Portugueses. II. — Suturas.
— Ext. 0 Instituto. — In-80, 72 p. Coimbra, 1899.
— Cranios portuguêses. III. — Ptérion-Capacidade — in 0 Instituto.
— 13 nos, in -8°, Coimbra, 1898-1900.
Netter (Abraham). — Examen des mœurs des abeilles au double point
de vue des mathématiques et de la physiologie expérimentale. Ext.
G. R. Acad. des Se. — In-4°, 3 p. Paris, 1900.
Pantioukoff (Dr J.). — L'alcoolisme au Caucase. — In-16, 22 p. Tiflis,
1901 (en russe).
Piètrement (C. A.). — A propos de l'histoire du cheval dans l'antiquité
de C. Chomel. — Ext. Recueil de médecine vétérinaire. — In-8°, 8 p. Paris,,
1900.